L’Algérie et la Russie s’unissent pour diviser l’Afrique de l’Ouest

L'Algérie est l'un des principaux clients de la Russie en achat d'armes.

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Le coup d’État du 26 juillet au Niger conserve le potentiel d’inciter à une crise à la fois continentale africaine et internationale.

À la suite du coup d’État, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a menacé d’intervenir pour restaurer le gouvernement précédemment élu et le Niger a répondu de manière tout aussi truculente, garantissant que les tensions dans tout le Sahel restent élevées. Outre le potentiel de crise régionale, le gouvernement du Niger a arrêté l’ambassadeur de France, évoquant la possibilité d’une action contre lui.

La possibilité d’une intervention étrangère anti-nigérienne inquiète apparemment beaucoup l’Algérie, son voisin du nord.

L’Algérie, notamment en raison de sa propre politique à l’égard du Maroc, est déjà entourée de tensions là-bas, en Libye et en Tunisie. C’est pourquoi elle a haut et fort proclamé son opposition à l’intervention étrangère au Niger. Se considérant comme un poids lourd régional, elle a publié cette déclaration, censée servir de médiateur pour une solution pacifique et éviter une répétition des interventions étrangères au Mali et en Libye, qu’elle considère comme une catastrophe.

Cependant, si l’on en juge par ses politiques antérieures, l’Algérie ne s’oppose en réalité qu’à certaines interventions étrangères tout en restant soi-disant neutre ou en soutenant activement les régimes soutenus par la Russie au Sahel. Elle a refusé de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie tout en restant l’un des principaux acheteurs d’armes russes. L’Algérie a apporté un soutien constant aux interventions du Groupe Wagner en République centrafricaine et au Mali et n’évite pas le soutien de la Russie dans son conflit de longue date avec le Maroc sur le territoire du Sahara occidental.

Il est intéressant de noter qu’il existe de nombreux indicateurs de l’empreinte russe dans le coup d’État au Niger. Même si le coup d’État lui-même trouve probablement son origine dans l’ambition personnelle d’Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle du Niger, il semble que Moscou en ait eu vent et y ait contribué en déployant des milliers de pancartes pro-russes devant les manifestants qui les exhibaient publiquement pour les avertir de l’intervention de la CEDEAO.

De plus, Moscou n’a pas perdu de temps pour rencontrer un membre de la junte nigérienne au Mali et l’appeler à la non-intervention dans ce pays. Elle a également ajouté sa voix au chœur appelant à la non-intervention. Elle a clairement l’intention d’exploiter ce coup d’État. Le journaliste David Andleman a découvert sur les réseaux sociaux de nombreux messages de membres du groupe Wagner, désormais sous le contrôle direct de Moscou, désireux, ou selon ses termes, « esclavagistes » d’aller au Niger ou au Gabon qui a fait son propre coup d’État le 30 août.

L’Algérie et la Russie semblent se rapprocher sur les questions générales de politique étrangère. La récente réunion bilatérale de défense avec les Algériens du général russe Sergei Surovikin, précédemment déshonoré, reflète non seulement le renforcement des liens de défense entre ces deux États, mais également une coordination renforcée de la politique étrangère. L’éditeur russe Kommersant a cité une source proche de Surovikin disant : « Les dirigeants militaires et politiques du pays considèrent que la mise en œuvre de la politique étrangère orientale est d’une grande importance. »

Il semble qu’un alignement russo-algérien de plus en plus étroit soit en train de se produire pour transformer le Sahel en un bloc pro-russe et algérien menaçant soit les pays de la Corne de l’Afrique, soit le Nigeria.

L’Algérie a clairement intérêt à devenir une hégémonie régionale. Les intérêts de la Russie sont également de plus en plus transparents aux yeux des observateurs. En échange de ventes d’armes et d’un soutien politique à de potentiels hommes forts, y compris la mise en place de réseaux de guerre de l’information à grande échelle, la Russie cherche à obtenir des concessions minières à long terme, des contrats énergétiques et un accès aux ports. Grâce à cela, elle peut perpétuer le pouvoir de ses clients et renforcer et maintenir sa présence politique et son influence à long terme au sein des Nations Unies ou de coalitions comme le groupe Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud (BRICS) ou l’Union africaine. Elle espère également obtenir des droits sur des bases aériennes et/ou navales permanentes.

La Russie a annoncé il y a longtemps son intention de rechercher de telles bases en Algérie, entre autres, et en cherche désormais une en Libye. Cette quête remonte à l’époque de l’ancien secrétaire général du Parti communiste Léonid Brejnev, caractérisée par une recherche incessante de bases en Méditerranée, au Moyen-Orient et dans la Corne de l’Afrique. Et comme la persistance dans l’expansion territoriale reste une caractéristique de la politique russe, cette quête se poursuit aujourd’hui malgré tout ce qui s’est produit depuis et la perte d’une grande partie de sa marine en Ukraine. En effet, la Russie cherche même des bases dans l’océan Indien.

L’opposition sélective de l’Algérie à l’intervention étrangère et à la coopération avec la Russie est principalement motivée par des raisons de statut régional. Les efforts de la Russie visent à faire croire aux Africains et aux autres observateurs qu’elle est la grande puissance mondiale qu’elle prétend obsessionnellement être. Il est difficile de voir ce que cela représente pour les Africains. Après tout, l’analogue le plus proche de la politique russe est la Compagnie britannique des Indes orientales ; un modèle de l’impérialisme européen qui n’offre rien aux Africains si ce n’est une nouvelle forme de colonisation.

Même si la régression de la Russie vers le médiévisme est évidente dans de nombreux domaines politiques, le mystère reste de savoir ce que l’Algérie ou d’autres États africains, à l’exception de leurs hommes forts, gagneront de ces aventures.

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