La Palestine trahie

par Ammar Koroghli*

«La paix basée sur l’égalité et la justice passe avant tout par la fin de l’impunité d´Israël. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral à l’image de celui qui a fait plier le régime de l’Apartheid» (Pierre STAMBOUL)
Ainsi, divers Etats des « pays frères » normalisent leurs relations avec l’entité sioniste. Triste normalisation pour les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan, le Maroc (après l’Egypte et la Jordanie), faisant peu de cas de leurs peuples muselés et sous la férule et la carotte de l’oncle Sam en proposant d’ignobles marchandages. De la duplicité politique à l’état pur.
Dans son film « America America » (1963), Elia Kazan (Grec par les origines, Turc par la naissance) met en scène des personnages dont des Arméniens subissant le joug des tenants de l’Empire ottoman. Se doutait-il que l’Administration de cette Amérique qu’il vénérait allait porter de rudes coups à un autre peuple ? Jusqu’à décider unilatéralement de faire d’El Qods capitale d’Israël et de proposer des trocs politiques à des régimes honnis par leurs peuples. Décisions autant irresponsables qu’infondées à tous points de vue, notamment de la légalité internationale… Pire : des « pays frères » arabes plantent donc, désormais à ciel ouvert, leurs couteaux dans le dos du peuple palestinien, victime innocente, notamment de la « perfide Albion » (« L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents, elle n’a que des intérêts »). Méditons la leçon.
Rappelons-nous. Tout commence le 2 novembre 1917. Un certain Arthur Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères s’il en fut qui, dans une lettre ouverte, a pu écrire : «Le gouvernement de Sa Majesté voit favorablement l´établissement d´un foyer national juif en Palestine» (exit l´Argentine et l’Ouganda comme projet pour ce faire). Pour rappel également, l´ONU adopta la résolution 181 partageant la Palestine en un État juif (56% des territoires pour seulement un tiers des habitants Juifs et le reste -48% des terres- pour les deux tiers d’habitants arabes). Ce, avec un statut international pour Jérusalem. Pour les Palestiniens, c´est la Naqaba, la catastrophe. C‘est la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l´exil de la grande majorité de la population. Dès l’origine à ce jour, les Palestiniens vivent la marginalisation, les discriminations, les assassinats «ciblés», la misère… La question palestinienne se doit d’être le problème de tous les esprits épris de justice et de liberté pour les peuples autant que pour les individus. Il s’agit tout de même de l´expulsion de tout un peuple de sa terre.
Et depuis plus d´un siècle, le sionisme applique la même stratégie : s’emparer des terres et institutionnaliser le fait accompli afin de marginaliser le peuple palestinien. Et pourtant en Palestine, et ailleurs dans les pays arabes du Machrèk comme du Maghreb, la communauté juive vivait paisiblement avec les Arabes de façon générale et les Palestiniens de façon particulière. Peuple innocent, le peuple palestinien a été également trahi par les dirigeants des pays arabes. Ainsi, la guerre de 1948 a entraîné 800.000 expulsés (plus de la moitié de la population arabe de Palestine) et des villages entiers ont été effacés de la carte de la Palestine (plus de 500). Ceux qui ont pu échapper à l´expulsion forment aujourd´hui avec leurs descendants environ 15 à 20% de la population israélienne et vivent dans un Etat qui se définit comme juif, les ignorant superbement. Et pratiquant à ce jour une colonisation condamnée par les instances internationales comme par les Etats.
Cette duplicité qui ne dit pas son nom continue. Ainsi, l´Égypte a commencé dès le 1er mai 2008 ses livraisons de gaz à Israël. Elle s´était engagée à lui livrer 1,7 milliard de mètres cube de gaz par an durant 15 ans au moment même où Ghaza, sous embargo israélien, n´avait pas d´électricité ! Et, en cela, on aura raison de dire qu’on ne saurait être plus arabe que les arabes eux-mêmes, d’autant qu’un certain nombre d’entre ces pays « frères » se dévoilent désormais au grand jour pour « normaliser » leurs relations avec l’entité sioniste, jusque là souterraines pour consolider et pérenniser leurs régimes que l’Histoire ne manquera pas de condamner et de clouer au pilori. Ces monarchies ne tiennent que par leurs pétrodollars et leurs liens avec leur oncle Sam.
Cela étant, les groupes de pression agissant dans les sphères politique, économique et médiatique (pour l’essentiel en Europe occidentale et aux USA) bénéficient en toute vraisemblance d’une marge de manœuvre suffisante permettant une action de nature à effacer définitivement cette injustice flagrante à l’endroit des Palestiniens. Injustice à laquelle ont contribué ces pays. Mais le peuple palestinien continue de souffrir le martyr du fait du sentiment de culpabilité des pays occidentaux sur lesquels un magistère moral est exercé en permanence par ces groupes de pression. Et, faut-il le rappeler, Israël reçoit une énorme aide de toutes natures des Etats-Unis (chaque année quelque cinq milliards de dollars) et autres livraisons d´armes ?
Et faut-il préciser ici que, de l’intérieur d’Israël même, des voix s’élèvent pour dire non à cette injustice et à l’impunité d’Israël. Ainsi, ce qu’il a été convenu d’appeler les nouveaux historiens israéliens soulignent par exemple la responsabilité de Ben Gourion, entre autres, dans l´expulsion de plus d´un demi-million de Palestiniens. L’un d’eux, Ilan Pappé, dont l’un des ouvrages est paru sous le titre : «Le Nettoyage ethnique de la Palestine» ne manque pas de le souligner : «Quand la propagande israélienne répète inlassablement que «les Arabes sont partis d´eux-mêmes» à l´appel de leurs dirigeants, il s´agit d´un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s´est déroulé, il y a 60 ans» (Ilan Pappé : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Ed. Fayard, Paris).
Certains journalistes israéliens ne sont pas en reste dans la dénonciation d’Israël, l’un d’eux écrit: «Deïr Yassin, c´est ce paisible village que les groupes juifs terroristes Etzel et Lehi avaient attaqué, le 9 avril 1948, en massacrant toute la population : hommes, femmes et enfants. Je ne rappellerai pas ici l´histoire sanglante des oreilles tranchées, des entrailles répandues, des femmes violées, des hommes brûlés vifs, des corps jetés dans une carrière, ni la parade triomphale des meurtriers» (Israël Shamir: Les chasseurs de vampires Jaffa, le 14 mars 2001 ; cité par L’Expression du 12 Mai 2008).
Et que dire alors de Sabra et Chatila ? De l’invasion du Liban et des massacres de Ghaza ? Alors comment faire la paix dans ces conditions ? Le président Bill Clinton qui a exercé durant deux mandats n’a pas réussi. Le président Barack Obama également. L’Administration américaine du président élu, M. Biden, le pourra t-elle ? Le doute est permis, et pas seulement par référence au coup de Jarnac du président sortant, fantasque et imprévisible à souhait. La politique de la terre brulée.
En effet, pour cette question éminemment urgente, celle de la Palestine, force est d’observer également qu’avec deux mandats, l’action dans la perspective de la paix du président Obama n’a pas eu les résultats escomptés. Et sans aucun doute, sa réélection n’a même pas permis de mesurer les efforts consentis pour à la fois redresser l’économie de son pays (ce faisant l’économie mondiale), mais également à contribuer à résorber les foyers de tensions en Palestine (mais également en Irak et en Afghanistan). Les Etats-Unis y sont pourtant pour quelque chose dans ce chaos. Comment remettre ces pays en l’état, à un moment où, de surcroît, notre Terre gravement menacée par ailleurs comme ne cessent de nous en aviser les experts en écologie. Un auteur américain, William Blum, ayant gravité dans l’Administration américaine en qualité de haut fonctionnaire, expose lucidement les intérêts de cette administration, voire de certaines couches et individualités localisées et liées aux grandes sociétés pétrolières et au complexe militaro-industriel américain. Alors, la question palestinienne aux USA ? Les intérêts, économiques pour l’essentiel, d’abord…
Il est vrai qu’en l’absence de contrepoids sérieux, crédible et efficace dans son opposition à cette même administration, force est d’observer que celle-ci monopolise (pour combien de temps encore ?) la violence à l’échelle planétaire sous le couvert de «mondialisation» et agit de façon fort belliqueuse depuis 1945 afin de mettre toutes les économies considérées comme périphériques sinon à genoux, à tout le moins tournant autour de sa galaxie… Ainsi pour atteindre ses objectifs, l’auteur nous rappelle que l’Administration américaine a été l’auteur de bombardements du Japon (bombe A sur Hiroshima et Nagasaki) et du Vietnam (un million de morts et vingt ans de destruction de ce pays). Elle a utilisé de l’uranium appauvri (qui est radioactif) lors de la guerre du Golfe, ainsi que des bombes à fragmentation (William Blum : L’Etat voyou, éditions Parangon, cité dans ma contribution : «L’Irak : les leçons d’une agression» in El Watan du 6 avril 2008). Il est vrai hélas que l’Amérique s’est bâtie dès l’origine sur la violence : massacre des Amérindiens dont les survivants ont été parqués dans des réserves et traite des Noirs devenus depuis Afro-américains qui n’ont de cesse, à ce jour, de se battre pour leurs droits civiques.
Monsieur Obama a pu dire Yes, we can. Son successeur fait d’El Qods capitale d’Israël. Et pourtant (comme a pu dire Galilée, en son temps), contribuer au règlement de la question palestinienne est un devoir de la plus haute importance, d’autant que les Palestiniens (voire les Arabes et les Musulmans) n’ont pas de lobby qui oeuvrent pour leur cause. Ou si peu. Combien, en effet, la Maison Blanche compte t-elle de collaborateurs et autres conseillers Arabes et Musulmans ?
Oui, la question palestinienne est aussi notre problème, Arabe ou pas. El Qods demeurera éternelle pour tous et non pour une communauté prédéfinie. Elle devrait être la question qui interpelle tous ceux et celles épris de paix, de justice et de liberté en Algérie et à travers le monde. Le peuple palestinien ne doit pas être livré à lui-même. Pas plus que le peuple sahraoui ; à cet égard, le Maghreb divisé plus que jamais recule plus qu’il n’avance pour le plus grand bonheur des puissances du moment.
*(Avocat – Auteur Algérien)
Le Quotidien d’Oran, 20 déc 2020
#Palestine #Israël #Normalisation

Argelia : El presidente Tebboune hace su primera aparición (video)

El presidente Abdelmadjid Tebboune se dirigió a los argelinos este domingo 13 de diciembre a través de un vídeo desde su lugar de convalecencia en Alemania en el que anuncia su total recuperación de la enfermedad y su regreso a más tardar en los próximos días.

El discurso completo se transmitirá este domingo a las 20:00 horas.
En extractos del discurso, publicado en su cuenta de Twitter, Tebboune dice que volverá al negocio cuando recupere toda su forma física para comenzar las medidas que se ha fijado tras la promulgación de la constitución, en particular la organización de elecciones legislativas.
El jefe de Estado no precisó la fecha de su regreso al país indicando que debe permanecer de dos a tres semanas para hacerse cargo de los asuntos del Estado destacando que ha dado instrucciones a la presidencia para que inicie con ANIE los preparativos para la elaboración de la ley electoral.
Refiriéndose a la situación económica, Tebboune dijo que la situación está mejorando y que la ley de finanzas de 2021 está destinada a proteger los bajos ingresos.
En cuanto a la situación regional, Tebboune subraya que « los recientes acontecimientos en la región del Magreb eran predecibles y que Argelia podrá hacer frente a los intentos de desestabilización ».

الحمد لله على العافية بعد الابتلاء، شفى الله المصابين ورحم المتوفين و واسى ذويهم. موعدنا قريب على أرض الوطن، لنواصل بناء الجزائر الجديدة. ستبقى الجزائر دوما واقفة بشعبها العظيم، و جيشها الباسل، سليل جيش التحرير الوطني، ومؤسسات الدولة. pic.twitter.com/gyLES1XgtL

— عبدالمجيد تبون – Abdelmadjid Tebboune (@TebbouneAmadjid) December 13, 2020

La recomposition géo-politique programmée du Moyen Orient

par Pierre Hillard

Les tensions et les violences qui secouent le Moyen-Orient depuis l’intervention israélienne au Liban, le 12 juillet 2006, ne sont que la partie visible d’un immense enjeu politique, économique, religieux et philosophique opposant l’Occident aux Etats islamiques de la région. L’occupation américaine de l’Irak en mars 2003 a permis le lancement d’un projet révolutionnaire en vue de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan: le Grand Moyen-Orient. Derrière cette appellation, c’est une recomposition profonde qui attend ces pays musulmans. Beaucoup de théories et de supputations courent sur les ambitions des Etats-Unis et d’Israël au sujet de la politique poursuivie par leurs dirigeants. Cependant, des signes avant-coureurs apparaissent et permettent d’apercevoir concrètement les plans en cours. C’est tout l’enjeu des cartes ci-jointes appelant à recomposer le Moyen-Orient.

Ces cartes (« before » : situation en 2006 (ci-dessus) et « after » : situation après recomposition (ci-dessous)) sont parues dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006 sous la plume d’un lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters. Ce dernier s’est illustré dans une division d’infanterie mécanisée à partir de 1976 pour, ensuite, poursuivre ses activités dans le renseignement militaire en 1980. Auteur de nombreux ouvrages traitant de la stratégie et des relations internationales, Ralph Peters s’est retiré officiellement de l’armée en 1999. Cependant, ses contacts restent étroits avec ce milieu puisqu’il fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’une partie d’un véritable empire de la presse militaire américaine. Fondé en 1863, ce mensuel s’adresse aux officiers des Etats-Unis traitant de sujets aussi variés comme : la technologie militaire, la logistique, la stratégie, la doctrine ou encore la tactique. En fait, AFJ est coiffé par une maison mère, Army Times Publishing Company, dont les publications s’articulent autour de trois axes :

The Military Times Media Group qui publie: Army Times, Navy Times, Air Force Times et Marine Corps Times.
The Defense News Media Group, groupe mondial des revues de défense et qui publie: Defense News, Armed Forces Journal (AFJ), Training § Simulation Journal et C4ISR Journal (renseignement, surveillance et reconnaissance).

The Federal Times, hebdomadaire d’informations traitant des nouvelles technologies et des sujets financiers.

Depuis le 1er août 1997, Army Times Publishing Company est une filiale d’un groupe encore plus puissant, la société Gannett. Fondé en 1906 par Frank Gannett, cet empire de presse et des médias publie aux Etats-Unis près de 90 quotidiens dont les plus connus sont USA Today et USA Weekend et contrôle 22 stations de télévision. Ses activités débordent aussi au Royaume-Uni puisque 17 quotidiens sont sous son influence. L’ensemble génère des revenus financiers colossaux estimés à 7,6 milliards de dollars pour 2005.

Cette présentation permet de mieux saisir dans quel milieu la revue AFJ évolue et la signification des travaux de Ralph Peters. En effet, les propositions de ce dernier et les appels lancés à un changement radical des frontières du Moyen-Orient ne sont évidemment pas le résultat des réflexions d’un seul homme soucieux d’occuper son temps. De nombreuses études ont été lancées au sein des instances militaires américaines comme dans de nombreux think tanks appelant à revoir les limites frontalières de ces Etats. Comme le montre la carte (« after »), les modifications apportées aux frontières sont le fruit d’une lente mais sûre réflexion intellectuelle dont la publication dans une revue militaire américaine de haut rang n’est pas l’effet du hasard. Le but recherché est aussi de tester les réactions en particulier celles des musulmans de la région. Cela dit, il ne faut pas voir ce document comme définitif. En fait, c’est un prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient des variables d’ajustement. En réalité, l’intérêt majeur de ces travaux est de révéler que les instances militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans un domaine en n’hésitant plus à l’officialiser. En même temps, cette entreprise doit se faire en adéquation avec Israël concerné au premier chef par ces bouleversements. A l’égard de ce pays, Ralph Peters se définit comme un ami « de longue date » (New York Post, 22 juillet 2006).

L’article de ce militaire américain, intitulé « Frontières ethniques, que faire pour améliorer le Moyen-Orient », part du principe qu’il faut lever le tabou de la sacro-sainte frontière inamovible. Pour l’auteur, les nouvelles frontières doivent se modeler en fonction du critère ethnique et confessionnel. Même s’il n’est pas possible de tracer des frontières respectant la totalité des particularismes en tout genre nombreux et numériquement très variables, il faut pour Ralph Peters se rapprocher au maximum de ce concept.

Comme il le souligne : « Nous parlons de difformités énormes faites par les hommes qui n’arrêteront pas de générer la haine et la violence tant qu’elles n’auront pas été corrigées ». Dans son esprit, il s’agit de remettre radicalement en cause les frontières nées des Accords Sykes-Picot de 1916 préparant le démantèlement de l’Empire ottoman.

En observant l’ensemble de cette zone en partant de la Péninsule arabique, on constate immédiatement le démantèlement du royaume d’Arabie Saoudite. Les propos de l’auteur sont très clairs à l’égard d’un pays qui a bénéficié de la protection américaine suite aux discussions entre le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud, le 14 février 1945, à bord du croiseur USS Quincy. Désormais, le royaume d’Arabie Saoudite passe à la trappe. Deux grandes entités territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, il s’agit de créer un « Etat sacré islamique ». Comme le précise Ralph Peters dans des propos lourds de conséquences : « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille royale saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis au Saoud (ndlr : la famille régnante d’Arabie Saoudite) de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. (…) Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé ».

Ce point est capital puisqu’il révèle la volonté de réformer l’Islam afin de l’adapter aux principes occidentaux. Une sorte « d’Islam des Lumières » élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie mondialiste. Il est vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée que l’on retrouve ces mesures préconisées par la Fondation Bertelsmann, think tank allemand qui, dans ses travaux débattus dans le cadre des « Discussions de Kronberg » en 2002 et 2003 (Europe, the mediterranean and the Middle East, strengthening responsibility for stability and development et Die Zukunft der europäischen Politik im Nahen Osten nach dem Irak Krieg), relève l’inadéquation de l’Islam à l’évolution du monde moderne et prône une refonte des mentalités et la remise en cause des frontières. Ces recommandations allemandes soulignent aussi la convergence des buts à atteindre de part et d’autre de l’Atlantique pour refondre entièrement le Moyen-Orient. Il est vrai aussi que les concepts ethno-confessionnels développés par Ralph Peters cadrent parfaitement avec la vision ethniciste germanique.

Sur la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa dont la population est majoritairement chiite qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un « Etat chiite arabe », vestige d’un Irak littéralement explosé. L’application de cette mesure entraînerait la mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar. L’Etat chiite arabe verrait ses réserves pétrolières et gazières monter en flèche et deviendrait incontournable car, outre les vastes ressources de Hassa et de la production off-shore, il faudrait ajouter celles de la région de Bassora (ex-Irak) et des provinces arabes iraniennes, détachées de Téhéran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt el-Arab (Arabes chiites du Khouzistan et Arabes sunnites du Bouchir). De plus, Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une façade maritime à la Jordanie, Etat pro-occidental, en arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.

La destruction du royaume des Al Saoud affichée par la carte (« after ») de Ralph Peters n’est que la confirmation de projets élaborés au sein de certaines instances américaines. David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, dans son ouvrage « Géopolitique de l’Arabie Saoudite » (Editions Armand Colin) le souligne clairement :

« Il y eut notamment la publication le 6 août 2002, par le Washington Post, d’un briefing qui a eu lieu le 10 juillet 2002 au Defense Policy Board (DPB, ndlr : organisme de planification stratégique créé en 1985 par Donald Rumsfeld), alors dirigé par le très influent Richard Perle, surnommé le Prince des ténèbres lorsqu’il officiait au Pentagone entre 1981 et 1987 sous l’administration Reagan. Au cours de ce briefing, l’Arabie Saoudite avait été qualifiée par Laurent Murawiec, un analyste du prestigieux centre de recherches stratégiques de la Rand Corporation, de pays ennemi. (…) Pire en core, Murawiec avait évoqué la légitimité de sanctions, dont le gel des avoirs saoudiens, voire… la scission de la province orientale du royaume renfermant ces gisements et ces réserves pétrolières qui font de l’Arabie le maître du quart des réserves d’or noir.

(…) Quelques temps seulement après l’affaire Murawiec, c’était au tour d’un think tank proche des néo-conservateurs, le Hudson Institute – dont Perle est membre, et où officie désormais Murawiec – de reprendre et de développer les idées avancées par le DPB. Etait alors ouvertement évoqué un plan de démantèlement de l’Arabie Saoudite qui, en réalité, existe depuis la fin des années 70, à l’initiative d’Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat de l’Administration Nixon. (…) C’est également dans le même ordre d’idées que semble s’inscrire un rapport remontant à la fin de l’année 2002, circulant au plus haut niveau dans les milieux officiels de Washington. Il envisagerait rien moins que le démembrement pur et simple de l’Arabie Saoudite selon le scénario suivant : les Lieux saints de la Mecque et de Médine se verraient confiés aux Hachémites qui, en tant que descendants du Prophète, bénéficient d’une légitimité qui fait largement défaut à la dynastie des Al Saoud et la province du Hassa serait poussée à faire sécession dans le but de se constituer en Emirat pétrolier. »

Les révélations de ce spécialiste français continuent sur la même lancée puisqu’il affirme la volonté des Etats-Unis de favoriser une « recomposition politique radicale du Moyen-Orient qui passerait notamment en Irak même par une dévolution du pouvoir à la majorité chiite par les grâces d’une démocratie arithmétique ». C’est justement ce que révèle la carte (« after ») de Ralph Peters où l’Etat irakien a disparu au profit d’un Etat chiite arabe et d’un résidu appelé « Irak sunnite » que le militaire américain propose même d’unifier à la Syrie qui, entre-temps, a perdu sa façade maritime au profit d’un Grand Liban. Il est même évoqué sous sa plume la renaissance de l’antique Phénicie (Phoenecia reborn) tandis que l’Etat d’Israël est conservé dans ses frontières d’avant 1967. Il est étonnant de constater, en raison du véritable chambardement des frontières au Moyen-Orient, que Ralph Peters conserve le territoire de la Cisjordanie (West Bank) au rang de statut indéterminé. Peut-être que le statut définitif de Jérusalem, siège de trois grandes religions, nécessite de ne pas révéler tout de suite l’avenir d’une zone éminemment convoitée.

En tout cas, la partition de l’Irak sur la carte (« after ») commence à prendre forme sur le terrain. L’ambassadeur britannique à Bagdad, William Patey, et le général américain John Abizaid ont clairement affiché leurs craintes d’une guerre civile suivie d’une division du pays comme l’a révélé un document confidentiel publié par la BBC (Spiegelonline, 3 août 2006). Leurs affirmations ne font que confirmer les propos du journal d’Istanbul, Vatan, qui évoquait les propos tenus à des représentants turques par des responsables américains, début 2006, au sein des think tanks de Washington : « Arrêtez de vous soucier de l’intégrité territoriale de l’Irak. En réalité, ce pays est déjà divisé ! Vous [les Turcs] feriez mieux de vous préoccuper maintenant de votre Sud-Est [région à majorité kurde]. Essayez d’imaginer quelles seront les répercussions de l’autonomie du Kurdistan irakien dans votre pays » (Courrier International n°805).

C’est d’ailleurs le même son de cloche de la part des dirigeants européistes de Bruxelles qui susurrent à Ankara que « Si la Turquie se séparait de son Sud-Est, elle entrerait plus facilement dans l’Union européenne » (Courrier International n°805). L’ethno-régionalisme prôné par les instances bruxelloises ne ferait qu’accélérer le phénomène de décomposition de l’Etat turc. Finalement, les propos de Ralph Peters ne font que confirmer ces prises de position puisqu’il ajoute qu’un cinquième de la partie Est de la Turquie est un « territoire occupé » et qu’un « Kurdistan libre, s’étendant de Diyarbakir jusqu’à Tabriz deviendrait l’Etat le plus occidental entre la Bulgarie et le Japon ».

La création d’un Etat kurde (Free Kurdistan) construit à partir des territoires Sud-Est de la Turquie, du Nord de la Syrie et de l’Irak, et de l’Ouest de l’Iran aboutirait à l’émergence d’un bloc estimé à environ 30 millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain serait avec l’Etat chiite arabe les deux grands pôles de la production d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC évacue le pétrole de la Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie) pour, ensuite, traverser tout le Sud-Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en Méditerranée. Les Kurdes seraient donc les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par les Américains en 1994. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement de ce projet qui doit avoir lieu vers 2013, permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient.

A l’Est des Etats kurdes et chiites, l’Iran est remodelé en fonction des critères ethniques. Après avoir cédé sa partie kurde, la zone turcophone du Nord est octroyée à l’Azerbaïdjan. En revanche, la province iranienne du Khorasân s’agrandit vers l’Est en acquérant le territoire Ouest de l’Afghanistan, la région de Hérat, en conformité avec la volonté de Ralph Peters de reconfigurer la région selon les critères ethno-linguistiques. Comme le confirme Bernard Hourcade, directeur au CNRS (équipe de recherche : monde iranien), dans son ouvrage « Iran, nouvelles identités d’une République » (Editions Belin) : « L’immense province de Khorasân, (…) les limites anciennes incluaient les régions de Hérat dans l’actuel Afghanistan et celles de Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan ». Enfin, un « Baloutchistan libre » (Free Baluchistan) est créé à partir des deux entités iraniennes et pakistanaises tandis que l’Afghanistan se voit agrandi au dépens du Pakistan jusqu’au fleuve Indus afin d’y rattacher les populations pachtounes. L’Etat pakistanais réduit de près de la moitié de sa superficie verrait sa puissance économique fortement amoindrie au point d’être incapable de servir d’allié de revers au profit de la Chine face à l’Inde. Sur ce point, les Etats-Unis seraient gagnants. Seuls des Etats comme Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Koweït échappent à ces modifications. Cependant, cette carte (« after ») étant un prototype, rien n’interdit à leurs concepteurs de se rattraper. En tout cas, la finalité américaine est de contrôler tout ce Moyen-Orient par la parcellisation ethnique et religieuse selon le bon vieux principe « diviser pour régner ». Les Etats-Unis, cherchant à s’assurer la production d’hydrocarbures à leur profit, seraient en mesure de priver la Chine, puissance montante et rivale, de l’arme énergétique si nécessaire à son accession à la cour des grands.

L’impression générale qui se dégage du remodelage annoncé par cet auteur comme de la part de nombreux think tanks américains et allemands est celle d’un bouleversement mettant à feu et à sang ces pays du Moyen-Orient. En effet, on ne voit pas ces Etats se laisser charcuter, voire disparaître, sans se laisser faire. Comment réagira, par exemple, le Pakistan qui possède l’arme nucléaire ? En réalité, l’objectif est d’intégrer ces immenses territoires à la sphère d’influence occidentale. Le discours de Joschka Fischer à la 40è Conférence de Munich sur la politique de sécurité dans le cadre de l’OTAN, le 7 février 2004, annonçait la volonté du monde occidental de mettre ces pays du Moyen-Orient aux normes euro-atlantistes. Ces mesures furent confirmées par « l’alliance germano-américaine pour le XXIè siècle » signée, le 27 février 2004, entre le président Bush et le chancelier Schröder à Washington, annonçant la couleur : « Nous devons construire un véritable partenariat qui relie l’Europe et l’Amérique aux Etats du Proche et Moyen-Orient (…) ». Cette immense construction politique et métaphysique doit obligatoirement obéir à des règles communes qui sont politiques, économiques et civilisationnelles.

Une logique, mais une logique folle, anime les concepteurs de ce projet. C’est le think tank German Marshall Fund (GMF) qui, indirectement, a révélé l’engagement profond des instances atlantistes. En effet, il s’est engagé sous l’égide du très influent Bruce Jackson à développer une nouvelle politique en Mer Noire intitulée « A new euro-atlantic strategy for the Black Sea region ». Il s’agit en liaison avec l’Union européenne de créer une eurorégion de la Mer Noire qui doit voir le jour pour 2007 selon les affirmations de Giovanni di Stasi, président du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Or une « petite » phrase résume tout. Paru en 2004, le rapport du GMF dans sa préface précise que « La Mer Noire est la nouvelle interface entre la communauté euro-atlantique et le Grand Moyen-Orient ». Une « interface » géographique obéit aux lois de la physique. Pour fonctionner et jouer pleinement sa mission de charnière, cette interface doit s’articuler entre deux mondes, le bloc euro-atlantiste d’une part, et le bloc moyen-oriental d’autre part, régis par les mêmes lois et les mêmes concepts édictés par la philosophie mondialiste. Cela suppose nécessairement une refonte généralisée de cet espace arabo/perse musulman pour qu’il y ait adéquation. Pour réussir cette entreprise, les moyens mis en œuvre risquent d’aboutir à un chaos inimaginable dans cette région et, par ricochet, à l’échelle planétaire. Tout compte fait, les adeptes de cette politique ne font qu’appliquer les fameux vers du poème de Goethe, « l’apprenti sorcier », qui rappelaient : « Les esprits que j’ai réveillés ne veulent plus m’écouter ».

Pierre Hillard

Pierre Hillard est docteur en sciences politiques, B.I n°113 (*) est professeur d’histoire-géographie. Il a publié différents articles dans Le Figaro, Géostratégiques, Conflits Actuels, Intelligence et Sécurité, Balkans-Infos.

Emission « Le Dessous Des Cartes »

Source : Knowledge-TV

Tags : Moyen Orient, Proche Orient, Palestine, Syrie, Irak, Arabie Saoudite, Liban, Emirats Arabes Unis,

Ce que ferait Joe Biden au Moyen Orient et en Afrique du Nord (Hicham Alaoui)

Hicham Alaoui

Associé, Weatherhead Center for International Affairs. DPhil, études orientales, St Antony’s College, Oxford.

Si Joe Biden remportait les élections de novembre 2020, sa nouvelle administration serait immédiatement confrontée à quatre défis au Moyen-Orient: l’Iran, l’axe saoudo-émirati, le printemps arabe et Israël / Palestine.

La politique de l’administration Trump au Moyen-Orient est celle d’un repli chaotique. En revanche, la stratégie de l’administration Biden serait une stratégie de réengagement prudent. Il serait fondé sur un sens du réalisme critique, un peu comme l’approche de l’administration Obama. Elle verrait la région comme un terrain géopolitique cohérent, dans lequel la réalisation des objectifs à long terme exigerait moins d’action unilatérale et plus de coordination multilatérale. En même temps, il affronterait l’importance décroissante du Moyen-Orient pour les intérêts américains à l’étranger.

Premièrement, en ce qui concerne l’Iran, l’administration Biden essaierait de restaurer le principe de négociation incarné par le cadre de l’accord nucléaire de 2015. Au cours des quatre dernières années, les États-Unis sont revenus à une position d’intimidation unilatérale et de rhétorique militarisée, de sanctions et de frappes militaires dans l’espoir de contraindre l’Iran à se soumettre. Pourtant, si les États-Unis peuvent lentement étouffer les ressources nucléaires de l’Iran, ils ne peuvent pas le faire avec leur programme de missiles balistiques existant, qui est le principal fer de lance de l’Iran pour ses ambitions d’expansion régionale.

En tentant de revoir le cadre de l’accord sur le nucléaire pour ouvrir un nouveau dialogue, les États-Unis essaieraient de freiner le programme de missiles balistiques de l’Iran en donnant à son régime une place à la table des négociations. Les dirigeants iraniens résisteront sans aucun doute à l’invitation, car l’arsenal reste un atout vital pour sa capacité militaire. Cependant, ce processus pourrait ouvrir la porte à un grand marché régional à long terme. Un tel accord aborderait de manière globale l’implication de l’Iran dans des pays comme la Syrie, le Yémen et l’Irak sans aggraver les tensions dans le Golfe.

Deuxièmement, en ce qui concerne l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), les États-Unis reconsidéreraient soigneusement leur attitude libre. Au cours de la dernière décennie, et en grande partie sous une nouvelle direction politique, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont agi en tant qu’avant-garde contre-révolutionnaire du Moyen-Orient, s’efforçant d’inverser les acquis démocratiques. Ils ont cherché à renforcer les régimes autoritaires et les alliés dans toute la région – et ils ont réussi grâce à un mandat virtuel de l’administration Trump.

L’administration Biden serait plus stricte, consciente des conséquences désastreuses de ce que l’aventurisme saoudo-émirati a produit au Yémen, en Libye et au Qatar. Les actions menées au sein de ces pays ont créé des perturbations tumultueuses avec peu de retours positifs. Bien sûr, les États-Unis resteraient en dehors de la politique intérieure saoudo-émiratie. Pourtant, il reconnaîtrait également que les deux sont différents. Alors que les dirigeants des Émirats arabes unis feraient face à des conséquences moins graves de ce recalibrage, les dirigeants saoudiens subiraient des coûts plus élevés en raison de leur domination sur un pays beaucoup plus grand avec des courants populaires plus diversifiés et un défi économique plus difficile. En outre, les dirigeants saoudiens auraient lésé de nombreux acteurs politiques internes, et ils pourraient essayer de réaffirmer leur pouvoir dans le système politique.

Troisièmement, les États-Unis réorienteraient leur vision du printemps arabe – qui est un processus historique en cours plutôt qu’un résultat singulier. Ce processus est un processus de changement politique, et l’administration Biden reconnaîtrait que les luttes impliquées ont des racines structurelles. L’ancien contrat social qui a troqué l’obéissance politique contre la subsistance économique est révolu. Les sociétés jeunes exigent voix et dignité, et les régimes autoritaires ne peuvent pas le faire.

Le rétablissement de la démocratie américaine dans le pays peut enhardir les mouvements démocratiques dans la région et même dans le monde. Le déclin de la démocratie dans le monde et son affaiblissement du dynamisme du printemps arabe sont souvent négligés. De plus, si de nouvelles révolutions éclatent, une administration Biden ne supposerait pas que les alliés autocratiques, comme le régime de Sissi en Égypte, resteront stables. Les attentes populaires en matière de réforme exigeraient une réponse plus raisonnée de la part des États-Unis.

Dans le même ordre d’idées, des pays fracturés comme la Libye et la Syrie exigeraient le multilatéralisme plutôt que des interventions ponctuelles. Cela nécessiterait à terme de reconstruire les modes de coopération avec les alliés occidentaux et de réengager la Russie et la Chine à travers un cadre d’interactions positives et bien réglementées. Une administration Biden adopterait plus volontiers une telle approche.

Enfin, l’administration Biden s’occuperait de la tragédie palestinienne. Ici, en raison de leur partialité passée, les États-Unis ont peu d’espace de manœuvre, et cela ne changera probablement pas. Il reviendrait sur «l’accord du siècle» et tenterait de ressusciter la solution à deux États. La possibilité d’une solution à deux États est effectivement morte, mais aucune des parties impliquées ne souhaite en reconnaître l’implication douloureuse. Ainsi, les États-Unis tenteraient de ramener Israël aux négociations. Cependant, il y aurait des gains limités: même si le gouvernement israélien arrête l’annexion de jure du territoire palestinien, il y aura toujours une annexion de facto par des activités de colonisation illégales. Beaucoup dépendrait également de la manière dont les Palestiniens se réorganiseraient, car l’Autorité palestinienne est bloquée dans un déclin moribond depuis des décennies.

Pourtant, se retirer de l’accord du siècle aurait des implications régionales à considérer. Par exemple, les États arabes seraient moins incités à se précipiter dans des normalisations avec Israël sans que ce dernier ne traite des droits des Palestiniens. En ce sens, la politique étrangère de l’administration Biden au Moyen-Orient aurait des conséquences considérables, mais il faudrait un certain temps pour réparer les dommages causés par les politiques américaines actuelles.

Dans le cas où Trump gagnerait, nous verrions plus de la même chose en termes de politique étrangère employée au cours des quatre dernières années. Les États-Unis poursuivraient leur approche militante vis-à-vis de l’Iran, et continueraient à donner aux dirigeants saoudiens et émiratis leur mandat pour la contre-révolution. Il resterait inactif alors que la région entre dans un nouveau cycle de répression autoritaire et de répression populaire. Ce refoulement consommerait la rue et serait plus fracturé que jamais, car il y aurait encore moins de répit au sein de la société civile. Les conflits régionaux en Libye, au Yémen et ailleurs s’aggraveraient en l’absence de coopération transatlantique et d’engagement multilatéral. Ces pays sombreraient plus profondément dans le conflit.

Enfin, les États-Unis continueraient à négliger la dynamique israélo-palestinienne et à ne pas dépenser ne serait-ce qu’un minimum d’efforts pour relancer le processus de négociation. En conséquence, cela accélérerait la dissolution éventuelle de l’Autorité palestinienne et accélérerait également la reconnaissance formelle du fait que la solution à deux États est définitivement morte.

Source : EPICENTER, 27 oct 2020

Tags : Proche Orient, Moyen Orient, Noe Biden, Donald Trump, Hicham Alaoui, Palesine, Israel,

Musulmans de France, tous coupables ?

par Akram Belkaïd, Paris

L’horrible décapitation de Samuel Paty, un enseignant en France par un jeune de dix-huit ans d’origine tchétchène, qui lui reprochait d’avoir montré des caricatures du Prophète à ses élèves dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, a provoqué une grave crise aux conséquences incertaines. Il ne s’agit pas ici uniquement de l’immense, et légitime, émotion qu’un tel acte barbare a provoqué au sein de la société française. Il ne s’agit pas non plus de l’agitation suspecte d’un gouvernement, et notamment du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, déjà préoccupé par la campagne électorale de la présidentielle de 2022 et soucieux de faire oublier ses responsabilités dans cette triste affaire. Une frénésie de propos destinés à masquer aussi le délabrement d’un secteur éducatif où il n’est pas rare que des parents d’élèvent cognent un enseignant surmené pour une mauvaise note ou un téléphone portable confisqué durant les heures de cours.

Il est évident que ce drame révèle des lignes de fractures qui se sont aggravées depuis le début des années 2010. De manière régulière, des attentats ou des actes isolés de violence se revendiquant de l’islam reposent de manière brutale le rapport entre la société française et les communautés de cultures musulmanes. Cette fois-ci, l’onde de choc est plus forte, ne serait-ce que parce que c’est l’école qui est concernée mais aussi parce que le crime a aggravé un climat déjà délétère en raison, notamment, de la crise sanitaire.

Il n’y a rien d’étonnant à voir l’extrême-droite et ses relais médiatiques s’engouffrer dans la récupération de cette sordide atteinte à la vie. Tout y passe. L’immigration, les politiques d’accueil et d’asile, certains droits individuels, les mécanismes de lutte contre le racisme et les discriminations, la gauche populaire, tout cela est visé. Marine Le Pen le dit clairement quand elle évoque « une guerre qui exige une législation de guerre ». Dans tout ce vacarme amplifié par les politiques et les chaînes d’information en continu, l’islam en France est de nouveau mis en accusation comme si toutes les personnes concernées de près ou de loin par cette religion étaient complices du tueur.

A l’inverse, ce qui est inquiétant, c’est la proportion sans cesse croissante de la société française qui se dit convaincue par tout ou partie de ce discours accusateur. L’idée que « les musulmans » n’en font pas assez pour lutter contre le terrorisme intégriste est en train de s’installer de manière définitive et celles et ceux qui la combattent en dénonçant les amalgames sont mis à l’index. « Islamo-gauchistes » ou naïfs, ils seraient les complices, ou, pourquoi pas, les instigateurs de cette violence. Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse, il est de plus en plus difficile de faire entendre la nuance. Et de poser les termes du problème.

Il y a six ans, voici ce que je répondais au journaliste Gille Heuré de Télérama lorsqu’il m’interrogeait à propos des suites de l’assassinat d’Hervé Gourdel en Algérie (1). Les appels demandant à la communauté musulmane de réagir, disais-je, « traduisent une contradiction fondamentale : d’un côté, on met en garde les musulmans contre toute forme de communautarisme ; de l’autre, on les intime, en tant que musulmans, à condamner officiellement cet acte ignoble. C’est une manière d’affirmer que les musulmans restent une exception dans le modèle républicain. N’importe quel être humain réprouve ces crimes épouvantables. On n’a pas besoin de demander aux gens de s’en désolidariser ou d’exprimer leur dégoût : ça coule de source (…) Pour certains milieux en France, les musulmans, s’ils ne sont pas coupables par nature, peuvent faire preuve de duplicité. Ils doivent fournir la preuve de leur normalité et de leur insertion dans la société française. »

En réalité, ajoutai-je, « ces appels laissent entendre que l’islam pratique un double discours : les musulmans intégrés participeraient à la vie de la société française, payeraient bien leurs impôts, etc., mais seraient susceptibles à tout moment de commettre des meurtres à l’encontre de citoyens français, musulmans et non musulmans. C’est une peur palpable et entretenue. »

Rien de tout cela n’a changé. C’est même devenu pire. Cela pose de vrais problèmes pour l’avenir. Apeurée, affolée par les vitupérations d’éditorialistes connus, sans cesse conditionnée par les outrances des réseaux sociaux, la société française semble exiger aujourd’hui des preuves de loyauté de la part des musulmans. C’est cela qui se dessine tranquillement, sans que le personnel politique ne prenne la mesure de l’enjeu. En réalité, dans un pays où l’on rejette, à juste titre le communautarisme, les questions « mais où sont les musulmans ? » ou « mais que font les musulmans ? » sontdes assignations à résidence qui ne veulent pas disparaître. Elles logent dans l’inconscient collectif et il sera difficile de les extirper. Mr Omar ou Mme Latifa, quelles que soient leurs opinions et leurs croyances, sont ainsi sommés de s’exprimer en tant que musulmans. Il ne vient à l’idée de personne qu’ils n’ont pas envie d’être définis de la sorte. Il ne vient à l’idée de personne que leur seule manière de lutter contre l’intégrisme et les actes de violence, est juste d’être eux-mêmes, des citoyens sans histoires qui ont les mêmes préoccupations et attentes que leurs compatriotes français.Mieux, des citoyens qui haussent les épaules ou se détournent quand un collectif intégriste tente de les convaincre ou de les enrôler.

La grande mosquée de Paris, de nombreux imams, ont clairement condamné le crime. Ils sont dans leur rôle et parlent au nom de nombreux croyants. D’autres, « musulmans de culture » ont, quant à eux, exprimé leur révulsion via les réseaux sociaux. Que leur faut-il faire d’autre ? Qu’ils singent l’imam Chalghoumi en baragouinant, en pleurnichant, un pardon pour des actes qu’ils condamnent et avec lesquels, faut-il le répéter, ils n’ont rien à voir ?Veut-on qu’il fassent le coup de poing contre les extrémistes ? Qu’ils se substituent à la police et qu’ils s’en prennent directement à des associations d’incendiaires que les autorités ont tolérées, voire encouragées, parce qu’elles imposaient la paix dans des quartiers populaires gangrénés par le trafic de drogue ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Veut-on organiser une guerre civile chez les cinq millions de musulmans vivant en France afin qu’un camp (celui qui incarne la majorité respectueuse de la République) puisse enfin gagner ses galons de citoyenneté reconnue ? Faute de réponse politique clairvoyante, c’est la paix civile qui est désormais menacée.

(1) « Les musulmans français victimes d’amalgames », Télérama, 12 octobre 2014.

Le Quotidien d’Oran, 1 nov 2020

Tags : France, Islam, Islamisme, terrorisme, Caricatures, Charlie Hebdo, Macron, Islamophobie,

Macron : le rétropédalage

Poussé par des calculs élecoralistes, le président Macron s’est fondu dans des déclarations qui cachent mal une islamophobie dont les répercussions n’ont pas été prévues. Face à la réaction des pays musulmans, il s’est vu obligé de rétropédaler en vue de gérer en urgence les problèmes diplomatiques multiformes survenus et la campagne de boycott susceptible un grand préjudice à une économie française meurtrie par la pandémie.

Dans un entretien accordé à la chaîne qatari Aljazeera, Emmanuel Macron a tenté de calmer la situation en déclarant comprendre que des musulmans puissent être « choqués » par les caricatures de Mahomet, mais qu’il n’acceptera jamais qu’on puisse justifier la violence.

Cherchant à se désengager des polémiques apparues dans le monde arabo-musulman, le président français a souligné que les caricatures n’ont pas été publiées par le gouvernement, mais par des journaux libres et indépendants.

Tags : France, Macron, caricatures, Charlie Hebdo, terrorisme,

Tchad : Passation dynastique du pouvoir

Par Ali Muhammad Diallo

Françafrique: Vers une probable passation dynastique familiale au Tchad avec le tremplin du « forum inclusif » du dictateur idriss déby; comme exactement au gabon, et au togo. Tel semble être le vœu pieux de l’élysée, dans son strict contrôle de ce pays stratégique à plus d’un titre pour les intérêts de la france …

Affaibli véritablement par son cancer très poussé du pancréas dû à son goût immodéré pour l’alcool, bien conscient de sa fin proche, le despote-finissant Idriss Deby a estimé urgent de réunir sa meute d’affamé(es), et des corrompu(es), afin de placer son rejeton comme probable successeur.

Ce fait du prince se passe au moment où les 90 % de la population souffre sincèrement des conséquences du Covid-19, d’inondations sans fin, et de l’ABJECTE INDIGENCE. L’objectif réel de son CARNAVAL BURLESQUE appelé « forum inclusif », viserait ce but précis.

Face à cette INDÉCENTE FORFAITURE; le Peuple Tchadien VICTIME, et l’ensemble des FORCES VIVES, sont CONDAMNÉS à se MOBILISER, pour DIRE avec COURAGE, ainsi qu’AUDACE « NON! ».

Tags : Tchad, Idriss Déby Itno, Françafrique,

Le Conseil de sécurité échoue à adopter une résolution « commémorative » sur les femmes, la paix et la sécurité

Cet après-midi, le Conseil de sécurité n’a pas réussi à s’entendre sur l’adoption d’une résolution destinée à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution du Conseil sur « Les femmes et la paix et la sécurité », à savoir la résolution 1325 (2000).

Le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie a recueilli 10  abstentions (Allemagne, Belgique, Estonie, États-Unis, France, Niger, République dominicaine, Royaume-Uni, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Tunisie) et seulement 5 voix en sa faveur (Afrique du Sud, Chine, Fédération de Russie, Indonésie, Viet Nam).

En raison de la pandémie de COVID-19, le Conseil de sécurité s’était déjà réuni hier par visioconférence pour son débat public annuel sur la question. Il a procédé au vote par voie de correspondance électronique. Les votes ont été envoyés au Directeur de la Division des affaires du Conseil de sécurité qui les a transmis au Président du Conseil. Le représentant de la Fédération de Russie, Président pour le mois d’octobre, a donc convoqué les membres du Conseil par visioconférence pour annoncer le résultat du vote.

Après des négociations difficiles, il semblerait que la majorité des délégations aient renoncé à appuyer un texte qui reprenait essentiellement les termes des résolutions précédentes, sans répondre à certaines de leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne le rôle de la société civile, les violences sexuelles à l’égard des femmes en période de conflit ou encore leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.

Tant qu’à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution sur la question des femmes et de la paix et de la sécurité, ces délégations auraient en outre penché pour un format plus percutant, l’essentiel étant la mise en œuvre du programme y relatif.

Par ce projet de résolution, le Conseil de sécurité aurait commémoré le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000), « occasion unique de faire le bilan des progrès accomplis à ce jour ainsi que de s’engager à faire appliquer plus avant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité », sachant que l’année  2020 coïncide aussi avec le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing sur les femmes.

Conscient qu’il doit accorder une attention plus systématique au respect des engagements pris à ce sujet dans son propre travail, le Conseil aurait exhorté les États Membres « à s’engager à appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les priorités qui y sont fixées en assurant et en facilitant la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de paix, notamment en prenant systématiquement en considération les questions de genre ».

À l’entame de ce projet, le Conseil aurait exprimé « sa profonde inquiétude » quant à l’impact négatif disproportionné de la pandémie de COVID-19, notamment du point de vue socioéconomique, sur les femmes dans le monde, en particulier celles qui vivent dans des pays ravagés par des conflits armés ou dans des situations postconflit, et celles qui sont touchées par des crises humanitaires.

UN Press release, 30 oct 2020

Tags : UN, ONU, Conseil de Sécurité, femmes, paix, sécurité,

Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 30 octobre 2020

(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

Côte d’Ivoire 

À la veille de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le Secrétaire général lance un appel à tous les Ivoiriens à veiller à ce que le scrutin se déroule de manière pacifique.

Le Secrétaire général exhorte tous les leaders politiques et d’opinion, ainsi que leurs partisans, à s’abstenir de toute incitation à la violence, de répandre la désinformation et d’utiliser des discours de haine. Il encourage les autorités, y compris les forces de sécurité, à créer un environnement sûr et à protéger et faire respecter les droits de l’homme durant le processus électoral.

Le Secrétaire général encourage vivement les dirigeants politiques et leurs partis à résoudre tout différend qui pourrait survenir par le dialogue. Il réitère l’engagement des Nations Unies à soutenir les efforts du pays visant à consolider les acquis démocratiques et la cohésion nationale.

République centrafricaine

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, est actuellement en République centrafricaine, pour une visite conjointe de trois jours. Il est accompagné du Commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, M. Smaїl Chergui, et du Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Gilberto Da Piedade Veríssimo.  

Ils ont rencontré le Président de la République centrafricaine, M. Faustin-Archange Touadéra, des représentants du Gouvernement ainsi que des acteurs de la société civile. Ils ont discuté ensemble du processus électoral et de la mise en œuvre de l’Accord politique signé l’an dernier.

Dans une déclaration publiée aujourd’hui, les trois responsables appellent toutes les parties prenantes nationales, à promouvoir le dialogue et le consensus pour la tenue d’élections libres, transparentes, démocratiques et inclusives. Ils réitèrent que l’Accord politique est le cadre pertinent pour le retour et le maintien de la paix dans le pays. Ils reconnaissent également les progrès engrangés et invitent les signataires à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre de l’Accord.

Les trois hommes ont en outre condamné les violences perpétrées par les groupes armés à l’encontre des populations civiles, des travailleurs humanitaires, des personnels des Nations Unies et des Casques bleus. Ils ont appelé ces groupes à adhérer à l’appel au cessez-le-feu global du Secrétaire général. Ils ont exprimé leur solidarité avec le peuple et le Gouvernement de la République centrafricain dans leur combat contre la COVID-19.  

M. Lacroix devrait se rendre au Portugal la semaine prochaine, pour rencontrer des membres du Gouvernement. Il devrait également participer à une conférence pour le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

Irak  

Dans une décision prise indépendamment des Nations Unies, le Gouvernement de l’Iraq a annoncé son intention de fermer les multiples camps accueillant des personnes déplacées d’ici à la fin de l’année. Plusieurs fermetures et regroupements de camps ont eu lieu au cours des derniers jours et le Gouvernement a indiqué qu’il fallait s’attendre à ce qu’il y en ait davantage.

Les Nations Unies soutiennent le retour sûr, digne, volontaire et durable des personnes déplacées. L’ONU maintient son mandat de coordination avec le Gouvernement sur les questions d’assistance humanitaire. Elle s’emploie à faire en sorte que les personnes déplacées, qui ont quitté les camps et rentrent chez elles, reçoivent le soutien nécessaire tout au long de leur voyage de retour et à leur arrivée.

Les Nations Unies suivent de près l’évolution de la situation et sont en communication constante avec le Gouvernement iraquien en ce qui concerne la planification de solutions durables pour toutes les personnes déplacées vulnérables.

Viet Nam  

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaire (OCHA), près de 70 personnes sont décédées ou portées manquantes suite aux éboulements de terrain causés cette semaine par le typhon Molave.

Quelque 375 000 personnes se trouvent en outre dans des centres de secours. Beaucoup de ces centres sont surpeuplés et sont privés d’accès à l’eau, à l’assainissement et aux soins de santé, ce qui ne fait qu’augmenter les risques de propagation de la COVID-19.

Les Nations Unies et leurs partenaires ont distribué des fournitures ménagères, des kits de secours, de la nourriture, des paquets de purification de l’eau ainsi qu’une aide en argent liquide afin de soutenir les efforts du Gouvernement.

L’équipe pays des Nations Unies élabore actuellement un plan de réponse et fournit un soutien dans la gestion de l’information, l’établissement de rapports et la mobilisation des ressources.

Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a débloqué plus de 500 000 dollars pour un soutien immédiat aux femmes et aux filles. Le Fonds a distribué des kits de dignité et fourni des équipements de santé maternelle qui sont vitaux, tels que des détecteurs de fréquence cardiaque fœtale Doppler. Le FNUAP soutient également la fourniture de services mobiles et de proximité en matière de santé sexuelle et reproductive.

Personnel de sécurité

Le dernier rapport du Secrétaire général intitulé « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » a été publié aujourd’hui.

Le Secrétaire général y explique qu’au cours des 18 derniers mois, 52 personnels des Nations Unies ont perdu leur vie en raison d’actes de violence et d’incidents sécuritaires.

Le rapport souligne également que si le personnel des Nations Unies et le personnel humanitaire ont poursuivi leur travail malgré l’impact opérationnel et sécuritaire négatif de la pandémie, ils sont confrontés à des menaces de sécurité allant des conflits armés, à la criminalité, aux troubles civils, à l’extrémisme violent, à la xénophobie et à la désinformation.

Police des Nations Unies

Le Département des opérations de paix des Nations Unies a annoncé aujourd’hui que le Prix Policière des Nations Unies de l’année est décerné à l’Inspectrice en chef Doreen Malambo, de la Zambie, qui travaille actuellement avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).

Mme Malambo, qui est conseillère en matière de genre à Djouba (Soudan du Sud), a travaillé avec le FNUAP pour mettre en place l’Initiative de défense des droits des femmes et des filles. Cette initiative a contribué à réduire et à prévenir la criminalité sexuelle et sexiste au Soudan du Sud.

L’inspectrice en chef a également créé un réseau de groupes dirigés par des hommes de la police locale pour inciter d’autres hommes de la communauté à diffuser des informations et à promouvoir la protection et la promotion des droits des femmes et des filles.

Elle a également contribué aux efforts de la MINUSS pour diffuser des informations sur la prévention de la COVID-19 aux communautés vulnérables, y compris les personnes handicapées.

Une cérémonie virtuelle de remise des prix aura lieu le 3 novembre. Elle sera retransmise sur le Webcast de l’ONU.

COVID-19/Brésil

Les équipes de pays travaillent de par le monde pour soutenir les efforts nationaux de lutte contre la pandémie de COVID-19, comme le fait celle du Brésil, so us la houlette du Coordonnateur résident, Niky Fabiancic, qui continue d’appuyer les autorités dans leur réponse.

En Amazonie, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)a fourni à 80 000 femmes un appui en matière de santé reproductive, tandis que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a contribué avec des cliniques mobiles fournissant des centaines de consultations et de trousses hygiéniques au profit des communautés autochtones, des réfugiés et des migrants.

ONU-Femmes, pour sa part, a facilité l’accès des personnes handicapées aux services de tests auditifs et l’UNICEF a appris à des centaines d’enfants comment bien se laver les mains et leur a fourni des trousses.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés apporte, quant à lui, une aide en espèce et des abris aux réfugiés et migrants, tout en aidant les chefs des petites entreprises au sein des communautés de réfugiés à maintenir celle-ci ouvertes.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont produit des notes d’information en appui aux autorités qui tentent de juguler la propagation de la COVID-19 dans les prisons.

Dans la perspective d’un meilleur relèvement de la pandémie, l’équipe de l’ONU et les organisations de la société civile encouragent les municipalités à se servir des objectifs de développement durables (ODD) en tant que cadre de travail pour les prochaines élections locales.

Journée mondiale des villes

Le 31 octobre est la Journée mondiale des villes qui a cette année pour thème « Valoriser nos communautés et nos villes ». Dans le message qu’il a adressé pour l’occasion, le Secrétaire général a souligné que la valeur des communautés a été évidente durant la réponse à la COVID-19 et que les villes ont payé un lourd tribut à la pandémie.

M. Guterres a indiqué que notre monde, en pleine urbanisation rapide, doit répondre efficacement à cette pandémie et se préparer à faire face à des épidémies de maladies infectieuses à venir. Il a souligné qu’alors que nous reconstruisons pour l’après-pandémie et que nous nous engageons dans la Décennie d’action pour le développement durable, nous avons la possibilité de réfléchir sur notre mode de vie et d’interaction, l’action locale étant la clef. Lorsque les communautés urbaines sont engagées dans la politique et la prise de décisions, et autonomisées par des ressources financières, les résultats n’en sont que plus inclusifs et durables, a-t-il encore indiqué.

Rendez-vous avec la presse

À 15 heures, l’Ambassadeur Vassily Nebenzia, de la Fédération de Russie, qui a présidé les travaux du Conseil de sécurité en octobre, donnera une conférence de presse par visioconférence.

Le 2 novembre à 13 heures, le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. Ralph Gonsalves, et la Représentante permanente de ce pays, Mme Rhonda King, feront un point de presse par visioconférence sur le programme de travail du Conseil de sécurité pour le mois de novembre, qui sera présidé par Saint-Vincent-et-les Grenadines.

Source : UN Press Release, 30 oct 2020

Tags : QUESTIONS DE GENRE ET DE FEMMES, BRÉSIL, RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, CÔTE D’IVOIRE, IRAK, personnel de sécurité, police des Nations Unies, covid 19, journée mondiale des villes,

Côte D’Ivoire: Déclaration de Josef Borrell à la veille de l’élection présidentielle

Côte D’Ivoire: Déclaration du Haut-Représentant/Vice-Président Josef Borrell à la veille de l’élection présidentielle

À la veille de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, l’Union européenne s’associe à la déclaration du Secrétaire Général des Nations unies.

Elle exprime sa plus grande inquiétude suite aux incidents violents et aux discours de haine constatés ces dernières semaines. Elle exhorte l’ensemble des acteurs politiques à faire preuve de responsabilité, de retenue et de refus de toute violence.

Elle appelle les institutions en charge du processus électoral à assurer un scrutin transparent, crédible et apaisé.

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Tags : Côte D’Ivoire, Alassane Ouattara, élection présidentielle, Laurent Gbagbo,