L’ONU choisit la « diplomatie silencieuse » pour reprendre les négociations

Après quatre rounds de rencontres formelles et neufs autres informelles, organiser de nouvelles réunions ne ferait qu’accentuer l’impasse de la situation et entraver davantage la crédibilité du processus, indique un rapport présenté mercredi au Conseil de sécurité de l’Onu par Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara Occidental. Dans son rapport, M. Ross estime que la question du Sahara Occidental, occupé depuis 1975 par le Maroc, est arrivée au stade où un nouveau tournant s’avère nécessaire. M. Ross a ainsi proposé au Conseil de sécurité une phase de “diplomatie silencieuse” pendant laquelle des rencontres se tiendront avec les pays intéressés à la question et les Etats limitrophes, des visites seront organisées au Sahara Occidental et de nouvelles négociations préparées.
L’envoyé de l’Onu a admis l’échec essuyé pour rapprocher les points de vue des deux parties : si le Maroc campe sur sa position de ne conférer à la région qu’une autonomie étendue, le Front Polisario continue de revendiquer quant à lui la tenue d’un référendum libre sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Cependant, M. Ross a précisé que l’option de négociations moins médiatisées et moins tendues a déjà séduit tant Rabat que le Polisario, mouvement qui lutte pour l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole.
M. Ross s’est également référé à l’instabilité régionale, qui s’est détériorée avec la crise dans le Nord du Mali. Il a notamment déclaré avoir obtenu des informations sur l’enrôlement de combattants par des groupes armés opérant au Sahel, tout en précisant que, malgré la divergences des positions prises par les médias marocains, le gouvernement de Rabat n’avait constaté l’existence d’aucun lien entre le Polisario et ces derniers groupes.
M. Ross a également rapporté l’issue de sa première visite au Sahara Occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis où il a constaté qu’une partie de la population envisageait de reprendre la lutte armée, après 25 ans d’échecs diplomatiques de l’Onu.
A la veille de l’annonce de cette nouvelle stratégie diplomatique, le représentant des Nations Unies a enfin averti que la persistance de l’actuel statu quo constituerait une grave “erreur de calcul”, d’autant plus que la région est maintenant menacée par des groupes criminels, extrémistes et terroristes qui sévissent au Sahel.
(GB/CN)
MISNA, 29 Nov 2012

Christopher Ross : miser sur le statu quo au Sahara Occidental, "une grave erreur de calcul"

NEW YORK – La situation au Sahara Occidental reste « très préoccupante », a indiqué mercredi soir à New York l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, affirmant que miser sur le statu quo dans cette question relève d’une « grave erreur de calcul ».
S’exprimant devant la presse à l’issue de la présentation de son compte-rendu au Conseil de sécurité suite à la tournée effectuée récemment dans les pays de la région et en Europe, M. Ross qui a souligné que « la situation au Sahara Occidental reste très préoccupante et devrait rester dans le radar de la communauté internationale », a fait valoir que si certains croient que le statu quo était acceptable, cela démontre « une grave erreur de calcul ».
M. Ross qui a rappelé que conformément à la résolution 2044 du Conseil de sécurité d’avril dernier, il avait informé l’organe de décision de l’ONU des derniers développements du dossier sahraoui, a annoncé, à cette occasion, les prochaines étapes de sa mission pour résoudre la question du Sahara occidental.
Il s’agit, a-t-il dit, de rechercher « une solution juste, durable et mutuellement acceptable au conflit, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
En effet, a-t-il expliqué, « s’il perdure, ce conflit pourrait nourrir une frustration croissante et déclencherait de nouvelles violences et hostilités qui seraient tragiques pour les peuples de la région ».
En conséquence, a fait valoir l’Envoyé personnel de Ban Ki-moon, « la question du Sahara occidental, qui dure depuis bien trop longtemps, doit être résolue et elle peut être résolue s’il y a une volonté de s’engager dans un véritable dialogue ».
C’est ainsi qu’il a annoncé qu’il comptait entreprendre préalablement, dans le cadre de sa mission, de larges consultations à l’échelle internationale et régionale, au lieu, a-t-il précisé, de convoquer immédiatement un autre round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc. M. Rosss a affirmé, en conséquence, qu’il mènerait des consultations avec « les parties prenantes internationales-clés » à la question sahraouie avant d’effectuer, a-t-il précisé, des « navettes diplomatiques » à travers plusieurs visites dans les pays de la région dont le Sahara occidental.
Les parties au conflit (Front Polisario et Maroc), les pays voisins ainsi que les membres du Conseil de sécurité « ont accueilli favorablement cette démarche », a-t-il assuré.
Dans ce sens, il a émis l’espoir qu’une telle démarche soit susceptible « de jeter les bases pour une reprise efficace des réunions » entre les deux parties au conflit.
En outre, a-t-il insisté, « la responsabilité principale pour faire des progrès incombe aux parties elles-mêmes même si l’ONU ne ménagera aucun effort pour les aider ».
« Je demande aux membres du Conseil de sécurité et à l’ensemble de la communauté internationale de s’y joindre pour encourager les deux parties au conflit à entamer des négociations sérieuses afin de parvenir à une solution honorable qui mette fin » à cette situation.
L’Assemblée générale de l’ONU votera en début décembre prochain la résolution adoptée en octobre dernier par la 4ème Commission de l’ONU chargée des questions de décolonisation, qui avait réaffirmé « le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », rappelle-t-on.
Le prochain rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara occidental sera présenté au conseil de sécurité en avril 2013.
M. Christopher Ross avait effectué, du 27 octobre eu 15 novembre, une tournée dans les pays de la région (Maroc-Sahara Occidental-Algérie-Mauritanie) et en Europe.
APS, 29 Nov 2012

Enlèvements de 3 sahraouis, une nouvelle méthode de terreur ?

Des agents de la direction nationale de surveillance des territoires (DST), en tenues civiles, ont envahi trois maisons sahraouies de la ville d’El-Aaiun occupée et enlevé trois citoyens sahraouis avant de les conduire vers une destination inconnue.

Hier samedi 24 novembre à 5 du matin, un commando a envahi, sans mandat de perquisition, la maison du citoyen sahraoui Baba Brahim Mohamed Mouloud, 29 ans, chômeur, dans le quartier Ina’ach dit Moulay Rachid tranche 1. 

Dans le même temps un autre commando a enlevé de la même façon le citoyen Moukhtar Saika, 40 ans, chauffeur de taxi, dans sa maison rue Sidi Boujida, quartier Zemla. 

Le troisième enlevé par une autre équipe et selon la même méthode est Mohamed Salem Khaya, 27 ans, marié, père d’un fille, électricien automobile, dans sa maison rue Chrif Il Idrissi, quartier Zemla. 
Certaines sources font état de l’enlèvement dans le quartier Mezouar, d’un quatrième homme, ouvrier dans une entreprise de construction, sans que cela soit confirmé actuellement.
Il ne semble pas que les 4 hommes ont des liens particuliers entre eux, selon les informations des familles.

Dans l’après midi du samedi, l’agence officiel de presse marocaine a annoncé dans une dépêche le « démantèlement d’une cellule spécialisée dans l’embrigadement de jeunes marocains imprégnés des idées d’«Al-Qaïda» pour les envoyer au Sahel », avec des arrestations à Casablanca, Nadour, Kala Seraghna, Gercif et El Aaiun. 

Etant donné la grande proportion de colons marocains subventionnés pour venir habiter au Sahara Occidental et le peu de lien entre les populations sahraouies et marocaines, l’information ressemble à une opération de propagande étatique, dont la MAP est usuelle.

Interrogées au sujet du rapport à la religion des 3 hommes, les familles ont témoigné d’une pratique modérée, comme l’est la pratique sahraouie, et ont assuré qu’ils n’avaient pas changé de comportement les derniers mois ou années.

Ce n’est pas la première fois que les autorités marocaines veulent faire croire à la participation de citoyens Sahraouis à des actions de terrorisme islamique.

En mars 2010 les autorités marocaines ont enlevé Mohamed DAIHANI, un jeune Sahraoui, et ont essayé de le forcer à travailler sous leurs ordres pour accomplir “au nom d’Al-Qaïda et du Polisario” des actes terroristes à El-Aaiun, la capitale occupée du Sahara Occidental.

Le but de l’opération était d’associer le Polisario au terrorisme et de dénigrer la lutte pacifique de la résistance sahraouie. Arrêté après avoir disparu, Mohamed DAIHANI a été condamné à dix ans de prison ferme.

EM, Sahara Occidental

El Aaiun occupé, 25 novembre 2012

FACEBOOK, 27 NOV 2012

Maroc : Plusieurs naissances pour une seule ONG

A chaque fois que le régime marocain est accablé dans la question du Sahara Occidental, la MAP trouve toujours un soutien d’une personnalité étrangère, d’un think-tank américain ou d’un article de presse d’un mercenaire payé avec l’argent du contribuable marocain. Les pauvres fonctionnaires de la MAP sont obligés de se débrouiller pour inventer des succès pour la diplomatie marocaine et le « génie » d’un roi en manque d’arguments pour une agression barbare contre un peuple qui revendique l’application du Droit International.
Seulement, les employés de cette agence ne s’arrêtent pas dans les détails. Aujourd’hui, devant l’échec retentissant de leur désir d’imposer leur occupation du Sahara Occidental, et dans le but de garder la morale de leur brebis  le service de propagande du Makhzen a inventé une nouvelle association de soutien a leur endémique plan d’autonomie. Pour la deuxième fois. En effet, tous les médias du Makhzen ont fait l’écho de la création d’une « Coordination Internationale pour le soutien à l’autonomie au Sahara marocain à Rabat », le 16 Novembre 2012. « Avec comme objectifs de coordonner les efforts et de suivre les développements de la question du Sahara, à la lumière de la proposition marocaine, notamment par le biais de la diplomatie parallèle », lit-on dans la presse de samedi 17 Novembre 2012.
Cette prétendue association revêt un caractère particulièrement spéciale : elle a vu la lumière deux fois. La première, c’était le 20 février 2007. En effet, ce jour-là, le journal Aujourd’hui le Maroc publiait un entretien, repris par le site bladi.net et Yahoo, avec « Lahcen Mahraoui, membre du Corcas établi en France » annonçant la création à Paris d’une Coordination Internationale pour expliquer le projet d’autonomie.
Mais l’épopée de la MAP ne s’arrête pas là. Cette association a aussi la caractéristique d’avoir été clonée à plusieurs reprises depuis 2007, année dans laquelle le Maroc a présenté la dénommée proposition d’autonomie pour le Sahara Occidental. Ainsi, l’on trouve :
– 30 Mars 2007 : Le Réseau international pour le soutien du projet d’autonomie au Sahara occidental (RISPASO).
– 1 juin 2010 : L’Union internationale pour le soutien au projet d’autonomie du Sahara souligne l’importance de la dynamique créée par ce projet. Selon la MAP cette association a organisé une rencontre à Fès le 9 octobre 2010.
– 04/15/2012 : Coordination Européenne au Sahara Autonome du Maroc (« CESAM« ) 
– octobre 06, 2010 : Naissance à Bruxelles de l’association « Coordination des jeunes du Sahara marocain en Europe« 
Ainsi, les marocains ne pourront jamais dire que leur Makhzen manque de soutien dans sa mésaventure saharienne et le moral du brebis sera toujours dans le ciel.

La TV Mauritanienne rattache le Sahara Occidental à la Mauritanie

Après les allégations de la deuxième chaine marocaine sur une prétendue appartenance de Bilad Chinguitt au Maroc, la TVM rattache le Sahara à la Mauritanie

Dans une démarche considérée comme une « réponse appropriée » aux allégations de la deuxième chaîne marocaine sur un prétendu droit au Maroc sur la Mauritanie, la TVM (télévision officielle) a tout simplement sortie une image dans laquelle le Sahara est rattaché à la Mauritanie.
Cette information, relayée sur facebook, apparait comme un nouveau rebondissement dans ce que d’aucuns considèrent comme une nouvelle tension entre le Maroc et la Mauritanie.
Dans sa page, le blogueur Ahmed Ahmed se demande si cela a un rapport avec le retour au pays du président Aziz ; pour Rahma Moustapha, ce que fait la TVM, n’étonne pas parce que celui qui « reçoit des lettres des morts peut tout faire ».
Pour un autre, les marocains qui évoquent le rattachement de la Mauritanie au royaume ne font que « cacher leur incapacité à reprendre aux Espagnols les iles de Sebta et de Mélila ». Pour d’autres, une telle démarche est pour rappeler « aux frères marocains qu’une grande partie du Sahara a été sous autorité de la République islamique de Mauritanie ».
Il est attendu que cette démarche engendre des réactions populaires et officielles surtout que l’on parle, de plus en plus, de tensions entre les deux pays, certains accusant le Maroc d’être derrière une tentative d’assassinat du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
EL HOURRIYA, 25 Nov 2012

L’ambassade marocaine à Bruxelles l’a échappée belle grâce à l’intervention d’un conseiller du roi

Intervention d’un conseiller de Mohamed VI pour éviter un scandale à Bruxelles
Certaines sources associatives en Belgique ont révélé en exclusivité à notre site web que le premier conseiller du Roi Mohammed VI, Fouad Ali Al Himma, est intervenu en personne pour silencier les plaintes de nombreuses organisations non gouvernementales pro-marocains contre ce qu’elles appellent le refus de l’ambassade marocaine d’honorer ses promesses de payer les frais de leur participation à l’initiative de la marche pro-marocain pour le Sahara occidental à Bruxelles le 4 Novembre dernier.
Les mêmes sources ont révélé que les responsables de l’ambassade et le ministère de la communauté marocaine à l’étranger avaient accordé avec les représentants de la communauté marocaine en Belgique de financer tous les frais de transport et de nourriture et avaient promis d’organiser un concert de musique à l’occasion. Cependant, le ministre du parti de l’Istiqlal, Abdullatif Maazouz, a refusé et essayé d’échapper à la responsabilité de payer les coûts estimés à 17 000€. Devant cette réalité, après avoir payé les frais de cette marche par leurs propres moyens, de nombreux militants se avaient l’intention de se rassembler, avec des pancartes, devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles pour protester contre ce qu’ils qualifient comme un scandale.
Au sein de la communauté marocaine en Belgique, on dit que peu de temps après avoir été informé de cet événement, Al Himma a téléphoné au ministre responsable et lui reprocha son manque de responsabilité et a ordonné le paiement immédiat de toutes les personnes ayant participé à cette marche, ce qui a empêché , selon eux, un véritable scandale qui aurait sali la réputation du Maroc dans la capitale de l’Europe.
RUE20, 22 Nov 2012

L’amitié royale de notre voisin de l’ouest

J’ai été tenté, pour commencer cette chronique, d’emprunter à Gilles Perrault, le titre de son livre : Notre ami le roi. Mais je me suis retenu. C’était un autre roi, et à tous les morts le respect est dû, aux monarques, comme aux plus modestes d’entre les humains. Cela se passait au siècle dernier, et l’amitié avait une autre valeur et aussi un bouquet différent.
En fait chacun son époque, et à chaque temps ses représentations de l’amitié. Pour nous autres algériens, et parce que nous avons souvent été contrains à la guerre, nous en connaissons, les arts, les stratégies, les tactiques, les astuces et les manœuvres. Cependant pour avoir aussi tant subi ses affres, nous en mesurons pareillement, les conséquences. Nous savons que la guerre coûte humainement et économiquement cher, et pareillement, nous savons que la paix coûte plus cher encore. Pour cela, nous avons et depuis longtemps, librement choisi la paix, dut-elle nous coûter les yeux de la tête. Et réellement la paix nous coûte économiquement très cher.
Depuis nos régions frontalières de l’Est, comme celles de l’Ouest, énormément de produits acquis en devises fortes profitent à des familles citoyennes de nos voisins pays. Le voisinage nous impose aussi des concessions humanitaires, que nous acceptons pour soulager des malheurs, des détresses, des infortunes, des misères et des angoisses humaines, que d’autres ne veulent même pas voir. Et celui qui en doute pour cause de jeunesse, n’a qu’à questionner son père et ses ancêtres. Une amitié cela s’entretient, et la constance en est un des principaux leviers. Il ne sied pas en amitié d’affirmer du haut de son podium, une chose et le lendemain, toujours sur la même estrade, mais à la télé, se dédire et de soutenir son contraire. Maintenant nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, comme dit l’adage. On ne peut convaincre le voisin du sentiment de bon voisinage, quand insidieusement, on lui fait savoir, par divers moyens, que l’on prépare la guerre. On achetant beaucoup d’avions de combat américains, et en faisant savoir dans toutes les chaumières, que l’on négocie l’achat d’un sous-marin allemand de type 209 de combat à propulsion classique de lute anti-sous-marine.
Ceci pour l’annonce matérielle, et de saisir toutes les occasions, pour rappeler cette situation de, ni guerre, ni paix, dans tous les discours, ce qui est moralement contrariant. Et cela n’avait pas raté, le 06 novembre 2012, dans le discours de sa majesté, lors de la célébration du 37èm anniversaire, de ce qui fut en 1975, baptisé par feu le roi Hassan II, de marche verte. Le 09 novembre de la même année le roi du Maroc, annonçait, selon Tahar Belkhodja, ancien ministre tunisien, dans son livre, les trois décennies Bourguiba, éditions Arcantères/Publisud, ceci : « la marche a atteint son objectif». Et au bout de sa démarche, le souverain fit cette déclaration lors d’une conférence de presse, toujours selon le même auteur : « logiquement j’attends qu’Alger me fasse la guerre». Mais avant tout cela, en 1971 le même roi sollicitant le général franco, pour lui céder le Sahara, se vit répondre par le caudillo ceci :« ce que vous me demandez, majesté, est un suicide auquel ni moi ni l’Espagne ne sommes disposez…» Persistant et toujours tenace, le roi Hassan deuxième du nom, reviendra à la charge quand il reçut le ministre espagnol des affaires étrangères 1969/1973, Lopez Bravo. Il lui fit cette confidence, qu’il dévoilera dans ses mémoires, publiées chez Plon en 1993. Il lui avait alors dit :« donnez-moi l’engagement que vous n’accorderez pas l’indépendance au Sahara …je suis prêt à accepter encore une présence coloniale espagnole…parce que ce territoire m’appartient…». Dès lors les manœuvres marocaines ne cesseront jamais, elles seront parfois sournoises et d’autrefois déclarées, mais leurs effets d’entraînement, depuis, déstabilisent la région et la fragilisent. Et à chaque occasion de la célébration de la marche, le discours du monarque est servi au goût du jour. Pour cette cuvée là, le conflit du Sahara est qualifié de «conflit régional artificiel». Que le roi veut régler, «Cependant, dira-t-il, la dynamique que cette initiative audacieuse a enclenchée en mettant en marche un nouveau processus de négociations, n’a pas abouti, jusqu’à maintenant, à la solution politique consensuelle et définitive escomptée, faute d’une volonté sincère chez les autres parties qui persistent dans leurs manigances et leurs stratagèmes obstructionnistes». Le souverain chérifien, parle de parties qui seraient selon lui récalcitrantes, au règlement du conflit, néanmoins il se garde de les citer. La chafouinerie dans la démarche et la volonté de venir à bout de ce problème qui pervertit toutes les relations de voisinage, fait partie de la stratégie non avouée de sa majesté. Premièrement ce qu’il nomme conflit ou problème du Sahara, c’est en réalité, selon les résolutions l’ONU, une annexion d’un territoire anciennement possession espagnole, depuis la conférence deBerlin sur l’Afrique qui se déroula du 15 novembre1884 au 26 février 1885. Deuxièmement, les seules parties au conflit sont celles qui se sont rencontrées à New York, pour discuter le problème.
Le Maroc et la délégation du Polisario. L’Algérie, dans ces rounds de rencontres, occupe une place d’observateur, d’ailleurs comment le serait-il autrement ? Dès le début de l’annexion, l’Algérie avait observé une position de neutralité, cependant, positive. L’Algérie revendique que soient appliqués les principes édictés par l’ancienne organisation continentale, l’Organisation de l’unité Africaine, redevenue en 2002, l’Union Africaine, sur la décolonisation. Elle soutient la création d’un état sahraoui dans les limites des frontières héritées de la colonisation. Et sur ces principes de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, membres de l’OUA, observent la même position. Faut-il rappeler ici que la république arabe sahraouie démocratique est reconnue depuis 1982, par l’OUA, et que même l’un des protagonistes du conflit, la Mauritanie, avait reconnu la RASD, en 1979.
L’Algérie a toujours fait valoir l’application des résolutions onusiennes relatives à la question, et avait de tout temps affirmé sa disponibilité à apporter sa contribution pour un aboutissement et un règlement dans ce cadre. Ainsi, quand le royaume chérifien avait saisi la cour internationale de justice, de la Haye, la juridiction rendit le 16 novembre 1975 un arrêt dans lequel, elle fait le constat des liens historiques entre les tribus du Sahara occidental, avec le royaume, mais dans le même arrêt, la CIJ précise que ces liens, ne prévalent pas sur le droit à l’autodétermination. Ce qui correspond fidèlement à la position algérienne. Ce qui n’est pas le cas du Maroc. Une fois s’entendant avec l’Espagne et l’autre avec la Mauritanie pour arriver à annexer le territoire saharien, qu’il considère comme lui appartenant. Néanmoins, si c’était réellement le cas, alors pourquoi le roi Hassan II, avait-il à coup de millions de dollars, construit son mur de sable, sur une partie du territoire saharien, en fait une ligne de fortification, parsemées de bunkers, de blockhaus et de champs de mines, sur une superficie de 200 000 km2 ?
Est-il sensé et logique qu’un pays saucissonne un territoire qu’il prétend être le sien, pour en contrôler, du moins en théorie, une partie et en abandonner une autre. Du doute et de la suspicion, face à l’assurance et la certitude d’être réellement chez soi. Sinon l’ambivalence, et l’ambiguïté feraient-elles partie du plan royal, pour s’adjuger ce territoire ? Dans le discours du 6 novembre 2012, il est aussi dit ceci :«Dans le même contexte, nous voulons rappeler la position claire, exprimée récemment par Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, qui souligne qu’il appartient aux Nations Unies, dans le cadre de leurs missions, et parallèlement à la poursuite du processus de négociation, d’encourager le développement des relations maroco-algériennes, dont le Maroc ne cesse d’appeler à la normalisation, y compris l’ouverture des frontières, conformément aux vœux d’un certain nombre de pays et d’organisations internationales». Mon seigneur entre frères on n’a pas besoin de bons offices, ni d’intermédiaires ou bien de médiateurs, en cas de mésentente. Encore que dans le cas d’espèce, l’Algérie n’a aucune revendication matérielle. Il s’agit de désenvenimer une situation diplomatique, dont le grand gagnant est un perdant en puissance, en tout état de cause.
Par ailleurs, la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc, fut décidée unilatéralement par le palais royal et aussi sans raisons défendables. Alors de la à revenir chaque matin sur ce qui avait été décidé la veille, il y a comme diraient les logiciens un paralogisme, non assumé. Car jusqu’à présent vous semblez vouloir interminablement entretenir une confusion entre ce que vous demandez et ce que vous reprochez aux autres, l’Algérie y compris. Vous dites aussi que :«le Maroc appelle à une forte implication de la communauté internationale pour mettre fin au drame enduré par nos enfants à Tindouf, à l’intérieur du territoire algérien, où sévissent, dans toute leur cruauté, la répression, la coercition, le désespoir et les privations, en violation flagrante des droits humains les plus élémentaires». Car à ce niveau de votre discours, il faut s’entendre. Tindouf, c’est l’Algérie, et les algériens qui ont choisi d’y habiter, y vivent normalement. Pour ceux des sahraouis qui ont été contraints à l’exile, il ne viendra à l’esprit d’aucun algérien de ne pas leur porter secours et de les assister. Ce sont là des principes intangibles d’hospitalité, que nous nous imposons, quoi qu’il nous en coûtera. Pas plus tard qu’hier dans la grande histoire de l’Algérie, le colonialisme français avait contraint des centaines de milliers d’algériens à l’exile en Tunisie et bien sûr au Maroc. Et que ceux qui les avaient protégés et soulagé leur détresse en soient ici remerciés, nous leur serons toujours reconnaissants et redevables. Toutefois comme vous y allez fort messire. A vous entendre, on croirait que les camps de réfugiés sahraouis, sont pires que le sinistre bagne de Tazmamart tenu secret de 1972 à 1980. Et qui avait été fermé par feu le roi Hassan II, en 1991, sous la pression internationale.
Une année avant, Gilles Perrault publiait son livre : Notre Ami le Roi. Selon des commentateurs de l’époque, votre père, que dieu ait son âme,«piqua une colère à faire vibrer les vitres de l’Elysée». Ce bouquin mettait à jour les apparences avenantes du royaume, qui faisaient son attractivité auprès de l’occident notamment, et sa face cachée faite de procès politiques, de méconnaissances de droits de l’homme et de misère sociale. En 2001, c’est un illustre marocain, qui en tira un roman. Tahar Ben Jelloun, l’intitula : « cette aveuglante absence de lumière». Sire le roi pour ne pas être tendancieux, je livre le commentaire de Alain Louyot, grand reporter, publié le 04/01/2001 par l’hebdomadaire, l’express-culture : «Tahar Ben Jelloun revient à son Maroc natal avec l’intention d’en dénoncer les plus inavouables secrets. Dans Cette aveuglante absence de lumière, il dresse un réquisitoire vibrant contre la violence d’un régime monarchique dont les excès étaient connus mais rarement dénoncés». Et de poursuivre :« Au bagne de Tazmamart, la mort lente est le lot quotidien des prisonniers politiques. Sous terre, privés de lumière, dans une cellule de trois mètres sur un mètre et demi, des hommes ont passé vingt ans à croupir au milieu des scorpions et des immondices. Dans cette fosse, seule une volonté inébranlable permet de survivre. Tahar Ben Jelloun a trouvé les mots justes pour dire l’innommable, l’enfer de ces prisons où des geôliers sans âme, participent à la pire entreprise de déshumanisation. Son roman est une douloureuse traversée des ténèbres guidée par une seule lumière: la foi». Par ailleurs, une référence ramenant une autre, et étant maghrébin convaincu, je me suis intéressé à la relation entre feu votre père et le président tunisien le défunt Habib Bourguiba. Dans sa livraison du 4 au 10 avril 2010, Jeune Afrique l’hebdomadaire du tunisien Béchir Ben Yahmed, consacrait un dossier de 16 pages à l’ancien président de tunisie. Le fondateur du périodique, qui avait été ministre du combattant suprême rapporte à la page 4, dans sa chronique : ce que je crois, ceci :« si au Maghreb, un Hassen II rivalisait de culture avec lui, il l’exécutait d’une phrase. A ma question:» quel est votre jugement sur lui ? «,il répondit sans hésiter:»
C’est un tueur, et qui parvient à ne laisser aucune trace «. Votre majesté, même si ce jugement n’engage que son auteur, il demeure très dur. Et même si, ce ne sont pas paroles d’évangile, cela fait partie de l’histoire des deux leaders et aussi de celle de la région, recueillies à la source par un journaliste toujours vivant et ayant connu les deux hommes. Enfin, votre altesse, vous concluez votre discours, du moins pour ce qui concerne l’Algérie, par cette pétition :» Nous réitérons notre appel au Haut Commissariat aux Réfugiés pour que, en vertu des responsabilités qui lui incombent en matière de protection, et compte tenu des engagements internationaux de l’Algérie en tant que pays d’accueil, il procède à l’enregistrement et au recensement de la population des camps, conformément aux Résolutions du Conseil de Sécurité de 2011 et 2012 ». L’Algérie, même quand elle n’était pas partie au problème, n’a jamais failli à ses engagements internationaux, ce qui est en l’occurrence le cas. Etant terre d’accueil de populations réfugiées, elle a toujours apporté l’aide et l’assistance nécessaire à la Mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental, MINURSO, ainsi qu’au Haut Commissariat aux Réfugiés. Et sa position demeure claire et transparente, c’est-à-dire exposée au regard de tous, et ouverte à toutes les institutions internationales habilitées à mettre en œuvre, les résolutions de l’ONU, sur le terrain. Maintenant, si vous voulez imposez vos chiffres, et pas ceux des sahraouis, ou bien ceux des Nations Unis, pour un éventuel référendum, sachez que l’Algérie, par choix principiel n’administre pas les camps de réfugiés sahraouis, bien qu’ils soient situés sur son territoires. Mon seigneur, le vendredi 16 novembre 2012, des informations émanant du royaume de Jordanie et fortement reprises sur tous les supports médiatiques, rapportaient que plusieurs milliers de Jordaniens sont descendus dans les rues pour réclamer la destitution du roi Abdallah II. Du jamais vu dans le pays des hachémites, une quasi hérésie. Et ailleurs dans notre région, il y a de l’instabilité, mais c’est uniquement l’Algérie qui avait appelé tous les acteurs à la raison, et depuis des résultats palpables commencent à se réaliser, contre tous les va-t’en-guerre. Il ne sert à rien d’accuser les autres d’incendiaires, quand les pétroleuses habitent la maison. Nous tenons la notre, et nous faisons tout ce qu’il faut pour vivre avec tous nos voisins, en bonne intelligence, dans la sécurité, la sûreté et la dignité, qui leur sont dues. Alors quand il est question de frères … En conclusion, je rapporterai un proverbe bien connu en Algérie, mais comme me l’avait rapporté un ami marocain : le roi faisant le tour du propriétaire, rencontra un homme dénudé, errant dans un coin reculé du royaume. Il l’interpella de son ton royal, de la sorte : «Oh toi qui vas nu, que te manque-t-il donc, de quoi as-tu- besoin ? Alors le dévêtu reconnaissant son roi, il lui répondit ainsi : une bague, oh mon noble maître. Et comme on dit, dans tout le Maghreb :» le discours est mesure». 
Le Quotidien d’Oran le 22 – 11 – 2012

Le Message subliminal de l’Algérie

Depuis que les tambours de la guerre ont commencé à battre au Nord-Mali, Alger, la Mecque des Révolutionnaires est devenu aussi la Mecque des pays les plus puissant du monde. Sur sa passarelle ont défilé des personnalités jusque-là inattendues, telle que la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Qu’est-ce qui est arrivé pour que ce pays, jusque-là diabolisé par l’Occident, soit si prisé?
En ces temps de crise, l’Occident a besoin de réanimer l’économie du Maghreb, le plus proche voisin de l’Europe, une région qui subit les retombées de la crise financière européenne et mondiale. Au moment où le Maroc et la Tunisie voient la demande de leurs produits agro-alimentaires et autres produits manufacturés en baisse, une diminution des rentrées touristiques et des transferts de leurs travailleurs résidant en Europe, l’Algérie, grâce aux exportations d’hydrocarbures, jouit d’un matelas de plus de 200 milliards de dollars.
La France, qui jusque-là a tout fait au Conseil de Sécurité pour bloquer une solution juste et équitable au problème du Sahara occidental, arrive en tête des pays qui veulent profiter du marché algérien. Le même pays qui, depuis 37 ans, attise le feu aux frontières occidentales de l’Algérie sollicite aussi l’aide de l’ennemi d’hier pour mettre fin à la situation chaotique au Mali. Du jour au lendemain, Paris semble oublier un passé de 50 ans de mépris et de méfaits. La raison de cette soudaine amnésie, l’économie française qui vient de perdre un A par l’agence Moody’s et ses intérêts menacés au Sahel à cause de la prolifération d’armes circulant librement comme conséquence de la diplomatie guerrière de Nicolas Sarkozy.
Ban Ki-moon, conscient de la nouvelle configuration, compte tirer le maximum de profit pour mettre fin à un conflit qui n’a que trop duré. Celui du Sahara Occidental. C’est la raison pour laquelle il tient à son Envoyé Spécial pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. Celui-ci, après une tournée dans la région, vient de s’exprimer.
Dans la situation dangereuse que traverse la région du Sahel, il est devenu, pour lui, urgent de résoudre ce conflit.  » Et cela est possible, a-t-il dit, s’il existe une volonté réelle d’engager le dialogue et de faire preuve de compromis pour trouver une solution acceptable par tous. […] Et s’il est tentant pour certains d’affirmer qu’il est trop risqué de relancer les efforts de paix et que le statu quo garantit, au moins, la stabilité, je suis convaincu, a-t-il ajouté, que cela serait une erreur grave […] » . L’allusion au Maroc qui refuse de discuter sur la perspective de l’autodétermination, est claire.
Ainsi, M. Ross a voulu rappeler haut et fort à la communauté internationale que la question du Sahara occidental constitue aussi une autre priorité dans l’ensemble des changements traversés par la vaste région du Sahara. Qu’il n’est pas question de concentrer toute l’attention sur le Sahel et oublier le Sahara Occidental. C’est le message transmis par les autorités algériennes au diplomate américain.

Quand M6 active ses télés

C’est au moment où des ONG internationales épinglent Rabat sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, que la situation économique et sociale dans le royaume se dégrade et des manifestants battent le pavé pour dire «basta» aux largesses royales, que Sa Majesté active ses relais médiatiques.
Tous les moyens sont bons-même les plus avilissants- pour le Royaume chérifien, pour mener sa campagne de dénigrement contre l’Algérie. Le Maroc, habitué à ces manoeuvres de diversion, à chaque fois qu’il est confronté à une situation sociale désastreuse ou qu’il subit un revers dans le dossier sahraoui, a toujours fait de l’Algérie son souffre-douleur.
Cette fois, c’est via la chaîne Medi 1 TV que Rabat réitère ses intentions, animées d’une haine viscérale vis-à-vis de l’Algérie. C’est curieusement le jour même où le chef de l’Etat avait adressé un message «fraternel» au roi Mohammed VI à l’occasion de l’indépendance du royaume, que le voisin de l’Ouest lance son offensive médiatique. Annoncée en grande pompe, l’émission «Milaf Li Nikach», consacrée au thème: Maroc-Algérie: quel modèle pour la construction du Maghreb?», s’est transformée en véritable procès, dont l’accusé principal n’est autre que l’Algérie. Triés sur le volet, les invités de l’émission, animée par l’Algérienne Djouhra Lakhal, étaient sur la même longueur d’onde: celle de descendre en flammes les autorités, les forces de sécurité et l’armée algériennes.
Pourtant, cette édition spéciale qui devait porter sur l’analyse des modèles de société, de développement économique et de gestion des problèmes de sécurité, en toute objectivité, a été conçue à sens unique. Un certain Athmane Tazaghart- un Algérien retourné- qui s’évertuait de développer des thèses diamétralement opposées à la position officielle de l’Algérie par rapport au dossier sahraoui, donc à soutenir la démarche «autonomiste» marocaine, s’est livré pieds et poings liés aux orientations des «animateurs» de l’émission. Il est même allé jusqu’à accuser la «maffia» algérienne- entendre, de hauts responsables de l’Etat- de tirer les ficelles du trafic de drogue et la contrebande dans le Sahel. Même Ansar Eddine serait, selon le «scoop» du sieur Tazaghart, une création des services algériens.
Il y a aussi Charles Saint-Prot, connu pour ses affinités et complaisance avec la monarchie, ce qui transparaît dans son livre Mohammed V ou la monarchie populaire, qui toute honte bue a accusé la Rasd d’être derrière le soutien aux groupes terroristes dans le Sahel. Une contrevérité qui dénote non seulement la déroute diplomatique de Rabat face au soutien unanime à la position de l’Algérie sur le règlement pacifique de la crise malienne. Quelle mouche a donc piqué les inspirateurs de l’émission? Pourquoi un tel timing? La réponse est somme toute évidente. C’est au moment où des ONG internationales épinglent Rabat sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, que la situation économique et sociale dans le royaume se dégrade et des manifestants battent le pavé pour dire «basta» aux largesses royales, que Sa Majesté active ses relais médiatiques. Ces derniers, au lieu d’être équitables dans le traitement des dossiers soumis au débat, ont dressé à un véritable réquisitoire contre l’Algérie et de ses responsables, traités de tous les noms et tous les maux. On est remonté jusqu’à Boumediene pour rappeler son «régime militaire»; ce qui cache mal le complexe que le Royaume chérifien nourrit depuis des années, vis-à-vis de l’ancien président. Le plus aberrant, c’est que les invités de l’émission- même le maire de Gao et l’expert malien et mauritanien- laissaient entendre dans leurs interventions que le Maroc est en avance sur l’Algérie, aussi bien dans le respect des droits de l’homme, que le développement économique et social et sur la scène internationale. Au moment où l’un des hôtes marocains, en l’occurrence Mohamed Al-Yazghi, ancien ministre sous Hassan II, reprochait à l’Algérie de ne pas consacrer une partie de ses réserves de change au marché marocain. Il s’est même inquiété sur le fait que les sommes déposées dans les banques américaines ne soient pas avantageuses pour l’Algérie, en raison, dit-il, du taux d’intérêt très faible. Sur un autre chapitre, la réouverture des frontières terrestres n’a pas été en reste. Au moment où l’Algérie a procédé à la saisie de dizaines de tonnes de kif aux frontières Ouest, les Marocains s’interrogent sur le refus de l’Algérie de rouvrir lesdites frontières. Il est clair que la grogne sociale pousse Rabat à l’extrême.
Les forces de l’ordre ont empêché dimanche, par la répression, la tenue d’une manifestation à Rabat, dont le but était de réclamer une réduction du budget annuel octroyé à la monarchie, arguant notamment du contexte économique difficile. Aussi, après des années de forte croissance (4-5%), le Maroc va devoir se contenter d’une hausse inférieure à 3% en 2012. Ce ralentissement pèse sur les comptes de l’Etat, alors que le déficit public a dépassé 6% l’an dernier. Ce qui, entre autres, explique l’acharnement contre l’Algérie.

Manifs contre les dépenses de Mohamed VI

La police marocaine armée de matraques a dispersé dimanche dernier la première manifestation de rue contre les dépenses du roi Mohammed VI dans le budget de l’État dans un pays qui connaît des difficultés économiques, ont rapporté des témoins.
Les manifestants, au nombre de quelques centaines, s’étaient rassemblés devant le parlement. Ils ont été battus et molestés à coups de pied. Parmi ceux-ci figurait Abdelhamid Amine, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme.
Selon la police, la manifestation n’avait pas été autorisée. «Honte à toi, tu as gaspillé le budget», scandaient les manifestants à l’adresse du gouvernement. Certains portaient des paniers à provisions percés de trous symbolisant la baisse du pouvoir d’achat du Marocain moyen.
«Nous voulions protester pendant le débat parlementaire sur le budget 2013 et les dépenses royales, qui sont en hausse, alors que le pays traverse une crise financière», a expliqué par la suite Abdelhamid Amine. La crise économique et financière que connaît l’Union européenne, principal partenaire économique du Maroc, a mis à mal les finances publiques du royaume.
Cette manifestation, estiment les observateurs qui suivent de près l’évolution de la situation interne au Maroc, marque une nouvelle escalade dans la fronde populaire contre le régime makhzenien.
La personnalité du roi, sacralisée, prétendument intouchable, incapable de se tromper et que l’on ne peut absolument pas critiquer, vient, ainsi, d’être très sérieusement «écornée» à la suite de cette manifestation, qui promet d’être suivie par d’autres, sachant que la situation sociale et économique n’est pas prête de s’améliorer au Maroc. En effet, les prétendues réformes engagées par Mohamed VI, dans le sillage du printemps arabe, n’étaient que leurre et poudre aux yeux. Ainsi donc, et même s’il a permis aux islamistes (modérés) du PJD d’entrer au gouvernement, et même d’en prendre le contrôle, il n’en a pas moins gardé en main l’ensemble des portefeuilles de souveraineté, gardant également l’ensemble de ses exorbitants pouvoirs et prérogatives dans la révision de la Constitution.
C’est ainsi qu’au moment où les capitales occidentales félicitaient le Maroc (ce docile vassal) pour ses prétendues réformes, les analystes objectifs voyaient venir la «bourrasque printanière». Les prémices de celle-ci s’étaient fait jour à la faveur des grandes manifestations populaires organisées par le fameux «Mouvement du 20 mars» au niveau de l’ensemble des grandes villes du royaume chérifien.
Selon les chiffres officiels, qui doivent être largement en deçà de la réalité, pas moins d’un quart des sujets de sa majesté Mohamed VI vivent dans le plus total dénuement. Maintenant, cette nouvelle escalade promet de faire chanceler un trône royal déjà bien mal en point, sans cela.
Rafik Bakhtini