Mois : février 2011

  • Dakhla, festival d’occupation et violences coloniales en février 2011

    Dakhla est une ville du Sahara Occidental occupé par le Maroc. Les sahraoui demandent leur droit à l’autodétermination depuis des dizaines d’années. Le Maroc poursuit sa colonisation, met à l’écart la population sahraoui et réprime très durement les militants (enfermement, torture, assassinat). Le festival de Dakhla, évènement sportif et musical « sous le haut patronage de sa majesté le roi Mohamed VI », participe de cette politique coloniale.
    Les artistes et sportifs qui viennent au festival de Dakhla, cette célébration de l’autorité du Maroc sur le Sahara Occidental, sont complices.
    Cette année sont présents, parmi ceux qui sont connus des Français, les artistes :
    Yvan Le Bolloc’h
    Johnny Clegg
    Alpha Blondy
    Vous pouvez leur dire ce que vous en pensez en suivant les liens.
    De nombreux surfeurs de niveau international sont aussi présents.
    Radio Nova, qui célèbre par ailleurs la semaine anticoloniale, est partenaire du festival.
    De plus, au matin du troisième jour du festival, samedi 26 février 2011, des milliers de colons marocaines ont saccagé des maisons et des commerces de sahraouis et brûlé leurs voitures, avec l’appui des forces armées marocaines.
    Le surf et la musique servent ici la barbarie. Les noms de ceux qui collaborent à ces crimes resteront gravés.
    sources :

    http://territoriosocupadosminutoaminuto.blogspot.com/2011/02/26-02-2011-en-dajla-miles-de-colonos.html

    http://territoriosocupadosminutoaminuto.blogspot.com/2011/02/ultima-hora-dajla.html

  • Maroc : Génération MDR

    Très cher Amine,
    Ceci est une lettre que je t’adresse, mon ami, pour te dire tout le mépris que j’ai pour tes semblables, depuis que j’ai eu la malheureuse idée de discuter avec ta petitesse de l’actualité politique. Je te l’écris, car je n’ai ni le temps ni les moyens de monter une organisation secrète qui s’occuperait de la stérilisation massive des esclaves volontaires, limitant ainsi la propagation de la connerie. Je t’écris donc, pour me venger.
    Je te vois, sur Facebook, liker Nous aimons le MAROC et Sa Majesté que Dieu le garde Allah Alwatan Almalik, ou encore Rester chez soi le 20 février est une preuve d’amour à Sa Majesté. Des fois tu publies une vidéo de Tarik Ramadan, avec comme commentaire “hhhhhhh”. Souvent tu cites Hassan II, comme étant un grand homme. Sais-tu que par cela tu fais l’apologie des crimes horribles commis par cet homme ? oui mais il a fait d’autres choses pour notre pays, et il l’a protégé contre la division, me réponds-tu, l’air fondamentalement bête.
    Dans la vraie vie, ta connerie passe au niveau supérieur, tes propos sont une ode à la stupidité et à la connerie. Jamais tu ne cèdes, jamais tu ne changes de point de vue, jamais tu ne me sors une idée originale. Je peux prévoir ce que tu vas dire, je peux le lire dans les dépêches de la MAP, ou dans la chronique de Nini. Tu es prévisible car tu es exactement comme on voudrait que tu sois : soumis et minable.
    Génération 10 000
    Tu as fait des études. Au moins le crois-tu. Tu es cadre quelque part, avec quelques responsabilités que tu crois considérables. Tu m’en parles à longueur de journée croyant m’impressionner. Tu as lu un ou deux livres, et l’édition d’avant hier de Aujourd’hui le Maroc, tu penses que par cela tu deviens cultivé et au courant de l’actualité. Tu considères avec dédain tes compatriotes qui n’ont pas eu la chance ou le cran de faire le minimum d’études comme tu l’as fait. Ainsi, tu te crois permis de dire que les marocains sont des sauvages, qu’ils ne méritent pas une démocratie à la suédoise, et tu me donnes l’exemple de Abdelouahed, jeune ouvrier au SMIC, qui ne sait même pas parler français dis-tu, et qui porte des lunettes de soleil ridiculement fausses. Ta bassesse m’impressionnera toujours.
    Cependant, en lisant ces lignes, tu ne te sens pas concerné, parce que, la semaine dernière tu as pris une bissara avec les enfants du peuple, dans un quartier populaire. Tu connais le peuple, me déclares-tu, sûr de toi.
    Avec tes 10 000 balles mensuelles tu va assister à tel concert, ou aller à telle boite de nuit, ou porter des chaussures de je ne sais quelle marque. Tu crois ainsi que tu as réussi, que, donc, le Maroc s’est développé. Seulement, tu ne t’en contentes pas, tu tiens à me raconter ta life, abusant ainsi de ma sympathie et de ma bonhomie. Pauvre moi.
    Génération MDR :
    Ce qui me fatigue quand le flot de tes inepties se heurte à mes oreilles, qu’il tient à pénétrer malgré le refus catégorique de mes neurones, c’est que ton intellect n’est absolument pas capable d’appréhender les bases de la pensée rationnelle. Tes arguments sont non seulement très WTF, mais aussi et surtout, très énervants.
    Pour prouver que le Maroc a beaucoup avancé tu me demandes de regarder autour de moi, les projets que Sa Majesté a eu la bienveillance et l’extrême bonté de nous en gratifier. Ah, ingrat que je suis, le Roi investi mon argent sans me demander mon avis, et moi, hostile à l’idée même du développement, je refuse de reconnaître sa généreuse charité. My bad !
    Pour prouver formellement que tu es con, tu me dis que les marocains aiment leur Roi, que c’est toute une Histoire, que le Sahara est marocain, que les algériens nous veulent du mal avec l’aide des espagnols. Si je ne suis pas content, me dis-tu, je n’ai qu’à partir ailleurs, te laisser ton Maroc tranquille. Car les gens ici sont heureux et ils dépannent avec le temps. Vois-tu, lorsque l’on traduit tes expressions toutes faites (bnadem dima m3addi m3a lwa9t w bikhir), la sottise inhérente à ta personne éclate au grand jour. Te sens-tu ridicule maintenant ? je crains que non.
    Pour enfoncer le clou, tes balivernes peuvent atteindre les ultimes sommets de la bêtise. Tu me dis que le Maroc n’est pas la Suède. Tu me dis que les marocains, mes compatriotes, sont indignes de liberté. Tu me dis que nous ne sommes pas prêts. Tu me dis même, parfois, que tu regrettes le temps de Driss Basri. J’en suis tellement choqué que je ne puis y répondre. Tu crois que tu as gagné la discussion, et prouvé ton point de vue.
    Tu es heureux. Je te méprise.
    Après le 20 février tu as fais un virement de bord intellectuel qui m’a sincèrement laissé pantois. J’ai sous-estimé ta connerie, moi qui croyais si bien la connaitre.
    Tu as commencé par dire que le Maroc n’est pas la Tunisie. Puis que le Maroc n’est ni la Tunisie ni l’Egypte. Puis que le Maroc n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte, ni la Libye. Soudain tu as commencé à dire que les jeunes du 20 février appartiennent au Polisario. Quelques temps après, tu t’es mis à me parler d’évolution, et non de révolution, quand tu as entendu Hicham El Alaoui en parler chez Calvi. Ensuite le Prince s’est transformé en ennemi de la Nation quand il a dit avoir de l’estime pour ces jeunes.
    En somme, tu t’opposais au principe même d’une manifestation. Comment oses-tu ?
    Après le 20 février tu as encore changé de discours, suivi la foule, partagé les vidéos d’actes de vandalisme avec des commentaires on ne peut plus dégueulasses. Tu as conclu, encore une fois, que les marocains étaient indignes de liberté. De ma part je crois sincèrement que tu es indigne de l’intellect dont t’a gratifié mère nature.
    Je regrette d’avoir évoqué ce sujet avec ta bassesse. J’avais un semblant d’estime pour toi.
    Demain je te croiserai au bar. Je resterai courtois, mais saches que ça m’est bien pénible.
    CJDM, 24/02/2011
  • Pour sortir du colonialisme!

    samedi 26 février 2011
    Manifestation à Paris Place de la République à 15 h contre la guerre, les racismes, la xénophobie d’Etat
    – Rassemblement à Rennes 15 h place de la mairie.
    Il y a 50 ans, les empires coloniaux de l’époque s’effondraient. Patrice Lumumba était assassiné au Congo et des centaines de travailleurs algériens allaient être noyés dans la Seine, jetés par la police française du préfet Papon, parce qu’ils osaient manifester pacifiquement pour l’indépendance de l’Algérie.
    50 ans plus tard, un nouvel ordre colonial se réorganise :
    Les discours colonialistes sur « l’homme africain » et sur les aspects positifs de la colonisation positive, le débat sur l’identité nationale, les campagnes anti immigrés, xénophobes à caractère raciste, islamophobe et négrophobe, les référendums suisses sur les minarets et la double peine, prépare une guerre de civilisation qui ne dit pas son nom et prend les immigrés et les peuples du sud comme des boucs émissaires de la mondialisation financière et de la crise.
    L’embourbement de la guerre en Afghanistan, l’extension de la guerre au Pakistan, les menaces qui pèsent sur l’Iran, ou en Irak, des guerres menées pour contrôler les ressources pétrolières et de gaz montrent que le spectre de la guerre est plus que jamais menaçant : la progression des dépenses militaires mondiales qui atteignent un nouveau record progressant de 49% par rapport à 2000.
    En Palestine, la colonisation et l’occupation continuent en Cisjordanie et à Jérusalem et le blocus transforme Gaza en un prison a ciel ouvert, tandis que les Palestiniens citoyens israéliens sont de plus en plus en butte à la discrimination. Malgré des condamnations répétées pour crime de guerre, Israél poursuit cette politique brutale et dépossède et étouffe le peuple palestinien… sans être inquiété par les autorités de France, de l’UE ou des Etats-Unis.
    Au Sahara Occidental, en Tchetchénie, Au Kurdistan, au Sri Lanka, au Sahara Occidental …des peuples se battent pour le droit à l’autodétermination, contre la colonisation et pour la défense de leurs droits politiques, culturels et sociaux.
    En Amérique Latine, les peuples et des gouvernements se battent pour défendre leur souveraineté et leur droits, contre l’embargo de Cuba, pour la défense des peuples indigènes.
    En Afrique, en Asie ou en Amérique latine, le paiement de la dette et de ses intérêts sert à étrangler les Etats et les peuples tandis que la politique du FMI , de la Banque mondiale et de l’OMC organisent l’austérité contre les budgets sociaux et la privatisation des biens communs et des services publics. Des millions d’hectares de terres sont accaparées, recolonisées par de grandes entreprises multinationales. Profitant de la crise économique et climatique, la biopiraterie installée par de grands groupes exploitent les ressources de la biodiversité.
    Les conséquences du colonialisme sont plus que jamais présentes :
    En Afrique , la cellule de l’Elysée pilote les réseaux de la Françafrique qui imposent leur loi pour le plus grand profit des entreprises comme Total , Bolloré, EDF , Bouygues, Veolia ou Areva. Les bases militaires françaises implantées à Djibouti ou en Centrafrique soutiennent les dictateurs de la région.
    Dans les dernières colonies françaises dits « territoires d’outre mer », l’inégalité imposée par la situation coloniale engendre les révoltes comme en en Martinique et en Guadeloupe où le LKP exige toujours l’application des accords issus de la grève générale de 2009. En Kanaky, la question de l’indépendance est posée pour 2014 tandis que les Comores demandent conformément au droit international le retour de Mayotte en leur sein.
    En France la répression contre des travailleurs sans papiers entretient une main d’oeuvre corvéable à merci tandis que chaque année des lois anti immigrés criminalisent les étrangers qu’ils soient demandeurs d’asiles ou qu’ils fuient la misère de leurs pays d’origines. Des quartiers populaires sont soumis à des interventions policières qui prend de plus en plus un caractère d’occupation avec chasse au faciès, multiplication des controles d’identité, couvre feu pour les jeunes.
    Toutefois, grâce à nos actions communes, nous avons fait reculer le pouvoir. Il a déjà supprimé l’article 4 de la loi colonialiste du 23 février 2005. Nous l’avons aussi fait reculer en exigeant et en obtenant la suppression du Ministère de l’Immigration. Il faut maintenant en finir avec la xénophobie d’Etat qui s’appuie sur le concept d’identité nationale et utilise le racisme, l’islamophobie ou la négrophobie .
    Face à ce nouvel ordre colonial, nous appelons dans le cadre de la 6ème « Semaine anticoloniale » à une grande manifestation contre la guerre, le racisme et le colonialisme.
    Toutes et Tous dans la rue le 26 février à 15 H pour montrer notre rejet de la guerre, de la militarisation et du colonialisme, pour obtenir le retrait des troupes d’Afghanistan, pour réclamer un monde de respect des droits pour tous, un monde de paix !
    Toutes et Tous dans la rue pour lutter contre la colonisation et les occupations, pour le droit à l’autodétermination, pour le respect des droits nationaux et des Droits humains, des peuples Palestiniens, Sahraouis, Tchetchénes, Kurdes, Tamouls …
    Toutes et Tous dans la rue pour l’annulation sans condition de la dette, contre la recolonisation des terres, les politiques du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC, pour lutter contre l’impunité et la criminalité financière et le recours aux paradis fiscaux ; pour l’accès de toutes et de tous à l’alimentation, à l’eau, la santé, l’éducation, à l’emploi, à l’habitat, et à la justice.
    Toutes et Tous dans la rue pour dire non à la Françafrique et à l’ordre colonial dans les territoires d’outre Mer. Pour la fermeture des bases militaires françaises en Afrique et l’arrêt de l’aide militaire et policière française aux dictateurs sous couvert d’Aide Publique au développement.
    Toutes et Tous dans la rue pour refuser la xénophobie d’Etat et le racisme, pour la régularisation de tous les sans papiers, la liberté de circulation, pour l’égalité des droits et contre toutes les discriminations. Tous ensemble pour sortir du colonialisme !
    CNT- Secrétariat International, 23/02/2011
  • Le roi du Maroc est à la fois Zapatero, Botin et Rouco Varela.

    Il a prouvé sa foi ferme en la liberté d’expression. Il a été en prison pour avoir osé faire une caricature du roi Mohamed et pour avoir écrit sur les réfugiés sahraouis contre la ligne du régime.

    Le journaliste Ali Lmrabet (Tétouan, 1956) fait partie de ceux qui ne se taient pas. Il a été en prison et il a fait une grève de la faim pour défendere ses droits et celui de tout le peuple marocain, à s’exprimer en liberté, même si c’est contre le roi Mohamed VI. Maintenant, il voit émerveillé comme des dizaines de milliers de personne osent sortir dans la rue et critiquer le roi et son régime. Il sait que la révolte est en marche et il n’y a pas de marche arrière. Hier, il a donné une conférence à Palma invité par IniciativaVerds.

    – Le titre de la conférence : « Qu’est-ce qui se passe avec les révoltes démocratiques dans les pays arabes?

    – Je suis très étonné de ce qui se passe. Dans le monde arabe, on a touours su que la démocratie allait arriver, mais pas avec cette rapidité. Le message le plus important est que les gens en ont marre. Les peuples arabes sont comme vous et veulent la liberté que vous avez. Ces révolutions sont, en plus, la fin du mythe fabriqué par l’Occident qui dit que ces dictateurs sont imprésentables mais à la fois sont le meilleur moyen de contenir l’islamisme. Nous nous sommes rendus compte d’une chose merveilleuse : c’est le peuple, les jeunes, dans son expression la plus pure, qui se soulèvent pour demander quelque chose qui pour vous est normal mais qui pour nous est extraordinaire : liberté, égalité et démocratie.

    – A votre avis, qu’est-ce qui va se passer au Maroc?

    – Certaines disent que le Maroc sera l’exception. La ministre des Affaires Etrangères, Trinidad Jimenez, un jour dit quelque chose et un autre jour en dit une autre. Sans aller plus loin, elle disait que la manifestation au Maroc s’est passé avec « normalité démocratique ». Si elle pense que le Maroc est une démocratie, eh ben c’est la seconde découverte la plus importante après celle de l’Amérique. Les pays arabes ne sont pas égaux et les révoltes ne vont pas avoir les mêmes caractéristiques, mais nous avons en commun la langue et les problèmes, qu’ils soient des pays riches ou pauvres.

    – Cherchent-ils à destituer le roi ou évolutionner vers une monarchie comme celle d’Espagne?

    – Moi, je soutiens la protesta mais je ne suis pas dans l’organisation, même s le gouvernement et certains groupes le disent. Les jeunes qui sont sortis pour manifester le 20-F disaient qu’ils n’avaient aucun nproblème avec le roi, mais avec la monarchie et qu’ils veulent aller d’une monarchie absolue à une monarchie parlamentaire. Je crois qu’il y a alors un problème avec le roi, parce que c’est lui le monarque absolu, Mohamed VI. Il a maintenant une occasion extraordinaire pour transformer la monarchie en parlementaire. Mais je crois qu’il n’a pas entendu le message parce qu’il a dit que ceux qui sont sortis dans la rue faisaient de la démagogie. Malheureusement, le roi du Maroc règne, gouverne, il est le commandeur des croyants et le plus grand entrepreneur du pays; Mohamed VI est à la fois le roi Juan Carlos, Rodriguez Zapatero, Rouco Varela et Botin. Cela n’est pas normal et il faut le lui dire d’une manière pacifique. Nous ne demandons que ce que vous avez. Nous n’avons ni sécurité sociale, je vis avec mon téléphone sous écoute les 24 heures, qui peut vivre ainsi? Peu de gens.

    – Dans le cas du Maroc, L’Espagne se positionne-t-elle d’une manière différentes qu’avec le reste des révoltes?

    -Je conseillerais l’Espagne la neutralité et qu’elle penche plus sur ses problèmes économiques que sur les problèmes du Maroc. Lorsque j’entends Zapatero dire que le Maroc est une exception, je pense « ah, c’est extraordinaire! ». Mais il n’est pas une exception. Je ne dirais pas que la révolte va avoir lieu demain, mais les germes de la révolte, démocratique et non pas islamiste, sont là, et tôt ou tard nous aurons un pays démocratique.

    – Pourquoi le PSOE ne récrimine en rien au Maroc?

    – Pour des intrêts économiques. L’Espagne est le deuxième investisseur au Maroc après le France. Et il y a le chantage que le Maroc fait à l’Espagne avec le sujet de l’immigration. Le Maroc est un Etat policier et peut arrêter le flux de l’immigration vers l’Europe de manière policière et s’il le veut, il peut laisser ces gens passer. L’Espagne a cette peur. Mais le Maroc n’est pas un saint et l’Espagne ne le critique jamais, elle devrait le critiquer de temps en temps.

    -Les médias européens, comment transmettent-ils ce qui se passe?

    En Europe, il y a des médias importants qui minimisent ce qui se passe. Je me rappelle d’une manifestation en Egypte il y a quelques années avec 300 peronnes, c’était un succès. En tunisie, tout a commencé avec 1,2,3 personnes. Et au Maroc on a eu une manifestation très importante, et sans les islamistes qui ne se sont pas impliqués. Les islamistes de Justice et Spiritualité sont l’association qui peut rassembler le plus de gens et ils ne se sont pas impliqués. Et maintenant, les journaux disent qu’il n’y avait que mille personnes. Le roi a dit qu’il n’allait pas céder à la démagogie, mais Ben Ali et Moubarak disait aussi la même chose et ils ont fini par céder. Nous avons attentu 50 ans et nous pouvons encore attendre, mais  la fin de la monarchie absolue est déjà là. En ce qui concerne les révoltes du monde arabe, nous pouvons dire qu’aucun géo-politicien, aucun, ne les avait prévues. Tout le monde s’est trompé.

    -Est-il le moment pour la révolte de la femme aussi?

    -La Tunisie est un pays pionnier en libération de femme. Au Maroc, le roi actuel a élaboré un statut de la femme où il élimine beaucoup de restrictions, par exemple au moment du mariage. Sur papier, tout est parfait, mais le problème est que nous n’avons pas une justice indépendante, par contre nous avons un taux d’analphabétisation haut. Plus de 56% de la population est analphabéte, ans les milieux ruraux il arrive à 92%. Vous pouvez avoir le meilleur texte du monde, mais au moment de l’appliquer il ne fonctionne pas. La solution sera une démocratisation du Maroc. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre, mais ce sera la solution. Le roi nomme le premier ministre. Nous pouvons voter, mais le roi peut désigner une personne qui n’a pas été élue et cela est arrivé plusieurs fois. Et il faut dire que l’islamisme est une composante de notre société, mais il faut lui donner une mauvaise vision, il y a des islamistes radicaux et une partie très importante d’islamistes qui ne sont pas radicaux.

    – Vous prévoyez d’ouvrir un nouveau journal digital. N’avez-vous pas peur de nouvelles représailles?

    – Je suis comme un virus, à force de lui injecter des antibiotiques il devient résistant aux antibiotiques. Depuis 15 ans, ils nous écrasent, à un moment donné tu ne sens plus rien.

    – Comment évaluez-vous l’état du journalisme dans notre pays?

    – Ici, c’est plus ou moins pareil. Je suppose qu’il y a aussi la censure et l’auto-censure. Et puis, il y a les salaires, là-bas les journalistes gagnent plus.

    Source : Diario de Mallorca, 22/02/2011
    Traduction de l’espagnol : SPS RASD
  • « La première révolte du monde musulman a débuté au Sahara occidental »

    Pour avoir dénoncé les trafics de cocaïne et d’armes dans le sud-est marocain, le docteur Labbas Sbaï a été emprisonné en 2006 et 2010. De passage en Suisse, ce chirurgien, reconverti dans le tourisme écologique, rappelle que le vent de révolte qui secoue le monde musulman a commencé en octobre dernier au Sahara occidental. Des affrontements entre militants sahraouis et forces marocaines ont fait plusieurs morts.
    Il y a quelques mois, Oumma avait rencontré à M’hamid, à la frontière entre le Maroc et l’Algérie, ce chirurgien de 54 ans, citoyen marocain et suisse. Il sortait de prison. Son crime ? Celui d’avoir dénoncé inlassablement depuis une décennie les trafics à la frontière. À la contrebande de dromadaires, de cigarettes, de haschich, il s’est substitué celle de la cocaïne, venue d’Amérique du sud et rejoignant l’Europe par des pistes mal gardées. Ces mafias bénéficient de la complicité de politiciens, de hauts fonctionnaires, de gradés de l’armée, dénonce Labbas Sbaï.
    Pour ces accusations, le médecin a été emprisonné à deux reprises pour « outrage à magistrat » et « désordre dans un lieu public ». De passage en Suisse (son épouse est suisse alémanique), le chirurgien, qui a exercé à Lausanne, Fribourg, Berne, nous a accordé une interview. Issu d’une famille sahraouie, Labbas Sbaï ne milite pas au Polisario. Son père, rappelle-t-il, était un proche du roi Mohammed V. Toutefois, il dénonce la politique menée actuellement par le Maroc au Sahara occidental. Le royaume, prévient-il, n’est pas à l’abri de la révolte qui souffle actuellement sur le monde musulman.
  • Ma nifestations au Maroc : Une ligne rouge franchie

    Plusieurs milliers de Marocains ont participé, dimanche, à des manifestations dans nombre de villes du Maroc pour revendiquer de vastes réformes politiques, dont la limitation des pouvoirs du roi, qui devrait, selon les revendications « Régner et non gouverner ». L’ampleur de ces manifestations, qui se sont déroulées dans le calme, lève le voile sur la gravité de la crise qui couve dans un pays que les politiques et les médias occidentaux n’ont cessé de présenter comme un havre de paix et qui ferait exception à la colère qui traverse quasiment l’ensemble du monde arabe. À Rabat selon des sources indépendantes, près de 15 000 manifestants se sont rassemblées, avant de défiler dans une grande artère du centre scandant « Le peuple veut le changement! » ou ont dénoncé la corruption qui ravage tous les rouages du régime. Des manifestations d’envergure rassemblant plusieurs milliers de personnes ont également eu lieu dans la plupart des grandes villes marocaines, dont Casablanca,Tanger et Marrakech. Dans la foulée des événements de Tunisie et d’Égypte, de jeunes Marocains avaient lancé sur Facebook le mouvement « du 20 février », appelant à manifester pacifiquement pour réclamer une nouvelle Constitution, limitant notamment les pouvoirs du roi, et plus de justice sociale. L’appel à des manifestations « pacifiques » a ensuite été appuyé ou repris par des ONG ainsi que par l’Organisation de jeunesse de l’association islamiste Al adl ou El Hissan , de cheikh Yassin , mouvement non reconnu mais toléré et considéré comme l’un des plus importants du Maroc. La porte-parole de l’association, la fille du leader du mouvement, celui qui avait défié Hassani II , remettant en cause sa qualité de commandeur des croyants , Nadia Yassin n’a cessé de mettre en garde contre une explosion sociale au Maroc et n’avait pas exclue un changement radical, voire l’avènement de la République au Maroc. Il est d’ailleurs significatif que samedi des manifestants aient attaqué un commissariat et une entreprise française près de Tanger, dans le Rif, berceau du légendaire Abdelkrim et des révoltes ancestrales contre la monarchie marocaine.

    Parmi les trois lignes rouges, le roi, le Sahara Occidental et l’Islam, celle des compétences du roi vient d’être franchi, ce qui fait de cette manifestation un évènement historique. Des groupes de gauche demandaient « Moins de pouvoirs pour la monarchie », et certaines banderoles proclamaient: « Le roi doit régner et non gouverner » ou « Le peuple veut une nouvelle Constitution ». Le prince Moulay Hichem, cousin du roi, qui a appuyé les manifestations, s’est également prononcé pour une monarchie parlementaire au Maroc, à l’image des monarchies espagnole et britannique. À Rabat, où la police se montrait discrète, Brahim Abou Dahl, un enseignant de 52 ans, a dit être venu pour réclamer une constitution « Plus démocratique ». « Il faut élargir les pouvoirs du Premier ministre pour qu’il soit responsable devant le peuple », a-t-il déclaré .Une étudiante de 20 ans, Aïcha, a expliqué être venue manifester contre la corruption et pour une « amélioration des conditions de vie » dans ce pays où les inégalités demeurent très fortes et le chômage des jeunes élevé. Les principaux partis politiques marocains dont l’Istiqlal, du Premier ministre Abbas El Fassi et qui soutiennent inconditionnellement la monarchie et la poursuite de l’occupation du Sahara Occidental, s’étaient prononcés contre l’appel à manifester. Le Maroc a jusqu’à présent été épargné par les mouvements de contestation qui ont renversé les régimes en place en Tunisie puis en Égypte et ont maintenant gagné d’autres pays du monde arabe dont la Libye, le Yémen et Bahreïn, notamment.

    Des manifestations de solidarité avec le peuple marocain ont eu lieu dimanche à Paris, Madrid et Bruxelles.

    Plusieurs vidéos témoignant de l’ampleur des manifestations ont été publiés sur Youtube.

    1. Manifestation à Tanger:
    http://www.youtube.com/watch?v=zHLlp2YwBF8
    http://www.youtube.com/watch?v=s7E9DhCWpyU

    2. Manifestation à Marrakech
    http://www.youtube.com/watch?v=6kIBCKkOVeg
    http://www.youtube.com/watch?v=ThH5QLD_PlQ&feature=player_embedded#at=23
    http://www.youtube.com/watch?v=2eY8V_cIMP0&feature=player_embedded
    http://bambuser.com/channel/Marouane82/broadcast/1434089

    3. Manifestation à Meknès
    http://www.youtube.com/watch?v=i-SLNHp17v0&feature=player_embedded

    4. Manifestation à Oujda
    http://www.youtube.com/watch?v=bPRFPWQIt78&feature=player_embedded

    5. Manifestation à Taza
    http://www.facebook.com/video/video.php?v=143560392374117&oid=136874103028175&comments

    6. Manifestation à Casablanca
    http://www.youtube.com/watch?v=umPzW9b0DV8

    7. Manifestation à Tetouan
    http://www.youtube.com/watch?v=Q-jcsatTOM4&feature=player_embedded

    8. Manifestation entre Inzagane et Agadir
    http://www.youtube.com/watch?v=FFYLmMHhNT8&feature=player_embedded

    9. Manifestation à Beni Mellal
    http://www.facebook.com/video/video.php?v=1911365783119&comments

    10. Manifestation à Rabat
    http://www.youtube.com/watch?v=LuRtRboldCc&feature=player_embedded

  • Maroc : Plus rien ne sera comme avant

    Hier, 20 février, une nouvelle flamme est née au Maroc. Celle de la liberté et la dignité. La réponse massive de la population marocaine à la convocation est un avertissement au roi et au gouvernement marocains. Plus rien ne sera comme avant. La peur a été vaincue et les tabous abattus. Une des lignes rouges, les pouvoirs du roi, a été franchie. Le peuple exige une nouvelle constitution où les pouvoirs ne soient pas concentrés dans le palais mais aux mains des élus des peuples.

    Avec ces manifestations, le peuple aura aussi tué le mythe de l’ennemi extérieur, l’Algérie et le Polisario, qui a servi pendant plus de 35 ans à museler la société marocaine pour maintenir ce qu’on a appelé « consensus national pour l’intégrité territorial », avec l’annexion du Sahara Occidental comme prétexte.

    Samedi, l’agence officielle MAP et toute la presse marocaine avaient annoncé que la manifestation a été annulée. En vain. Dorénavant, plus rien ne fera reculer le peuple marocains assoiffé de liberté et de démocratie. Ces mêmes médias essaieront de rester importance à la manifestation rapportant des chiffres qui sont loin de la réalité. Ils parlent de centaines, alors qu’ils étaient des milliers dans les principales villes du Maroc. Les vidéos sur Youtube ne laissent aucun doute. Un journal digital indépendant, Lakome.com, avance les chiffres suivantes :

    Au Maroc:
    – Rabat: plus de 16.000
    – Casablanca: plus de 8.000
    – Marrakech: plus de 50.000
    – Kenitra: 5.000
    – Hoceima: plus de 50.000
    – Tetouan: 50.000
    – Tanger plus de 10.000
    – Oujda: plus de 5.000
    – Safi: Plus de 2.000
    – Agadir et Inzigan: plus de 60.000
    – Tata: 1.000

    Ailleurs :
    – Madrid: plus de 5.000
    – El Aaiun: plus de 1.000
    Et d’autres à Paris et Bruxelles

    Une image vaut mille mots:

    1. Manifestation à Tanger:
    http://www.youtube.com/watch?v=zHLlp2YwBF8
    http://www.youtube.com/watch?v=s7E9DhCWpyU

    2. Manifestation à Marrakech
    http://www.youtube.com/watch?v=6kIBCKkOVeg
    http://www.youtube.com/watch?v=ThH5QLD_PlQ&feature=player_embedded#at=23
    http://www.youtube.com/watch?v=2eY8V_cIMP0&feature=player_embedded
    http://bambuser.com/channel/Marouane82/broadcast/1434089

    3. Manifestation à Meknès
    http://www.youtube.com/watch?v=i-SLNHp17v0&feature=player_embedded

    4. Manifestation à Oujda
    http://www.youtube.com/watch?v=bPRFPWQIt78&feature=player_embedded

    5. Manifestation à Taza
    http://www.facebook.com/video/video.php?v=143560392374117&oid=136874103028175&comments

    6. Manifestation à Casablanca
    http://www.youtube.com/watch?v=umPzW9b0DV8

    7. Manifestation à Tetouan
    http://www.youtube.com/watch?v=Q-jcsatTOM4&feature=player_embedded

    8. Manifestation entre Inzagane et Agadir
    http://www.youtube.com/watch?v=FFYLmMHhNT8&feature=player_embedded

    9. Manifestation à Beni Mellal
    http://www.facebook.com/video/video.php?v=1911365783119&comments

    10. Manifestation à Rabat
    http://www.youtube.com/watch?v=LuRtRboldCc&feature=player_embedded

  • Le Maroc veut-il vraiment la réconciliation avec l’Algérie ?

    Son ministre des affaires étrangères a lancé en direction d’Alger : “Oublions le passé” – Le Maroc veut-il vraiment la réconciliation avec l’Algérie ?

    Malgré l’échec des précédentes tentatives de renouer le contact avec Alger, le chef de la diplomatie marocaine est revenu à la charge mardi en lançant en direction des autorités algériennes “oublions le passé”, après avoir accusé l’Algérie et le Front Polisario de vouloir déstabiliser le Maroc en utilisant les manifestations qui secouent le monde arabe.

    S’agit-il d’une volonté sincère de réconciliation ou d’une nouvelle manœuvre dans le but de gagner encore du temps sur le dossier du Sahara occidental, où Rabat redouterait de nouvelles tensions en ces temps de soulèvements populaires secouant le monde arabe ? La question mérite d’être posée, car avant d’appeler l’Algérie à oublier le passé, le chef de la diplomatie marocaine a affirmé que l’Algérie et le Front Polisario pourraient utiliser les soulèvements populaires qui secouent plusieurs pays du monde arabe pour attiser des troubles dans cette région disputée.

    “Les ennemis de l’intégrité de notre territoire vont probablement utiliser les manifestations dans le monde arabe pour mettre en avant leur programme”, a déclaré en substance le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri, à la télévision publique El Oula, avant d’ajouter que “le Polisario et l’Algérie cherchent à créer des troubles dans cette région”. Juste après, Fassi-Fihri change son fusil d’épaule et exhorte l’Algérie à tourner la page des querelles du passé et à se concentrer sur un renforcement de la coopération économique dans la région. “Oublions le passé”, a-t-il lancé en direction des responsables algériens.

    Cela étant, Rabat, qui redoute réellement des manifestations populaires, suite aux appels diffusés sur le réseau social Facebook à une manifestation pacifique géante dimanche prochain à Rabat pour des réformes politiques au Maroc et le rétablissement de “la dignité du peuple marocain”, a  annoncé mardi, par la voix de son Premier ministre, Abbas El-Fassi, une série de mesures pour atténuer une tension perceptible dans plusieurs secteurs socioéconomiques. Ce dernier a indiqué que 15 milliards de dirhams, soit 1,4 milliard d’euros, supplémentaires seront injectés à la caisse de compensation du Maroc pour pallier toute autre hausse de prix de produits de première nécessité. Ces nouveaux fonds s’ajouteront aux 17 milliards de DH prévus par la loi de finances 2011 déjà injectés dans la caisse.

    Dans le même registre, le chef du gouvernement marocain a souligné avoir informé les dirigeants de ces partis de la mobilisation du gouvernement pour satisfaire les doléances des diplômés chômeurs en matière d’emploi, notant qu’un effort sera déployé dans ce domaine pour dépasser ce qui a été réalisé lors des années 2008, 2009 et 2010. Pour rappel, environ un millier de diplômés chômeurs avaient manifesté jeudi soir dernier dans la capitale marocaine pour réclamer leur intégration immédiate dans la Fonction publique. Les diplômés chômeurs, actuellement au nombre de 2 100, manifestent régulièrement depuis plusieurs années à Rabat. Le taux de chômage au Maroc a atteints 9,1%, en 2010, selon le Haut-Commissariat au plan marocain (HCP). Celui des jeunes diplômés est de l’ordre de 18%, ajoute-t-on. Quant au dialogue social avec les centrales syndicales les plus représentatives, Abbas El-Fassi a indiqué qu’une commission ministérielle se penche actuellement sur les doléances des centrales syndicales avant la prochaine réunion avec ces syndicats pour apporter des solutions aux points inscrits à l’ordre du jour.      

    Depuis le début de février, des appels sont lancés quotidiennement par des jeunes sur Facebook pour des réformes politiques au Maroc, la démission du gouvernement, la dissolution du Parlement et le rétablissement de “la dignité du peuple marocain”.


    En réponse à ces appels à des manifestations pacifiques, le porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication, Khalid Naciri, avait indiqué que “les citoyens peuvent s’exprimer librement (…) tant que cela se déroule dans le plein respect des intérêts vitaux” du pays.

    Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole d’Afrique du Nord, a été annexé par le Maroc en 1975, déclenchant une rebellion menée par le Front Polisario. Un cessez-le-feu a été conclu en 1991 sous l’égide des Nations unies, mais aucun accord politique entre Rabat et les indépendantistes n’a été trouvé. Rabat propose l’autonomie au Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine. Le Polisario réclame un référendum avec comme option possible l’indépendance de la région.

  • Les jeunes, la rue, Facebook et les autres

    Le monde arabe a le tournis. Depuis ce jour où, à Sidi Bouzid, petite bourgade tunisienne, un marchand de légumes lésé dans ses droits plonge dans le désespoir et s’immole par le feu devant la mairie du coin, le souffle de colère et la révolte partagée par des populations entières ne se démentissent pas. Deux mois déjà ! La Tunisie d’abord, l’Egypte ensuite auront fait les frais de ce ras-de-marée populaire qui entend faire table rase de systèmes obsolètes qui ne répondent plus, et depuis longtemps, pas plus aux aspirations de leurs populations qu’à l’évolution globale du monde.

    Le Yémen, le premier, pratiquement comitamment avec l’Egypte a eu à souffrir et continue de le faire de cette fronde et les « pas en arrière » d’un président au pouvoir depuis plus de trois décennies ne semblent pas avoir les effets escomptés. Pire, les jours passent et apportent régulièrement leurs lots de manifestations, d’arrestations et de blessés.

    L’Iran lui aussi, et ce depuis la célébration du trentième anniversaire de la Révolution islamique dirigée par l’imam Khomeiny, ne fait pas exception à cette « règle », même si peuplé de Perses et de musulmans en majorité chiites. Les choses s’y sont brutalement aggravées ces trois derniers jours dans plusieurs grandes villes du pays et l’opposition au président Ahmadinejad s’est vite transformée, une première, en remise en question et en cause de l’Autorité suprême iranienne, celle que l’on nomme le véritable pouvoir, le haut clergé chiiite. Signifiant par là que ce n’est ni plus ni moins qu’à un changement en profondeur auquel au moins une partie de l’opposition actuelle aspire.

    Plus étonnant encore est le cas du Bahrein où des manifestations, certes de faible ampleur, ont déjà été enregistrées. Preuve supplémentaire de ce que ce vent de révolte qui secoue les pays arabes est un phénomène tout à fait nouveau, les manifestations qui depuis hier secouent la Libye de l’inamovible guide de la Révolution, Mouamar Gueddafi.

    Le Maroc, lui, se prépare à une journée de protestations pour ce 20 courant et Rabat a déjà annoncé la couleur en accusant notre pays et le Front Polisario d’en être les véritables instigateurs. Montrant par là au moins de cécité, par ce pseudo argument éculé de l’ennemi extérieur, que Benali et Moubarak. Les jeunes Irakiens ne sont pas en reste eux qui ont profité de la Saint-Valentin pour « se moquer » de leurs dirigeants.

    Autant de pays aux systèmes politiques différents, aux traditions de lutte sans grande profondeur ni ancrage populaire réel, mais qui montrent, à défaut de prouver que les préoccupations et les réalités ont profondément changé par rapport aux deux dernières décennies. D’abord en ce qu’il est désormais très difficile de poser un quelconque pronostic quant aux capacités des différents mouvances islamistes de récupérer des mouvements de jeunes qui n’aspirent qu’à un plus de liberté et de démocratie. Ensuite en ce que toute cette jeunesse arabe est partout majoritaire. Enfin, en ce que cette jeunesse sait, certes de façon le plus souvent spontanée, utiliser et développer, à l’image d’Internet et de Facebook, de nouveaux et inédits moyens de lutte. Appelant de fait à de nouvelles réponses de la part des régimes un peu partout en place.
    M. B.

  • Les journalistes marocains pour la liberté

     Un vent de liberté souffle sur la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Une révolution au cours de laquelle les peuples se sont insurgés pour recouvrir leur liberté et leur dignité et reprendre leurs destinées en main. Les victorieuses révolutions des peuples tunisien et égyptien ont fait prendre conscience à la rue de son pourvoir à déchoir les dictatures pour sortir des prisons à ciel ouverts que sont devenus les pays de la région.

    Jamais la liberté et la victoire de nos peuples n’a été si proche! C’est pour ces raisons que nous, journalistes indépendants marocains, signataires de ce communiqué, félicitons les peuples égyptien et tunisien pour leur victoire contre la dictature et l’autocratie, et en particulier nos confrères ayant recouvré leur liberté de parole et d’expression et de la presse, et rappelons que la répression de ces libertés fondamentales pour la démocratie, est toujours dans l’agenda du pouvoir au Maroc.

    Face au silence assourdissant du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), nous soussignés, journalistes marocains, annonçons notre soutien inconditionnel aux revendications du mouvement du 20 février que nous rejoindrons dans la rue en ce jour de manifestation.

    Ainsi, nous nous solidarisons avec toutes les forces démocratiques du Maroc qui militent pour l’instauration d’une véritable démocratie et une rupture avec l’autoritarisme makhzénien.

    En outre, nous dénonçons la campagne de diffamation et dénigrement à l’encontre des jeunes du mouvement du 20 février, par les médias proche du pouvoir et sur internet.

    Ainsi, nous réclamons:

    • De permettre aux journalistes marocains et étrangers de faire leur travail d’information et de suivi des événements qui s’annoncent.

    • Le respect du droit à l’information pour toutes les composantes de la société marocaine.

    • L’arrêt immédiat de la manipulation médiatique menée par les télévisions publiques, l’Agence officielle, et les journaux proches du pouvoir.

    Nous exhortons également les intellectuels du pays à prendre position afin que les revendications démocratiques du peuple marocain soient accompagnées.

    Source :ISSUU, 17 février 2011