Sahara : Les conseils de l’Ambassade de France au Maroc

Sahara Occidental, Maroc, France, Syrie, Véronique Aulagnon,

Dans un email envoyé dix jours avant, au secrétaire général du MAR marocain à l’époque, Nasser Bourita et Aziz Farhane, chef de la Direction des Nations Unies et des Organisations Internationales, elle remet aux marocains les drafts du projet de rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur la MINURSO et celui de la résolution du Conseil de Sécurité.

Les consultations sur le dossier du Sahara Occidental entre le Maroc et la France sont permanentes au niveau des trois ambassades : Rabat, Paris, Washington ety New York. Dans cette note, l’ambassadeur de la France à Washington donne des conseils au Maroc après sa décision de retirer sa confiance à l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross.

Alors que le Conseil de sécurité ne s’est pas encore réuni pour débattre du dossier du Sahara Occidental, la France tient une réunion en secret avec le makhzen pour dégager les actions appropriées afin de bloquer toutes initiative permettant d’appliquer ou d’adopter les résolutions permettant aux sahraouis de décider de leur sort. Véronique Aulagnon, de l’Ambassade de France à Rabat a joué un rôle prépondérant dans les contacts entre le Maroc et la France dans le dossier du Sahara Occidental et la Syrie. Dans ce mail, elle apporte ses conseils au sujet des ressources naturelles sahraouies:

Les conseils d’une diplomate de l’Ambassade de France à Rabat au Maroc pour porsuivre le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental:


Séminaire international consacré à la « la gestion des ressources naturelles dans les statuts d’autonomie ».
AULAGNON Veronique [veronique.aulagnon@diplomatie.gouv.fr]
Date d’envoi : mardi 3 avril 2012 10:53
À :
farhane
Cher Azzedine,

Peux-tu m’en dire plus sur cette initiative qui figure sur le site Internet du MAEC?

« Le Maroc organisera également le 4 juin 2012 un autre séminaire international consacré à la « La gestion des ressources naturelles dans les statuts d’autonomie ». »

Avez-vous par ailleurs jamais envisagé de produire un document écrit sur la gestion des ressources naturelles au Sahara, et plus largement sur la gestion économique du Sahara (gestion des ressources naturelles, investissements, mesures sociales, etc.)? Il est en effet très difficile de trouver des informations factuelles et détaillées sur ce sujet sur les sites officiels marocains. A mon sens, cela serait très utile, y compris pour diffusion comme argumentaire auprès des députés européens et/ou dans le cadre de vos prochaines discussions sur le renouvellement du protocole à l’accord de pêche.

Bien à toi,

Véronique


Message envoyé le 27 février 2012

URGENT – suspension de la participation de la Syrie à deux comités de l’UNESCO
AULAGNON Veronique
Ce message a été envoyé avec une importance haute.
Date d’envoi : lundi 27 février 2012 18:24

À :
farhane
Pièces jointes :
Non papier Suspension Syrie UNESCO-doc.zip? (3 Ko?); Projet de décision suspension Syrie comités UNESCO-DOC.zip? (4 Ko?); composition du conseil exécutif UNESCO-pdf.zip? (23 Ko?); Liste co-parrains-DOC.zip? (4 Ko?)

Cher Azzedine,

J’ai tenté de te joindre aujourd’hui pour faire une démarche concernant la Syrie.

Je t’en fais passer les éléments en pièce jointe de ce mail compte tenu de l’urgence, un projet de texte devant être déposé le 28 au soir plus tard pour pouvoir être examiné lors du prochain Conseil exécutif à compter du 1er mars.

Merci par avance de ton retour.

Bien à toi,

VA

Véronique Aulagnon
Deuxième Conseillère (Sahara – Politique extérieure)
Ambassade de France au Maroc
3, rue Sahnoun
Agdal, Rabat
Maroc
Tél: 00 212 5 37 68 97 11
Fax: 00 212 5 37 77 56 19

D’autres documents sur la collaboration franco-marocaine:

Véronique Aulagnon sollicite l’intervention du Maroc contre le Syrie à l’UNESCO:

Non papier

Suspension de la participation de la Syrie au Comité des recommandations de l’UNESCO et au Comité des ONG

Après la réunion du groupe des amis du peuple syrien de Tunis du 24 février dernier, il est essentiel de continuer à marquer notre condamnation des agissements du régime syrien, contraires aux valeurs et aux actions de l’UNESCO.

La France encourage les pays arabes membres du Conseil exécutif de l’UNESCO autres que la Syrie (Algérie, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Tunisie) à présenter un projet de décision du Conseil en vue de la suspension de la participation de la Syrie de deux comités de cette organisation : le Comité des recommandations, compétent pour les droits de l’homme, et le Comité des ONG. Un texte a fait l’objet de discussions informelles à l’UNESCO entre pays favorables à une telle démarche, ainsi qu’avec les membres du groupe arabe.

Le dépôt d’un tel projet de décision par des délégations arabes aura bien plus de poids que s’il était effectué par d’autres Etats. La France, avec d’autres, se tiendra naturellement aux côtés des délégations arabes pour assurer la promotion de ce texte. A la date du 22 février, 35 pays ont exprimé leur disponibilité à co-parrainer ce texte, dont 21 sont membres du Conseil exécutif (qui en compte, pour mémoire, 58) et un est membre du groupe arabe (Emirats Arabes Unis). Ce projet doit en tout état de caise être déposé le 28 février au soir au plus tard.

Le Maroc ne participe pas au Conseil exécutif de l’UNESCO, mais en tant que pays assurant la Présidence du groupe arabe à l’UNESCO, il pourrait intervenir auprès de la Tunisie, de l’Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis et de l’Egypte pour les inciter à présenter un projet de décision visant à suspendre la Syrie des deux comités évoqués ci-dessus.

Il est par ailleurs essentiel que l’inscription de la question de la Syrie à l’ordre du jour du Conseil exécutif soit confirmée lors de la séance plénière inaugurale du Conseil, le 1er mars au matin, et que l’examen d’un projet de décision visant à suspendre la Syrie des deux comités évoqués plus haut ne se heurte pas à un vote adverse sur la procédure, mais puisse effectivement avoir lieu et se traduire, si possible, par un vote positif.

Il semble qu’il y ait un partage des rôles entre la France et le Maroc. La Fance défend la positions du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental auprés des institutions internationales (UE, ONU etc…). Rabat, de son côté, défend les positions de la France auprés des groupes régionaux en Afrique tels que la CEDEAO, et maintenat l’UA, y compris la Ligue Arabe, car un diplomate français demandait à Azzedine Farhane d’agir auprés des pays arabes pour adopter des résolutions de sanctions contre la Syrie.

Le département a mal apprécié la position du Maroc quant il a retiré sa confiance à Ross, vu que ce dernier est un ancien diplomate américain. Cette situation risquait de mettre en difficulté ou en mal les relations bilatérales. Voilà que l’Ambassadeur français pour aporter ses conseil au makhzen pour le faire sortir de cet imbroglio diplomatique. Les marocains ont suivi à la lettre les conseils du Français, car par la suite ils ont entrepris des actions allant dans le sens de l’amélioration des relations bilatérales.




#Sahara_Occidental #Maroc #France #Syrie

Affaire Adib: Entretien avec l’Ambassadeur de France au Maroc

France, Maroc, Mustapha Adib, Général Abdelaziz Bennani, Hôpital Val de Grâce, Charles Fries,

Le 18 juin, Mustapha Adib, capitaine des Forces armées royales (FAR) et opposant notoire depuis son séjour en prison au début des années 2000 – il vit depuis en France -, est parvenu à s’introduire jusqu’à la porte de la chambre de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, où se trouvait depuis une quinzaine de jours le général Abdelaziz Bennani, 78 ans, inspecteur général des FAR et commandant de la zone Sud.

L’incident provoque la colère des autorités marocaines. Yassine Mansouri convoque immédiatement Charles Fries, l’ambassadeur de France. Le 20 juin, Nasser Bourita, secrétaire général du MAEC, rédige le compte-rendu de son entretien avec l’ambassadeur français au Maroc dont voici le contenu:

Objet : Entretien avec l’Ambassadeur de France

1- Suite aux instructions de M. le Ministre, j’ai reçu, aujourd’hui et à sa demande, l’Ambassadeur de France à Rabat M. Charles Fries qui était accompagné du Ministre-Conseiller de l’ambassade M. Ludovic Pouille. L’entretien a porté sur l’incident grave survenu le 18 juin à l’hôpital Val de Grâce.

2- L’Ambassadeur Fries m’a remis la lettre en annexe, adressée par M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, à M. Salaheddine Mezouar, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

3- En complément des informations contenues dans la lettre, l’Ambassadeur Fries a précisé qu’Adib « a été mis aujourd’hui en garde à vue conformément à l’article 222-17 du code pénal français, applicable dans les cas de menace de mort ».

4- En réponse à ma remarque sur les circonstances et la procédure inédite d’octroi de la nationalité française à Adib, M. Fries a précisé que « c’est la question qui tue ! On s’est posé la même question. Une enquête est en cours pour définir les circonstances réelles de cette naturalisation. On vous tiendra au courant ».

5- M. Fries a réitéré l’engagement des autorités françaises à œuvrer pour que les relations bilatérales reprennent leur cachet d’amitié sincère et leur caractère exceptionnel.

6- Il a toutefois relevé « le communiqué inédit par son ton et son contenu du Chef de Gouvernement qui évoque entre autres l’acharnement des autorités françaises contre le Maroc ». En réaction, j’ai précisé que de part son caractère grave et la stature de la personnalité concernée, l’incident a affecté l’ensemble des institutions et des forces vives marocaines. La réaction de M. le Chef de Gouvernement est tout à fait naturelle, il en a fait de même par rapport à l’incident du 20 février.

7- J’ai souligné enfin que cet incident confirme un élément qui a toujours été présent dans nos entretiens, à savoir la présence de personnes malintentionnées qui utilisent le territoire français, s’appuient sur certaines complaisances voire complicités en France et exploitent les brèches qui existent dans certaines procédures françaises pour nuire aux intérêts du Maroc. Cette situation devrait interpeler les autorités françaises et les pousser à réagir par des mesures concrètes.

#Maroc #Mustapha_Adib #Abdelaziz_Bennani #France #Charles_Fries

Le statut juridique des partis marocains en Europe

Maroc, partis politiques, France, Belgique, USFP, RNI, RIME, PAM,

Dans un email envoyé le 11 juin 2013, Omar El Mourabet, responsable du Comité Central des marocains à l’étranger, demande des information sur la forme juridique choisie pour la création de la section du parti USFP en France. « S’agit-il d’une section (فرع) avec les statuts du parti au Maroc ou sous forme d’une association loi 1901, surtout que l’Usfp est pionnier dans ce domaine?, s’interroge-t-il. « Dans le cas où vous avez juste une association, peux-tu me dire aussi si le contenu de vos statuts mentionne bien que vous êtes une section du parti ou pas », demande-t-il à Youssef Lahlali, chargé de communication dans l’USFP de Paris.

Voici le texte intégral de son courrier ainsi que les réponses reçues de la part des responsables partisans en France

السلام عليكم ورحمة الله تعالى وبركاته الإخوة والأخوات الكرام

حياكم الله وعساكم بكل خير.
نظرا لبعض التساؤلات التي يطرحها بعض الإخوة ومزاعم يروجها البعض الآخر حول الشكل القانوني للأحزاب المغربية في الخارج، تجدون أسفله جواب مسؤولي 3 احزاب مغربية بالخارج وهم الأصالة والمعاصرة، والأحرار والاتحاد الاشتراكي علما بأن حزب الاستقلال يتخذ نفس الإطار.

المسؤولون الثلاثة يؤكدون ما سبقت وأخبرت به جميع الإخوة مسؤولين وأعضاء ، ;وما قمت بهذا التوضيح إلا درءا للتشويش الذي قد يقوم به البعض، وجوابا على أسئلة بعض الإخوة والأخوات حفظهم الله.
أسأل الله عز وجل أن يجمع كلمتنا من أجل خدمة مشروع حزبنا العتيد والسير قدما في ما بدأناه طالبين منه تعالى أن يرزقنا السداد والتوفيق.

لكم مني أطيب التحيات في هذا الشهر الكريم آملا أن تكونوا على كل خير وطالبا منكم الدعاء والسلام

عمر المرابط
مسؤول اللجنة المركزية لمغاربة الخارج

Réponse PAM:

Salam Ssi Omar je vous confirme que le seule cadre juridique pour créer une représentation politique d’un parti étranger est une association loi 1901.Cest ce que nous avons fait et dont l’objet est promouvoir la culture démocratique et l’esprit de citoyenneté au sein de la communauté marocaine en France .
Cordialement
M.Zitouni

Envoyé de mon iPhone

Le 10 juin 2013 à 18:11, Omar El Mourabet omar.elmourabet@gmail.com a écrit :

Salam ssi Mohammed,
J’espère que tu vas bien.
En tant que responsable du PAM en Europe et suite à notre discussion téléphonique de toute à l’heure, et pendant laquelle nous avions parlé du statut juridique du PAM entre section (فرع) ou sous forme d’une association loi 1901, j’aimerai que tu me confirmes stp par écrit ce que tu m’as mentionné .
Si tu peux dire aussi sur l’objet du conteu de vos statuts et si vous mentionnez que vous êtes une section du PAM ou pas.
Ta réponse, est pour nous éclairer en interne sur ce sujet, et notamment pour certains de nos adhérents qui prétendent que c’est possible de créer directement une section.
Dans l’attente de ta réponse, je tiens à te remercier d’avance pour ta réponse.
Amicalement


لكم مني أطيب التحيات والسلام
Omar ElMourabet
Envoyé de mon iPad

Début du message transféré :
​Réponse RNI​

Expéditeur: Mohammed Amrabt
Date: 10 juin 2013 21:38:04 UTC+02:00
Destinataire: Omar El Mourabet omar.elmourabet@gmail.com
Objet: Rép : RIME

Salam si Omar,
Ce que je peux te confirmer est que dans l’état actuel Rime est une association loi 1901 dont l’objet est de renforcer les liens et défendre les intérêts des MDM dans les 2 pays (origine et d’accueil). Il n’y a pas de lien juridique avec le RNI.
Des amis m’ont dit que l’USFP et l’ISTIKLAL ont des sections en France sous formes d’associations loi 1901. Mot « section » utilisé est purement communicationel.
Amitiés
M. AMRABT

Envoyé de mon iPad

Le 10 juin 2013 à 18:14, Omar El Mourabet omar.elmourabet@gmail.com a écrit :

Salam ssi Mohammed,
J’espère que tu vas bien.
En tant que responsable du RNI en France et suite à notre discussion téléphonique de toute à l’heure, et pendant laquelle nous avions parlé du statut juridique du RNI entre section (فرع) ou sous forme d’une association loi 1901, j’aimerai que tu me confirmes stp par écrit ce que tu m’as mentionné à propos de RIME (si je ne me trompe pas)
Si tu peux dire aussi sur l’objet du contenu de vos statuts et si vous mentionnez que vous êtes une section du RNI ou pas.
Ta réponse, est pour nous éclairer en interne sur ce sujet, et notamment pour certains de nos adhérents qui prétendent que c’est possible de créer directement une section.
Dans l’attente de ta réponse, je tiens à te remercier d’avance pour ta réponse.
Amicalement

-​Réponse USFP
Salam Si Omar,
Autant que parti politique on a pas le droit d’exercer,
اي ان الفروع والكتابة الاقليمية ليس لهما وجود قانوني ونحن منظمون في اطار جمعية وطنية تسمى الوصل تخضع للقانون الفرنسي
اي ان التنظيم الحزبي معترف به في المغرب لكن التنظيم القانوني هو على شكل جمعية
وفي القانون المنظم للجمعية ليس هناك اشارة اننا تنظيم سياسي،رغم وجود علاقة مع
الحزب الاشتراكي الفرنسي
بالتوفيق سي عمر
تحياتي
يوسف

#Maroc #Partis_politiques #France #Belgique

Fabius-Sahara: La France soutiendra toujours le Maroc

France, Maroc, Sahara Occidental, Portugal, Christopher Ross, Ban Ki-moon, Laurent Fabius,

Mission du Royaume du Maroc
Auprès des l’Union Européenne
Bruxelles
Service Politique / YB / n°. 21 mai 2012

L’AMBASSADEUR DE SA MAJESTE LE ROI
A
MONSIEUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES
ET DE LA COOPERATION

Destinataire Principal: Cab.1
Cc : Cab.2 / Sg.4
Transmission : Urgent
Diffusion: Confidentiel
Référence : M/L n° YB 590 en date du 09 janvier 2012
M/L n° YB 021 en date du 20 janvier 2012
M/L n° YB/169 en date du 07 mai 2012
M/L n° YB/170 en date du 12 mai 2012

Objet: Participation de Monsieur le Ministre au Sommet de l’OTAN, Chicago, les 20 et 21 mai 2012.

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération s’est entretenu, en marge du sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OTAN, avec les Ministres des Affaires Etrangères de la France, du Qatar, de la République Tchèque ainsi qu’avec le vice Ministre portugais des Affaires Etrangères et le Secrétaire Général Délégué de l’OTAN.
Ces entretiens ont porté en particulier sur les relations bilatérales, la situation sécuritaire dans la région du sahel ainsi que sur les derniers développements de la question nationale.

1- Rencontre avec le vice Ministre des Affaires Etrangères portugais :

 Les deux parties se sont félicitées de l’excellence des liens de coopération entre les deux pays ;
 Les deux Ministres ont souligné l’importance de renforcer la coopération dans le domaine économique pour qu’elle soit à l’image des relations politiques entre les deux pays. A cet égard, ils ont précisé que les conclusions de la Commission Mixte ainsi que du groupe d’impulsion économique détermineraient la nature des actions qui seraient menées ;
 Monsieur le Ministre a rappelé que la situation sécuritaire dans la région du Sahel est une source de préoccupation pour le Maroc. A cet effet, il a précisé que le Maroc s’est engagé à aider les pays de cette région afin qu’ils retrouvent leur stabilité et pour qu’ils luttent efficacement contre tous ces défis ;
 Il a souligné que le Maroc est convaincu que les organisations sous régionales, dont notamment la CEDAO, ainsi que les pays de la région sont les seuls capables d’apporter des réponses concrètes aux problèmes de cette région ;
 Le Maroc a proposé que le Portugal joue un rôle actif dans ce domaine à travers une coopération tripartite ;
 Pour sa part le Ministre portugais a indiqué que son pays partage les préoccupations du Maroc et envisage de renforcer davantage sa présence dans cette région et ce, à travers des actions humanitaires et d’appui techniques aux profits des pays de cette région ;
 S’agissant de la question nationale Monsieur le Ministre, et après avoir remercié le Portugal pour son soutien, a rappelé que le Maroc a proposé son initiative d’autonomie suite à une demande de la communauté internationale. Il a ajouté que, à cause de l’attitude des autres parties, peu de progrès ont été réalisés en précisant que la démarche de M. Ross s’est rapidement essoufflée et qu’elle n’est pas parvenue à dépasser la phase exploratoire faute de visibilité dans le processus. De même, M. le Ministre a souligné que M. Ross avait proposé au début de son mandat la tenue d’une ou deux réunions informelles pour préparer la négociation formelle et qu’il en a tenu neuf, sans aucune perspective de round formel. Il a indiqué, également, que le Maroc a été choqué par le contenu du dernier rapport du Secrétaire Général ainsi que par les déclarations publiques de Monsieur Ross qui vont à l’encontre des intérêts du Royaume, en ajoutant que toute la classe politique marocaine est irritée par les propos les et les agissements de M. Ross ;
 En réponse, le Ministre portugais a indiqué que la position de son pays concernant la question du Sahara est constante et que le Portugal apprécie à sa juste valeur l’initiative marocaine d’autonomie et la soutient. Il a ajouté que son pays est préoccupé par les dérives de Monsieur Ross.

2- Rencontre avec M. Laurent Fabius

 Le Ministre français s’est félicité de l’excellence des relations et de la convergence des points de vue entre les deux pays ;
 Il a souligné que la situation dans le Sahel est une source d’inquiétude pour son pays en indiquant que l’ « Algérie ne fait rien pour arranger les choses ». De même, il a remercié le Maroc pour son rôle et pour le soutien qu’il apporte aux pays de cette même région ;
 Par ailleurs, Monsieur le Ministre a donné un bref rappel des derniers développements concernant la question nationale et notamment les derniers contacts qu’il a eus avec le SG de l’ONU ainsi qu’un résumé des agissements et des déclarations de Monsieur Ross. Il a ajouté que le Maroc est très satisfait du soutien qu’apporte la France à son initiative d’autonomie.
 En réponse Monsieur Fabius a indiqué que la position de la France restera inchangée et qu’elle soutiendra toujours le Maroc dans ce dossier. Il a ajouté que le SG de l’ONU lui a parlé de la décision du Maroc de refuser de coopérer avec Monsieur Ross en soulignant que le SG de l’ONU « a pris ça contre lui ».
 Par ailleurs M. Fabius a rappelé que le Maroc est un exemple pour les autres pays de la région et qu’il a connu son printemps arabe depuis des années, en soulignant que « au Maroc les choses vont dans le bon sens »
 Pour sa part Monsieur le Ministre a mis en exergue la fragilité de la situation dans le région du Sahel et a plaidé pour une coopération renforcée incluant tous les pays de la région mais également d’autres pays tels que la France et ce, à travers une coopération triangulaire. Toutefois, Monsieur le Ministre a souligné que les organisations sous régionales africaines devraient être les premiers acteurs dans cette région.

3- Rencontre avec le Ministre tchèque des affaires étrangères

 Les deux parties se sont félicitées de l’état des relations politiques entre les deux pays en soulignant la nécessité de renforcer la coopération économique pour qu’elle aille de paire avec le dialogue politique ;
 A cet égard, les deux parties ont proposé de créer un Conseil d’Affaire maroco-tchèque et d’explorer toutes les possibilités de coopération dans le domaine touristique et industriel y compris la conclusion des arrangements légaux appropriés ;
 Le Ministre tchèque a rappelé la disposition de son pays à examiner toute proposition qui serait de nature à renforcer la coopération entre les deux pays ;
 Monsieur le Ministre a précisé que le Maroc pourra, le cas échéant, porter la voie de la république tchèque au Conseil de Sécurité et défendra ces idées et ses propositions ;
 En outre, les deux parties ont souligné que les problèmes de la région de la Méditerranée et du Sahel ne pourraient être réglés que par le dialogue et la concertation politique;
 Par ailleurs, Monsieur le Ministrea invité son homologue tchèque à se rendre au Maroc et a accepté l’invitation à se rendre à Prague.

4- rencontre avec le Ministre d’Etat aux Affaires Etrangères qatari :

 Monsieur le Ministre a remercié le Qatar pour son soutien au sein du CCG, de l’ONU ainsi que d’autres organisations régionales ;
 Monsieur le Ministre a donné un bref aperçu de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel et a rappelé que le Maroc n’aménage aucun effort pour aider les pays de cette région à faire face aux différents défis socio-économique. A cet égard, Monsieur le Ministre a proposé à son homologued’examiner la possibilité de développer une coopération tripartite (Maroc Qatar, pays du Sahel) en indiquant que cette coopération pourrait faire l’objet d’un accord cadre définissant les mécanismes, les outils et les modalités de son mise en œuvre. En outre, Monsieur le Ministre a proposé de conclure un accord de coopération entre l’AMCI et l’Agence de Coopération Internationale Qatariepour faire bénéficier les étudiants africains ayant fait le choix de poursuivre leurs études au Maroc de bourses qataries.
 Le Ministre Qatari a souligné la disposition de son pays à coopérer avec le Maroc dans ce domaine en précisant que la délégation qatarie, qui s’est rendue au Maroc récemment, examine toutes les possibilités de coopérations offertes et soumettra, à l’approbation du Maroc, dans un avenir très proche, une feuille de route définissant les principaux projets qui pourraient être menés par les deux parties ;
 Par ailleurs, le Ministre du Qatar a rappelé que son pays s’est engagé, dans le cadre du CCG, à octroyer une aide financière importante au Maroc. Il a ajouté que les services concernés de son Ministère sont sur le point de finaliser les modalités pratiques relatives à l’octroi de cette aide financière :
 Abordant la question syrienne, les deux parties ont rappelé leur condamnation de la violence et leur volonté commune d’aider le peuple syrien. De même, ils ont souligné que le plan Annan ne saurait aboutir sans l’appui de la communauté internationale. A cet égard, le Ministre qatari a indiqué que le régime de Bachar se prépare pour attaquer le nord du Liban sous prétexte de combattre les terroristes. Par ailleurs, le Ministre qatari à invité le Maroc a participé à une réunion qui aura lieu, au niveau des hauts fonctionnaires, à Doha et qui sera consacrée à l’examen de la situation en Syrie.

5- rencontre avec le Secrétaire Général Délégué de l’OTAN

 Les deux parties se sont félicitées de l’excellence de la coopération entre le Maroc et l’OTAN tant sur le plan politique que pratique ;
 Le responsable de l’OTAN a souligné le rôle « moteur » du Maroc au sein du DM ainsi que ses différentes contributions aux opérations menées par l’OTAN. Il a souligné également que, malgré ses contraintes, le Maroc a apporté un soutien politique important à l’opération de l’OTAN en Libye. En outre, il a indiqué que le Maroc est désormais « un partenaires stratégique majeur de l’Alliance » et que sa participation à la réunion OTAN+13 témoigne de l’importance qu’accorde l’OTAN à ses relations avec le Royaume.
 Pour sa part, Monsieur le Ministre a rappelé toute l’importance que le Royaume du Maroc attache à ses relations avec l’OTAN, aussi bien sur le plan bilatéral que dans le cadre du Dialogue Méditerranéen en ajoutant que la coopération se développe selon une vision stratégique ;
 A cet égard, Monsieur le Ministre a souligné que le Maroc a proposé un projet de déclaration politique pour le renforcement du DM et se réjouit de constater que le projet marocain a reçu un large soutien de la part des pays alliés et des pays partenaires. A cet effet, il a remercié de le DSG pour le soutien apporté par l’OTAN à l’initiative marocaine dans le cadre de la déclaration du Sommet de Chicago
 Par ailleurs, les deux parties ont évoqué brièvement la situation en Egypte, en Libye et au Sahel.

#Maroc #OTAN #Portugal #Sahara_Occidental #Christopher_Ross

Affaire Ben Barka : un blocage inexplicable

Les interrogations qui entourent l’affaire Ben Barka atteignent leur paroxysme suite à un nouveau rebondissement. Le général Hosni Benslimane semble être au dessus des lois internationales.
par Hicham Bennani

Un nouvel épisode de l’affaire Ben Barka a éclaté au grand jour le jeudi 1er octobre. Dans la soirée, un représentant du ministère de la Justice informe les médias que les mandats d’arrêts internationaux émis par Interpol contre quatre ressortissants marocains impliqués dans l’affaire vont enfin être diffusés. Le lendemain, à 19h30 sur France 3, Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka, se félicite de la décision du ministère. Une source proche du ministère de la Justice marocain, interrogée par l’AFP, se dit alors «surprise de cette annonce, car c’est une ancienne histoire qui revient à la surface chaque fois qu’une “partie occulte” veut salir les relations excellentes entre le Maroc et la France». Le gouvernement marocain, quant à lui, reste muet. Mais, coup de théâtre, deux heures après, le même ministère revient sur sa décision. «Le parquet de Paris demande la suspension de la diffusion de ces mandats, dans l’attente des précisions demandées au juge d’instruction», indique un communiqué de l’AFP, qui précise : «Interpol (organisation internationale de police criminelle) a demandé des précisions afin de les rendre exécutables. Sans ces précisions, ces mandats sont inexécutables».

L’après Rachida Dati

L’origine de cet énième rebondissement remonte en fait au mois de juillet 2009. A ce moment là, Maurice Buttin écrit à Michèle Alliot-Marie pour la féliciter d’avoir été nommée à la tête du ministère de la Justice. Il en profite pour lui rappeler que lorsqu’elle était ministre de la Défense, elle avait eu le courage de libérer les dernières pièces du dossier du SDECE (ancêtre de la DGSE) sous scellés au Tribunal de Grande Instance de Paris, alors que les ministres de la gauche ne l’avaient pas fait. Il lui signale également d’une part que la justice marocaine n’exécute pas les Commissions rogatoires internationales (CRI) qui lui ont été adressées par le juge Patrick Ramaël depuis cinq ans, en dépit de la convention judiciaire franco-marocaine, alors que toutes les CRI, dans n’importe quelle autre affaire, sont parfaitement exécutées par la justice marocaine. Et d’autre part, que depuis deux ans les mandats d’arrêt lancés à l’encontre de personnalités visées par ces CRI (en raison de leur non exécution) ne sont pas diffusés par Interpol. La ministre répond à l’avocat le 28 août suivant, en le remerciant et en lui précisant qu’elle prenait attache avec le Directeur des affaires criminelles pour lui soumettre les problèmes soulevés. Tout ceci explique donc l’annonce du 1er octobre. Sur cinq mandats d’arrêt, quatre sont décrétés valables. La ministre les transfère alors au ministère de l’Intérieur français. Le cinquième, qui concerne Boubker Hassouni, ex-agent du Cab 1 (unité secrète des services marocains), a fait l’objet d’une demande de complément d’information qui a été exaucée, à savoir la date de naissance et les origines de l’accusé.

Les quatre mandats d’arrêt qui marquent l’actualité concernent le général Hosni Benslimane, chef de la gendarmerie royale marocaine, le général Abdelhak Kadiri, ancien patron des renseignements militaires, Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, l’homme qui aurait organisé tout le volet opérationnel en France et Abdelhak Achaachi, agent du Cab 1, qui aurait accompagné Chtouki dans des chambres d’hôtel avant l’assassinat. «Benslimane était au Cab 1, plusieurs témoins attestent qu’il répercutait tous les appels et coups de fil. Il est cité dans des PV d’audition d’ONG», précise Joseph Tual, journaliste à France 3, spécialiste de ce dossier.

Ce qui est étrange, c’est que ces mandats d’arrêt ont été signés il y a deux ans (le 18 octobre 2007) par le juge Patrick Ramaël, chargé du dossier. «C’est à cause du blocage de la justice marocaine que les mandats d’arrêt ont été lancés. Si la justice marocaine avait décidé d’appliquer la commission rogatoire du juge Ramaël en présentant des personnes par des juges marocains il y a deux ans, on n’en serait pas arrivés là !», clame Bachir Ben Barka, fils de Mehdi Ben Barka, joint par téléphone. Le lancement des mandats d’arrêt avait été rendu public par les médias le 22 octobre 2007, le jour même où le président Nicolas Sarkozy et Rachida Dati étaient à Marrakech pour une visite d’Etat officielle. Une annonce qui a eu l’effet d’une bombe. Mais force est de constater que ces mandats d’arrêt n’ont pas été officialisés par Interpol dans le monde entier. En effet, le général Benslimane est allé aux JO de Pékin (24 août 2008), en tant que président marocain du CIO, sans avoir été inquiété. «Le constatant, j’ai demandé au juge pourquoi le général n’avait pas eu d’ennuis», nous déclare Maurice Buttin. Après s’être informé, le juge lui explique que les mandats n’étaient effectivement pas délivrés hors de France… «On comprend mal comment ce qui est vrai en France, n’est plus vrai en dehors de la France», s’indigne Bachir Barka.

Décision politique

«Interpol pointe des insuffisances dans ces mandats d’arrêt et demande que ces insuffisances soient complétées», a déclaré à l’AFP Guillaume Didier, porte-parole du ministère de la Justice. Bachir Ben Barka, qui s’était félicité de la première annonce, se dit profondément indigné : «On constate qu’un ministre s’est déjugé en 24h. Ma famille et moi-même sommes abasourdis. On ne pouvait pas imaginer que la raison d’Etat puisse prendre des formes aussi cyniques. On était habitués à des formes sournoises, mais là c’est le cynisme de la réforme d’Etat à l’état brut». Selon lui, l’argument du ministère «ne tient pas la route, c’est une décision politique». Même son de cloche du côté de Maurice Butin : «Officiellement, le dossier a été de nouveau bloqué pour des raisons « techniques » en quelque sorte. Ce n’est pas très sérieux, car ces mêmes raisons existaient forcément il y a deux ans. C’est donc sans conteste une raison politique». On pourrait en déduire que l’Elysée est très vraisemblablement derrière cette décision. «Je note que ce ne serait pas la première fois, depuis son arrivée au pouvoir suprême, que le président Sarkozy revient sur une décision d’un de ses ministres, voire du Premier ministre lui-même», précise l’avocat. Aujourd’hui, Interpol se refuse à communiquer. «Interpol doit être en train d’avoir des rendez-vous au plus haut niveau en France, car ils sont visiblement instrumentalisés. Pour Interpool il n’y a aucun problème pour diffuser les mandats d’arrêt à travers le monde entier», indique Joseph Tual. «Interpol va sans doute exécuter les « conseils » qui lui sont prodigués en haut-lieu…», confirme pour sa part Maurice Buttin.

La 76è Assemblée générale d’Interpol s’était ouverte lundi 5 novembre 2007 à Marrakech. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est que Hosni Benslimane en personne avait ouvert ce colloque. Ceci expliquerait en partie le mutisme d’Interpol après ces événements récents. A l’heure où nous mettons sous presse, une source proche du dossier assure que les mandats ont bien été diffusés depuis 2007. Des pays comme l’Espagne, où Benslimane s’est pourtant rendu, n’auraient donc pas appliqué les demandes d’Interpol. En n’exécutant pas les commissions rogatoires internationales, le gouvernement marocain semble encore refuser de mettre enfin la lumière sur la disparition de Ben Barka. Pour Maurice Buttin, «cette vérité est à Rabat, je l’ai toujours dit. Ce gouvernement contresigne ainsi toute la responsabilité du pouvoir d’alors, en la personne du roi Hassan II».
Quarante-quatre ans après la disparition de l’opposant Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp à Paris, l’affaire qui est probablement la plus emblématique des années de plomb, demeure toujours une énigme. Des deux cotés de la Méditerranée, la vérité fait toujours peur.

Le Journal Hebdomadaire, octobre 2009

Source : Hicham Bennani

Tags : Maroc, Mehdi Ben Barka, France, Hassan II,

Le roi du Maroc boude la France depuis près de deux ans

Depuis près de deux ans, la ville de Betz attend de renouer avec la « générosité » du roi du Maroc. En effet, c’est la première fois que les habitants de cette ville constatent une si longue absence de Mohammed VI. A cela s’ajoute que leurs enfants n’ont pas pu profiter des habituelles vacances au Maroc au frais du souverain chérifien. La population de cette localité de la banlieue parisienne se pose des questions sur cette absence remarquée de celui qui s’est fait remarquer par ses gestes d’amitié et affection envers elle.

Pour ceux qui connaissent le Maroc, il n’y a qu’une seule explication à cela : Les relations entre Rabat et Paris ne sont pas au beau fixe. Les signes révélateurs de la tension traversée par les relations bilatérales entre les deux pays:

-Au mois de septembre 2019, le roi du Maroc n’a pas daigné assister aux obsèques funéraires du président Jacques Chirac.

-A deux reprises, Paris annule une visite annoncée du président Emmanuel Macron au Maroc.

-La médiatisation par la France du procès du policiers français recruté par les services secrets marocains auxquels il transmettait une copie des fiches « S ».

-Le refus de Rabat de rapatrier les dénommés MENA (mineurs non accompagnés) dont le sujet a fait beaucoup de bruit en France.

-En plein confinement, le royaume n’a pas répondu à l’appel du président Emmanuel Macron visant à faciliter le rapatriement de ressortissants français coincés dans le royaume à cause de l’état d’urgence sanitaire.

-L’empressement des autorités marocaines à condamner la publication des caricatures du prophète Mouhammad

-La ligne éditoriale très critiques de certains médias proches du palais

Selon des connaisseurs du dossier, Paris ne voit pas d’un bon oeil que le nom du Maroc soit mêlé aux attentats terroristes commis en Europe depuis 2004 et le rapport très critiques des experts de l’ONU sur le Sahel qui dénonce la collision des autorités marocaines avec les réseaux de trafic de drogues au Mali, et dans la région du Sahel en général. Non sans raison, le président français a cité le Maroc parmi les pays qui font le lit de l’islamisme radical et le conseil municipal de la ville d’Angers s’est opposée à la cession au Maroc d’une grande mosquée en construction.

Tags : Maroc, France, Macron, Mohammed VI, Angers, Betz, Islam, caricatures,

Musulmans de France, tous coupables ?

par Akram Belkaïd, Paris

L’horrible décapitation de Samuel Paty, un enseignant en France par un jeune de dix-huit ans d’origine tchétchène, qui lui reprochait d’avoir montré des caricatures du Prophète à ses élèves dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine, a provoqué une grave crise aux conséquences incertaines. Il ne s’agit pas ici uniquement de l’immense, et légitime, émotion qu’un tel acte barbare a provoqué au sein de la société française. Il ne s’agit pas non plus de l’agitation suspecte d’un gouvernement, et notamment du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, déjà préoccupé par la campagne électorale de la présidentielle de 2022 et soucieux de faire oublier ses responsabilités dans cette triste affaire. Une frénésie de propos destinés à masquer aussi le délabrement d’un secteur éducatif où il n’est pas rare que des parents d’élèvent cognent un enseignant surmené pour une mauvaise note ou un téléphone portable confisqué durant les heures de cours.

Il est évident que ce drame révèle des lignes de fractures qui se sont aggravées depuis le début des années 2010. De manière régulière, des attentats ou des actes isolés de violence se revendiquant de l’islam reposent de manière brutale le rapport entre la société française et les communautés de cultures musulmanes. Cette fois-ci, l’onde de choc est plus forte, ne serait-ce que parce que c’est l’école qui est concernée mais aussi parce que le crime a aggravé un climat déjà délétère en raison, notamment, de la crise sanitaire.

Il n’y a rien d’étonnant à voir l’extrême-droite et ses relais médiatiques s’engouffrer dans la récupération de cette sordide atteinte à la vie. Tout y passe. L’immigration, les politiques d’accueil et d’asile, certains droits individuels, les mécanismes de lutte contre le racisme et les discriminations, la gauche populaire, tout cela est visé. Marine Le Pen le dit clairement quand elle évoque « une guerre qui exige une législation de guerre ». Dans tout ce vacarme amplifié par les politiques et les chaînes d’information en continu, l’islam en France est de nouveau mis en accusation comme si toutes les personnes concernées de près ou de loin par cette religion étaient complices du tueur.

A l’inverse, ce qui est inquiétant, c’est la proportion sans cesse croissante de la société française qui se dit convaincue par tout ou partie de ce discours accusateur. L’idée que « les musulmans » n’en font pas assez pour lutter contre le terrorisme intégriste est en train de s’installer de manière définitive et celles et ceux qui la combattent en dénonçant les amalgames sont mis à l’index. « Islamo-gauchistes » ou naïfs, ils seraient les complices, ou, pourquoi pas, les instigateurs de cette violence. Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse, il est de plus en plus difficile de faire entendre la nuance. Et de poser les termes du problème.

Il y a six ans, voici ce que je répondais au journaliste Gille Heuré de Télérama lorsqu’il m’interrogeait à propos des suites de l’assassinat d’Hervé Gourdel en Algérie (1). Les appels demandant à la communauté musulmane de réagir, disais-je, « traduisent une contradiction fondamentale : d’un côté, on met en garde les musulmans contre toute forme de communautarisme ; de l’autre, on les intime, en tant que musulmans, à condamner officiellement cet acte ignoble. C’est une manière d’affirmer que les musulmans restent une exception dans le modèle républicain. N’importe quel être humain réprouve ces crimes épouvantables. On n’a pas besoin de demander aux gens de s’en désolidariser ou d’exprimer leur dégoût : ça coule de source (…) Pour certains milieux en France, les musulmans, s’ils ne sont pas coupables par nature, peuvent faire preuve de duplicité. Ils doivent fournir la preuve de leur normalité et de leur insertion dans la société française. »

En réalité, ajoutai-je, « ces appels laissent entendre que l’islam pratique un double discours : les musulmans intégrés participeraient à la vie de la société française, payeraient bien leurs impôts, etc., mais seraient susceptibles à tout moment de commettre des meurtres à l’encontre de citoyens français, musulmans et non musulmans. C’est une peur palpable et entretenue. »

Rien de tout cela n’a changé. C’est même devenu pire. Cela pose de vrais problèmes pour l’avenir. Apeurée, affolée par les vitupérations d’éditorialistes connus, sans cesse conditionnée par les outrances des réseaux sociaux, la société française semble exiger aujourd’hui des preuves de loyauté de la part des musulmans. C’est cela qui se dessine tranquillement, sans que le personnel politique ne prenne la mesure de l’enjeu. En réalité, dans un pays où l’on rejette, à juste titre le communautarisme, les questions « mais où sont les musulmans ? » ou « mais que font les musulmans ? » sontdes assignations à résidence qui ne veulent pas disparaître. Elles logent dans l’inconscient collectif et il sera difficile de les extirper. Mr Omar ou Mme Latifa, quelles que soient leurs opinions et leurs croyances, sont ainsi sommés de s’exprimer en tant que musulmans. Il ne vient à l’idée de personne qu’ils n’ont pas envie d’être définis de la sorte. Il ne vient à l’idée de personne que leur seule manière de lutter contre l’intégrisme et les actes de violence, est juste d’être eux-mêmes, des citoyens sans histoires qui ont les mêmes préoccupations et attentes que leurs compatriotes français.Mieux, des citoyens qui haussent les épaules ou se détournent quand un collectif intégriste tente de les convaincre ou de les enrôler.

La grande mosquée de Paris, de nombreux imams, ont clairement condamné le crime. Ils sont dans leur rôle et parlent au nom de nombreux croyants. D’autres, « musulmans de culture » ont, quant à eux, exprimé leur révulsion via les réseaux sociaux. Que leur faut-il faire d’autre ? Qu’ils singent l’imam Chalghoumi en baragouinant, en pleurnichant, un pardon pour des actes qu’ils condamnent et avec lesquels, faut-il le répéter, ils n’ont rien à voir ?Veut-on qu’il fassent le coup de poing contre les extrémistes ? Qu’ils se substituent à la police et qu’ils s’en prennent directement à des associations d’incendiaires que les autorités ont tolérées, voire encouragées, parce qu’elles imposaient la paix dans des quartiers populaires gangrénés par le trafic de drogue ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Veut-on organiser une guerre civile chez les cinq millions de musulmans vivant en France afin qu’un camp (celui qui incarne la majorité respectueuse de la République) puisse enfin gagner ses galons de citoyenneté reconnue ? Faute de réponse politique clairvoyante, c’est la paix civile qui est désormais menacée.

(1) « Les musulmans français victimes d’amalgames », Télérama, 12 octobre 2014.

Le Quotidien d’Oran, 1 nov 2020

Tags : France, Islam, Islamisme, terrorisme, Caricatures, Charlie Hebdo, Macron, Islamophobie,

Macron : le rétropédalage

Poussé par des calculs élecoralistes, le président Macron s’est fondu dans des déclarations qui cachent mal une islamophobie dont les répercussions n’ont pas été prévues. Face à la réaction des pays musulmans, il s’est vu obligé de rétropédaler en vue de gérer en urgence les problèmes diplomatiques multiformes survenus et la campagne de boycott susceptible un grand préjudice à une économie française meurtrie par la pandémie.

Dans un entretien accordé à la chaîne qatari Aljazeera, Emmanuel Macron a tenté de calmer la situation en déclarant comprendre que des musulmans puissent être « choqués » par les caricatures de Mahomet, mais qu’il n’acceptera jamais qu’on puisse justifier la violence.

Cherchant à se désengager des polémiques apparues dans le monde arabo-musulman, le président français a souligné que les caricatures n’ont pas été publiées par le gouvernement, mais par des journaux libres et indépendants.

Tags : France, Macron, caricatures, Charlie Hebdo, terrorisme,

Maroc : Mehdi Ben Barka… Entre barbouzes et affaire d’Etat

Le fait que le gouvernement POMPIDOU ait pu être interpellé à la veille de l’élection présidentielle de décembre 1965 après l’enlèvement de l’opposant au roi du Maroc HASSAN II, Mehdi BEN BARKA (ci-dessus), n’avait pas manqué d’étonner. Du moins jusqu’à ce que l’on apprenne que beaucoup trop de prétendus gaullistes se trouvaient « mouillés » dans une affaire assez complexe qu’on mettra quelque temps à démêler, et où l’on se trouvait en présence pour l’occasion, aussi bien de truands que de policiers voire de barbouzes. Ce sera du reste l’un des plus gros scandales de l’ère gaulliste et il nécessitera que le général en personne intervienne lors d’une conférence de presse pour répondre aux nombreuses interrogations des journalistes lesquels, notamment deux journalistes de l’Express, Jacques DEROGY et Jean-François KAHN, avaient très vite compris dans quel guêpier s’était fourré l’Etat et de ce dont il s’agissait avec ce qui est devenu l’un des plus célèbres assassinats politiques. D’autant que sur le sol français, et alors qu’il s’y croyait en parfaite sécurité, BEN BARKA, un leader politique d’envergure internationale, venait de périr assassiné.

Chef de l’opposition au Maroc et représentant de l’Union Nationale des Forces Populaires, on ne retrouvera jamais le cadavre d’un homme que l’on a longtemps cru éliminé après son enlèvement. Ce que l’on sait, c’est que Mehdi BEN BARKA condamné à mort dans son pays avait émigré ces derniers mois en Suisse où il avait trouvé refuge à Genève chez le consul d’Algérie, qu’il se rendait fréquemment au Caire où il avait un appartement et qu’il se trouvait le 29 octobre 1965 à Paris pour, sans doute, y rencontrer le cinéaste Georges FRANJU. Celui-ci avait prévu avec l’aide du producteur Georges FIGON et de l’ancien directeur des programmes de Radio Maroc, le journaliste Philippe BERNIER de réaliser avec le leader tiers-mondiste un film évoquant la décolonisation qui devait faire la une à la veille d’un sommet des pays du Tiers Monde prévu pour janvier 1966. Après plusieurs tentatives de rendez-vous infructueuses, les deux hommes avaient d’ailleurs prévu ce jour-là de se voir à Paris à la Brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain où BEN BARKA s’était rendu accompagné d’un jeune étudiant marocain. C’est ce dernier qui alertera les autorités dès le lendemain. Ancien professeur du futur roi du Maroc HASSAN II, l’agrégé de mathématiques BEN BARKA rêvait à 45 ans de construire une société nouvelle dans un pays dirigé par le roi MOHAMMED V qui venait d’accéder à l’indépendance. Mais son opposition à son fils HASSAN II dès son arrivée au pouvoir en 1961, et à un système féodal basé sur un pouvoir absolu lui vaudra sans doute d’échapper dès novembre 1962 à un premier attentat et de nombreuses inimitiés. Devenu dangereux depuis qu’il animait un courant tricontinental, nombre d’observateurs estiment d’ailleurs que s’il n’avait pas été enlevé en octobre 1965 à Paris ni probablement tué, il aurait assurément changé le cours de l’histoire du Maroc et peut-être même du monde du fait de ses responsabilités dans le Tiers Monde et que l’entourage du roi HASSAN II en était parfaitement conscient.

Mehdi Ben Barka… Entre barbouzes et affaire d’EtatAutour de cet enlèvement les questions restent nombreuses. Ce film de FRANJU, était-il vraiment à l’ordre du jour et n’était-ce pas plutôt pour faire venir Mehdi BEN BARKA à Paris que cette rencontre lui avait été proposée ? S’inquiétant de ne pouvoir le joindre le 1er novembre, son frère Abdelkader prévenu de son enlèvement apprendra qu’il n’avait pas été enlevé par des policiers français ce qui le décidera à porter plainte pour séquestration. Interpellé le 29 octobre précédent sans violence par deux hommes lors de son arrivée à la Brasserie Lipp, Louis SOUCHON et Roger VOITOT se présentant à lui comme étant des policiers français, BEN BARKA sera aussitôt emmené à Fontenay-le-Comte où l’aurait, a-t-on dit, attendu le Général OUFKIR, le Ministre de l’Intérieur du roi HASSAN II (ci-contre). Du moins selon l’une des versions connues, l’autre prêtant à un certain BOUCHESECHE d’être le responsable de sa mort. Un BOUCHESECHE qui finira sa vie d’une drôle de façon car l’entourage d’HASSAN II ne souhaitait pas laisser trop de témoins derrière lui. Il est vraisemblable qu’il avait été prévu le 29 octobre de rapatrier Mehdi BEN BARKA au Maroc et de l’y emprisonner. Selon une autre version, le Général OUFKIR ne se trouvera en France qu’un peu plus tard, sans doute pour savoir ce qu’était devenu l’opposant à son roi. Le général venu à Paris, aurait même demandé l’assistance technique à son homologue français, le ministre Roger FREY, pour effacer les traces d’un enlèvement qui aurait mal tourné. Ce qu’il est facile de deviner au vu de ce que l’on sait aujourd’hui c’est que le leader tiers-mondiste ait pu faire l’objet d’un véritable complot organisé par le ministre marocain et que celui-ci savait pouvoir compter pour cet enlèvement sur le concours de policiers et de responsables français dont le Préfet de Police Maurice PAPON. Toujours aussi zélé qu’à l’époque où il déportait des Juifs à Bordeaux, et évoquant une nouvelle fois la raison d’Etat, PAPON n’empêchera d’ailleurs pas le Général OUFKIR de regagner le Maroc. Ce qui apparaît également curieux dans cette ténébreuse affaire, c’est aussi la disparition méthodique de tous les témoins qui auraient pu assister à l’enlèvement et au probable meurtre et pas seulement du truand BOUCHESECHE. Qu’il s’agisse du producteur, l’autre truand Georges FIGON retrouvé suicidé à Paris l’année suivante ou du jeune étudiant marocain qui, à son tour, se serait curieusement « suicidé » en 1971.

Malgré le procès qui se tiendra peu après cet enlèvement et l’implication de responsables français (1967), rien ne permettra de déterminer avec exactitude qui en était l’auteur. Le Français Antoine LOPEZ dit « Savonette » l’un des responsables des services de renseignements dont les attaches avec l’entourage d’HASSAN II ont été prouvées, sera l’un des seuls condamnés pour son implication dans l’enlèvement.

Mehdi Ben Barka… Entre barbouzes et affaire d’EtatIl faudra cependant attendre de nombreuses années avant que l’affaire rebondisse. Après DEROGY et J-F. KAHN, un nouveau journaliste, Joseph TUAL (ci-contre) a entrepris en effet d’enquêter pour enfin connaître la vérité sur cette ténébreuse affaire. Comme vous le verrez dans le film qui suit, il a pu rencontrer un dénommé Ali BOUREQUAT qui a été incarcéré au Maroc avec des truands comme BOUCHESECHE et une partie de ceux qui avaient enlevé le leader et opposant marocain. Il semble même que la tête d’un Mehdi BEN BARKA décapité ait été ramenée au Maroc et qu’elle ait été enterrée avec les corps de tous ces témoins dont il convenait de se débarrasser dans les jardins du PF3, une prison secrète des quartiers chics de Rabat devenu par endroits un véritable charnier où l’on n’arrive plus depuis après que des transformations ont été apportées à faire pousser le moindre oranger, les corps ensevelis l’ayant été sous de la chaux vive. Bien que personne ne songe plus aujourd’hui à trouver la moindre explication à des investigations régulièrement contrariées, l’enquête continue. Mais saura-t-on un jour la vérité ?

Source : Certitudes, 9 jan 2020

Tags : Maroc, France, Mehdi Ben Barka, barbouzes, services secrets, Mossad, Israël, Hassan II,

Paris et La Haye contre Ankara: dessins animés, islam et liberté d’expression

La guerre diplomatique a été portée devant les tribunaux, Erdogan dénonçant l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders pour avoir partagé une caricature du dirigeant turc avec une mèche allumée sur la tête, inspirée de l’une des caricatures danoises bien connues de Mahomet.

Par Imane Rachidi

Le conflit opposant les Pays-Bas et la France à la Turquie réactualisent encore une fois le fossé qui a toujours existé entre Ankara et l’Union européenne, avec le président turc Recep Tayyip Erdogan se présentant désormais comme le défenseur de l’islam, face à Paris et La Haye qui se lèvent en porte-paroles de la liberté d’expression.

La guerre diplomatique a été portée aux tribunaux, avec Erdogan dénonçant l’extrême-droitiste néerlandais Geert Wilders pour avoir partagé une caricature du dirigeant turc avec une mèche allumée sur la tête, inspirée de l’une des caricatures danoises bien connues de Mahomet.

Par ailleurs, le parquet turc a ouvert une enquête pénale contre le magazine satirique Charlie Hebdo pour avoir publié mercredi une caricature d’Erdogan dans sa chemise et son slip, tout en s’exclamant « Wow! Le prophète! » et soulève le tchador (une tenue islamiste) à une femme sans sous-vêtements.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a averti le dirigeant turc qu’il avait «franchi la ligne rouge» avec sa plainte contre Wilders et ses attaques contre le président français Emmanuel Macron: «J’ai un message très simple pour Erdogan: la liberté d’expression c’est notre atout le plus précieux et cela inclut la caricature des politiciens », a déclaré le libéral.

Une telle plainte pourrait difficilement aboutir aux Pays-Bas, qui ont aboli en janvier une loi autorisant la sanction des «insultes à un chef d’État étranger ami», encore utilisées l’année dernière contre un homme accusé d’avoir envoyé des courriels insultants contre Erdogan à l’ambassade de Turquie à La Haye, mais acquitté faute de preuves contre lui.

Organisations islamistes

Après la décapitation du professeur français Samuel Paty aux mains d’un islamiste radical, qui a attaqué le professeur pour avoir utilisé des dessins animés de Mahomet en classe, Macron a annoncé des mesures contre des personnes et des organisations qui avaient publiquement justifié l’attaque.

Le social-démocrate néerlandais Ahmed Marcouch, maire de la ville d’Arnhem, convient que l’idéologie salafiste, le courant ultra-conservateur de l’islam, est «un piège et un danger pour les jeunes en Europe».

« Cela remplit leurs esprits de fantasmes et d’ordures idéologiques, profitant du fait qu’ils essaient toujours d’en savoir plus sur la religion », ce qui conduit à des « meurtres horribles » comme la décapitation de Paty, explique Marcouch à Efe.

Des années avant que Macron ne le propose, Marcouch a déjà ouvert en tant que député au Parlement néerlandais le dossier des organisations salafistes interdites qui promeuvent le fanatisme dans les écoles coraniques et les mosquées financées par des pays tiers.

Il estime que des pays comme la Turquie sont « loin de la liberté d’expression et de la démocratie, ont des prisons pleines d’activistes et sont les premiers à humilier la dignité du prophète, non pas par des dessins animés, mais en finançant des organisations islamistes et des politiques contraires au respect » aux autres.

« Wilders et Erdogan pratiquent une politique populiste aux dépens de la société, y compris la société musulmane, qui craint justement que le radicalisme n’apparaisse dans leurs quartiers. Tous deux allument le fusible de la polarisation, et aucun des deux ne contribue à ouvrir un débat constructif », regrette Marcouch.

Tout le monde y gagne

Joost Lagendijk, expert néerlandais de la politique turque, estime que tout le monde « joue le même jeu » : Erdogan envoie un message aux Européens musulmans qu’il est le chef des sunnites  » ; Wilders se présente comme » un défenseur de la liberté d’expression attaqué par tous  » et Macron fait voir à ses électeurs qu’il « est le protecteur de la laïcité et des vraies valeurs républicaines, un impopulaire parmi les ennemis » de la France.

« Tout le monde espère gagner quelque chose. Bien sûr, il y a du racisme contre les musulmans en Europe, comme disent les Turcs. Il y a Wilders et Marine Le Pen. Et Macron a raison de lutter contre les financements étrangers et de former les imams en France. Mais cela n’est pas la raison de cette situation. Erdogan et Macron ont des problèmes internes et sont heureux d’avoir un ennemi à traiter publiquement », a expliqué Lagendijk à Efe.

« En plus de se considérer vraiment comme le leader des musulmans, c’est aussi un classique pour Erdogan de chercher des ennuis avec un autre pays quand les choses tournent mal chez lui », ajoute-t-il.

Erdogan se classe derrière Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul et possible rival à l’élection présidentielle de 2023, dans les sondages. Et pour Macron, la polémique lui permet d’occuper la une des médias français avec un enjeu loin de la gestion de la pandémie, résume-t-il.

Mais Marcouch estime que le combat doit prendre fin. « A Erdogan, je ne peux dire qu’une chose: la première obligation d’un musulman est de respecter la vie. C’est alarmant de parler de caricatures, au-dessus de la vie d’une personne décapitée. Si ce que vous voulez, c’est défendre la dignité du prophète, défend ses commandements: le respect de la vie et des autres », conclut-il.

Source : Heraldo.es, 29 oct 2020

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