Le Maroc payait 330 mille € par an pour espionner l’Algérie

Maroc, Algérie, Communcation & Institution, lobbying, veille médiatique,

Dans leurs Research Data Management (R&M), les services secrets marocains se sont appuyés, fondamentalement, sur deux institutions : Global Intelligence Partners (marocaine dirigée par Fouad Ali El Himma et Abdelmalek Alaoui) et l’Institut Thomas More, un think tank français de droite qui a, longtemps, présenté l’Algérie comme facteur de blocage contre l’intégration économique maghrébine.

Suite à l’explosion du « Printemps Arabe » et la naissance du Mouvement 20 Février, le Makhzen a sollicité l’aide de la boîte « Communcation & Institution », « premier cabinet de conseil indépendant spécialisé en lobbying et en affaires publiques », selon sa fiche de présentation affichée dans sa page web.

Parmi ses objectifs se trouve l’étroite surveillance de tout ce qui concerne l’Algérie et le Front Polisario. “Monitoring sur l’Algérie” est le nom de code donné par cette société de lobbying au travail visant à déformer l’image de l’Algérie et du Front Polisario et édulcorer celle du Maroc en France et ailleurs.

Dans une lettre envoyée le 23 février 2011 à Fayçal Laaraichi, président à l’époque de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision et de Sore ad 2M (Sté d’études et de réalisations audiovisuelles), Mourad El Rhoul, précise les détails du contrat qui lie le cabinet Communication & Institution au Makhzen. Voici le texte intégral de cette lettre:

1 – Les objectifs définis :

-auditer sur la durée l’image du pays concerné, véhiculée par les propos tenus online par les internautes

-mesurer les conséquences de ces derniers en matière d’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers

-identifier les éventuels risques d’image majeurs, pour anticiper les mesures correctives à mettre en place

-localiser (tant que faire se peut) les principaux émetteurs (tentatives de déstabilisation, etc.)

-synthétiser l’ensemble de ces informations dans un reporting hebdomadaire ou mensuel simple d’accès, synthétique et opérationnel

-proposer un système d’alertes en «temps réel» pour agir rapidement en cas de menaces

2 – La mise en œuvre :

-C&I propose d’externaliser la stricte recherche sur internet des commentaires sur les blogs et autres à une société spécialisée. Mais dans un souci de sécurité et de confidentialité, les analyses seraient faites par notre équipe de consultants.

-A partir des données brutes fournies par ce prestataire, l’équipe de C&I fournira au R&M les alertes et analyses appropriées selon vos désidératas.

-Compte tenu de la difficulté que nous avons rencontrée à trouver des prestataires qui acceptent ce travail de veille sur internet pour un « pays » dans le contexte actuel, et du refus de plusieurs prestataires sous prétexte de « flicage » ou autres arguments de ce type, nous pensons qu’il conviendra de limiter strictement les demandes faites au prestataire à la recherche et à l’alerte.

-Un contrat de confidentialité sera signé avec le prestataire.

3 – La prestation de veille :

-Afin de pouvoir assurer la meilleure efficacité à ce service, nous vous proposerons plusieurs outils qui vous permettront d’une part de bien évaluer l’importance des « chats » sur internet sur vos sujets, pour les relativiser mais aussi pour en tirer les conclusions utiles à votre mode de gouvernance.

Parmi ces outils :

-un suivi de mots clefs préalablement définis sous forme de tableau de bord synthétique quantitatif ;

-les « key facts » qualitatifs ;

-un système d’analyse à partir de graphiques ;

-des « verbatims » et des liens pointant vers les sources les plus représentatives des tendances suivies ;

-l’identification de signaux faibles.

Ces outils seront adaptés peu à peu à votre demande et à vos désidératas dans un souci de plus grande efficacité.

4 – Méthodologie :

L’étalonnage des « mots clefs » est essentiel dans ce type de travail : nom du pays, nom du chef de l’Etat, des principaux dossiers en cours, des membres du gouvernement etc….

Puis le « périmètre » sera défini ensemble et pourra évaluer dans le temps (pour commencer : les 30 sources les plus représentatives actuellement sur le net)

Tout cela sera « paramétré » avec les équations de recherche, les pages de résultats Google, Facebook, Twitter, blogs pour chaque équation portant sur vos demandes.

Les résultats obtenus sont ensuite analysés par nos consultants et, après mise en forme, envoyés au R&M.

Un système d’alerte immédiat est également mis en place en cas de besoin.

5 – Estimation budgétaire :

Nous prenons pour l’instant comme hypothèse que sont surveillés, uniquement, les « commentaires » en français (une langue) ; et que le nombre de sites à « monitorer » est raisonnable.

En cas de crise une réévaluation du budget par le prestataire est possible et serait fait après votre accord préalable

Le budget demandé par le prestataire serait de : 3 à 5 K€ pour la définition du « paramétrage » le premier mois uniquement.

Puis sur une base régulière mensuelle, 5 K€ pour la surveillance et 1 à 2 K€ pour l’alerte régulière.

Soit au total un budget hors taxes de 7 K€ mensuels pour le prestataire soit 84 K € annuels HT environ (budget à affiner en fonction de vos désidératas)

C&I intégrerait cette nouvelle prestation dans son système de monitoring hebdomadaire.

On parle ici, donc, de « COMMUNICATION & INSTITUTION » !!

Olivier Le Picard et Gaëtan De Royer sont des responsables de la société de conseil en lobbying « COMMUNICATION & INSTITUTION », sise au 105 Boulevard Haussmann 75008 Paris. Cette société sert, depuis plusieurs années, de couverture aux activités de la DGED « le bureau marocain de renseignement extérieur » en France, activités dirigées contre l’Algérie et le Polisario, sous forme de campagnes médiatiques hostiles.

Des documents récupérés dans une des boites mails, utilisées par Mourad El ghoul, Chef de cabinet du tortionnaire Yassine Mansouri, ont permis de confirmer, encore une fois, que les responsables de cette société travaillent depuis 2005 directement avec la DGED sous les clauses d’un contrat appelé « Programme de communication institutionnel en France pour le Royaume du Maroc ». (Mentionné dans le contrat ci-dessous)

“Monitoring sur l’Algérie” est le nom de code donné par la société de lobbying “Communication & Institution” au travail visant à déformer l’image de l’Algérie et du Front Polisario et édulcorer celle du Maroc en France et ailleurs.

Ils facturent aussi le « monitoring presse (alertes, commandes de vidéo et pages de textes), les « frais correspondant au sondage réalisé par TNS Sofres », la « revue de presse quotidienne » et la « mission assistance conseil », toute un assortiment de services pour lesquels ils touchent des sommes faramineuses.

Les deux lascars recevaient des directives de Mourad El Ghoul, ainsi que de Mohamed Bellahrach, Laarbi Boucharaa, Youness Idrissi et Salem Mrani.

A l’instar de tous les français qui faisaient du lobbying pour « sa majesté le Roi Mohammed VI », ils étaient récompensés aussi avec des «luxueux» tours dans les villes touristiques du Maroc où ils pouvaient, en toute liberté, s’adonner aux pratiques interdites à l’Hexagone (tourisme sexuel, pédophilie, adultère, etc).

Ils étaient aussi invités à participer aux festivités du trône, aux rendez-vous sportifs tels que les trophées de Golf Hassan II ainsi qu’aux festivals de cinéma de Marrakech où ils étaient dans les hôtels les plus huppés du royaume.

Budget 2010 : Programme de communication institutionnelle en France pour le Royaume du Maroc

Ce présent budget est établi sur la base des précédents budgets annuels et des missions définies par le Royaume du Maroc. Il comprend des honoraires pour les missions de conseil et d’accompagnement, ainsi que des frais liés au développement du programme en France (hors billets d’avion et logement au Maroc).

Mission « Maroc » : Assistance conseil :

-mise à disposition d’une équipe de consultants sous la direction de MM. Olivier Le Picard et Gaëtan de Royer ;

-contribution à l’élaboration de la stratégie de communication institutionnelle ; adaptation de la stratégie en fonction du contexte français (rédaction de notes / conseils) ;

-études thématiques ponctuelles (analyse de perception de sujets liés à l’actualité politique et économique du Royaume auprès des prescripteurs et relais d’opinion ; évolution de cette perception dans le temps) ;

-identification des circuits de propagation de l’information (rumeurs, polémiques,…) ;

-construction d’argumentaires ;

-entretien d’un réseau de contacts (leaders d’opinion, ONG, journalistes, universitaires et think tanks,…) alimentation de ce réseau en
informations (plan de contacts à l’occasion de déplacements à Paris de personnalités marocaines,…) ;

-communication de crise (polémiques intérieures ; événements exceptionnels…) ;
réunions de coordination à Paris et à Rabat.

-2. Monitoring « Maroc » :

-identification des sujets d’intérêt des médias concernant le Maroc ;
-analyse de la forme et de l’ampleur de la couverture médiatique liée à l’actualité marocaine (synthèses hebdomadaires et alertes quotidiennes) ;
-examen des éléments de perception / Royaume du Maroc ;
-suivi des rumeurs, pour alertes et suivi.

-3. Opérations exceptionnelles :

organisation d’opérations de communication dans le cadre du programme, selon les besoins du Royaume du Maroc et/ou en cas de crise (voyage de presse, édition,…) ;

TOTAL HONORAIRES ANNUELS « MAROC »

1.1. Honoraires / Assistance conseil……………………………………..90 000 €

1.2. Honoraires / Monitoring.…………………………..………………. 90 000 €

Total « Maroc »………………………………………………………………. 180.000 €

Budget provisionnel annexe, en fonction de l’actualité

(réserve opérationnelle) ………………………………………30.000 €

Les frais spécifiques (déplacements au Maroc, hébergement, etc.) ou relevant d’opérations exceptionnelles (sondage, location de salle pour rencontres avec la presse, travaux d’impression, frais de surveillance en cas de circonstances exceptionnelles…), sont refacturés sur justificatifs à l’euro près, après acceptation préalable de devis par le responsable du budget.

Mission de surveillance « Algérie » : Monitoring « Algérie »

-identification des sujets d’intérêt des médias concernant l’Algérie ;

-analyse de la forme et de l’ampleur de la couverture médiatique liée à l’actualité algérienne (synthèses hebdomadaires et alertes quotidiennes) ;

-examen des éléments de perception / République algérienne ;

-comparaison des données obtenues entre le Maroc et l’Algérie ;

-identification des circuits de propagation de l’information ;

-études thématiques ponctuelles ;

-suivi des rumeurs, pour alertes et suivi.

TOTAL HONORAIRES ANNUELS « SURVEILLANCE ALGERIE »

Total « surveillance Algérie »………………………………………120.000 €

RECAPITULATIF ANNUEL (Honoraires + Frais)
Honoraires « Maroc » : (assistance conseil et monitoring)…… 180 000 €

Honoraires « surveillance Algérie »………………………………120.000 €

Frais courants forfaitaires………….……………………………………30.000 €

Total réglé en quatre virements trimestriels de 85.000 € ……330.000 €

Ajoutant le Budget provisionnel annexe, en fonction de l’actualité

(Réserve opérationnelle) …………………………………………………30.000 €

#Maroc #Algérie #France #Communcation_Institution #C&I #Lobbying #Veille-médiatique

Argelia-Marruecos: ¿hacia una ruptura total de las relaciones diplomáticas?

Maroc, Algérie, MAK, Rachad, Kabylie, Omar Hilale, 


Por : Ryad Hamadi
Desde 1994, las relaciones entre Argelia y Marruecos nunca han estado tan cerca de romperse. La multiplicación de lo que Argelia califica de « actos hostiles » ya ha provocado la retirada de su embajador en Rabat el 18 de julio.
Un mes después, el 18 de agosto, el Consejo Superior de Seguridad (CS) anunció la « revisión de las relaciones » y el refuerzo de la vigilancia de seguridad en las fronteras con Marruecos.
Lo que ocurrió hace 27 años no es en absoluto comparable a los sucesivos actos que hemos presenciado en las últimas semanas. En el momento álgido de la violencia terrorista en Argelia, las autoridades marroquíes se apresuraron a intervenir tras un atentado en Marrakech e impusieron visados a los argelinos e incluso a los franceses de origen argelino.
Argelia reaccionó con firmeza y decidió, entre otras medidas, cerrar la frontera terrestre entre ambos países. La medida sigue en vigor a pesar de los constantes llamamientos de Marruecos para que se levante.
Las relaciones entre ambos países no han sido nunca buenas, pero lo que ocurre desde al menos mediados de julio va mucho más allá de la imposición de un visado de entrada a los nacionales de un país vecino.
El 14 de julio, Marruecos, a través de su representación en las Naciones Unidas, dio formalmente su apoyo a un movimiento que trabaja por la división de Argelia, en este caso el Movimiento por la Autodeterminación de la Cabilia (MAK), clasificado como « organización terrorista » por las autoridades argelinas dos meses antes.
Otras acciones confirmarán que no se trataba de un simple intento de contrarrestar el apoyo argelino al Frente Polisario. Después, la prensa mundial reveló la participación de Marruecos en una amplia operación de espionaje dirigida esencialmente a Argelia y a algunos de sus altos cargos políticos y militares.
Una provocación de más
Marruecos agravará de alguna manera su caso cuando el Primer Ministro israelí eligió su territorio para designar a Argelia como fuente de « preocupación » para su país y su nuevo aliado. La acusación de « acercamiento » a Irán es una amenaza casi explícita que no podía dejar a Argel sin una reacción firme.
Al aliarse con Israel, al que intenta arrastrar a una aventura « suicida » contra Argelia, según las palabras del Ministerio de Asuntos Exteriores argelino, Marruecos ha quemado sus puentes y ha dejado muy pocas posibilidades de que las relaciones entre ambos países recuperen al menos su nivel de hace unos meses.
El 18 de agosto, el Consejo de Alta Seguridad acusó a Marruecos de haber prestado « ayuda y apoyo » a dos organizaciones argelinas consideradas responsables de los últimos incendios que asolaron partes del país, y afirmó que todo ello « exige una revisión de las relaciones » con Marruecos.
Para los observadores, se está convirtiendo en algo casi seguro que las cosas no se detendrán ahí y no serán los melosos discursos del rey Mohamed VI los que cambien nada, ya que sus bonitas palabras se toman muy poco en serio porque se contradicen con las acciones de su diplomacia y sus servicios.
Argelia no sólo tiene como palanca la frontera cerrada. El sábado 21 de agosto, fuentes argelinas insinuaron que el contrato del gasoducto Magreb-Europa, que transporta el gas argelino a España a través de Marruecos, podría no renovarse cuando expire el 31 de octubre, contradiciendo las declaraciones de un funcionario marroquí.
El debilitamiento de la mediación árabe
En el plano diplomático, Argelia retiró a su embajador en Rabat al día siguiente de la marcha del embajador Omar Hilale, hace un mes. El siguiente paso debería ser, lógicamente, la reducción de la respectiva representación diplomática al nivel de encargados de negocios, pero los observadores no excluyen ver a Argel, dada la gravedad de los agravios contra Rabat, pasar directamente a la medida extrema de la ruptura total de relaciones con Marruecos.
Según nuestras fuentes, todas las opciones están ahora sobre la mesa, incluida la de la ruptura total de las relaciones diplomáticas entre ambos países. Las relaciones entre Argelia y Marruecos han llegado casi al punto de no retorno. En Argel, algunos incluso piensan que la era del rey Mohamed VI ha terminado.
Este inexorable deterioro de las relaciones entre los dos vecinos se ve acentuado por el contexto regional, marcado por el debilitamiento de la mediación árabe, que solía intervenir para mitigar los efectos de las declaraciones hostiles en las relaciones entre Argelia y Marruecos.
En la actualidad, Arabia Saudí y los Emiratos Árabes Unidos, las dos grandes potencias árabes, están dirigidas por príncipes que tienen una visión diferente de las relaciones interárabes, especialmente en el caso de este último, que se ha convertido en uno de los principales partidarios de la normalización entre los países árabes e Israel, a diferencia de Argelia, que ha manifestado su hostilidad a dicho proyecto. Y esta normalización ha precipitado al abismo las relaciones entre Argel y Rabat.
TSA-Algérie, 22/08/2021

Guerre des plumes entre le Maroc et l’Algérie (Le Monde diplomatique)

Par Ali Chibani

Quand la presse algérienne défend « la Gandhi du Sahara Occidental », les titres marocains décèlent un « piège algérien (1) ». La grève de la faim observée depuis le 15 novembre par la militante sahraouie Aminatou Haïdar à l’aéroport de Lanzarote, aux Canaries, après qu’elle a été refoulée par les autorités marocaines, a ravivé les querelles entre journalistes des deux pays. Une vieille guerre que chaque camp justifie.

Nourdine Jouhari, directeur de la rédaction de Maroc Hebdo International, estime que la défense du territoire, le maintien du Sahara Occidental sous l’autorité de la monarchie, fait l’unanimité dans son pays. Pour lui, seule l’autonomie du « Sahara marocain » est acceptable, car « il y va de la survie de la marocanité et de l’intégrité territoriale du pays ». Son hebdomadaire n’a de cesse d’évoquer un possible conflit armé avec le voisin algérien. Ces dernières années ont en effet été marquées par un renforcement de l’arsenal militaire algérien, et la presse marocaine suit de près ce dossier. C’est le cas de Maroc Hebdo International, qui énumère dans le détail les nouvelles acquisitions algériennes et conclut : « “Qui veut la paix prépare la guerre”, conseille le dicton. Alger, surtout, et, dans une moindre mesure, Rabat, ne dérogent pas à la règle (1) . »

« Notre position [pour l’indépendance des territoires sahraouis] est déterminée par notre histoire, rétorque Mohammed Touati journaliste au quotidien algérien L’Expression. Nous avons vécu cent trente ans d’un colonialisme brutal, nous ne pouvons donc pas accepter que d’autres peuples vivent la même expérience. » Merzak Tigrine, journaliste à Liberté, partage cet avis : « Nous condamnons l’occupation du territoire sahraoui comme nous condamnons la barbarie israélienne contre les Palestiniens. Nous sommes passés par là ! »

Tout porte à polémique. Le 18 septembre 2009, la presse marocaine rapporte que des « violations des droits de l’homme [dans les camps des réfugiés] à Tindouf ont été dénoncées vigoureusement à Genève par une délégation de Sahraouis unionistes ». L’Expression réplique par une diatribe sans concession contre la « délégation sahraouie fantoche (2) » dont les membres sont traités de « harkis ». Néanmoins, le journal algérien appelle les Marocains à se prononcer en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental. Et il leur rappelle leur engagement passé en faveur de l’indépendance de l’Algérie : « Le peuple marocain, dont la longue tradition de lutte contre la torture et le respect des droits de l’homme est devenue un symbole, trouve en la cause sahraouie le plus bel exemple de fraternité entre les peuples… »

Karim Boukhari, directeur de rédaction à l’hebdomadaire indépendant marocain TelQuel, se méfie des surenchères : « Nous nous efforçons de garder la tête froide au sujet du Sahara. On tente d’éviter des termes comme “séparatistes” – on parle plutôt d’“indépendantistes” – pour qualifier les membres du Front Polisario. On évite des expressions comme “la cause de tous les Marocains”, et tout ce qui ressemble de près ou de loin à la propagande, tant marocaine que non marocaine. Ce n’est pas toujours évident, puisque cela peut nous valoir des incompréhensions, même chez certains de nos lecteurs. »

Certains d’entre eux sont, en effet, habitués à une condamnation sans nuance de l’Algérie, censée être la seule à entraver le processus de paix au Sahara Occidental à cause des « appétits de la junte militaire […], qui avance sans ambages la solution du partage d’un territoire séculairement rattaché au Royaume (3). »

« L’Algérie crée tous les problèmes possibles pour éviter la fin du conflit avec le Sahara Occidental », affirme Nourdine Jouhari. A quoi les médias algériens ripostent que la monarchie n’offre aux Sahraouis que le statut de province autonome et refuse l’organisation d’un référendum sur leur indépendance. Mohammed Touati insiste : « Nous défendons, certes, la cause sahraouie, mais ce n’est pas pour autant que nous voulons être partie prenante du conflit. Nous souhaitons la tenue d’un référendum pour permettre aux Sahraouis de faire leur choix. Et s’ils optent pour leur rattachement à la monarchie marocaine, nous respecterons leur décision. »

Une chose est sûre : les journalistes algériens se sentent confortés par l’Organisation des Nations unies (ONU), qui considère le Sahara Occidental comme l’un des seize derniers « territoires non autonomes » entrant dans ses efforts de « décolonisation ». Le directeur d’Aujourd’hui le Maroc minimise ces résolutions et tranche : « La solution réaliste ne peut tourner qu’autour du projet d’autonomie proposé par le Maroc. Un point c’est tout (4). »

Aussi, Nourdine Jouhari peut expliquer : « La proposition d’organiser un référendum sur l’“autonomie des provinces sahariennes” a été acceptée par la communauté internationale. Mais Alger veut empêcher sa réalisation. »

Dans cette lutte au couteau, le journaliste tente souvent de ternir l’image du camp adverse. Côté algérien, la presse opère un parallèle entre les peuples sahraoui et palestinien, et utilise une même terminologie pour les deux conflits, parlant de « territoires occupés » et d’« Intifada » ; La Tribune dénonce les « forces d’occupation marocaines ».

El Moudjahid se fait la voix du Front Polisario en couvrant les voyages de M. Mohamed Abdelaziz, « président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) », et en reprenant les informations de l’agence de presse sahraouie SPS. Quant à Mohammed Touati, il égratigne ses confrères marocains : « Nous reprenons les articles pour rectifier le tir. Nous nous sentons agressés par tous ceux qui refusent l’indépendance des populations colonisées. »

Les journalistes marocains, eux, exploitent les mouvements sociaux chez leurs voisins, notamment ceux du « pays kabyle (5) », que Maroc Hebdo International décrit aussi comme une « Intifada ». Rappelant la naissance d’un mouvement autonomiste kabyle, l’hebdomadaire ironise sur le soutien aux Sahraouis et fait mine de s’interroger : « Et si le Maroc, sans autre forme de cynisme à l’algérienne, revendiquait devant les instances internationales le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même, quitte à se constituer en Etat souverain… (6) ? » « Cette extrapolation me fait rire ! Que je sache, en Algérie, il n’y a pas de peuple en danger », réplique Mohammed Touati. « Nous n’avons pas inventé de revendications pour le peuple algérien, se défend le rédacteur en chef de Maroc Hebdo International. Nous ne sommes pas pour le démembrement de l’Algérie. »

Des deux côtés, les journalistes s’alignent le plus souvent sur les positions des autorités politiques. Les accusations réciproques fusent. Ainsi, le quotidien arabophone algérien Al Khabar désigne les hôpitaux marocains comme destinataires d’un trafic d’organes d’enfants qui se fournit en Algérie. Maroc Hebdo International riposte en dénonçant les « nombreuses dérives de la presse algérienne (7) ».

Les journalistes sont-ils manipulés par le pouvoir ? « Je ne subis aucune pression et personne ne me force à écrire mes articles, se défend Mohammed Touati. Pour moi, c’est la presse marocaine qui n’est pas libre… ». Nourdine Jouhari soutient que le Palais n’exerce aucune pression sur sa profession. « Il n’y a pas non plus d’autocensure, mais de la responsabilité. Quand nous écrivons sur le Sahara marocain, nous avons en tête le conflit avec l’Algérie et avons conscience de la nécessité de défendre l’intégrité de notre territoire. » Karim Boukhari, lui, rappelle que TelQuel est allé enquêter sur les camps de Tindouf en Algérie et que « les conclusions de [ses] reporters allaient à l’encont re de la propagande marocaine ». Un reportage mal perçu par des internautes marocains, qui ont accusé l’hebdomadaire de « manque de professionnalisme ».

Cette guerre des plumes contribue à l’enracinement du conflit dans les consciences. Toute nuance devient suspecte. Quand le souverain marocain fait part de sa volonté d’ouvrir ses frontières, El Watan y voit un signe de « l’aggravation de la situation socioéconomique au Maroc (8) » et Le Soir d’Algérie une volonté d’envoyer en Algérie les Marocains pauvres.

Pour Jamal Berraoui, de La Gazette du Maroc, « le véritable conflit est entre le Maroc et l’Algérie. Le Sahara marocain sert de prétexte à deux nationalismes qui s’affrontent ! » Karim Boukhari ajoute : « Le conflit du Sahara est essentiellement une guerre de diplomatie officielle et parallèle, une guerre de “lobbies”, de propagande, etc. Je crois que toutes les parties l’acceptent et s’en accommodent. C’est même devenu un cache-misère et un bon moyen de désinformation. »

« La presse des deux pays devrait agir pour une solution humaine du problème, estime Jamal Berraoui, qui voit « la société sahraouie en pleine transformation alors que les journalistes ne suivent pas ». Et d’ajouter : « Les deux presses se sont dévalorisées parce qu’elles ne font pas leur travail d’information. Elles relaient seulement la position officielle », avant de conclure : « S’il n’y a pas de dialogue entre Alger et Rabat, ce problème durera encore trente ans. »

Notes

(1) Maroc Hebdo International, Casablanca, 9 au 15 décembre 2009.

(1) Maroc Hebdo International, 25 septembre au 1er octobre 2009.

(2) L’Expression, Alger, 20 septembre 2008.

(3) La Gazette du Maroc, Casablanca, 4 mars 2002.

(4) Aujourd’hui le Maroc, Casablanca, 1er septembre 2008.

(5) Maroc Hebdo International, 30 octobre au 5 novembre 2009.

(6) Maroc Hebdo International, 23 au 29 mai 2008.

(7) Maroc Hebdo International, 23 au 29 mai 2008.

(8) El Watan, Alger, 22 mars 2008.

Source : Le monde diplomatique, 30 déc 2009

Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Algérie,

Sous le sceau de l’«Algérie nouvelle»

Le référendum sur la révision de la Constitution s’est tenu dans des conditions particulières. Outre la crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus, le président de la République a été le grand absent de ce rendez-vous. Initiateur de la révision de la Constitution, qui devrait être «le socle de l’édification de l’Algérie nouvelle», Abdelmadjid Tebboune a voté par procuration.

La veille, le président de la République a affirmé, dans un message lu par Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationales, que « le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l’histoire pour opérer le changement escompté à travers le référendum sur l’amendement constitutionnel ».

Ce référendum serait le point de départ de l’«Algérie nouvelle». C’est d’ailleurs ce qui a été souligné du côté de l’Exécutif et du Parlement. Le Premier ministre Abdelaziz Djerrad a en effet affirmé hier : « Ce jour est un jour pour l’avenir de l’Algérie nouvelle que nous souhaitons tous pour nos enfants et petits-enfants.

La voix aujourd’hui est au peuple et au citoyen, et chacun est libre de choisir le chemin qu’il souhaite pour son pays.» Il a ajouté que ce jour, qui coïncide avec la date du déclenchement de la guerre de libération nationale, «représente, pour le peuple algérien, l’Histoire glorieuse, celle des martyrs et des moudjahidine, qui a permis à nos ancêtres de libérer le pays ».

Pour le président du Conseil de la nation, ce référendum constitutionnel est « un rendezvous fondateur de l’Algérie nouvelle ». Salah Goudjil estime que « l’Algérie mène aujourd’hui une bataille » et que «Novembre est de retour en vue d’édifier une nouvelle République». Selon lui, le projet d’amendement constitutionnel est d’une grande importance, le qualifiant «d’important dans l’histoire de l’Algérie».

De son côté, le président de l’Assemblée populaire nationale, Slimane Chenine, a affirmé que «le référendum sur l’amendement constitutionnel permet au peuple de choisir et de décider de l’acte fondateur pour la gestion de ses affaires», rappelant que «redonner la parole au peuple est l’une des revendications du Hirak populaire béni».

Même son de cloche du côté du Conseil constitutionnel. Son président, Kamel Fenniche, a affirmé que «le référendum sur l’amendement constitutionnel constituait un départ pour l’édification d’une nouvelle République enracinée dans les valeurs du 1er-Novembre».

« Cette nouvelle République, qui sera basée sur la démocratie, les droits fondamentaux et les libertés, consacrera l’Etat de droit», a-t-il ajouté. Il a par ailleurs affirmé que son instance «suit, instant par instant, l’opération électorale», d’autant que le Conseil constitutionnel est l’instance qui veille à la régularité des élections nationales et des référendums.

Lilia Aït Akli

Le Jeune Indépendant, 2 nov 2020

Tags : Algérie, Constitution, Référendum, vote, algérie nouvelle, Abdelmajid Tebboune,

Algérie : Un choix fondateur

Les Algériens ont voté hier dimanche pour le projet d’amendement qui leur a été soumis. Un vote qui a cette particularité de se dérouler un 1er novembre, une date marquante dans l’histoire du pays, puisqu’elle fut le début d’un long processus révolutionnaire qui allait être couronné sept ans et demi plus tard par l’indépendance de l’Algérie arrachée par les armes face à un colonisateur barbare qui a pillé les richesses du pays, tué des millions d’Algériens et instauré la torture comme un mode de gouvernance d’Etat.

Hier, c’était un autre rendez- vous avec l’histoire pour bâtir une nouvelle Algérie, juste, tolérante et démocratique. Un vote qui n’est que le premier pas vers un autre processus historique qui doit mener l’Algérie et les Algériens vers un nouveau mode de gestion à tous les niveaux : politique, économique et social.

Les Algériens qui se sont déplacés aux bureaux de vote et qui ont exprimé leur voix n’ont fait qu’exercer leur droit électoral et surtout exprimer leur volonté de continuer le changement qu’ils ont entrepris depuis le 22 février 2019. Un changement qui ne pouvait rester sans concrétisation au risque de se voir tomber dans toutes sortes de manipulations et d’errement et d’errance politiques aux lendemains incertains et surtout dangereux pour la stabilité du pays.

Il faut dire que les défis qui attendent le pays sont immenses et multiples. L’Algérie doit reprendre sa marche en avant en ces temps de crises multiples et graves que ce soit sur le plan économique ou sanitaire. Et même si cette nouvelle constitution n’est pas une fin en soi, elle est déjà le début de quelque chose de nouveau, d’une ère fondatrice d’un tout autre modèle politique qui signe la rupture totale avec le culte de la personnalité et la présidence à vie. Désormais, l’alternance au pouvoir sera au centre du changement tant réclamé par le peuple. Et ce sera au peuple de trancher dans toutes les grandes décisions qui concernent l’avenir du pays.

Ce référendum populaire est déjà un premier pas dans ce sens. Un sens qui remet le peuple au centre du jeu politique et qui en fait le seul décideur dans cette nouvelle Algérie qui se dessine et qui voudrait prendre cette fois le bon départ, celui où toutes les forces vives du pays convergent vers le même objectif, servir et se sacrifier pour que vive et prospère l’Algérie.
Par Abdelmadjid Blidi

Ouest Tribune, 2 nov 2020

Tags : Algérie, constitution, référendum,

Algérie : Les enjeux d’un scrutin

Moment de vérité, aujourd’hui dimanche, pour le projet de révision constitutionnelle, le chantier phare du chef de l’État pour en avoir fait un de ses engagements majeurs, il y a presque une année, à l’occasion de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier.

M. Kebci – Alger (Le Soir) – Sauf que ce rendez-vous référendaire que ses partisans ont présenté, lors de la campagne référendaire comme étant l’aboutissement et la consécration des revendications du mouvement populaire du 22 février 2019, cet événement intervient dans un contexte bien particulier avec la conjugaison de facteurs qui risquent fort bien de l’entacher. À commencer par la situation sanitaire du pays induite par la pandémie du coronavirus.

Alors qu’il y a quelques semaines, l’on pensait au début de la fin de cette crise, avec, notamment des mesures de déconfinement initiées par le gouvernement, voilà que les contaminations à ce terrible virus reprennent depuis quelques jours leur ascension, avec des situations que l’on dit graves dans bien de wilayas du pays. D’où l’interrogation légitime quant au respect du protocole sanitaire retenu à l’occasion de ce référendum, protocole sanitaire qui, pour rappel, a été foulé aux pieds lors de la campagne référendaire y afférente ayant pris fin mercredi dernier à minuit. Il y a, ensuite, l’invitée de la toute dernière minute, la maladie du chef de l’État, contraint à une évacuation, mercredi dernier au soir, en Allemagne pour des examens approfondis.

Ce qui contraindrait, donc, Abdelmadjid Tebboune à manquer vraisemblablement ce rendez-vous auquel il tenait tant quand on sait qu’il le considérait comme étant la pierre angulaire de son vaste chantier d’une Algérie nouvelle. Il y a, enfin, le tout dernier paramètre, le processus de réforme constitutionnelle en lui-même qui n’agrée pas grand monde de par aussi bien son contenu que sa forme. Il faut se rappeler que dès son lancement à la mi-janvier dernier, le projet a subi la désapprobation de nombre d’acteurs politiques et associatifs.

D’abord dans sa forme puisque le comité d’experts chargé par le chef de l’État de rédiger ce projet d’amendement constitutionnel n’a pas été du goût de certaines voix, notamment du camp islamiste qui «accuse» l’équipe pilotée par Dr Ahmed Laraba de «laïque» avant d’émettre des réserves à certaines dispositions retenues dans la mouture finale. D’où, d’ailleurs, leur appel à voter contre ce projet. Ceci au moment où des partis du camp démocratique, notamment, et des acteurs de la révolution du sourire désapprouvent le projet dans sa nature même, eux qui estiment que «seul un processus constituant» est à même de consacrer véritablement les revendications portées par le mouvement populaire du 22 février 2019. Ce qui justifie leur rejet de cette consultation référendaire de ce dimanche qu’ils appuient, aussi, par une réalité autre que celle promise par les promoteurs de ce projet qu’ils présentent comme la panacée à tous les problèmes soulevés. Avec une répression qui touche des acteurs du mouvement populaire et une réduction des espaces d’expression. Autant de données qui confèrent, donc, au référendum d’aujourd’hui, un enjeu de taille, celui du taux de participation avec, encore une fois, la hantise d’un taux d’abstention important. Il faut préciser que les opérations de vote qui concernent 24 475 310 électeurs, ont été entamées, jeudi dernier, pour les bureaux itinérants, pour concerner, depuis hier samedi, notre large diaspora établie à l’étranger.

Le Soir d’Algérie, 1 nov 2020

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Ce sur quoi voteront les Algériens aujourd’hui

PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE : Ce sur quoi voteront les Algériens aujourd’hui

Un texte taillé sur mesure pour assurer la pérennité du système pour certains, notamment pour les partis de l’opposition démocratique, un document qui nage à contre-courant des valeurs de la société algérienne pour les partis islamistes, un document pas trop parfait mais acceptable pour Sofiane Djilali, et enfin un texte au sommet de la perfection pour ceux impliqués dans la campagne électorale pour le référendum d’aujourd’hui, à l’instar de certaine société civile, partis politiques de l’ancienne alliance présidentielle, RND, FLN, et le TAJ de Amar Ghoul, en plus d’autres partis microscopiques.

Mais qu’en est-t-il réellement des amendements apportés à la Constitution de 2016, élaborée sous l’ancien régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika ? Car il faut préciser qu’il s’agit-là d’un texte amendé et non pas d’une nouvelle Constitution.

1 – Fin de la surenchère sur l’identité nationale

Bien avant même la Guerre de libération nationale du 1er novembre 1954, primée par l’indépendance du pays après un long sacrifice, la question identitaire de l’Algérie a toujours buté sur les différentes idéologies qui caractérisaient alors le mouvement national, et ce depuis le l’Etoile Nord-Africaine. Cette crise a connu son point culminant en 1949 sous ce qui est appelé la « crise berbériste ». Des militants de première heure du mouvement national ont été tout simplement condamnés à mort et exécutés pour avoir revendiqué une Algérie plurielle, vivant en harmonie dans la diversité. Une approche qui n’a pas été du goût des partisans de l’idéologie arabo-musulmane.

Cette séquence de l’histoire du mouvement national constitue le premier acte « officiel » de violence contre l’identité nationale.

Et depuis, un combat pacifique est mené par notamment la région de Kabylie pour recouvrer l’identité nationale et la réconcilier avec son histoire. Un long combat empreint de lourds sacrifices et de larmes a abouti à la consécration de tamazight en tant que langue nationale, puis officielle dans la Constitution de 2016.

Curieusement et en dépit de son caractère officiel, l’article 112 de cette Constitution n’intègre pas cette langue et identité parmi les 06 points « immuables » aux côtés notamment de la langue arabe. Autrement dit, malgré son officialisation en 2016 tamazight n’était pas protégée par la Constitution. Et c’est tout le mérite de cette nouvelle Constitution qui stipule clairement que la langue et l’identité amazighes sont « immuables ». Le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a lavé l’affront, et a rendu justice à cette identité millénaire.

Les constantes nationales, l’islamité, l’arabité et l’amazighité ont été ainsi évacuées définitivement des débats sur la Constitution sur décision du président Tebboune pour éviter le marchandage et la surenchère sur des questions « socle » des fondements de la Nation.

2 – Mandats présidentiels et parlementaires limités

L’une des caractéristiques de cette Loi fondamentale amendée est sans conteste, la limitation des mandats. Si la restriction sur les mandats pour les Présidents de la République n’est pas propre à l’Algérie, celle des Parlementaires constitue une première à travers le monde. Ainsi, dans la nouvelle première Loi du pays, les élus à la Présidence ou à l’Assemblée populaire n’auront pas droit à plus de deux mandats, séparés ou consécutifs.

Cette approche garantira l’alternance au pouvoir et donner la chance à de nouvelles compétences d’émerger et de s’épanouir notamment pour les jeunes, contrairement à ce qui était en vigueur depuis l’indépendance où le peuple a eu droit aux mêmes têtes puisées du même cercle.

3 – L’immunité parlementaire pendant les horaires de travail

Dans la Constitution actuelle, le député bénéficie d’une sorte du droit de véto qui fait de lui un super-citoyen protégé pas son immunité parlementaire. Même quand la Justice réclame sa tête pour enquête, ce dernier peut refuser de renoncer à son immunité, comme il peut s’appuyer sur le soutien de ses collègues députés qui peuvent voter contre la levée de sa « protection ».

À la lumière de cette nouvelle Constitution, le député n’est protégé que durant les horaires de service à l’intérieur de l’Assemblée en tant qu’élu du peuple. En dehors de celles-ci, il perd de facto son immunité et devint un simple citoyen comme le reste des Algériens.

4 – Lutte contre la corruption et moralisation de la vie publique

S’il y a une autorité qui devrait jouer un rôle primordial pour assurer la bonne gouvernance c’est incontestablement la Cour des comptes. Cette dernière a toujours existé dans notre pays, mais sans aucune réelle marge de manœuvre. Mise au placard depuis longtemps sous les gouvernements précédents, cette institution est relancée dans la nouvelle Constitution. Institution indépendante de contrôle supérieur du patrimoine et des fonds publics, sa mission est d’assurer le contrôle des finances de l’État, des collectivités territoriales, des services publics ainsi que des capitaux marchands de l’État. Elle contribue ainsi au développement de la bonne gouvernance, le renforcement de la transparence dans la gestion des finances publiques et à la reddition des comptes. Chaque année, cette Institution doit remettre son rapport annuel au président de la République, qui le publie à son tour. C’est la lutte contre la corruption, un fléau qui a gangréné la société algérienne au point de s’ériger en constante nationale.
Les mégas-procès ou sont impliqués de hauts responsables sont la parfaite illustration de l’étendue de ce phénomène. Des procès où pleuvaient des sommes pharamineuses de l’argent détourné.

5 – L’ANIE où l’œil bienveillant pour la probité des élections

Héritière de la défunte Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), L’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) qui avait organisé, rappelle-t-on, tout le processus électoral de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, a été constitutionalisée à la faveur de l’amendement actuel.

Cette autorité composée d’enseignants universitaires, de magistrats, de compétences nationales, de représentants de la société civile, et de ceux de la communauté nationale à l’étranger est un rempart à toute tentative de fraude électorale. Elle est mandatée pour préparer, organiser, gérer et superviser les élections présidentielles, législatives, et locales ainsi que les référendums. Autrement dit, les opérations d’inscription sur les listes électorales, la révision des fichiers électoraux, la préparation des opérations électorales du vote, du dépouillement ainsi que la gestion des contentieux électoraux sont du seul ressort de cette Instance indépendante, et ce depuis la convocation du corps électoral jusqu’à l’annonce des résultats provisoires.

6 – L’apport de la société civile dans l’effort des autorités

La société civile a un rôle axial dans la prise en charge des problèmes quotidiens du citoyen et le mouvement associatif « est le cœur battant » de la société, d’où la désignation d’un Conseiller spécial. La nouvelle Constitution œuvre à édifier un État fort qui consacre la justice et préserve les droits des faibles. Un État social garantissant l’égalité des chances, combattant la pauvreté et veillant à « la répartition équitable du revenu national ». L’État doit s’appuyer sur le rôle de la société civile. Cette dernière a surtout prouvé son efficacité lors des périodes de confinement où elle a réussi à encadrer la solidarité pour venir en aide aux démunis et personnes affectées par les retombées des restrictions sanitaires.

7 – Une simple déclaration … une association

L’autre point fort de cette nouvelle Constitution est le caractère déclaratif pour la création d’une association ou d’un parti politique. Pour mettre fin aux entraves bureaucratiques et administratives dans la délivrance des agréments pour la création des associations, la nouvelle loi ne demande plus qu’une simple déclaration et le tour est joué. Par le passé, dans une autre vie du système, c’etait le parcours du combattant pour avoir le « fameux » sésame ouvrant les portes à la création d’une association. C’est qu’à cette époque-là les autorisations et autres agréments étaient délivrés sous certains critères notamment l’allégeance. Les « rebelles » n’avaient pas le droit de cité. C’est ainsi !

8 – Les forces de l’ANP hors de nos frontières

Fait nouveau dans les mœurs et pratiques du pays dans sa politique étrangère. Quoique la devise diplomatique reste de mise : pas d’ingérence dans les affaires internes de pays tiers. Depuis l’indépendance, l’Algérie s’est toujours gardée de s’ingérer dans les affaires des pays étrangers et l’ANP n’intervient jamais à l’extérieur quels que soient les bouleversements qui se produisent près de chez nous où ailleurs. L’héritière de l’ALN se contente de sécuriser nos frontières.

À la lumière de la nouvelle Loi fondamentale du pays, les troupes de l’ANP peuvent être envoyée hors des frontières du pays pour une mission de maintien de la paix. Cette disposition à beaucoup prêté à confusion, ce qui a nécessité l’intervention de plusieurs spécialistes pour éclaircir la démarche. À vrai dire, l’Armée nationale populaire intervient une fois le conflit armé terminé. Autrement dit, dans des Missions de maintien de la paix (MMP) après signature d’un accord de cessez-le feu entre les belligérants. Cette entrée en action de nos soldats permettra également de mieux sécuriser nos frontières, et de s’affirmer sur le plan régional et international, selon des spécialistes et acteurs politiques. En fait, l’Algérie a participé à ce genre de missions et même à plusieurs reprises par le passé. Le chef de l’État, qui veut jouer la transparence envers son peuple, lui a donné un caractère officiel et ne veut rien cacher à ses concitoyens. Il a constitutionnalisé la démarche contrairement à ses prédécesseurs. Quant au reste, c’est au seul peuple souverain que revient le dernier mot sur le projet de Constitution.
Brahim Oubellil

Le Courrier d’Algérie, 1 nov 2020

Tags : Algérie, Constitution, référendum Abdelmajid Tebboune,



Algérie : Le vote pour le changement

Le moment de vérité est venu pour contribuer à la consolidation des fondements de la nouvelle Algérie, sûre et prospère, imprégnée des valeurs novembriennes et au service des droits citoyens. Sur arrêté de l’Autorité nationale indépendante et sur demande préalable des délégués de wilaya, la caravane a pris le départ de Tindouf et Illizi pour permettre aux populations des zones éloignées et éparses d’accomplir leur devoir électoral dans des conditions de régularité et de sécurité sanitaire, favorisées par le déploiement des représentants de l’Anie et la présences des équipes médicales.

Dans les représentations diplomatiques et consulaires, le scrutin peut également être avancé de 120 heures, en collaboration avec leurs représentants pour assurer un bon déroulement de la consultation référendaire. Le coup d’envoi est donné pour faire du rendez-vous historique du 1er novembre 2020 «une date témoin» de l’expression libre et souveraine de la volonté populaire, manifestement déniée par les relais de la bande qui tentent par tous les moyens de stopper la nouvelle Algérie du dialogue inclusif, marquant toutes les étapes du projet constitutionnel, de tolérance et de fraternité.

Par-delà la dimension symbolique, le scrutin de tous les enjeux traduit un attachement aux valeurs de liberté, de justice et d’unité qui constituent le socle de la glorieuse Révolution que le peuple algérien se prépare à célébrer le jour même où il est appelé à se prononcer sur son destin. Fort de son engagement indéniable pour le changement et de sa capacité de surmonter les épreuves les plus difficiles, traduites par le sens du civisme et du sursaut patriotique qui a caractérisé le hirak populaire, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la riposte citoyenne sera à la hauteur des nouveaux défis pour barrer la route aux aventuriers de tous bords, aux partisans d’une transition des plus incertaines et aux adeptes de la fitna dont les conséquences tragiques sont douloureusement vécues dans la région et le monde arabe, happés par la déferlante chaotique.

Il s’agit, par bulletins de vote interposés, d’immuniser l’Algérie de la grandeur, de la justice sociale et de la stabilité. La voie plébiscitaire, attendue à la faveur d’une mobilisation massive de la classe politique, des personnalités nationales, des organisations patronales et syndicales et de la société civile, pose les jalons du renouveau démocratique qui place le choix populaire au cœur de l’édifice institutionnel.

L’Algérie nouvelle sera indéniablement l’Algérie des institutions nationales légitimes, de la classe politique à «représentativité réelle», de la jeunesse et de la société civile érigée en partenaire majeur dans la gouvernance politique et économique.

Horizons, 30 oct 2020

Tags : Algérie, Constitution, référendum,

L’Algérie dénonce le deal derrière la libération des ôtages au Mali

200 terroristes libérés au Mali contre rançons
L’Algérie dénonce

Le ministère de la Défense nationale a rendu public hier un communiqué assez détaillé d’ailleurs dans lequel on apprend qu’un dangereux terroriste, « Mustapha Derrar » a été arrêté avant-hier à Tlemcen par les services de sécurité. Il se trouve que ce terroriste n’est pas n’importe qui puisqu’il s’agit de quelqu’un qui a été libéré au mois d’octobre au Mali dans le cadre d’une opération donnant/ donnant entre les autorités maliennes et le GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans).

Selon le communiqué du ministère de la Défense l’arrestation du terroriste algérien est « menée suite à une surveillance permanente dudit criminel, depuis son entrée sur le sol national jusqu’à la collecte des renseignements relatifs à ses mouvements suspects ».

Le terroriste Derrar, révèle encore le communiqué du MDN avait rallié les groupes armés en 2012, soit une présence dans les maquis de huit ans ; avant d’être libéré au début du mois d’octobre, « suite aux négociations menées par des partis étrangers ayant abouti à conclure un accord via lequel plus de 200 terroristes, précédemment arrêtés pour des faits de violence ont été libérés. »

En fait, le communiqué du MDN, tout en informant sur la mise hors d’état de nuire de ce dangereux terroriste et faisant valoir aussi la vigilance de nos services de sécurité, veut surtout dénoncer le troc honteux intervenu entre les autorités maliennes (derrière lesquelles se profile l’ombre des autorités françaises) et les groupes terroristes. On apprend en effet, à travers le communiqué qu’une « rançon conséquente a été versée aux groupes terroristes contre la libération de trois otages européens dont l’humanitaire française Sophie Petronin et l’ex candidat à la présidentielle malien Soum lia Cissé.

Visiblement heurté par ce marchandage, le MDN n’y est pas allé de main morte pour qualifier ces pratiques (remises de rançons) de juste « inadmissibles » et « contraires aux résolutions de l’ONU incriminant le versement des rançons aux groupes terroristes. Ce qui est de nature rappelle, à juste titre le MDN à entraver « mes efforts de lutte contre le terrorisme et le tarissement de ses sources financières ».

La doctrine officielle de l’Algérie, défendue dans les forums internationaux, c’est la non remise des rançons aux terroristes pour tarir leurs ressources qui leur permettent d’acheter des armes et perpétrer des actes de violence. Officiellement, les pays européens sont sur la même longueur d’onde que l’Algérie, partageant avec elle la nécessité de combattre le terrorisme, mais dans les coulisses vont-ils à contre sens de leurs engagements en acceptant de payer des rançons pour obtenir la libération de leurs citoyens, otages des terroristes ? Et c’est précisément le cas pour l’humanitaire française Sophie Petronin, détenue depuis 7 ans par les groupes armés de Iyad Ag Ghali et pour laquelle la France a dû payer pour obtenir sa libération comme l’ont laissé entendre à demi-mot la plupart des médias français.

H.Khellifi

L’Est Républicain, 29 oct 2020

Tags : Algérie, Mali, ôtages, rançons, Sahel, terrorisme,

Algérie : Maya, la fausse Mazarine de Boutef

Une femme, se prévalant être la fille cachée de Bouteflika, se voit ouvrir toutes les portes de la république…Ministres, walis, hauts fonctionnaires de l’Etat : tout ce « beau linge » se mettait en quatre pour faire plaisir et exaucer les moindres vœux et desiderata de cette Mazarine, version algérienne, de Boutef.

Acrobate de haute voltige, Maya se fit passer pour la fille naturelle de Boutef. Cette filiation fabriquée lui permit d’amasser une fortune en tant qu’affairiste et surtout en tant qu’entremetteuse. Sa villa, numéro 143, fut l’endroit le plus couru d’Alger.

Dès potron-minet, hauts fonctionnaires, hommes d’affaires cherchant l’extrême-onction pour avoir le beurre et l’argent du beurre, oligarques de renom cherchant toujours plus d’avantages.

Et patatras : Surnommée la princesse de Moretti, cette belle mystificatrice bénéficia d’une garde policière, digne d’un chef d’Etat offerte par son ami, le DGSN, El Hamel.

Au moment de son arrestation, on trouva dans les murs de sa villa 12 milliards de centimes, 270 000 euros, 30 000 dollars, 17 kilos d’or et une panoplie de passeports .Décidément, on aura tout vu sous Boutef. Mais il manquait cette histoire gangstero- glamour pour orner davantage la curée.
Maya la Mazarine de Bouteflika ! a titré un célèbre hebdomadaire français. Oh que non ! L’allusion ou la comparaison ne tiennent pas la route.

Mazarine Pingeot, fille cachée du président Mitterrand, ne versa jamais dans la forfaiture et encore moins dans le fait-divers. Professeur d’université, écrivaine, essayiste et conférencière de niveau mondial, Mazarine multiplia plus le savoir que la magouille. Donc rendons à Juliette…

Maya, la fausse Mazarine de Boutef, est d’un autre acabit. D’une autre trempe. Grandie dans un terreau du tout sauf…légal, elle déplaça, pendant un certain temps, El Mouradia à Moretti dans sa villa où elle exerça, in situ, presque le rôle du chef de l’Etat.

Quelle splendeur que les 20 ans de règne de Bouteflika ! Prévarications, prébendes, pots de vins, bakchich, fuite de capitaux…Quelle folle et collective danse du ventre pour l’oseille sous label sérail. Et qui rajoute au simulacre de l’exercice du pouvoir sous Fakhamatouhou.

Elle avait fière allure la république sous Boutef…avec ces « mignons » et ces « mignonnes » à qui on ne refuse rien ! Et qui pillèrent l’Algérie dans un règne de farces et attrapes.

La Nation, 11 oct 2020

Tags : Bouteflika, Mazarine, Mme Maya, corruption, malversation, détournement, bakchich, prévarication, prébendes, El Mouradia,