M.Mohamed Abdelaziz président de la République sahraouie : «La répression marocaine ne nous fait pas peur»

Le Parlement sahraoui a fêté son trente-cinquième anniversaire dans
le camp des réfugiés à Ouserd, en présence des délégations parlementaires
algérienne, cubaine, nigériane et mexicaine. La délégation nationale a été
représentée par 25 parlementaires issus des deux Chambres.

M. Mohamed Abdelaziz, le
président de la République sahraouie, saluant d’emblée la position algérienne,
résume à lui seul la détermination du peuple sahraoui à arracher son
indépendance. En tenue de combat, le charismatique chef d’Etat sahraoui a usé
d’un ton ferme et guerrier. A cette occasion, il a affirmé que ni chars et la
répression marocaine ni les geôles érigées pour embastiller une population
innocente ne peuvent fléchir la volonté et le courage des Sahraouis à se battre
pour se soustraire du harnais colonial. Le peuple sahraoui qui a opté pour la
lutte pacifique en 1991, n’a, en réalité, jamais laissé tomber le combat. La
révolution est en marche.
Avec des paroles qui ont enflammé la salle, il a
fait savoir que la marche organisée par le gouvernement marocain qui veut s’en
laver les mains est un échec total. La communauté internationale qui a dénoncé
l’attaque meurtrière contre le camp de la liberté, a-t-il précisé, a compris que
les autorités marocaines tentent de faire diversion par toutes sortes de
subterfuges. «Nous dénonçons les manœuvres marocaines et sommes solidaires avec
l’Algérie et les partis politiques espagnols qui ont condamné l’attaque du camp
de la liberté», a-t-il lancé à l’assistance. Et de poursuivre : «nous disons au
gouvernement marocain que la République arabe sahraouie démocratique est un
choix du peuple sahraoui  et que le combat, sous toutes ses formes, se
poursuivra jusqu’à l’indépendance des territoires occupés. Ce qui s’est passé à
Gdim Izik renforce notre conviction et dévoile les intentions du Maroc», a-t-il
souligné. «Le Maroc doit savoir, a-t-il dit, que ses prisons et ses forces
répressives ne nous font pas peur et ne nous ferons pas quitter notre pays».

Le chef de l’Etat sahraoui a indiqué qu’à la vie décente d’exil, les
Sahraouis ont opté pour croupir dans les prisons marocaines, rappelant que l’ère
du colonialisme est révolue. «Nous resterons à Al Ayoun, Dakhla et Smara
dussions-nous subir la répression marocaine», a-t-il insisté, ajoutant que le
chauvinisme aveugle marocain ne mènera nulle part et ne «nous fait pas peur».
Une réponse claire et nette aux tentatives marocaines visant à vider les
territoires occupés de ses habitants auxquels elles proposent des postes de
travail au Maroc. L’attaque de Gdim Izik qui a soulevé une vague d’indignation à
travers le monde n’a pas surpris pour autant le premier magistrat de la
République sahraouie.
Ce dernier a estimé que l’armée d’occupation marocaine
a toujours eu recours à la répression à chaque fois que les Sahraouis se
soulèvent pour demander leurs droits. C’est ce qui s’est passé, a-t-il soutenu,
le 8 novembre dernier. Ces tragiques évènements ont montré que nous sommes sur
la bonne voie et nous a donné plus de confiance.
«Nous sommes plus forts que
la répression marocaine», a-t-il lancé à la foule. En outre, il a rappelé la
situation déplorable dans laquelle se trouve la ville d’Al Ayoun sous blocus et
interdite d’accès aux observateurs internationaux et à la presse. Mais, a-t-il
précisé, les Sahraouis qui y habitent sont courageux et animés de détermination,
notamment après l’attaque meurtrière du camp de la liberté, la veille de la
reprise des négociations informelles engagées par les deux parties, sous l’égide
des Nation unies. «Cette attaque qui a fait des dizaines de morts, des milliers
de blessés et de disparus nous réconforte et ne nous décourage pas, et ce,
malgré l’adversité. Nous  sommes vainqueurs, après la vague de solidarité avec
les Sahraouis et de l’indignation», a-t-il dit. Et au président de conclure :
«le jour viendra où tout le monde saura que le chauvinisme aveugle marocain
était un scandale, l’histoire en témoignera».LE PARLEMENT SAHRAOUI A 35
ANS
M. Abdelaziz
a mis l’accent sur le travail accompli par le parlement sahraoui qui a fêté son
trente-cinquième anniversaire. Pour lui, le parlement est l’institution qui a
structuré la République, après la déclaration de l’union nationale. Dans leurs
interventions, les parlementaires ont unanimement dénoncé la politique
expansionniste marocaine et salué la décision du parlement européen qui a
demandé au Conseil de sécurité de dépêcher une commission d’enquête pour faire
toute la lumière ce qui s’est passé dans le camp de la liberté.
Dans son
allocution succincte, Tayeb El Houari, président du groupe d’amitié
parlementaire algéro-sahraoui, a convoqué l’histoire, en faisant le parallèle
entre la lutte armée menée par le peuple algérien contre l’armée française, la
plus grande force militaire d’alors. Sous un tonnerre d’applaudissements, il a
affirmé : «le peuple sahraoui arrachera son indépendance, n’en déplaise au Maroc
et à ses clients» et réaffirmé la solidarité et la position algériennes
vis-à-vis de la question sahraouie.
«Notre présence est une acte de solidarité avec nos camarades parlementaires sahraouis et les victimes du camp de la liberté», a-t-il dit. Khatri Adouh, président du parlement sahraoui, a
affirmé que l’armée marocaine d’occupation poursuit ses massacres des Sahraouis
et impose un blocus pour ne pas permettre à la presse internationale et aux
observateurs étrangers de se rendre aux territoires occupés.
Il a insisté sur l’urgence d’une enquête internationale, rappelant que la Minurso ne peut
faire son travail en raison de la politique marocaine qui massacre les innocents
dans le silence. Il en a appelle à l’ONU pour prendre ses responsabilités de
protéger les Sahraouis et faire respecter les droits de l’homme dans les
territoires occupés. Selon lui, la décision du parlement européen est une preuve
supplémentaire de l’échec de la politique coloniale marocaine et de … la
position de la France qui a opposé son veto contre l’envoi d’une commission
d’enquête.
«La reprise des armes n’est pas à exclure», dit-il pour conclure.
Parallèlement à cet anniversaire, des activités culturelles et une marche de
solidarité avec les victimes du camp de la liberté ont été
organisées.

Horizons, 30/11/2010

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