Les otages moyen de pression contre la coalition algéro-sahélienne

Al Qaïda au Maghreb islamique détient à la fin du mois de novembre 2011 au moins douze Européens dans le Sahel. Un chiffre record depuis 2003. À cette date-là, «Abderezak El Para» avait réussi le pari insensé de kidnapper 32 touristes européens. Il en relâchera plus tard 15 sous la pression de l’ANP, avant de passer à Kidal avec le reste des otages. Aujourd’hui, quatre otages français travaillant pour Areva sont entre les mains d’Aqmi depuis plus de 400 jours, auxquels sont venus s’ajouter les trois humanitaires kidnappés à Hassi Rabouni, près de Tindouf, puis, ces derniers jours, coup sur coup, deux Français kidnappés au nord-Mali, puis trois autres Européens. Cela fait beaucoup dans un contexte où la coopération sécuritaire devait connaître un développement majeur, après les promesses des pays du champ de se doter de mécanismes militaires opérationnels. 
 
Coup sur coup, en fin de semaine, Aqmi a frappé. Ainsi, trois étrangers ont été enlevés et un autre a été tué à Tombouctou, dans le nord du Mali, au lendemain du rapt de deux Français à Hombori, à près de 250 km de Gao. Celui qui a été tué l’a été alors qu’il résistait à l’enlèvement avec trois autres personnes, et il s’agirait d’un Allemand. Ces kidnappings et ce meurtre surviennent après l’enlèvement jeudi de deux Français dans un hôtel d’Hombori, à environ à 200 km au sud de Tombouctou, par des hommes armés qui ont emmenés leurs otages vers une destination inconnue. Sarkozy, plus que jamais fragilisé par ces rapts, tentent d’investir militairement le Sahel, en rajoutant une couche à l’imbroglio qui prévaut dans la région. Ainsi, des soldats français patrouillaient depuis vendredi aux côtés de l’armée malienne dans cette région pour tenter de les retrouver. 
 
Les « accords » contractés par les pays du champ, le Mali, la Mauritanie et le Niger, interdisaient en fait toute présence étrangère, les Occidentaux étant appelé à fournir une assistance logistique et technique. L’intervention occidentale militairement sur le sol était devenue illégitime par le truchement de ces accords. Or aujourd’hui, il semble bien que le Mali, fragilisé par des pressions qui le dépassent, plie devant la France, et permet à Sarkozy une intervention directe, dont les conséquences immédiates seront une prolifération des groupes djihadistes opérant dans la région, lesquels vont en appeler d’autres à venir les appuyer, et cela mènera inéluctablement à une guerre sans fin, très coûteuse et très nuisible pour tous les pays du champ…
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 27/11/2011

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