Une reconnaissance de gangsters

Le groupe de contact anti-Kadhafi a annoncé, à l’issue de sa réunion avant-hier à Istanbul, avoir décidé de reconnaître le Conseil national de transition comme autorité gouvernementale légitime. Le groupe de contact est formé de pays majoritairement occidentaux qui participent à l’intervention militaire contre la Jamahiriya libyenne. Une intervention plutôt mal vue par l’Union africaine qui, plus logique et plus démocrate, prône pour sa part une solution pacifique selon le choix souverain du peuple libyen. Le groupe de contact n’a rien d’africain ni de maghrébin. Mais il n’hésite pas à se substituer au peuple libyen pour délivrer arbitrairement à sa place, dans une sorte d’usurpation de fonctions, les certificats de légitimité à qui il entend. 
 
Un groupe de pays s’arroge le droit de reconnaître un groupe de rebelles qui n’est pas reconnu par l’Organisation des Nation unies qui, elle, traite toujours et exclusivement avec le pouvoir en place en Libye. Le groupe de contact devrait nous expliquer son cavalier seul loin de l’ONU où, par exemple, le CNT n’a ni la même considération ni le même statut que le Sud-Soudan. Comme il devrait nous expliquer pourquoi subitement les élections n’ont plus de valeur à ses yeux et qu’ils ne veulent plus, contrairement à l’Afrique et à Kadhafi, y recourir pour régler le conflit sans morts, sans destructions. 
 
La reconnaissance du groupe de contact repose tout simplement sur la force et ne reflète en aucun cas la réalité du terrain. Sur ce dernier, l’évolution de la crise démontre clairement aujourd’hui que Kadhafi n’est pas aussi dangereux pour son peuple qu’on le prétend, alors que les ONG dont HRW nous disent que les exactions sont plutôt le fait des rebelles. Comment le pouvoir légal en Libye pourrait-il résister tous ces mois à l’OTAN et à ses vassaux s’il n’était pas plus populaire que le CNT, une force artificielle qui flancherait vite sans ses souteneurs ? Maintenant on serait contents de savoir comment réagiraient les as d’en face si un «groupe» venait à reconnaître un gouvernement corse. Comme on voudrait bien savoir pourquoi on reconnaît le CNT et pas la RASD, membre fondateur de l’UA, reconnu par des dizaines de pays ? Pourquoi on ne bouge pas face aux atteintes des droits humains au Sahara occidental ?
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr

Le Jeune Indépendant, 16/07/2011

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