Fassi Fihri à la traîne ?

La République arabe sahraouie démocratique (RASD, membre fondateur de l’UA) et la République du Sud-Soudan ont décidé d’établir des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeurs, selon un communiqué conjoint rendu public avant-hier. Une décision qui laisse sans voix Fassi Fihri et ses troupes apparemment cloués par la vitesse d’exécution de la diplomatie sahraouie. 
 
Le Sud-Soudan, dernier-né en Afrique qui reconnaît de facto la RASD et l’annonce le jour même de sa naissance, ne doit pas susciter l’enthousiasme du commandeur des croyants ni de ses souteneurs d’en face. Mais il ne peut qu’accuser le coup. Pour le moment, Rabat, tel un boxeur groggy, garde le silence face à cette reconnaissance de facto qui lui tombe sur la tête, alors que le makhzen s’emploie à contenir une contestation nationale qui gagne en expérience et en muscles. 
 
Rabat ne peut pas couper les relations avec le Sud-Soudan, comme il l’a fait jusqu’ici avec les pays ayant reconnu la RASD, il n’a pas eu le temps d’en établir, sa diplomatie pointait son regard vers le Nord, où on lui promet de belles choses comme on le ferait à une «fiancée». Des promesses trompeuses, un miroir aux alouettes, disent certains analystes qui n’écartent pas du tout la possibilité de voir le Maroc démembré à son tour en trois entités distinctes au Nord, au Centre et au Sud (pas les provinces du Sud comme il se plaît à le répéter, mais au sud du Maroc, tel que dessiné à l’ONU). 
 
L’Occident aussi sentimental que Jacques Chirac vis-à-vis de la famille royale chérifienne ? On aurait pu le croire s’il n’y avait pas le précédent du shah Pahlevi, abandonné comme un pestiféré, bien qu’il marchait plus doux, plus soumis que Moubarak ou Wade. Dans la nouvelle approche mondiale, les «décideurs» ne semblent plus s’attarder plus qu’il n’en faut sur les dirigeants en place, aujourd’hui ce sont les masses qu’on manipule, d’où les alliances contre nature entre par exemple des sionistes et les islamistes. Le trône se tromperait lourdement s’il croyait un instant que son statut avancé le met à l’abri. L’intérêt bien compris du Maroc ne lui dicte-t-il pas de s’entourer de pays et de peuples alliés plutôt que d’essayer vainement de forcer le destin en reniant le fait national sahraoui, une réalité aujourd’hui connue et reconnue ?
M. Z. mohamed_zaaf@yhoo.fr

Le Jeune Indépendant, 10/07/2011

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