Les Palestiniens ont un droit de veto sur l’UPM

UN VETO SUR L’UPM 
par K. Selim

Hormis d’offrir un emploi de secrétaire général au Marocain Youssef Amrani, l’Union pour la Méditerranée, qui a perdu «deux grand parrains» en les personnes de Hosni Moubarak et Zine El-Abidine Ben Ali, a-t-elle des chances de sortir des limbes ?

 La diplomatie française semble croire qu’une relance est possible, le ministre français des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, estimant qu’avec le « printemps arabe», cette initiative de Nicolas Sarkozy était «prémonitoire». On ne voit pas en quoi ce printemps sur lequel tout le monde veut prendre des actions serait d’un quelconque secours à un projet dont la finalité est de «normaliser» la relation entre les pays arabes et Israël.

 L’entrée en lice des peuples arabes ne peut en aucun cas servir un tel dessein, bien au contraire. Plus le poids des opinions publiques se renforcera, plus les politiques des Etats devront prendre en compte l’indignation des peuples face à l’oppression subie par les Palestiniens.

 Quant aux professions de foi démocratique des Occidentaux, il suffit de voir l’effort remarquable mis par la Grèce en état de banqueroute pour empêcher la flottille pour Ghaza, pour se convaincre qu’il n’est pas sérieux. Les militants de la flottille, dont beaucoup sont des Occidentaux, constatent donc que l’embargo criminel et illégal subi par les Palestiniens commence en Europe.

 Sur le même registre, la Grande-Bretagne, grande démocratie s’il en est une, est en train de nous offrir le spectacle lamentable de sa totale soumission au lobby israélien en procédant à l’arrestation du Palestinien Cheikh Raed Salah. Cet aplatissement total d’une démocratie qui prétend aller en Libye défendre des civils est une illustration de la duplicité permanente des capitales occidentales.

 L’Union pour la Méditerranée a été lancée avec les régimes, sans l’aval des opinions arabes et même contre elles. Elle n’est pas allée très loin – même si elle n’a pas été totalement enterrée – car même des régimes aussi serviles que ceux de Moubarak ou de Ben Ali ne pouvaient faire mine d’ignorer les massacres contre Ghaza. Les reports successifs des sommets en ont été l’illustration la plus parfaite.

 L’Union pour la Méditerranée a été perçue comme un moyen d’obtenir une normalisation des Etats arabes avec Israël sans attendre une solution de la question palestinienne. Il s’agissait en somme de contourner la proposition, minimaliste, du Sommet arabe de Beyrouth, d’une normalisation totale en échange d’un Etat palestinien sur les frontières de 1967. Cet objectif reste de mise.

 Mais le «printemps arabe», dont on se gargarise un peu trop facilement en Occident, s’énonce – s’il n’est pas entravé par les interventions occidentales – par un poids accru des peuples qui n’entendent pas oublier les Palestiniens. Le spectacle de la Grèce, en faillite, empêchant les bateaux d’appareiller et celui, vraiment affligeant, d’un gouvernement britannique arrêtant Raed Salah, tout en permettant à un général israélien responsable de la mort de nombreux Libanais de pérorer, est très significatif.

 Ces opinions publiques arabes le diront toujours quand elles en ont la possibilité : les seuls qui peuvent permettre de donner une vraie vie à l’UPM, ce seront les Palestiniens libres et rétablis dans leurs droits élémentaires. Pour les opinions du «printemps arabe», la voix des Palestiniens est supérieure à celle de tous les gouvernements arabes. Les Palestiniens ont un droit de veto sur l’UPM. 

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