Bienvenue chez vous Mister Tamek !

Casablanca.- Le militant indépendantiste sahraoui Ali Salem Tamek, qui vient de sortir de prison, a atterri lundi 20 juin, vers 23h00, à l’aéroport de Laâyoune. Au contrôle de police, il a eu droit à un accueil plein d’égards. « Marhaba bik a Si Tamek ! T’feddel ! », l’a gratifié l’officier de police.

Pourtant Ali Salem Tamek avait embarqué le même jour en Algérie où il a séjourné depuis le 3 juin. Il est resté 18 jours dans ce pays voisin et dans les camps de réfugiés de Tindouf. Là-bas, il a eu droit à des festivités et à tous les « honneurs » de l’autoproclamée République arabe sahraoui démocratique (RASD). Un défilé militaire, des rencontres avec de hauts responsables du Polisario et à la fin il a été reçu par le propre Mohamed Abdelaziz.

Durant son séjour, Tamek était accompagné d’une délégation composée de 88 indépendantistes sahraouis de l’intérieur, certains venant de Laâyoune, de Smara et Dakhla, et d’autres de Guelmin, Tan Tan, Assa Zag, etc.

Récapitulons : En 2009, de retour d’Algérie, où ils avaient eu droit aux mêmes festivités et aux mêmes honneurs Ali Salem Tamek et 6 autres activistes sahraouis avaient été arrêtés à l’aéroport de Casablanca, accusés de « trahison, d’espionnage et d’atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat », et incarcérés à la prison de Salé.

Quelques jours plus tard, ils furent présentés au juge militaire et ont eu droit au menu traditionnel : violente campagne de presse, menaces, injures etc.

Lors de leur procès devant un tribunal civil, le juge militaire s’étant désisté après l’abandon de deux charges (trahison et espionnage), ils avaient été vilipendés, insultés et traités de « traîtres » à chaque comparution.

Puis, comme par miracle (on est bien au pays de la « Baraka » !), alors que tout le monde attendait le verdict,les 7 activistes sahraouis furent … relâchés. Personne ne connaîtra jamais ce verdict, et personne ne connaîtra les « joies » de l’appel.

« Quelqu’un » avait décidé de les libérer en violant toutes les lois, tous les règlements et tous les protocoles qui régissent ce qu’on appelle la « justice marocaine ».

« Où est la trahison suprême dont on m’a accusé quand on m’a privé de liberté en 2009 ? », se demandait Ali Salem Tamek à la sortie de l’aéroport ce lundi 20 juin et alors qu’il se dirigeait vers son domicile. Les 88 « touristes » sahraouis qui sont allés visiter les camps de réfugiés de Tindouf avec lui n’ont pas été non plus inquiétés.

En novembre 2009, lors de la commémoration du 34e anniversaire de la Marche verte, et quelques semaines seulement après l’arrestation des « 7 de Tindouf », le roi Mohamed VI avait déclaré lors de son discours : « Ou on est patriote ou on est traître. Il n’y a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison. On ne peut jouir des droits de la citoyenneté, et les renier à la fois en complotant avec les ennemis de la patrie. »

On croyait alors et vraiment que c’était la fin des haricots pour les indépendantistes sahraouis.

Question bête : qu’est-ce qui a changé depuis 2009 dans l’affaire du Sahara? (Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, ndds) Pourquoi poursuivre Tamek et ses amis en 2009 et pas maintenant alors qu’ils ont effectué le même trajet, ont rencontré les mêmes personnes et ont eu droit aux mêmes honneurs ?

Est-ce que, parce que les haricots ne sont pas encore cuits ?

Badr Soundouss

Demain Online, 22/06/2011

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