Conférence sur la décolonisation sahraouie : Cette réalité que l’Europe ne veut pas voir

Dans la ville française du Mans, accueillent les 450 participants d’Europe, d’Afrique, d’Asie et de l’Amérique Latine, le pas a été franchi.
L’«intenable statu quo», dénoncé par l’émissaire onusien Christopher Ross lors de la dernière tournée effectuée dans la région, n’a pas longtemps résisté au formidable élan de sympathie et de solidarité de l’autre Europe, celle des élus locaux et municipaux qui ont tout vu et vécu de si près la légitimité de la lutte sahraouie et la gestation d’un Etat assurant dans les pires conditions un fonctionnement démocratique des institutions nationales.

Dans les camps des réfugiés de Tindouf, la réalité du fait national sahraoui a subjugué les élus et forgé une perception nouvelle de la question de décolonisation inachevée dénaturée par la campagne systématique de désinformation de Rabat relayée par la presse française.
Mais, la présence du président  Mohamed Abdelaziz  au cœur même du symbole de la démocratie parlementaire, à l’invitation de la 36e conférence annuelle des la coordination des comités de soutien européen,  autorise à dire que le débat démocratique tend à restaurer une vision équilibrée aux antipodes des schémas désuets.
Au palais de Bourbon, dédié à la décolonisation du Sahara occidental, le fait parait utopique au regard de la position partiale et de l’alignement de l’Elysée sur les thèses édulcorées de l’occupant marocain, récemment réitéré par le ministre des Affaires étrangères Kouchner, et le Premier ministre Fillon.
La mise en garde sahraouie se légitime par l’idée selon laquelle « la France détient les clés de la paix et du règlement du conflit de par sa relation avec le Maroc et sa position prédominante au sein de l’Union européenne» les territoires occupés. Car, conforté dans sa dérive coloniale, le Maroc qui « veut une prédétermination » a fermé les portes à la solution légale référendaire en application des dispositions pertinentes de la charte de l’Onu et des résolutions du Conseil de sécurité.
La cause majeure : la « grande responsabilité » de l’Europe fermant les yeux  devant « la situation désolante de pillage des ressources naturelles du territoire et de violations flagrantes des droits  de l’homme. » « Nous voulons une autodétermination », a martelé le président sahraoui appelant à la protection internationale d’un peuple sans défense forcé à l’exode interne et externe et soumis à la dure loi du blocus et du génocide. Dans les 8.000 camps de la résistance, dressant les remparts de la résistance pacifique dans les villes occupées d’El Ayoune, de Smara et de Boujdour, les mythes sulfureux du « modèle de démocratie » et de la « marocanité des territoires du Sud » ont été fortement ébranlés par le combat de la dignité symbolisé par la Gandhi Sahraouie Aminatou Haïder présente en force dans l’enceinte parlementaire française.
La symbiose populaire, délivrant le message de la liberté, est la manifestation tangible de la légitimité et de la représentativité du Front Polisario désormais intronisé dans son statut d’interlocuteur incontournable.
Larbi Chaabouni.
Horizons, 30/10/2010

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