Sur la nouvelle rencontre entre le Maroc et le Front Polisario

La nouvelle a fait le tour du monde : Deux délégations du Front Polisario et du Maroc se sont rencontrés hier à Chesterwest, près de New York. La délégation sahraouie était sur la même table pour négocier avec une délégation marocaine présidée par le ministre des affaires étrangères marocain, Taïeb Fassi Fihri, le même qui, il y a quelques semaines, suite à l’affaire Aminatou Haidar, menaçait  l’Espagne d’entamer des représailles dans la coopération sur immigration, terrorisme et trafic de stupéfiants. 

Même si certains milieux veulent vendre la nouvelle comme un grand événement, la réalité est qu’il y a peu de chance que cette rencontre puisse aboutir à quelque chose de sérieux tant que le Conseil de Sécurité ne fasse pas preuve de son autorité pour contraindre les autorités marocaines à se tenir à la légalité internationale, c’est-à-dire, procéder à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique. 
Ce n’est pas la première fois que négociateurs sahraouis et marocains se voient les visages. Depuis 2007, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux parties : quatre à Manhasset et une à Vienne, dans le cadre des efforts de l’ONU de trouver une solution à ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans. 
Le Maroc essaie de convaincre la communauté internationale qu’il a les meilleures intentions, au même temps il n’arrive pas à cacher combien il est récalcitrant à respecter la volonté du peuple sahraoui et de la communauté internationale. Le cauchemar des responsables marocains est de voir un Etat sahraoui indépendant et se voir privés de phosphates de haute qualité, des côtes sahraouies riches en poissons, de pétrole, d’uranium… Bref, de tout ce cocktail de richesses qui ferait du Maroc la puissance dominante dans la région. Mais Rabat s’arrange toujours pour oublier que ces ressources ont un propriétaire qui s’appelle les sahraouis, des braves combattants qui ont fait l’histoire avec leurs prouesses, leur détermination et leur exemplaire esprit de sacrifice pour imposer leur droit. Mais, malheureusement, le Maroc et ses alliés ont la mémoire courte. 
L’amnésie a fait que les autorités de Rabat n’ont jamais accepté la proposition du Front Polisario : la célébration d’un référendum dans lequel les sahraouis puissent choisir leur destin, même s’ils sont prêts à partager toutes leurs richesses avec leur agresseur. Pour Rabat, l’annexion est le seul choix disponible, même si le corps électoral a été élargi pour permettre les colons marocains de voter. Pire encore, son arrogance est allée jusqu’à se permettre de commettre les pires atrocités contre les militants des droits de l’homme et la population qui sort dans la rue pour demander son droit à l’autodétermination. 
Pour serrer l’étau contre cette population, les structures du mur de défense sont de plus en plus renforcées, l’armée marocaine fait des manœuvres militaires,  le territoire est cloué, les gens sont privés de passeport pour les empêcher de sortir, d’autres sont expulsés ou jetés dans les prisons, les journalistes et ONG’s empêchés d’entrer ou de faire leur travail en toute liberté. Bref, les territoires occupés du Sahara Occidental sont devenus une prison à ciel ouvert sous le regard impuissant du Conseil de Sécurité. Cette passivité de la communauté internationale lui permet, en plus, de poursuivre le pillage des ressources naturelles du territoire sahraoui et de signer des accords illégaux avec l’Union Européenne. 
Dans ces conditions, le Maroc veut faire preuve de sa bonne foi et de son effort pour renforcer les mesures de confiance. Le plus grave est, comme tout mythomane, les autorités de Rabat ont fini par croire leurs propres mensonges. 
Par conséquent, les conditions actuelles ne sont pas susceptibles de créer un climat de confiance et d’optimisme au sein de la communauté sahraouie. 
La rencontre de New York n’apportera rien de nouveau, mais elle permettra à l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ross, de rapporter la réalité au Conseil de Sécurité lors de sa réunion au mois d’avril prochain.

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