Ce qui est intrigant dans la politique marocaine, c’est quelle utilise, lors des discours officiels, une langue de bois minée de mensonges.Toutefois, sur le terrain, c’est une tout autre réalité. Trafic de kif, immigration clandestine et trafic de carburant, voilà comment les Mkhaznias (services secrets marocains) utilisent des «hellaba» (informateurs) pour faire passer des tonnes de kif vers l’Algérie et en contre partie, pomper le carburant algérien à des prix bas.
A l’indépendance de l’Algérie, le Maroc avait tenté d’occuper une partie de l’Algérie. En 1994, les relations entre les deux pays se sont davantage détériorées suite à l’attentat de Casablanca. Les autorités marocaines avaient culpabilisé les Algériens, décidant que ces derniers devaient recourir aux visas pour pouvoir franchir les frontières. Très vite, l’Algérie avait décidé de fermer les frontières en guise de réponse aux chantages et manipulations marocaines. Près de vingt ans après, les relations entre Alger et Rabat ont dégénéré au point que de nouvelles cartes sont utilisées aujourd’hui par le Maroc pour faire pression sur les Algériens afin qu’ils ouvrent les frontières. Des chantages nombreux, parmi eux, le trafic de drogue, l’immigration clandestine et le trafic de carburant. La situation aux frontières ouest et sud-ouest est tendue. Tlemcen, Bab Aâssa, Khendak, Maghnia, Sidi M’barek, Aâkid Lotfi, Béchar et El-Bayadh sont les lieux les plus sensibles. Les trafiquants marocains les empruntent pour faire passer des tonnes de drogue et, en contre partie, des centaines de milliers de litre de carburant algérien partent vers le Maroc. Cela se produit au moment où des milliers de ressortissants africains sont refoulés, chaque année, manu militari vers l’Algérie. Au moment où les officiels marocains parlent de la nécessité de la réouverture des frontières entre l’Algérie et le Maroc, fermées depuis 1994, les trafiquants marocains de drogue, quant à eux, ne cessent d’inonder l’Algérie en tonnes de kif traité, de bonne qualité, à savoir «thouar», (révolutionnaires) et ce, au vu et au su des Mkhaznia et hellaba marocains, mobilisés par les autorités marocaines.
170 tonnes de kif saisies et 2 000 Marocains clandestins arrêtés
La «guerre froide» à laquelle le Maroc s’est engagé contre son voisin l’Algérie a coûté à Alger des pertes sèches de plusieurs dizaines de milliards de dinars. Non seulement plus d’un demi-million de litres de carburant algérien est acheminé chaque année vers le Maroc par les contrebandiers, mais près de 60 tonnes de drogue entrent chaque année en Algérie. Pis encore, en 2012, le seuil de la drogue a atteint son paroxysme, d’autant que les forces de sécurité algériennes ont réussi à saisir 147 tonnes de hachich marocain. En plus de ces deux fléaux, un autre est en train de surgir à nos frontières.
Il s’agit du phénomène d’immigration clandestine. Depuis 2012 on assiste à un exode en masse de Marocains vers l’Algérie. Gagnés par la misère, des milliers de Marocains débarquent en groupe vers les villes algériennes après s’être infiltrés depuis les frontières ouest et sud-ouest. En effet, près de 2 000 Marocains ont été interceptés aux frontières ouest et sud-ouest par les services de sécurité depuis le début de l’année 2012. Voilà ce que le Maroc nous «offre» en réponse à la politique algérienne concernant le dossier
sahraoui. Les autorités marocaines se disent prêtes à collaborer avec leurs homologues algériennes mais, en réalité, ce ne sont là que des discours faits pour être consommés ailleurs. Avec sa politique malsaine, à double-tranchant si l’on peut dire, le Maroc est en train de s’enfoncer, fragilisant davantage ses relations avec son voisin algérien.
Pour preuve, les communiqués quotidiens des services de sécurité (Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale), où il est indiqué, à chaque fois, l’arrestation d’immigrants clandestins marocains dans plusieurs villes algériennes ainsi que la saisie de drogues et la récupération de carburants en partance pour le Maroc.
Quand Human Rights Watch critique le Maroc
Dans un rapport publié récemment par Human Rights Watch, le Maroc est sévèrement critiqué pour sa politique d’émigration clandestine, après que les autorités marocaines eurent procédé, et continuent toujours de le faire à des refoulements massifs et injustes des migrants africains vers les frontières algériennes et, du coup, ce sont les autorités algériennes qui prennent en charge le rapatriement de milliers d’Africains aux frontières du Sud ou vers leur pays d’origine. Une prise en charge qui coûte cher à l’Algérie. Ce comportement injuste et cette politique de fuite en avant d’un pays voisin reflète on ne peut mieux les enjeux de tels agissements. En outre, le Maroc continue sa sale politique en introduisant massivement de la drogue en Algérie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous enregistrons déjà plus de 170 tonnes de kif saisies au cours des quinze mois derniers. Des tonnes de résine de cannabis qui, si par malheur, avaient réussi à débarquer dans les villes algériennes, auraient causé une véritable catastrophe pour la société algérienne, surtout pour sa jeunesse. Fort heureusement, les services de sécurité (Gendarmerie nationale, Douanes et Sûreté nationale) ont été vigilants tout au long des quinze mois derniers. Voilà ce que le Maroc est en train de manigancer aux frontières algériennes pour se venger de la position de l’Algérie quant au conflit existant entre le Maroc et le Front Polisario. En abritant le peuple sahraoui dans les camps de réfugiés à Tindouf, l’Algérie est doublement ciblée par les autorités marocaines. Un Maroc qui se dit prêt à coopérer avec l’Algérie, dans le cadre de la lutte contre l‘immigration clandestine, la lutte antiterroriste et la lutte anti-drogue Mais derrière la vitrine se cache un Maroc venimeux, haineux à l‘égard de l’Algérie.
Le Jeune Indépendant, 8 avril 2013
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