Sidi Ifni, 40 ans après

Sidi Ifni est une ville cotière du sud du Maroc. Elle est située dans la région de Souss-Massa-Draâ entre la ville de Tiznit et celle de Guelmim.

Situé sur la côte Atlantique sud à 160 Km au Sud d’Agadir, le port de Sidi Ifni est à vocation de pêche au poisson et aux fruits de mers tel que la sardine, le loup, la sole, la dorade ou encore les moules.

Tirant son nom du marabout de la région, Sidi Ifni était connu des espagnols sous l’appellation, Santa Cruz del Mar pequeña. L’architecture hispano-mauresque de cette ville est en grande partie due à cet héritage colonial. La ville fut en effet colonisée en 1934 après une longue et digne résistance des habitants de la région, issus de la tribu des Ait Baamrane.

Sidi Ifni est situé a proximité de nombreuses plages au rivage séduisant, tel Legzira, Mirleft, Sidi Ouarzig ou encore la plage blanche qui attirent pas mal de surfeurs en été.

L’arrière pays est parsemé d’arganiers et de figuiers de barbarie dont les habitants tirent leur ressource. Le calme qui règne dans les ruelles du centre-ville, dans ses parcs hérités de la présence coloniale espagnole, ou sur son « Paseo Maritimo » de la même époque, surplombant majestueusement la plage et l’océan, en fait un lieu de visite particulièrement agréable.

La ville, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mirleft, dispose de nombreuses installations touristiques confortables (hôtels et restaurants notamment).

Aujourd’hui, 30 juin, mais de l’année 1969, la ville de Sidi Ifni passait au contrôle du gouvernement marocain après la retraite espagnole.

Quarante ans après, la précarité et la corruption du régime n’ont pas permis les nobles guerriers des Ait Baamrane de profiter des avantages de leur terre et ont conduit la population, le 7 juin 2008 à une révolte pour revendiquer leurs droits légitimes.

La frustration des habitants de Sidi Ifni est à la hauteur du délabrement que vit la ville. Des conditions qui poussent les Baâmranis à demander le rattachement de la ville à la région de Guelmim-Smara pour bénéficier des faveurs qu’accorde le régime aux populations du Sahara Occidental. Les manifestants, qui ont assiégé la Bachaouiya de la ville, ont scandé des slogans, revendications d’ordre socio-économique : construction d’un port, transformation de la bachaouiya en préfecture, gratuité des soins, subventions sur les produits alimentaires… En somme, ils ont demandé les avantages généralement accordés aux habitants du territoire disputé. Selon l’Association Sahara Marocain, une ONG créée par le palais, Sidi Ifni ne fait pas partie du territoire sahraouie disputé. Summum du paradoxe, quand il était question du référendum au Sahara, les tribus d’Ait Baamrane étaient incluses dans la liste des populations appelées à voter. Chose surprenante, pour la simple et bonne raison qu’ils sont « chleuhs » et non pas sahraouis (plus que la différence ethnique il y a celle linguistique). Et aujourd’hui, les autorités refusent d’accéder à leur requête d’être rattachés à Smara et pas à Agadir…

A une revendication légitime pour du travail et des services sociaux, la seule réponse de l’Etat était la répression, et, comme à l’accoutumé, il avance sa théorie de la conspiration au point d’accuser les habitants de la ville de s’aligner des « thèses séparatistes du Polisario ». Les hommes ont été jetés en prison, les femmes violées et la dignité humaine était tout simplement bafouée. Des évènements dramatiques qui se déroulèrent dans ce havre touristique de la jet-set, et le plus souvent complaisants envers ce régime monarchique moyenâgeux et ses pratiques médiévales.

La réponse des autorités de Rabat était la preuve irréfutable que le Maroc marche a reculons dans l’échelle de l’I.D.H. derrière la Tunisie, l’Algérie, la Libye ou le Liban. L’analphabétisme, 55 ans après l’indépendance, dépasse le taux de 40%, les services médicaux pratiquement inexistants pour les démunis et aucune réponse sérieuse n’a été donnée aux légitimes demandes de la population pour une vie meilleure et digne.

Messages des anciens prisonniers de Sidi Ifni

15 mai 2009
À tous ceux qui nous ont soutenus
C’est grâce à la solidarité que vous avez exprimée à travers les pétitions, les rassemblements devant les ambassades et les manifestations que nous, prisonniers, avons pu résister derrière les barreaux des prisons du régime marocain. Cette solidarité magnifique avec nous et avec la population réprimée de Sidi Ifni-Aït Baamrane, ajoutée aux efforts de résistance de nos familles et des associations marocaines militantes, a été un bouclier protecteur qui a obligé le régime marocain à alléger les condamnations injustes prononcées contre nous par la Cour d’appel d’Agadir. Nous vous exprimons notre gratitude et notre joie pour cette victoire mais nous voudrions insister sur le fait que nos camarades encore emprisonnés à la prison d’Inezgane et de Tiznit ont encore un grand besoin de votre soutien (voir liste ci-après) Par ailleurs, la clémence relative du jugement n’est qu’une victoire provisoire et partielle, car les personnes jugées, qu’elles soient encore en détention ou en liberté, sont en attente d’un procès en appel dans les prochains mois. En outre les promesses de développement restent largement fictives et sans rapport avec les revendications réelles des habitants. Chers camarades, notre résistance face à l’appareil de répression sauvage et votre solidarité sans faille seront la seule garantie pour que notre victoire soit complète et une boussole pour la poursuite de notre combat commun. Vive la solidarité!
Venceremos
Brahim Bara, Azeddine Amahil, Mohamed Lamrani, Mustapha Akesbi
(Ex-prisonniers de Sidi Ifni)
Liste des détenus encore en prison : Hassan Agharbi, Zakaria Rifi Zine, Elabidine Radi, Houssein Tizougarine, Mohamed Issam, Ahmed Ahgoun, Hussein Boumzough
Brahim Harbili, Saoulajane Elhouari, Omar Aarab, Miloud Boutakat

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