Chronologie d’une déception annoncée

Lors de la campagne électorale américaine et après la victoire de Barack Obama, les autorités et la presse marocaines n’ont épargné aucun effort pour gagner la sympathie du nouveau président américain. On a procédé à la création d’un comité fictif de soutien à Barak Obama qui a organisé, le vendredi 7 novembre, une soirée à Rabat pour fêter son élection. On n’a pas arrêté de rappeler que le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis en 1776 et les avancées réalisées sous la Présidence Bush : la signature de l’Accord de libre-échange, l’octroi au Maroc du Millenium Challenge Account, l’appui au plan d’autonomie proposé par le Maroc pour la résolution du problème du Sahara. Mais, selon La Gazette du Maroc du 02/12/2008, la grande fête promise par le comité marocain de soutien à Barak Obama en vue de célébrer la victoire du nouveau Président démocrate américain, n’a pas eu lieu. En effet, il semblerait que la majorité des invitations lancées à l’adresse des partis, de personnalités et de la société civile n’a pas été honorée. L’on assure même que la salle des festivités à l’Hôtel Farah de la capitale est restée … déserte pendant plus d’une heure dans l’attente des hôtes du comité. Ces derniers se sont apparemment donnés le mot pour un… boycott massif de l’événement. Personne ne voulait s’afficher dans ce comité à cause des massacres de Gaza.

Le Matin va encore plus loin pour comparer Obama avec Mohamed VI : « Tout en effet semble rapprocher le Roi du Maroc et le président des Etats-Unis, qui à deux ans près, ont le même âge et incarnent la nouvelle génération de dirigeants portés par la puissante vague populaire et une légitimité incontestable ». Le journal a juste oublié de rappeler que le séjour d’Obama à la Maison Blanche est temporaire, alors que Mohamed VI s’est installé sur le trône alaouite pour la vie et il n’accepte de concurrents politiques dans son pays.

Obama a été invité à faire son premier discours de politique extérieure à Rabat. Le Washington Morocco Club, ainsi que le comité de soutien à Obama au Maroc, y militent activement. Selon le site de la communauté marocaine aux Etats-Unis “MoroccoBoard.Com”, le maire de Washington, Adrien Fenty, ainsi que d’autres personnalités, pensent que le Maroc est la destination idéale.

Finalement, le discours a eu llei au Caire, mais il est plutôt décevant pour Rabat. En effet, selon la MAP, les déclarations du président américain Barack Obama, selon lesquelles le Maroc a été le premier pays au monde à avoir reconnu l’indépendance des Etats Unis « nous réconfortent dans notre amitié avec ce pays », a affirmé, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M. Khalid Naciri.

Maigre consolation après tant d’efforts déployés pour que le président Obama fasse un geste envers les ambitions expansionnistes marocaines. Le réconfort exprimé par le ministre Naciri équivaut à une recherche désespérée de miettes à récolter pour une cause perdue, surtout si on tient en compte que la position américaine envers le conflit du Sahara Occidental a fait un virage de 90° depuis la dernière réunion du Conseil de Sécurité, tenue le 30 avril 2009, lors de l’adoption de la résolution 1871. Dans cette séance, l’administration Obama n’a pas soutenu la proposition d’autonomie, contrairement à ce que faisait l’administration Bush. Dans les déclarations de l’ambassadeur américaine, après l’adoption de cette résolution, il n’y avait aucune allusion au plan d’autonomie marocain. Lors des débats du projet de la résolution 1871 sur le Sahara Occidental, tous les membres étaient d’accord avec la nécessité d’élargir les compétences de la MINURSO pour le contrôle des droits humains dans ce territoire.

La résolution 1871 ouvre une nouvelle perspective inédite jusqu’à maintenant. Le conflit du Sahara, avec l’avènement d’Obama, a gagné, en plus de sa dimension décolonisatrice, une dimension humaine.

Les atouts sur lesquels compte le Maroc pour gagner le soutient d’Obama ne vont pas plus loin que les relations historiques de ce pays avec les Etats-Unis et l’action des lobbies dans le Congrès américain, action basée sur la peur et la propagande de la menace terroriste. Seulement, fait décevant pour le Maroc et ses alliés, Obama n’a pas prononcé le mot « terrorisme » une seule fois dans son discours au Caire.

Les atouts sahraouis? Le conflit du Sahara Occidental est un problème de décolonisation. Le droit à l’autodétermination est la seule solution préconisée par l’ONU. La RASD est membre à part entière de l’Union Africaine et l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme reste un principe sacro-saint pour la sécurité et le bon voisinage en Afrique.

Le Maroc peut se vanter de ses relations d’amitié historiques avec les EEUU, mais il ne peut plus compter sur leur soutien à ses revendications expansionnistes parce que le locataire de la Maison Blanche a décidé de couper avec les méthodes néfastes du passé pour restaurer la confiance de la communauté internationale. Et celle-ci affronte les défis du gouvernement marocain depuis plus de 34 ans.

Avec la fermeture de la prison de Guantanamo, le nouveau président a honoré une promesse électorale, mais il a surtout envoyé un message très clair à l’intention du reste du monde : les États-Unis sont de nouveau déterminés à respecter le droit international, qu’ils avaient traité par le mépris pendant les huit années de la présidence de George W. Bush, et entendent restaurer leur stature morale.

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