Sahara occidental, le conflit oublié

Justine Canonne
Le 6 novembre 1975, un cortège de 350 000 Marocains portant chacun un Coran défilent pacifiquement dans le désert. Ils revendiquent le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental. Cette « marche verte », ainsi nommée, est une pression envers l’Espagne qui occupe la zone depuis quatre-vingt-dix ans. Pression efficace puisqu’en 1976 l’armée espagnole quitte la région. Les deux tiers du Sahara occidental sont accordés au Maroc et le tiers sud, à la Mauritanie. Les choses semblent s’arranger mais les États en présence oublient… tout un peuple, les Sahraouis, nomades parcourant depuis des siècles cette portion de désert. Ceux-ci, réunis dès 1971 sous un front de libération, le Polisario, réclament leur indépendance, dénonçant l’annexion de leur territoire par les États voisins.
Le Polisario, qui a proclamé la République arabe sahraouie démocratique, a le soutien de l’Algérie. Alger voit en effet d’un mauvais œil l’annexion du Sahara occidental par son rival marocain, qui en profitera pour exploiter les immenses réserves en phosphates du désert. Si la Mauritanie finit par reconnaître le mouvement populaire sahraoui, le Maroc prend bel et bien le contrôle du Sahara occidental, le nommant d’ailleurs « Sahara marocain ». Depuis, toutes les négociations autour du désert tant convoité échouent.
Ainsi, en février 2010, le Maroc et les Sahraouis tentaient à nouveau de s’accorder, en vain. Le géopolitologue Yahia Zoubir est sceptique quant à une résolution du conflit : trop d’intérêts économiques et géopolitiques sont en jeu. Français et Américains, affirmant du bout des lèvres le droit à l’autodétermination sahraouie, soutiennent en réalité le Maroc : ce dernier est un allié fiable des États-Unis dans le monde arabe, et la France en est le premier partenaire commercial. Ce conflit vieux de trente-cinq ans empoisonne les relations algéro-marocaines. Leur frontière est fermée et Alger conditionne sa réouverture à un accord incluant le règlement du conflit au Sahara occidental. Cette situation limite considérablement le développement économique du Maghreb : le commerce entre ces États représente 1 % de leurs échanges extérieurs, un des taux régionaux les plus bas du globe.
Yahia H. Zoubir, « Le conflit du Sahara occidental : enjeux régionaux et internationaux », février 2010, disponible sur
www.ceri-sciences-po.org

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