Le Maroc veut brouiller les pistes

Par Mohammed Larbi

L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental prépare activement ce qui tiendra de base de travail pour la prochaine réunion régulière du Conseil de sécurité autour de ce conflit. La réunion en question se tiendra à la fin du mois d’avril prochain, mais l’on sait d’ores et déjà qu’elle examinera un rapport de M. Christopher Ross, avec en premier lieu, l’échec de la rencontre indirecte entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, en raison de l’obstination du premier à vouloir imposer des conditions préalables, alors même que la résolution de l’instance onusienne est claire sur la question. Pas de condition préalable, y est-il stipulé, et les négociations en question doivent déboucher sur l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination. L’autre volet de ce rapport comportera les conclusions, du moins les discussions, que M. Ross a eues avec les dirigeants marocains et du Front Polisario, ainsi qu’avec les autorités algériennes et mauritaniennes régulièrement consultées sur cette question. L’on apprendra ainsi que le Maroc persiste dans sa position de blocage, puisque le roi Mohammed VI a souligné à Christopher Ross que, pour le Maroc, le principe d’un référendum, « minoritaire au demeurant dans la pratique des nations » est « définitivement écarté », défiant ainsi la légalité internationale. L’appréciation de pratique minoritaire est fausse bien entendu, car les cas d’occupation, sauf en Palestine et évidemment au Sahara occidental, sont rares sinon inexistants.

Il n’est pour cela que de consulter les annales de l’ONU qui traitent la question du Sahara occidental sous l’angle de la décolonisation et qualifient le Maroc de puissance d’occupation. Si l’on s’en tient donc à l’agence officielle marocaine MAP, c’est une fin de non recevoir que se voit opposer l’émissaire de l’ONU. Comme à son habitude, le Maroc n’a pas manqué d’attaquer l’Algérie portant à son endroit de graves accusations connues au demeurant. Il a aussi accusé l’Algérie d’être « l’un des principaux blocages de la construction maghrébine et, plus grave, de la sécurité maghrébine ». C’est pourtant le Maroc qui avait demandé en décembre 1995 le gel des activités de l’UMA (Union du Maghreb arabe), et depuis cette date, il n’y a plus eu de sommet maghrébin. Plus que cela, le Maroc avait conditionné la relance du processus maghrébin à ce qui est tout simplement la reconnaissance du fait accompli colonial, à travers ce qu’il appelle le respect de son intégrité territoriale. C’était en 2002, et un observateur a même fait valoir que cette question ne se posait pas, puisque les frontières du royaume, telles que reconnues internationalement, ne sont pas menacées. Ou encore que Rabat déclare qu’il n’y aura pas de normalisation des relations entre l’Algérie et le Maroc, sans le règlement de la question du Sahara, entendre par là que l’Algérie continuera à soutenir la lutte du peuple sahraoui pour le recouvrement de ses doits nationaux. Bien entendu, de telles accusations ne sont pas nouvelles, et elles n’ont jamais été prises en considération. Ce qui est à retenir par contre, c’est le blocage marocain.


Journal DZ

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