Le sommet UE-Maroc : "Une opération de blanchiment de l’histoire sanguinaire du royaume du Maroc"

Madrid.- La militante sahraouie des droits de l’homme, Aminetou Haidar, a dénoncé dimanche à Grenade (sud de l’Espagne) la tenue du sommet UE-Maroc, affirmant qu’il ne sert qu’à encourager une « opération de blanchiment de l’histoire sanguinaire du royaume du Maroc » et à mépriser les droits légitimes du peuple sahraoui.

« Ce sommet est une provocation à l’endroit du peuple sahraoui, victime de l’appareil de répression marocain et une négation de ses souffrances, voire un mépris envers l’essence humaine », a souligné Mme Haidar devant la Conférence internationale de soutien à la cause sahraouie qui se tient à Grenade, en parallèle et en réponse au premier sommet UE-Maroc.

L’activiste sahraouie, dont c’est la première apparition publique après ses 32 jours de grève de la faim à Lanzarote (Iles Canaries) pour protester contre son expulsion illégal du Sahara Occidental, a ajouté que ce sommet « ne servira qu’à encourager une opération de blanchiment de l’histoire sanguinaire du royaume du Maroc ».

Dénonçant les violations des droits de l’homme par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, notamment la situation des prisonniers politiques sahraouis dans les geôles marocaines, elle a appelé l’UE à faire de la question des droits de l’homme dans ces territoires une « partie essentielle et contraignante » du « statut avancé » de négociation entre le Maroc et l’UE.

S’exprimant devant plus de 400 personnes, la « Gandhi sahraouie » a appelé également à la libération de tous les détenus sahraouis, y compris les défenseurs des droits de l’homme, et à rendre le respect au peuple sahraoui « en excluant le Sahara Occidental du cadre d’application des accords de pêche et d’exploitation de ses ressources naturelles, signés entre le Maroc et l’UE ».

La militante sahraouie a critiqué, par ailleurs, le « silence scandaleux » du gouvernement espagnol concernant les « graves violations des droits de l’homme commises par le Maroc et le pillage des richesses du Sahara Occidental ».

Pour elle, cette position, qui tourne le dos à une relation historique avec le Sahara Occidental, « ne s’explique que par un suivisme aveugle d’une propagande (marocaine) sans aucune valeur », ajoutant que l’attitude de l’Espagne « est inamicale et suscite une grande frustration parmi la majorité des Sahraouis ».

Dans ce contexte, l’acteur espagnol Willy Toledo, un des principaux animateurs de la plateforme de soutien à Aminetou Haidar durant sa grève de la faim, a dénoncé la « complicité » du gouvernement de Jose Luis Rodriguez Zapatero et de l’UE avec un « royaume féodal et despote » comme celui du Maroc.

Il a également dénoncé les hommes d’affaires qui « vont se partager le gâteau des ressources naturelles du Sahara Occidental », en profitant du « statut avancé » entre l’UE et le Maroc, et affirmé que l’ancienne colonie espagnole « n’a pas été, n’est pas et ne sera jamais une propriété du Maroc ».

Réitérant la détermination du mouvement international de solidarité avec la cause sahraouie à « soutenir le peuple sahraoui jusqu’à la victoire finale », Willi Toledo a critiqué le président Zapatero en l’accusant d’agir « contre la volonté des Espagnols » et de s’allier avec le Maroc au détriment des aspirations légitimes des Sahraouis, dont leur droit à l’autodétermination
et l’indépendance.

Pour sa part, la célèbre avocate espagnole, Ines Miranda, a condamné notamment les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et dénoncé que l’Europe accepte ce dialogue privilégié avec le Maroc,alors que ce pays « persiste à violer les droits de l’homme et empêche le peuple sahraoui de jouir de la légalité internationale ».

Cette conférence internationale de soutien au peuple sahraoui sera ponctuée, dans la journée, par une manifestation dénonçant le Maroc pour sa politique de violation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et appuyant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle se déroulera sous le mot d’ordre : « Sans liberté ni droits de l’homme! Non au statut avec le Maroc ». (SPS)

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