Les soumis se portent bien, ils vous saluent !!!

JE NE SAIS PAS s’il existe une sorte de paradis ou de purgatoire où se retrouvent les serviteurs de
la France qui ont plus ou moins fricoté avec notre continent, mais je suis sûr que les devanciers des actuels françafricains doivent être fiers de leurs héritiers qui continuent à faire du très bon boulot. Il n’y a pas si longtemps, le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso avait dit devant les caméras de TV5 et devant les micros d’Europe1 que son pays avait toujours défendu les intérêts de la France.

NOS ELITES POLITIQUES ne se gênent même plus au point de déclarer publiquement soit qu’ils ont besoin de la France (pour faire des dons de médicaments, pour des dons de bancs, etc.). Ce genre d’attitudes donne le bâton aux non-Africains qui sont convaincus de notre supposée paresse congénitale, pour nous battre encore de plus belle. Certains nous disent tous les jours que la Françafrique est une vue de l’esprit, que si nos États vont adhérer à des nébuleuses comme l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), l’AIMF (Association internationale des maires francophones) etc., c’est qu’ils y gagnent. Je suis de ceux (et vous le savez très bien) qui estiment que non seulement nous n’avons rien à y faire, mais, bien au contraire, nous en sommes les dindons de la farce. Nous sommes les cocus de service. Pire encore, non seulement nous sommes cocus, mais en plus, nous payons la chambre. Nombre d’Africains ne veulent pas faire l’effort de comprendre que la relation que nos Etats entretient avec la France est une relation de maître à soumis (je reste poli). Ce n’est pas un partenariat. Dans un partenariat, à défaut de trouver un équilibre à 50-50, on essaie d’y tendre. Mais ce lien incestueux que nous entretenons nous est tellement défavorable que le rapport serait peut-être de 1 à 9. Et encore, je suis sans doute trop gentil à ce niveau. La France, il y a plus de 50 ans, voyant bien que le monde changeait, a fait semblant d’accepter que ses satellites accèdent à la souveraineté internationale. Mais les officiels français chargés de négocier cet important virage étaient très malins et ils ont pris le soin de préparer uns système dans lequel nos représentants, pour la plupart sont pris comme dans un filet dont nous avons du mal à sortir. Chaque fois que la France veut faire voter un texte au Conseil d’Insécurité des nations Désunies, elle sait qu’elle peut compter sur ses valets soumis qui, on le voit bien se retrouvent seulement en Afrique et nulle part ailleurs. Nos amis d’Asie, qui ont gagné leur indépendance dans le sang savent ce que liberté veut dire. Ils ne suivent pas aveuglément Paris.

LE FMI N’A JAMAIS été mon verre de ntsamba et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Voilà que le Congo vient encore montrer à la face du monde qu’il suit la France comme un toutou suivrait son maître en déclarant soutenir officiellement la candidature de Mme Christine Lagarde au poste de DG du FMI, en remplacement du trop indélicat Dominique Strauss-Kahn (qui a d’autres comptes plus brûlants à régler en ce moment). S’il est vrai qu’un accord tacite existe entre les USA et l’Europe pour que ce poste soit dévolu à un Européen, dans les textes, rien par contre ne dit que cela doit se faire ainsi. Au moment où le centre de gravité du monde ne cesse de se déplacer vers l’Asie, le Congo (et d’autres soumis à la France, gageons-le) préfèrent aller à contre-courant de l’histoire et servir leurs maîtres comme hier. Je vais vous faire rire (ou pleurer, c’est selon), mais dans les réformes proposées par Dominique Strauss-Kahn, il était prévu que le poids des « petits pays » augmentent. Vous savez quels pays, jusqu’à il y a environ 8 mois s’y opposaient? Le Gabon et le Cameroun. Comme par enchantement, deux pays du pré carré français! Je vous le dis, au bal des insoumis, nos pays vont rester longtemps assis!

Obambé GAKOSSO, May 2011©

Source : Obambé GAKOSSO

Tags : Afrique, France, françafrique, spoliation, pillage, exploitation, esclavage,

Comment l’Afrique perçoit la France, d’après le Quai d’Orsay

Un rapport du Quai d’Orsay – révélé par Le Monde – fondé sur une synthèse des télégrammes de 42 ambassadeurs français en Afrique souligne l’inconfort de la position française en Afrique. Aussi dur de sortir de la « Françafrique » que de s’y cramponner.

Par Said Djaafer, Alger

C’est un rapport commandé par le Quai d’Orsay après le discours controversé du président Nicolas Sarkozy à Dakar, en juillet 2007, dans lequel il convoquait un lexique et des référents surannés pour dresser le portrait d’une Afrique, hors de l’histoire, enfermée dans « l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles ». La conclusion du rapport est simple : la France perd pied en Afrique, son image se dégrade fortement et « oscille entre attirance et répulsion (…) au gré du soutien politique, ou des interventions, militaires notamment ». Le soutien à des chefs d’Etats africains inamovibles et la présence de bases militaires françaises accrédite, chez les Africains, l’image d’une France agissant pour des « gouvernements iniques et pour des causes opaques ». Prenant acte de l’émergence de nouveaux acteurs en Afrique (Chine, Inde, Brésil, Etats-Unis…), le rapport note que la « France n’est plus la référence unique ni même primordiale en Afrique ».

L’idée d’une France vorace persiste


Paris a tenté ces derniers mois de rattraper les effets du discours de Dakar. Très inspiré des vieilles thèses ethnocentristes de Hegel sur l’Afrique, il avait suscité la surprise indignée des élites africaines. Quelques mois plus tard, en février, au Cap, le président français entamait une correction de tir en annonçant une renégociation des accords de défense en vigueur entre la France et certains Etats africains et, surtout, en présentant les rapports « équilibrés, transparents et décomplexés » avec l’Afrique du Sud comme un modèle devant inspirer « la relation nouvelle entre la France et l’Afrique ». Depuis, il y a eu ce qu’un diplomate français appelle les « dégâts durables » infligés à l’image de la France par l’affaire de l’Arche de Zoé, association qui avait tenté de faire sortir illégalement du Tchad des enfants présentés comme des réfugiés du Darfour. Du coté des Africains, des jeunes notamment, le rapport montre que l’idée d’une France vorace qui pille les ressources naturelles reste prégnante alors que, selon les diplomates, les principaux intérêts économiques français se trouvent en Afrique anglophone. Ce déplacement des intérêts français vers l’Afrique anglophone est ainsi expliqué par les chiffres : la moitié des échanges français avec le continent se fait avec l’Afrique du Sud et le Nigeria et, plus globalement, l’Afrique subsaharienne n’entre plus que pour 0,5% du commerce extérieur de la France contre 40% en 1957.

Les idéalistes sont réalistes


Que dire de ces chiffres quand on les croise avec le « désamour » des africains, francophones principalement, avec la France ? Que l’entretien de la Françafrique n’a aucune justification économique, alors qu’elle est la source d’une forte nuisance pour l’image de la France. Il est vrai que l’économie officielle est une chose et que les bénéfices des réseaux en sont une autre. Il est également vrai que la diplomatie française bénéficie d’un apport de voix « automatiques » très utile lors des débats onusiens. Mais ces justifications ont clairement perdu de leur pertinence, depuis la chute du mur de Berlin. Du coup, les « idéalistes » qui, en France, appellent à la rupture et à l’enterrement de la Françafrique pourraient faire valoir des arguments très réalistes pour défendre l’option du changement. Ils peuvent faire valoir, par exemple, qu’il est beaucoup moins risqué de fâcher le Gabon que de déplaire à la Chine.

Source : ALLIANCE pour la DEMOCRATIE et le PROGRES, 10 mai 2008

Tags : France, Afrique, françafrique, colonisation, spoliation, pillage, bases militaires,

Qu’est-ce qui fait la différence entre pays francophones et anglophones en Afrique?

Etant donné que le putsch militaire visant à prendre le pouvoir semble être décrié en Afrique, la Françafrique continuera d’user de la fraude électorale en vue d’installer ou maintenir ses marionnettes sur le trône. C’est pourquoi l’inestimable et génial Coluche indiqua pour l’éternité : « Si votait changeait quelque chose, il y a longtemps que à serait interdit ». Qui a la capacité d’affirmer le contraire?

L’inconscience étendue, la lâcheté active, l’antipatriotisme et l’adiaphorie sont les fondements permettant à la France de ne jamais permettre à ses sous-états bananiers d’Afrique à jouir véritablement de la liberté, de la justice ainsi que de la prospérité.

Il est illusoire de de percevoir un autre horizons que celui bâti sur la terreur d’Etat, le mensonge et les crimes sans punition. Pour l’immense majorité des naïfs, le bilan global plus que catastrophique depuis 1960 suffirait-il à les faire prendre conscience du moins?

Durant cette intemporalité, la question majeure subsistera : Pour quelle raison précise aucun protectorat françafricain sombrant sous la régence de l’hideux colonialisme français n’ait avancé à l’instar des nations anglophones et autres de la planète?

Le jour lointain où nous arriverons à connaître la réponse exacte, un autre chemin sera possible

Ali Muhammad Diallo, Tchad
Twitter

Tags : Afrique, Françafrique, France, colonialisme, colonisation, spoliation, pillage, corruption,

Sahara Occidental : Une caravane de civils sahraouis se dirige vers El Guergarat

Une caravane de protestation avec des centaines de Sahraouis se dirige des camps de réfugiés, des territoires libérés et de la Mauritanie vers la brèche illégale d’El Guergarat, rapporté lundi le site Por un Sahara libre.

« Après des années de protestations du Front Polisario et de la population sahraouie contre la brèche illégale que le Maroc a ouvert entre les territoires occupés et libérés d’El Guergerat et qui fonctionne comme un couloir pour le trafic de drogue, la traite des êtres humains et le soutien au pillage des ressources naturelles sahraouies, et sans aucune action des Nations Unies, le peuple sahraoui a décidé de réaliser cette caravane », indique la même source.

Selon ce site sahraoui, « la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Sahara occidental), qui doit surveiller le respect du cessez-le-feu, en plus de tenir le référendum, n’agit pas contre cette ouverture illégale comme c’est son devoir ».

« Les Sahraouis ont maintenant décidé de lancer une méga caravane de protestation composée d’hommes et de femmes civils qui, en route vers El Guergarat, remettent des lettres de protestation à la MINURSO », a-t-il ajouté.

Une action qui met en lumière la position de la population sahraouie, qui a totalement perdu confiance dans un processus politique et dans la communauté internationale.

La population sahraouie des territoires occupés a connu ces derniers mois une recrudescence de la répression brutale des occupants marocains et de graves représailles contre les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines.

Au cours des 12 et 14 dernières réunions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental ont eu lieu, qui, le 24 octobre, devra se prononcer sur la prorogation du mandat de la MINURSO.

S’il n’y a pas de changement radical dans la position du Conseil de sécurité et que des mesures pratiques sont prises pour protéger la population sahraouie, la fermeture de la brèche illégale et la programmation du référendum, les sahraouis sont prêts à rompre avec le processus politique après 29 des années de résistance non violente et une offensive croissante de l’occupant marocain.

« La communauté internationale ne peut pas s’attendre à ce que tout un peuple continue d’être victime d’un génocide silencieux et lent et avec la complicité des Nations Unies, dont l’inaction a contribué au renforcement de l’occupation illégale marocaine et du statu quo », conclue-t-il.

Pour un Sahara libre, 19 oct 2020

Tags: Sahara occidental, Front Polisario, Maroc, El Guergarat, pillage, ONU, MINURSO,

La françafrique : le nouveau visage de l’impérialisme et ses conséquences sur les rapports nord/sud.

Afrique, (Etudiantcongolais.com)- Bon nombre d’africains avaient cru en Nicolas Sarkozy, sur la rupture des relations franco-africaines, héritées de Jacques Chirac. Aujourd’hui, de la Françafrique à la Mafiafrique, les soutiens apportés aux dictateurs africains deviennent de plus en plus clairs, réels et indiscutables. Les enjeux de ces soutiens sont connus : des intérêts financiers des entreprises multinationales en collision avec la protection ou le soutien international des dictatures du sud, par les Etats occidentaux, au détriment des peuples. Une nouvelle forme d’impérialisme, de mode opératoire, parfois, déstabilisant et déstructurant dans les pays du sud, Nous allons voir ensemble, le fonctionnement de l’impérialisme dans sa sociologie politique actuelle et les dangers que présentent ses soutiens.

1) L’IMPERIALISME DANS SES NOUVELLES FORMES :

Pendant la période de la guerre froide, 2 blocs s’affrontaient, les Etats occidentaux soutenaient officiellement, les dictatures du sud, sous les excuses qu’elles ne basculent pas dans l’autre bloc, en même temps, l’impérialisme d’Etat (ou néo-colonisation), imposait les rapports interétatiques à sa guise pour l’accumulation des capitaux, par le capitalisme des Etats. La chute du mur de Berlin consacre la victoire du capitalisme et du monde démocratique, la démocratie devient, dès lors, la bonne gouvernance et le capitalisme associé à la mondialisation comme déréglementation que doit respecter les Etats. Le capitalisme échappe aux Etats et l’impérialisme subit de mutation et d’adaptation, il devient, dès lors, la pratiques des firmes transnationales.

L’impérialisme actuel conserve son identité d’antan, celle de dominer et d’opprimer les peuples et les nations, par sa structure, il continue à respecter la tradition sur l’accumulation mondiale des capitaux. Les marchés globaux ont rendu la concurrence plus gigantesque dans l’économie mondiale, les entreprises se regroupent pour constituer de grandes firmes multinationales, mais ces firmes transnationales, malgré leurs portés et le niveau international de leurs opérations, voire de leurs activités, gardent, néanmoins, une sorte de base nationale ou d’un label national d’un pays. Dans ces conditions par exemple, on peut constater que l’ancien groupe pétrolier ELF ACQUITAINE portait, majoritairement des capitaux américains, mais le label reste français et la politique économique de la multinationale par l’Elysée était conservée.

Afin de conduire une concurrence plus agressive, il est naturel que les multinationales appèlent au soutien de leurs gouvernements, soit des Etats où l’entreprise représente le label. Ce label, dans le cas de multinationale superpuissante, contribue à l’image de son pays. C’est pourquoi, conscient de la globalisation et ses conséquences, les Etats n’hésitent pas à participer à aider leurs multinationales, qui, par ailleurs, contribuent, directement, aux entrées fiscales importantes des Etats.

Ces aides offrent un choix de plusieurs possibilités : Subvention, politique fiscale, politique d’ajustement structurel, politique de protection, politique d’expansion. Ces aides peuvent avoir des conséquences redoutables, surtout lorsque la politique s’y mêle, en occident, des expressions couramment utilisées, précisent : « Nous avons des intérêts, nous protégeons nos intérêts, nous défendons nos intérêts ».

Depuis les années 80, les américains ont réussit à imposer dans le monde, la mondialisation : la dérégulation des marchés et des finances, dans ces conditions, les Etats doivent être, normalement, éloignés des initiatives des entreprises tant qu’elles ne sont pas illicites. La réalité étant différente, les Etats ont un grand intérêt économique et financier de s’en approcher, sans les déstructurer.

Cette approche de l’Etat et des entreprises, est fortement liée, par les intérêts croisés entre le capitalisme et la politique, d’où la naissance de cette nouvelle forme de l’impérialisme. Cette approche présente de conséquences dans certains pays du sud, en effet, l’effet ricoché de l’approche est le développement de la puissance du capitalisme, qui contrôle , non seulement la vie économique, mais également, la vie politique de certains Etats crapuleux, les conséquences induites par l’impérialisme sont : les guerres civiles, les coup d’état, les pillages économiques, l’enrichissement des multinationales aux dépends des locaux et soutiens des dictateurs par les attitudes croisées entre les Etats et les multinationales. En conséquence, les firmes transnationales deviennent les services secrets de leurs pays d’origine, dans ces cas, le groupe pétrolier TOTAL FINA ELF est l’œil des services secrets français et de l’Elysée dans les pays du sud.

Cette constante des paramètres fondamentaux de l’impérialisme est vue de manière différente, selon qu’on soit du sud ou du nord. Dans nos Etats du sud, cette pratique impérialiste est vécue comme du racisme, du fascisme par exemple, alors que dans le nord, elle est vécue comme émanation de la démocratie et de la globalisation, pour lesquelles c’est un luxe pour les africains.

2) L’IMPERIALISME DANS SES SOUTIENS CRAPULEUX :

Comme nous l’avons signalé plus haut, l’approche entre les Etats et leurs multinationales renferme des intérêts croisés et a produit une nouvelle forme de l’impérialisme, d’où des stratégies parfois communes ou parfois complémentaires.

Les états des Nations riches mènent des campagnes, particulièrement, manipulatrices, par des représentations des pouvoirs africains, avec des qualificatifs nobles, comme manière de créer ou de renforcer de légendes, on peut tour à tour retenir des titres ronflants, répétés en occident, destinés aux Chef d’état crapuleux [1] :

• Père des indépendances
• Dirigeant populaire
• Doyen des Chefs d’état
• Sage dirigeant
• Homme de Progrès
• Homme des masses
• Le père de la Nation etc.……

Ces représentations de formes variées, sont des pratiques codifiées, du système de communication, destinées à être adresser aux populations africaines, de telle manière à susciter un renforcement de légitimité locale. Pendant ce temps, les dictateurs africains en quête de légitimation populaire, sont fiers de ces étiquettes qui sont conforme à leurs culte de personnalité et qui renforcent leurs images.

Il faut, évidemment, rappeler les soutiens militaires qu’apportent l’armée française en Afrique. Officiellement, les base militaires françaises ont été installées dans certains pays, pour respecter les accords de défense, mais de quels accords de défense s’agit-il ? Ceux d’intervenir manu militari, lorsqu’une dictature se trouve en état de soubresaut ou lorsqu’un pays est agresser de l’extérieur ? Ainsi la France était venue aux secours des régimes anti-démocratiques. Dans leurs conditionnements, les occidentaux sont convaincus, que la démocratie est un luxe pour l’Afrique et que c’est un dictature conduite par un homme fort produit la paix. Une image erronée qui profite bien aux mafieux de l’Elysée et aux Mafieux africains.

Au moment des indépendances, la France avait installé au pouvoirs en Afrique, des dirigeants à sa convenance politique, les intérêts du capitalisme d’état sont conservés, sous l’œil veillant de l’impérialisme. Après la chute du mur de Berlin, Monsieur François Mitterrand, Président de la France accepte le principe populaire des peuples africains sur la démocratie, les présidents élus, démocratiquement, en Afrique vont être défaits avec la complicité des transnationales et de la France, de manière à ce que soient installés les potentats pour la France, ainsi au Congo-Brazzaville : le dictateur Sassou N’Guesso, au Tchad : le dictateur Idriss Deby, au Centrafrique : le dictateur Bozizé vont revenir au pouvoir au moyen de coup d’état sanglant, ayant occasionné de guerres civiles.

En règle générale, ces dictateurs ne parviennent pas à obtenir, dans les consciences populaires, la légitimité locale, on assistera, surtout, aux interactions transnationales pour les enjeux, agissant pour le profit et pour le pouvoir, ceci, bien évidemment, aux dépends des peuples :

• Au blocage des processus démocratiques
• Aux violence comme moyen d’intimidation et de soumission
• A la criminalité économique organisée autour d’un Clan

Avec l’absence de l’illégitimité locale, voire internationale selon les cas de figure, la Communauté internationale assiste dans un premier temps à l’isolement des Chefs d’état qui violent les principes de la civilisation des droits de l’homme, mais plus tard, sur le principe des intérêts financiers transnationaux, en occident, on brise l’isolement politique et on construit la légitimité des pouvoirs crapuleux, c’est ainsi que le dictateur congolais Sassou N’Guesso serait invité au 5ème forum mondial du développement durable au sénat français, alors qu’il est sous le collimateur des juridiction à compétence universelle sur les crimes contre humanitaires et l’instigateur du pillage du pétrole et de la destruction de la biodiversité dans son pays.

Comme dans ces types d’alliance, les Chef d’états amis sont toujours bien protégés contre la grogne populaire, La France prête l’argent pour subvenir aux salaires, la grogne se calme, les affaires peuvent se poursuivre avec quiétude. Les multinationales ne dérogent pas à cette règle, elles portent assistance financière par prêt aux Etats amis, qui hypothèquent les futurs exploitations minières ou pétrolières. Le transfert de l’argent illicite est assuré par la banque FIBA, tandis que la banque BNP assure son blanchissement.

Le danger d’un tel soutient, est la négation à l’alternance, l’encouragement aux fraudes électorales, l’incitation à une démocratie d’imposture, à l’installation durable de la dictature au détriment des droits de l’homme, chers à la communauté internationale.

En revanche, lorsqu’un Chef d’état africain n’intègre pas ce processus, la France adopte de stratégies économiques et sociales différentes, l’aide financière est plus réduite (c’était le cas de la Guinée Konakry de la période du Président Sékou Touré), on opte pour le chantage, les intimidations profitants des divisions ethniques internes, pour soutenir un groupe ethnique pour le pouvoir. Aussi, une déstabilisation médiatique respecte le rituel, dont les qualificatifs sont le plus souvent :

• homme dangereux
• Le dictateur
• L’homme fort etc.……

3) REFLEXION ET ANALYSE SUR LES DANGERS DE L’IMPERIALISME, DANS SES RAPPORTS NORD/SUD :

Les relations internationales et commerciales renvoient, aux interactions entre Etats, qui définissent leurs rapport bilatéraux ou multilatéraux. Ensuite, viennent se greffer aux Etats, de relations transnationales, dont les individus et les sociétés deviennent des sujets de la politique de la cité. Face au progrès et à la révolution de l’Internet, le monde devient de plus en plus étroit et il se constitue un autre type de relations transnationales, cette fois-ci, par des interactions entre les individus et les sociétés du monde. Cette démultiplication des relations transnationales, qui se construit sur l’espace mondiale peut constituer de groupes transnationaux, qui échapperont au contrôle des Etats, en exemple le terrorisme islamique.

C’est pourquoi, si l’on ne prend garde, les rapports Nord/Sud actuels, seront de nouvelles menaces contre la paix, tant que les pays riches du nord continueront à soutenir les dictatures africaines et la persistance du déséquilibre Nord/Sud. En effet, ces rapports qui n’échappent pas aux relations transnationales entre Etats, n’échapperont pas non plus aux relations transnationales entre les individus et les sociétés. Ces menaces sont de deux visages : Pression de flux d’immigration économique spontanée, massive avec son cortège de mafia multiforme d’une part & d’autre part, Affrontement de guérilléros ou de terroristes du sud, crises sociales dans certaines agglomérations des pays riches et vengeance contre les résidents et touristes occidentaux dans le sud.

Et pourtant, le candidat Nicolas Sarkozy, lors de la campagne présidentielle de 1997, nous avais promis « la rupture de la politique de la France ». Nicolas Sarkozy, le jour de sa victoire présidentielle avait prononcée : « Je serai aux côtés des femmes bulgares emprisonnées en Libye, je serai au côté de toutes les femmes du monde maltraitées, je serai au côté de tous les peuples opprimés ».

Lorsqu’il était encore Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, affirmait au sujet de l’Afrique : « qu’il voulait la débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autres mandats que celui qu’ils s’inventent. » et il continu : « le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur des circuits officieux, qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés. » et promettait en cas d’arriver à l’Elysée : « de cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures. »

Le constat que nous pouvons faire aujourd’hui, le « real politik » l’a remporté sur « la démocratie », sur « les droits de l’homme », sur « les femmes maltraitées dans le monde (en pays du golfe par exemple) » et sur « les peuples opprimés dans le monde (le Cabinda et la Casamance par exemple) », les Nations riches comme la France, sont plus soucieuses de conserver les intérêts économiques, que leurs apportent leurs firmes transnationales : Le discours du candidat Nicolas Sarkozy n’était qu’un leurre.

Pour apporter des propositions sur la problématique de la nouvelle forme de l’impérialisme, seule une politique volontariste de la Communauté internationale, en liaison avec les juridictions de compétence universelle, d’engager : La lutte internationale contre la criminalité économique internationale [2], contre la corruption internationale et contre les blanchissements de l’argent par les Etats voyous et les firmes transnationales dans les paradis fiscaux.

4) CONCLUSION

Ainsi développer, de façon simple et synthétique, la nouvelle forme de l’impérialisme adaptée à la mondialisation. La démocratie est une notion universelle, la mondialisation est une notion universelle, les Etats africains devraient pouvoir les intégrer sans problème, pour refuser les images, que la démocratie est un luxe, que la mondialisation est un luxe.

Je n’exclue pas les catastrophes qu’entraîne la mondialisation, la question centrale est de savoir, si l’ordre ancien qui était plein de réglementations différentes selon les Etats, où le protectionnisme et les surtout les énormes subventions des activités de pays riches, qui faussaient, largement, la concurrence des Etats faibles, étaient plus bénéfiques pour l’Afrique ?
La mondialisation est une réalité transnationale, le nouvel impérialisme trouve son passage en Afrique, non pas à cause de la mondialisation, mais, en réalité, à cause des faiblesses, à l’intérieur des Etats africains, telle : la division, le tribalisme les frustrations entre communautés ethniques, le manque de démocratie véritable etc.… font que nos Etats peuvent être, facilement, manipulés et désintégrés par l’impérialisme [3]. Le fédéralisme est le système qui répond mieux à ce genre des situations.

Depuis le 07 décembre 2007, se déroule à Lisbonne (Portugal) la 2ème rencontre Europe-Afrique, qui jettera de nouvelles bases de coopération et de développement, au moment où, la Chine semble s’installer durablement en Afrique, ce futur partenariat ne servira qu’à l’Europe, de combattre l’influence de la Chine sur le sol africain, ce futur partenariat ne pèsera pas contre la dictature, contre la mauvaise gouvernance, contre les peuples et les communautés opprimés. L’avenir du Continent africain reste entre les mains des combattants africains qui luttent, pour les libertés, pour le droit, pour les respect des communautés, enfin, pour les jeux équitables de la démocratie.

Auteur : Appolinaire Noël KOULAMA
Publication : 14 novembre 2007
Source : http://africdossier.oldiblog.com

Note :

[1] Vous pouvez lire Gervais M’Boumba dans : http://congobrazzavilleregimedictatorial.blogspot.com rubrique : « Politique » et le Titre : « Est ce la fin des titres de doyen des Chefs d’états africains ? ».

[2] Vous pouvez me lire dans : http://africdossier.oldiblog.com rubrique : « Politique » et le Titre : « L’Union Africaine (UA) devrait exiger des Nations Unies, la déclaration de crimes économiques et de délit de pillage ».

[3] Vous pouvez visualiser le reportage sur l’ancien Président centrafricain, Jean-Bedel Bokassa, concernant les relations transnationales entre la France et la Centrafrique, sur : http://video.google.fr/videoplay?docid=-9118969407996865861

Source : Alliance pour la démocratie et le progrès

Tags : Afrique, France, françafrique, dictature, dictateurs, despotisme, pillage, corruption,

Gouvernance : Argent planqué des présidents africains

20 milliards de dollars sur des comptes bancaires suisses – Alors que plusieurs pays du Sud sont le théâtre des «émeutes de la faim» qui s’amplifient, la question de la restitution des biens mal acquis de potentats africains se pose avec une nouvelle acuité. Des centaines de millions de dollars liés aux biens mal acquis par des dictateurs resteraient bloqués en Suisse. Leur restitution directe pourrait servir à l’aide alimentaire d’urgence.

Entre 100 et 180 milliards de dollars: ce serait la somme des magots détournés par des dictateurs ces dernières décennies. S’il fallait aussi tenir compte des détournements opérés par leurs proches, les chiffres dépasseraient 1000milliards, selon une estimation de Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

Où s’envole tout cet argent spolié aux populations locales principalement des pays du Sud, toujours «en développement»? En grande partie, vers les paradis fiscaux et des Etats qui soutiennent ces régimes corrompus. En France, par exemple, où des potentats africains comme Bokassa ou Eyadéma profitaient d’appuis politiques et d’amitiés en très haut lieu. En Suisse également, comme le montre un document de travail du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) qui a servi de base à une plainte collective déposée à Paris concernant les «biens mal acquis» (lire ci-dessous).

Le phénomène n’est pas nouveau. En Suisse, les affaires se sont succédées, défrayant la chronique: fonds Montesinos (Pérou), Marcos (Philippines), Mobutu (ex-Zaïre), Abacha (Nigeria)… Plus récemment, Hussein (Irak), Salinas (Mexique) ou Duvalier (Haïti): plus de 7 millions de dollars qui restent bloqués en Suisse malgré l’approche de la date butoir (31 août 2008), tandis que le pays est lui aussi, comme le Cameroun, secoué par les «émeutes de la faim»…

Au total, plus d’un milliard se trouverait toujours bloqué dans nos coffres, dans l’attente d’une décision judiciaire définitive. Qu’en est-il de tout ce patrimoine? Même en se concentrant sur la seule Afrique subsaharienne, la liste est édifiante. La disproportion entre les sommes recherchées et les sommes rendues, aussi. Le cas Abacha semble une exception.

Les miettes de Mobutu

Quatre à cinq milliards de dollars: c’était la fortune attribuée à Mobutu. Elle aurait pour une bonne moitié été planquée en Suisse. Seuls trois millions ont effectivement été restitués au nouveau gouvernement de Kinshasa, au terme d’une longue procédure. Et la villa de Mobutu à Savigny (Vaud), mise en vente. «Environ 8 millions de francs suisses restent gelés, montant confirmé par les autorités suisses à notre demande», nous précise à Bâle Max Mader, d’Action place financière suisse. Il souligne que le délai est fixé à fin 2008 pour la restitution de cette somme.

Pour le Mali, la Suisse a certes rendu 2,4 millions de dollars du dirigeant Moussa Traoré (chassé du pouvoir en 1991). C’est bien peu: sa fortune était estimée à un ou deux milliards, provenant en partie de centaines de kilos d’or enfouis dans des caisses métalliques et expédiées en Suisse. Pour la Côte d’Ivoire sous Houphouët-Boigny, qui avait une belle propriété à Cologny, la pêche au trésor en Suisse serait encore plus fabuleuse, a en jugé par la liste établie par le CCFD (voir ci-dessous).

Charles Taylor et ses diamants

Voyons le sinistre Charles Taylor (Liberia, 1989-1996), inculpé pour crimes de guerre et jugé en ce moment devant le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone (TSSL) à La Haye: sur les trois milliards amassés sur la vente, entre autres, de diamants du sang, de trafic d’armes et de bois tropicaux, seuls 2,1 millions ont été bloqués en Suisse…

Là aussi, des experts s’interrogent: on sait pourtant qu’en 2002, «25% des fonds en provenance d’Afrique et déposés dans les banques suisses étaient libériens. Monrovia y disposait ainsi de 3,8 milliards de dollars (placements faits par le gouvernement et fonds détournés). Une somme supérieure à celle placée par l’Afrique du Sud (2,4 milliards de dollars) ou le Nigeria (900 millions de dollars), selon les estimations de la Banque nationale suisse», explique Anne Kappès-Grangé, journaliste à la rubrique économique de Jeune Afrique.

Le Kenya engage des enquêteurs

Autre procédure actuellement en cours au niveau international: celle concernant les fonds d’Arap Moi (Kenya, 1978 et 2002, despote notoire dont la fortune était estimée à 3 milliards de dollars, qui a inspiré le célèbre romancier John Le Carré). Dès 2003, le nouveau gouvernement kenyan a fait appel à un cabinet d’enquêteurs américains, Kroll Associates, spécialistes des affaires de restitution d’avoirs illicites, pour retrouver le magot volé. «On retrouva des comptes bancaires d’Arap Moi à la Citibank et à l’Union bancaire privée en Suisse», note le rapport du CCFD. Interrogé sur ce cas à Berne, le porte-parole de l’Office fédéral de justice, Folco Galli, répond que pour Arap Moi, «rien n’est bloqué en Suisse».

L’enquête de Kroll retrace pourtant la fortune exfiltrée vers une trentaine de pays –dont plusieurs centaines de millions vers la Suisse, via une dizaine d’établissements bancaires, dont certains situés à Genève. Un des principaux intermédiaires de cette époque: Gabriel Moussa Katri, aussi branché sur des réseaux nigérians. Il est alors décrit par les chargés d’investigation comme «l’un des plus importants blanchisseurs d’argent à Genève».

A ce jour, «seul le Royaume-Uni a ordonné en 2005 le gel de près d’un milliard de dollars volés dans les caisses de la Banque centrale du Kenya et transférés sur des comptes bancaires en Grande-Bretagne», poursuit le CCFD.

Togo: tel père, tel fils ?

Faute d’informations, le rapport du CCFD «sèche» aussi sur la fortune exfiltrée des anciens potentats africains qui ne font l’objet d’aucune procédure en cours, mais qui posent problème. «De forts soupçons existent sur des biens mal acquis au Tchad, Togo, Centrafrique, Cameroun…». Après 38 ans de règne et une fortune familiale estimée à quatre milliards de dollars, une enquête aurait pu être ouverte pour récupérer les comptes en Suisse et au Liechtenstein du général Gnassingbé Eyadéma (Togo).

Hélas, c’est un de ses fils qui lui a succédé au pouvoir, en avril 2005.I

Note : «Biens mal acquis… profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances occidentales», document de travail, direction des études et du plaidoyer, CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), Paris, mars 2007. Sur les biens mal acquis en Suisse, voir aussi l’ouvrage collectif de Dominique Froidevaux, Bernard Bertossa, Sébastien Guex, Edouard Dommen, Gérard Perroulaz et Gertrud Ochsner, La Suisse dans la constellation des paradis fiscaux, éditions d’En bas/COTMEC, Lausanne, 2002.

Sur plus d’un milliard placé en Suisse, les trois quarts ont été restitués. 7 millions sont toujours bloqués aujourd’hui, nous informe à Berne l’Office fédéral de justice.

Une vue aérienne de son ancienne demeure est disponible sur le site: www.swisscastles.ch.

Pour un apercu, lire: Xan Rice, «The looting of Kenya. Leak of secret report exposes corrupt web», The Guardian, 31 août 2007.

La France donne des idées à la Suisse

En portant plainte en mars 2007 pour «recel de détournement d’argent public » contre plusieurs chefs d’Etat africains et leurs familles, qui auraient acquis en France des biens immobiliers grâce à des détournements d’argent public dans leur pays, les associations Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora entendent dénoncer «un scandale qui n’a que trop duré». Leur action s’inscrit «dans un vaste mouvement international de plaidoyer impulsé notamment par des ONG et d es juristes, pour la saisie et la restitution de ces biens et avoirs mal-acquis», comme l’explique à Paris un porte-parole de Survie.

Les biens des dirigeants africains Omar Bongo (au pouvoir au Gabon depuis 41 ans) et Denis Sassou Nguesso (revenu au pouvoir au Congo-Brazzaville après avoir ordonné une répression meurtrière en 1997, qui s’est poursuivie les années suivantes) sont particulièrement visés par la plainte, la première du genre en France à concerner des despotes encore en exercice.

Après analyse du dossier, le Parquet de Paris annonce le 18 juin l’ouverture d’une enquête préliminaire, confiée à l’Office central de répression de la grande délinquance financière. Depuis, cette enquête «a permis de confirmer intégralement l’ensemble des informations communiquées s’agissant du patrimoine immobilier acquis et utilisé par Denis Sassou Nguesso et Omar Bongo ainsi que par leurs familles», notent les ONG.

Le 23 novembre 2007, la plainte est classée sans suite, «en raison notamment du fait que les infractions dénoncées ne seraient pas suffisamment caractérisées». Une décision «consternante», selon les associations, qui ne vont pas en rester là. Avec une dizaine d’autres ONG, dont Global Witness et les sections françaises d’Oxfam, Secours catholique Caritas et Transparence International, elles ont lancé en décembre 2007 une pétition pour réclamer la restitution des biens mal acquis des dictateurs aux populations spoliées.

Le 10 avril dernier était encore organisée à Paris la «saisie symbolique» d’un hôtel particulier de la famille Bongo. Situé rue de la Baume, dans le 8ème arrondissement, ce bien immobilier vaut la bagatelle 18 million d’euros. L’action a été initiée par la Cellule françafrique, réseau dénonçant le soutien actif de la France à des potentats africains, en présence d’Odile Biyidi, présidente de Survie et de Marc Ona Essangui, de la société civile gabonaise.

La Suisse est un lieu de séjour un lieu de séjour privilégié pour des potentats vieillissants qui souhaitent poursuivre leurs affaires au calme. Outre le secret bancaire et les connexions avec de nombreuses filiales de banques suisses établies dans les Caraïbes, certains en profitent pour se refaire une santé à la fameuse clinique privée de Genolier, surnommée «la clinique des chefs d’Etat africains», qui dispose même d’une suite présidentielle. Genève leur donne garantit aussi un accès aux organisations internationales.

C’est aussi à Genève, une des capitales du trading pétrolier et du commerce de cacao, qu’est établi le siège pour l’Afrique et le Moyen-Orient de beaucoup de multinationales anglo-saxonnes. C’est à Crans-Montana qui se tient en été un forum économique, sorte de «mini-Davos» dédié à l’Afrique et aux «pays émergents»…

Au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), on se veut rassurant: «La Suisse a un intérêt fondamental à ce que ces valeurs patrimoniales d’origine criminelle ne soient pas investies dans la place financière suisse. Elle s’est donc dotée d’un arsenal de lois et de procédures pour réprimer le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption, grâce auquel elle peut lutter efficacement contre la criminalité financière des potentats».

A Genève, l’avocat François Membrez se montre très sceptique: «les dispositions suisses en matière de lutte contre le blanchiment sont insuffisantes pour limiter, voire empêcher l’arrivée du produit de la corruption politique. L’arsenal législatif est aussi insuffisant pour la restitution de ces fonds, on le voit actuellement avec les affaires Duvalier et Mobutu». A cela s’ajoute le manque de volonté politique.

La multiplication des cas peut faire douter de l’efficacité de nos autorités. Difficile d’avoir une vision claire de la situation: sur la somme des biens mal acquis actuellement bloqués en Suisse, on manque d’informations. Sur une fuite de capitaux estimée à 187 milliards de dollars entre 1970 et 1996 pour les seuls pays d’Afrique subsaharienne, 20 milliards seraient planqués sur des comptes bancaires suisses, selon des chiffres étonnants publiés dans The Economist en juillet 2005.

D’autres sources concordantes évaluent le total à plus d’un milliard. Un montant qui ne nous a été ni confirmé, ni démenti au DFAE. «Nous ne faisons pas de statistique là-dessus», nous répond Folco Galli, de l’Office fédéral de justice. Les autorités suisses ont-elle d’ailleurs bloqués des avoirs liés au clan Mugabe (Zimbabwe)? «Je n’ai jamais entendu quelque chose».

Plusieurs ONG suisses mènent des campagnes sur les «biens mal acquis»: à Bâle, Action place financière Suisse suit les développements concernant la fortune d’une douzaine de potentats. De son côté, la Déclaration de Berne s’est beaucoup investie dans l’affaire concernant des transferts douteux sur un compte bancaire à Genève de millions de dollars à la fin des années 1990, provenant de revenus pétroliers destinés au remboursement de la dette angolaise envers la Russie. Elle a encore dénoncé en février dernier «l’inertie du Procureur général (Daniel Zappelli, ndlr) et du Juge d’instruction du canton de Genève dans une enquête financière pendante depuis 2000».

François Membrez, vice-président du comité TRIAL, rappelle que si la justice genevoise avait agi à temps, elle aurait pu éviter que 500 millions de dollars liés au remboursement de la dette angolaise quittent subrepticement les banques suisses –dont UBS Genève– et «partent en fumée». Pour l’heure, le comité TRIAL s’occupe «principalement du dossier Duvalier et dans une moindre mesure, du dossier Mobutu», explique Sandrine Roth. GLE/DATAS

Note:

Lire le communiqué: http://www.asso-sherpa.org/Dossier%20Page%20index/CPbiensmalacquisfr.pdf.

La pétition est disponible en ligne: http://www.biensmalacquis.wb.st.

GILLES LABARTHE/DATAS

Source : Alliance pour la démocratie et le progrès, 14 juillet 2008

Tags : Afrique, France, détournement, pillage, vol, françafrique, Suisse, présidents africains,

Algérie : Plaidoyer pour la formation d’une armée africaine

Toutes les interférences et interventions militaires étrangères en Libye et au Mali « ont été des problèmes plus que des solutions » ce qui augure mal de l’avenir de la région, a fait observé l’ancien diplomate algérien, Hocine Meghlaoui, se prononçant ainsi en faveur de la « formation d’une armée africaine » pour parvenir à préserver la paix dans le continent et mieux lutter contre le terrorisme.

« Au Mali, au Niger et en Libye, il y a beaucoup d’intervenants mais peu de résultats, malheureusement. Alors, est-ce que ce n’est pas le moment d’indigéniser la lutte contre le terrorisme ? Pourquoi ne pas former une armée totalement africaine, bien équipée et bien entrainée ? », a plaidé hier ce chercheur, auteurs de plusieurs ouvrages, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale. « Est-ce que les Maliens ou les Nigériens ne sont pas capables de lutter par eux-mêmes contre le terrorisme ? », s’interroge également Meghlaoui, dont la conviction est fondée sur l’expérience algérienne.

« L’Algérie a vaincu le terrorisme toute seule. Nous avons été mis pratiquement sous embargo et nous avons réussi à vaincre le terrorisme. C’est aussi la même chose pour la Libye », a-t-il soutenu.

L’ancien diplomate a plaidé également pour « l’implication » de l’Algérie dans la résolution des conflits des pays de voisinage, dont le rôle recherché n’est pas d’interférer dans les affaires internes de ces pays, mais pour préserver la stabilité de ces pays frontaliers, qui sont sans un impact sur sa stabilité intérieure, estimant aussi que la situation sécuritaire dans ces pays représente une menace pour l’Algérie « dans la mesure où le terrorisme risque de s’étendre au voisinage ».

« Il s’agit d’enjeux vitaux même pour la sécurité de l’Algérie. L’Algérie doit être impliquée dans ce qui se passe dans la région, pas uniquement en Libye, mais aussi dans tout le Sahel car n’oublions pas le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad qui sont aussi des pays frontaliers à nous », a-t-il indiqué. Il juge ainsi que l’Algérie, qui partage plus de 6 000 KM avec ces pays, « ne peut pas rester indifférente ». « Il faut stabiliser ces pays. Mais malheureusement ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas permis de les stabiliser. Il y a trop d’interférences étrangères et aussi trop d’inté- rêts. L’Algérie doit aussi défendre ses intérêts. Et ces derniers priment sur tous autres intérêts car il y a d’abord l’intérêt sécuritaire. Nous devons défendre notre sécurité », a estimé Hocine Meghlaoui.

« L’Algérie doit jouer un rôle important en Libye »

Cela explique aussi pourquoi l’Algérie doit jouer un rôle important dans la résolution de la crise libyenne, dont la multiplication des interventions des pays occidentaux de la Turquie a transformé le pays en poudrière. « La Libye est un pays voisin. Nous partageons près d’un millier de kilomètres de frontières. Nous avons des tribus issues de mêmes familles qui sont installées dans les deux côtés des frontières. Nous ne pouvons pas tourner le dos à cette question.

Il s’agit de questions très compliquées et très délicates, nous devons y aller franchement parce que nous avons le droit en tant que pays voisin d’être impliqués, voire même plus que les autres », a-t-il souligné. Évoquant les échecs des opérations militaires étrangères au Mali dans la préservation de la paix et la stabilité dans ce pays, comme Serval, Barkhane (initiées par l’armée française), Minusma (par les Nations unies) et Takuba (une task force européenne ; française et Estonienne), l’ancien diplomate estime que cela démontre l’ampleur des intérêts économiques et géopolitiques dans la région.

« Prenons l’exemple de la Turquie. Ça a surpris tout le monde que la Turquie soit en Libye, dernier pays africain de l’empire ottoman. La Turquie a quitté la Libye en 1912. Et la Turquie maintenant confirme cette tendance que les anciens colonisateurs reprennent un peu le pied dans leurs anciennes colonies. Ça on le constate très clairement lorsque on est dans les conférences internationales », a-t-il décortiqué.

Il a cité aussi que la Turquie a trouvé en la Lybie une extension stratégique, économique, militaire, et maritime, soulignant que les entreprises turques dans ce pays ont un portefeuille de 16 milliards de dollars. « Mieux encore, le gouverneur de la Banque centrale libyenne – celle de Tripoli – est allé à Istanbul et même rencontré le président Erdoğan (…) et fait un dépôt de 8 milliards de dollars à la Banque centrale turc pour 4 ans, sans intérêts et sans frais. Cela a permis d’ailleurs de soulager la livre turc qui est en baisse », a-t-il ajouté.

Meghlaoui arrive ainsi à la conclusion : « les pays ne bougent pas sans qu’il y ait des intérêts ». Estimant que la diplomatie algérienne est « une diplomatie de paix » dont les principes « sont contenues dans la charte de l’ONU », l’ancien diplomate remarque qu’« il y a très peu d’États qui respectent encore les principes de la diplomatie comme c’est le cas actuellement pour l’Algérie. Je pense qu’il est temps de revoir un petit peu notre diplomatie et faire un bilan sérieux pour voir où nous en sommes et définir les objectifs et les moyens ».
Hamid Mecheri

Le Courrier d’Algérie, 12 oct 2020

Tags : Algérie, Libye, Mali, Turquie, colonisation, colonialisme, exploitation, spoliation, pillage, pétrole, richesses, ressources naturelles, Afrique, Union Africaine,

L’Occident vu par un ancien colonisé

Je republie ce magnifique texte, plein de vérités en marg du débat sur le séparatisme musulman,

qui m’a été envoyé par une chère personne. Merci à elle !

Quand ils font la guerre, elle devient mondiale.

Quand ils ont une opinion, elle est internationale.

Quand ils s’expriment, ils le font au nom de la communauté internationale.

Quant à leurs valeurs, elles sont universelles.

Quand ils ont une crise, elle est mondiale.

Quand ils parlent d’eux c’est une langue.

Quand ce sont les autres c’est forcément des dialectes.

Leurs fruits ont des noms du genre pomme, abricots, pèche. Ceux de l’Afrique sont exotiques, sauvages.

Ils se sont installés de force en Amérique, au Canada, en Australie, en Afrique du sud, Amérique du sud et ils nous traitent d’immigrés.

Lamentable !

Quand ils viennent chez nous ils disent qu’ils sont expatriés et quand c’est nous qui allons chez eux ils nous traitent d’immigrés. Mesquinerie quand tu nous tiens.

Ils disent d’eux qu’ils sont en situation irrégulière dans un autre pays.

Et quand il s’agit de nous, ils disent que nous sommes des sans papiers, des clandestins.

Quand ils s’attaquent à l’occupant, ce sont des résistants.

Et quand nous on s’attaque à l’occupant, nous sommes des terroristes.

Ils sont les seuls à pouvoir se doter des bombes atomiques et bizarrement ce sont les autres qui fabriquent et utilisent des « armes de destruction massive »

Quand ils les combattaient il y’a à peine un demi siècle, on les appelait homosexuel, pédé.

Et maintenant qu’ils les acceptent on les appelle gays.

Quand ils croient en Dieu, le monde entier doit croire en Dieu.

Et maintenant qu’ils n’y croient plus, le monde entier devrait accepter le mariage entre deux personnes de même sexe. Croire en Dieu est devenu ringard’.

Quand on se met tout nu avec un cache sexe, nous sommes des sauvages.

Et quand c’est eux, ils font du naturisme.

Quand nos femmes se voilent, nous les opprimons. Quand les leurs se voilent, ce sont des saintes (sœurs).

Quand ils y régnaient, on parlait de noble art.

Depuis que nous les terrassons, on parle de boxe tout court.

Quand ils nous prêtent de l’argent, ils parlent d’aide. Quand ils viennent nous piller, ils nous parlent de partenariat ou d’accord de partenariat.

Quand ce sont eux qui le font, c’est du lobbying.

Quand c’est nous, c’est de la corruption, du clientélisme, du népotisme.

Ils traitent nos scarifications (marque de reconnaissance ethnique) de sauvage. Aujourd’hui ils pratiquent le tatouage à outrance et c’est devenu de l’art.

Ils disent chez eux que la femme est plus libre, mais ils oublient que le corps de la femme se vend en vitrine à Amsterdam et aujourd’hui pour une pub de yaourt on a droit à un sein nu. Quel culot !!

Saluons l’homme Blanc comme il se salue lui-même dans le miroir.

Pas pour notre salut, mais pour celui de son nombril.

Source : Mediapart

Tags : Occident, Tiers Monde, Afrique, colonisation, lobbying, spoliation, pillage, homme blanc, noir, esclavage, migration, émigrés, expatriés,

Sahara Occidental : Fin des fournitures suédoises pour la mine de Boucraa

La société suédoise d’équipement minier Epiroc a annoncé qu’elle ne fournirait plus la mine de phosphate controversée de Bou Craa au Sahara Occidental occupé. La société allemande Continental devrait suivre l’exemple, commente WSRW.

Depuis 12 ans des entreprises suédoises fournissant des équipements de forage pour l’exploitation de la mine controversée de Bou Craa au Sahara Occidental occupé, c’est maintenant fini.

« Nous n’avons aucun accord pour la maintenance ou la fourniture de la mine de Boucraa au Sahara Occidental et nous n’avons pas l’intention de fournir la mine à l’avenir », a écrit Camilla Goldbeck-Löwe, vice-présidente de la responsabilité d’entreprise, dans un courriel à Western Sahara Resource Watch (WSRW) du 8 septembre 2020. WSRW a depuis reçu confirmation de cette information de plusieurs sources.

Epiroc est une société suédoise assez récente, créée en 2018. La société a été créée à la suite d’une décision de la société suédoise Atlas Copco de scinder son ancienne activité d’équipement minier. Au moment de la scission, Atlas Copco vendait et entretenait depuis plusieurs années du matériel pour la mine controversée du Sahara Occidental. Ses premières ventes datent de 2008 et l’accord n’a été révélé par WSRW qu’en 2013.

Bien qu’Atlas Copco et Epiroc n’aient pas commenté la question pendant longtemps après la création d’Epiroc, les propriétaires des deux sociétés s’entendaient pour dire que le contrat avec OCP avait été repris par Epiroc, comme c’était le cas avec d’autres contrats d’Atlas Copco. Un courrier adressé à Epiroc en novembre 2019 n’a pas reçu de réponse, mais lorsqu’elle a été interpellée par le Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’homme plus tôt cette année, la société a déclaré qu’elle « examinait actuellement cette question ».

Cependant, un tweet d’Atlas Copco le 10 avril 2019 a semé la confusion quant à la société qui détenait effectivement l’obligation contractuelle. Atlas Copco a déclaré sur les réseaux sociaux que « l’extraction du phosphate faite par notre client suit les règles du droit international ». Le tweet est toujours en ligne.

Maintenant, Atlas Copco affirme qu’aucune des deux sociétés ne joue un rôle dans la mine. « Atlas Copco n’exerce aucune activité au Sahara Occidental. Le client de la mine de Bou Craa et d’Atlas Copco a convenu qu’il n’y aurait pas de nouvelles commandes pour la livraison d’équipements, de pièces de rechange et de services au Sahara Occidental », a déclaré par écrit à WSRW la vice-président à la durabilité d’Atlas Copco, Sofia Svingby, dans un courrier du 18 septembre 2020. Cela a été confirmé au Centre de ressources pour les entreprises et les droits de l’homme dans un courrier du 9 mars 2020. « Atlas Copco n’a pas d’opérations au Sahara Occidental. Le secteur des équipements miniers fait désormais partie d’un société publique différente, Epiroc AB. […] Il n’y a aucun service rendu par le personnel d’Atlas Copco au Sahara Occidental », écrivait la société à l’époque.

Western Sahara Resource Watch demande désormais à la société allemande Continental – qui fournit des courroies en caoutchouc pour l’importante infrastructure de convoyage de la mine – de suivre l’exemple donné par la société suédoise. Le contrat de plusieurs années de Continental pour la fourniture du système de bande transporteuse a expiré en juillet 2020. WSRW ne sait pas s’il a été renouvelé.

« Nous demandons à Continental de clarifier et de dire ce qu’il est advenu du contrat expiré avec l’OCP. Epiroc a montré qu’il est parfaitement possible pour une entreprise de maintenir des opérations commerciales au Maroc, tout en arrêtant l’approvisionnement de la mine de Bou Craa en Sahara Occidental occupé. Une compagnie nationale marocaine n’a pas le droit d’exploiter une mine de phosphate au Sahara Occidental sans avoir obtenu le consentement du peuple du territoire. En contribuant aux opérations de la mine, des sociétés internationales contribuent à l’occupation illégale. Continental doit maintenant suivre l’exemple d’Epiroc, et exprimer immédiatement et sans condition qu’elle a mis fin à son engagement. Nous félicitons Epiroc d’avoir fait preuve de responsabilité et d’avoir pris les devants », a déclaré Tim Sauer de Western Sahara Resource Watch en Allemagne.

Les autres sociétés fournissant la mine sur les terres occupées sont Siemens, Caterpillar et Worley Ltd.

Ce n’est pas la première fois que la restructuration d’entreprises conduit à un remaniement sur les controverses au Sahara occidental. En 2018, le grand groupe allemand Dr.Oetker a vendu sa division maritime Hamburg Süd au géant danois des conteneurs Maersk. La filiale britannique de Hamburg Süd, Furness Withy, était à l’époque l’affréteur responsable des transports de phosphates vers l’Australie / Nouvelle-Zélande. L’acquisition de Hamburg Süd par Maersk étant finalisée, Maersk s’est assuré d’interrompre les transports en Oczanie. Furness Withy était l’affréteur du vraquier NM Cherry Blossom qui a été détenu en Afrique du Sud pour avoir expédié illégalement le minerai de la zone de conflit hors du territoire occupé.

WSRW, 5 oct 2020

Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, phosphates, Boucraa, OCP, spoliation, pillage, ressources naturelles, 

La francophonie patrimoine universel ou françafrique par d’autres moyens ?

Chems Eddine Chitour*

«Passionnée, étais-je à vingt ans, par la stature d’Averroes, cet Ibn Rochd andalou de génie dont l’audace de la pensée a revivifié l’héritage occidental, mais alors que j’avais appris au collège l’anglais, le latin et le grec, comme je demandais en vain à perfectionner mon arabe classique » Assia Djebbar de l’Académie française(…) j’ai dû restreindre mon ambition en me résignant à devenir historienne, En ce sens, le monolinguisme français, institué en Algérie coloniale, tendant à dévaluer nos langues maternelles, nous poussa encore davantage à la quête des origines ».
Assia Djebbar de l’Académie française

La ministre ruandaise Louise Mushikiwabo a été intronisée par « consensus » comme la nouvelle secrétaire générale, Michaelle Jean la secrétaire générale sortante n’a même pas pu défendre son bilan. La Francophonie est entre les mains d’un petit pays anglophone qui a supprimé le français de l’enseignement ! De plus , il ne brille pas sur le chapitre des droits de l’homme ou de l’alternance. Voilà pour la politique et ses desseins impénétrables !

Qu’est ce que la francophonie ?

Le terme francophonie désigne l’ensemble des gouvernements, pays ou instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. La carte de la francophonie se confond largement avec celle de l’expansion coloniale française. Dès le début des années 1960, des chefs d’État, des anciennes colonies françaises, comme le Sénégalais Léopold Senghor,- l’agrégé de grammaire- proposent de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de poursuivre avec la France des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques.

La Francophonie naît officiellement en 1970, à la conférence de Niamey. La francophonie est elle seulement au nom de la realpolitik, une continuation de la Franceafrique ? Ou est-ce, aussi un vecteur culturel universel qui paradoxalement ferme la porte à celles et ceux qui maîtrisent de loin la langue de Voltaire au profit , de pays qui n’ont qu’un lointain rapport avec le français .

Abdelkader Kherfouche écrit à ce propos Au cours d’un point de presse organisé au musée copte du Caire le 18 avril, François Hollande a déclaré : « La francophonie n’est pas un cadeau simplement de ceux qui parlent français. La francophonie c’est un combat, un combat pour des valeurs, un combat pour la culture, un combat pour la diversité » Les mots qu’utilise le président ne sont pas sans rappeler la rhétorique qu’employaient les élites françaises du XIXe siècle pour justifier la colonisation. La langue française, la langue d’une nation civilisée pour faire sortir le colonisé de sa barbarie primitive, la langue française comme un don « humanitaire et civilisateur » pour reprendre la formule de Jules Ferry. Comme le rappelle l’écrivaine algérienne d’expression française, ce n’est pas par les œuvres de Pierre de Ronsard ou de Jean Racine que les Algériens sont entrés dans la langue française, c’est la langue française qui est entrée par effraction en Algérie () La langue française était un outil au service de la colonisation. Une partie des colonisés était formée en français,« la langue des autres, celle des colonisateurs, ses maîtres », la langue de l’école coloniale : Le français donc, celui de l’école, celui de « nos ancêtres, les Gaulois », or ils n’étaient pas « nos ancêtres », et ils n’étaient pas Gaulois ! Mes, nos ancêtres parlaient, ou criaient, ou chantaient en arabe, en berbère, en Ma grand-mère, en arabe, racontait aux enfants autour d’elle, la guerre, les otages, l’incendie des oliviers, à la zaouïa. À l’école française, l’institutrice venue de France racontait Charlemagne, et même Charles Martel à Poitiers confie Assia Djebar dans un poème »(1).

Les «défenseurs grincheux» du français

C’est un fait, et de l’avis de plusieurs spécialistes, la langue française perd du terrain dans le domaine scientifique «l’usage du français dans les sciences tombe en désuétude, la moitié des publications scientifiques est en anglais, seulement 7% en français. Aux Nations unies, le français bataille pour garder son rang: aujourd’hui, seulement 14% des discours sont tenus en français, plus de la moitié le sont en anglais. L’écart entre les deux langues se creuse aussi à l’Union européenne, notamment dans la rédaction des rapports de la Commission, et ce phénomène s’est accentué depuis l’entrée des dix nouveaux pays membres qui parlent plutôt l’anglais. La domination de l’anglais sur les ondes, est aussi avérée. (2)

Promouvoir la francophonie en parlant anglais, le paradoxe n’a pas manqué d’irriter les inconditionnels de la langue française . Après l’injonction vaine en son temps, de Jaques Toubon à parler français, après le prix de la carpette, décernée à ceux qui parlent anglais : « un organisme québécois de défense de la langue française a décerné dimanche un «prix citron» au président français Emmanuel Macron pour des propos défendant son usage occasionnel de l’anglais sur la scène internationale. L’organisme culturel «Impératif français» a choisi le président Macron pour avoir, créé en 1975, Impératif français se décrit comme un «oranisme voué à la promotion de la langue française, de la culture d’expression française et de la francophonie.» Lors de la visite à Paris début mars du Premier ministre québécois, le président Macron avait déclaré ne pas faire partie «des défenseurs grincheux» de la langue française, égratignant au passage les tenants d’une stricte prééminence du français. «lors de la visite du Premier ministre du Québec Philippe Couillard, déclaré vouloir renouveler le logiciel’ de la francophonie en s’inspirant de l’exemple nord-américain’ selon lequel parler l’anglais renforce la francophonie’! Ouf!», écrit cet organisme sur son site ». (3)

La francophonie et l’arabophonie

On pourrait se demander pourquoi l’Algérie veut prendre la défense de la langue arabe en France en lieu et place de plusieurs pays arabes qui sont dans la francophonie. Pourtant l’un des vecteurs de l’acculturation croisée, en l’occurrence la langue arabe , perd elle aussi du terrain en France. Ce que dit Assia Djebbar est important, en ce sens que la langue arabe est consubstantielle de notre personnalité. L’enseignement de la langue arabe est ancien sur le territoire français. Il remonte à l’époque de François 1er. L’agrégation d’arabe fut créée en 1905. A l’époque, l’enseignement de l’arabe était essentiellement lié au phénomène colonial. Durant la période coloniale, la politique «intégro-assimilationniste» de la puissance coloniale fut en grande partie menée contre la langue arabe. Après la décolonisation, la langue arabe continua d’être enseignée et en 1975 le Capes d’arabe fut créé. Depuis, l’arabe semble appelé à connaître un déclin inéluctable. En 2005, la session du Capes d’arabe a été supprimée Pourtant, la langue arabe ne peut pas être considérée comme une langue «rare» puisqu’elle est parlée par plus de 250 millions d’individus dans le monde et qu’elle est la langue officielle de plus de vingt pays (.. 😉 L’éducation nationale en France considère que l’arabe est une langue étrangère alors qu’elle fait partie intégrante du patrimoine culturel de millions de Français. Elle est usitée dans les familles, dans les cages d’escaliers, dans les quartiers. Elle domine dans les banlieues, dans les prisons. Pourtant, elle n’est pas enseignée à l’école primaire, elle est marginalisée au lycée. L’arabe en France est la langue des sous-scolarisés et des savants.»(3)

Etat des lieux de l’usage du français en Algérie

Avant 1962 l’enseignement du français à dose homéopathique faisait que les Algériens étaient des v oleurs de feu selon l’élégante expression de Jean Amrouche. Ce fut pour nous la la langue du roumi mais aussi la langue pain On dit que les Algériens sont comme monsieur Jourdain ils font de la prose sans le savoir, ils «font de la francophonie» sans le savoir. Ils contribuent efficacement au rayonnement de la langue française sans y émarger ou attendre un quelconque subside. Les Algériens font autant pour la diffusion de la langue française -belle langue au demeurant- que plusieurs pays faisant partie de la liste des pays francophones sans plus mais qui, au premier vent défavorable, tournent casaque, comme c’est le cas des pays de l’Est ou des pays anglophones. L’usage du français véritable butin de guerre pour Kateb Yacine que nous avons préservé sans réciprocité est quotidien. C’est un lieu commun que de dire que l’Algérie est le deuxième pays francophone. Qu’est-ce que cela veut dire au juste? C’est d’abord l’enseignement du français depuis l’indépendance d’une façon intensive avec des fortunes diverses mais tout de même déterminée à telle enseigne qu’il y avait à l’indépendance moins de cent mille francophones- il y a de nos jours plus de 12 millions – d’autres sources parlent d’un tiers des Algériens- qui, d’une façon ou d’une autre, parlent le français de Voltaire . C’est le rai, le cinéma Ce sont des centaines de mots arabes notamment algériens qui sont passés dans la cagnotte de la langue française..

La génération de l’indépendance qui a été acculturée à son corps défendant s’était faite un point d’honneur d’être partout autant que possible malgré tous les obstacles, à l’école ou au lycée, la première notamment en orthographe et en mathématiques. En discutant avec des collègues universitaires français il m’est arrivé de les reprendre gentiment quand ils se prenaient les pieds dans des subjonctifs pas commodes. J’étais étonné de leurs « insuffisances » et ils étaient étonnés de constater que l’enseignant des sciences dures, paléo-bougnoule que j’étais, venu du plus profond du bled se permettait de leur apprendre la fameuse poésie de Malherbes : « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses l’espace d’un matin » ou encore la belle poésie la ballade des pendus de François Villon Nous sommes à nous demander, en le paraphrasant mais où est la langue d’antan ? La Révolution de 1789 nous a accompagnés par le vent de liberté qu’elle avait déclenché. Bien plus tard au collège nous récitions le Chant des Partisans pendant que les valeureux moudjahid se battaient pour arracher l’indépendance du pays . Bref tout a été fait par le pouvoir colonial pour magnifier la langue française, l’histoire de France et faire apparaitre les indigènes que nous étions comme des êtres in-civilisés. Il nous fallait cependant nous battre avec les armes de la colonisation pour avoir des chances d’émerger après un parcours du combattant à travers les interstices de tolérance du pouvoir colonial

Les humains dit on ne sont pas seulement eux-mêmes , ils sont aussi le milieu où ils sont nés , le foyer ou la chaumière où ils ont appris à faire les premiers pas, les contes qu’ils ont entendus de leurs grands-mères, les poètes qu’ils ont lus les auteurs qui ont bercé leurs enfances au point de les mettre sur des piédestaux comme ce fut en l’occurrence les auteurs du Moyen âge au XIXe siècle qui ont bercé notre enfance, notamment décrits dans le Lagarde et Michard C’est enfin les instituteurs « ces hussards noirs de la République » Ces instituteurs, on ne le rendra jamais assez justice pour avoir traversé le no man’s land qui nous séparait des européens d’Algérie Ils nous ont appris outre le bon usage du français, le bel usage du français.

La francophonie du XXIe siècle entre l’Algérie et la France

La France apprécie-t-elle à sa juste mesure l’apport inconditionnel des millions d’Algériennes et d’Algériens qui, qu’on le veuille ou non, font plus pour la langue française que des dizaines de pays qui émargent au râtelier de la Francophonie ? Il faudra bien qu’un jour «on rende à César ce qui appartient à César», en reconnaissant à l’Algérie un rôle majeur dans la diffusion du français.

C’est toute la littérature algérienne d’expression française, c’est une cinquantaine de quotidiens francophones, c’est 80% des vols des Algériens vers la France, c’est des milliards de dollars pour le tourisme c’est enfin le marché algérien qui fait que la France est le deuxième partenaire depuis l’indépendance malgré toutes les vicissitudes. Quand on parle français, on consomme français, on roule français et ceci malgré la mondialisation. De la même manière, la culture francophone est toujours prégnante, notamment dans la fonction publique que nous avons héritée pour le meilleur et pour le pire, la littérature, la musique, les arts plastiques, le cinéma, la mode vestimentaire.Bref le vécu au quotidien.

Enfin, il ne faut pas cacher la réalité; des dizaines de milliers d’universitaires, ingénieurs, médecins s’installent en France, participant de ce fait au dynamisme scientifique de la France et ceci sans que la France n’ait déboursé un maravédi à l’Algérie qu’il faut rappeler et les normes de l’Unesco l’attestent, près de 100.000 dollars pour la formation d’un universitaire. Mieux encore, l’Algérie participe enfin à l’enrichissement de la langue française en y apportant de nouveaux mots qui ont été adoptés. Cette acculturation croisée est peut-être un signe que la vitalité d’une langue a besoin de sang exogène pour conjurer son dépérissement. Malgré cela, la France des arts, des armes et des lois selon du Bellay fait une sélection incompréhensible. Il nous parait qu’il est plus facile d’obtenir un visa commercial qu’un visa pour les intellectuels, notamment les enseignants.

Tout d’abord et pour toutes les raisons, deuxième pays francophone, pays arabophone et amazighophone, l’Algérie ne peut pas et ne devrait pas de mon point de vue être traitée comme les autres pays pour ce qu’elle fait pour la langue française En tant qu’universitaires qui, pendant des dizaines d’années, avons enseigné en français, nous sommes nombreux à penser que la France doit développer une relation spéciale avec l’Algérie au nom de l’histoire des liens de sang tissés, du sang versé sans rapport dominant dominé mais avec une parole désarmée et une réelle volonté de faire un aggiornamento de notre histoire commune pour la reconnaissance du fait que la colonisation ne fut pas un long fleuve tranquille

La « reconnaissance objective» de l’Algérie pour la France passe par la résolution des contentieux en premier lieu, la restitution sans condition des restes des patriotes algériens qui sont entreposés dans les musées de France et de Navarre, C’est aussi la mémoire constituée par toutes archives qui contribueront certainement à la sérénité des relations , c’est enfin cette diaspora trait d’union qui peut être un vecteur de stabilité et vivification de la langue dans une acculturation apaisée Un signe fort et symbolique serait celui de la mise en place d’une grande bibliothèque numérique qui contribuerai ce faisant à l’apaisement des mémoires, par la restitution sous une forme ou une autre des fonds d’archives .

Souvenons nous ! Quand Mitterrand a inauguré la Bibliothèque d’Alexandrie, les députés égyptiens anglophones qui se sont fait traduire son discours l’ont acclamé debout Pour rappel il faut bien le dire que l’armée d’invasion a brûlé en 1837 la bibliothèque de Sidi Hammouda Constantine et comme rapporté par Adrien Berbrugger : « chaque soldat voulait avoir «son Coran» et que faute de bois, on allumait le feu avec les ouvrages. » .Dans le même ordre du plaidoyer il est utile de rappeler qu’un matin de juin 1962 , le cadeau de l’OAS a pris la forme d’un gigantesque incendie. Ce furent 600.000 ouvrages de la Bibliothèque d’Alger dont certains uniques, qui furent dévor és par le feu.

Si on y ajoute la mise en place d’une présence culturelle digne de ce nom en France dans sa double dimension arabe et amazighe, rien ne s’opposerait alors de mon point de vue à l’acceptation par l’Algérie de donner la pleine mesure de son talent au sein de la Francophonie. Cependant et pour terminer la question qui se pose est la suivante : La francophonie devra t-elle continuer à être une sorte de « françafrique » par d’autres moyens ? Ou doit elle s’affranchir du passé pour aller vers l’universel ? De notre point de vue si elle veut perdurer la francophonie ne doit pas se départir de sa fonction culturelle qui devrait , sans condescendance, favoriser le dialogue des cultures qui peuvent s’exprimer en langue française tout en favorisant une altérité croisée par un accueil bienveillant des autres expressions linguistiques.

Note

1.Abdelkader Kherfouche http://orientxxi.info/magazine/l-heritage-colonial-de-la-francophonie,1356,1356

2.Chems Eddine Chitour https://www.mondialisation.ca/francophonie-que-peut-faire-de-plus-lalgerie/5304176

3.https://www.huffingtonpost.fr/2018/03/25/macron-recoit-un-prix-quebecois-parodique-pour-ses-propos-sur-la francophonie_a_23394921/?

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

Source : Blog du Professeur Chitour

Tags : Afrique, France, françafrique, Francophonie, coloniaslime, colonisation, exploitation, spoliation, pillage, ressources naturelles,