Algérie : Plaidoyer pour la formation d’une armée africaine

Toutes les interférences et interventions militaires étrangères en Libye et au Mali « ont été des problèmes plus que des solutions » ce qui augure mal de l’avenir de la région, a fait observé l’ancien diplomate algérien, Hocine Meghlaoui, se prononçant ainsi en faveur de la « formation d’une armée africaine » pour parvenir à préserver la paix dans le continent et mieux lutter contre le terrorisme.

« Au Mali, au Niger et en Libye, il y a beaucoup d’intervenants mais peu de résultats, malheureusement. Alors, est-ce que ce n’est pas le moment d’indigéniser la lutte contre le terrorisme ? Pourquoi ne pas former une armée totalement africaine, bien équipée et bien entrainée ? », a plaidé hier ce chercheur, auteurs de plusieurs ouvrages, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale. « Est-ce que les Maliens ou les Nigériens ne sont pas capables de lutter par eux-mêmes contre le terrorisme ? », s’interroge également Meghlaoui, dont la conviction est fondée sur l’expérience algérienne.

« L’Algérie a vaincu le terrorisme toute seule. Nous avons été mis pratiquement sous embargo et nous avons réussi à vaincre le terrorisme. C’est aussi la même chose pour la Libye », a-t-il soutenu.

L’ancien diplomate a plaidé également pour « l’implication » de l’Algérie dans la résolution des conflits des pays de voisinage, dont le rôle recherché n’est pas d’interférer dans les affaires internes de ces pays, mais pour préserver la stabilité de ces pays frontaliers, qui sont sans un impact sur sa stabilité intérieure, estimant aussi que la situation sécuritaire dans ces pays représente une menace pour l’Algérie « dans la mesure où le terrorisme risque de s’étendre au voisinage ».

« Il s’agit d’enjeux vitaux même pour la sécurité de l’Algérie. L’Algérie doit être impliquée dans ce qui se passe dans la région, pas uniquement en Libye, mais aussi dans tout le Sahel car n’oublions pas le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad qui sont aussi des pays frontaliers à nous », a-t-il indiqué. Il juge ainsi que l’Algérie, qui partage plus de 6 000 KM avec ces pays, « ne peut pas rester indifférente ». « Il faut stabiliser ces pays. Mais malheureusement ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas permis de les stabiliser. Il y a trop d’interférences étrangères et aussi trop d’inté- rêts. L’Algérie doit aussi défendre ses intérêts. Et ces derniers priment sur tous autres intérêts car il y a d’abord l’intérêt sécuritaire. Nous devons défendre notre sécurité », a estimé Hocine Meghlaoui.

« L’Algérie doit jouer un rôle important en Libye »

Cela explique aussi pourquoi l’Algérie doit jouer un rôle important dans la résolution de la crise libyenne, dont la multiplication des interventions des pays occidentaux de la Turquie a transformé le pays en poudrière. « La Libye est un pays voisin. Nous partageons près d’un millier de kilomètres de frontières. Nous avons des tribus issues de mêmes familles qui sont installées dans les deux côtés des frontières. Nous ne pouvons pas tourner le dos à cette question.

Il s’agit de questions très compliquées et très délicates, nous devons y aller franchement parce que nous avons le droit en tant que pays voisin d’être impliqués, voire même plus que les autres », a-t-il souligné. Évoquant les échecs des opérations militaires étrangères au Mali dans la préservation de la paix et la stabilité dans ce pays, comme Serval, Barkhane (initiées par l’armée française), Minusma (par les Nations unies) et Takuba (une task force européenne ; française et Estonienne), l’ancien diplomate estime que cela démontre l’ampleur des intérêts économiques et géopolitiques dans la région.

« Prenons l’exemple de la Turquie. Ça a surpris tout le monde que la Turquie soit en Libye, dernier pays africain de l’empire ottoman. La Turquie a quitté la Libye en 1912. Et la Turquie maintenant confirme cette tendance que les anciens colonisateurs reprennent un peu le pied dans leurs anciennes colonies. Ça on le constate très clairement lorsque on est dans les conférences internationales », a-t-il décortiqué.

Il a cité aussi que la Turquie a trouvé en la Lybie une extension stratégique, économique, militaire, et maritime, soulignant que les entreprises turques dans ce pays ont un portefeuille de 16 milliards de dollars. « Mieux encore, le gouverneur de la Banque centrale libyenne – celle de Tripoli – est allé à Istanbul et même rencontré le président Erdoğan (…) et fait un dépôt de 8 milliards de dollars à la Banque centrale turc pour 4 ans, sans intérêts et sans frais. Cela a permis d’ailleurs de soulager la livre turc qui est en baisse », a-t-il ajouté.

Meghlaoui arrive ainsi à la conclusion : « les pays ne bougent pas sans qu’il y ait des intérêts ». Estimant que la diplomatie algérienne est « une diplomatie de paix » dont les principes « sont contenues dans la charte de l’ONU », l’ancien diplomate remarque qu’« il y a très peu d’États qui respectent encore les principes de la diplomatie comme c’est le cas actuellement pour l’Algérie. Je pense qu’il est temps de revoir un petit peu notre diplomatie et faire un bilan sérieux pour voir où nous en sommes et définir les objectifs et les moyens ».
Hamid Mecheri

Le Courrier d’Algérie, 12 oct 2020

Tags : Algérie, Libye, Mali, Turquie, colonisation, colonialisme, exploitation, spoliation, pillage, pétrole, richesses, ressources naturelles, Afrique, Union Africaine,

Libye: comment le paysage change après Sarraj

Des sources locales expliquent à TPI la direction politique que prendra le pays africain après la démission du premier ministre de Tripoli, à la lumière des développements qui ont émergé des dernières discussions tenues au Maroc, en Égypte, en Suisse et en Allemagne.

La forme que prendra la prochaine phase en Libye dépend de multiples facteurs, qui seront tous sur la table des prochaines négociations prévues pour la mi-mois en Suisse, d’où une série de nouvelles pourraient émerger sur qui gérera le produit du pétrole, principale source de revenus du pays. Alors que les efforts arabes et internationaux pour pousser les parties libyennes à dialoguer et à trouver une solution à la crise s’accélèrent, l’attention se concentre désormais sur les caractéristiques que prendra la prochaine saison politique libyenne, en particulier après la démission annoncée du président du gouvernement. d’accord national (Gna), Fayez al Sarraj, qui entend céder sous peu ses pouvoirs au prochain exécutif.

A l’issue du deuxième cycle de pourparlers qui s’est tenu récemment à Bouznika, au Maroc, les délégations de la Chambre des représentants de Tobrouk et celle du Conseil d’Etat de Tripoli ont annoncé la conclusion d’une série « d’accords complets » concernant les institutions souveraines+ soulignant comment ces accords visent à l’approbation des institutions constitutionnelles du pays.

Des sources informées au sein des parties du dialogue libyen, présentes lors des réunions au Maroc, ont reconnu la réalisation de « certains points d’accord lors des deux tours de négociations ». Les mêmes sources ont souligné que les «sept positions souveraines» désormais connues, apparues au cours des négociations, étaient traitées à la fois géographiquement et politiquement entre le Conseil d’État de Tripoli et le Parlement de Tobrouk.

Selon des sources, les parties libyennes ont convenu que le gouverneur de la banque centrale, où circulent les revenus pétroliers, doit provenir de l’est de la Libye et son adjoint de l’ouest du pays.

Tout cela alors que les participants à la deuxième Conférence de Berlin sur la Libye, y compris l’Italie, ont appelé à la création d’une zone démilitarisée dans et autour de la ville de Syrte, appelant à un accord de cessez-le-feu permanent.

Les personnes présentes à la réunion interministérielle sur la Libye qui s’est tenue en marge de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations Unies ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre ce qui a émergé de la première Conférence de Berlin, en soulignant l’importance de la production et de l’exportation de pétrole. En outre, alors que la trêve semble tenir, les participants aux pourparlers ont appelé au lancement d’un processus politique mondial dans lequel toutes les composantes libyennes sont représentées dans le cadre des négociations de Berlin.

Il convient également de rappeler qu’au début du mois dernier, les consultations entre les parties libyennes à Montreux, en Suisse, ont ouvert la voie à de nouveaux progrès, avec la conclusion d’un accord sur la tenue de nouvelles élections dans les 18 mois. Fin septembre, des négociations ont également commencé à Hurghada, en Égypte, entre les représentants militaires de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le général Khalifa Haftar, et le gouvernement d’accord national (GNA) de Tripoli, ouvrant la voie. à un cessez-le-feu permanent.

Maintenant, après les négociations tenues à Bouznika, Hurghada, Berlin et Montreux, l’ONU et toute la communauté internationale parient sur la reprise du « Dialogue de Genève » entre les parties libyennes, qui devrait avoir lieu au milieu de ce mois. Parallèlement, divers rapports médiatiques évoquent un éventuel déménagement du siège des pourparlers sur l’île de Djerba, en Tunisie, pour des raisons logistiques.

Cette rencontre vise à parvenir à une série de nouveaux accords concernant la forme que prendront les nouvelles autorités libyennes. En fait, une négociation est prévue sur la séparation de l’exécutif du Conseil présidentiel, réduisant les membres de cet organe de 9 à 3 membres seulement.

Fathi al Marimi, conseiller du parlement libyen de Tobrouk, a révélé à TPI les caractéristiques de la phase politique post-Sarraj en Libye, soulignant comment les participants à la session de dialogue entre les parties libyennes à Genève discuteront de la formation d’un nouveau conseil présidentiel composé de un président et deux députés et un gouvernement dirigé par un premier ministre et deux vice-premières, négociant également un accord sur diverses autres questions afin de consolider la stabilité dans le pays.

Le Comité de dialogue, qui représente le parlement libyen, et un autre organe similaire au nom du Conseil suprême d’État, ainsi que certaines personnalités choisies par la Mission d’appui des Nations Unies, participeront à cette réunion, a ajouté le conseiller du parlement libyen. en Libye (Unsmil). « Comme prévu, cette réunion sera décisive pour le choix d’un nouveau conseil présidentiel composé d’un président et de deux députés et d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre et deux vice-premières », a révélé Al Marimi.

Par ailleurs, le politicien libyen a expliqué que le nouveau Premier ministre, après avoir formé son propre gouvernement, devra alors le présenter au parlement. «Le parlement n’a qu’une seule session disponible pour approuver le nouvel exécutif. Au cas où la Chambre ne l’approuverait pas, des discussions se tiendront à nouveau au sein du Comité de dialogue pour réunifier les institutions libyennes et mettre fin à la crise dans le pays, notamment les coupures d’électricité, le manque de liquidités et les prix trop élevés pour produits alimentaires et pharmaceutiques « .

Al Marimi a souligné que l’objectif des pourparlers consistait, après tout, à adopter les dispositions nécessaires en vue des prochaines élections présidentielles et législatives pour parvenir à la stabilisation du pays.

Selon le conseiller du parlement libyen, à l’issue de ce processus, la phase de réconciliation entre les Libyens devrait commencer, avec divers accords contraignants visant à consolider la stabilité, conduisant « à la consolidation des institutions et à l’état de droit, afin de mettre un terme à la crise et ramener la Libye dans les pays qui jouent un rôle important dans le respect de la Charte des Nations Unies et au sein de la Ligue arabe et de l’Union africaine ».

Pour sa part, Ahmed Lenki, membre du Conseil d’État libyen, a déclaré que ce qui avait été convenu entre la Chambre des représentants de Tobrouk et le Conseil d’État de Tripoli à Bouznika constituait une étape très importante pour la réunification des institutions de l’État.

Dans une déclaration à la presse, l’homme politique libyen a ajouté que les réunions à Genève seront très importantes car elles auront pour objectif de réunir les institutions de l’État et de revoir la composition du Conseil présidentiel dans un format composé d’un président et de deux députés. , confiant la création d’un gouvernement distinct du Conseil à une figure d’importance nationale.

Source : tpi.it, 8 oct 2020

Tags : Libye, Al Sarraj, GNA, Haftar, Tripoli, Benghazi, pétrole, 

Algérie : La véritable option stratégique

On a beau, en Algérie, miser formellement sur la diversification de l’économie, il n’en reste pas moins que tous les responsables du pays, tendaient, hier, une oreille attentive à la rencontre de l’Opep+ qui devait décider du maintien à la baisse de la production de l’or noir, synonyme d’une augmentation des cours et donc une meilleure marge de manœuvre pour le gouvernement. Dans le Pipe de l’exécutif, il y a le développement des énergies renouvelables, un investissement dans l’économie du savoir et dans l’agriculture… Plein de beaux projets, sauf qu’en ces temps présents, l’un des challenges les plus près d’être réalisés n’est autre que de lancer des projets dans l’Offshore gazier.

Il est difficile de comprendre cet « acharnement » à trouver coûte que coûte des hydrocarbures, au moment où tous les gouvernements des dix dernières années ne jurent que pour le développement des énergies renouvelables. Preuve de cette volonté d’aller de l’avant dans cette politique, est la décision de réaliser en quatre ans l’équivalent de 4.000 mégawatt d’électricité solaire.

S’il existe un seul domaine que partage l’exécutif de Djerad avec les autres gouvernements, en dehors de la politique du logement, c’est cette détermination à faire évoluer le potentiel énergétique renouvelable de l’Algérie. C’est dire que cette question transcende les clivages et passe pour une option stratégique liée à la survie de la nation. Et pour cause, il serait suicidaire pour un pays comme le nôtre de fermer les yeux sur une réalité aussi évidente, celle qui donne la fin de l’or noir à plus ou moins courte échéance. Toutes les études, même les plus optimistes, prévoient le tarissement des puits de pétrole et de gaz au plus tard vers le milieu du 21e siècle. L’Algérie aura eu un petit siècle pour se préparer à cette échéance en construisant une nouvelle industrie énergétique basée sur le renouvelable.

Lorsqu’on sait les conditions dans lesquels le pays a accédé à son indépendance, on mesure la grande difficulté de la tâche. Dans ce petit siècle, l’Algérie est appelée à acquérir une technologie encore balbutiante au niveau international, la développer jusqu’à trouver des applications sur le terrain sans que cela ne soit trop onéreux, exécuter lesdites applications à l’échelle nationale et garantir l’accès à toute la population à la nouvelle énergie. Cela peut paraître illusoire de réaliser pareille prouesse, mais il est clair que c’est la seule chose à faire pour ne pas finir dans les poubelles de l’Histoire.

On sent une véritable prise de conscience au plus haut niveau de l’Etat. Mais cela ne suffit pas pour s’engager sur la bonne voie. Il est urgent de faire le premier pas, de capitaliser toutes les expériences réalisées dans le domaine des énergies renouvelables et surtout, de commencer à développer une technologie susceptible de donner à l’Algérie un avantage certain sur le créneau de l’énergie solaire.
Par Nabil.G

Ouest Tribune, 7 juin 2020

Tags : Algérie, pétrole, OPEP, OPEC,

Les enseignements de l’Algérie pour affronter une crise financière (The Washington Times)

Le plus grand pays d’Afrique, un allié stratégique des États-Unis, donne l’exemple lors de la pandémie de COVID-19
Peu d’Américains connaissent bien le plus grand pays d’Afrique. Même beaucoup au Congrès ne peuvent guère faire plus que situer l’Algérie parmi les pays d’Afrique du Nord sur une carte, mais les nouvelles de cette semaine de l’un de nos plus importants alliés stratégiques en Afrique pourraient enseigner même à nos propres dirigeants un peu le leadership et le courage nécessaires pour gouverner pendant une crise.
Ceux qui connaissent l’Algérie se souviennent des manifestations de l’année dernière, mais ne savent pas qu’elles étaient remarquablement pacifiques et qu’après chacune, les manifestants eux-mêmes ont fait le nettoyage après leur passage pour s’assurer de ne laisser aucun déchet.
Bien que les critiques aient prédit que l’élection présidentielle retardée du pays se révélerait chaotique et résoudrait peu, ils avaient tort. Abdelmadjid Tebboune a été élu avec 54% des voix lors de ce que les observateurs ont convenu qu’il s’agissait d’une élection libre et équitable comprenant au moins l’un des critiques les plus virulents du gouvernement.
Aujourd’hui comme la plupart des pays du monde, l’Algérie est aux prises avec des défis sans précédent liés à la pandémie de coronavirus. La crise économique provoquée par la pandémie est particulièrement grave dans un pays largement tributaire de la production de pétrole et de gaz. Des analystes indépendants disent que le budget de l’Algérie, tel que prévu avant l’effondrement du virus, les prix mondiaux de l’énergie prévoyaient que le pétrole se vendrait à environ 50 dollars le baril; on peut imaginer l’horreur que cela suppose de voir le prix chuter à moins de 20 dollars.
Le président Tebboune, cependant, se révèle être un leader dur et capable qui, contrairement à beaucoup d’autres, se rend compte qu’il est dangereux d’accumuler des dettes qui devront être remboursées par des générations encore à naître. Lui et son pays sont fièrement indépendants et ont toujours résisté à emprunter de l’argent pour vivre au-dessus de leurs moyens. La semaine dernière, il a réduit de moitié le budget du gouvernement pour éviter d’hypothéquer l’avenir de la nation à d’autres nations et a obtenu une commission constitutionnelle pour adopter une mesure qui imposera une limite de deux mandats à la présidence et au Parlement.
Combien d’autres dirigeants nationaux auront le courage de profiter de la chaleur à court terme du président Tebboune pour garantir que son pays ne sera pas en mesure de payer ses dettes à la fin de la pandémie? D’autres pays africains peuvent témoigner des dangers d’emprunter massivement à des pays comme la Chine, alors que Pékin utilise la crise actuelle pour obtenir des concessions de nations dépendantes de son «aide». Les dirigeants de ces nations sont à genoux et implorent la charité de la communauté internationale, de subventions et de prêts pour aider à financer des dépenses budgétaires insoutenables qu’elles ont peur de réduire.
Dans ce pays, le Congrès et gouverneur après gouverneur empruntent pour atténuer le manque à gagner. La dette qui s’accumule maintenant devra être payée avec des impôts et une inflation plus élevés – notre dette est si élevée que seuls les deux pourraient couvrir les intérêts de la dette. Les élus des autres pays développés ayant de bonnes cotes de crédit font de même – en espérant sans aucun doute que la douleur leur sera infligée non pas sur eux mais sur leurs successeurs.
The Washington Post, 11 mai 2020
Tags : Algérie, pandémie, covid19, coronavirus, crise économique, crise financière, pétrole, dette, endettement, 

Trump à MBS: "Coupez la production ou perdez le soutien militaire US"

Alors que les États-Unis mettaient sous pression l’Arabie saoudite pour qu’elle mette fin à sa guerre des prix du pétrole avec la Russie, le président Donald Trump a lancé un ultimatum aux dirigeants saoudiens.
« Lors d’une conversation téléphonique, le 2 avril, Donald Trump a déclaré au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane qu’au cas où l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne commencerait pas à réduire la production de pétrole, il ne pourrait pas empêcher les législateurs américains d’adopter une loi autorisant le retrait des troupes américaines du royaume », ont déclaré à Reuters quatre sources proches du dossier.
La menace de renverser une alliance stratégique de 75 ans qui n’a pas été signalée auparavant, était au cœur de la campagne de pression américaine qui a conduit à un accord mondial historique pour réduire l’offre de pétrole alors que la demande s’effondrait sur fond de la pandémie de coronavirus.
Donald Trump a transmis le message au prince héritier saoudien dix jours avant l’annonce de coupes dans la production du pétrole.

Pris de court par cette menace, le chef de facto du royaume a ordonné à ses collaborateurs de quitter la salle afin de poursuivre la discussion en privé, selon une source américaine qui a été informée de la discussion par de hauts responsables de l’administration.
Cet effort a illustré le fort désir de Donald Trump de protéger l’industrie pétrolière américaine d’une chute des prix historique alors que les gouvernements fermaient leurs frontières au monde entier pour lutter contre le coronavirus.
Cela reflétait également un renversement révélateur des critiques de longue date de Trump contre le cartel qu’il a critiqué pour avoir augmenté les coûts énergétiques des Américains avec des coupures d’approvisionnement qui entraînent généralement une hausse des prix de l’essence. Maintenant, Trump demande à l’OPEP de réduire la production.
Un haut responsable américain a déclaré à Reuters que l’administration avait informé les dirigeants saoudiens que sans une réduction de la production, « il n’y aurait aucun moyen d’empêcher le Congrès américain d’imposer des restrictions qui pourraient conduire à un retrait des forces américaines de l’Arabie saoudite ». L’officiel a résumé l’argument, avancé par divers canaux diplomatiques, en disant aux dirigeants saoudiens: « Nous défendons votre industrie pendant que vous détruisez la nôtre. »
Reuters a interrogé le président américain sur les pourparlers, dans une interview mercredi soir à la Maison-Blanche au cours de laquelle il a abordé un éventail de sujets concernant la pandémie. Lorsqu’on lui a demandé s’il avait dit au prince héritier que les États-Unis pourraient retirer leurs troupes d’Arabie saoudite, Trump a répondu: « Je n’ai pas eu à le lui dire… Je pensais que lui et le président Poutine, Vladimir Poutine, étaient très raisonnables. Ils savaient qu’ils avaient un problème, puis cela s’est produit. »
Interrogé sur ce qu’il a dit au prince héritier Mohammed ben Salmane, Trump a déclaré: « Ils avaient du mal à conclure un accord. Et je l’ai contacté par téléphone et nous avons pu conclure un accord » pour des réductions de production.
Le bureau de presse du gouvernement saoudien n’a pas répondu à une demande de commentaires. Un responsable saoudien qui a préféré rester anonyme a souligné que l’accord représentait la volonté de tous les pays de l’OPEP + qui comprend l’OPEP plus une coalition dirigée par la Russie.
« L’Arabie saoudite, les États-Unis et la Russie ont joué un rôle important dans l’accord de l’OPEP + sur les coupes pétrolières, mais sans la coopération des 23 pays qui y ont pris part, cela ne serait pas arrivé », a déclaré le responsable saoudien qui a toutefois refusé de commenter les discussions entre les dirigeants américains et saoudiens.

Une semaine avant la conversation téléphonique entre Donald Trump et Mohammed ben Salmane, les sénateurs républicains américains Kevin Cramer et Dan Sullivan avaient déposé une loi visant à retirer toutes les troupes américaines, les missiles Patriot et les systèmes de défense antimissile du royaume à moins que l’Arabie saoudite ne réduise la production de pétrole.
Le soutien à cette mesure a pris de l’ampleur au milieu de la colère du Congrès face à la guerre des prix du pétrole saoudienne. Le royaume avait ouvert les robinets en avril, déclenchant un flot de brut dans l’approvisionnement mondial après que la Russie ait refusé d’approfondir les réductions de production conformément à un précédent pacte d’approvisionnement de l’OPEP.
Cramer, le sénateur républicain du Dakota du Nord, a déclaré à Reuters qu’il avait parlé à Trump de la législation visant à retirer la protection militaire américaine à l’Arabie saoudite le 30 mars, trois jours avant que le président n’appelle le prince héritier saoudien.
Interrogé pour savoir si Donald Trump a dit à l’Arabie saoudite qu’il pourrait perdre le soutien militaire américain, le secrétaire américain à l’Énergie, Dan Brouillette, a déclaré à Reuters que le président se réservait le droit d’utiliser tous les outils pour protéger les producteurs américains, y compris « notre soutien à leurs besoins de défense ».
Le partenariat stratégique saoudo-américain remonte à 1945, lorsque le président des États-Unis Franklin D. Roosevelt a rencontré le roi saoudien Abdel Aziz Ibn Saoul à bord de l’USS Quincy, un croiseur de la Marine. Ils ont conclu un accord : la protection militaire américaine en échange de l’accès aux réserves de pétrole saoudiennes.
Aujourd’hui, les États-Unis ont environ trois mille soldats dans le pays et la cinquième flotte de la Marine américaine protège les exportations de pétrole de la région.

Source : Press TV, 1 mai 2020
Tags : Arabie Saoudite, Pétrole, Etats-Unis, OPEP, Russie, Donald Trump, pandémie, coronavirus, covid-19, production, MBS,

Le pétrole termine en hausse pour la 3e séance de suite

Petrol station prices set to increase this weekend - Experts warn ...Le prix du panier de quatorze pétroles bruts (ORB), qui sert de référence à l’OPEP s’est établi en fin de la semaine à 15,23 dollars, selon les données de l’Organisation publiées sur son site web.
Ce panier de référence de pétrole brut de l’OPEP introduit en 2005, a chuté à 12,22 dollars mercredi après avoir débuté la semaine à 14,19 dollars.
Il comprend le Sahara Blend (Algérie), Girassol (Angola), Djen(Congo), Oriente (Equateur), Zafiro (Guinée Equatoriale),Rabi light (Gabon), Iran Heavy (Iran),Basra Light (Irak), Kuwait Export ( Koweït), Es-Sider (Libye), Bonny Light (Nigéria), Arab Light (Arabie saoudite), Murban (Emirats arabes unis) et Mery (Venezuela)”.
Vendredi, les prix de l’or noir ont terminé en légère hausse. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’est apprécié de 0,51%, ou 11 cents, pour finir à 21,44 dollars.
A New York, le prix du baril américain de WTI pour juin a gagné 2,7%, ou 44 cents, pour clôturer à 16,94 dollars.
Les cours ont ainsi terminé en hausse pour la troisième séance de suite, après s’être effondrés en début de semaine.
Sur la semaine, le Brent a plongé de 24% et le WTI de 32%. Le baril de WTI pour livraison en mai a notamment terminé lundi à -37,63 dollars, les investisseurs en étant réduits à payer les acheteurs pour écouler leur brut faute de trouver des espaces où stocker les fûts.
Le Koweït, cinquième producteur de l’OPEP a commencé à réduire sa production de pétrole avant l’entrée en vigueur de l’accord convenu récemment par les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés prévu pour le 1er mai, a rapporté l’Organisation sur son site web .
« Dr Khaled Ali Al-Fadhel, ministre du pétrole du Koweït, ministre de l’électricité et de l’eau et président du Conseil d’administration de la Kuwait Petroleum Corporation (KPC), a confirmé que l’Etat du Koweït a commencé à ajuster sa production de pétrole dans le cadre de son engagement en la Déclaration de coopération pour soutenir la stabilité du marché mondial du pétrole », a rapporté la même source.
Le 12 avril, les participants à la 10eme réunion ministérielle extraordinaire de l’Opep+ , tenue par vidéoconférence, ont convenu une baisse de leur production globale de pétrole brut de 9,7 mb/j, à compter du 1er mai 2020, pour une période initiale de deux mois qui se termine le 30 juin 2020.
Pour la période suivante de 6 mois, qui débutera du 1er juillet 2020 au 31 décembre 2020, l’ajustement total convenu sera de 7,7 Mb/ j. Cette baisse sera suivie d’un ajustement de 5,8 mb/j pour une période de 16 mois, allant du 1er janvier 2021 au 30 avril 2022.
L’extension de cet accord sera réexaminée en décembre 2021.
Echouroukonline, 25 avr 2020
Tags : Algérie, pétrole, prix, Brent, OPEP, 

Le pétrole à moins de 30 dollars : Vive la crise si on se réveille enfin !

«Albahrou ouara akoum oua al ‘adou amamakoum» (Paroles attribuées à Tarek Ibn Zyad lors de son arrivée en Espagne en 711)

Ça y est! Ce que l’on craignait est arrivé, les prix du pétrole ont plongé à moins de 30 dollars (29,09 $ le baril le 15 janvier 2016 pour le Brent et 2,13 le million de BTU pour le gaz naturel coté au Nymex). Une nouvelle baisse des prix «ne peut être exclue», a déclaré Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank à Reuters Forum Global Oil. Il a averti que 25 $ le baril «est tout à fait possible, mais pas beaucoup plus bas que cela». La production américaine s’établissait à 9,227 millions de barils avec une quantité de raffinage de 16, 423 millions de barils/jour au 8/01/2016. (1)

La différence étant importée ce qui amène interrogation: d’un côté, le Congrès autorise les Etats-Unis à exporter, de l’autre, ce pays importe 7,196 millions de baril/jour! La seule certitude est que les stocks de sécurité sont pleins à 482 millions de barils soit 60 jours d’importation et plus de 100 millions de barils/jour par rapport à la même période de 2015. Cela veut dire que la recommandation de l’AIE aux pays de l’Ocde leur permet indirectement de manipuler les prix et absorber des chocs en déstockant. Adam Smith et sa main invisible sont une vue de l’esprit à moins d’admettre qu’Adam Smith nous a bernés et qu’en fait il est manchot.

Un chaos mondial

Par ailleurs, les Bourses ne sont pas épargnées, il y a une sorte de sauve-qui-peut. «Depuis le début du mois en effet, lit-on dans un éditorial du journal Le Monde, les Bourses de Chine ont chuté de 20%, tandis que, à New York, Wall Street a reculé de plus de 8%. Cette baisse brutale est le reflet d’une triple crise – chinoise, pétrolière, américaine -, qui menace l’économie mondiale.(…) Le système[chinois] ne s’effondre pas, mais la deuxième économie du monde connaît des soubresauts dangereux pour ses partenaires. A commencer par la baisse du yuan. Pour l’instant, Pékin se bat contre les marchés pour freiner la dévaluation de sa devise – ses réserves monétaires ont fondu de plus de 100 milliards de dollars en décembre -, mais combien de temps sera-t-il possible de résister à la spéculation?» (2)

Le baril de brut est passé sous les 30 dollars, en recul de plus de 15% depuis le début de l’année. Au plus bas depuis douze ans, il entraîne avec lui l’ensemble des matières premières. Pour mémoire, l’or noir s’échangeait encore à 115 dollars il y a dix-huit mois. N’en déplaise aux automobilistes, ce prix est beaucoup trop bas. Jusqu’à 70 dollars, un pétrole bon marché est favorable à la croissance mondiale. En deçà, il a des effets récessifs: les pays producteurs sont obligés de réduire leurs importations et leurs investissements, ils se trouvent exposés à de graves risques politiques et sociaux, tandis que les compagnies pétrolières sabrent dans les investissements. Ce double choc se répercute sur les Etats-Unis. Les entreprises sont chahutées en Bourse. Contre-choc pétrolier oblige, le secteur de l’énergie est en chute libre, et les faillites qui se multiplient affectent, par ricochet, les valeurs bancaires (…) Mais l’activité de l’industrie s’est contractée ces derniers mois, pour retomber à son plus bas niveau depuis 2009, et la consommation marque des signes d’essoufflement. Bref, l’Amérique freine dangereusement, alors que la Réserve fédérale vient tout juste de remonter ses taux d’intérêt après des années d’argent facile.»(2)

Comment les prix du pétrole pourraient augmenter?

Les rentiers de l’Opep ne savent pas que la perte occasionnée par un dumping qui met les prix au plancher est de loin plus importante qu’une réduction de quota. Un petit calcul montre qu’une réduction de 10% de la production de l’Opep soit 3,1 millions de barils à répartir d’une façon équilibrée en réduisant la part de l’Arabie saoudite qui a pris les quotas de l’Iran du fait des sanctions et de l’Irak, permettrait de faire remonter les prix jusqu’à 60, voire 70 $. Les pays industrialisés, notamment pétroliers, américains ne verraient pas cela d’un mauvais œil. Pour l’Algérie passer de 1 million de barils/j à 30 dollars, voire moins à 800.000 barils /jour à 60 dollars le gain est évident. Mais qui va faire entendre raison aux rentiers du Golfe? Seule alors une injonction américaine leur fera entendre raison. Cela ne se fera pas car les Américains ont pour objectif de terrasser économiquement la Russie. Les producteurs américains ont des moyens de rebondir le moment venu.

L’équation iranienne

Nous savons que l’Opep est à la fois clouée au sol par les problèmes de parts de marché imposées par les Saoudiens, mais aussi par la rivalité entre ces deux pays. Alors que le conflit entre l’Iran et l’Arabie saoudite continue, un renforcement des liens entre les acteurs improbables pourrait être en cours.Israël et l’Arabie saoudite ont trouvé un terrain d’entente dans leurs efforts pour combattre l’influence iranienne dans la région, selon le Wall Street Journal. Alors que ces deux pays n’ont pas de relations diplomatiques formelles.

Les sanctions internationales contre l’Iran ont été levées. Selon l’Aiea Téhéran a respecté ses engagements. C’est un bon jour pour le peuple iranien puisque les sanctions vont être levées», a déclaré Mohammad Javad Zarif, cité par l’agence de presse Isna. Téhéran va revenir en force sur le marché pétrolier. «Elle va cibler l’Inde, et envisage d’augmenter les exportations de 500.000 barils par jour (bpj). L’Iran dispose de 22 très grands transporteurs de brut (Tgtb) flottant au large de ses côtes, avec 13 entièrement ou presque entièrement.» (3)

Les énergies propres: Embellie durable

Dans toutes ces incertitudes, le développement des énergies renouvelables ne connaît pas de ralentissement, au contraire! 2015 a été une bonne année pour l’installation de capacité d’énergie renouvelable, avec 64GW pour l’éolien et 57GW pour l’énergie solaire photovoltaïque soit une augmentation de près de 30% par rapport à 2014. Les investissements dans l’énergie propre ont bondi en Chine, en Afrique, aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Inde en 2015. Les investissements ont atteint 328.9milliards de $, en hausse de 4% par rapport à 2 014. Parmi les pays émergents citons le Mexique (4,2 milliards $, en hausse de 114%), le Chili (3,5 milliards $, en hausse de 157%), l’Afrique du Sud (4,5 milliards $, en hausse de 329%) et le Maroc (2 milliards $, partant de zéro en 2014). Ceci est dû à la baisse du coût de l’énergie solaire photovoltaïque, ce qui signifie que plus de capacité pourrait être installée pour le même prix. Au cours des 18 mois à la fin de 2015, le prix du Brent a plongé de 67% à partir de 112,36 $ à 37,28 $ le baril. Le gaz naturel aux États-Unis a chuté de 48% sur l’indice Henry Hub de 4,42 $ à 2,31 $ par million de British Thermal Units.» (4)

« Michael Liebreich, président du conseil consultatif à Bloomberg New Energy Finance, a déclaré: «Ces chiffres sont une riposte magnifique à tous ceux qui attendaient l’investissement de l’énergie propre à caler sur la chute des prix du pétrole et du gaz. «Le vent et l’énergie solaire sont actuellement adoptées dans de nombreux pays en développement comme une partie naturelle et importante du mix de production: le plus grand financement dans l’éolien terrestre était pour 1.6GW Nafin Mexique, $ 2,2 milliards environ. Le solaire thermique ou CSP développé par NOORo au Maroc, à 350 MW de 1,8 milliard $.»(4)

«La Chine a de nouveau été de loin le plus grand investisseur dans les énergies propres en 2015, augmentant sa domination de 17% à 110.5 milliards $. Les États-Unis ont investi 56 milliards $, en hausse de 8% sur l’année précédente L’Europe vit de nouveau la baisse des investissements en 2015, à 58.5 milliards $, en baisse de 18% sur 2014 et son chiffre le plus faible depuis 2006. Le Royaume-Uni est de loin le marché le plus fort, avec des investissements en hausse de 24% à 23.4 milliards de $. L’Allemagne a investi 10,6 milliards $, la France a connu encore une plus grande chute de l’investissement, de 53% à 2,9 milliards $. L’Afrique et le Moyen-Orient sont deux régions avec un grand potentiel pour l’énergie propre, compte tenu de leurs populations croissantes, ressources solaires et éoliennes abondantes. En 2015, ces régions combinées ont vu l’investissement de 13,4 milliards $, en hausse de 54% sur l’année précédente.» (4)

Qu’en est-il du gaz de schiste?

Plombée par des prix du pétrole bas, l’industrie des gaz de schiste a mangé son pain blanc. Il semble que de graves problèmes commencent à être visibles, à la gabegie d’eau douce utilisée, aux centaines de produits chimiques ajoutés, au non-traitement correct des eaux récupérées avec toutes les conséquences en termes de nuisances et de détérioration de la santé, il faut ajouter un phénomène dangereux celui des tremblements de terre. Une publication récente montre le sort peu enviable des habitants de l’Oklahoma: «Pour les habitants de l’Oklahoma, c’est presque devenu une routine. La terre tremble régulièrement. Le 6 janvier, deux séismes d’une magnitude de 4,7 et 4,8 ont secoué la région septentrionale de cet Etat du centre des Etats-Unis. En 2015, l’Oklahoma a recensé plus de 900 tremblements de terre d’une magnitude proche de 3, soit deux et demi par jour. Pour 2016, les prédictions ne sont pas meilleures ».(5)

« Selon le National Earthquake Information Center de Golden, dans le Colorado, la barre des mille séismes devrait être franchie. La région centrale du pays n’avait enregistré que 21 séismes de magnitude 3 et plus entre 1973 et 2008. L’Oklahoma n’est pas le seul Etat touché par des séismes induits par l’activité pétrolière et gazière. La Californie, le Dakota du Nord ainsi que le Texas connaissent le même type de phénomène. Dans certaines régions du Texas, des pétitions demandant l’arrêt du ‘fracking » ont été signées.» (5)

Outre ces anomalies, les gens ont du méthane et autres produits toxiques dans leurs eaux. Ils ont même mis en place des systèmes de ravitaillement en eau potable parce qu’ils développaient des maladies à force de consommer celle du robinet.

Que devons-nous faire dans le pays?

70% de la consommation énergétique nationale sont consacrés aux ménages, au transport et autres consommations sans production de valeur ajoutée, et seulement 30% dans l’industrie, cette tendance va dangereusement perdurer à moins d’une politique énergétique destinée à la réduire, à diversifier sa nature. Cela ne peut pas se faire sans une vision d’ensemble et la transition énergétique n’est pas de la responsabilité unique du ministère de l’Energie, mais de tous les autres secteurs. Nous devons aller vers le développement durable en mettant à profit d’une façon rationnelle les ressources de la rente pétrolière et gazière pour mettre en oeuvre la transition énergétique du pays.

Cette transition énergétique, qui nécessite l’adhésion de la société entière pour sa réussite, doit aussi se traduire par une sobriété énergétique et une utilisation pondérée des énergies fossiles». L’objectif étant de sortir définitivement de la rente d’une façon intelligente et, en même temps, laisser un viatique aux générations futures. En un mot, l’économie algérienne ne doit pas lier son avenir aux convulsions erratiques d’un baril de pétrole. Pour les experts, la réalisation de cette transition énergétique, une sorte de «plan Marshall», est nécessaire, englobant un modèle de consommation allant jusqu’à 2050.

Ce «plan Marshall» doit également revoir la question du soutien aux prix de l’énergie, qui est anormal car profitant aussi aux classes aisées. Les économies d’énergie, qui vont mettre fin à une consommation débridée, ne peuvent être opérationnelles que si un juste prix est pratiqué, Savons-nous que le prix du gaz naturel est facturé en Algérie 20 fois moins cher que son prix à l’international et que celui du gasoil est facturé 5 fois moins cher que dans les pays voisins?

La transition énergétique vers le Développement humain durable (il faut s’efforcer de ne laisser personne sur le bord de la route) que nous appelons de nos voeux doit aussi tenir compte de plusieurs paramètres, un large recours aux énergies renouvelables, la protection de l’environnement et surtout la rationalité dans la consommation. Il faut savoir en effet, que notre plus grand gisement d’énergie est celui des économies d’énergies évalué entre 10 et 20%. Cela veut dire que près de 5 à 10 millions de tonnes pourraient être épargnées et laissées aux générations futures.

Le solaire et l’éolien sont largement rentables dans tous les pays sauf, curieusement dit-on en Algérie! Pourquoi? Est-ce que la main-d’oeuvre est chère? Alors qu’elle est au moins trois fois moins chère! Est-ce que parce que le gisement solaire n’est pas assez incitatif, alors que l’on sait qu’il est presque trois fois plus important que celui de l’Allemagne en intensité et dix fois en surface! Est-ce que parce que nous n’avons pas de matière première (le silicium, alors qu’on nous annonce la découverte d’ un gisement de 6 millions de tonnes). Est-ce que parce que nous n’avons pas les compétences? Nous produisons bon an mal an 150 000 diplômés! Que font-ils sinon verser dans l’informel! Est-ce qu’il n’y a pas d’entreprises qui s’y sont lancées dans le solaire malgré toutes les entraves bureaucratiques? non, rien de tout cela!

La raison est que les pouvoirs publics sans vision d’ensemble qui toucherait tout les départements ministériels,- c’est cela la transition énergétique vers le Développement humain durable que nous appelons de nos voeux – veulent tout faire et ne laissent pas l’initiative aux entreprises privées de se lancer moyennant des dispositifs d’accompagnement dans la production de panneaux solaires et de participation à cette stratégie d’ensemble dans le cadre d’une transition énergétique à expliquer aux citoyens et faire en sorte que chacun prenne sa part de responsabilité.

Une utopie mobilisatrice serait de décider dans les faits, pas dans le verbe, du développement du Sahara (un véritable Snat); Création de villes nouvelles adossées à des périmètres développés pour l’agroalimentaire avec la disponibilité d’eau d’électricité renouvelables. Si seulement 10% des 300.000 logements étaient dédiées aux villes nouvelles, ce sera une sorte de conquête intelligente du Sud. Plus globalement s’il est demandé aux citoyens de rationaliser leurs dépenses, notamment d’énergie, d’eau, alimentaires, ils le feront quand ils auront acquis la certitude qu’il y a une stratégie d’ensemble qui touche les faibles comme les puissants à des degrés divers.

Le citoyen lambda est prêt à faire des sacrifices si le fardeau de ces mesures d’ajustement est réparti d’une façon appropriée. A commencer par le train de vie de l’Etat qui peut et qui doit être réduit d’au moins 20%. Une mesure spectaculaire serait par exemple que la flotte de véhicules de l’administration se mette au sirghaz, que les véhicules importés possèdent la double carburation (avec le sirghaz) et que les dépenses de prestige sans valeurs ajoutées soient supprimées. Vive la crise si elle nous permet de nous réveiller ! Ce plan Marshall est encore finançable. «Albahrou ouara akoum oua al adou amamakoum» se serait exclamé Tarik Ibn Zyad lors de son arrivée en Espagne en 711. Mutatis Mutandis nous sommes dans la même situation. Le moment est venu de donner une utopie mobilisatrice à cette jeunesse en panne d’espérance.

1. http://oilprice.com/newsletters/free/opintel15012016

2. Le retour des tempêtes financières. Le Monde du 17 janvier 2016

3. http://www.reuters.com/article/us-iran-oil-exports-idUSKCN0UT098

4. http://about.bnef.com/press-releases/clean-energy-defies-fossil-fuel-price-crash-to-attract-record-329bn-global-investment-in-2015/

5.Stéphane Bussard http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/01/15/dans-l-oklahoma-le-gaz-de-schiste-provoque-des-seismes-arepetition_4847904_3244.html#l51Fs3YAXOSKZbwO.99

Article de référence : http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur _chitour/233549-il-faut-un-plan-marshall-du-developpement-durable.html

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

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Tags : Algérie, pétrole, prix,

Vers un nouveau choc pétrolier ?

La surabondance du pétrole et du gaz, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale, a de nouveau fait déraper les prix à des niveaux qui n’agréent guère les pays qui, à l’instar de l’Algérie, en dépendent quasi exclusivement.

D’environ 65 dollars le baril en moyenne durant les six derniers mois il ne vallait plus que 51,44 dollars le 12 février dernier et la dégringolade promet de se poursuivre en raison de certains déterminismes. Il y a d’abord la surabondance mondiale d’hydrocarbures, dopée par le pétrole et le gaz de schiste, extraits de puits qui ont envahi l’Amérique du nord et commence à proliférer dans d’autres régions du monde. La présence d’immenses gisements d’hydrocarbures non conventionnels, en Algérie et en Argentine notamment, laissent entendre que ces énergies ne manqueront à l’avenir et qu’elles seront même surabondantes. La géopolitique n’a par ailleurs pas du tout affectée comme on l’avait redouté avec les conflits au moyens orient,et la Libye qui ont toujours continué à « pomper » du pétrole, en dépit des turbulences qui affectent périodiquement ces régions.

Il y a ensuite, la maladie du coronavirus qui a quelque peu « grippée » la croissance mondiale tirée par l’économie chinoise (20% du PIB mondial), et dont les conséquences commencent à être ressenties aux États-Unis d’Amérique, en Europe et dans les pays émergents qui ont des liens industriels et commerciaux intenses avec cette locomotive économique mondiale qu’est la Chine. Beaucoup moins d’énergie fossile a été consommée depuis l’apparition de cette maladie contagieuse et les importations ont été également fortement réduites, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En tournant à moindre régime, l’industrie chinoise affectera celles des nombreux autres pays avec qui elle travaille. La demande en énergie baissera si fort qu’elle affectera tout le marché mondial, qui se plaignait déjà d’un excès de l’offre.

On pourrait ajouter à ces deux causes, la volonté des États Unis d’Amérique, premier exportateur mondial d’hydrocarbures, et de son allier saoudien qui préside au destin de l’Opep, d’asphyxier économiquement l’Iran, devenu leur ennemi commun, en lui interdisant de commercer son pétrole ailleurs qu’en Chine qui, non seulement en achète beaucoup moins à cause de la crise qui affecte son économie, mais également à plus bas prix. Il y a, pour tous ces éléments objectifs, de bonnes raisons de s’inquiéter que ce déclin des prix s’installe dans la durée et ruine tous les pays qui n’ont pas su diversifier leurs économies.

C’est le cas de l’Algérie qui ne vit que de ses recettes d’hydrocarbures, qui perdent chaque jour de leurs consistances sous le double effet de cette baisse des prix et de la réduction des volumes de gaz et de pétrole qu’elle exporte. Le boum de consommation intérieur et l’absence de nouveaux gisements opérationnels, laissent en effet de moins en moins de quantités d’hydrocarbures à exporter. Les prix du pétrole étant déterminés par la loi de l’offre et de la demande qui, dans les conditions objectives actuelles, ne plaide pas pour une remonté des prix, il ne reste comme seule variable possible que le Cartel de l’Opep, qui interférer sur la loi du marché en réduisant les quotas d’exportation des pays membres. Si une telle décision venait à être prise, elle ne pourrait dans le meilleur des cas que stabiliser les cours à leurs niveaux très faibles actuels. C’est donc un choc pétrolier d’une grande ampleur, qui se profile à la faveur des données structurelles que nous avions évoquées. Un choc qui ne manquera pas de ravager les économies des pays trop fortement dépendants des recettes d’hydrocarbures.

L’Algérie a, à titre d’exemple, besoin d’un baril à 110 dollars (estimation du FMI en 2015), pour faire fonctionner son économie, financer les transferts sociaux auxquels elle a habitué les Algériens, assurer un minimum de dépenses d’équipement et payer les quatre millions de fonctionnaires et environ 1,5 millions de retraités. Il faut savoir que le déficit budgétaire de cette année n’est pas loin de 10% du PIB, ce qui est énorme et inconcevable, sous d’autres cieux. La question est de savoir comment le gouvernement va s’y prendre, pour mettre en oeuvre son ambitieux programme d’actions avec un tel déficit, un rendement fiscal en déclin et aussi peu de recettes d’hydrocarbures à attendre ?

Par : RIAD EL HADI

Le Midi Libre, 16 fév 2020

Tags : Algérie, pétrole, prix, OPEP, Etats-Unis, Arabie Saoudite,

Les prospections espagnoles aux Iles Canaries vues par les documents confidentiels de la diplomatie marocaine

Ambassade du Royaume du Maroc

                   Madrid

NOTE SUR LES PROSPECTIONS PETROLIERES AUX ILES CANARIES

Le dossier des prospections pétrolières dans les Iles Canaries, en veille depuis 2001, année où l’Espagne avait projeté d’entamer des recherches de pétrole dans les Iles Canaries et dont l’autorisation à Repsol n’a pas pu voir le jour, puisque le projet fut rejeté par la Cour Suprême pour des raisons environnementales, refait surface avec le nouveau gouvernement du Parti Populaire.

En effet, depuis janvier 2012, le Ministre de l’Industrie, de l’Energie et du Tourisme espagnol, M. José Manuel Soria n’a cessé de réitérer, sans répit, son approbation de relancer ces prospections, vu leur importance dans la promotion de l’économie de l’Espagne, selon lui, surtout en ce moment de crise économique, dont pâtit le pays.

Pour Soria, les puits de pétrole que Repsol pourrait perforer dans les côtes de Lanzarote et de Fuerteventura couvriront au moins 10% de la consommation de l’Espagne en brut, ce qui, selon lui, réduirait la dépendance de l’Espagne à l’importation de ce produit (près de 99%).

L’acharnement du Ministre de l’Industrie espagnol pour la concrétisation de ce projet fut couronné par l’adoption par le Conseil des Ministres, le 16 mars 2012, du Décret Royal autorisant la société Repsol d’entamer des prospections pétrolières à 61 kms des côtes de Lanzarote et de Fuerteventura.

Le Décret définit que cette nouvelle autorisation serait étendue sur une période de 6 ans, la première phase serait consacrée à des études de nature géochimique, dont le but serait d’évaluer le potentiel du fond marin, suivie d’une autre phase d’examens géologique et géophysique. Ces phases seraient, à leur tour, suivies d’une phase de prospection proprement dite, c’est-à-dire qu’à partir de la troisième année, chaque prospection que Repsol souhaiterait réaliser et qui nécessiterait une autorisation, devrait être accompagnée par des études complémentaires relatives à l’impact environnemental de ces prospections sur les Iles, d’un plan de gestion environnementale, avec des mesures préventives et rectificatives, ainsi que d’un plan des contingences environnementales.

L’adoption de ce nouveau Décret a, néanmoins, suscité une polémique dans les milieux canariens, notamment les Cabildos de Fuerteventura et de Lanzarote, qui ont, à maintes reprises, démontré leur refus de procéder à cette activité, estimant que les dispositions de ce nouveau Décret ne respectent pas les Directives 9011/92 relative à l’évaluation des répercussions de certains projets publics et privés sur l’Environnement et 92/43 relative à la conservation des habitats naturels et de la faune et la flore sauvages, établies dans les Normes de l’Union Européenne à ce sujet.

Ces protestations n’eurent aucun effet sur la décision de prospections puisque le Conseil des Ministres a envoyé à Repsol, le 1 er avril 2012, l’autorisation définitive pour entamer leurs activités de recherche de pétrole à 61 kms des côtes de Lanzarote et de Fuerteventura.

Repsol est, à partir de cette date, engagée à réaliser des études environnementales, avant d’entamer ses recherches. Durant ce processus, toute organisation, association ou parti politique pourraient présenter des allégations qu’ils estimeraient nécessaires à l’arrêt de ces opérations. Repsol a, dans ce sens, prévu d’appliquer les standards environnementaux les plus strictes.

Cette phase d’examen environnemental sera suivie de la réalisation de sondages d’exploration dans les neufs blocs prévus dans le nouveau Décret Royal. Concrètement, un premier sondage sera réalisé pour définir la structure du réservoir. Cette opération durerait entre deux et trois mois. Cette phase est décisive puisqu’elle déterminera la présence ou non d’hydrocarbures ainsi que sa rentabilité, en fonction de laquelle le projet pourrait avancer ou être interrompu. La probabilité de réussite est estimée entre 10% et 25%.

Au cas où ces recherches s’avèrent positives, – processus qui s’étendra sur 8 ou 10 ans (2022-2024), Repsol procéderait à l’extraction des premiers barils de pétroles. Selon les estimations de cette société, environ 38 millions de barils pourraient être produits dans les eaux canariennes, c’est-à-dire l’équivalent de près de 10% de la consommation actuelle globale du brut en Espagne.

Comme il a été mentionné antérieurement, durant la période d’études environnementales que Repsol devrait faire avant de commencer ses investigations, les prospections pourraient être inhibées ou annulées par toute institution ou parti politique s’y opposant, et ce à travers un recours à la justice, En effet, la législation espagnole prévoit, à cet effet, deux voies pour procéder à ce recours :

1- Contester le Décret Royal directement devant la chambre du contentieux administratif du Tribunal Suprême, conformément à l’Article 25 de la Loi 29/1998 du 13 juillet, régulant la Juridiction Contentieux-administrative, s’agissant d’un Accord du Conseil des Ministres.

Le délai de ce recours est de 2 mois à partir de la date de publication du Décret au Bulletin Officiel de l’Etat (BOE).

2- Contester le Décret Royal devant le Tribunal Constitutionnel. Dans ce cas, le recours est interjeté dans un délai de trois mois à partir de la date de publication au BOE.

Les arguments que pourraient présenter, entre autres, les requérants s’articuleraient comme suit :

-Nullité du Décret Royal réfuté, dans la mesure où il revalide des permis caducs puisque les délais maximums établis pour la réalisation des activités autorisées, depuis 2001, sont déjà dépassés. Pour cela, ledit Décret semble ignorer la Loi des Hydrocarbures et de la réglementation relative à la validité et à l’expiration des permis de recherches.

– Nullité du Décret Royal puisqu’il ne revêt pas un caractère urgent ni d’exception ;

– Nullité du Décret Royal dans la mesure où il traite des questions qui n’ont pas été abordées à travers la négociation collective.

Concernant la négociation de ces explorations pétrolières avec le Maroc, l’Espagne n’a, jusqu’à présent, fait part d’aucune intention de rouvrir ce dossier avec notre pays. Bien qu’au niveau même du gouvernement canarien, des insinuations dans ce sens ont été faites, en l’occurrence par le Président du « Cabildo de Lanzarote », M. Pedro San Ginés qui avait affirmé, en janvier 2012, que si l’Etat espagnol décide de réaliser ces prospections, il faudrait arriver à un accord avec le Maroc pour que ces opérations soient effectuées loin des côtes de Lanzarote et de Fuerteventura, le gouvernement central estime que ces activités n’ont rien à voir avec le Maroc. Le Ministre de l’Industrie, José Manuel Soria a clairement affirmé, plus d’une fois, que l’Espagne ne peut pas se permettre le luxe de ne pas autoriser ces prospections à 61 km des côtes canariennes, dans lesquelles, d’ailleurs, se trouve la même roche mère où le Maroc, du côté de sa médiane maritime virtuelle, est en train d’autoriser des explorations. De ce fait et puisque l’Espagne n’a jamais réagi ni s’est opposé à ces recherches, le Maroc devrait, selon lui, faire de même dans le cas où c’est l’Espagne qui procède à ces prospections.

Les propos de Soria sont d’autant plus confortés par la déclaration récente de la vice-présidente du Gouvernement espagnol, Soraya Sáenz de Santamaria, corroborant la position du gouvernement central de ne pas négocier cette question avec le Maroc ni d’envisager le moindre consensus à ce propos. Soraya Sáenz a précisé, à cet égard, que le Gouvernement espagnol « est en train de faire usage de ces facultés et compétences » en approuvant ces autorisations.

Ces éléments renvoient vers le sujet de la délimitation des espaces maritimes entre le Maroc et l’Espagne, dans la mesure où ces prospections seront menées dans des eaux où il n’existe pas une ligne divisant les zones d’exploitation économique exclusive, reconnue officiellement par l’un et l’autre pays.

Dans ces conditions, le scénario produit en 2001, période où le gouvernent marocain avait fortement protesté la décision du gouvernement de José María Aznar d’autoriser des permis 1 à 9 à Repsol pour effectuer des prospections pétrolifères dans une zone qui sépare les îles canariennes orientales des côtes marocaines à une distance de 9.8 Km de Fuerteventura et de 19.6 Km de Lanzarote, risque de se reproduire. En effet, la concession de ces nouveaux permis suppose, implicitement, une délimitation unilatérale par l’Espagne de sa zone maritime tout au long des côtes canariennes.

Or, la posture marocaine officielle est celle de procéder à la délimitation des espaces maritimes avec l’Espagne, par voie d’accord, et ce conformément au droit international coutumier, qui établit que la délimitation du plateau continental est effectuée par voie d’accord, dans le but de parvenir à une solution équitable. Au cas où les Etats concernés ne parviennent pas à conclure un accord définitif, ils procéderont à des arrangements provisoires de caractère pratique, qui sont sans préjudice de la délimitation finale. Ainsi, sur le plan procédural, l’accord des deux pays est donc incontournable pour délimiter, à titre définitif ou provisoire, le plateau continental.

Le Maroc est en mesure de contester l’adoption du nouveau Décret, puisqu’il porte atteinte à des droits inhérents à la souveraineté marocaine. En effet, selon le Droit International coutumier, le Maroc exerce des droits souverains sur son plateau continental – qui s’étend bien au-delà de la ligne médiane – en tant que prolongement de son territoire sous la mer, aux fins de l’exploration et de l’exploitation de ses ressources naturelles. Ces droits sont exclusifs, en ce sens que si le Maroc n’explore pas son plateau continental ou n’en exploite pas les ressources naturelles, nul ne peut entreprendre de telles activités sans son consentement express.

L’Accord entre les parties est le premier et principal élément de cette règle, qui exige la négociation de bonne foi comme obligation générale de conduite. Cette thèse est celle adoptée par le Maroc à ce sujet.

Le deuxième scenario serait, dans ce sens, que les parties décident de négocier de bonne foi. Cette obligation de négocier de bonne foi empêche les Etats de réaliser certains actes susceptibles d’entraver la réalisation d’un accord de délimitation ; actes liés aussi bien à la négociation qu’à l’utilisation de la zone.

Aussi bien pour l’Espagne que pour le Maroc, cette obligation s’impose par voie conventionnelle puisque le paragraphe 3 des Articles 74 et 83 de la Convention de 1982 établit que, tant qu’il n’y a pas d’accord de délimitation, « les Etats concernés, dans un esprit d’entente et de coopération, feront tout leur possible pour concerter des arrangements provisoires de caractère pratique et ne feront, durant cette période de transition, rien qui puisse entraver la conclusion d’un accord définitif ».

En effet, et par initiative du Maroc, un groupe mixte de travail a été créé en novembre 2002, afin de délimiter les espaces maritimes qui séparent les Iles Canaries des côtes marocaines. Les travaux de ce groupe n’ont abouti à aucun résultat dans la mesure où la partie espagnole n ́a, jusqu ́à présent, donné aucune suite à la proposition marocaine de négocier des zones de coopération communes dans les eaux en litige. D’ailleurs et au cas où ce groupe se réactiverait, le Maroc reformulerait la même proposition, comme solution provisoire et non définitive de la délimitation des eaux territoriales de chacun des deux pays.

loin d’être adoptée par le Maroc, qui prône invariablement la négociation bilatérale, ni par l ́Espagne. Rappelons, dans ce même contexte, la déclaration du représentant du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération espagnol, en 2001, en réponse à une question devant le Sénat, sur l’opportunité de présenter un recours d’arbitrage devant l’ONU en relation avec la délimitation des eaux territoriales avec le Maroc, en affirmant que : « …le scénario n’a pas changé, du point de vue politique et juridique. Pour cela, le Gouvernement n’envisage pas, actuellement, la possibilité de soumettre la question de l’arbitrage pour la délimitation des eaux territoriales aux Nations Unies ».

Le recours à l’arbitrage, dans cette question, pourrait n ́aboutir à aucun résultat concret, en l’occurrence pour la partie espagnole, puisque la règle de la délimitation de la zone économique exclusive énoncée dans l’Article 74 de la Convention de 1982 et la règle jumelle de la délimitation du plateau continental énoncée dans l’Article 83 de la Convention déclarent que la délimitation, entre Etats avec des côtes adjacentes ou se faisant face, « (…) sera effectuée par un accord entre eux sur la base du droit international, auquel se réfère l’Article 38 du Statut de la Cour Internationale de Justice, afin d’arriver à une solution équitable ».

Source : NOTE SUR LES RELATIONS BILATERALES ROYAUME DU MAROC-ILES CANARIES, avril 2012

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Ambassade du Royaume du Maroc

                    Madrid

A Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération

Madrid, 24 julio 2014

Objet : Prospections pétrolières dans les Iles Canaries / premiers sondages de Repsol

Réf : M/I.Nº 1912 du 25 juin 2014

Faisant suite à ma lettre citée en référence, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que la compagnie pétrolière Repsol compte entamer ses premiers sondages de puits pétroliers à 60 km à l’Est des Iles de Fuerteventura et Lanzarote, durant le premier trimestre de l’année en cours, et ce dans l’attente de recevoir l’autorisation définitive du Ministère de l’Industrie pour réaliser ces prospections.

Il s’agit de réaliser, en premier plan, des exploitations au niveau de deux des neuf blocs « Canarias 1 `9 », situés dans la Roche mère du côté de sa ligne médiane équidistante aux côtes de Tarfaya et de Tan-Tan, et plus précisément dans le site dénommé « Sandía ».

Ainsi, et au cas où ces prospections s’avèrent positives, Repsol compte extraire entre 100.000 et 120.000 barils de pétrole par jours, dans une période s’étalant de 20 à 25 ans. Néanmoins, ces spéculations dépendent de la qualité du pétrole repéré. En effet, selon les études de cette compagnie pétrolière, il existe, au niveau de la même roche-réservoir où l’Espagne et le Maroc réalisent parallèlement leurs sondages de puits pétroliers respectifs, chacun du côté de sa ligne médiane virtuelle, des zones « chaudes » et des zones « froides ».

Autrement dit, les zones « chaudes » sont celles qui contiendraient des quantités importantes de pétrole apte à la commercialisation, tandis que les zones « froides » contiendraient du pétrole lourd et inutilisable. Dans ce sens, Repsol a prévu de réaliser ses sondages loin des zones supposées « froides », et plus précisément à 20 km de la zone dénommé Juby Maritime I, où le Maroc a justement du pétrole lourd et inexploitable lors des sondages réalisés durant le 1er trimestre 2014, selon la multinationale. Par conséquent, Repsol compte réexaminer la zone en quête de détecter les points où se trouvent les puits de pétrole commercialisable et a écarté le fait de procéder à un troisième sondage -en cas de résultats négatifs pour les deux premiers- en se basant sur les résultats a déjà entamées dans les eaux proches de la zone d’exploration ciblée par Repsol, et qui représentent, selon cette dernière, les mêmes caractéristiques biotiques.

En cas de résultat positif -après une replanification de la carte géobiotique des zones de prospections susmentionnées- Repsol prévoit la production, a posteriori, de 5000 barils de pétrole par jours, ce qui, selon son président Antonio Brufau, favoriserait la richesse, l’indépendance au marché pétrolier international, la création de l’emploi et la promotion du tourisme dans la zone.

L’ambassadeur Mohamed-Fadel Ben Yaich

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Ambassade du Royaume du Maroc

                     Madrid

Madrid, le 18 août 2014

Objet : Prospections pétrolières dans les Iles Canaries / autorisations défintive à Repsol

Réf. : M/L Nº2456 du 24 juillet 2014

Faisant suite à ma lettre citée en référence, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le Ministère de l’Industrie et de l’Energie espagnol a accordé, le 11 août, son autorisation définitive à la société Repsol pour entamer ses prospections pétrolières – a priori deux sondages et un exceptionnel en cas de difficultés lors des deux premiers, dénommés respectivement « Sandía-1X », « Chirimoya-1X » et « Zanahoria-1 » – dans les sites offshore situés à 60 km à l’Est de Lanzarote et Fuerteventura.

En vertu de cette autorisation, a société pétrolière pourra réaliser ses premiers forages, entre le mois d’octobre et le mois de novembre de l’année en cours, au niveau des neuf blocs « Canarias 1 à 9 », situés dans la Roche-mère du côté de la ligne médiane équidistante aux côtés de Tarfaya et de Tan Tan.

La Résolution autorisant ces prospections, dont ci-joint copie, informe également que le programme des sondages á réaliser sera mis en œuvre par le prestigieux bateau de forage pétrolier « Rown Renaissance », unité de recherche d’hydrocarbures de dernière génération.

Face à cette Résolution contraire à ces préoccupations environnementales et touristiques, le Gouvernement canarien a, une fois de plus, fait part de son intention de présenter un nouveau recours à la justice et, le cas échéant, soumettre ce litige aux tribunaux européens et internationaux, afin de juguler l’autorisation du Gouvernement central octroyée à Repsol pour entamer définitivement ces prospections.

L’Ambassadeur et P.O. Le Ministre plénipotentiaire

Abdelaziz Baroudi

Tags : Maroc, Espagne, ZEE, sondage, pétrole, Repsol, forage, prospections,

Pourquoi USA et Iran s’affrontent-ils au Moyen-Orient ? (Pourquoi l’assassinat de Soleimani ?)

La guerre commerciale comme prémisse à la guerre militaire
On oublie trop souvent qu’un tsunami politique ou militaire est le fruit d’une catastrophe économique, et que pour expliquer une conjoncture politique, diplomatique ou sociale, il faut examiner les fondements économiques d’une société.

Le krach et l’effondrement monétaire à venir pourraient expliquer pourquoi, une simple étincelle, telle que l’assassinat du général iranien Soleimani, pourrait mettre le feu au Moyen-Orient d’abord et au monde entier par la suite. Il faut se méfier des diseurs de bonne aventure qui évaluent que les belligérants impérialistes ne sont pas prêts militairement à une guerre nucléaire et préconisent des calculs apaisants (couts-bénéfice), prouvant qu’une guerre militaire directe serait trop chère pour les États-Unis en faillite et pour l’Iran déconfit. La «rationalité» de la guerre commerciale impérialiste n’est pas soumise à ces calculs couts-bénéfice. À preuve, la guerre commerciale amorcée par les États-Unis contre la Chine coute plus cher aux États-Unis et à ses alliés exaspérés qu’au camp impérialiste chinois. Ce qui caractérise les conflits commerciaux impérialistes qui se terminent par la guerre militaire, c’est que les gains et les pertes de l’adversaire importent davantage que les leurs pour chacune des parties engagées dans le conflit. Une phase déjà atteinte depuis longtemps par ces deux puissances au Moyen-Orient.

La crise boursière imminente

Aux premiers jours de l’année 2020, les réalités géopolitiques viennent jeter le trouble chez les boursiers qui ne veulent pas croire ce qu’ils voient. L’once d’or, après une année 2019 marquée par une hausse de 19%, a grimpé de 1,6%, ce vendredi, à 1.552,40 dollars sur le Comex. Le baril de pétrole se maintient à 70 dollars USD. On n’attend plus que les représailles iraniennes sur les tankers ou les installations pétrolières dans le détroit d’Ormuz, une explosion en l’Irak ou la guerre totale dans le golfe Persique, nonobstant une guerre civile en Libye, impactée par la Turquie, ou encore que les Houthis détruisent les raffineries saoudiennes. D’autres étincelles dans la poudrière de l’économie mondiale pourraient être: l’implosion de la zone euro qui a déjà commencé avec les colombes et les faucons au sein de la BCE, l’augmentation des taux d’intérêt suite à la perte de confiance des prêteurs, un krach des actions, un krach obligataire, une faillite bancaire retentissante, une récession mondiale. C’est sous cette conjoncture économique extrêmement fragile et volatile que l’éléphant Donald a lancé ses drones dans la ménagerie de verre moyen-orientale.

Précisons à l’intention des experts et des analystes que les États-Unis et l’Iran sont en guerre depuis nombre d’années, plus intensément depuis 2018, l’année ou l’administration Trump a répudié l’accord signé par Obama et par sept autres pays impérialistes sur le nucléaire iranien. Imposez des sanctions commerciales, financières, diplomatiques et politiques à un pays, et même à de tiers coupables de ne pas appliquer la politique extraterritoriale américaine constitue des gestes de guerre autant que jadis la «diplomatie des canonnières» amorçait l’intervention militaire impérialiste contre les pays coloniaux. Nous l’avons écrit moult fois, la guerre totale commence toujours par la guerre commerciale – pour le repartage des marchés – et se termine toujours par la guerre militaire afin de trancher. Religion, ethnie, école de pensée, et théories politique, financière ou militaire ne sont que la formalisation de ces forces économiques qui s’affrontent sur le champ de bataille de l’économie mondiale. Nul ne peut expliquer le conflit États-Unis – Iran s’il ne comprend pas les forces économique en jeu.

L’escalade

L’assassinat le 3 janvier à Bagdad du général Soleimani, commandant en chef des Gardiens de la révolution iranienne, constitue une escalade dans cette guerre qui n’avoue pas son nom. Pourquoi une telle agression contre l’Iran et quels pourraient en être les conséquences immédiates et à long terme?

Cette guerre larvée que la République islamiste d’Iran mène au nom du camp impérialiste «émergent» contre le camp impérialiste décadent, dirigé par les États-Unis d’Amérique, a débuté en 1979 lors du renversement du gouvernement du Shah, dévoué à Washington, suivi de la proclamation de l’État islamique par Ayatollah Khomeini. À cette époque, le camp occidental ascendant se préparait à terrasser l’impérialisme soviétique en déclin et le capital iranien ne souhaitait pas se solidariser avec les Russes dont la chute définitive interviendra dix ans plus tard (1989). Ce n’est qu’au cours des années 2000 que l’Iran acculé au mur par les puissances occidentales se résoudra à faire alliance, informelle d’abord, puis formelle par la suite, avec l’Alliance de Shanghai «émergente» (Chine-Russie-CEI-Pakistan-Inde). Par son adhésion à l’Alliance de Shanghai l’Iran s’est rangé dans le camp asiatique. Aussi, la Chine est devenue le premier client pétrolier de l’Iran alors que l’Iran accouple sa route (Téhéran-Latakié) vers la Méditerranée à la «Route de la soie» Chinoise qui va de Hangzhou à Rotterdam en passant par Téhéran

Tout le reste coule de cet alignement de l’Iran avec le camp chinois-russe contre le camp Atlantique déclinant. Comme le patriote libanais Hassan Nasrallah, secrétaire du Hezbollah, le soulignait récemment : « depuis des années l’impérialisme occidental tombe de Charybde en Scylla devant le Détroit d’Ormuz et dans toute la région du Golfe persique et du Grand Moyen-Orient », qui, depuis longtemps n’est plus à la portée des impérialistes occidentaux, mais qui est devenu le plan de ralliement de l’impérialisme « émergent » en Orient. Ce que l’ayatollah Ali Khamenei a résumé ainsi : « la riposte à l’assassinat du martyr Soleimani sera l’expulsion des forces US de la région ». Toute cette agitation médiatique n’est que l’expression politique, diplomatique et militaire des déboires de l’économie capitaliste mondialisée à l’Est comme à l’Ouest. Le même atavisme frappe aussi l’économie capitaliste des pays de la région, comprenant l’Iran ployant sous les sanctions américaines.

L’unité retrouvée contre l’impérialisme yankee

L’assassinat du général-chef des gardiens de la «révolution» iranienne est considéré comme «pain béni» – une manne venue du ciel – par les dirigeants du gouvernement iranien. Depuis des mois des manifestations populaires contre la vie chère, les privations, les mauvaises conditions de vie et de travail secouait l’Iran ouvrière que les Gardiens de la Révolution ne parvenaient pas à réprimer. Les manifestants demandaient que le gouvernement iranien s’occupe d’abord du peuple iranien paupérisé. Ce que la répression n’a pas réussi, l’assassinat du général Soleimani est en voie de le réaliser : l’unification des factions rivales en Irak (ce à quoi œuvrait Soleimani au moment de son exécution), et le ralliement national des révoltés iraniens sous l’autorité des mollahs. À croire que Donald Trump souhaitait donner un coup de pouce au grand capital iranien désespéré.

Le prolétariat de cette région névralgique doit rester circonspect face aux manigances du capital international et maintenir ses revendications pour de meilleures conditions de vie et de travail pour toute la population.

Par Robert Bibeau

La Nation, 18 jan 2020

Tags : Iran, USA, Etats-Unis, qassem Soleimani, Teheran, Washington, guerre commerciale, pétrole, impérialisme,