Algérie : Faut-il suspendre le Hirak ?

Faut-il ou non suspendre le Hirak pour réduire le risque de contamination au coronavirus ? Loin des vœux des tenants du pouvoir, le débat est officiellement lancé parmi les acteurs du mouvement populaire. Sur les réseaux sociaux, l’idée est déjà largement discutée.

« Nous devons prendre au sérieux la menace », «c’est une situation d’urgence sanitaire », « suspendre les marches est aussi un geste révolutionnaire »… tels sont, entre autres les arguments avancés par les partisans d’une « halte sanitaire ». Il semblerait que la propagation rapide du virus et l’enregistrement de plus d’une vingtaine de cas confirmés de personnes atteintes de cette maladie (48 cas et 4 décès), a fini par donner à réfléchir à de nombreux hirakistes.

Et des voix commencent à s’élever pour appeler les citoyens à la raison. Conscients de la gravité de la situation et sans tomber dans le même alarmisme, des personnalités connues pour leur adhésion totale aux revendications du mouvement populaire s’expriment en faveur de cette suggestion.

Le vice-président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, s’exprime dans ce sens. «L’appel à la suspension des manifestations peut être une initiative révolutionnaire. Au lieu de l’appel à remplir les rues, le Hirak peut demander de les vider et lancer une campagne nationale d’auto-organisation nationale et de sensibilisation pour faire face à la maladie », écrit-il sur sa page Facebook.

« Je ne suis pas de ceux qui vont faire de la surenchère sur une question de santé publique et de sécurité nationale, la santé et la vie de nos concitoyens n’a pas de prix. Oui, il faut prendre au sérieux la menace du Corona. Mais encore une fois, la première responsabilité incombe au pouvoir qui se doit de mobiliser le pays, tout le pays dans la sérénité et la solidarité, mettre en place un plan national de prévention, de lutte contre le Corona, un plan qui ne concerne pas seulement le Hirak, mais tous les aspects de la vie de tous les jours, tous les espaces publics (marchés, transports, lieux de cultes, cafés, places publiques…) », ajoute-t-il.

« La suspension temporaire s’impose » L’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi enchaîne, pour sa part, dans le même sens. « L’Algérie connait une situation d’urgence sanitaire imposée par la dangerosité du coronavirus, la précarité de notre système de santé et le non suivi des mesures préventives nécessaires qu’on observe dans les autres pays », précise-t-il.

De ce fait, dit-il, « la suspension temporaire des manifestations s’impose comme un devoir national pour préserver la santé publique, et ne constitue nullement une atteinte au droit du citoyen à se déplacer et à manifester pacifiquement pour porter ses revendications légitimes de justice et de liberté, dans des conditions sanitaires sûres ».

Les appels, dans ce sens, se sont multipliés depuis samedi dernier. « Le Hirak veut une vie meilleure pour les Algériens. La vie meilleure impose aujourd’hui la suspension momentanée du Hirak et la prise de mesures de prévention pour préserver la vie des gens. Le pouvoir est aussi appelé à prendre des mesures préventives, à libérer les détenus du Hirak et à cesser de les harceler », estime pour sa part, le journaliste Hafid Darradji.

Le célèbre chercheur algérien, Nourredine Melikchi appelle, lui aussi, à suspendre les marches. Certains internautes appellent aussi les manifestants à éviter « au Hirak une nouvelle accusation d’être à l’origine d’une catastrophe sanitaire ».

Jusqu’à présent, le débat est contradictoire. Des internautes estiment que « les transports et les espaces publics ne sont pas fermés et ils accueillent des foules nombreuses ». « Pourquoi se focaliser uniquement sur le Hirak ? C’est une ruse », commentent des facebookers.

Samir Rabah

L’Est Républicain, 16 mars 2020

Tags : Algérie, Hirak, coronavirus, contagion, manifestations,

Quelques réflexions sur le soulèvement algérien

Hamza Hamouchene*

Ce qui se passe en Algérie est vraiment historique. Le peuple a remporté la première bataille dans sa lutte pour un changement radical du système. Dans cet entretien, Dr Hamza Hamouchene nous livre quelques réflexions sur les perspectives et horizons du mouvement populaire qui ne cesse de s’élargir.

Entretien réalisé originalement en anglais par Omar Hassan avec Hamza Hamouchene pour la revue Redflag.

1. La couverture médiatique des processus révolutionnaires en Algérie et au Soudan a été jusqu’ici peu couverte par la presse internationale. Pourriez-vous commencer par expliquer en quoi consistent les manifestations en Algérie ? Quels sont leurs objectifs ?

Le mouvement de protestations de masse a commencé quelques jours à peine après l’annonce par Bouteflika de son intention de briguer un cinquième mandat à la présidence de l’Algérie. Celles-ci étaient d’abord petites et locales, puis sont devenues massives et se sont répandues au niveau national à partir du vendredi 22 février 2019. Ainsi, chaque vendredi à partir de cette date, des millions d’Algériens (certaines estimations oscillent entre 17 et 22 millions pour une population totale de 42 millions personnes). Des millions, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes de différentes classes sociales sont descendus dans la rue lors d’un soulèvement important, se réappropriant des espaces publics confisqués depuis longtemps. Ces marches historiques du vendredi ont été suivies de manifestations dans plusieurs secteurs (éducation, santé, justice, industrie pétrochimique, étudiants, syndicats, etc.), faisant de la contestation une affaire quotidienne.

Ce qui a commencé comme un refus catégorique de la candidature d’un président octogénaire physiquement inapte s’est transformé face à l’obstination et aux stratagèmes trompeurs des élites dirigeantes en un rejet uni du système en place, avec des revendications de changement démocratique radical, de liberté et de justice. Cette révolte ou révolution est une expression fondamentale de la convergence du mécontentement populaire d’en bas avec une crise interne profonde au sein des classes dirigeantes. Fondamentalement, ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner de la manière ancienne et ceux d’en bas ne peuvent plus les supporter. C’est aussi l’expression de décennies de profonde souffrance, de colère et de rejet de l’autoritarisme répressif, de la suppression des libertés, de l’exclusion économique et sociale, de la corruption endémique et du népotisme, de l’accumulation parasitaire et de la paupérisation, de la croissance des inégalités sociales et du développement inégal, ainsi que des horizons fermés pour les jeunes chômeurs qui risquent encore leur vie pour atteindre les rives nord de la Méditerranée afin d’échapper au désespoir et à l’humiliation d’être marginalisés et relégués au rang de « Hittiste », ces chômeurs qui ont cessé d’être des acteurs de l’Algérie post-coloniale. Et tout cela dans un pays riche comme le nôtre !

Le slogan algérien « Acha3b yourid yetna7aw Ga3 ! » (Le peuple veut qu’ils aillent tous ou, plus exactement, le peuple veut qu’ils soient tous extirpés !) N’est qu’une autre version de « Acha3b yourid isqat annidham » (Le peuple veut renverser le système), le slogan que nous avons vu lors de tous les soulèvements arabes de 2010-2011.

À cet égard, je pense que ce qui se passe actuellement au Soudan et en Algérie devrait être considéré comme la continuation d’un processus révolutionnaire en Afrique du Nord et en Asie occidentale, un processus révolutionnaire avec des hauts et des bas, des gains et des revers, qui s’est concrétisé par une transition « démocratique » néolibérale en Tunisie et des contre-révolutions sanglantes et des interventions impérialistes dans les pays restants qui ont été témoins de ces soulèvements. L’espoir est que les peuples algérien et soudanais tirent les enseignements des expériences de leurs frères et sœurs d’autres pays et poussent plus loin leurs révolutions afin de réaliser leurs revendications fondamentales de dignité, de justice, de souveraineté populaire et de liberté et de mettre fin à des décennies d’oppression politique et économique.

2. Un certain nombre de vidéos publiées en ligne témoignent de la créativité et de la solidarité du mouvement révolutionnaire en Algérie et ailleurs. Pouvez vous nous parler de quelques moments qui l’ont marqué pour vous ?

Oui, le mouvement révolutionnaire en Algérie a libéré la créativité inépuisable du « génie populaire ». En scandant : « Nous nous sommes réveillés et vous allez payer ! », Le peuple exprime sa volonté politique récemment découverte. Le processus de libération est en même temps un processus de transformation. Nous pouvons sentir cela dans l’euphorie, l’énergie, la créativité, la confiance, l’humour et la joie que ce mouvement a inspiré après des décennies de répression sociale et politique.

L’humour et la satire peuvent être très subversifs et les Algériens l’ont démontré dans leurs slogans, leurs chants et leurs pancartes pour raviver et mettre en valeur la culture populaire. J’ai vu et entendu tant de slogans en ligne et dans les rues de plusieurs villes d’Algérie. Et en voici quelques-unes que j’ai capturées avec l’appareil photo de mon téléphone :

« L’Algérie, pays de héros gouverné par des zéros. »

« Nous avons arrêté la harga (immigration clandestine), nous avons cessé de prendre de la drogue et nous allons aussi vous arrêter. »

« Changement de système… 99 % de chargement. »

« Non à Bouteflika et à ses dérivés. »

« Nous avons besoin de Detol pour tuer 99,99 % du gang. »
Et celui – ci d’une étudiante en médecine : « Nous sommes vaccinés et nous avons développé le système anti-IgG (anti-corps) … et nous continuons à obtenir des rappels tous les vendredis. »

« Le problème est la persistance de l’idolâtrie et non le remplacement de l’idole. »

« Je ne suis pas ici pour faire un Selfie, je suis ici pour changer le système. »

Certains slogans ciblaient directement la complicité et l’ingérence françaises :

« La France craint que si l’Algérie accédait à l’indépendance, elle demanderait une compensation pour le métal qu’elle avait utilisé pour construire la tour Eiffel. »

« Allo Allo Macron, les petits-enfants du Novembre 54 sont de retour. »
Et en réaction aux appels du commandant en chef des forces armées, Gaid Salah, à appliquer l’article 102 de la constitution qui permettrait au président de la chambre haute de prendre la relève et d’organiser des élections dans les 90 jours, suivant la déclaration de vacance de la présidence par le conseil constitutionnel. Les gens ont répondu :

« Nous voulons l’application de l’article 2019 … Vous allez partir tous. »

« Nous avons demandé le départ de tout le gang, pas la promotion de certains de ses membres. »

« Les piles sont mortes, pas besoin de les presser. »

« Cher système, tu es une merde et je peux le prouver mathématiquement. »

« Ici l’Algérie : la voix du peuple. Le numéro 102 n’est plus en service. Appelez le service du peuple au numéro 07 s’ils vous plaît » (en référence à l’article 07 stipulant que c’est le peuple qui est la source de toute souveraineté.
Ce ne sont que quelques exemples parmi des milliers d’autres slogans et chants créatifs, humoristiques et amusants. Cela démontre que le génie populaire est bien vivant et peut être mobilisé pour résister, subvertir et demander un changement radical.

En ce qui concerne la solidarité internationale, ce que je peux dire, c’est que les peuples opprimés de la région et au-delà participent à une sorte de dialogue entre eux. Les Soudanais et les Algériens se suivent mutuellement et sont de plus en plus inspirés et déterminés à suivre leur propre révolution et à renverser les systèmes qui les ont écrasés pendant des décennies. Il y a cette bande dessinée drôle par le journaliste algérien Ali Dilem qui montre les Soudanais gagner 2 à 1 contre les Algériens en renversant deux chefs d’état à ce jour contre seulement 1 en Algérie. Les Marocains sont également inspirés par ce qui se passe en Algérie et nous l’avons vu dans les chants des stades. Le dernier mais non le moindre est la solidarité inébranlable et éternelle avec le peuple palestinien. Tout cela atteste que les peuples aspirent à la liberté, la justice et l’émancipation et ils s’inspirent quand ils voient d’autres qui prennent leur destin en main et contestant les forces du statu quo.

3. Bien que les événements de 2011 aient traversé une grande partie de la région, d’importantes différences locales ont façonné les résultats divergents observés depuis. Par exemple, en Égypte, le mouvement était dirigé par les jeunes et sans structures, ce qui signifiait qu’il manquait d’un certain poids institutionnel et social à des moments cruciaux, tandis qu’en Tunisie, le rôle de l’UGTT – en particulier ses rangs inférieurs – était très important. Quelles forces sociales ont dirigé le mouvement en Algérie ? Et existe-t-il des organisations ou des idées particulièrement centrales ou populaires ?

En définitive, le soulèvement algérien a aussi ses spécificités et je vais essayer de vous donner quelques indices afin de comprendre ses forces et ses faiblesses.

a) Ce qui rend ce mouvement vraiment unique, c’est son envergure, son caractère pacifique et sa diffusion nationale, y compris dans le sud marginalisé. Le mouvement se caractérise également par une participation significative des femmes et en particulier des jeunes, qui constituent la majorité de la population. L’Algérie n’a pas connu un mouvement aussi vaste, diversifié et aussi répandu depuis 1962, année où les Algériens étaient descendus dans la rue pour célébrer leur indépendance durement gagnée du régime colonial français.

b) On peut également voir dans ce soulèvement la continuation de la lutte anticolonialiste des années 50 et 60 pour recouvrer la souveraineté populaire et économique. Les nombreuses manifestations et marches qui ont eu lieu font allusion à la révolution anticolonialiste algérienne et à ses glorieux martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance de l’Algérie, réaffirmant ainsi que l’indépendance formelle n’a pas de sens sans la souveraineté nationale et populaire, surtout que nos élites bradent le pays et ses ressources depuis plus de trente ans. Ces sentiments anti-coloniaux sont réaffirmés par une hostilité sans faille à toute ingérence étrangère et à toute intervention impérialiste. Nous avons vu comment le peuple algérien a fermement rejeté la complicité française avec les factions au pouvoir ainsi que sa désapprobation des tentatives de l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra d’internationaliser le conflit par le biais de ses voyages aux États-Unis, en Europe, en Russie et en Chine.

c) Solidarité avec la Palestine : les Algériens comprennent que leur libération ne sera pas complète sans la libération de la Palestine. C’est vraiment unique dans le monde arabe : aux côtés des drapeaux algériens, on voit toujours le drapeau palestinien et les gens se rappellent toujours des martyrs algériens et palestiniens sans faire de différence. Cela s’explique par le fait que seule l’Algérie (avec la Palestine) dans toute la région a vécu l’expérience d’un cruel colonialisme de peuplement, raciste et inhumain.

d) Le paysage politique généralement aride qui a résulté de la décimation d’une véritable opposition politique, de la faillite de la politique du multipartisme associée à la répression et / ou cooptation des syndicats et d’autres acteurs de la société civile a incité les gens à s’organiser différemment. Au cours des dernières années, la dissidence et le mécontentement ont été de plus en plus exprimés à travers des manifestations sectorielles ou l’émergence de mouvements sociaux horizontaux, en particulier dans le Sahara riche en gaz et en pétrole, où nous avons vu des mouvements de chômeurs et anti-gaz de schiste en 2012 et 2015. L’hostilité à l’égard des partis politiques est profondément ancrée, comme en témoigne la dynamique populaire actuelle. Comme en Egypte, le mouvement est dirigé par les jeunes et est relativement non-structuré, comme vous le dites. Il n’y a pas de leaders clairement identifiables ou de structures organisées qui le propulsent.

Il est clair qu’il s’agit d’un soulèvement populaire dans la mesure où il a mobilisé des forces de masse issues de la classe moyenne ainsi que des classes marginalisées des zones urbaines et rurales, affectées par des politiques néolibérales de plusieurs décennies et par une économie de rente corrompue dans le sillage d’une mondialisation prédatrice facilitant le pillage des ressources financières et naturelles du pays. Il convient de noter que les étudiants, les travailleurs (en particulier ceux du secteur pétrolier et gazier), les syndicats autonomes, les juges et les avocats jouent un rôle très important dans ces mobilisations en organisant leurs propres manifestations, en appelant à la grève et en maintenant la dynamique. Contrairement au Soudan où l’Alliance pour la Liberté et la Changement ainsi que l’association professionnelle soudanaise jouent le rôle d’une sorte de structure dirigeante et organisationnelle, il semble en Algérie que les choses s’organisent de manière horizontale et principalement par le biais des médias sociaux où des appels à la protestation sont lancés.

e) Je ne suis pas de ceux qui, s’ils n’aiment pas le dénouement d’une révolution, ses forces, ses exigences et ses stratégies, ils se précipitent à nier son caractère révolutionnaire ou simplement lui refuser le nom de « révolution ». Cependant, nous devons rester critiques, intellectuellement honnêtes et tirer les leçons des erreurs des révolutions précédentes.

La pancarte se lit comme suit : « Non à la réforme du régime, Nous voulons en construire un nouveau. »Photo prise à Alger le vendredi 15 mars 2019.

La quasi-sacralisation de la spontanéité, l’absence de leadership et l’hostilité à toute forme de structuration ne sont pas uniques au cas algérien, mais ont été observés dans d’autres révolutions dans d’autres pays tels que l’Égypte et la Tunisie. Il est vrai que la spontanéité et les mouvements sans leaders généreront, dans un premier temps, de grandes mobilisations interclassistes qui donnent l’impression d’une unité au-delà de la classe, du genre et de l’orientation idéologique. Cependant, cela peut devenir dangereux quand les droits socio-économiques des marginalisés sont éliminés de tout débat. Dans de tels scénarios, les questions légitimes de souveraineté populaire et de justice sociale céderont la place aux vagues notions libérales dominantes de « gestion démocratique », « bonne gouvernance », de « liberté » et « d’égalité », au détriment des revendications des damnés de la terre.

Cette situation a été surnommée « révolution sans révolutionnaires » ou « révolution sans organisation ». Ces dynamiques et mouvements amorphes et non structurés et sans leader sont extrêmement vulnérables. Ces caractéristiques peuvent être des faiblesses fatales, en particulier quand la répression commence. Afin de prolonger la dynamique actuelle dans le temps, nous avons besoin de structures et d’organisations dotées d’une vision cohérente, capables de formuler des revendications claires, de proposer diverses stratégies de résistance et de faire avancer un programme entièrement élaboré. Les dirigeants peuvent émerger de manière organique mais cela nécessite une organisation incessante ainsi que la multiplication des initiatives pour ouvrir des espaces de débats et de réflexion.

C’est ça la réalité sur le terrain, ça inspire de voir les gens regagner leur confiance en eux et commencer à croire en un « nous » collectif. On a vu comment ils n’ont pas été dupés par les divers stratagèmes avancés par les différentes factions du système. Le mouvement se renforce et ses revendications se radicalisent de jour en jour. Ce qui les unit, c’est que tous les symboles de l’ancien système doivent disparaître et doivent être rendus responsables de toutes les souffrances et les ravages qu’ils ont causés.

4. Le rôle de premier plan des femmes dans le mouvement de protestation au Soudan est devenu de plus en plus important, de manière particulièrement dramatique avec Alaa’a Saleh. Ce n’est pas une surprise pour ceux qui ont étudié l’histoire ; les révolutions ont souvent été décrites comme des fêtes d’opprimés. Pouvez-vous parler un peu de la situation en Algérie en ce qui concerne les femmes, la minorité berbère et d’autres groupes opprimés ? Quels sont leurs griefs spécifiques et quelle a été la participation aux manifestations jusqu’à présent ?

Les révolutions ne peuvent se produire sans les femmes et sans leur participation active. Et la révolution algérienne n’est pas différente. Depuis le début de cette dynamique populaire, les femmes ont joué un rôle important en associant leurs revendications contre le patriarcat aux revendications démocratiques de l’ensemble du mouvement. En fait, j’ai vu comment la participation des femmes augmentait semaine après semaine. Leur nombre était significatif dans les manifestations que j’ai vues à Alger, Béjaia et Skikda. Elles sont également très impliquées dans les mouvements étudiants et syndicaux. Cependant, nous ne pouvons pas nier le fait qu’une grande partie de la société algérienne est encore conservatrice et machiste. Un épisode peut dénoter ce fait : certaines féministes ont été harcelées et attaquées lors d’une marche à Alger et ont été exhortées (par des hommes) à ne pas formuler des revendications féministes qui divisent le mouvement. Il y avait aussi une vidéo menaçant d’utiliser de l’acide contre celles qui oseraient faire valoir de telles revendications. Cela peut être un incident extrémiste isolé, mais à mon avis, cela montre le sexisme enraciné et l’opposition aux droits des femmes qui sont présents dans notre société. Les corps des femmes sont un champ de bataille et nous avons vu comment les forces de police ont traité quatre activistes il y a quelques jours après leur arrestation : elles ont été humiliées en étant obligées de se dépouiller de tous leurs vêtements !

En dépit de tous les progrès accomplis par les femmes au cours des dernières décennies en matière d’éducation, d’emploi et de participation à la vie politique, leur lutte pour l’égalité avec les hommes et contre l’oppression et la violence patriarcales est encore loin d’être terminée (comme partout dans le monde d’ailleurs). Elles résistent encore à une vision réactionnaire de leur rôle dans la société, incarnée par des mesures sociales très conservatrices telles que le fameux code de la famille rétrograde de 1984.

Grande marche à Bejaia le vendredi 22 mars. © Hamza Hamouchene
Pour ce qui est de la minorité berbère, je voudrais apporter une correction ici. Ce n’est pas une minorité. En fait, la majorité des Algériens sont d’origine ethnique berbère-amazighe. Je voudrais dire que nous sommes des arabo-berbères, car l’arabe est également un élément important de notre identité culturelle et politique. Ces problèmes d’identité ont créé de nombreuses tensions au sein de la société au cours des dernières décennies car notre diversité culturelle a été ignorée au profit d’une conception plus étroite de notre identité. La dimension berbère du patrimoine culturel algérien a été marginalisée et réduite à des manifestations folkloriques. Cependant, la lutte pour la reconnaissance de tamazight en tant qu’élément équivalent à l’arabe et à l’islam dans notre identité culturelle s’est beaucoup développée depuis le printemps berbère de 1980, lorsque le mouvement culturel berbère a vu le jour en Kabylie. Le printemps berbère a été le premier défi politique à grande échelle contre le régime depuis le début des années 60, où les Kabyles ont exprimé leurs griefs contre l’autoritarisme du régime, son mépris pour la riche identité culturelle et linguistique berbère, ainsi que sa négligence de l’économie de la région. Ce véritable mouvement de masse démocratique a inspiré une décennie de luttes et de révoltes continues.

En avril 2001, une insurrection commença en Kabylie et en un an et demi, un puissant mouvement populaire appelé La’rouche occupa le devant de la scène politique et remit à l’ordre du jour la question de la démocratie. Ce mouvement a organisé le 14 Juin une marche très impressionnante vers Alger et a inspiré de nombreux citoyens dans d’autres régions à se révolter contre la Hogra (l’humiliation et l’injustice sociale). Cependant, ce mouvement a été coopté, infiltré et écrasé.

Quand les occidentaux parlent de la minorité berbère, ils désignent principalement la population kabyle. Pour des raisons historiques qui remontent à l’époque coloniale, cette région a été à l’avant-garde de la lutte contre l’oppression et l’autoritarisme. Et dans l’actualité, ce n’est pas différent. Il en va de même pour d’autres groupes amazighs tels que les Chaouis, Mouzabit et Touaregs. Tous sont impliqués en tant que citoyens algériens confrontés à la tactique consistant à « diviser pour régner » des élites dirigeantes. En fait, les slogans étaient clairs dans les différentes marches : nous ne voulons pas de division, nous sommes tous des Algériens, soulignant leur unité populaire.

5. Quels sont les principaux courants de la pensée de gauche en Algérie et dans quelle mesure la gauche organisée joue-t-elle un rôle dans ce mouvement ?

La gauche, à mon avis, devrait être la force capable de réunir la liberté et l’égalité. Je ne parle pas seulement de l’égalité politique, mais également de l’égalité socio-économique qui élimine les disparités de classe dans la société. La démocratie ne peut être complète dans le cadre de la domination du capital et de la dictature des marchés. C’est pourquoi nous avons aussi besoin de démocratie sociale et économique. Que ferait un jeune algérien avec la liberté s’il n’a pas d’emploi ni de logement décent ?

Malheureusement, pour diverses raisons, notamment mondiale, la gauche organisée en Algérie est fragmentée, atomisée et extrêmement faible. Cependant, dans de tels moments révolutionnaires, elle peut se régénérer et se développer si elle veut jouer son rôle historique en tant qu’outil permettant aux masses d’exprimer et de réaliser leurs revendications fondamentales de liberté, de dignité et de justice. Pour ce faire, elle doit avoir une vision claire de ce futur souhaité, être autonome sur les plans intellectuel et organisationnel, se débarrasser de son paternalisme et devenir des organisations de masse au service des couches défavorisées.

Le plus grand parti de gauche en Algérie est le Parti des travailleurs trotskistes de Louisa Hanoune. Malheureusement, pour des raisons qui dépassent l’entendement, Louisa Hanoune a longtemps soutenu Bouteflika, car elle le considérait comme un rempart contre l’impérialisme. Cette position « anti-impérialiste » malavisée qui justifie l’autoritarisme a déjà été vue, en particulier dans le cas de la Syrie avec Bashar Al Asad. C’est d’autant plus ironique quand on sait que l’ère Bouteflika est l’ère la plus ultralibérale de l’histoire de l’Algérie indépendante avec tant de concessions faites aux multinationales et aux capitales occidentales. C’est l’ère de la compradorisation des élites dirigeantes en alignant leurs intérêts et en subordonnant les intérêts nationaux à ceux du capital international. Autrement dit, le système de Bouteflika a abandonné la légitimité populaire au profit des capitaux nationaux et internationaux.

Il existe d’autres structures plus petites et des partis politiques tels que le Parti socialiste ouvrier (PST) et le Mouvement démocratique et social (MDS) qui tentent de multiplier les initiatives telles que les appels à l’auto-organisation des travailleurs, des étudiants et des masses populaires. Je pense fermement que cette initiative devrait être encouragée et renforcée. Nous voyons déjà cela au sein du mouvement étudiant ainsi que dans les tentatives de certains syndicalistes de base de se réapproprier le plus grand syndicat d’Algérie, l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et de le débarrasser de ses dirigeants corrompues, pro-régime et anti-travailleurs.

6. Je sais que dans des pays tels que l’Égypte, il existe une forte tradition politique du nassérisme qui défend l’armée sur la base de son passé supposé de « nationaliste arabe ». Existe-t-il des illusions similaires en Algérie ? Et dans quelle mesure les gens ont-ils absorbé les leçons du rôle totalement réactionnaire de l’armée dans la révolution égyptienne ?

L’histoire de l’Armée populaire nationale en Algérie est unique : elle est d’origine plébéienne et elle est née de la lutte anti-coloniale contre les Français et joue depuis un rôle prépondérant dans la sphère politique. Elle a donc toujours cette légitimité révolutionnaire malgré tous ses excès depuis l’indépendance de 1962, notamment le massacre de centaines de jeunes lors de l’Intifada d’octobre 1988, le coup d’État de 1992 et son rôle dans les massacres et la guerre contre les civils dans la décennie noire. En raison d’une militarisation profonde de la société, il y a cette crainte justifiée de l’armée et de ce qu’elle peut faire. De plus, nous ne pouvons pas oublier que le haut commandement militaire et les généraux ont participé à une accumulation parasitaire des richesses et à une corruption endémique. Son association avec l’oligarchie a privé le peuple algérien de son droit à l’autodétermination. En ce qui concerne le parti du Front de libération nationale (FLN), il a été complètement discrédité en tant que façade civile d’un régime militaire corrompu et autoritaire. Cela a été articulé par des slogans comme : « FLN, dégage ! »

L’entrée décisive du peuple sur la scène politique a effectivement contraint le haut commandement militaire de rompre avec le cercle présidentiel. L’armée est clairement intervenue pour mettre fin au règne de Bouteflika afin de préserver le régime en place. L’abdication de Bouteflika est un moment important de la dynamique populaire qui a débuté en février 2019, mais il ne s’agit que d’une victoire dans la longue lutte pour un changement radical qui doit inclure le renversement de tous les symboles du système, y compris le général-major Gaid Salah ; une personnalité clé du régime de Bouteflika et un partisan de son cinquième mandat avant de reculer sous la pression du mouvement populaire grandissant. Il ne faut absolument pas faire confiance à la direction de l’armée, comme l’avaient clairement indiqué les menaces initiales du major général Salah contre le mouvement avant d’adopter un ton plus conciliant. Dans sa déclaration à Oran du 10 avril, le général a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre solution à la crise actuelle, si ce n’est dans une constitution conçue en premier lieu pour protéger les élites dirigeantes et leurs intérêts. Fondamentalement, il donne son appui et son poids à une transition contrôlée d’en haut, c’est-à-dire à un coup d’Etat contre le soulèvement populaire.

Pour moi, Gaid Salah et le haut commandement militaire sont le fer de lance de la contre-révolution qui a commencé à montrer ouvertement ses signes, y compris la répression violente des manifestants pacifiques. Ceux qui se faisaient des illusions sur lui et sur ses annonces selon lesquelles il était du côté du peuple et de ses aspirations ont commencé à devenir beaucoup plus prudents. Des slogans tels que « L’armée et le peuple sont des frères » ne peuvent pas être appliqués aux généraux corrompus qui ont bénéficié du régime de Bouteflika et l’ont maintenu.

Le peuple algérien – en particulier les masses populaires – doit se méfier de l’interventionnisme de tels acteurs afin d’éviter un scénario à la Sisi en Égypte. Là aussi, Sisi a affirmé qu’il était intervenu au nom du peuple lorsqu’il avait exécuté un coup d’État contre Morsi et nous savons tous ce qui s’est passé depuis. Il pourrait être tactique de tirer profit de la lutte de pouvoir interne en cours entre les élites dirigeantes, mais ce serait une erreur fatale de croire que la direction de l’armée serait du côté du peuple ou de sa révolution. Le peuple algérien doit être plus vigilant et déterminé que jamais afin d’empêcher les forces contre-révolutionnaires de détourner ce soulèvement historique.

Marche du personnel médical dans les rues de Skikda pour soutenir le mouvement populaire, Est de l’Algérie le 19 mars 2019 © Hamza Hamouchene

7. Selon vous, quelles sont les tâches et les défis immédiats auxquels le mouvement est confronté ?

En cette neuvième semaine de contestation, malgré toutes les tentatives de manipulation, de division, de peur, le mouvement ne faiblit pas. Au contraire, il se développe et s’étend à plusieurs secteurs professionnels. Personne ne s’attendait à ce que des juges soutiennent le mouvement populaire et refusent même de superviser les prochaines élections présidentielles prévues pour le 4 juillet. Les étudiants organisent toujours d’énormes manifestations et marches dans tout le pays pour soutenir Al Hirak Acha’bi (le mouvement populaire) et ont appelé à une grève nationale. Certains syndicats autonomes maintiennent leurs appels à la grève pour soutenir la dynamique en cours.

Cette semaine, des dizaines de maires ont déclaré leur refus d’organiser des élections dans leurs localités. Certaines organisations de la société civile sont déterminées à se réapproprier les espaces publics en organisant des débats et des activités publics, interdits dans la capitale, Alger, et qui se terminent par la répression et les arrestations. Nous avons également vu comment diverses visites ministérielles avaient été interrompues ou annulées par des personnes chassées par plusieurs ministres de Tebessa, Bechar, Tissemsilt et Tipaza.

Il devient très clair que les gens rejettent le plan de transition du régime et il est évident que nous vivons dans une situation révolutionnaire qui pourrait s’aggraver et se radicaliser en fonction de la réaction des classes dirigeantes, du niveau de conscience politique et de l’organisation du mouvement. Ce que les manifestants appellent des « membres du gang » a tout intérêt à maintenir le statu quo et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour les préserver, notamment en sacrifiant des boucs émissaires pour gagner du temps et sauver le système.

Nous ne pouvons pas être naïfs ; les révolutions ont un coût et la répression sera au rendez-vous. Le caractère pacifique ou violent d’une révolution est toujours déterminé par l’oppresseur et ses méthodes. Le système n’abandonnera pas facilement. Pour cette raison, le rapport des forces doit être considérablement modifié vers les masses en maintenant la résistance (marches, manifestations, occupations d’espaces publics, grèves générales, etc.) pour obliger le commandement de l’armée à céder à la demande de la population pour un changement de système entraînant la liquidation de toute la vieille garde politique. Les organisations et les intellectuels hautement conscients et armés des principes révolutionnaires doivent barrer la voie au pouvoir militaire et à l’oligarchie comprador.

Je pense que certains des défis auxquels le mouvement est confronté peuvent être résumés dans :

Se structurer en poussant et en encourageant l’auto-organisation locale à travers des comités de quartier, des collectifs d’étudiants, des représentations locales indépendantes et l’ouverture d’espaces de discussion, de débat et de réflexion afin de disposer d’une plateforme solide et d’un programme cohérent. Cela inscrira la dynamique dans le moyen et le long terme car la lutte est loin d’être terminée.

Doter le mouvement de structures et de mécanismes populaires et pleinement démocratiques nous permettrait d’élaborer des stratégies : comment formuler des revendications claires, quel type de tactiques adopter et quand intensifier une résistance ou négocier. Nous ne pouvons pas nous précipiter dans les élections maintenant car ce seront toujours les forces structurées (y compris celles de l’ancien régime) qui prendront le relais.

À ce stade crucial, il est très important d’insister sur la liberté d’expression et d’organisation individuelle et collective, tout le temps et pas seulement les vendredis.

Refuser catégoriquement toute transition gérée par les oligarques et l’armée et appeler à une assemblée constituante souveraine et populaire afin de proposer une constitution véritablement populaire et démocratique qui consacre la justice sociale et la souveraineté populaire sur les ressources naturelles. Dans tous les cas, la transition démocratique doit être entre les mains du peuple, gérée par ses forces et pour le peuple.

Continuer à rejeter toute intervention étrangère dans les événements en cours.

Enfin, il faut allier justice sociale et droits socio-économiques à la démocratie, cette révolution étant l’expression d’une volonté générale des opprimés de défendre leurs intérêts communs.

Notre révolution est confrontée à des problèmes politiques, économiques et sociaux majeurs. Les enjeux sont vraiment importants et ils nécessitent un niveau de conscience, d’organisation et de stratégie révolutionnaire à la hauteur des aspirations des masses, en particulier des plus démunis. Alors que le savoir et la pensée naissent de l’expérience et de la praxis, nous devons en même temps poursuivre et nous engager dans la lutte démocratique, lutter pour la justice sociale et défendre les libertés civiles qui sont menacées chaque jour, agissons pour les droits des citoyens et des travailleurs, pour l’égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, pour la souveraineté nationale contre les intrusions de l’impérialisme et des bourgeoisies parasitaires.

Un changement radical n’est pas une opération programmée par bouton-poussoir ; il s’agit d’un processus politique continu, de confrontation nécessitant des sacrifices qui, à certains moments, s’accélère sur un chemin balisé par de longues luttes et des expériences accumulées. Pour reprendre une phrase célèbre connue des musulmans : « Travaillons à un changement radical, comme si cela prendrait une éternité à se réaliser et préparons le terrain comme si cela se produirait demain ».

*Hamza Hamouchene est docteur en carcinogénèse environnementale de l’’Institute of Cancer Research, université de Londres. Il est membre fondateur d’’Algeria Solidarity Campaign (ASC) et d’’ Environmental Justice North Africa (EJNA), deux organisations londoniennes faisant campagne respectivement pour un changement démocratique pacifique en Algérie et pour la justice environnementale et climatique au Maghreb. Il travaille aussi pour Platform, où il suit le dossier des intérêts britanniques dans le domaine de l’’énergie en Algérie. Il a publié deux rapports pour Platform : “Le renforcement des dictatures : Accaparement du gaz par le Royaume-Uni et les violations des droits humains en Algérie” et “La Prochaine revolution en Afrique du Nord : La lutte pour la Justice Climatique”. Il travaillait auparavant pour Global Justice Now sur les questions liées au climat, à l’’alimentation et à la justice commerciale. Il a publié des articles dans The Guardian, Counterpunch, New Internationalist, Red Pepper, Jadaliyya, openDemocracy, Pambazuka, El Watan, Maghreb Emergent et Huffington Post. Il a été interviewé entre autres par BBC Arabic, Al Jazeera, France 24 et RFI.

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Tags : Algérie, Hamza Hamouchene, hirak, manifestations,

Algérie : Pourquoi le mouvement populaire ne s’essouffle pas

Les raisons d’une longévité

Ils étaient nombreux à avoir fait un pari perdant, celui de l’essoufflement du mouvement populaire. Les millions de personnes sorties pour le treizième vendredi de suite apportent un cinglant démenti aux plus sceptiques. Le mouvement de contestation ne s’essouffle pas. Il se nourrit selon politologues et politiciens de l’effondrement du mur de la peur, du goût de la liberté et d’un rapport de force favorable à la rue.

Nawal Imès – Alger (Le Soir)

Ce deuxième vendredi de mobilisation en plein mois de Ramadhan avait, une fois de plus, valeur de test. Les millions de personnes qui sont sorties dans la rue l’ont réussi avec brio.

Pourtant, il y a quelques semaines, la question était sur toutes les lèvres : le mouvement résistera-t-il aux contraintes imposées par le jeûne ? La mobilisation sera-t-elle toujours aussi forte ? Le doute n’aura survécu que très peu puisque la preuve de la bonne santé du mouvement a, une fois de plus, été donnée.

Pour Abdelaziz Djerad, politologue, le maintien de la mobilisation, son ampleur et sa durée trouvent leur explication dans ce qu’il qualifie de « toile de fond » qui est la résultante de l’accumulation de crises et de problèmes n’ayant pas trouvé de solutions en temps opportun.

Pour le politologue, cette situation n’a été rendu possible qu’après avoir franchi « le cap de la peur ». Il assure en effet que « le peuple et la société se sont soulevés de manière pacifique après avoir franchi le cap de la peur et ne veulent plus s’arrêter. Ils veulent un changement profond pour trouver des solutions et orienter le pays vers un système politique social culturel plus juste qui permettent aux Algériens de vivre dans un pays serein et visible ».

Les millions de personnes qui sont dans les rues sont, dit-il, portées par « un espoir très fort et un sentiment très profond ». La preuve ? «Aucun problème de développement ou d’ordre social n’a été soulevé lors des marches parce que les Algériens savent que cela pourra être réglé plus tard.»

Il y a, selon Abdelaziz Djerad, un autre aspect important. Nous assistons, dit-il, à l’émergence d’une jeunesse qui aspire à plus de modernité et à vivre mieux et qui ne veut plus se suffire des solutions individuelles ou du « chacun pour soi ».

Ahmed Adimi, docteur en sciences politiques et porte-parole de Talaie El Hourriyet, évoque également ce mur de la peur qui s’est effondré. Il explique que « l’effet psychologique et la peur n’existent pas. Le peuple a goûté à la liberté et ne veut plus y renoncer. Il s’est approprié l’espace public pour imposer ses revendications d’une manière très civilisée. Ce peuple a conscience aujourd’hui qu’il est plus puissant que le pouvoir et ses instruments. Il ne se taira plus jusqu’au départ de toutes les figures du pouvoir ».

Adimi ajoute que « la lutte continue. Le mouvement se porte bien. Le peuple ne recule pas en attendant que les revendications soient satisfaites. C’est le changement qui est réclamé. Il n’y a pas de pouvoir qui cède facilement mais le rapport de force est en faveur du peuple.

C’est la première fois que le pouvoir se retrouve en position du donnant-donnant et c’est lui qui est forcé aujourd’hui de faire des propositions ».

N. I.

Tags : Algérie, Hirak, 13ème vendredi, manifestations, transition,

Algérie – Marches, manifs et militantisme virtuel : L’œuvre inachevée des Algériens

Chaouki Mechakra

Révolution, Hirak, Mouvement Populaire, marches pacifiques… L’exemplarité des manifestations qui se déroulent en Algérie depuis le 16 février à Kherrata avant de s’élargir, une semaine plus tard, à l’ensemble du territoire national, ont subjugués au-delà du pays, les observateurs les plus avertis du monde.

Pas une goutte de sang n’a coulée, ni une vitrine saccagée, encore moins un décès enregistré. Magistrale leçon de pacifisme retransmise en mondovision.

Des acquis ont été actés, dont la démission du président de la République, suivie de celle du patron des services secrets.

En ce septième acte du mouvement, la liste des revendications s’étend aux 3 B à la tête des plus importantes institutions de la République. La pression de la rue est telle qu’il faille surfer sur la loi fondamentale pour habiller légalement ces desirata du « peuple », quitte à contourner voire, détourner les textes de la constitution. Un détail dirait, à juste titre, le citoyen lambda, vu que le président sortant en a fait son « cahier de brouillon », gommant par-ci et raturant par-là, ce qu’il ne lui convenait pas dans ce texte remanié à chacun de ses caprices.

Jusque-là, l’ANP a accompli sa part du « boulot » en réponse aux revendications populaires, en déverrouillant les portes les mieux gardées du système. Faut-il qu’elle en fasse davantage, surtout que des voix s’élèvent ici et là, pour l’accuser d’un scénario à l’égyptienne ?

Rafraichissons les mémoires

Comment est-il possible qu’un peuple qui, il n’y a pas si longtemps, a porté aux cimes un Rachid Nekkaz et un Ghani Mehdi, deux comiques politiques, avant de se raviser, puisse aujourd’hui se laisser berner par ceux qui appellent au retour de l’armée à ses casernes ?

Comment est-il possible qu’un peuple puisse, au nom d’un article 7 de la constitution, vouloir se substituer à des institutions sans être structuré et physiquement représenté ?

Si, de son côté, l’ANP a fait le plus gros du « boulot », ne se peut-il pas aujourd’hui que le peuple en fasse autant en réalisant sur le terrain le reste de ses revendications ?

Au-delà des marches et de l’activisme des claviers, dont l’impact est considérable, rappelons que sur les vingt millions de manifestants, figurent des militants encartés FLN, RND, MPA, TEJ… dont les directions, tant nationales que locales, se sont faites complices et relais du pouvoir décrié. Ces partis ne doivent plus faire partie du futur de l’Algérie et des Algériens, même s’ils venaient à changer leurs responsables.

Il appartient aux militants sincères de se désolidariser de ces sigles trompeurs en empruntant aux parlementaires leur méthode, c’est-à-dire en cadenassant kasmas, mouhafadas et représentations locales. Ces partis sont à euthanasier par leurs plus proches affiliés. Ce n’est que par des actions de ce type, que l’on pourra tourner la page de la soumission et de la Hogra. D’ailleurs, en attendant que l’ébauche des prochaines institutions se dessine, il serait souhaitable d’inclure en bonne place de la longue liste des revendications, l’interdiction à ces partis d’être partie prenante de la vie politique nationale pendant les cinq années à venir.

C.Mechakra

Le Provincial, 6 avr 2019

Tags : Algérie, peuple algérien, Bouteflika, article 102, armée, manifestations, transition,

Algérie : L’après Bouteflika, premières appréhensions

Hocine Adryen

Le FLN et le RND complètement neutralisés, le patron de l’ex-DRS Toufik remis à sa juste place, Liamine Zeroual reparti à Batna sa ville natale pour y sa longue retraite, Bouteflika et ses frères ne président plus l‘Algérie, TAJ et le MPA oubliés et la mafia politico-financière, du moins une grande partie d’entre elle, est aujourd’hui sous surveillance. Que reste-t-il alors à neutraliser ?

Il y a ceux qui sont encore tapis dans l’ombre dans les institutions officielles et les entreprises publiques. Seuls quelques partis de l’opposition, les plus crédibles, et certaines personnalités sont épargnés par la vindicte populaire. Mais la grande question qui est sur les lèvres d tout le monde : Que va être désormais la position de l’ANP ? Sera-t-elle tentée, encore une fois, d’imposer son propre agenda ? Ou fera-t-elle, comme elle l’a montré dans ses deux derniers communiqués, allégeance au peuple qui a brandi les articles 7 et 8 de la Constitution pour signifier que le moment de son règne est venu ? L’ex-patron du RCD, Saïd Sadi, ne cache pas d’ailleurs on appréhension envers cette institution : « L’ANP doit, en ces instants critiques, se méfier autant de ses propres démons que de ses courtisans », avertit-il. Le premier jour de l’après-Bouteflika après vingt ans de règne personnel a rendu le sourire aux Algériens. Mais il ne doit pas cacher pour autant cette légitime interrogation : « Où va l’Algérie ? », interrogation du défunt président Mohamed Boudiaf.

Le Conseil constitutionnel, qui s’est réuni hier sous la présidence de Tayeb Belaiz, a officiellement constaté la vacance du pouvoir. Cette décision devra permettre au président du Sénat Abdelkader Bensalah de prendre la relève pour une période de 90 jours. Mais pour qu’elle soit effective, il faut attendre la convocation des deux chambres du Parlement pour acter la procédure. Le Conseil constitutionnel fait la constatation et finit par déclarer la vacance du pouvoir. Ensuite, il envoie la requête au Parlement réuni en ses deux chambres (Sénat et APN). Mais certains craignent déjà une autre manœuvre dilatoire du camp des perdants pour perpétuer la crise institutionnelle.

Le président de Talaiet el Hourryet, Ali Benflis, a raison de parler de « bombes à retardement laissées par le régime déchu qu’il s’agira de désamorcer ».

Cela dit et sur un autre plan, le patron de l’ETRHB Ali Haddad pourrait aussi être mêlé à d’autres affaires dans le cadre des enquêtes menées actuellement sur les fortunes douteuses et les transferts illicites de devises, lancées par le parquet contre une douzaine d’hommes d’affaires. Il devra partager sa cellule avec l’autre grand nom de la corruption durant les premières années du règne de Bouteflika Abdelmoumene Khalifa, qui croupit en prison depuis plus de dix ans. Voilà un autre grand scandale qui n’a pas dévoilé tous ses secrets. Des gens cités, dont des ministres, des responsables d’’entreprises en poste à l’époque des faits, n’ont jamais été inquiétés. La majorité avaient bénéficié de la protection du clan présidentiel. On a condamné des seconds couteaux en lieu et place des vrais responsables. Certains sont toujours en poste. D’autres se sont volatilisés. Faut-il rouvrir le dossier ? La justice algérienne est aujourd’hui devant un cas de conscience qu’elle doit corriger pour l’histoire et pour les victimes de cette grosse escroquerie.

Le Jeune Indépendant, 3 avril 2019

Tags : Algérie, Article 102, Bouteflika, Gaid Salah, transition, manifestations,

Algérie . Hommage à ce peuple algérien admirable à plus d’un titre

par Ali Djaaboub

Il est un fait indéniable que nul ne peut nier, c’est celui de reconnaitre sans l’ombre d’un doute que le peuple algérien qui a été traité de tous les qualificatifs désobligeants et qu’on a enterré trop tôt est grandiose, formidable, exemplaire et valeureux.

Ce peuple qui s’est armé de patience des années, qui a ébahi le monde durant sa révolution armée contre l’occupant français et l’ensemble des forces de l’OTAN, et qui est entrain de l’ébahir depuis le 22 février, est en passe de démontrer qu’il est de loin bien plus grand que ceux qui géraient ses affaires malgré lui et qui l’ont méprisé, l’ont traité d’immature et d’assisté durant longtemps, trop longtemps. Tout comme il est entrain de donner des leçons de civisme à ceux à l’extérieur qui l’ont qualifié tantôt de soumis et tantôt de violent et principalement ceux qui complotent dans le secret contre lui et son armée, ceux dont les peuples dits « démocrates » et « civilisés » saccagent tous les Weekends les biens publics de leur pays. Ce qui nous amène à leur dire : « avant de parler des autres, commencez par balayer devant chez vous ».

Ce peuple, que ne connaissent sa véritable valeur que seuls ceux qui ont sacrifié leur vie pour sa Liberté et la libération de sa Patrie. Ceux qui, un jour, avaient dit : « jetez la révolution à la rue, le peuple la portera ».

Ce peuple qui après avoir fait l’objet de mépris par ceux là même qui étaient censés le représenter, mais qui ont détourné sa volonté pour se servir au lieu de le servir et qui ont ouvert les portes du pouvoir aux aventuriers qui ont fini par prendre ses rênes, détourner sa vocation et salir l’image du pays et sa réputation. Ce peuple qui a été muselé durant des années par la menace, par le chantage et même la terreur est en voie d’écrire une Histoire grandiose qui survivra au temps et aux générations.

Je me permets, avec fierté, de défier quiconque de me citer un peuple aussi civilisé soit t-il qui sort par centaines de milliers dans 48 Wilaya (départements), (ce sont quelques 15 ou 20 Millions au total) durant des heures sans rien casser et de nettoyer les rues et les places qu’il a occupées avant de se retirer dans l’ordre et la discipline pour rentrer chez soi ?!!!

Ce vendredi fatidique du 22 février 2019, il a fini par dire non à l’injustice, non à l’usurpation de ma volonté, non au pouvoir totalitaire, non aux voleurs, non aux prédateurs et non au mépris. De ce fait, il décide de reprendre sa souveraineté en main et descend dans la rue pour l’exprimer haut et fort en criant non au 5ème mandat d’un président malade et impotent qui ne s’est pas adressé à son peuple depuis des années et au nom de qui un groupe d’usurpateurs gouverne illégalement. Il rejette la feuille de route présentée au nom de ce même président à qui il refuse toute prolongation (prorogation) de mandat. Tout comme il renie le nouveau 1er Ministre nommé en remplacement d’Ahmed Ouyahia et rejette son gouvernement, tout comme il exige le départ de toutes les figures de l’ancien système à qui il dénie le droit de gérer ou même participer à la période de transition.

Aujourd’hui, après 6 vendredis consécutifs, la communion entre le peuple et son Armée Nationale Populaire et la solidarité de l’ensemble des services de sécurité avec lui est totale, notamment après l’invitation du chef d’Etat Major de l’armée à activer l’article 7, 8 et 102 de la Constitution et donc son alignement sur la position du peuple qui le lui rend bien, et ceci, malgré de vaines tentatives de porter atteinte aussi bien à l’armée qu’au Hirak. Le « pouvoir » fait de la résistance et refuse de se soumettre et partir quitte à engager le pays dans une impasse dont les dangers sont multiples. Entre temps, les profiteurs qui ont sucé les richesses du peuple tentent tels des rats qui quittent le navire au moment de sombrer, de fuir le pays par l’utilisation de moyens multiples et entre autres 11 avions privés mal acquis, avant d’être empêché de quitter le territoire par qui de droit.

Jamais l’Algérie n’a connu une gouvernance aussi personnelle depuis son indépendance. Jamais elle n’a vu ses institutions reléguer au rang de simples entités sans aucun pouvoir et sans consistance comme elles l’ont été sous le règne de l’actuel premier dirigeant qui a concentré l’ensemble des pouvoirs aussi insignifiants soient ils à son niveau. Il est le maire, le député et le ministre à la fois. Les institutions clés (APN, Sénat et Conseil constitutionnel) ont été confié à des inconditionnels qui n’obéissent à aucune autre loi que celle qui lui est dictée par le chef qui l’y a installé. La nomination de la quasi majorité des différents Ministres et hauts responsables est puisé dans la seule région de Tlemcen où est natif le président. Jamais le sentiment de régionalisme outrancier n’a été ressenti par le peuple comme il l‘a été sous les tenants du pouvoir actuel, ce qui fait dire à beaucoup que le pays est devenu une royauté.

Cette politique de vide institutionnel mise en place a donné naissance à un phénomène de clientélisme qui a vu s’installer une catégorie de prédateurs sans foi ni loi, notamment après la maladie du président, qui se servent de l’autorité de l’Etat pour s’accaparer de ses rouages et les utiliser à leur seul profit, rouages de l’Etat qui ont été illégalement confisqués.

Le 22 février le peuple a décidé de reprendre sa destinée en main et nul ne pourra se dresser contre sa volonté : « Ida Echab Yawnan Arada El Hayat Laboudda En Yastajib El Kadar ».

Que Dieu préserve notre chère Patrie et son peuple de leurs ennemis à l’intérieur et à l’extérieur, gloire à nos valeureux Martyrs et que vive l’Algérie.

Le Quotidien d’Oran, 4/04/2019

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Algérie: Le Mouvement de la Paix solidaire avec le peuple algérien

Solidarité et fraternité avec le peuple algérien

DÉCLARATION DU MOUVEMENT DE LA PAIX

Dans le respect total de l’indépendance et de l’autonomie de nos organisations respectives, Le Mouvement de la Paix, qui entretient depuis de très nombreuses années des liens d’amitié et de fraternité avec le peuple algérien, tient à affirmer sa solidarité et sa fraternité avec toutes les militantes, militants, et associations qui font leur travail d’alerteurs et d’éveilleurs de consciences dans leur pays.

C’est pourquoi le Mouvement de la Paix a décidé de donner la plus large publicité à la déclaration ci-dessous, rédigée par 8 associations en Algérie.

A Paris, le 1er mars 2019

Le Mouvement de la Paix


« APPEL-DÉCLARATION DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ALGÉRIENNE

Mobilisation, raison, changement

Pendant des années, le système de gouvernance en place a géré les libertés par l’interdit, l’étouffement, la répression et la fermeture de tous les espaces d’organisation, d’expression, de manifestation pacifique, et de médiation qui ont fini par affaiblir et laminer les associations, les syndicats, les organisations socioprofessionnelles et les partis politiques.

Aucune frange de la société n’a été épargnée, particulièrement, les femmes, les jeunes, les étudiants, les journalistes, les enseignants, les artistes, les intellectuels, les chômeurs, les travailleurs, les paysans,…

Cette attitude répressive a fini par faire basculer le pays dans l’incertitude, mais n’a pas pour autant découragé les algériennes et les algériens. Ces derniers ont maintenu coûte que coûte des formes d’organisations et d’expressions pacifiques et revendicatives porteuses d’une conscience collective salutaire.

En effet, Au moment où les observateurs les plus avertis, pensaient que le peuple algérien était vaincu par la répression et s’était résigné au fatalisme, un espoir est né un certain vendredi 22 février. Ce jour là, un déferlement
spectaculaire de citoyennes et citoyens à travers toutes les wilayas du pays exprimant d’une seule voix, et pacifiquement, leur ras-le-bol et leur rejet du forcing du 5ème mandat et du système dans son ensemble.

Tout en saluant cette mobilisation historique qui marque un tournant en faveur de l’aspiration du peuple algérien au changement démocratique et pacifique, nous, acteurs de la société civile, tenons à exprimer notre soutien
indéfectible à ce mouvement populaire et dénonçons toute forme de répression le visant.

Ce mouvement pacifique prend de l’ampleur et implique de plus en plus les différentes franges de la société. Aussi, une autre marche pacifique est prévue pour le vendredi 1er mars à travers tout le pays.

A cette occasion, nous exprimons notre adhésion totale à ce mouvement et réitérons notre appel à la vigilance citoyenne et le respect de son cadre pacifique. Il est de la responsabilité des pouvoir publics de garantir le droit de manifester et de s’exprimer aux citoyens et de prévenir toutes provocations ou manipulation.

Nous dynamique de la société civile, interpellée par la gravité de la situation, lançons un appel URGENT à une large mobilisation et à l’implication de toutes les forces vives de la Nation au niveau locale et national pour accompagner et porter ce mouvement.

Par ailleurs, Nous considérons que les élections présidentielles prévues pour le 18 Avril 2019 ne peuvent constituer une solution à la crise, bien au contraire, leur maintien dans un tel climat serait un danger pour le pays.
Il est désormais nécessaire d’amorcer un véritable processus de changement démocratique, pacifique, concerté et inclusif, garantissant le respect des libertés individuelles et collectives.

A cet effet, nous lançons une initiative de concertation avec l’ensemble des acteurs, citoyen-ne-s organisé-e-s, de la société civile et de la classe politique en vue de construire un large consensus pour sortir notre pays de l’impasse et le mettre sur les rails de la nouvelle ère.

Alger le 27/02/2019

Signataires :

· RAJ

· LADDH (Zehouane/Benissad)

· Djazairouna

· Tharwa NFadhma NSoumer

· LADH

· FARD

· SOS Disparus

· AFEPEC »

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