Le «grand retour» de l’Algérie sur la scène internationale (Afrique-Asie)

Le mensuel d’analyse politique, économique, sociale et culturelle «Afrique-Asie» a consacré à l’Algérie, un pays qui «tient à sa souveraineté et à son rôle d’Etat pivot» dans le monde, un article intitulé «Le grand retour de l’Algérie sur la scène internationale». D’emblée, l’auteur de l’article écrit : «Ceux qui avaient parié sur le repli de l’Algérie sur elle-même suite à une année de Hirak, une crise économique générée par la chute des prix des hydrocarbures et la pandémie de la Covid-19, auront été pour leurs frais.»

Il a ajouté : «Contrairement aux Cassandres médiatiques, issus majoritairement du microcosme néocons, qui n’avaient cessé de surfer sur ces questions dans l’espoir de déstabiliser un pays qui tient à sa souveraineté et à son rôle d’Etat pivot notamment dans le Maghreb, la Méditerranée, l’Afrique sub-saharienne et dans le reste du monde, l’Algérie est non seulement debout, mais s’en sort plutôt mieux que la plupart des pays avancés, que ce soit dans la lutte contre la pandémie, la diversification de son économie et l’application de la feuille de route concernant la réforme de ses institutions et la révision de sa constitution. Mais aussi et surtout par son rôle grandissant dans le concert des nations.» Il a rappelé que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a entamé, après son investiture à la tête de la magistrature suprême, la mise en œuvre des réformes structurelles qu’il avait inscrites dans son programme de campagne, surtout, la révision de la Constitution, affirmant que désormais «la machine à réformer est en marche».

«Cet engagement pour une nouvelle république solidaire et prospère, qui s’inspire des fondamentaux du 1er Novembre et qui se traduit par une mise en application des revendications politiques, sociales, économiques du ‘‘hirak béni’’, a mis en échec les tentatives déstabilisatrices de certaines officines étrangères qui manipulaient les courants les plus nihilistes au sein du hirak», estime-t-il. Il a souligné que Tebboune a, dès son élection, clairement défini les grandes lignes de sa politique étrangère, née «dans la guerre de libération nationale, quand une délégation du FLN avait participé à la Conférence de Bandung en 1955» et qui a comme fondements la «non-ingérence, le respect du droit international, la construction d’un nouvel ordre politique et économique mondial, le droit des peuples à l’autodétermination et le soutien aux peuples colonisés».

Concernant la question libyenne, «Afrique-Asie» a indiqué que «la conférence de Berlin sur la Libye, en janvier dernier, a donné une tribune mondiale à l’Algérie à travers laquelle, le nouveau Président a fait entendre la voix de son pays. Il y a réaffirmé ce qu’il avait toujours répété, à savoir qu’il revient aux seuls Libyens -tous les Libyens sans exclusive- de prendre leur destin en mains, avec l’aide des pays voisins».

Une diplomatie active

Parallèlement, ajoute-t-il, «la diplomatie algérienne s’active sur le front malien, indissociable du front libyen», rappelant que «le président Tebboune a dépêché son ministre des Affaires étrangères à Bamako à deux reprises en quelques semaines pour proposer l’activation du plan algérien de paix et de réconciliation, à la demande de toutes les parties maliennes, y compris la nouvelle junte militaire», et ajoutant que «même la France, embourbée dans les sables mouvants du Sahel, est désormais demandeuse de l’assistance d’Alger». «Afrique-Asie» a aussi mentionné que le retour de l’Algérie sur la scène internationale «a été également confirmé par la récente visite du secrétaire à la Défense américain, Mark Esper, la première d’un aussi haut responsable américain depuis 2006 (visite de Donald Rumsfeld)».

«Cette visite historique, qui intervient dans une période charnière de l’histoire des Etats-Unis, soit près d’un mois avant l’élection présidentielle capitale, prévue le 3 novembre, n’est pas du goût de certains médias américains adeptes du régime change, un concept cher aux mal-nommés printemps arabes et révolutions de couleur», a-t-il fait remarquer, citant le cas du «New York Times», «un média qui s’est très souvent trompé dans ses analyses, particulièrement lorsqu’il s’agit du monde arabe qu’il voit à travers ses lunettes sionistes».

Sud Horizons, 6 oct 2020

Tags : Algérie, diplomatie, Libye, Mark Esper, Maghreb, Méditerranée, Afrique subsaharienne, Mali, Sahel, terrorisme, lutte antiterroriste, 

Algérie : Djezzy, Mobilis et Ooredoo, punis par l’Etat

Selon l’Autorité de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE), les trois principales sociétés de téléphonie mobile opérant en Algérie ont été contraintes de payer de lourdes amendes pour les « manquements enregistrés en matière de couverture et de qualité de services » dont la plus lourde`, celle d’un montant de 82.580.952,38 DA a a été infligée à Orascom Télécom Algérie (OTA) qui exploite la marque commerciale Djezzy.

Pour sa part Mobilis a dû payer 63.918.956,02 DA alors qu’ Ooredoo s’en sort avec une amende de 26.019.444,45 DA.
La décision de l’ARPCE vient suite à une « opération d’audit afin d’évaluer le niveau de prise en charge des manquements enregistrés en matière de couverture et de qualité de services », précise la même source. L’enquête a été menée du 16 au 25 août 2020, dans cinq wilayas : Adrar, Blida, Constantine, Djelfa et Tlemcen. Le 3 mai, l’ARPCE avait mis en demeure les trois opérateurs « afin de se conformer aux exigences de couverture et de qualité de service de leurs réseaux 4G, et ce suite à une opération de contrôle et d’évaluation effectuée du 16 février au 12 mars 2020, qui a porté dans une première phase sur cinq wilayas (Adrar, Blida, Constantine, Djelfa et Tlemcen) », avait indiqué l’ARPCE dans un communiqué. « Les résultats de ce contrôle ont fait ressortir que les trois opérateurs n’ont pas satisfait certaines exigences de couverture et de qualité de service des réseaux 4G dans ces wilayas », avait précisé l’autorité de régulation

Maroc – Les couacs de la lutte anti-terroriste

Le fait que la cellule terroriste d’Abdelfattah Raydi ait pu préparer des attentats qui auraient dû être commis dans plusieurs villes du Maroc en dit long sur les lacunes des services de sécurité.
Des lacunes déjà apparues au grand jour au lendemain des attentats de Casablanca en 2003 et qui ont été pointées par les Nations Unies. Analyse des carences mais aussi des difficultés auxquelles est confronté l’anti-terrorisme au Maroc. Publié pour la première fois la semaine dernière sur le site web www.geopolitique.com, ce document, daté de 2003, est encombrant pour les services marocains en charge de la lutte anti-terroriste de l’époque. Il s’agit d’un rapport rédigé par deux experts des Nations Unies mandatés au Maroc par le Groupe de suivi sur le terrorisme de l’ONU, du 5 au 10 septembre 2003. Composé d’une douzaine de personnes et placé sous la houlette d’un diplomate britannique, ce groupe est chargé de vérifier que les Etats membres des Nations Unies -dont le Maroc- appliquent les résolutions du Conseil de sécurité sensées aider à mettre fin aux réseaux de soutien au terrorisme international.
La conclusion de ce rapport de deux pages rédigée par les experts à leur retour à New York, au siège de l’organisation, résume à elle seule les causes de l’échec de leur mission : « les autorités marocaines ne voulaient pas collaborer avec eux ». Pour étayer cette thèse, ils accusent le Maroc de ne pas les avoir laissés vérifier si la liste noire des individus soupçonnés d’être liés à Al Qaïda, et établie par les Nations Unies, avait bien été intégrée aux fichiers de la Police des frontières de l’aéroport Mohammed V de Casablanca. « Les experts n’ont pas été autorisés par les services de la police des frontières à contrôler le fait que tous les noms de la liste des Nations Unies avaient été ajoutés dans les ordinateurs utilisés pour contrôler les identités des passagers. La police des frontières n’a pas été prévenue à temps par le ministère des Affaires étrangères. Ils ont toutefois mentionné le fait que tous les noms avaient déjà été ajoutés dans leur système. Ils n’ont arrêté aucun des individus figurant sur la liste », écrivent-ils.
Comptes bancaires suspects gelés dans l’anarchie
Autre difficulté rencontrée : le contrôle des avoirs bancaires et financiers de personnes ou d’organisations suspectées d’être liées à Al Qaïda et gelés par les autorités marocaines. Sur ce point, le rapport des experts est accablant pour le Maroc. Par exemple, en ce qui concerne les comptes de la société textile Nascotex, “black listée” par les Nations Unies depuis septembre 2002, les experts relèvent que ses avoirs au Maroc n’ont été gelés que six mois plus tard, ce qui signifie que celle-ci a eu le temps de “transférer son argent à l’étranger”. Les experts onusiens pointent également le fait que les Marocains étaient incapables d’indiquer le montant des sommes de Nascotex gelées par leurs soins. Idem pour une autre société figurant aussi sur la liste noire de l’Onu, Akida Investment Company. Encore plus grave : les experts signalent que les autorités marocaines leur ont fourni un listing de comptes bancaires gelés sans être capables de dire à qui appartenaient ces comptes ni les montants bloqués !
Toutefois, ce qui semble avoir le plus surpris les deux experts restent les affirmations des représentants du ministère de l’Intérieur qui ont « nié toute présence de cellules d’Al Qaïda dans le pays ou une quelconque menace persistante émanant de cette organisation ». Pourtant ce même rapport souligne que le Maroc a gelé 17 000 dirhams d’un compte bancaire au nom d’un certain Said Bahaji, bien connu des services de sécurité du monde entier : il est suspecté d’appartenir à la “cellule de Hambourg” qui a fourni de l’argent aux auteurs des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et d’avoir partagé un appartement en Allemagne avec le kamikaze Mohamed Atta. Les déclarations des représentants du ministère marocain de l’Intérieur sont d’autant plus légères qu’un an plus tôt, ces mêmes autorités avaient affirmé qu’une cellule terroriste d’Al Qaïda avait été démantelée. Elle aurait eu pour projet de faire exploser à l’aide de Zodiacs piégés des navires de guerre anglais et américains croisant dans le détroit de Gibraltar. Parmi les personnes arrêtées lors de cette opération connue sous le nom d’« opération Gibraltar » figuraient quatre Saoudiens. De surcroît, l’un des hommes-clés de cette cellule, dite de Gibraltar, le saoudien El Gareh avait, lors de son interrogatoire dans les locaux de la DST à Temara, déclaré que le Maroc était « dans la ligne de mire d’Al Qaïda ». Il avait même été encore plus explicite, lançant : « Personne, même le Maroc, n’échappera au mektoub par Allah ».
Pieds et mains liés par l’Arabie Saoudite
Ce n’est toutefois pas la première fois que des représentants de l’autorité marocaine emploient ce type d’arguments. En ce qui concerne les attentats de Casablanca, le numéro deux de la DST de l’époque, Noureddine Benbrahim, a confié en mai 2003 à des agents travaillant pour les services français que « se retourner vers Al Sirat al Moustakim (le groupe présenté comme responsable des attentats de Casablanca) est une décision prise au plus haut niveau en coordination avec les Français et les Américains pour limiter l’impact sur la situation interne. Car dire que ces attentats sont signés Ben Laden entraînera une panique totale dans le pays », « et la fureur de l’Arabie Saoudite », aurait très bien pu ajouter Noureddine Benbrahim…
C’est là en effet l’une des principales difficultés à laquelle a été confronté l’anti-terrorisme marocain au lendemain des attaques sur Casablanca. Comment en effet lutter efficacement contre le terrorisme quand on a besoin des capitaux du Golfe et sans se mettre à dos l’Arabie Saoudite dont le jeu idéologique pervers dans les années 80, 90 et au début des années 2000 n’est plus un secret pour personne ? En ce qui concerne le 16 mai 2003, Noureddine Benbrahim a déclaré aux espions français qu’au moins deux ressortissants du Golfe -un Saoudien et un Emirati- figuraient parmi les terroristes mais que le ministère marocain de l’Intérieur s’était tu pour « préserver les amis du Maroc ». C’est en tout cas ce que l’on peut lire sur une note blanche émanant du ministère français de la Défense et rédigée quelques jours à peine après les attentats de Casablanca. Noureddine Benbrahim y effectue aussi le recoupement suivant pour accréditer l’implication d’Al Qaïda : un homme d’affaires émirati (“un ancien ami”) lui a confié, lors d’une soirée à Ryad, avoir entendu un très jeune cheikh saoudien faisant partie de “l’institution religieuse” parler des « Marocaines qui sont commercialisées par les maquereaux (…). Et qu’il faut les frapper afin qu’ils quittent ce pays musulman et obliger le roi à se débarrasser de ses conseillers (…) ». L’homme d’affaires émirati s’était alors ému du fait qu’un jeune Saoudien n’ayant jamais quitté son pays soit en mesure d’être aussi précis sur le Maroc, noms de conseillers royaux, dont certains discrets, à l’appui. Plus précis encore, Benbrahim ajoute que « les relations avec Ryad passent par une zone de turbulences (nous sommes en mai 2003). Les Marocains ne font plus aucunement confiance aux Saoudiens, notamment le prince Nayef Ben Abdel Aziz (ministre saoudien de l’Intérieur), qui était au courant après des interrogatoires avec deux (membres) de la tribu Al Ghamdi (du nom de l’un des pirates de l’air du 11 septembre 2001) que Casablanca est la prochaine sur la liste. Mais il n’a pas averti ». Un discours analogue à celui tenu en juin 2003 par Fouad Ali El Himma à un autre interlocuteur travaillant lui aussi pour le compte des services français. « Il (El Himma) assure que le financement des groupes (…) provient des pays du Golfe en premier lieu, de la contrebande à travers l’Espagne et de l’argent de la drogue. Pour ce qui est du premier volet, El Himma n’a pas hésité à accuser les associations saoudiennes qui agissent probablement (…) avec une partie et avec le consentement des services. Aussi des Emirats Arabes Unis et du Koweït. Mais le cas est ici différent car les aides viennent de la part de commerçants. Une liste a été transmise aux Koweïtiens ainsi qu’aux Emiratis pour faire le nécessaire. Par contre, le prince Nayef (ministre saoudien de l’Intérieur) n’a pas donné suite à nos revendications en la matière », peut-on lire sur la note blanche consacrée à Fouad Ali El Himma et rédigée en juin 2003 par les services français
Les Etats-Unis ont bon dos
Déjà peu performant en matière d’anti-terrorisme, comme le montre le rapport de l’ONU, et de surcroît pieds et mains liés par l’Arabie Saoudite, le Maroc a également subi une très forte pression des Etats-Unis au lendemain des attentats de Casablanca. Depuis le 11 septembre 2001, l’Amérique est en effet entrée “en guerre” contre le terrorisme international et exige des résultats de la part de ses partenaires nord-africains sommés d’éradiquer ce mal chez eux. Surtout ceux qui ont besoin du parapluie anti-terroriste de Washington, de sa puissance diplomatique ou économique. Aujourd’hui, les autorités marocaines reconnaissent avoir collaboré très étroitement avec des services étrangers sans que l’on sache jusqu’où cette collaboration a été poussée. Dans la première moitié des années 2000, les Américains ont-ils effectivement sous-traité aux Marocains les interrogatoires de présumés islamistes capturés à l’étranger comme l’attesterait par exemple le témoignage de Benyam Mohammed al Habashi, un Ethiopien résident au Royaume-Uni qui affirme avoir été sauvagement torturé pendant 18 mois au Maroc en 2002, sur ordre des autorités américaines ? Des anglo-saxons ont-ils interrogé des terroristes présumés marocains au Maroc ? Mystère… À ce jour, l’on sait juste avec certitude que des jets privés affrétés par la CIA ont fait escale au Maroc. On sait également que c’est par ce biais que des ressortissants marocains ont été rapatriés après avoir été capturés ou arrêtés à l’étranger (Arabie Saoudite, Afghanistan, Pakistan, Irak…). On est pas certain cependant si ces avions ont effectivement transporté des ressortissants d’autres pays qui auraient pu être débarqués discrètement au Maroc pour des interrogatoires où la torture est pratiquée. Pour le reste, et notamment l’éventuelle existence de prisons secrètes de la CIA au Maroc, aucune preuve formelle n’a été à ce jour apportée même si les ONG internationales des droits de l’Homme nourrissent des soupçons envers le royaume.
Aujourd’hui, les nouveaux responsables sécuritaires du Maroc dédouanent un peu trop facilement l’appareil sécuritaire en estimant qu’à cause des pressions internationales subies, le royaume a dû procéder en 2003 à des rafles massives d’individus fichés par ses propres services comme islamistes. Selon ces mêmes responsables, cela aurait abouti à un encombrement des prisons du royaume tel qu’à un moment les autorités ont même caressé l’idée de créer des prisons « d’exception » dont une aurait été basée à Benslimane. Suite à un veto émis par le ministère de la Justice -ce sont les arguments des hauts responsables sécuritaires actuels- l’idée de ces petits Guantanamo marocains a été abandonnée au profit de l’aménagement de deux pavillons de haute sécurité à la prison de Salé.
Le « ventre mou » du Sahel
Outre les pressions américaines, au demeurant réelles, et l’hypocrisie criminelle de l’Arabie Saoudite, la lutte antiterroriste marocaine butte sur une autre difficulté de taille : la région que l’on qualifie de « ventre mou » du Sahel et qui se situe aux confins du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Mali. Une région qui, traversée par les immigrés subsahariens tentant de rallier l’Europe, se caractérise par des trafics en tous genres, notamment de cigarettes et d’armes. « On sait avec certitude que des islamistes marocains ont été formés dans cette région par des bandes armées sans obédience particulière et nous nous attendons à ce que certains d’entre eux remontent vers le Maroc en empruntant les réseaux de la contrebande. On évalue également à 80 000 le nombre de kalachnikovs éparpillée dans la région par l’intermédiaire du trafic d’armes », estime Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l’Intérieur. Pour le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, des Marocains ont été entraînés par le GSPC dans le Nord du Mali et pourraient alimenter des cellules terroristes au Maroc s’ils parviennent à rejoindre le royaume, en passant notamment par les filières d’immigration clandestine.
Au sujet des liens du Front Polisario avec des organisations proches d’Al Qaïda dénoncées par le ministre de la Justice la semaine dernière, Fouad Ali El Himma, qui affirme qu’en matière de lutte anti-terroriste, Marocains et Algériens collaborent, atténue considérablement les propos de Mohamed Bouzoubâa : « en tant qu’organisation, le Front Polisario lui-même, qui conserve une idéologie marxiste-léniniste, n’est pas associé à Al Qaïda. Par contre, certains de ses individus ont noué, à titre personnel, des relations avec le GSPC qui contrôle le sud algérien ». Toujours selon Fouad Ali El Himma, un membre du Front Polisario, agissant pour son compte personnel, aurait ainsi participé à une récente attaque d’une caserne militaire en Mauritanie aux côtés d’hommes du GSPC. Par ailleurs, selon la même source, des individus des campements de Tindouf, dont certains ont été formés aux côtés des islamistes marocains dans le Sahel, se livreraient à des trafics d’armes pour survivre. Toutefois, aucune preuve formelle n’a à ce jour été fournie par l’appareil sécuritaire marocain qui dit avoir recoupé ces informations avec celles de services étrangers.
Des méthodes contre-productives
Au regard des évènements de Sidi Moumen du 11 mars dernier, pour les autorités marocaines le plus urgent semble être de relever le niveau des services de sécurité. Mieux vaut tard que jamais… En effet, quelques jours seulement après les attentats de Casablanca en 2003, les services secrets français ont appris par l’intermédiaire de Noureddine Benbrahim que Mohammed VI, furieux, a découvert très tardivement l’avertissement lancé par le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière à l’occasion d’un séminaire de la société Thalès au Maroc et spécifiant que le royaume « pourrait connaître de grosses opérations ». Ou encore « que le roi a ouvert une enquête après qu’il ait découvert que les forces de sécurité du royaume étaient concentrées ce soir-là (le 16 mai 2003) à Rabat et Meknès seulement ». À ce sujet, Benbrahim se montre précis indiquant que « l’alerte de la veille évoquant l’existence d’une bombe au théâtre Mohammed V à Rabat était une fausse alerte pour attirer les services dans la capitale où s’effectuaient les cérémonies d’Al Akika fêtant la naissance du prince Moulay Hassan ». Là encore, c’est ce que l’on peut lire sur une note blanche rédigée en mai 2003 par un espion travaillant pour les services français qui a visiblement beaucoup « confessé » Benbrahim.
En ce qui concerne les méthodes de lutte anti-terroriste à proprement parler, pour la première fois, les autorités marocaines reconnaissent que celles employées au lendemain des attentats du 16 mai 2003 n’ont pas produit les résultats escomptés comme le montre le cas du kamikaze Abdelfattah Raydi. Ce dernier faisait en effet partie de ces quelque 2 000 islamistes présumés raflés, dont environ 800 ont été condamnés ensuite à de la prison après des procès souvent expéditifs. Des prisons où, outre les mauvais traitements subis, certains ont noué des liens avec des salafistes combattants de groupuscules radicaux avant d’être graciés par le roi. Mais on peut tout aussi bien s’interroger sur le fait qu’une fois sortis de prison, des individus comme Raydi, sensés être fichés par les services et résidant de surcroît dans des quartiers quadrillés par des norias de mokadems, ont réussi à préparer des attentats (cf. encadré) sans être repérés… Une réalité accablante pour les services de sécurité qui a vraisemblablement conduit les autorités à annoncer une réforme de la lutte anti-terroriste au Maroc. En espérant que celle-ci produise plus d’effets que la rénovation du quartier de Sidi Moumen, actée en 2003 mais dont les habitants attendent toujours les bénéfices.
Catherine Graciet, Le Journal Hebdomadaire
2 avril 2007
Tags : Maroc, terrorisme, salafisme, attentats de casablanca, 16 mai 2003, lutte antiterroriste, 

Signature d’un Accord de Coopération entre le G5 Sahel et l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL)

Il définit les modalités de la coopération, technique, la formation et le renforcement des capacités

NOUAKCHOTT, Mauritanie, 17 mai 2019/ — Le Secrétaire Permanent du G5 Sahel, Monsieur Maman Sambo Sidikou et le Secrétaire Général de l’Organisation internationale de police criminelle – INTERPOL, Monsieur Jürgen Stock ont signé,le 16 Mai 2019 à Lyon en France, un accord de coopération entre les deux institutions.

Cet accord a pour objectif d’instaurer un cadre pour la coopération entre les deux institutions dans les limites de leurs domaines de la prévention et la répression des actes terroristes et d’autres formes de criminalité transfrontalière.

Ce partenariat permettra d’avoir un cadre juridique régissant les échanges de données et d’informations entre INTERPOL et le G5 Sahel.Il définit par ailleurs les modalités de la coopération, technique, la formation et le renforcement des capacités. Autre volet important de l’accord , il s’agit d’échanges d’expertises dans les domaines relatifs à la police.

Le Directeur Géneral de la police nationale du Burkina Faso le controleur Géneral de police Jean Bosco KIENOU en qualité de président en exercice du comité de Défense et Sécurité était présent à la cérémonie de signature . On notait également la présence du Controleur Général KAKA Abdoulaye coordinateur régional de la Plateforme de Coopération en Matiere de Sécurité

Source : APO

Tags : Sahel, G5, Mali, MINUSMA, terrorisme, lutte antiterroriste,

Il n’y a pas de conditions propices pour réintégrer les anciens djihadistes au Maroc (Think tank)

Selon une étude conjointe publiée par Egmont Institute et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, deux think tanks belge et allemand respectivement, les autorités marocaines procèdent incessament au démantèlement de cellules terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte, ce qui pourrait induire à des erreurs et à « l’emprisonnment de personnes qui n’ont été impliquées dans aucune activité terroriste ».

Le Maroc a renforcé son dispositif sécuritaire en créant le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) et en déployant 50.000 informateurs gérés par le Ministère de l’Intérieur. Ces mesures pourraient imposer un contrôle excessif sur la société marocaine allant jusqu’à affecter le liberté d’expression, la liberté de la presse et d’autres libertés civiles au nom de la lutte contre le terrorisme. L’étude cite un rapport de Human Rights Watch publié en 2017 dénonçant la pratique de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme.

En 2014, les autorités marocaines ont renforcé le code pénal avec des lois plus sévères dont des peines allant de 5 à 15 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour tout Marocain qui rejoint ou tente de rejoindre une organisation armée non étatique, à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc. Dans cette même lignée, il a mis en place un programme de dé-radicalisation dans les prisons connu sous le nom de « Reconciliation » conçu pour les djihadistes marocains rapatriés ainsi que ceux qui n’ont jamais quitté le pays.

Le programme, qui dure quatre mois, comprend des conseils psychologiques, des enseignements théologiques et des outils nécessaires à la réinsertion dans la société. Dans sa première version en 2016, 25 détenus volontaires ont bénéficié de ce programme. En 2018, ce chiffre est passé à 300. Ceux qui réussissent le programme sont libérés par décret royal de grâce.

Mais, selon les analystes européens, ce programme est limité au séjour en prison des personnes concernées, mais, une fois libérés, il leur est difficile de réintégrer la société en raison du manque d’emploi et d’une position économique et culturelle leur permettant de faire partie de la société. Après tout, beaucoup de Marocains qui ont rejoint les rangs de l’État islamique n’avaient pas ce sentiment d’appartenance à la société et étaient issus d’un milieu social, économique et culturel très bas.

A part ce programme de réconciliation, ajoute l’analyse, le Maroc n’a pas conçu d’autre programme spécifique pour les ex-combattants rapatriés. A cela il convient d’ajouter que le royaume chérifien n’a pas résolu le problème des citoyens à double nationalité ni répondu au débat sur les femmes et les enfants. Ni celui des orphelins des ex-combattants, car dans les camps syriens, plus de 2500 enfants solitaires sont en train d’attendre une réponse des gouvernements européens ainsi que de ceux d’Afrique du Nord.

Une autre particularité du cas marocain est que 80% des recrutements de djihadistes ont été effectués via les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, car en raison du contrôle serré de la situation dans les rues et dans la société marocaine, il est difficile de le faire en personne comme c’était le cas dans d’autres pays du Maghreb tels que la Tunisie et l’Égypte.

Tags : Maroc, BCIJ, lutte antiterroriste, terrorisme, djihadistes, retour, répression, réintégration, Syrie, Irak,

Il n’y a pas de conditions propices pour réintégrer les anciens djihadistes au Maroc (Think tank)

Selon une étude conjointe publiée par Egmont Institute et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, deux think tanks belge et allemand respectivement, les autorités marocaines procèdent incessament au démantèlement de cellules terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte, ce qui pourrait induire à des erreurs et à « l’emprisonnment de personnes qui n’ont été impliquées dans aucune activité terroriste ».

Le Maroc a renforcé son dispositif sécuritaire en créant le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) et en déployant 50.000 informateurs gérés par le Ministère de l’Intérieur. Ces mesures pourraient imposer un contrôle excessif sur la société marocaine allant jusqu’à affecter le liberté d’expression, la liberté de la presse et d’autres libertés civiles au nom de la lutte contre le terrorisme. L’étude cite un rapport de Human Rights Watch publié en 2017 dénonçant la pratique de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme.

En 2014, les autorités marocaines ont renforcé le code pénal avec des lois plus sévères dont des peines allant de 5 à 15 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour tout Marocain qui rejoint ou tente de rejoindre une organisation armée non étatique, à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc. Dans cette même lignée, il a mis en place un programme de dé-radicalisation dans les prisons connu sous le nom de « Reconciliation » conçu pour les djihadistes marocains rapatriés ainsi que ceux qui n’ont jamais quitté le pays.

Le programme, qui dure quatre mois, comprend des conseils psychologiques, des enseignements théologiques et des outils nécessaires à la réinsertion dans la société. Dans sa première version en 2016, 25 détenus volontaires ont bénéficié de ce programme. En 2018, ce chiffre est passé à 300. Ceux qui réussissent le programme sont libérés par décret royal de grâce.

Mais, selon les analystes européens, ce programme est limité au séjour en prison des personnes concernées, mais, une fois libérés, il leur est difficile de réintégrer la société en raison du manque d’emploi et d’une position économique et culturelle leur permettant de faire partie de la société. Après tout, beaucoup de Marocains qui ont rejoint les rangs de l’État islamique n’avaient pas ce sentiment d’appartenance à la société et étaient issus d’un milieu social, économique et culturel très bas.

A part ce programme de réconciliation, ajoute l’analyse, le Maroc n’a pas conçu d’autre programme spécifique pour les ex-combattants rapatriés. A cela il convient d’ajouter que le royaume chérifien n’a pas résolu le problème des citoyens à double nationalité ni répondu au débat sur les femmes et les enfants. Ni celui des orphelins des ex-combattants, car dans les camps syriens, plus de 2500 enfants solitaires sont en train d’attendre une réponse des gouvernements européens ainsi que de ceux d’Afrique du Nord.

Une autre particularité du cas marocain est que 80% des recrutements de djihadistes ont été effectués via les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, car en raison du contrôle serré de la situation dans les rues et dans la société marocaine, il est difficile de le faire en personne comme c’était le cas dans d’autres pays du Maghreb tels que la Tunisie et l’Égypte.

Tags : Maroc, BCIJ, lutte antiterroriste, terrorisme, djihadistes, retour, répression, réintégration, Syrie, Irak,