La recomposition géo-politique programmée du Moyen Orient

par Pierre Hillard

Les tensions et les violences qui secouent le Moyen-Orient depuis l’intervention israélienne au Liban, le 12 juillet 2006, ne sont que la partie visible d’un immense enjeu politique, économique, religieux et philosophique opposant l’Occident aux Etats islamiques de la région. L’occupation américaine de l’Irak en mars 2003 a permis le lancement d’un projet révolutionnaire en vue de remodeler une vaste zone géographique allant du Maroc au Pakistan: le Grand Moyen-Orient. Derrière cette appellation, c’est une recomposition profonde qui attend ces pays musulmans. Beaucoup de théories et de supputations courent sur les ambitions des Etats-Unis et d’Israël au sujet de la politique poursuivie par leurs dirigeants. Cependant, des signes avant-coureurs apparaissent et permettent d’apercevoir concrètement les plans en cours. C’est tout l’enjeu des cartes ci-jointes appelant à recomposer le Moyen-Orient.

Ces cartes (« before » : situation en 2006 (ci-dessus) et « after » : situation après recomposition (ci-dessous)) sont parues dans une revue militaire américaine, AFJ (Armed Forces Journal), en juin 2006 sous la plume d’un lieutenant-colonel américain à la retraite, Ralph Peters. Ce dernier s’est illustré dans une division d’infanterie mécanisée à partir de 1976 pour, ensuite, poursuivre ses activités dans le renseignement militaire en 1980. Auteur de nombreux ouvrages traitant de la stratégie et des relations internationales, Ralph Peters s’est retiré officiellement de l’armée en 1999. Cependant, ses contacts restent étroits avec ce milieu puisqu’il fait partie de l’équipe dirigeante d’AFJ. Cette revue n’est qu’une partie d’un véritable empire de la presse militaire américaine. Fondé en 1863, ce mensuel s’adresse aux officiers des Etats-Unis traitant de sujets aussi variés comme : la technologie militaire, la logistique, la stratégie, la doctrine ou encore la tactique. En fait, AFJ est coiffé par une maison mère, Army Times Publishing Company, dont les publications s’articulent autour de trois axes :

The Military Times Media Group qui publie: Army Times, Navy Times, Air Force Times et Marine Corps Times.
The Defense News Media Group, groupe mondial des revues de défense et qui publie: Defense News, Armed Forces Journal (AFJ), Training § Simulation Journal et C4ISR Journal (renseignement, surveillance et reconnaissance).

The Federal Times, hebdomadaire d’informations traitant des nouvelles technologies et des sujets financiers.

Depuis le 1er août 1997, Army Times Publishing Company est une filiale d’un groupe encore plus puissant, la société Gannett. Fondé en 1906 par Frank Gannett, cet empire de presse et des médias publie aux Etats-Unis près de 90 quotidiens dont les plus connus sont USA Today et USA Weekend et contrôle 22 stations de télévision. Ses activités débordent aussi au Royaume-Uni puisque 17 quotidiens sont sous son influence. L’ensemble génère des revenus financiers colossaux estimés à 7,6 milliards de dollars pour 2005.

Cette présentation permet de mieux saisir dans quel milieu la revue AFJ évolue et la signification des travaux de Ralph Peters. En effet, les propositions de ce dernier et les appels lancés à un changement radical des frontières du Moyen-Orient ne sont évidemment pas le résultat des réflexions d’un seul homme soucieux d’occuper son temps. De nombreuses études ont été lancées au sein des instances militaires américaines comme dans de nombreux think tanks appelant à revoir les limites frontalières de ces Etats. Comme le montre la carte (« after »), les modifications apportées aux frontières sont le fruit d’une lente mais sûre réflexion intellectuelle dont la publication dans une revue militaire américaine de haut rang n’est pas l’effet du hasard. Le but recherché est aussi de tester les réactions en particulier celles des musulmans de la région. Cela dit, il ne faut pas voir ce document comme définitif. En fait, c’est un prototype susceptible de connaître des changements que certains appelleraient des variables d’ajustement. En réalité, l’intérêt majeur de ces travaux est de révéler que les instances militaires et politiques des Etats-Unis se sont résolument engagées dans un domaine en n’hésitant plus à l’officialiser. En même temps, cette entreprise doit se faire en adéquation avec Israël concerné au premier chef par ces bouleversements. A l’égard de ce pays, Ralph Peters se définit comme un ami « de longue date » (New York Post, 22 juillet 2006).

L’article de ce militaire américain, intitulé « Frontières ethniques, que faire pour améliorer le Moyen-Orient », part du principe qu’il faut lever le tabou de la sacro-sainte frontière inamovible. Pour l’auteur, les nouvelles frontières doivent se modeler en fonction du critère ethnique et confessionnel. Même s’il n’est pas possible de tracer des frontières respectant la totalité des particularismes en tout genre nombreux et numériquement très variables, il faut pour Ralph Peters se rapprocher au maximum de ce concept.

Comme il le souligne : « Nous parlons de difformités énormes faites par les hommes qui n’arrêteront pas de générer la haine et la violence tant qu’elles n’auront pas été corrigées ». Dans son esprit, il s’agit de remettre radicalement en cause les frontières nées des Accords Sykes-Picot de 1916 préparant le démantèlement de l’Empire ottoman.

En observant l’ensemble de cette zone en partant de la Péninsule arabique, on constate immédiatement le démantèlement du royaume d’Arabie Saoudite. Les propos de l’auteur sont très clairs à l’égard d’un pays qui a bénéficié de la protection américaine suite aux discussions entre le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud, le 14 février 1945, à bord du croiseur USS Quincy. Désormais, le royaume d’Arabie Saoudite passe à la trappe. Deux grandes entités territoriales échappent à l’autorité de Riyad. Sur la côte Ouest, il s’agit de créer un « Etat sacré islamique ». Comme le précise Ralph Peters dans des propos lourds de conséquences : « La cause principale de la large stagnation du monde musulman réside dans le traitement réservé à la Mecque et à Médine considérés comme leur fief par la famille royale saoudienne. Les lieux saints de l’Islam soumis au contrôle de la police d’Etat de la part d’un des plus bigots et oppressifs régimes au monde ont permis au Saoud (ndlr : la famille régnante d’Arabie Saoudite) de projeter leur croyance wahhabite à la fois intolérante et disciplinée au-delà de leurs frontières. (…) Imaginez comme le monde musulman se sentirait mieux si la Mecque et Médine étaient dirigés par un Conseil représentatif tournant issu des principales écoles et mouvements de l’Islam dans le monde au sein d’un Etat sacré islamique – une sorte de super Vatican musulman – où l’avenir de la foi serait débattu au lieu d’être arbitrairement fixé ».

Ce point est capital puisqu’il révèle la volonté de réformer l’Islam afin de l’adapter aux principes occidentaux. Une sorte « d’Islam des Lumières » élaboré au cœur de cet Etat sacré islamique permettrait de rayonner sur l’ensemble du monde musulman et de remodeler les esprits afin qu’ils épousent pleinement la philosophie mondialiste. Il est vrai que contrôler les esprits a toujours permis de contrôler les hommes. C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée que l’on retrouve ces mesures préconisées par la Fondation Bertelsmann, think tank allemand qui, dans ses travaux débattus dans le cadre des « Discussions de Kronberg » en 2002 et 2003 (Europe, the mediterranean and the Middle East, strengthening responsibility for stability and development et Die Zukunft der europäischen Politik im Nahen Osten nach dem Irak Krieg), relève l’inadéquation de l’Islam à l’évolution du monde moderne et prône une refonte des mentalités et la remise en cause des frontières. Ces recommandations allemandes soulignent aussi la convergence des buts à atteindre de part et d’autre de l’Atlantique pour refondre entièrement le Moyen-Orient. Il est vrai aussi que les concepts ethno-confessionnels développés par Ralph Peters cadrent parfaitement avec la vision ethniciste germanique.

Sur la côte du Golfe persique, c’est la province de Hassa dont la population est majoritairement chiite qui est détachée de l’Arabie Saoudite et intégrée à un « Etat chiite arabe », vestige d’un Irak littéralement explosé. L’application de cette mesure entraînerait la mort économique du royaume car c’est à cet endroit que se concentre l’essentiel de l’extraction des hydrocarbures autour de la triade Dammam-Dharhan-Al-Khobar. L’Etat chiite arabe verrait ses réserves pétrolières et gazières monter en flèche et deviendrait incontournable car, outre les vastes ressources de Hassa et de la production off-shore, il faudrait ajouter celles de la région de Bassora (ex-Irak) et des provinces arabes iraniennes, détachées de Téhéran, riches en hydrocarbures jouxtant le Chatt el-Arab (Arabes chiites du Khouzistan et Arabes sunnites du Bouchir). De plus, Riyad perdrait ses provinces du Sud (Jizrane, Najran et l’Assir) au profit du Yémen, territoires acquis en 1934 lors du Traité de Taëf, et qui ont conservé leur identité yéménite. Enfin, la curée sera complète avec l’octroi d’une façade maritime à la Jordanie, Etat pro-occidental, en arrachant à l’Arabie Saoudite les provinces de Tabouk et une partie du Jouf.

La destruction du royaume des Al Saoud affichée par la carte (« after ») de Ralph Peters n’est que la confirmation de projets élaborés au sein de certaines instances américaines. David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, dans son ouvrage « Géopolitique de l’Arabie Saoudite » (Editions Armand Colin) le souligne clairement :

« Il y eut notamment la publication le 6 août 2002, par le Washington Post, d’un briefing qui a eu lieu le 10 juillet 2002 au Defense Policy Board (DPB, ndlr : organisme de planification stratégique créé en 1985 par Donald Rumsfeld), alors dirigé par le très influent Richard Perle, surnommé le Prince des ténèbres lorsqu’il officiait au Pentagone entre 1981 et 1987 sous l’administration Reagan. Au cours de ce briefing, l’Arabie Saoudite avait été qualifiée par Laurent Murawiec, un analyste du prestigieux centre de recherches stratégiques de la Rand Corporation, de pays ennemi. (…) Pire en core, Murawiec avait évoqué la légitimité de sanctions, dont le gel des avoirs saoudiens, voire… la scission de la province orientale du royaume renfermant ces gisements et ces réserves pétrolières qui font de l’Arabie le maître du quart des réserves d’or noir.

(…) Quelques temps seulement après l’affaire Murawiec, c’était au tour d’un think tank proche des néo-conservateurs, le Hudson Institute – dont Perle est membre, et où officie désormais Murawiec – de reprendre et de développer les idées avancées par le DPB. Etait alors ouvertement évoqué un plan de démantèlement de l’Arabie Saoudite qui, en réalité, existe depuis la fin des années 70, à l’initiative d’Henry Kissinger, alors Secrétaire d’Etat de l’Administration Nixon. (…) C’est également dans le même ordre d’idées que semble s’inscrire un rapport remontant à la fin de l’année 2002, circulant au plus haut niveau dans les milieux officiels de Washington. Il envisagerait rien moins que le démembrement pur et simple de l’Arabie Saoudite selon le scénario suivant : les Lieux saints de la Mecque et de Médine se verraient confiés aux Hachémites qui, en tant que descendants du Prophète, bénéficient d’une légitimité qui fait largement défaut à la dynastie des Al Saoud et la province du Hassa serait poussée à faire sécession dans le but de se constituer en Emirat pétrolier. »

Les révélations de ce spécialiste français continuent sur la même lancée puisqu’il affirme la volonté des Etats-Unis de favoriser une « recomposition politique radicale du Moyen-Orient qui passerait notamment en Irak même par une dévolution du pouvoir à la majorité chiite par les grâces d’une démocratie arithmétique ». C’est justement ce que révèle la carte (« after ») de Ralph Peters où l’Etat irakien a disparu au profit d’un Etat chiite arabe et d’un résidu appelé « Irak sunnite » que le militaire américain propose même d’unifier à la Syrie qui, entre-temps, a perdu sa façade maritime au profit d’un Grand Liban. Il est même évoqué sous sa plume la renaissance de l’antique Phénicie (Phoenecia reborn) tandis que l’Etat d’Israël est conservé dans ses frontières d’avant 1967. Il est étonnant de constater, en raison du véritable chambardement des frontières au Moyen-Orient, que Ralph Peters conserve le territoire de la Cisjordanie (West Bank) au rang de statut indéterminé. Peut-être que le statut définitif de Jérusalem, siège de trois grandes religions, nécessite de ne pas révéler tout de suite l’avenir d’une zone éminemment convoitée.

En tout cas, la partition de l’Irak sur la carte (« after ») commence à prendre forme sur le terrain. L’ambassadeur britannique à Bagdad, William Patey, et le général américain John Abizaid ont clairement affiché leurs craintes d’une guerre civile suivie d’une division du pays comme l’a révélé un document confidentiel publié par la BBC (Spiegelonline, 3 août 2006). Leurs affirmations ne font que confirmer les propos du journal d’Istanbul, Vatan, qui évoquait les propos tenus à des représentants turques par des responsables américains, début 2006, au sein des think tanks de Washington : « Arrêtez de vous soucier de l’intégrité territoriale de l’Irak. En réalité, ce pays est déjà divisé ! Vous [les Turcs] feriez mieux de vous préoccuper maintenant de votre Sud-Est [région à majorité kurde]. Essayez d’imaginer quelles seront les répercussions de l’autonomie du Kurdistan irakien dans votre pays » (Courrier International n°805).

C’est d’ailleurs le même son de cloche de la part des dirigeants européistes de Bruxelles qui susurrent à Ankara que « Si la Turquie se séparait de son Sud-Est, elle entrerait plus facilement dans l’Union européenne » (Courrier International n°805). L’ethno-régionalisme prôné par les instances bruxelloises ne ferait qu’accélérer le phénomène de décomposition de l’Etat turc. Finalement, les propos de Ralph Peters ne font que confirmer ces prises de position puisqu’il ajoute qu’un cinquième de la partie Est de la Turquie est un « territoire occupé » et qu’un « Kurdistan libre, s’étendant de Diyarbakir jusqu’à Tabriz deviendrait l’Etat le plus occidental entre la Bulgarie et le Japon ».

La création d’un Etat kurde (Free Kurdistan) construit à partir des territoires Sud-Est de la Turquie, du Nord de la Syrie et de l’Irak, et de l’Ouest de l’Iran aboutirait à l’émergence d’un bloc estimé à environ 30 millions d’habitants. Fort des installations pétrolières de Kirkouk, cet Etat kurde pro-américain serait avec l’Etat chiite arabe les deux grands pôles de la production d’hydrocarbures et de gaz du Moyen-Orient. L’importance de cet Etat kurde serait d’autant plus grande que l’oléoduc BTC évacue le pétrole de la Mer Caspienne à partir de Bakou (Azerbaïdjan), passe par Tbilissi (Géorgie) pour, ensuite, traverser tout le Sud-Est de la Turquie et aboutir à Ceyhan en Méditerranée. Les Kurdes seraient donc les grands maîtres de ce corridor énergétique voulu par les Américains en 1994. En plus du pétrole, il faut ajouter l’autre grande richesse, l’eau. Le « Grand projet anatolien » (GAP) poursuit l’objectif, grâce à 22 barrages, de dompter le Tigre et l’Euphrate qui prennent leurs sources dans les montagnes kurdes. L’achèvement de ce projet qui doit avoir lieu vers 2013, permettant l’irrigation de 1,7 million d’hectares et la production d’électricité, sera une arme redoutable aux mains de l’Etat kurde et pèsera lourdement sur la vie des habitants de tout le Moyen-Orient.

A l’Est des Etats kurdes et chiites, l’Iran est remodelé en fonction des critères ethniques. Après avoir cédé sa partie kurde, la zone turcophone du Nord est octroyée à l’Azerbaïdjan. En revanche, la province iranienne du Khorasân s’agrandit vers l’Est en acquérant le territoire Ouest de l’Afghanistan, la région de Hérat, en conformité avec la volonté de Ralph Peters de reconfigurer la région selon les critères ethno-linguistiques. Comme le confirme Bernard Hourcade, directeur au CNRS (équipe de recherche : monde iranien), dans son ouvrage « Iran, nouvelles identités d’une République » (Editions Belin) : « L’immense province de Khorasân, (…) les limites anciennes incluaient les régions de Hérat dans l’actuel Afghanistan et celles de Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan ». Enfin, un « Baloutchistan libre » (Free Baluchistan) est créé à partir des deux entités iraniennes et pakistanaises tandis que l’Afghanistan se voit agrandi au dépens du Pakistan jusqu’au fleuve Indus afin d’y rattacher les populations pachtounes. L’Etat pakistanais réduit de près de la moitié de sa superficie verrait sa puissance économique fortement amoindrie au point d’être incapable de servir d’allié de revers au profit de la Chine face à l’Inde. Sur ce point, les Etats-Unis seraient gagnants. Seuls des Etats comme Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Koweït échappent à ces modifications. Cependant, cette carte (« after ») étant un prototype, rien n’interdit à leurs concepteurs de se rattraper. En tout cas, la finalité américaine est de contrôler tout ce Moyen-Orient par la parcellisation ethnique et religieuse selon le bon vieux principe « diviser pour régner ». Les Etats-Unis, cherchant à s’assurer la production d’hydrocarbures à leur profit, seraient en mesure de priver la Chine, puissance montante et rivale, de l’arme énergétique si nécessaire à son accession à la cour des grands.

L’impression générale qui se dégage du remodelage annoncé par cet auteur comme de la part de nombreux think tanks américains et allemands est celle d’un bouleversement mettant à feu et à sang ces pays du Moyen-Orient. En effet, on ne voit pas ces Etats se laisser charcuter, voire disparaître, sans se laisser faire. Comment réagira, par exemple, le Pakistan qui possède l’arme nucléaire ? En réalité, l’objectif est d’intégrer ces immenses territoires à la sphère d’influence occidentale. Le discours de Joschka Fischer à la 40è Conférence de Munich sur la politique de sécurité dans le cadre de l’OTAN, le 7 février 2004, annonçait la volonté du monde occidental de mettre ces pays du Moyen-Orient aux normes euro-atlantistes. Ces mesures furent confirmées par « l’alliance germano-américaine pour le XXIè siècle » signée, le 27 février 2004, entre le président Bush et le chancelier Schröder à Washington, annonçant la couleur : « Nous devons construire un véritable partenariat qui relie l’Europe et l’Amérique aux Etats du Proche et Moyen-Orient (…) ». Cette immense construction politique et métaphysique doit obligatoirement obéir à des règles communes qui sont politiques, économiques et civilisationnelles.

Une logique, mais une logique folle, anime les concepteurs de ce projet. C’est le think tank German Marshall Fund (GMF) qui, indirectement, a révélé l’engagement profond des instances atlantistes. En effet, il s’est engagé sous l’égide du très influent Bruce Jackson à développer une nouvelle politique en Mer Noire intitulée « A new euro-atlantic strategy for the Black Sea region ». Il s’agit en liaison avec l’Union européenne de créer une eurorégion de la Mer Noire qui doit voir le jour pour 2007 selon les affirmations de Giovanni di Stasi, président du Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux d’Europe (CPLRE). Or une « petite » phrase résume tout. Paru en 2004, le rapport du GMF dans sa préface précise que « La Mer Noire est la nouvelle interface entre la communauté euro-atlantique et le Grand Moyen-Orient ». Une « interface » géographique obéit aux lois de la physique. Pour fonctionner et jouer pleinement sa mission de charnière, cette interface doit s’articuler entre deux mondes, le bloc euro-atlantiste d’une part, et le bloc moyen-oriental d’autre part, régis par les mêmes lois et les mêmes concepts édictés par la philosophie mondialiste. Cela suppose nécessairement une refonte généralisée de cet espace arabo/perse musulman pour qu’il y ait adéquation. Pour réussir cette entreprise, les moyens mis en œuvre risquent d’aboutir à un chaos inimaginable dans cette région et, par ricochet, à l’échelle planétaire. Tout compte fait, les adeptes de cette politique ne font qu’appliquer les fameux vers du poème de Goethe, « l’apprenti sorcier », qui rappelaient : « Les esprits que j’ai réveillés ne veulent plus m’écouter ».

Pierre Hillard

Pierre Hillard est docteur en sciences politiques, B.I n°113 (*) est professeur d’histoire-géographie. Il a publié différents articles dans Le Figaro, Géostratégiques, Conflits Actuels, Intelligence et Sécurité, Balkans-Infos.

Emission « Le Dessous Des Cartes »

Source : Knowledge-TV

Tags : Moyen Orient, Proche Orient, Palestine, Syrie, Irak, Arabie Saoudite, Liban, Emirats Arabes Unis,

Robert Baer, ancien agent de la CIA : «L’Iran est gagnant dans la bagarre avec les USA»

Comme agent de la CIA, il a autrefois infiltré des organisations terroristes islamistes. Aujourd’hui, Robert Baer critique vivement le gouvernement de Trump pour ses actions en Iran et estime que l’Iran a l’avantage.

Robert Baer, avant…

…et après

t-online.de : Quelle a été votre première pensée lorsque vous avez entendu le discours de Donald Trump sur les attaques iraniennes contre les bases usaméricaines en Irak ?

Robert Baer : J’ai pensé – pas pour la première fois d’ailleurs – que Trump n’est pas dans son état normal. Ce qui est intéressant ici, cependant, c’est que le président a admis la victoire des Iraniens dans ce conflit actuel, même si cela a été enveloppé dans des phrases.

De quelle manière ?

Donald Trump a affirmé dans son discours que le peuple américain devrait être « extrêmement reconnaissant et heureux ». – « L’Iran semble céder. » Le vice-président Michael Pence a ensuite déclaré  » que nous sommes plus en sécurité aujourd’hui  » qu’avant l’assassinat de Qassem Soleimani. C’est une absurdité totale, car un Soleimani vivant n’était pas un danger aigu pour les USA, et la position de l’Iran n’a pas été affaiblie de façon permanente par l’assassinat. Après tout, le successeur de Soleimani, Esmail Ghaani, a confirmé qu’il poursuivra le parcours de son prédécesseur assassiné.

« Ma stratégie à long terme conrte l’Iran est claire »-Dessin de Walt Handelsman

Dans votre livre, « The Perfect Kill : 21 Laws for Assassins » [Manuel du parfait tueur : 21 lois pour assassins], vous avancez la thèse que le meurtre ciblé comme stratégie des services secrets ne fonctionne pas.

C’est exact. Le livre est basé sur mon expérience en tant qu’agent usaméricain sur le terrain, en particulier en tant que membre d’une opération en Irak impliquée dans l’assassinat planifié de Saddam Hussein. A l’époque, je me suis demandé ce que je faisais là. J’étais au milieu d’un champ de bataille avec une Kalachnikov à la main alors que les balles frappaient tout autour de nous. Peu après, j’ai été presque accusé par le FBI de tentative de meurtre sur Saddam Hussein. Dans ce livre, je traite de mes propres expériences, en passant par les assassinats ciblés de l’histoire, jusqu’à la guerre des drones d’aujourd’hui, qui d’ailleurs ne fonctionne pas non plus.

Mais la guerre des drones n’est-elle pas vue par le Pentagone comme un succès sans précédent ?

Je ne peux que vous dire que les déclarations et les allégations des agences de renseignement et des ministères de la Défense doivent être accueillies avec le plus grand scepticisme. L’utilisation massive des drones a été accélérée sous la présidence d’Obama. À l’époque, la CIA affirmait que cela servait à éliminer Al-Qaïda – une thèse très douteuse. Les drones provoquent principalement le chaos, répandent la peur et tuent de nombreux civils innocents. Si l’on suit la thèse selon laquelle une fin plus rapide de la guerre peut être obtenue grâce à l’abattage ciblé par des drones – ou, comme dans le cas de Soleimani, que des dangers ont été évités – alors c’est faux. L’utilisation de drones n’a ni permis d’éviter le danger ni d’instaurer la paix. Au contraire, les USA sont aujourd’hui beaucoup plus impliqués dans les conflits du Proche et du Moyen-Orient.

De quelle manière ?

Par exemple, depuis la liquidation de Ben Laden, il n’y a pas eu de stabilité, mais plutôt la montée de  » l’État islamique « . Il n’y a pas de preuve pour soutenir l’affirmation de la CIA selon laquelle des vies usaméricaines ont été sauvées par l’utilisation de drones. Je suis convaincu que les drones favorisent la terreur et la violence. Que ce soit dans le passé ou maintenant dans l’assassinat de Soleimani à Bagdad.

Donc la stratégie de Trump contre l’Iran a échoué ?

Trump n’a aucune stratégie, et ceux qui l’entourent ne connaissent pas la mentalité iranienne. En attaquant des bases usaméricaines en Irak, Téhéran a prouvé qu’il pouvait atteindre des cibles US dans la région avec une précision étonnante. Le fait que les USA aient été indirectement mis en garde par l’Iran afin d’éviter les morts du côté usaméricain ne change rien au fait que personne n’a pu intercepter les missiles. Les experts sont étonnés de la précision avec laquelle les missiles frappé, même si cela n’est pas publiquement admis. La compétence balistique des Iraniens est un fait et en même temps un avertissement qu’en cas de guerre on peut s’attendre à des pertes usaméricaines élevées. Les USA n’ont pas réussi à intercepter les missiles entrants avec leur système de défense aérienne – malgré l’avertissement préalable de Téhéran.

Les USA ont-ils sous-estimé la réaction de l’Iran ?

Oui. L’Iran est le gagnant dans bagarre. Téhéran a réussi à ramener le conflit d’une menace d’escalade militaire au niveau politique. Personnellement, je suis surpris que personne n’ait informé la Maison Blanche des conséquences possibles de l’attaque contre Soleimani.

La déclaration de Trump, ses postures et ses déclarations le soulignent. Il a finalement reconnu son échec lorsqu’il a demandé à l’OTAN, qui à ma connaissance n’avait pas été informée auparavant, de s’impliquer davantage dans la région à l’avenir.

Vous avez dit que l’administration usaméricaine n’a pas une connaissance très approfondie de la mentalité iranienne. N’est-ce pas aussi un échec des services de renseignement usaméricains ?

La CIA et les autres services US ne sont guère actifs en Iran [sic, NdT]

Qu’entendez-vous par là ?

Le travail de la CIA est aujourd’hui dominé par la bureaucratie, la technologie moderne, la surveillance des réseaux sociaux, le contrôle des drones. Tout cela se passe dans les quartiers généraux, loin des zones opérationnelles, où presque personne ne parle les langues des pays concernés ou n’a de feeling pour les nations qui affectent les intérêts nationaux des USA.

C’était différent à votre époque ? Ils avaient l’ordre d’infiltrer des organisations comme le Hezbollah ou Al-Qaïda.

En effet. Nous avons risqué nos vies, nous nous sommes familiarisés au préalable avec la situation locale et avons étudié les langues et les cultures pendant des années. Ce n’était pas toujours comme James Bond, mais parfois ça l’était.

Après l’attaque de Bagdad, le Premier ministre israélien Netanyahou a d’abord pris ses distances avec Washington. Il a dit que c’était une opération américaine et a souligné qu’Israël n’avait rien à voir avec elle.

C’est vrai, il y a une profonde inquiétude en Israël concernant la compétence balistique des Iraniens – et pour cause. Le Hezbollah, l’un des plus proches alliés de Téhéran, est à proximité immédiate. C’est aussi une indication du désaccord entre Washington et Tel-Aviv. Les Israéliens sont profondément préoccupés par le fait que les troupes usaméricaines pourraient se retirer d’Irak, comme l’exige maintenant le gouvernement irakien. Cela augmenterait bien sûr l’influence iranienne là-bas. Mais les USA sont conscients de leur grande vulnérabilité sur le terrain, que les Iraniens leur ont maintenant fait comprendre une fois de plus.

Quel est donc l’objectif stratégique de Téhéran ?

Le gouvernement iranien considère les USA, la Grande-Bretagne et d’autres États occidentaux comme des puissances coloniales. Le but stratégique de Téhéran est de mettre fin à cette colonisation. La suprématie actuelle de l’Iran est le résultat d’erreurs occidentales. Cependant, la suprématie correspond également à la taille géographique et démographique de l’Iran. Donc, pendant que l’Occident essaie de freiner l’influence de l’Iran, ce pays fera tout ce qu’il peut pour maintenir et étendre cette influence.

Voyez-vous une possibilité de désamorcer ce conflit à long ou moyen terme ?

Seulement si Washington et Téhéran changent radicalement leurs orientations géopolitiques respectives. Actuellement, tant Washington que Téhéran ne remplissent pas les conditions nécessaires pour cela.

Tlaxcala, 13 jan 2020

Tags : Iran, Etats-Unis, Irak, missiles,

Irak arrête des suspects responsables de la fuite de données sur Suleimani aux États-Unis

La sécurité irakienne arrête des suspects responsables de la fuite de données sur Souleimani aux États-Unis

Qassem Suleimani, commandant de la Force Quds d’Iran, est tombé martyr tôt vendredi dernier, avec le sous-commandant des Unités de mobilisation populaire d’Irak (Al-Hashad Al-Shabi, en arabe), Abu Mahdi al-Muhandis et d’autres des combattants lors d’un assaut mené sur ordre direct du président américain Donald Trump, près de l’aéroport international de Bagdad.

Les forces de sécurité irakiennes ont arrêté trois employés de l’aéroport de Bagdad pour leur coopération présumée avec les États-Unis dans l’assassinat du général iranien Qassem Suleimani.

HispanTV a rapporté que selon des sources proches du groupe enquêtant sur l’attaque, ces trois suspects avaient divulgué des informations détaillées sur les mouvements de Suleimani vers Washington, qui a volé le jour de l’attaque de Bagdad, la capitale irakienne, après un voyage à Damas, en Syrie.

Suleimani, commandant de la Force Qods iranienne, est tombé martyr tôt vendredi dernier, avec le sous-commandant des Unités de mobilisation populaire d’Irak (Al-Hashad Al-Shabi, en arabe), Abu Mahdi al-Muhandis et d’autres combattants dans une agression menée par ordre direct du président américain, Donald Trump, près de l’aéroport international de Bagdad.

Les données fournies par les employés étaient essentielles pour les États-Unis. a consommé son opération aérienne contre le haut commandement iranien et ses compagnons dans la capitale irakienne.

L’enquête se concentre principalement sur les interrogatoires du personnel de l’aéroport et les hypothèses impliquées dans le bombardement meurtrier américain.

À leur tour, les autorités syriennes ont lancé une enquête parallèle à l’aéroport international de Damas pour recueillir davantage d’indices.

Le Premier ministre intérimaire irakien, Adel Abdul-Mahdi, a déclaré qu’il s’attendait à rencontrer Suleimani le jour de son assassinat.

En réponse à ce crime, le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) d’Iran a mené mercredi de fortes attaques de missiles contre des bases américaines en Irak, dans lesquelles le chef de file, l’ayatollah Sayyed Ali Jamenei, a décrit comme un simple « gifle « et non de vengeance.

Selon des sources locales, les défenses antimissiles américaines n’ont pas réussi à intercepter un missile iranien tiré sur ses bases en territoire irakien et bien que la partie perse affirme qu’au moins 80 militaires américains sont morts, Trump a déclaré dans un message à la nation que il y avait des dommages entre les soldes.

Après l’opération éclair de l’Iran, le président américain Il a retiré toutes ses menaces militaires précédentes contre le pays perse, bien qu’il ait affirmé qu’il n’y avait pas eu de morts dans l’offensive iranienne contre deux bases américaines.

Al Mayadeen, 11 jan 2020

Tags : Iran, Irak, Etats-Unis, Souleimani,

USA-Iran :Un conflit qui a réussi à aligner les élites, mais qui ne cache pas toutes les différences

TUNISIE – La stratégie de « pression maximale » exercée sur l’Iran par le président américain, Donald Trump, qui a commencé avec la rupture de l’accord nucléaire et a abouti au meurtre du puissant général Qassem Soleimani, représente à la fois une menace et une bénédiction pour le régime des mollahs. En même temps que leurs sanctions mettent à genoux l’économie du pays, qui s’est contractée de près de 10% selon le FMI, le harcèlement intense de l’ennemi officiel du pays au cours des quatre dernières décennies excite le nationalisme perse et provoque une fermeture des rangs autour du gouvernement des élites du pays et d’une grande partie de l’opinion publique.

L’Iran, héritier de l’ancien et puissant Empire perse, est une nation fière de son passé. Son histoire mouvementée du XXe siècle est le résultat de trois vecteurs idéologiques: le « modernisme » – bien qu’il soit plus approprié de parler d ‘ »occidentalisme » -, l’islamisme et le nationalisme. Des trois, le seul capable d’unir la majorité de la société iranienne est le nationalisme, seul point commun entre le régime pro-américain de Sha Reza Pahlevi et la République islamique qui a été fondée par l’imam Ruhollah Khomeiny en 1979.

Cette omniprésence du nationalisme iranien, au-dessus des profondes divisions idéologiques qui traversent la société iranienne, explique la foule qui s’est rassemblée ces derniers jours pour rendre hommage à Soleimani, le chef militaire le plus en vue du pays, un fait qui contraste avec la de nombreuses manifestations antigouvernementales récemment enregistrées.

Dans un pays comptant des dizaines de prisonniers politiques, et donc sans enquêtes fiables, il est difficile de prendre le pouls de l’opinion publique. Probablement, une partie importante de la population iranienne s’est sentie humiliée par l’attaque américaine, sans vouloir dire qu’elle soutient le régime de manière transparente.

Il ne fait aucun doute que le harcèlement des États-Unis a amené les élites politiques du pays, avec une histoire récente de dissidence, à resserrer les rangs. Depuis la mort du charismatique Khomeiny en 1989, la politique iranienne s’est structurée autour de la division entre «réformistes» et «conservateurs». Déjà sous la présidence de Mohammed Khatami à la fin des années 90, sa confrontation a atteint un haut degré d’acrimonie, mais son apogée a été en 2009, après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Les réformistes ont dénoncé l’ajustement des élections, qui a donné lieu à la soi-disant « Révolution verte », étouffée par le sang et le feu entre autres, les Gardiens de la révolution, l’organisme paramilitaire dirigé par Soleimani.

« Sans aucun doute, le meurtre de Soleimani a uni les élites politiques de l’Iran et a déclenché la colère et la sympathie de millions d’Iraniens. Mais même l’idée souvent répétée que les Iraniens de toutes sortes sont désormais unis au régime, nécessite un examen minutieux. » Karim Sadjadpour, professeur iranien à l’Université de Georgetown, a écrit sur son compte Twitter qu’il se souvenait que Soleimani avait joué un rôle important dans la répression du mouvement kurde après la révolution islamique.

L’unité renouvelée des élites politiques du pays se préparait depuis la rupture de l’accord nucléaire, un pari du président iranien Hassan Rohani, qui a provoqué une opposition frontale des secteurs conservateurs.

Les nouvelles sanctions américaines, qui ont contrecarré la promesse du « réformiste » Rohani de relancer l’économie du pays, ont contraint le président à resserrer sa politique. Preuve en est sa réponse aux manifestations qui ont secoué le pays il y a quelques semaines: une répression brutale qu’un président faucon aurait pu parfaitement ordonner.

Dans le contexte actuel, il semble difficile d’imaginer une nouvelle peur du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui a présenté en février dernier sa démission. Certaines sources soulignent qu’il aurait été en colère d’avoir été exclu des réunions avec le président syrien Bachar al-Assad lors de sa visite à Téhéran. Fait intéressant, l’un des principaux dirigeants de la politique iranienne dans le conflit syrien était Soleimani.

Enfin, la démission de Zarif n’a pas été acceptée et continue de diriger la diplomatie iranienne. Sa langue a été aussi dure après l’attaque de Trump que celle de Khamenei ou Rohani. Aujourd’hui plus que jamais, les différences entre réformistes et conservateurs s’estompent, en expulsant du système un secteur de la société qui a opté pour une réforme progressive du régime et a participé à ses élections. Alors que les relations avec Washington coulent à flots, l’évolution interne de l’Iran est plus incertaine que jamais.

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Etats-Unis-Iran : Apocalypse à Aïn al-Asad!

Un premier bilan recueilli sur place fait état de la mort de 80 militaires US…

CNN le confirmait il y a peu : « l’Histoire nous le dira, le président Trump a perdu le Moyen-Orient ». L’attaque a eu lieu à 10.10 heures, heure de Téhéran, et les forces terroristes américaines continuaient à évacuer leurs morts et blessés, huit heures plus tard vers 10 heure, après que la première riposte militaire de l’Iran eut visé les troupes d’occupation US basés à Aïn al-Asad à l’ouest irakien. Un porte-parole de l’armée irakienne, joint par PressTV, affirme que l’évacuation des morts et des blessés américains continue toujours depuis la base américaine où les forces US ont lancé un appel de détresse aux hôpitaux irakiens. Les militaires américains, selon un porte-parole de l’US Army, « sont évacués à Bagdad » surtout que l’attaque a été « très intense ». Le porte-parole a également fait part de la présence des forces britanniques et canadiens sur la base alors que certaines informations depuis démenties par le ministère britannique des A.E. faisant état des morts et des blessés occidentaux et non américains.

Selon le Renseignement du Corps des gardiens de la Révolution islamique, deux vagues de missiles tirés contre la plus importante base aérienne américaine à l’ouest d’al-Anbar se sont soldées par la mort d’au moins 80 soldats américains. Il s’agit de 15 missiles de haute précision dont aucun n’a raté sa ou ses cibles. Le bilan exact est à déterminer, au regard de la forte censure exercée par le Pentagone sur les médias.

Al-Mayadeen qui confirme toujours le vol incessant des hélicoptères US sur la base à l’heure qu’il est midi passé en Irak, affirme que le commandement américain de la base a interdit aux forces irakiennes tout accès par crainte des fuites sur le vrai bilan des morts et des blessés. Cette tendance à occulter et à amoindrir le bilan des pertes a d’ailleurs un long précédent, les Américains ayant adopté la même approche au cours de la première Guerre du golfe Persique.

Dans un communiqué publié ce matin, l’ambassade US aux Émirats arabes unis affirme que « tout est sous contrôle » et qu’il n’existe aucun changement dans la configuration sécuritaire des troupes US aux Émirats et dans la région ». Difficile d’y croire! Le rapport du renseignement du CGRI affirme : « Au moins 80 militaires américains ont été tués, 200 autres, blessés, les autorités de la base évacuant dans la hâte et la précipitation des blessés ».

Et le rapport d’ajouter : » 20 points sensibles de la base ont été pris pour cible alors que toutes les composantes du complexe revêtent une importance stratégique pour les troupes d’occupation US. De nombreux hélicoptères et drones ont également été détruits. En dépit de l’alerte maximale pour les unités de la défense antiaérienne US, aucun missile antimissile n’a été tiré et donc aucune interception de la part des forces US n’a eu ». Le texte affirme que le Renseignement du CGRI a identifié « 104 cibles stratégiques américaines dans la région et que ces cibles se trouvent toutes dans la viseur ». « Au moindre agissement hostile des États-Unis, elles vont être frappées », dit le texte.

Interrogé par les médias, le commandant en chef-adjoint du secteur « opérations militaires du CGRI, le général Nilforoushan apporte d’autres explications :  » les 15 missiles tirés ont frappé avec succès des objectifs très importants sur la base Aïn al-Asad, une base placée depuis 4 jours en état d’alerte maximal. Or aucun des systèmes radars ou DCA américains n’a été capable d’intercepter les missiles balistqiue du CGRI, ni même les faire dévier de quelques mètres que ce soit. Nos missiles se sont abattus avec précision sur les cibles d’où le nombre particulièrement élevé des morts américains. A vrai dire, nos missiles ont survolé deux bases où l’armée américaine n’a cessé de déployer ces deux derniers jours une impressionnante quantité d’armes, de munitions et de renforts. En effet, la DCA US était en état d’alerte maximum ce qui rend l’échec encore plus cuisant ».

Quelques 4 000 militaires américains se trouvent toujours sur la base et leur présence est illégale depuis que le Parlement irakien a voté samedi le retrait des troupes US et ce, en représailles à l’attentat terroriste commis par les États-Unis vendredi 3 janvier et qui a coûté la vie au commandant en chef adjoint des Hachd al-Chaabi entre autres. C’est une base de 10 kilomètres de long soit autant que la Zone verte de Bagdad. En mars 2019, Donald Trump avait promis de « moderniser la base » moyennant « une somme de 3 milliards de dollars » et ce,  » dans l’objectif de mieux lutter contre le terrorisme ». Il semblerait que comme toujours ces dépenses sont inutiles.

PressTV, 8 jan 2020

Tags : Etats-Unis, Iran, Irak, Qassem Soleimani,

Déclaration du Parti communiste irakien sur l’assassinat par les Etats-Unis et les répercussions dangereuses

Déclaration du Parti communiste irakien sur l’assassinat par les États-Unis et les répercussions dangereuses

Le Bureau politique du Parti communiste irakien a publié la déclaration suivante aujourd’hui, 3 janvier 2019 :

Plus tôt ce matin, les forces américaines ont mené une opération d’assassinat au cours de laquelle un certain nombre de personnalités officielles et de dirigeants irakiens des Unités de mobilisation populaire, qui avaient un rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme ISIS et la victoire sur celui-ci, ont été tués.

Nous condamnons cet assassinat car il constitue une violation flagrante de la souveraineté irakienne et une grave escalade qui pousse la situation en Irak et dans la région vers de nouvelles tensions et augmente les chances d’intensifier les conflits armés et d’allumer la guerre.

Nous pensons que la série de faits graves survenus ces derniers jours indique de plus en plus la transformation de l’Iraq en une arène de conflits régionaux et internationaux, pour lesquels notre peuple paie un lourd tribut en sang et en destruction. Des efforts concertés de toutes les forces patriotiques sont nécessaires pour épargner à notre pays les risques d’être partie aux conflits régionaux qui font rage.

Il faut dire que la politique des forces au pouvoir au cours des seize dernières années, qui a conduit à miner l’autorité de l’État et à éroder la souveraineté nationale de l’Irak, est une raison majeure de cette violation flagrante et de la transformation du pays en un théâtre de règlements de comptes, parmi les puissances étrangères concurrentes, sur notre patrie.

Dans ces circonstances instables, nous soulignons l’importance d’unifier la position nationale face à l’ingérence extérieure de toute partie et d’œuvrer au renforcement des capacités de l’État iraquien et de nos forces armées avec toutes leurs composantes, afin de défendre la souveraineté de l’Iraq, de protéger sa sécurité à l’intérieur et à l’extérieur et de maintenir son indépendance dans la prise de décisions nationales.

Tout en appelant à la retenue, à la prudence et à la sagesse, et en faisant passer les intérêts de notre peuple et de notre pays en premier, nous attendons de la communauté internationale et de l’ONU qu’elles s’efforcent d’empêcher que notre pays ne se transforme en un champ de bataille pour la guerre, dont le peuple iraquien subit les conséquences, et de sauvegarder la sécurité et la paix dans la région.

Les dangers imminents qui menacent l’Irak nous poussent à souligner à nouveau l’importance et la nécessité de nous engager sur la voie d’un changement global, en sauvant notre pays de ses crises et en le débarrassant du système de gouvernement défaillant qui est fondé sur le partage sectaire du pouvoir et la corruption.

Source

Tags : Iran, Etats-Unis, Irak, pétrole,

Irak : L’Iran lance plusieurs missiles contre la base américaine « Aïn al-Assad »

Selon les Gardiens de la Révolution iranienne.

Ahmed Ghanem Selouma | 08.01.2020

Les Gardiens de la Révolution iranienne ont annoncé, mercredi à l’aube, avoir lancé des dizaines de missiles contre la base aérienne militaire américaine « Aïn al-Assad » dans la province d’Anbar, dans l’ouest de l’Irak.

L’armée iranienne a fait savoir que plusieurs missiles balistiques ont été tirés vers la base abritant la majorité des forces américaines stationnées en Irak. En effet, une vidéo de l’attaque a été publiée par l’agence de presse iranienne Fars.

Il est à rappeler que le président américain Donald Trump s’était rendu en Irak le 28 décembre pour rencontrer les soldats américains dans la base d’Aïn al-Assad.

Cette attaque de missiles intervient, après seulement environ 24 heures de confusion américaine avec l’annonce du retrait des soldats américains d’Irak avant que le Pentagone ne réfute cette décision.

Les services de renseignement américains ont révélé que des mouvements militaires iraniens auront lieu, au milieu d’une escalade de tensions avec les États-Unis suite au meurtre du Commandant de la Force al-Quds iranienne, Qassem Soleimani.

Cette évolution représente une escalade majeure entre les États-Unis et l’Iran, deux alliés de Bagdad, au milieu des craintes généralisées en Irak que le pays ne devienne un champ de bataille entre Washington et Téhéran.

De son côté, le président Trump a menacé, lundi, d’imposer des sanctions à l’Irak si Bagdad exigeait le départ des forces américaines.

Il est à noter qu’environ cinq mille soldats américains sont déployés dans des bases militaires à travers l’Irak, dans le cadre de la coalition internationale pour lutter contre l’organisation terroriste « Daech ». (Anadolou)

Tags : Iran, Etats-Unis, Irak, Donald Trump, Al Anbar, Qassem Soleimani,

Il n’y a pas de conditions propices pour réintégrer les anciens djihadistes au Maroc (Think tank)

Selon une étude conjointe publiée par Egmont Institute et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, deux think tanks belge et allemand respectivement, les autorités marocaines procèdent incessament au démantèlement de cellules terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte, ce qui pourrait induire à des erreurs et à « l’emprisonnment de personnes qui n’ont été impliquées dans aucune activité terroriste ».

Le Maroc a renforcé son dispositif sécuritaire en créant le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) et en déployant 50.000 informateurs gérés par le Ministère de l’Intérieur. Ces mesures pourraient imposer un contrôle excessif sur la société marocaine allant jusqu’à affecter le liberté d’expression, la liberté de la presse et d’autres libertés civiles au nom de la lutte contre le terrorisme. L’étude cite un rapport de Human Rights Watch publié en 2017 dénonçant la pratique de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme.

En 2014, les autorités marocaines ont renforcé le code pénal avec des lois plus sévères dont des peines allant de 5 à 15 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour tout Marocain qui rejoint ou tente de rejoindre une organisation armée non étatique, à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc. Dans cette même lignée, il a mis en place un programme de dé-radicalisation dans les prisons connu sous le nom de « Reconciliation » conçu pour les djihadistes marocains rapatriés ainsi que ceux qui n’ont jamais quitté le pays.

Le programme, qui dure quatre mois, comprend des conseils psychologiques, des enseignements théologiques et des outils nécessaires à la réinsertion dans la société. Dans sa première version en 2016, 25 détenus volontaires ont bénéficié de ce programme. En 2018, ce chiffre est passé à 300. Ceux qui réussissent le programme sont libérés par décret royal de grâce.

Mais, selon les analystes européens, ce programme est limité au séjour en prison des personnes concernées, mais, une fois libérés, il leur est difficile de réintégrer la société en raison du manque d’emploi et d’une position économique et culturelle leur permettant de faire partie de la société. Après tout, beaucoup de Marocains qui ont rejoint les rangs de l’État islamique n’avaient pas ce sentiment d’appartenance à la société et étaient issus d’un milieu social, économique et culturel très bas.

A part ce programme de réconciliation, ajoute l’analyse, le Maroc n’a pas conçu d’autre programme spécifique pour les ex-combattants rapatriés. A cela il convient d’ajouter que le royaume chérifien n’a pas résolu le problème des citoyens à double nationalité ni répondu au débat sur les femmes et les enfants. Ni celui des orphelins des ex-combattants, car dans les camps syriens, plus de 2500 enfants solitaires sont en train d’attendre une réponse des gouvernements européens ainsi que de ceux d’Afrique du Nord.

Une autre particularité du cas marocain est que 80% des recrutements de djihadistes ont été effectués via les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, car en raison du contrôle serré de la situation dans les rues et dans la société marocaine, il est difficile de le faire en personne comme c’était le cas dans d’autres pays du Maghreb tels que la Tunisie et l’Égypte.

Tags : Maroc, BCIJ, lutte antiterroriste, terrorisme, djihadistes, retour, répression, réintégration, Syrie, Irak,

Il n’y a pas de conditions propices pour réintégrer les anciens djihadistes au Maroc (Think tank)

Selon une étude conjointe publiée par Egmont Institute et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, deux think tanks belge et allemand respectivement, les autorités marocaines procèdent incessament au démantèlement de cellules terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte, ce qui pourrait induire à des erreurs et à « l’emprisonnment de personnes qui n’ont été impliquées dans aucune activité terroriste ».

Le Maroc a renforcé son dispositif sécuritaire en créant le Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ) et en déployant 50.000 informateurs gérés par le Ministère de l’Intérieur. Ces mesures pourraient imposer un contrôle excessif sur la société marocaine allant jusqu’à affecter le liberté d’expression, la liberté de la presse et d’autres libertés civiles au nom de la lutte contre le terrorisme. L’étude cite un rapport de Human Rights Watch publié en 2017 dénonçant la pratique de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme.

En 2014, les autorités marocaines ont renforcé le code pénal avec des lois plus sévères dont des peines allant de 5 à 15 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour tout Marocain qui rejoint ou tente de rejoindre une organisation armée non étatique, à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc. Dans cette même lignée, il a mis en place un programme de dé-radicalisation dans les prisons connu sous le nom de « Reconciliation » conçu pour les djihadistes marocains rapatriés ainsi que ceux qui n’ont jamais quitté le pays.

Le programme, qui dure quatre mois, comprend des conseils psychologiques, des enseignements théologiques et des outils nécessaires à la réinsertion dans la société. Dans sa première version en 2016, 25 détenus volontaires ont bénéficié de ce programme. En 2018, ce chiffre est passé à 300. Ceux qui réussissent le programme sont libérés par décret royal de grâce.

Mais, selon les analystes européens, ce programme est limité au séjour en prison des personnes concernées, mais, une fois libérés, il leur est difficile de réintégrer la société en raison du manque d’emploi et d’une position économique et culturelle leur permettant de faire partie de la société. Après tout, beaucoup de Marocains qui ont rejoint les rangs de l’État islamique n’avaient pas ce sentiment d’appartenance à la société et étaient issus d’un milieu social, économique et culturel très bas.

A part ce programme de réconciliation, ajoute l’analyse, le Maroc n’a pas conçu d’autre programme spécifique pour les ex-combattants rapatriés. A cela il convient d’ajouter que le royaume chérifien n’a pas résolu le problème des citoyens à double nationalité ni répondu au débat sur les femmes et les enfants. Ni celui des orphelins des ex-combattants, car dans les camps syriens, plus de 2500 enfants solitaires sont en train d’attendre une réponse des gouvernements européens ainsi que de ceux d’Afrique du Nord.

Une autre particularité du cas marocain est que 80% des recrutements de djihadistes ont été effectués via les réseaux sociaux, Facebook et Twitter, car en raison du contrôle serré de la situation dans les rues et dans la société marocaine, il est difficile de le faire en personne comme c’était le cas dans d’autres pays du Maghreb tels que la Tunisie et l’Égypte.

Tags : Maroc, BCIJ, lutte antiterroriste, terrorisme, djihadistes, retour, répression, réintégration, Syrie, Irak,

El Pentágono pagó 540 millones de dólares en vídeos yihadistas falsos

Según una revelación de la Oficina de Investigación Periodística, la agencia británica de comunicaciones y relaciones públicas, Bell Pottinger, recibió la cantidad de 540 millones de dólares durante la guerra de Irak. Entre sus misiones, tenía que crear falsos clips de propaganda de Al Qaeda para rastrear a quienes los observaban.

Esta cantidad se habría gastado entre 2006 y 2011, en plena guerra contra Sadam Husein. La agencia de investigación británica obtuvo dicha información del camarógrafo Martin Wells, un antiguo empleado de Bell Pottinger.

Inicialmente, la misión « oficial » de la empresa era crear vídeos para « promover elecciones democráticas ». Pero rápidamente, comenzó a fabricar producciones de un tipo completamente diferente. En primer lugar, creando clips anti-Al-Qaeda, rodados en baja calidad para dar la impresión de que fueron producidos por « televisiones árabes ». Dichas producciones fueron vendidas y transmitidas por los canales locales. De esta manera, el ejército americano, que era el patrocinador, no estaba vinculado a estos falsos reportages.

Videos de propaganda entrampados

Más tarde, la compañía comenzó a crear videos de propaganda falsos firmados por la organización terrorista, la parte más « sensible » de su misión, según Martin Wells. El propósito era rastrear a la gente que veía estos videos. Los CDs en los que se grabaron los vídeos fueron codificados para que el ejército estadounidense pudiera localizar el ordenador del usuario utilizando su dirección IP. Los DVDs fueron abandonados por los militares durante las búsquedas en Irak, explicó Martin Wells. Algunos DVDs, que se pasaban de mano en mano, fueron rastreados en el extranjero, en Irán, Siria y también en Estados Unidos.

Si la investigación no revela los resultados de estos rastreos, el Pentágono ha confirmado que trabajó con la agencia Bell Pottinger durante este período. El ex director de la agencia Tim Bell confirmó al Sunday Times que había firmado un contrato con el Pentágono « protegido por cláusulas de confidencialidad ». También debía informarle sobre los avances de su misión, así como a la CIA.