L’Algérie reprend son rang de premier fournisseur de l’Espagne en gaz

SONATRACH ET NATURGY SIGNENT UN ACCORD GAZIER METTANT UN TERME À LEUR CONTENTIEUX : L’Algérie reprend son rang de premier fournisseur de l’Espagne

La Compagnie pétrolière nationale et le groupe espagnol Naturgy ont signé, ce jeudi à Alger, des avenants aux contrats de vente de gaz liant les deux sociétés, a annoncé Sonatrach dans un communiqué. Un accord gazier qui mettra ainsi un terme à leur contentieux autour des prix du gaz.

L’Algérie, est depuis des années, le principal fournisseur de gaz de l’Espagne, notamment via le gazoduc Medgaz (dont Sonatrach possède 51 % et Naturgy 49 %). Mais avec l’effondrement des prix du pétrole et du gaz provoqué par la pandémie de Covid-19, Naturgy a décidé de renégocier tous ses contrats d’approvisionnement en gaz. Il faut souligner que près de 60 % du gaz qui arrive en Espagne provient d’Algérie. Ces avenants aux contrats de vente de gaz ont été paraphés peu avant l’entrevue qui a réuni les P-DG de Sonatrach et Naturgy respectivement Toufik Hakkar et Francisco Reunes, note la même source. Cette rencontre a été tenue en marge de la visite officielle en Algérie du président du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez entamée mercredi. « La signature de ces avenants renforce le partenariat entre Sonatrach et Naturgy dont la relation commerciale date des années 70 et qui sont également les deux actionnaires de la société Medgaz qui exploite le gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne, respectivement à 51% et 49% », précise la même source. « L’industrie pétrolière et gazière a été fortement impactée par la pandémie de la Covid-19, Sonatrach surmonte, en étroite collaboration avec ses clients, les effets de cette pandémie sur les activités commerciales » a fait savoir Hakkar. Selon lui, l’accord auquel sont parvenus Sonatrach et Naturgy traduit le « caractère stratégique » des relations de long terme et de confiance qui les lient et par lequel elles visent à consolider leurs positions sur le marché espagnol. Pour sa part, Le P-DG de Naturgy a déclaré que « cet accord démontre la volonté des deux sociétés de poursuivre leur partenariat à long terme, entamé il y a des décennies ». « Cette alliance stratégique est essentielle pour l’approvisionnement en gaz compétitif et sûr du marché espagnol, et donc essentielle pour le développement économique et social des deux pays », a-t-il ajouté. Cette rencontre a été une occasion pour les deux responsables d’échanger sur d’autres possibilités de coopération future entre les deux compagnies et sur les meilleurs moyens d’élargir leurs relations commerciales, a conclu le communiqué. Par ailleurs, en marge de sa participation au Forum d’Affaires algéro-espagnol, organisé à l’occasion de la visite officielle du président du Gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, a reçu jeudi dernier en audience le P-DG de la compagnie espagnole énergétique Naturgy, Francisco Reynes Massanet.

Au cours de cette rencontre, « les deux parties ont passé en revue l’état des relations de coopération et de partenariat entre la société nationale des hydrocarbures Sonatrach et l’entreprise espagnole Naturgy ainsi que les voies et moyens de leur renforcement dans l’intérêt mutuel des deux pays », indique un communiqué du ministère. Les deux parties ont salué, à cette occasion, les « relations de partenariat traditionnelles et stratégiques » entre les deux compagnies et se sont félicitées de la signature des avenants aux contrats de vente de gaz liant les deux sociétés, qui vient renforcer le partenariat commercial entre Sonatrach et Naturgy qui dure depuis plus de 50 ans. Les discussions ont, également, porté sur les perspectives de coopération futures notamment dans le domaine de l’exploration et la production des hydrocarbures. À cet effet, le ministre a invité la compagnie espagnole à explorer les opportunités offertes dans ce domaine, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui « ouvre des perspectives très prometteuses pour un partenariat mutuellement bénéfique ».
Hamid Mecheri

Algérie -Espagne -coopération : L’Espagne mise sur l’Algérie dans ses stratégies à moyen et long terme

À la faveur de la visite officielle à Alger du président du gouvernement espagnol
l’ Algérie et l’Espagne ont réaffirmé, au cours d’un Forum d’Affaires, l’impératif de renforcer et de consolider leurs relations économiques à travers l’exploration de davantage d’opportunités de partenariat dans divers domaines d’activité.

S’exprimant à l’ouverture des travaux du forum tenu dans le cadre de la visite du président du

gouvernement espagnol, M. Perdo Sanchez, le Premier ministre, M. Abdelaziz Djerad a indiqué que les entreprises espagnoles pourront coordonner avec leurs homologues algériennes pour parvenir à de véritables opportunités de partenariat et d’investissement au niveau du marché algérien où elles trouveront toutes les conditions de croissance et de prospérité.

PRIVILÉGIER D’AUTRES FORMES DE COOPÉRATION ET DE PARTENARIATS

Abdelaziz Djerad a appelé à » se focaliser sur les principaux secteurs que le programme d’action du Gouvernement vise à promouvoir, à savoir les hydrocarbures, les énergies renouvelables, les industries manufacturières, l’industrialisation, le tourisme et l’économie du savoir ». « Les relations commerciales entre les deux pays ont été impactées par la crise du coronavirus. Cependant, nos économies disposent des capacités suffisantes pour y faire face, ce qui fait de cette crise une opportunité pour développer d’autres formes de coopération et de partenariats adaptées aux nouvelles exigences », a déclaré M. Djerad. De son côté, le chef du gouvernement espagnol a souligné que « le volume des investissements et échanges commerciaux entre les deux pays est certes important, mais ne reflète pas les potentialités des deux pays dans le domaine économique ». Il a mis en avant les opportunités offertes aux deux pays pour approfondir et renforcer la coopération économique à moyen et long termes, notamment dans les domaines de l’énergie, du numérique, de l’industrie agroalimentaire, de la défense, de l’environnement, de la technologie, de l’ingénierie et des bureaux d’études. M Pedro Sanchez est revenu, en outre, sur l’importance de la coopération et de la consolidation des partenariats dans les domaines de la santé, de la médecine et de la pharmacie, d’une grande importance notamment en cette conjoncture que traversent plusieurs pays du monde, en raison de la pandémie du nouveau coronavirus. Il a estimé que « l’Algérie est un pays sur lequel l’Espagne mise dans ses stratégies à moyen et long termes, de par sa place prépondérante dans la région du Maghreb et en Afrique ». Une cinquantaine d’entreprises et d’organisations patronales des deux pays avaient pris part aux travaux de ce Forum. Les participants ont fait part de leur volonté d’amorcer un saut qualitatif en matière de relations commerciales et d’investissements entre les deux pays, dénombrant les opportunités de partenariat, très fortes, en dépit des difficultés imposées par la pandémie coronavirus. La délégation d’affaires espagnole comprenait une quinzaine de grandes entreprises activant notamment dans le secteur de l’énergie, de l’industrie mécanique, de l’industrie agroalimentaire, des finances et de la construction, ainsi que quatre organisations : la Chambre de commerce d’Espagne, la Confédération espagnole des organisations des entreprises, l’Union générale des travailleurs et l’Agence de promotion de travail -Foment del Trebal. Du côté algérien, une trentaine d’entreprises publiques et privées ont pris part au forum ainsi que les principales organisations patronales. La rencontre a été également marquée par une importante participation officielle avec la présence notamment des ministres algériens chargés des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Santé, de l’Énergie, de la Culture, de l’Industrie, et du Commerce extérieur.

POUR MADRID L’ALGÉRIE EST UN PARTENAIRE « STRATÉGIQUE »

Dans son intervention, le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Aissa Bekkaï a qualifié cette rencontre de « très importante » pas seulement du fait que l’Espagne constitue le 5ème fournisseur et le 3ème client de l’Algérie (selon les statistiques des neuf premiers mois de 2020) mais aussi du fait de la mutation économique à laquelle aspire l’Algérie et qui exige davantage d’investissements. M. Bekkaï a rappelé les spécificités des relations économiques entre les deux pays de par la proximité géographique et du Traité d’amitié, de bon voisinage et coopération économique qui les associe. Dans des déclarations à la presse en marge du forum, le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham a indiqué que le climat des affaires a enregistré, ces derniers mois, des changements sur le plan législatif visant à lever les obstacles sur l’investissement étranger, notamment à travers la libéralisation des initiatives et l’annulation de l’obligation d’établir des partenariats avec une partie locale, à l’exception de certaines filières stratégiques. L’Algérie s’attend, en contrepartie, à des investissements « sérieux » qui s’inscrivent dans le cadre de la politique nationale visant à augmenter les niveaux d’intégration industrielle locale dans les différentes filières industrielles, selon le ministre. Au moment où l’Algérie représente un marché voisin de l’Espagne à rendement élevé, l’Espagne peut de son côté être une destination pour les marchandises algériennes hors hydrocarbures, ajoute M. Aït Ali Braham. Pour sa part, la Secrétaire d’État espagnol au Commerce, Xiana Méndez Bértolo a estimé que l’Algérie constituait un partenaire « stratégique » et irremplaçable pour son pays, indiquant que le chiffre des échanges bilatéraux dénote l’importance des relations économiques devant être, justement, améliorées en faveur d’une relation durable entre les deux parties. Mme. Méndez Bértolo a également mis en valeur les efforts déployés par le gouvernement algérien en vue d’éradiquer la bureaucratie et faciliter les procédures d’investissement et de commerce, et ce, « en dépit des charges qui pourraient en découler », affirmant que la levée de la règle du 49/51% régissant les investissements étrangers en Algérie contribuerait à faire avancer le rythme des affaires et des investissements espagnols dans ce pays. En parallèle, « le gouvernement espagnol accompagne les entreprises nationales dans leur activité vers l’international notamment en Algérie où la diversité est considérée comme étant un enjeu majeur que suit l’Espagne minutieusement », a-t-elle souligné. L’Algérie est vue comme « un marché prometteur », a estimé la secrétaire d’État au Commerce, et l’idée de la considérer comme une porte d’accès vers l’Afrique est « très intéressante » aux yeux des Espagnols notamment après l’entrée en vigueur de la ZLECAF. Pour rappel le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne a atteint environ 7 milliards Usd en 2019, dont 3 milliards Usd d’exportations algériennes, principalement les hydrocarbures. Au cours de sa visite le chef du gouvernement espagnol a été longuement reçu par le président Tebboune et a tenu une séance de travail avec le premier ministre Abdelaziz Djerad, à laquelle ont pris part plusieurs ministres ddont le ministre des AE , Sabri Boukadoum.
Mokhtar Bendib

Le Courrier d’Algérie, 10 oct 2020

Tags : Algérie, Espagne, coopération, gaz, conflit Sonatrach, Naturgy,

Algérie-Maroc , Les Américains poussent-ils au dégel ?

Par Mohamed Benchicou

Mardi, à la surprise générale, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a révélé l’existence du projet d’études d’un gazoduc algéro-marocain pour approvisionner le royaume à partir de Hassi Rmel. Ainsi donc, l’Algérie envisage de vendre du gaz au Maroc, en dépit de la guerre froide que se livrent les deux pays en raison du conflit au Sahara occidental.

Mieux : M. Yousfi a ajouté que le partenariat énergétique algéro-marocain va aboutir à la conclusion prochaine d’un partenariat entre Sonelgaz et le bureau marocain de l’électricité et du gaz et d’un projet commun «d’arrimage » au marché européen. Curieux… L’initiative est d’autant plus étonnante que l’Algérie a, jusqu’ici, soigneusement évité une collaboration avec Rabat dans le domaine du gaz. En dehors des droits que le Maroc perçoit pour le passage du gaz d’Algérie vers la péninsule ibérique, par le gazoduc Pedro Duran Farrell, aucune coopération ne lie les deux pays. Mieux, un nouveau gazoduc, le Medgaz, entrera bientôt en service et reliera directement l’Algérie à l’Espagne

alors même que les capacités du premier ne sont pas pleinement utilisées. Alors, comment en eston venu à parler d’un prochain gazoduc algéro-marocain pour approvisionner le royaume à partir de Hassi Rmel ? La réponse est dans la fracassante déclaration, mercredi 23 février, lors d’une conférence de presse, de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, qui nous apprend que le Maroc et l’Algérie ont convenu d’une «initiative politique destinée à renforcer leurs relations bilatérales », que «des efforts étaient faits par l’Algérie et le Maroc pour favoriser un climat positif» et que «l’Algérie travaille à accroître ses relations avec ses amis et frères marocains». La sortie de Youcef Yousfi était ainsi annoncée dans ce discours de nouveau type, comme l’une des premières concrétisations de cet accord algéro-marocain dont personne n’avait deviné l’existence. «Trois ministres vont se rendre dans les deux pays en mars prochain pour discuter des moyens nécessaires d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations bilatérales dans des domaines sensibles, notamment l’énergie et l’agriculture» Quelques jours auparavant, et pour mieux attester d’un état d’esprit nouveau entre Alger et Rabat

le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, déclarait à la TV marocaine que Rabat était prêt à accueillir des membres du gouvernement algérien pour commencer une «ère nouvelle ». «Ere nouvelle», «initiative politique», «nouvelle dynamique aux relations bilatérales»… Quand les diplomates usent, à ce point, de vocables courtois, c’est que les évènements ont pris, à notre insu, une nouvelle tournure. Un vent nouveau souffle sur les rapports algéro-marocains, un vent d’ouest. Un vent américain. Des indiscrétions diplomatiques révélées par le bulletin confidentiel La Lettre de Méditerranée, avaient déjà fait état d’un plan qu’aurait concocté la Maison Blanche, et qui vise rien moins que la normalisation des relations entre le royaume chérifien, son allié traditionnel, et l’Algérie et à trouver une issue acceptable au conflit du Sahara occidental. On réalise, en effet, que les généreuses déclarations de Medelci et Yousfi se font entendre une semaine après la visite à Alger du sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, William Burns. Selon des sources diplomatiques, l’une des missions à Alger du sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, William Burns, était de baliser un terrain d’entente entre Alger et Rabat, et de proposer une issue acceptable au conflit du Sahara occidental.

Ce qui semble accréditer ces thèses est que les deux entrevues qu’a eues à Alger William Burns avec le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci et ensuite avec le président Bouteflika à la résidence Djenane El Mufti, se sont déroulées en présence du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Celui-là même qui d’habitude conduit la délégation algérienne aux négociations informelles sur le Sahara entre le Maroc et le Polisario. Le plan américain entre dans le cadre du programme de repositionnement de Washington dans la nouvelle carte géopolitique arabe. Il devrait recevoir l’aval des dirigeants des pays européens traditionnellement liés avec les deux pays maghrébins voisins.

Les arguments américains

Curieusement, on retrouve dans la bouche de Youcef Yousfi les arguments américains développés par le think tank américain Institut Peterson sur le coût du «non-Maghreb». Le département d’Etat travaille sur les études de cet important think tank qui s’intéresse aux problèmes économiques internationaux. L’Institut Peterson (du nom de son président qui n’est autre que le président du Council on Foreign Relations et ancien secrétaire au commerce des États-Unis, Peter G.Peterson), jouit de tous les moyens et de toute l’attention des dirigeants américains. Il est dirigé par C. Fred Bergsten, anciennement secrétaire adjoint aux affaires internationales du département du Trésor américain. Parmi les autres membres importants du bureau des directeurs, on peut citer Nobuyuki Idei, ancien président de Sony Corporation ; David Rockefeller, ancien président de la Chase Manhattan Bank

Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor des États-Unis ; Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne ; Laura D’Andrea Tyson, ancien président du Council of Economic Advisers du président des États-Unis ; Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis ; Chen Yuan, gouverneur de la Banque chinoise de développement ; Lord Browne de Madingley, Chief Executive de BP; Stanley Fischer, gouverneur de la Banque d’Israël ; Mario Monti, ancien commissaire européen ; Paul O’Neill, ancien secrétaire au Trésor des États-Unis ; David O’Reilly, président de Chevron Corporation, etc. Que dit le rapport du Peterson Institute(2) ? Il énumère les avantages dont bénéficieraient les peuples d’une Afrique du Nord dont les frontières seraient ouvertes. Malgré de nombreuses ressources (pétrole, du gaz, des phosphates en abondance, une production agricole variée ), des paysages magnifiques qui attirent des millions de touristes étrangers chaque année, des millions de jeunes continuent d’arriver sur le marché du travail — 50 % d’entre eux sont déjà au chômage.

Remédier à ce déferlement exigerait, pendant deux décennies, un rythme de croissance plus élevé que celui de la Chine. Aussi, la perte des deux points de croissance que coûtent les frontières fermées représente un défi. Huit milliards de dollars de capitaux privés fuient la région chaque année et s’ajoutent au stock existant, estimé à 200 milliards de dollars. Dans le domaine de l’énergie, note l’institut, l’Algérie est le troisième pourvoyeur de gaz pour l’Europe, après la Russie et la Norvège. Le Maroc détient près de la moitié des réserves mondiales de phosphates ; mais, pour les transformer en engrais, il faut de l’énergie, du soufre et de l’ammoniac, trois intrants dont l’Algérie dispose en abondance et à des prix très compétitifs.

Parmi les grands marchés d’engrais de l’Office chérifien des phosphates (OCP), on trouve l’Inde, le Brésil et la Chine. Un partenariat entre la Sonatrach algérienne, l’entreprise publique qui joue un rôle central dans l’industrie pétrolière nationale, et l’OCP pourrait faire du Maghreb la base de production d’engrais la plus compétitive du monde, entraînant dans son sillage de nombreuses entreprises de sous-traitance et des investisseurs des cinq continents, sans compter un nombre incalculable d’emplois.

L’affaiblissement diplomatique de Bouteflika

Ce qui a précipité l’accord est sans doute l’avalanche des dernières révolutions arabes qui ont affaibli le régime de Bouteflika. Il n’a plus les moyens de son ancienne arrogance. L’Algérie de Bouteflika est diminuée diplomatiquement. Même si elle n’a pas subi de fortes insurrections populaires, elle a été fortement affaiblie sur le plan interne et externe par les évènements de Tunisie et d’Égypte. Le fait que le régime de Bouteflika s’est vu assimilé aux pouvoirs dictatoriaux du monde arabe et que les évènements l’aient conduit à se justifier puis à faire des concessions, l’a fortement fragilisé. Bouteflika est apparu comme un président sans grande légitimité (révélations de WikiLeaks sur les fraudes aux élections de 2009), obligé de négocier ses soutiens extérieurs pour rester au pouvoir.

On peut, sans risque de se tromper, conclure que les Américains ont cherché à profiter de la situation. Ils ont forcé la main d’un pouvoir qui est en situation de demandeur. La crise algéro-marocaine serait sur le point donc d’être réglée et la réouverture des frontières ne saurait tarder. Pour le meilleur ou bien pour le pire ? Quand vous leur posez la question, les Américains disent vouloir agir dans le seul but de résoudre l’instabilité politique et l’absence de démocratie qui sont des facteurs inquiétants pour l’avenir. C’est l’avenir, justement, qui nous le dira.

Le soir d’Algérie, 3 mars 2011
Tags : Maroc, Algérie, Printemps Arabe, gaz, Bouteflika,

Algérie : Un partenariat énergétique prometteur

Le marché énergétique algérien reste attractif. Tous les partenaires stratégiques reconnaissent une viabilité que la conjoncture politique difficile n’a aucunement altérée. Tout en opposant un démenti cinglant au scénario du pire, ressassé par les tenants de l’effondrement économique, la place prépondérante de l’Algérie se renforce de jour en jour à la faveur de la consolidation du partenariat international et de la stratégie de diversification énergétique.

Des contrats de grande envergure ont été ainsi conclus avec ses clients traditionnels pour assurer un approvisionnement régulier et à long terme du marché européen. «Aucun désengagement» n’a été enregistré, a précisé le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, affirmant que les projets en cours continuent de fonctionner normalement.

La meilleure preuve de l’efficience du partenariat algéro-européen est traduite par le renouvellement du contrat de livraison de gaz naturel pour une durée de 10 ans entre la Sonatrach et les groupes italiens, l’ENI présente dans la région de Berkine (Hassi Messaoud) et l’Enel (Ente Nazionale per l’Enrgia Electtrica).

Plus à l’Ouest, l’Espagne et le Portugal ont affiché la même volonté de coopération qui ne laisse pas indifférentes la France et la puissance énergétique émergente, les Etats-Unis.

En visite en Algérie, le directeur régional du secteur de l’Energie de l’USTDA pour l’Asie orientale, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Europe et l’Eurasie, Carl B. Kress, qui s’était rendu à Alger, du 26 au 28 juin dernier, pour y rencontrer notamment les Pdg des groupes Sonatrach et Sonelgaz, a mis en exergue la volonté des Etats-Unis de «nouer des partenariats avec des Algériens dans le domaine du développement économique».

La destination Algérie est donc privilégiée par de nombreux responsables d’importants groupes pétroliers, notamment le PDG de Total, intéressé par les projets onshore, offshore, les énergies renouvelables et la pétrochimie, et le PDG de la compagnie espagnole Naturgy.

Cette consolidation des parts de marché est une «bonne nouvelle», note l’expert algérien Mekidèche appelant à un élargissement du partenariat à l’échelle asiatique et africaine. L’Indonésie a déjà pris option pour intégrer le marché énergétique algérien aux perspectives prometteuses.

Horizons, 16 jui 2019

Tags : Algérie, carburants, énergie, pétrole, gaz,

Maroc: Quand Karim Bouzida proposait de « attiser la divergence Russie-Algérie et gagner la faveur de ce membre permanent du Conseil de sécurité »

Note d’information

Diplomatie du gaz et relations Algéro-Russes

Le quotidien algérien LIBERTE consacre, dans son édition du 17 décembre, un article à la dimension gazière des relations entre l’Algérie et l’Europe. L’article relaie des déclarations de Chakib Khellil sur la radio nationale algérienne.

Chakib Khellil conditionne la signature d’un accord stratégique sur l’énergie avec l’Europe à la libre circulation des citoyens algériens entre les pays de l’Europe :
« Qu’est-ce qu’on obtiendrait en retour de la signature de cet accord stratégique dans lequel nous nous engageons à assurer l’approvisionnement et la sécurité énergétique de l’Europe ? Il y a donc d’autres conditions. L’Algérie demande la libre circulation des personnes entre le pays et l’Europe. C’est un élément important. Il ne s’agit pas de vendre uniquement le gaz. Il est possible de vendre ce gaz aux États-Unis également. »

Khellil avance d’autres conditions :

Bénéficier d’un transfert de technologie de la part des pays européens.
Ouvrir le marché européen de l’énergie au partenaire algérien.

L’éditorial de LIBERTE

Par ailleurs, l’éditorial de LIBERTE, consacré au même sujet, positionne l’Algérie comme « la carte à jouer » pour l’Europe dans ses relations énergétiques tendues avec la Russie. Ainsi, l’éditorialiste affirme :

« L’Algérie, troisième fournisseur mondial de gaz, qui plus est jouit d’une proximité géographique avec l’Europe, est à même d’assumer ce partenariat énergétique qui mettrait définitivement les pays de l’autre rive de la Méditerranée à l’abri des fluctuations d’humeur entre Moscou et Kiev »

Avant d’ajouter :

« Mais pour sécuriser ses approvisionnements en gaz, l’Union européenne est dans l’obligation de rechercher une solution définitive qui consistera à sortir du face-à-face avec Moscou (…) Notre ministre de l’Énergie a réaffirmé, hier, la disponibilité d’Alger à jouer pleinement le jeu en permettant à l’Europe de passer ses rudes hivers au chaud »

L’importance du quotidien LIBERTE

Le quotidien LIBERTE dont le principal actionnaire est Issad Rebrab, PDG du groupe industriel CEVITAL, est considéré comme très proche de la DRS, les services de renseignements algériens.

Analyse

L’intervention de Chakib Khellil conforte l’idée que l’Algérie veut faire jouer pleinement la carte énergétique pour atteindre ses objectifs géostratégiques.

Plus important, ces positions, de Chakib Kellil et de l’éditorialiste de LIBERTE, viennent en contresens des objectifs stratégiques de la Russie qui veut garder une position hégémonique sur les approvisionnements en gaz de l’Europe.

La position russe est d’autant plus délicate que ses réserves sont en déclin et qu’elle est dans une logique de course contre la montre pour établir à court terme une position de négociation avantageuse vis-à-vis de l’Europe.
L’Algérie se veut ainsi une soupape de sécurité. Cette carte algérienne peut être avancée par l’Europe pour troubler les convictions des russes sur la viabilité de leur position stratégique.

Nous recommandons que le Maroc puisse faire jouer cette carte pour attiser la divergence Russie-Algérie et gagner la faveur de ce membre permanent du Conseil de sécurité (quid des infrastructures de déliquéfaction de Tanger Med).