France : Qui représentera la droite?

Favoris

Par Fouzia Mahmoudi

Toutes les familles politiques en France commencent à se focaliser de plus en plus sérieusement sur la prochaine élection présidentielle qui se tiendra dans dix-huit mois, car que ce soit à gauche comme à droite, personne ne fait encore figure de candidat «légitime» pour porter le programme de son mouvement.

À droite toutefois, quelques noms commencent à circuler et à susciter l’intérêt des médias. Parmi eux, Xavier Bertrand, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui a quitté Les Républicains en 2017, est celui qui retient, pour le moment, le plus d’attention. Toutefois, l’ancien ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a estimé cette semaine que Bertrand n’était pas forcément «le mieux placé» pour sortir la France de ses «graves difficultés».

«Je pense que les favoris d’aujourd’hui seront les perdants de demain», a affirmé Brice Hortefeux, alors que le retrait annoncé cette semaine de François Baroin, donné jusque-là pour favori, a ravivé les tensions à droite dans la course à la candidature.

Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui pose ostensiblement des jalons, «a fait le choix d’abandonner notre famille politique quand elle était dans la difficulté», or «notre pays connaît aujourd’hui de graves difficultés». «Pour moi, cela ne fait pas de lui le mieux placé pour nous en sortir», a expliqué l’eurodéputé LR.

«Si c’est lui, nous nous rassemblerons autour de lui, mais en revanche, il ne faut pas laisser entendre qu’il n’y a que lui», a-t-il ajouté, en soulignant les «très nombreux talents» qui «pourront jouer un rôle le moment venu».

Il a notamment évoqué le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui a «une ligne claire, sans hésitation, sans compromission et avec une très grande cohérence», ou la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui «ajoute une sensibilité à la fois écologique, environnementale et féministe».

L’ancien ministre sarkozyste a aussi avancé le nom du président de la région Auvergne Rhone-Alpes, Laurent Wauquiez, «qui a décidé assez courageusement de prendre du recul» vis-à-vis de la politique nationale, «ce qui lui a fait considérablement gagner en humilité, en densité, en sincérité». «Je suis sûr que son retrait d’aujourd’hui permettra son rebond demain», a-t-il ajouté.

Alors que Les Républicains doivent trouver un système pour départager leurs candidats, Brice Hortefeux a plaidé pour «un dispositif qui évite le cadenassage par une instance d’un parti politique» mais en même temps «qui évite le hold-up par des gens qui fausserait le résultat». «Le mot primaire ne me plaît pas», a-t-il ajouté.

Reste que ce système de départage, qui était décrié il y a encore une année par le président des Républicains, Christian Jacob, recommence à revenir dans les débats et semble être le seul moyen de décider qui, des différents postulants à la fonction suprême, pour le moment assez peu nombreux par ailleurs, représentera la droite en 2022.

Le Jour d’Algérie, 14 oct 2020

Tags : France, Les Républicains, élections, présidentielles, droite, candidats,

Commentaire : Bataille

Par Fouzia Mahmoudi

Alors que les sondages sur l’élection présidentielle de 2022 en France se multiplient ces dernières semaines, il apparaît de manière de plus en plus évidente qu’il manque à droite une personnalité capable d’enthousiasmer et de rassembler les électeurs de cette famille politique. Et si certains noms ont plus de succès que d’autres auprès des personnes sondées, aucun ne sort, pour le moment, du lot.

C’est dans cette conjoncture que l’ancienne ministre sarkozyste Rachida Dati a posé des jalons en vue de la présidentielle de 2022 en affirmant au quotidien britannique «The Times» sa détermination à «gagner» cette élection.

Interrogée, dans le cadre d’un portrait, sur ses projets pour les deux années à venir, l’ex-candidate LR à la Mairie de Paris a répondu : «Gagner l’élection présidentielle de 2022», selon ses propos publiés en anglais par le journal. «Quand vous faites de la politique et que vous gagnez des batailles électorales et que vous faites en sorte que votre cause avance, que vous défendez vos valeurs et une communauté de destins, nécessairement, il arrive un moment où vous vous dites, surtout quand vous voyez l’état du pays, cette bataille, peut-être que je pourrais la mener», a ajouté l’ancienne ministre de la Justice.

En juillet déjà, Rachida Dati avait estimé avoir «un rôle à jouer» pour la présidentielle. «Ce sera à ma famille politique de choisir un candidat pour 2022», mais «je participerai à cet engagement majeur», avait-elle alors affirmé au «Parisien» en se disant convaincue qu’il n’y a «pas d’homme ou de femme providentielle».

Début septembre, elle avait cependant assuré que l’ancien ministre Xavier Bertrand, qui se positionne activement pour 2022 depuis l’été, était «celui qui a le plus faim» à droite. «J’ai envie, mais je veux que ce soit le meilleur et je ne sais pas si je peux être la meilleure», avait alors ajouté Dati sur BFM TV en se plaçant «dans une dynamique collective».

Les Républicains, anticipant une possible défection de François Baroin pour la présidentielle, ont renvoyé le choix de leur candidat à avril 2021. L’ancienne garde des Sceaux est revenue sous les feux des projecteurs après une campagne combative pour la Mairie de Paris qui l’a placée en deuxième position (34 % des voix au second tour) derrière Anne Hidalgo (49 %), alors même que sa candidature au départ avait été largement moquée.

Par ailleurs, dans le cadre de l’enquête sur Carlos Ghosn, une information judiciaire a été ouverte par la justice sur des faits d’«abus de biens sociaux» et de «corruption passive» autour de contrats de conseil passés par l’alliance Renault-Nissan avec Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer, que l’ancienne eurodéputée a régulièrement dénoncée comme une «manœuvre» et une «instrumentalisation».

Reste à voir si les électeurs de droite à l’échelle nationale, comme l’on fait les électeurs de droite de Paris, seraient prêts à se ranger derrière l’ex-garde des Sceaux, qui malgré les moqueries qu’elle a eues à subir tout au long de sa carrière, a toujours réussi à sortir du lot et à ne pas tomber dans l’oubli comme ce fut le cas pour tant d’autres personnalités politiques avant elle.

Tags : France, Macron, Rachida Dati, Nicolas Sarkozy, élections, campagne, Paris,

Voilà pourquoi Trump est revenu à la Maison Blanche

Par Moon of Alabama − Le 6 octobre 2020

Hier, le président Donald Trump a révélé cette intéressante stratégie de réélection :

Par Moon of Alabama − Le 6 octobre 2020

Hier, le président Donald Trump a révélé cette intéressante stratégie de réélection :

 

Agrandir – Je vais sortir du centre médical Walter Reed aujourd’hui à 18h00. Je me sens vraiment bien ! N’ayez pas peur de la Covid. Ne la laissez pas dominer votre vie. Nous avons développé, sous l’administration Trump, d’excellents médicaments et de l’expérience. Je me sens mieux qu’il y a 20 ans.

Il s’agit d’un pari de la dernière chance, pris à un risque personnel élevé.

Trump n’était certainement pas assez bien pour sortir de l’hôpital.

On ne sait pas vraiment quand Trump a été infecté par le virus SARS-CoV-2 et quand il est tombé malade de la Covid-19. Les traitements que ses médecins ont dit avoir utilisés avec lui sont quelque peu contradictoires. Après le diagnostic de la Covid-19, Trump a reçu une forte dose d’anticorps monoclonaux qui attaquent directement le virus et réduisent la croissance globale des virus. Le remdesivir, un médicament antiviral qui réduit la production d’ARN viral, a également été administré :

Il semblerait que si vous donnez des anticorps monoclonaux, il vaut mieux les administrer tôt dans le cours de la maladie, lorsque le traitement est encore en mode antiviral. L'ajout d'une cure de remdesivir de cinq jours au schéma thérapeutique convient également à cela : les deux sont conçus pour réduire la quantité de virus présente et (en théorie) empêcher la maladie de progresser vers un stade plus sévère.

Les deux thérapies ont plus de sens dans la première phase d’une infection virale alors qu’elle ne se situe encore que dans la partie supérieure du système respiratoire. Dans cette phase, le système immunitaire normal est toujours en train de renforcer ses défenses. Mais Trump semble avoir déjà été dans la deuxième phase de l’infection où le virus est dans les poumons et lorsque le système immunitaire commence à attaquer le corps. Il a, au moins deux fois, manqué d’oxygène dans le sang, probablement sans le ressentir. Cette «hypoxémie heureuse» est typique de la Covid-19 :

L'adéquation de l'échange gazeux est principalement déterminée par l'équilibre entre la ventilation pulmonaire et le flux sanguin capillaire, appelé appariement ventilation / perfusion (V / Q). Dans la phase initiale de la COVID-19, plusieurs mécanismes contribuent au développement de l'hypoxémie artérielle, sans augmentation concomitante du travail respiratoire. Une détérioration clinique rapide peut survenir.

À ce stade, Trump a été amené à l’hôpital Walter Reed et a commencé la thérapie antivirale. Mais sa maladie a dû s’aggraver. Après son deuxième jour à l’hôpital, ses médecins ont annoncé qu’il avait reçu le corticostéroïde dexaméthasone :

Le stade sévère se manifeste par une réponse immunitaire hyperactive menant à la fameuse «tempête de cytokines», et potentiellement de gros problèmes. La dexaméthasone semble vraiment être la meilleure thérapie que nous ayons pour le moment. J'ai donc trouvé intéressant - et pas dans le bon sens - que l’équipe médicale du président l’ait effectivement mis sous dexaméthasone, car son mode d’action consiste à atténuer la réaction inflammatoire. Et si une personne en est encore aux premiers stades de l’infection, c’est le contraire de ce que vous voulez faire.

Les médecins ont également déclaré que le scanner thoracique de Trump montrait ce à quoi ils s’ « attendaient » sans décrire ce que c’était. Cela signifie probablement que le virus avait commencé à attaquer les poumons :

En raison d'un œdème pulmonaire accru (conduisant à des opacités de verre dépoli et à une consolidation sur l'imagerie thoracique), à ​​une perte de surfactant et à une pression surimposée, un collapsus alvéolaire s'ensuit et une fraction substantielle du débit cardiaque perfuse les tissus pulmonaires non aérés, entraînant un shunt intra-pulmonaire.

Cela a augmenté le besoin de donner de l’oxygène supplémentaire et de commencer par le stéroïde anti-inflammatoire.

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Si la maladie ne peut pas être arrêtée à ce stade, les prochaines conséquences dangereuses, de petits caillots sanguins (microthrombi) sont susceptibles de se produire. Trump devra prendre une sorte d’anticoagulant pour empêcher ceux-ci de provoquer un accident vasculaire cérébral.

Aucun médecin sain d’esprit ne libérerait à ce moment là un patient de l’hôpital.

Mais Trump voulait être de retour à la Maison Blanche. Il a calculé qu’il devait montrer que le virus pouvait être vaincu.

Il n’a aucune autre chance de gagner les élections. Les gens croient à juste titre qu’il a foiré la réponse américaine à la pandémie. Même les électeurs plus âgés qui ont voté pour Trump en 2016 disent maintenant qu’ils voteront contre lui :

Dans un récent sondage Washington Post-ABC, 52% des électeurs de plus de 65 ans ont probablement soutenu Biden, contre 47% pour le président Trump. Il y a quatre ans, Trump a gagné ces électeurs sur Hillary Clinton.

Trump en a été averti très tôt. Comme Tomas Pueyo l’a écrit en avril :

Plus vous êtes âgé, plus vous avez de chances de voter républicain et de mourir du coronavirus. Les électeurs âgés de 80 ans et plus sont 80 fois plus susceptibles de mourir du coronavirus que ceux de moins de 40 ans (taux de mortalité de 16% contre environ 0,2%).

Cet effet est suffisamment fort pour que les personnes qui ont voté pour Trump lors des élections de 2016 soient environ 30% plus susceptibles de mourir du coronavirus que les Démocrates. Dans certains États en ballottage de l'élection de 2016, comme la Pennsylvanie, si le coronavirus était devenu incontrôlé, cet effet à lui seul aurait pu éliminer jusqu'à 30% de l'écart entre les républicains et les démocrates lors de l'élection de 2016.

Trump ne peut plus convaincre les électeurs, en particulier les plus âgés, qu’il a tout fait pour les protéger du virus. Ce qu’il peut probablement encore faire est de les convaincre que cela n’a pas d’importance parce que le virus peut être vaincu.

Pour ce faire, Trump devait se mettre en scène.

Je ne veux pas suggérer que Trump s’est infecté intentionnellement. Mais il a fait à peu près tout ce que l’on ne devrait pas faire si l’on veut empêcher l’infection.

Trump est relativement vieux, il a des facteurs de risque supplémentaires et malgré cela, il peut maintenant dire qu’il a vaincu le virus. S’il ne lui arrivait plus rien, personne ne pourrait en douter.

Son vrai message dans cette vidéo de la Maison Blanche est : « Je l’ai battu. Vous pouvez le battre. Le virus n’a pas vraiment d’importance. Ignorez-le. »

Ce message, dans diverses variantes, sera désormais répété tous les jours. Certaines personnes commenceront à y croire et cela pourrait en effet aider Trump à gagner les prochaines élections.

Il y a des risques dans cette stratégie. Certains de ceux qui ont récemment été infectés à la Maison Blanche peuvent mourir. Cela conduirait à des accusations selon lesquelles Trump a causé cela par son imprudence.

Un autre risque, personnel celui-la, que prend Trump, est le fait qu’il n’a pas encore vaincu le virus. Il peut encore avoir besoin d’oxygène. Ses poumons sont toujours touchés et mettront plusieurs semaines à guérir. Ce virus est insidieux. Il y a un risque qu’il y ait une sorte de rechute ou de complication qui nécessitera un traitement supplémentaire chez Walter Reed. La Maison Blanche est équipée pour les urgences médicales mais pas pour les soins intensifs qui s’ensuivent souvent. Si Trump doit retourner à l’hôpital, sa stratégie échouera probablement.

Trump recevra toujours de la dexaméthasone. Ce médicament a des effets secondaires et son abandon peut être délicat :

  • La production de corticostéroïdes est contrôlée par un «mécanisme de rétroaction», impliquant les glandes surrénales, l’hypophyse et le cerveau, appelé «axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien» (HPAA).
  • L’utilisation de doses importantes pendant quelques jours ou de doses plus petites pendant plus de deux semaines entraîne une diminution prolongée de la fonction HPAA.
  • L’utilisation de stéroïdes ne peut pas être interrompue brusquement ; la réduction progressive du médicament donne aux glandes surrénales le temps de revenir à leurs schémas normaux de sécrétion.
  • Les symptômes et signes de sevrage (faiblesse, fatigue, perte d’appétit, perte de poids, nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales) peuvent masquer de nombreux autres problèmes médicaux. Certains peuvent mettre la vie en danger.

Il est peu probable que Trump revienne bientôt sur la scène électorale. Il pourra être heureux s’il a assez d’énergie pour le prochain débat télévisé avec Joe Biden. Il aura probablement besoin de médicaments supplémentaires pour le soutenir.

Lorsque le Premier ministre britannique Boris Johnson est tombé malade avec la Covid-19, son approbation dans les sondages a augmenté. Nous n’avons pas vu cet effet pour Trump. Mais les sondages peuvent être erronés. Ils se sont trompés en 2016 parce que beaucoup de ceux qui ont été interrogés ne voulaient pas admettre qu’ils voteraient pour Trump. Cet effet peut maintenant être encore plus fort qu’il ne l’était à l’époque.

Le retour de Trump à la Maison Blanche envoie un message de confiance. Il est probable que cela lui apportera des voix supplémentaires.

En décidant de quitter l’hôpital tôt, Trump a montré sa volonté de prendre un risque personnel important pour obtenir sa réélection. On peut détester le bâtard mais l’admirer pourtant pour cela.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone


Tags : Etats-Unis, USA, Donald Trump, coronavirus, covid 19, campagne électorale, élections, présidentielles, 


Algérie : Retour aux sources

Dans un message prononcé en son nom par un de ses conseillers à l’ouverture d’un séminaire organisé hier sous le thème « la constitution au service du citoyen », Abdelmadjid Tebboune a réitéré sa volonté d’expurger le processus électoral, notamment en ce qui concerne les scrutins législatif et local, de l’un de ses vices les plus pernicieux, qui a fini par éroder la crédibilité du suffrage : le système des quotas. Le président de la République s’est engagé personnellement à tout mettre en œuvre pour démanteler ce stratagème, instauré en 1997 par ceux que feu Mohamed Boudiaf appelait les décideurs, dans l’intention apparente d’éviter le scénario des élections législatives du 26 décembre 1991.

Erigé en règle tacite, mais appliqué à la lettre par un régime clientéliste, ce système n’a pas seulement montré ses limites, il a surtout dénaturé l’évolution démocratique au profit d’une classe politique, dominée par les opportunistes de tous bords et les carriéristes invétérés. Les dégâts causés par cette pratique totalitaire que l’on s’évertuait à dissoudre dans un multipartisme factice, sont parmi les premières raisons, qui ont fait sortir les Algériens dans la rue, un certain 22 février 2019.

Conscient de la gravité de la situation, le chef de l’Etat a marqué sa détermination à en finir une bonne fois pour toutes avec ce genre de méthode, qui a transformé l’exercice démocratique en une opération formatée et accessoirisée avec la complicité de partis politiques servant d’alibi. Pour réussir, il est appelé à aller au fond du problème.

L’émergence d’une nouvelle classe de jeunes élus doit se faire en dehors des réseaux encore actifs, dont les leviers de commande sont toujours entre les mains des résidus de la Issaba. En revenant sur la récente installation de la commission chargée de revoir le régime électoral, et en tenant à assurer qu’elle « est composée d’experts en droit et de représentants du ministère de l’intérieur, Abdelmadjid Tebboune a certainement voulu se limiter à l’aspect légal, pour ne pas donner l’occasion aux spéculateurs de monter au créneau et l’accuser de pratiquer le même « jeu » que son prédécesseur déchu. Il sait pertinemment qu’un projet destiné à garantir la transparence et la régularité des futures élections, restera toujours un projet, s’il n’est pas accompagné d’un profond assainissement de la scène politique en général.

« Encadrer le financement des élections pour faire respecter la volonté populaire et en finir définitivement avec les quotas afin de donner les mêmes chances à tous les candidats engagés dans la compétition électorale », constitue certes une barrière de protection, qui pourrait contribuer largement à la protection des voix des citoyens, comme l’entend le président de la République, mais sa résistance sera tributaire des mécanismes mis en œuvre pour éradiquer et à jamais l’intrusion de l’argent sale dans la politique.

« Dans l’Algérie nouvelle, personne ne sera protégé, personne ne bénéficiera de l’impunité, de l’immunité, l’argent proviendra uniquement du travail, de la création de richesse pour que le citoyens puisse constater un changement réel », a souligné le conseiller à la Présidence dans sa lecture du message transmis par le chef de l’Etat. Effacer le préjudice matériel et moral porté à l’Etat par les pratiques mafieuses cautionnées par la Issaba, et réinstaurer la confiance entre le peuple et ses institutions ; une œuvre immense qui attend Abdelmadjid Tebboune, et un retour aux sources imposé par la conjoncture.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 6 oct 2020

Tags : Algérie, Abdelmajid Tebboune, Consitution, corruption, gabégie, malversation, institutions, Etat de droit, élections, référendum,

Sondages : Macron au coude à coude avec Marine Le Pen

Brouillard

Commentaire par Fouzia Mahmoudi

Alors que le Président français vient de prononcer un discours sur le séparatisme, qui, espère-t-il, lui fera gagner de bons points auprès de l’électorat de son pays, dans les faits Emmanuel Macron continue à être au coude à coude avec Marine Le Pen dans les sondages pour la prochaine élection présidentielle.

En effet, à un peu plus d’un an et demi du scrutin de 2022, le brouillard continue à peser à droite et à gauche, alors qu’aucun candidat sérieux ne se profile. Selon une enquête Ifod-Fiducial pour «Le JDD» et Sud Radio menée auprès de 1 608 personnes, leurs possibles rivaux ont du pain sur la planche pour convaincre les Français.

Sur les onze configurations proposées, le président de la République et la présidente du Rassemblement National occupent toujours les deux premières places du vote du premier tour. Macron rassemble entre 23 et 26 % des voix, alors que sa principale concurrente oscille entre 24 et 27 %. «Elle peut émerger en tête au premier tour de la présidentielle», assure Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, concernant Marine Le Pen.

Selon l’étude, tout dépendra des candidats de la gauche et de la droite. Sur les onze scénarios envisagés, la fille de Jean-Marie Le Pen arrive même à huit reprises en tête.

Cinq hypothèses sont envisagées pour le candidat de la droite et à ce petit jeu, c’est Xavier Bertrand, l’actuel président de la région Hauts-de-France, qui s’en sort le mieux (16 % des voix). Il fait mieux que François Baroin (14 %) ou Valérie Pécresse (11 %), tandis que Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR (8 %), et Rachida Dati (8 % également) sont largement distancés par Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, et font moins bien que Jean-Luc Mélenchon (10 à 12 % des voix).

Pour la gauche, le flou persiste, avec la possibilité d’un candidat commun. Mais malgré tous les scénarios envisagés, c’est une nouvelle défaite cuisante qui s’annonce. En cas de candidature en solo, Jean-Luc Mélenchon s’en sort bien mieux qu’Anne Hidalgo (9 %), François Hollande (7 %) ou encore Ségolène Royal (5 %).

Le dirigeant de La France Insoumise est aussi celui qui rassemblerait le plus de voix s’il parvenait à «unir» la gauche (15 %), mais ce serait insuffisant pour espérer s’inviter au deuxième tour. Maigre consolation, il fait, là aussi, mieux qu’Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, qui n’a pas écarté la possibilité de se présenter pour 2022 (13 % en cas de candidature commune pour la gauche) et Yannick Jadot (13 %).

Le chef de file des Verts oscille entre 6 et 13 % et réalise son meilleur score (jamais atteint par un candidat écologiste) en tant que candidat unique de la gauche dans cette étude. «Leurs succès aux européennes et aux municipales se fracassent sur les spécificités de la présidentielle», analyse Frédéric Dabi pour expliquer le score des Verts, loin d’être suffisant pour espérer empêcher le face à face annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour l’instant. Surtout que si certains médias évoquent encore et toujours la possibilité d’un joker inattendu comme le fut Emmanuel Macron en 2016, cette fenêtre de temps commence à se refermer à mesure que l’échéance se rapproche.

Le Jour d’Algérie, 5 oct 2020

Tags : France, sondages, Macron, Marine Le Pen, Melenchon, François Bayrou, élections, 

Etats-Unis : La campagne présidentielle américaine raccourcie d’un mois

LA QUESTION DU JOUR PAR MOHAMED HABILI

A l’annonce de l’infection de Donald Trump par le Covid-19, les principales places boursières à travers le monde, de même que les cours pétroliers, ont réagi à la baisse. Modérément sans doute, mais à la baisse quand même, ce qui montre bien que pour elles, c’est là une mauvaise nouvelle.

Si elles avaient réagi à la hausse, cela aurait signifié que pour elles la perspective d’une disparition de Trump de la scène était quelque chose de souhaitable. Ce serait dans ce cas comme si elles avaient indiqué que c’est dans son rival qu’elles se reconnaissaient, et qu’à leur manière insidieuse elles travaillaient déjà à sa victoire.

Elles ont ensuite, il est vrai, amorcé leur remontée, mais tout de même pas au point de retrouver leur niveau d’avant, ce qui semble dire qu’elles ne sont pas encore entièrement rassurées. Qu’une mauvaise nouvelle pour Trump et son camp soit reçue comme telle par les marchés financiers, voilà qui est flatteur pour lui.

Les médias anti-Trump, aussi virulents avec lui qu’il l’est avec eux, ont rapporté cette baisse, mais ils ne s’y sont guère attardés, peut-être seulement de crainte de lui accorder plus d’importance qu’elle n’en a. Ils auraient été obligés de lui prêter une plus grande attention si elle avait été plus importante.

N’empêche, si au lieu d’une baisse, ç’avait été une hausse, et même plus modérée que ne l’a été la baisse, les grands journaux américains, tous mortellement anti-Trump, n’auraient pas manqué d’y voir un bon présage pour la suite des événements.

L’hospitalisation de Trump, bien que normale, n’en donne pas moins à penser que son cas n’est pas aussi bénin qu’il a pu sembler d’abord. Toujours est-il qu’elle confirme l’idée que sa campagne électorale est terminée. Elle ne l’est pas que pour lui, mais également pour Joe Biden, qui ne pourrait pas poursuivre la sienne comme si de rien n’était. Ce serait du plus mauvais effet s’il le faisait. Il aurait l’air de tirer profit de la maladie de son rival.

Pis encore, de s’en réjouir. Un tel manque de goût serait sans doute contreproductif. Moins il en fait, donc, mieux c’est pour lui. Comme il a déjà souhaité prompt rétablissement à Trump, il ne lui reste au fond qu’à se retirer à son tour de la scène, du moins le temps de la quarantaine de Trump, et en entendant que ce dernier reprenne sa campagne. Une hypothèse peu probable, on s’en doute un peu.

La compétition se trouve ainsi amputée de sa phase la plus intense, sinon la plus décisive, sachant que ce n’est pas dans la dernière ligne droite que les électeurs américains se décident, mais bien avant. Cela est encore plus vrai dans le contexte actuel de polarisation extrême. Quand un pays est divisé en deux camps bien tranchés, comme c’est le cas des Etats-Unis depuis non pas d’hier mais l’élection de Trump, les électeurs ont eu largement le temps de faire leur choix.

Le président sortant avait d’ailleurs lancé la campagne pour un deuxième mandat dès le début de son arrivée au pouvoir. De même que les démocrates, qui n’ont jamais accepté sa victoire contre Hillary Clinton, s’étaient appliqués dès ce moment à le délégitimer. Ils l’auraient sûrement destitué si en plus de la Chambre des représentants ils avaient pris le contrôle du Sénat aux élections de mi-mandat, il y a maintenant près de deux ans.

Le Jour d’Algérie, 3 oct 2020

Tags : Etats-Unis, USA, Donald Trump, Joe Biden, élections, présidentielles, campagne électorale, covid 19, coronavirus, 

Etats-Unis : Le face à face Trump-Biden, un échec

Changements:
COMMENTAIRE PAR FOUZIA MAHMOUDI

Une majorité d’observateurs s’accordent à dire que le premier débat présidentiel entre le président sortant républicain, Donald Trump et son adversaire démocrate, l’ex-vice président Joe Biden a été un échec pour les deux hommes. La réactivité de Biden a été remarquée, alors que l’on s’attendait à voir le candidat démocrate bafouiller ou perdre ses mots, comme cela lui est souvent arrivé tout au long de sa campagne.

Ainsi, Trump, qui a par ailleurs été testé, ainsi que son épouse, positif au Covid-19, qui espérait balayer son adversaire grâce à une stratégie brutale et sans concessions, se voit obligé d’attendre le prochain débat dans deux semaines pour tenter de prendre le dessus. Surtout que des voix s’élèvent pour un changement dans le déroulement des prochains face-à-face entre Trump et Biden.

En effet, le président américain s’est dit jeudi opposé à un changement des règles pour ses prochains débats avec le candidat démocrate, après un premier duel télévisé chaotique. La commission chargée d’organiser les débats électoraux aux États-Unis a ainsi annoncé, il y a quelques jours, la mise en place de mesures additionnelles afin de «maintenir l’ordre» lors de deux prochains duels entre les candidats à la Maison-Blanche. «Pourquoi est-ce que j’autoriserais la Commission des débats à changer les règles pour les deuxième et troisième débats alors que j’ai facilement remporté le premier ?», a tweeté le président américain.

Le locataire de la Maison-Blanche martèle, sans éléments concrets à l’appui, qu’il est sorti grand vainqueur de son affrontement avec son rival démocrate. «J’ai largement gagné le débat, selon une compilation de sondages etc.», a-t-il lancé sur son réseau social préféré, sans autres explications sur le «et cætera».

Malgré ses tentatives répétées, Chris Wallace, le modérateur du premier débat, présentateur chevronné de Fox News, n’a pas pu empêcher le dialogue entre les deux candidats septuagénaires de virer à la cacophonie. «Je suis juste attristé par la manière dont la soirée s’est déroulée», a-t-il reconnu dans une interview au «New York Times». «Je n’aurais jamais pensé que ça déraillerait de cette manière».

Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride et à Nashville, dans le Tennessee. Le vice-président républicain Mike Pence affrontera de son côté la colistière de Joe Biden, la sénatrice Kamala Harris, le 7 octobre à Salt Lake City, dans l’Utah. Trump, pour sa part, doit se ressaisir car les sondages continuent inlassablement de donner Biden vainqueur avec une large avance. L’une de ses seules chances aujourd’hui est de briller dans les deux débats qui restent, prouver à ses électeurs de 2016 qu’ils doivent continuer de le soutenir et convaincre ceux qui hésitent encore à le choisir pour quatre nouvelles années à la Maison-Blanche.

Le Jour d’Algérie, 2 oct 2020

Tags : Etats-Unis, Donald Trump, Joe Biden, face à face, élections, présidentielles,

Gendarmes du monde

par Abdou BENABBOU

Le débat affligeant mardi entre les deux candidats à la présidentielle américaine a été déroutant par son indigence et par la réelle nature et le vrai profil de ceux qui s’imposent comme régisseurs du sort du monde. Plus haut et plus loin que les ressentiments, les sympathies, les idéologies, les colères ou les adhésions que chaque terrien peut nourrir en lui, l’intérêt porté sur un événement aussi important que la présidentielle américaine est impossible à occulter parce qu’il a, mal gré bon gré, des répercussions toujours prouvées sur la marche de l’humanité entière.

Le spectacle offert a quelque chose de terrifiant quand il réveille la conscience souvent embuée par de fausses idées reçues sur une prétendue grandeur des hommes. On sait que l’être humain n’est pas toujours un animal bien-pensant. Mais quand cet animal détient entre ses mains l’ensemble des destins et qu’il ne se situe pas à la hauteur de la fabuleuse responsabilité qu’il doit assumer, il laisse place à la désespérance bien qu’elle soit née d’une basse chamaillerie entre deux hommes d’Etat étrangers.

Il n’est pas non plus question de s’immiscer dans un débat a priori interne. Le monde étant devenu un petit village, le sujet n’a pas de frontière et ce qu’il a de grave est qu’il dénude deux hommes avec leurs basses afférences censés occuper la Maison Blanche.

Les Etats-Unis d’Amérique restent une puissance omniprésente avec la particularité évidente de rythmer la cadence du monde. Peu importent l’antipathie ou l’empathie que chacun en fonction de ses idées et de ses visions arrêtées pourrait leur vouer. Mais le jugement est permis car le sort de tous les pays est lié, d’autant que les Américains se targuent d’être les gendarmes du monde.

Dans le débat de mardi entre l’actuel président et le vice-président d’Obama point d’analyses ni d’échanges sur la réalité du monde, les prises de bec n’ont été qu’un crêpage de chignons. L’empoignade a surtout démontré pourquoi le monde va si mal.

Le Quotidien d’Oran, 1 oct 2020

Tags : Etats-Unis, gendarme du monde, Donald Trump, Joe Biden, élections, présidentielles,

Maroc : Activité du 24 novembre 2011 (axes de médiatisation)

Activité du 24 novembre

Contexte

• Timing : veille du scrutin législatif, fin de campagne électorale

• Monde arabe : «acte II» de la révolution en Egypte, violences en Syrie / Yémen

• Conjoncture mondiale : croissance internationale atone et crise de confiance sur les marchés (ex : notations souveraines)

• Il y a un peu plus de six mois, l’attentat de Marrakech

Portée médiatique

• Un événement majeur par son envergure (montant de l’investissement) et le niveau de partenariat

• Conventions créent de la confiance par leur contenu, le profil des signataires et un timing à signification éminemment politique

• L’accord apporte notamment des réponses concrètes à deux problématiques nationales essentielles que sont :

✓ la création d’emplois

✓ la régionalisation

Portée médiatique

Il convient de profiter de la présence au Maroc de nombreux journalistes étrangers pour susciter/conforter un effet « Maroc émergent / exception » (Reuters, Bloomberg, L’Usine Nouvelle, Les Echos, Le Figaro, Financial Times, Wall Street Journal-> John Fund, …)

Messages / cibles

• 3 cibles à traiter concomitamment :

✓ International : dans un contexte marqué par l’immobilisme et les soubresauts… le Maroc

avance économiquement et politiquement

✓ Grand public : la dynamique portée par la continuité des actions royales majeures donnent espoir et assurance

✓ Elites nationales : le Maroc témoigne une nouvelle fois de son attractivité

Messages / territoires

Participants : Qatar, Emirats Arabes Unis, Koweit

✓ Pays du Golfe : accompagnement spécifique de la presse de ces pays

✓ Risque à anticiper : sensibilités de gauche pourraient manifester leur mécontentement (par antiaméricanisme) suite à la visite de l’émir du Qatar (cf. Goud et Hibapress)

Pays occidentaux : le Maroc à l’avant-garde démocratique et économique de la région offre des perspectives fortes et pérennes

Message clef

• Qui : des chefs d’Etats aux avant-postes de la modernisation du monde arabe (Qatar, EAU, Maroc)

• Quoi : un projet financier au service d’une ambition industrielle de bon sens (fonds souverain)

• Où : le Maroc pays arabe ayant le mieux résisté à la crise mondiale (dont secteur touristique) et soubresauts régionaux (chiffres à l’appui : résilience)

• Quand : un processus lancé de longue date avec les partenaires (la date des législatives anticipées a elle même été modifiée à plusieurs reprises)

Message clef

• Comment : un engagement au plus haut niveau qui garantit la concrétisation des projets

• Combien : une enveloppe financière dimensionnée par rapport aux ambitions du royaume (grands chantiers nationaux)

• Pourquoi : la mutation démocratique du Maroc n’a pas mis en veilleuse ses transformations économiques bien au contraire (vs reculs du PIB en Tunisie, Egypte, Libye)

Confiance

• Confiance politique : le Maroc évolue pacifiquement dans un monde qui vit de profondes ruptures

• Confiance économique : l’économie mondiale est en pleine mutation, le Maroc aux avant-postes de ces évolutions clefs pour son développement

• Confiance dans l’avenir : le Maroc adopte une logique long-termiste dans le secteur touristique (fonds souverain) à l’inverse des investissements spéculatifs qui caractérisent parfois le secteur

Haut-niveau

Registre stratégique : le Roi faiseur de prospérité (investissements, diplomatie économique), la monarchie assure la continuité de l’Etat et de l’effort de prospection économique

‣ Cette convention s’inscrit dans le long terme, il convenait donc pour des raisons ethiques qu’elle ne soit pas récupérée par le prochain gouvernement (ce qui peut expliquer son timing)

‣ Le Palais n’a pas de candidat (sinon cette belle annonce lui aurait été réservée après les élections)

Visibilité économique : c’est une action au niveau des chefs d’Etat (mettre en exergue l’horizon temporel des conventions qui dépasserait 10 ans)

Axe démocratique

Géopolitique : le Maroc recueille les dividendes de son anticipation démocratique dans l’agenda international

Qatar s’est illustré par son appui de fond aux pays du printemps arabe et plus particulièrement en Libye et à travers le vecteur Aljazeera Dynamique régionale : les premiers effets du rapprochement CCG, les capitaux du Golfe manifestent leur confiance aux perspectives de croissance du Maroc (et semblent se détourner de la vieille Europe en crise!)

Vecteurs

Pour porter les messages ainsi explicités, il convient de mobiliser des leaders d’opinion provenant des sphères suivantes :

✓ Professionnels à envergure internationale

✓ Experts économiques

✓ Acteurs sectoriels nationaux

✓ Figures du monde financier

Ci-après proposition d’un plan média pour installer un halo favorable :

Questions à anticiper

• Existence ou non d’engagement de l’État face à ces investisseurs sur des facilités, des exonérations ou du foncier

• Qualité des signataires du côté marocains, en effet plusieurs ministres sont engagés dans la campagne électorale

• Parasitage d’image / procès d’intention : thématique de la protection de l’environnement face aux grands chantiers touristiques

• Tutelle : il serait judicieux de mettre en avant « l’aménagement urbain et touristique » de nature à diluer la convention sur plusieurs secteurs.

Narrations hostiles

L’occasion de la signature des conventions pourrait être une opportunité pour des parties intéressées afin de diffuser des messages antagonistes suivants :

• Le Roi monte au créneau car il a du recevoir des rapports faisant état d’un score important des islamistes

• Le Roi envoie un signal aux électeurs en faveur du RNI et donc plus largement du G8

• Le parlement est une chambre d’enregistrement, le Roi ne renoncera pas à ses pouvoirs executifs

• Par cet acte la veille du vote le Roi envoie un message clair au prochain chef de gouvernement

Narrations hostiles

• Consécration du « Roi providence » qui empiète sur les prérogatives du gouvernement

• Ce genre d’actes incitent les marocains à bouder les urnes en considérant que les politiques ne font rien puisque le Roi fait tout

• Maroc continue de tout miser sur tourisme (cf. rapport de la Fondation Bouabid)

• Les monarques du Golfe ne présentent que des intentions non suivies d’effets (quid Emaar, Sama Dubai…)

• Le Roi interfère / dérange la campagne électorale dans sa dernière journée qui en constitue un moment fort.

Karim Bouzida, 23 nov 2011

Tags : Maroc, campagne électorale, élections, Printemps Arabe,

Maroc : Le professeur Jean-Pierre, engagé par la DGED pour écrire un article

Jean-Pierre Massias est professeur de droit public à l’Université de Pau et des pays de l’Adour, doyen honoraire de la faculté de droit, spécialiste des transitions démocratiques et de la justice transitionnelle, professeur de droit public. Il est aussi spécialiste du processus de paix au Pays Basque sur lequel il a écrit trois livres :

-Faire la paix au Pays Basque, 2011

-Victimes et poseurs de bombes : un dialogue basque, 2013

-Sur la route… de la société civile dans la construction de la paix au Pays Basque, 2017

En juin 2011, il a été contacté par Abdelmalek Alaoui pour la rédaction d’un article qui encense le pouvoir marocain. Il répond en demandant pour le prix. Voici le texte de son mail :

En fait il faudrait que je voie si la Montagne me la prend… mais il faut que je leur parle today

De : karim karimi [mailto:karim.karimi15@gmail.com]
Envoyé : mardi 21 juin 2011 10:03
À : Abdelmalek Alaoui
Objet : Re: URGENT/tribune massias

Salut,

J’en ai encore parlé à nos amis outre-méditerranéen, hier. Ils me semblent encore évasifs. Ils m’ont promis qu’ils allaient la diffuser. Mais je ne crois que ce que je vois, comme Saint Thomas.

As-tu une autre possibilité ? auquel cas, on envoie nos amis paître !

Amitiés

Le 21 juin 2011 10:53, Abdelmalek Alaoui <a.alaoui@global-intel.com> a écrit :

Tu as une réponse pour la tribune de Massias? CF message ci dessous

—–Message d’origine—–
De : Jean-Pierre Massias [mailto:jean-pierre.massias@univ-pau.fr]
Envoyé : mardi 21 juin 2011 09:48
À : Abdelmalek Alaoui
Objet :

Cher Abdelmalek,
je reviens vers vous à propos de la tribune pour en connaitre les
perspectives de publications et pour la suite (forme du paiement,
perspective de colloque ou d’ouvrage sur la nouvelle constitution).
Dites moi vos préférences et vos disponibilités
bien à vous
jean-pierre

Le 25 novembre 2011 il participe en tant qu’observateur aux élections législatives. Trois jours plus, il en parle dans un article publié sur Le Nouvel Obs intitulé « Maroc : des élections synonymes de reconstruction démocratique ».

Maroc : des élections synonymes de reconstruction démocratique

LE PLUS. Les islamistes modérés du Parti justice et développement (PJD) ont remporté les législatives du 25 novembre au Maroc avec 107 sièges sur 395. Jean-Pierre Massias, observateur international, a constaté sur place les motivations des électeurs.

Les élections législatives au Maroc ont donc rendu leur verdict : à l’issue du vote, où plus de 45% des électeurs se sont rendus aux urnes, c’est le Parti de la Justice et du Développement (PJD, islamiste modéré) qui arrive largement en tête et au sein duquel, du fait des dispositions de la nouvelle constitution, sera choisi par le roi le nouveau chef de l’exécutif.

Toutefois, au delà de ce constat, une réalité bien plus complexe s’impose. En effet, observer de l’intérieur le processus électoral permet également, par la plongée dans le quotidien politique que suppose cet exercice, de compléter ses connaissances et de partager, au fil des conversations et des rencontres, un certain nombre de réalités souvent négligées.

Ainsi, ce jour de vote, pour l’observateur international que j’étais, c’est une réalité plus originale de la démocratisation marocaine qui s’est parfois fait jour et qui mérite d’être prise en compte.

Cette originalité s’exprime d’abord par ses contradictions.

Avant ces élections, le risque était d’abord celui de l’abstention et donc de l’indifférence populaire. Celle-ci aurait été d’autant plus délicate qu’elle aurait été immanquablement mise en perspective avec la participation massive lors des législatives tunisiennes organisées quelques semaines auparavant. Ce risque était d’autant plus réel que le scrutin de 2007 avait été marqué par une abstention record.

A cet égard, les 45 % de participation ont été considérés positivement par les observateurs. Témoignant d’une progression sensible au regard de 2007, ce rebond électoral témoigne que de nombreux électeurs en dépit des appels au boycott ont compris l’échéance de novembre pour ce qu’elle était, c’est-à-dire l’amorce d’une reconstruction du processus démocratique après l’adoption de la nouvelle constitution de juillet dernier.

Ce sentiment a d’ailleurs été maintes fois exprimé autour des bureaux de vote par de nombreux électeurs. « Pourquoi voter ? Les parlementaires n’ont pas de pouvoirs et les partis ne tiennent aucune de leurs promesses. Avec eux rien ne change… »

Ces paroles d’électeurs anonymes sont d’ailleurs très significatives de la réelle portée de cette participation encore timide : celle-ci, bien plus que la volonté de démocratisation, conteste directement la crédibilité des partis politiques et de l’institution parlementaire dont l’image bien peu flatteuse au sein de la société marocaine explique véritablement la portée de cet abstentionnisme.

A cet égard, l’originalité du processus transitionnel marocain tient aussi de ces paradoxes.

En effet, au-delà de ces difficultés, c’est bien la réalité humaine du processus démocratique qui s’est imposée aux témoins de ces élections. Au-delà des interrogations sur les « pressions » présumées subies par les partisans du boycott, aucune malversation n’est apparue lors du scrutin.

Dans l’ensemble des bureaux de vote, les personnes responsables faisaient preuve d’une grande implication et de réelles compétences. Les membres, souvent jeunes, des formations politiques présentes s’impliquaient pleinement dans leur fonctions. Si des cafouillages purent avoir lieu, ces difficultés – qui réduisirent la participation effective contre les intérêts du gouvernement organisateur – ne furent pas de nature à remettre en cause la sincérité d’un processus électoral où, – il convient de le rappeler –, la formation victorieuse ne soutenait pas le gouvernement en place avant les élections.

Si le processus électoral a pu parfois pêcher, c’est bien plus par son organisation et sa complexité (plus de trente formations en lice sur le même bulletin de vote comportant deux scrutin), que par manque de sincérité.

Désormais, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre et qui sera capitale pour la construction démocratique au Maroc. Tous les acteurs vont donc se trouver impliqués dans un processus où chacun devra pleinement assumer ses responsabilités dans le double contexte des révolutions arabes et de la récente reforme constitutionnelle.

C’est dire l’importance de la période qui s’ouvre. Pour mener à bien leur tâche, les acteurs politiques devront sans doute garder à l’esprit cette réflexion d’un électeur – pourtant critique – qui confiait que, même si on citait toujours en exemple l’Espagne ou le Portugal, « il n’y avait aucune raison que le Maroc n’accède pas lui aussi un jour à ce niveau démocratique… »

Tags : Maroc, élections, printemps arabe, Jean Pierre Massias,