Algérie/Anarchie politique et Hirak populaire: « Un lourd héritage » sur le bureau de Tebboune (Analyse)

AA / Alger / Abbès Mimouni

Le président algérien, nouvellement élu, Abdelmedjid Tebboune, entamera ses fonctions avec comme lourd héritage sur son bureau une série de dossiers, au premier rang desquels figurent l’anarchie de la vie politique et la tension sociale générée par la dégradation des conditions de vie.

Tebboune a fixé trois priorités sur lesquelles il commencera à travailler, immédiatement après son investiture, en l’occurrence, l’amendement de la constitution, la révision de la loi électorale et le rétablissement de la réputation de ceux qu’il a qualifié de « victimes de la Bande ».

Le commandement de l’armée algérienne avait étiqueté, au début du mois d’avril dernier, de « Bande » les plus puissants parmi les hommes du régime du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, dont des hommes d’affaires, des chefs sécuritaires et des hommes politiques.

Victorieux au premier tour de la Présidentielle avec 58,13%, Tebboune a prêté serment jeudi dernier.

** Organisation de la vie politique

Le président élu a placé l’amendement de la présente constitution comme étant une des priorités de son programme électoral.

Lors d’un point de presse animé, le samedi 14 décembre, Tebboune a dit qu’il discutera avec des universitaires et des spécialistes du droit constitutionnel le brouillon d’une profonde révision du texte de la Loi fondamentale. Le draft final sera soumis, a-t-il ajouté, à l’approbation populaire via un référendum qui sera organisé à cet effet.

Tebboune n’a pas précisé la nature des changements qu’il envisage d’introduire sur le texte e la constitution. Néanmoins, il se dégage de son intention de soumettre cette révision au référendum populaire la possibilité de changer le régime de gouvernance de «présidentiel » voire « présidentialiste » actuellement à « semi-présidentiel », soit le retour à la formule d’un Chef de gouvernement avec de larges prérogatives, en remplacement d’un Premier ministre, coordinateur de l’appareil exécutif, ou encore au régime parlementaire.

Tebboune avait déclaré, lors de la campagne électorale qu’il veut un discours qui réduit les larges prérogatives attribuées en vertu de l’actuelle Loi fondamentale au président de la République, et qui traite les déséquilibres existants entre les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire.

Le dernier amendement de la Constitution algérienne date de l’année 2016. Cet amendement avait été approuvé par voie parlementaire seulement et non pas référendaire. Ledit amendement, qui n’a pas connu de modifications depuis, a renforcé les prérogatives du président de la République sans pour autant contenir des modalités de reddition de comptes ou de contrôle du chef de l’Etat dans l’accomplissement de ses missions.

Le président algérien élu a annoncé, également, son intention de réviser la loi électorale, dans le but affiché de « consolider la séparation des mondes des affaires et de l’argent de celui de la politique ».

Il a menacé d’infliger des sanctions exemplaires à l’endroit de « quiconque contre qui est prouvé l’achat de voix pour parvenir à occuper un poste élu », considérant que la prédominance de l’argent sur la pratique politique a privé les jeunes d’adhérer aux partis et d’occuper des fonctions, « dès lors que tout s’achète par l’argent», selon lui.

** Aménagement de la situation

L’atelier politique qu’envisage de lancer le président algérien passera par l’aménagement des conditions nécessaires. Le premier défi auquel il fait face dans ce domaine consiste en le traitement réservé aux marches populaires qui se poursuivent chaque mardi et vendredi depuis plus de dix mois.

Le Mouvement populaire a rejeté le processus électoral qui a acheminé Tebboune à la présidence de la République et insiste sur un changement radical du régime.

De son côté, Tebboune a rassuré le Hirak dans un discours prononcé après sa victoire, en lançant : « Mon élection n’est pas un cinquième mandat. Rassurez-vous, il n’y aura pas de continuité de l’ancien régime ».

Il a annoncé son intention de dialoguer avec le Mouvement populaire. Notre main, a-t-il dit, est « tendue au Hirak pour que l’on discute sans exclusion, pour que l’on s’écoute mutuellement, afin d’aboutir à ce qui sert les intérêts de l’Algérie nouvelle ».

L’analyste politique, Abdelali Rezzaki, a estimé que les marches hostiles au maintien du régime actuel se poursuivront.

Dans une déclaration faite à Anadolu, Rezzaki a souligné : « Le Hirak n’est pas un parti politique ou des associations structurées disposant de programmes. Il s’agit d’un Mouvement revendicatif de simples citoyens qui ont rejeté en bloc les cinq candidats, dès lors qu’ils sont considérés comme étant à la solde du régime ».

Il a ajouté que les « protestataires veulent le départ du Chef du gouvernement Noureddine Bédoui et le président de la République, Abdelkader Ben Salah ainsi que la dissolution du Parlement avec ses deux chambres, composées de députés des partis qui ont soutenu Bouteflika ».

« L’esprit du défi auprès des manifestants dans la rue est alimenté par certaines pratiques, telles que les pressions exercées par des éléments de la police, ce qui accentue leur détermination à manifester », a-t-il encore dit.

De son côté, le sociologue Mohamed Kara prévoit une « baisse progressive des marches populaires et un retour à la vie normale ».

Kara a indiqué à Anadolu que « l’Algérie dispose désormais d’un président de la République, élu par le peuple, dans un scrutin présidentiel dont rien n’a entaché la probité et la transparence et dès le début de l’application de son programme, cela se croisera avec les réclamations et aspirations populaires au changement et à l’amélioration de la condition économique ».

** Un lourd héritage

La troisième priorité du président Tebboune est celle de « rétablir la réputation de ceux injustement traités par la Bande », selon la terminologie qu’il a utilisé, et qui vise les hommes d’affaires et les différentes énergies nationales qui ont subi l’exclusion et les sanctions à l’époque de la cour de l’ancien président.

L’analyste politique Mohamed Tibi a relevé que cette priorité croise « le Mouvement populaire revendicatif et non pas le Hirak politisé fond sur projets mis en échec avec l’organisation des élections ».

« Ces élections ont fondé une légitimité constitutionnelle et populaire du nouveau président qui devrait se débarrasser de la rente, de la corruption et des forces occultes et douteuses qui ont gangrené l’économique et la politique », a-t-il poursuivi.

« Le traitement du Mouvement populaire ne sera pas en soi un défi s’il sera procédé à une séparation entre les forces revendicatives constructives et critiques pour un projet de changement national inclusif des forces qui se sont infiltrées et qui n’ont aucune relation avec les revendications légitimes », a encore argumenté l’observateur.

« Le nouveau président ne peut pas ignorer les forces revendicatives propres », a-t-il conclu. (Anadolou)

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Algérie – De la bonne volonté

Alors que la crise politique aura bouclé son cinquième mois, les prémices d’un début de solution ne sont toujours pas visibles malgré les bonnes volontés exprimées depuis par les différents acteurs politiques.

La difficulté à trouver un début de solution qui ferait inéluctablement baisser la tension actuelle trouve sa cause dans la forme que prennent invariablement les différentes initiatives. Celles notamment émanant du pouvoir ou celles encouragées par ce dernier.

La sortie de Taleb Ibrahimi selon laquelle il n’acceptera pas de faire partie d’une quelconque commission de dialogue si elle n’est pas « indépendante et souveraine » vient replacer le curseur à l’endroit du véritable débat.

Aucune proposition de solution politique ou de plate-forme de dialogue, aussi sophistiquée soit-elle, ne saurait avoir de chance de réussite sans une posture sincère.

Cet appel au pouvoir de donner des gages réels de bonne volonté s’inscrit véritablement dans le bon sens. Celui de la recherche d’une voie qui ne souffrirait aucunement de fragilités qui pourraient lui être fatales en cours de route.

Il reste aujourd’hui évident que la crise de confiance ne peut être dépassée par des solutions de rafistolage juste valable à gagner du temps, voire à imposer le fait accompli.

Le refus des Algériens, qui continuent inlassablement à revendiquer le changement, d’accepter des solutions palliatives à la place de véritables ouvertures pérennes est une réalité indépassable en l’état.

Il s’agit d’opter pour des voies durables qui garantissent un minimum de confiance. Sans cela, toute approche est vouée inéluctablement à l’échec avant même son entame.

Les différentes initiatives en cours démontrent allègrement que les obstacles ne peuvent être levés sans une contrepartie franche. La voie la moins risquée pour l’intégrité du pays étant d’user d’un discours franc empreint de crédibilité. Sans cette bonne volonté, la crise algérienne aura encore de beaux jours devant elle.

Source : Reportersdz, 24 jui 2019

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Algérie : Taleb Ibrahimi dit «oui» au dialogue national

par Yazid Alilat

L’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahmi, dont le nom a été proposé à plusieurs reprises pour diriger une période de transition, a réagi positivement hier mardi à la publication d’une liste de 13 personnalités devant mener un dialogue national de sortie de crise politique.

La semaine dernière, mercredi 17 juillet, le Forum civil pour le changement avait proposé une liste de 13 personnalités nationales qui pourraient diriger son initiative de médiation et de dialogue. Cette liste est composée notamment de MM. Ahmed Taleb Ibrahimi, Mokdad Sifi, Karim Younes ou Mouloud Hamrouche.

Dans une réaction à cette initiative, M. Taleb Ibrahimi a remercié, dans une lettre adressée au Quotidien d’Oran, le Forum pour l’avoir inclus dans la liste des personnalités nationales chargées de mener le processus d’un dialogue inclusif de sortie de crise. Il explique dans cette lettre que « mon nom a figuré, sans avoir été consulté, sur la liste des noms proposés pour mettre en place une commission qui sera chargée de lancer et organiser le dialogue national en vue de sortir le pays de la situation d’impasse politique dans laquelle il se débat depuis l’annulation du 5e mandat ».

Il ajoute : « Etant de retour de l’étranger après une courte visite, et en remerciant toute personne qui m’a témoigné sa confiance, je considère que c’est là une reconnaissance explicite de la position à laquelle je n’ai jamais dérogé, et ce depuis que j’ai appelé au dialogue et à la concorde civile pour éviter au pays le drame des années 1990, une position à laquelle je tiens toujours ».

M. Taleb Ibrahmi estime dans cette lettre que « toute approche sérieuse, qui doit être mise en œuvre afin d’écourter le chemin vers la paix et pour se débarrasser définitivement des pratiques de la corruption et de la dictature, doit d’abord reconnaître l’existence d’une crise de confiance profonde entre le peuple et ses gouvernants, laquelle a débouché sur la rupture du 22 février dernier ». « Cette rupture a fait naître une conscience chez les jeunes qui n’acceptent plus les solutions de replâtrage et les demi-solutions », relève-t-il, avant de souligner que « partant de cette vérité, le souhait du pouvoir de lancer un dialogue doit émaner d’une volonté politique véritable, qui dépasse les considérations de conjonctures et instantanées ». Mieux, selon lui, cette volonté politique doit prendre en compte « les revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer ».

Auparavant, l’avocat Mustapha Bouchachi, également inclus dans cette liste, avait remercié lui aussi le Forum civil pour le changement, avant de souligner que « par principe, le dialogue reste la meilleure voie et le moyen civilisationnel pour une sortie de crise que vit l’Algérie ». De son côté, la moudjahida Djamila Bouhired, dont le nom a figuré dans la même liste, avait expliqué avoir appris avec « stupéfaction que mon nom figurait sur une liste de personnes chargées d’organiser un dialogue entre le pouvoir et le mouvement populaire ». Elle a ajouté dans un communiqué que « personne n’a demandé mon avis et je n’ai donné mon accord à personne », relevant que « je ne peux faire partie d’un groupe de personnes dont certaines ont servi le pouvoir ».

M. Taleb Ibrahimi estime par ailleurs que la commission de dialogue devant être mise en place «n’a aucune utilité dans le moment présent sauf si elle jouit d’une totale indépendance dans sa gestion et qu’elle est libre et souveraine dans ses décisions et cela afin qu’elle aide à bâtir un consensus national autour de la meilleure formule à même de concrétiser les revendications du Hirak populaire pour le changement radical ». Il a terminé sa déclaration en réitérant son soutien au Hirak et a appelé ses différentes composantes à poursuivre sur la même lancée et dans la voie pacifique. Avec cependant, « plus de vigilance et ce afin de sauvegarder son principal acquis, en l’occurrence l’unité des rangs jusqu’à la réalisation des objectifs légitimes ».

Après quelques réactions négatives, le Forum avait expliqué jeudi 18 juillet que Djamila Bouhired, Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi n’ont pas été contactés pour faire partie de l’instance de médiation. «Nous précisons que nous avons pris attache avec de nombreuses personnalités nationales et obtenu leur accord pour participer à la démarche. Quant à la moudjahida Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi et Mouloud Hamrouche, c’est le Forum qui a pris l’initiative d’inclure leurs noms directement dans la liste pour la symbolique qu’ils représentent, leur popularité, leur passé militant et leur poids politique », indique le Forum dans un communiqué. « Sans diminuer de la valeur des autres personnalités figurant dans la liste, nous estimons qu’il est inconcevable d’entamer le processus de dialogue sans ce genre d’hommes et de femmes. Nous saluons leurs positions, nous respectons leurs décisions et leurs avis et nous restons dans l’attente d’un signal de leur part. Quoi qu’il en soit, le processus de dialogue a pris la voie qui mène vers la sortie de crise », ajoute-t-on.

Les 13 personnalités nationales proposées par le Forum civil pour le changement sont : Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Karim Younes, Mustapha Bouchachi, Fatiha Benabaou, Nacer Djabi, Smail Lalmas, Lies Merabet, Nafissa Hireche, Aicha Zinai et Islam Benaya.

Le Quotidien d’Oran, 24 jui 2019

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Algérie : Le long été des juges

Les grosses affaires de corruption en cours ont chamboulé tout le calendrier de vacances du corps judiciaire. Cette année, magistrats et procureurs sont contraints de programmer et d’aménager leur temps de repos en fonction des dossiers explosifs qui défilent les uns après les autres.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – La situation exceptionnelle est installée depuis un moment déjà, «car même les week-ends traditionnels ne s’octroyaient plus de manière systématique», nous fait-on savoir dans le milieu. «Dans les tribunaux où se concentrent le plus grand nombre de ces affaires, les juges et procureurs étaient parfois forcés de se reposer durant la semaine lorsque rien de spécial n’était programmé. C’est nécessaire, un droit, certains passent parfois près de quarante-huit heures consécutives dans leur bureau.

Plusieurs cadres et hommes d’affaires ont été placés en détention provisoire vers cinq ou six heures du matin. Cela s’est fait y compris les vendredis, vous vous souvenez pour Hamel, c’est ce qui s’était passé. Les vacances, c’est tout autre chose. C’est, encore une fois, un droit puisque ce sont des fonctionnaires, mais le planning est différent».

La charge d’établir ce programme de vacances revient au procureur général qui a, cependant, déjà libéré «une première vague de magistrats» spécialisés dans les dossiers civils. Une formalité, nous dit-on, car les juges en question ne sont pas tenus par cette situation d’exception.

Cette catégorie est d’ailleurs la seule à bénéficier annuellement de congé octroyé de facto, généralement appelé vacances de l’année judiciaire, car n’étant pas tenus par des dossiers concernant des clients en détention. Ces derniers sont en charge des magistrats spécialisés dans le pénal ou criminelle, appellation spécifique qui caractérise justement les gros dossiers de corruption qui se déversent sur le tribunal de Sidi-M’hamed et la Cour suprême. Il y a plus d’un mois, le procureur général a mis en place une équipe spécialisée pour faire face aux dossiers qui pleuvent et transmis par les enquêteurs de la gendarmerie de Bab J’did ou ceux de la police judiciaire. Des couples de juges et de procureurs ont été formés pour assurer la continuité de la gestion des affaires et permettre aussi de dégager des heures de repos aux concernés. Certains, apprend-on, ont déjà eu droit au précieux titre de congé, mais cette année, les jours octroyés n’excéderont pas quinze ou vingt jours.

On apprend, également, que plusieurs congés ont été différés et ne seront délivrés qu’aux mois de septembre ou octobre prochains. La même situation prévaut au niveau de la Cour suprême où défilent, depuis de longues semaines, un nombre impressionnant d’anciens ministres, Premiers ministres, walis et ex-secrétaires généraux de ministères.
Le lieu est aussi celui où se succèdent les fourgons cellulaires transportant les anciens dirigeants mais aussi celui où sont sommés de se présenter d’anciens ministres et walis placés sous contrôle judiciaire. Trois anciens membres de l’exécutif d’Ouyahia et un ministre de Bédoui ont été sommés de signer régulièrement un procès-verbal devant le magistrat en charge de leur dossier.

Il s’agit de Abdelghani Zaâlane, Karim Djoudi, Amar Tou, et de Abdelkader Benmessaoud, actuel ministre du Tourisme. Dans les communiqués rendus publics, la Cour suprême n’a pas précisé à quelle fréquence devait s’effectuer cette procédure.

«Le P-V peut être signé toutes les semaines, tous les quinze jours ou une fois par mois, c’est le juge qui décide», explique un avocat, avant d’ajouter : «Mais tout ceci veut dire que l’équipe en place et qui gère les dossiers de corruption reste mobilisée malgré les vacances car la mise sous contrôle judiciaire ne veut pas dire que le client est libre, c’est la frontière entre la liberté et la prison, le client a été inculpé, mais l’instruction se poursuit.
La même situation vaut pour les tribunaux où doivent pointer les cadres et secrétaires généraux des ministères, car la Cour suprême n’est concernée que par les ministres et les walis.»

Abdelkader Zoukh figure ainsi parmi les personnes sommées de rendre visite au juge régulièrement au niveau de cette haute instance de justice.
Près d’une quarantaine de cadres, fonctionnaires ou responsables d’entreprises de montage automobiles doivent se soumettre à la même règle dans les juridictions de leur circonscription. Dans cette longue liste, se retrouvent également les noms des épouses de Abdelghani Hamel, ancien patron de la DGSN, et de Hamid Melzi, ancien directeur général de Club-des-Pins.

En marge de ces procédures, la justice est appelée à procéder incessamment à la réouverture de dossiers brûlants. La Cour suprême a, en effet, récemment fait savoir qu’il s’agissait des dossiers Khalifa et Sonatrach II.
La procédure implique un renvoi de ces affaires vers le tribunal ayant eu à les étudier précédemment, mais «il est aussi tout à fait probable que la Cour suprême désigne une autre équipe, ou un autre tribunal pour prendre en charge les dossiers».

Dans le cas Khalifa, apprend-on, la nouvelle enquête ne visera qu’un seul point, un seul volet de l’affaire considéré comme mal pris en charge ou «bâclé» «car il y a déjà eu condamnation et cassation mais que l’enquête n’a pas pris en charge le témoignage d’une personne précise». La procédure qui concerne l’affaire Sonatrach II est, en revanche, totalement différente de la précédente.

Dans ce cas-là, on peut effectivement parler de «réouverture» car «l’affaire a été instruite une seule fois puis classée, les principaux mis en cause, parmi lesquels Chakib Khelil, n’ont jamais été convoqués».

Contrairement à l’affaire Khalifa, où la Cour suprême a appliqué son droit de procéder à une nouvelle instruction sur les zones d’ombre décelées, la décision de rouvrir le dossier Sonatrach II émane du ministre de la Justice (la décision fait également partie des prérogatives du chef de l’Etat), «qui estime que le loi n’a pas été appliquée».

A. C.

Le Soir d’Algérie, 24 jui 2019

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Ali Benflis à al-Jazeera : «l’armée n’a pas bloqué les revendications du Hirak, bien au contraire !

C’est un Ali Benflis aussi bienveillant que conciliant qui s’est livré au site internet de la chaîne qatarie www.aljazeera.net/news/politics/.

Dans un long entretien publié ce dimanche, le président de Talaei El Hurriet a tenu un discours positif à l’égard de l’état-major que beaucoup parmi les partis de l’opposition accusent de vouloir détourner le combat du Hirak pour peser sur l’avenir politique du pays.

«L’institution militaire a grandement contribué à la concrétisation des revendications du Hirak(…) et nul ne peut nier cette réalité ou tenter de la réduire», a estimé » Ali Benflis pour qui l’armée s’était d’emblée mise du côté du peuple et l’a aidé à faire aboutir ses revendications».

Tout au long de ses réponses l’ex chef du gouvernement de Bouteflika s’est en effet bien gardé d’émettre la moindre critique à l’égard de l’état-major.

A la question de savoir si le vrai pouvoir, comme le pensent de nombreux acteurs politiques, est entre les mains des militaires, Benflis s’en est sorti par une pirouette en faisant observer que l’institution est la seule qui a «échappé à l’ancien régime» et qu’elle est restée «unie, solidaire et poursuivait l’exercice de ses missions constitutionnelles».

Il en veut d’autant plus que toutes les autres institutions de la république ont subi la «désertification politique méthodique ordonnée par l’ancien régime» au point de plonger le pays dans la «pire crise de son existence», souligne Benflis.

Pour lui la présidence de l’Etat, le sénat, l’assemblée populaire nationale et le conseil constitutionnel ont prouvé leur «incapacité» à trouver une solution à la crise.

C’est pourquoi d’après lui, l’armée a été contrainte de prendre ses responsabilités pour pallier à cette faillite des institutions «discréditées et illégitimes».

Au plan politique, Ali Benflis prétend que l’armée « a choisi de se mettre dans le camp du Hirak populaire et qu’elle s’est engagée à l’accompagner jusqu’à la satisfaction de ses revendications pleine et entières».

L’ex chef du gouvernement du président Bouteflika, qui a réagi favorablement à l’offre de dialogue du chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a réitéré sa disponibilité à s’y inscrire pour réunir les conditions d’une élection présidentielle dans un délai qui ne saurait dépasser six mois.

Seul bémol de Benflis : Que le pouvoir prenne des mesures de détente comme la libération des détenus d’opinion, l’installation d’un gouvernement de compétences nationales, l’ouverture du champ politique et médiatique et l’installation d’une commission indépendante composée de personnalités nationales «crédibles».

Algérie1

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Voici les personnalités proposées par le Forum civil pour le changement

Le Forum civil pour le changement a proposé, ce mercredi 17 juillet 2019, un certain nombre de personnalités pour mener le dialogue national inclusif, selon Echorouk News.

Il s’agit de la Moudjahida Djamila Bouhired, des anciens chefs de gouvernement Mouloud Hamrouche et Mokdad Sifi, de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb El Ibrahimi, de l’ancien président d’APN, Karim Younès, de l’académicien Nacer Djabi, de la spécialiste du droit constitutionnel Fatiha Benabbou, de l’avocat Me Mustapha Bouchaci, de l’activiste Islam Benatiya, du syndicaliste Lyes Merabet, de l’activiste Nafissa Lahrèche, l’économiste Smaïl Lalmas et de l’activiste Aicha Zeniai.

Il est utile de rappeler que le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah a appelé dans son discours, prononcé le 3 juillet dernier, à un “dialogue national inclusif qui sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale”.

Echourouk Online, 17 jui 2019

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Dialogue national : Karim Younes confirme qu’il sera membre du panel de la Présidence

L’ex président de l’APN, Karim Younes va faire partie du panel des personnalités nationales devant mener le dialogue proposé par le président de l’Etat Abdelkader Bensalah dans son discours du 4 juillet dernier.

C’est le concerné lui-même qui l’annonce aujourd’hui mardi via sa page Facebook, révélant dans un texte adressé : «A mes contacts habituels : vérités et transparence », avoir été officiellement approché pour faire partie d’un «processus de médiation».

«Des échos des milieux politiques laissent penser que La Présidence de l’Etat semble avoir entendu le message de la volonté du peuple», croit savoir Karim Younes, qui évoque par ailleurs des «préalables intangibles sont avancés sans quoi rien ne pourra se faire».

«Aussi, ma présence au sein de cette instance de médiation, en gestation étant vivement souhaitée par ailleurs…

Puis-je alors me dérober de ce que l’on ne peut considérer que comme un devoir national ? » s’interroge l’ex ministre de la formation professionnelle, qui annonce ainsi sa décision de s’engager au sein de ce panel.

Karim Younes qui partage sa décision avec ses «amis» sur Facebook, les invite aussi à lui faire à part de leur remarques et conseils pour «parachever la réflexion».

«C’est pourquoi, j’ai pris la résolution de faire appel à mes contacts habituels pour parachever la réflexion et m’aider à suivre une démarche qui pourrait être bénéfique pour tous.

Il rappelle avoir «maintes fois rappelé à tous ceux qui m’ont approché pour m’entretenir de l’initiation d’un processus souverain de médiation, que le cadre du dialogue recherché entre les enfants de la patrie, doit, impérativement, s’inscrire dans l’esprit des revendications légitimes des millions d’Algériennes et d’Algériens qui sont sortis dans la rue pour exprimer leur colère et leur désir de changement, sans quoi tout est voué à l’échec».

L’ex 3ème personnage de l’Etat précise que ces personnalités, parmi elles, des «scientifiques, des constitutionnalistes de renom, des hommes de droit, des femmes et des hommes de la société civile, partagent, avec moi, cette conviction et en font même une condition sine qua non».

Un devoir national

Et d’ajouter : «L’approche de ces hommes et femmes de cœur consiste à donner un sens aux revendications, plusieurs fois réitérées par les manifestants à travers la révolution pacifique, déclenchée par la population algérienne en février 2019, galvanisée par les jeunes dans les stades par leurs prises de conscience d’où est sorti l’hymne de cette révolution «El Casa d’El Mouradia», tout autant que la jeunesse estudiantine».

Karim Younes précise en outre que ces personnalités n’ont aucunement la prétention de représenter le Hirak.

«Inutile de préciser qu’il n’est pas dans leurs intentions d’être les représentants du mouvement ni avoir la prétention de s’autoproclamer ses porte-paroles, car ce serait démontrer un manque de discernement politique et de patriotisme», lit-on sur sa page Facebook.

La mission de ce panel de ces personnalités «soucieuses de l’avenir de notre pays», «d’essayer de matérialiser ces revendications en les défendant auprès des autorités, auxquelles incombe la responsabilité de donner suite» assure Karim Younes.

Pour lui, son souci primordial et celui de ses homologues de la commission de médiation, est de «partager une cause commune afin d’apporter leurs concours pour assurer les convergences nécessaires, un regard objectif et crédible aux contributions des hommes politiques, des différentes associations et autres ligues de la société civile».

Il rassure enfin que «l’écho des millions de poitrines qui battent le pavé depuis maintenant près de cinq mois demeure la source d’inspiration de leur démarche en vue de définir une voie argumentée basée avant tout sur l’intérêt de la nation».

Algérie1, 16 jui 2019

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Algérie: Le business de la démocratie

Face à l’offre de dialogue pour en finir avec la crise institutionnelle, force est de constater que les partis politiques ne sont pas sur la même longueur d’onde. Certains acceptent le principe et affichent une grande disponibilité à s’inscrire dans le plan présenté par Bensalah, d’autres estiment nécessaire la réunion de préalables, alors que d’autres encore rejettent totalement l’offre et y voient une manœuvre du système pour se redéployer. Cette diversité d’opinion et de positionnement pourrait être vue comme un enrichissement, sauf que l’Algérie est, présentement un pays sans président élu.

Sans revenir sur les conséquences dramatiques d’un foisonnement partisan stérile, l’on rappellera simplement que le coup de frein apporté à « l’industrie des partis » n’a pas suscité beaucoup de commentaire au sein de la société. C’était quelques personnes, sans doute intéressées, qui criaient au scandale, accusant les autorités d’atteinte aux droits politiques des Algériens. Ces milieux évoquaient avec insistance « le verrouillage politique » et dénonçaient le pouvoir en place qui, selon eux, s’appropriait la scène partisane, la dessinant à son image et excluant tout ce qui ne cadre pas avec l’idée qu’il voudrait propager au sein de la société.

Toutes les voix discordantes appartenaient à des individus en attente de création de parti politique et bloqué net par le gel décidé par l’Etat tout au long de la première décennie du troisième millénaire. S’il existe parmi ces contestataires des personnalités honnêtes et désireuses de participer au développement du pays à travers leur contribution au plan politique, il existe également dans le lot des individus, dont l’objectif est autrement plus pécuniaire. L’on a, en effet, découvert qu’une formation politique est un investissement rentable. Un congrès constitutif juridiquement et administrativement conforme ouvre la possibilité de parrainer des listes de candidature. C’est justement à ce niveau que se fait l’essentiel du business.

Le foisonnement partisan, que nous vivons ces temps-ci, a, durant des années, participé de cette logique mercantile et a eu pour principale conséquence un survoltage inutile du paysage politique national. Inutile, parce que la révolution pacifique s’est faite en dehors de cette sphère. Et aujourd’hui, chaque formation veut appliquer son propre agenda à la révolution pacifique. C’est dire que nos leaders politiques n’ont rien retenu de l’histoire récente du pays.

Par Nabil.G

Ouest Tribune, 14 jui 2019

Tags : Algérie, dialogue, armée, Gaïd Salah, transition,

Algérie : Un ton et des pratiques contre-productifs

par Kharroubi Habib

Le haut commandement de l’ANP et son homme fort le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major, sont déterminés à garder le cap sur l’organisation dans les plus brefs délais de l’élection présidentielle afin que le sommet de l’Etat renoue avec la légitimité constitutionnelle irrécusable dont il n’est plus investi aux yeux de la majorité des Algériens depuis le 9 juillet qui a marqué la forclusion de l’intérim dévolu en sa qualité de président du Sénat à Abdelkader Bensalah suite à l’activation de l’article 102 à l’encontre de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.

Mais s’ils ont obtenu le ralliement à leur agenda d’une frange non négligeable de l’opposition ainsi que de personnalités politiques et d’organisations et associations de la société, ils sont loin d’avoir réuni les conditions de l’ouverture du dialogue national sur les modalités et mécanismes à mettre en place pour le scrutin auquel Bensalah en accord avec eux a convié l’ensemble des acteurs politiques et sociétaux. L’agenda auquel tiennent le haut commandement de l’armée et son chef le général Gaïd Salah est en effet rejeté par d’autres acteurs politiques et sociétaux dont l’absence au dialogue proposé par Bensalah rend impossible de considérer l’accord qui en découlerait comme le produit d’un consensus vraiment national. Cela d’autant que ces parties disposent visiblement d’une influence qui fait défaut à celles qui ont fait preuve de réceptivité à l’égard de la démarche politique prônée par le haut commandement de l’armée pour la sortie de crise.

C’est à cet ancrage populaire des opposants à sa démarche que le chef d’état-major de l’ANP s’est décidé de s’attaquer en musclant son discours contre ces opposants qu’il a fini par traiter de « traîtres » travaillant contre les intérêts de la nation et obéissants à des cercles étrangers dont les desseins sont de plonger l’Algérie dans le chaos menant à la destruction en tant qu’Etat. Gaïd Salah n’a pas fait que jeter l’opprobre sur cette grange de l’opposition, il a formulé des directives aux forces de l’ordre dont l’application se traduit par la chasse aux militants et activistes qui relaient ses slogans et mots d’ordre au sein du mouvement populaire. Ce qui ne dispose pas pour autant ce dernier à se démarquer de cette frange de l’opposition au principe qu’il milite pour la liberté d’expression et d’opinion.

La tentation au recours à la répression dont est indicatrice l’attitude du vice-ministre de la Défense nationale est de même désapprouvée par ceux qui ne sont pas fermés à l’option de l’élection présidentielle en tant qu’opération première à la réinstauration de la légitimité constitutionnelle. Ils ont en effet conscience qu’abonder dans le sens d’un pouvoir qui use de l’argument de la répression contre ses adversaires leur vaudra un irréparable discrédit dans l’opinion publique dont ils ne pourront se prémunir qu’en se montrant à l’égard de ce pouvoir intransigeants sur la défense des libertés d’expression et d’opinion.

Le Quotidien d’Oran, 13 jui 2019

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Algérie : L’ANP maintient le cap

Attachement aux solutions constitutionnelles : L’ANP maintient le cap

L’attachement aux solutions légales et constitutionnelles conduisant à l’organisation de l’élection présidentielle, dans les plus brefs délais, permettra à l’Algérie de surmonter la crise conjoncturelle qu’elle traverse, souligne la revue El-Djeich dans sondernier numéro.

« C’est là une position de principe qui ne saurait, en aucun cas, être remise en cause et uneoption nécessaire qu’impose une des règles essentielles de la démocratie. Une démarche qui balisera la voie à l’édification de l’Algérie de demain sur des fondements solides, la conduira vers des horizons plus sûrs et qui démontrera, en même temps, ce que le Haut commandementde l’ANP n’a eu de cesse d’affirmer, à savoir, qu’il ne nourrissait aucune ambition politique, contrairement aux assertions tendancieuses et mensongères de certaines voix », souligne l’éditorial du dernier numéro de la revue de l’ANP.

L’éditorial relève, en outre, que « l’ANP continuera d’avancer sur la voie qui mènera à la concrétisation de la volonté populaire, conformément à l’engagementqu’elle a pris d’oeuvrer, à ce que la crise que traverse le pays soit surmontée afin de renouer avec le processus électoral, et s’en remettre aux urnes pour l’élection d’un président de la République et de barrer ainsi la route à ceux qui revendiquent une période de transition qui constitue, à n’en pas douter, un choix aventureux qui n’a d’autre finalité que d’ébranler la stabilité du pays et de le plonger dans des futilités, sources de déviations et d’égarements, dont il serait difficile d’en sortir ».

« Les réalisations concrétisées jusqu’à présent par notre Commandement, qu’il s’agisse de la lutte contre la corruption, d’accompagner le peuple, du respect de la Constitution, ou d’encouragement du dialogue entre toutes les parties, est en lui-même un acte patriotique grandiose qui reflète le souci de l’institution militaire, de son Commandement et de tous les hommes sincères, de barrer la route à tous les +Don Quichotte+ chargés de la mission de proposer des solutions importées et de concrétiser des agendas néfastes enrobés dans des terminologies et expressions douteuses. C’est le voeu de la bande, de ses têtes et de tous ceux qui leur vouent allégeance », indique la revue.

Pour El-Djeich, c’est ainsi que se traduit « le souci de l’institution militaire de l’impératif de respecter la Constitution du pays et d’appliquer les lois en vigueur, pour barrer la voie à tous les opportunistes, arrivistes et traitres qui tentent de brouiller les efforts des fidèles fils de l’Algérie et les empêcher de servir leur patrie, car servir la patrie signifie, incontestablement, l’impératif de faire face aux ennemis de la nation ». La revue cite, dans ce sens, les propos soulignés par le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, lors de sa dernière visite à l’Académie militaire de Cherchell, à savoir « les malveillants ne craignent que les hommes de bonne volonté ».

« En effet, ne font peur aux corrompus que les gens honnêtes, l’alignement du peuple autour de son armée ainsi que la confiance qu’il voue aux héritiers de la glorieuse ALN », estime El-Djeich, ajoutant que « cette réalité fait peur aux forces du mal, aux agitateurs de l’ombre et les rappelle à leur véritable dimension de groupe de voleurs et de mafieux sans aucun honneur ni dignité, prêts à vendre leur pays pour concrétiser des intérêts étroits et satisfaire leurs maîtres et mentors ». Pour la revue, « notre armée ne craint ni ces méthodes ni ces comportements, encore moins les tours de passe-passe tant qu’elle jouit du soutien du peuple qui a confiance en sa démarche ».

Par : RAYAN NASSIM

Le Midi Libre, 13 jui 2019

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