Franc CFA : Quand la France sort par la porte pour rentrer par la fenêtre

Le 21 décembre 2019, un accord monétaire signé par le gouvernement français et les gouvernements de 8 Etats de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cet accord a donné lieu à une loi autorisant son approbation, loi qui a été adoptée en Conseil des Ministres le 20 mai dernier en France.

Il s’agit de réformer les instances et le fonctionnement du Franc CFA, monnaie créée en 1945 et qui est donc, une survivance de l’ère coloniale contre laquelle ont lutté beaucoup de responsables politiques, parfois au prix de leurs vies, pour certains. Ont lutté également des économistes, des chercheurs, et des mouvements citoyens qui ont été de plus en plus nombreux ces dernières années pour sensibiliser les opinions publiques à la question monétaire et à la question centrale de la souveraineté monétaire.

Cette loi propose de rebaptiser le Franc CFA « éco », mais au delà de cette symbolique, qu’en est-il exactement de cette réforme, des changements qu’elle a introduits? Acte-t-elle la mort du Franc CFA ou organise-t-elle une continuité ou maintient-t-elle la servitude monétaire?

 Pour Martial-Ze Belinga, économiste et sociologue, membre du comité scientifique de l’UNESCO pour l’histoire générale de l’Afrique, coauteur du livre « Sortir de l’incertitude de la monnaie A qui profite le Franc CFA », paru en 2016, la politique monétaire restera la même puisqu’on a toujours un encrage à l’euro et c’est une monnaie à change fixe avec les contraintes qu’on connaît sur cette monnaie. Sur le régime de change, rien n’a changé. La gouvernance générale de la monnaie n’a pas changé non plus. Les mêmes critères qui sont, d’ailleurs repris de la construction européenne, rien n’a changé de ce point de vue-là.

« Il y a une proposition de changement de nom et une proposition de changement ethnique dans la garantie financière. C’est d’ailleurs ce que l’UE a retenu. C’est la modalité technique de la garantie financière qui change mais, fondamentalement, l’impression reste française » a-t-il ajouté.

Pour N’dongo Samba Sylla, économiste chargé de programme à la fondation Rosa de Luxembourg à Dakar, coauteur de « L’arme invisible de la françafrique », parue en 2018, il y a deux Francs CFA : celui de l’Afrique de l’Ouest et celui de l’Afrique Centrale. La réforme qui a été annoncée en décembre concerne le Franc CFA émis par la Banque Centrale et les Etats de l’Afrique Centrale.

Il a ajouté que ces réformes annoncées sont des réformes administratives parce que rien ne change à la politique monétaire, les mêmes relations asymétriques entre la France et les pays utilisant le Franc CFA, parce que le France CFA, au delà du nom, est un système qui repose sur des piliers qui sont là depuis 1939 .

M. Sylla rappelle que la parité fixe avec la monnaie française, au départ sur le franc CFA et maintenant sur l’ECO. Rien n’a bougé. La possibilité pour les entreprises françaises de pouvoir rapatrier leurs fonds sans restriction, cela n’a pas changé non plus. Le principe que le trésor français soit le « garant » du Franc CFA et on sait que cette notion de garantie, en fait, n’a aucune valeur, parce que, historiquement parlant, ce sont les pays africains qui ont garanti la parité du Franc CFA vis-à-vis de l’euro. C’est des mécanismes disciplinaires mis en place pour que les pays africains ne puissent jamais avoir besoin de la garantie, un fait que même le texte de projet de loi reconnaît. Tant qu’il y a un accord de coopération entre les pays africains et la France avec ce statut de « garant » du trésor français, on est toujours dans le colonialisme monétaire.

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Le Ghana, ciblé par les forces maléfiques de l’Occident

En 1916 l’Allemagne perd sa colonie africaine du Togo. Sa partie Est, est confiée à la France et sa partie Ouest à la Grande-Bretagne, par la SDN l’ancêtre de l’ONU.

Aux moments des indépendances la partie Est devient le Togo tel qu’on connait ce pays aujourd’hui et la partie Ouest est intégrée au Ghana. Au nom de ses idéaux panafricains, N’Krumah avait voulu absorber toute la colonie du Togo au sein de son pays mais avait du faire face à un refus catégorique du président Olympio.

Depuis il n’y avait plus jamais eu de litige territorial concernant le sort de la colonie du Togo.

Pourtant le 8 mai dernier le Ghana a eu à faire face à une tentative de sécéssion de la région de la Volta.

Les forces armées ghanéenes ont arrêté une centaine de sécésionistes qui avaient préparé une déclaration de l’avènement du Togoland, avaient ébauché une constitution créé un drapeau et des armoiries du Togoland.
Leur projet était clairement réactionnaire puisqu’il prônait la restauration d’une configuration politique coloniale.

Il était aussi inapproprié puisque les habitants de la Volta ex-Togoland n’ont jamais été discriminés par le Ghana sur la base de leur identité régionale.
Le fait est que les sécésionistes du Togoland ont très certainement été instrumentalisés par les Occidentaux.

Parce qu’on vient de découvrir dans cette région de nouveaux gisements de pétrole et d’or.

Mais surtout parce que la région de la Volta est le poumon énergétique du Ghana et d’une grande partie de l’Afrique de l’ouest.

En 1961 Kwame N’Krumah avait fait construire sur le fleuve Volta un barrage hydroélectrique et un lac artificiel.

Sur fond propre majoritaire du Ghana , le reste des fonds provenaient de prêts financiers internationaux que le Ghana a entièrement remboursé à ses bailleurs .

Depuis, le barrage d’Akossombo fournit de l’électricité à toute la population du Ghana.

Il alimente aussi en électricité tout le complexe industriel du Ghana créé par N’Krumah dans les années 60 et qui n’a jamais cessé de se développer.
Le barrage fournit aussi au Togo et au Bénin toute l’électricité que ces deux pays consomment.

Il fournit aussi au Burkina-Faso au Nigeria et à la Côte d’Ivoire une bonne partie de l’électricité que ces pays consomment.

Il est donc clair qu’amputer la région de la Volta du Ghana reviendrait à compromettre l’indépendance énergétique du Ghana, celle des pays environnants et toutes les politiques de développement économique de cette sous-région de l’Afrique de l’ouest avec les conséquences que l’on imagine.

Parce que les sécésionistes du Togoland sont des aventuriers vendus aux Occidentaux.

Parce que le Ghana est le pays le plus stable de la sous-région, le plus avancé en terme d’aménagement technique et technologique des territoires locaux, celui qui a presque toujours assumé ses responsabilités panafricaines qui sont à mon sens la seule voie politique pouvant permettre à l’Afrique de sortir des marasmes politiques économiques et sociaux dans laquelle elle végète.

L’affaire du Togoland met en évidence une fois de plus que ce sont les pouvoirs occidentaux coloniaux qui font barrage chaque fois qu’ils le peuvent à la volonté des Africains de prendre leur destin en main.
Mais plus précisément la fausse affaire du Togoland est à mettre en parallèle avec les prétendus agressions de djihadistes menaçant la stabilité du Sahel.

Les Français et les Étatsuniens ayant besoin de prétextes pour intervenir dans nos pays, pour les déstabiliser et en prendre le contrôle, comme au bon vieux temps des colonies.

Ahmad Ngoubo

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L’emprise marocaine sur la Tijâniyya en Afrique

Le soufisme est cette quête en Islam d’une spiritualité pure connue pour sa tolérance. Le Maroc, terre de brassages et de passages a une longue tradition soufie. Afin de mieux la connaître, nous vous donnons rendez-vous chaque semaine pour en exploiter quelques facettes.

Fondée en 1781 à Abû-Samghûn près de ‘Ayn-Mâdî par Ahmed Tijani, la confrérieTijâniyya a connu sa plus grande expansion après la mort de son fondateur. Ce dernier s’est installé définitivement à Fès en 1798 jusqu’à sa mort en 1815. Si la fondation a eu lieu dans une région frontalière entre le Maroc et l’Algérie, l’implantation de cette confrérie allait se matérialiser avec la fondation de la première zâwiyya tijânîe à Fès en 1801.

C’est à partir de là que cette confrérie a pu s’implanter en Algérie et surtout à Ayn-Madî, que le fondateur avait quitté pour Fès sous les pressions des gouverneurs turcs et d’une bonne partie des habitants de cette localité, en Tunisie et en Afrique subsaharienne.
Aujourd’hui, les adeptes de la Tijâniyya en Afrique de l’Ouest constituent une majorité au sein des adeptes de la Tijâniyya dans le monde musulman. Le Sénégal a lui seul compte des millions d’adeptes partagés entre deux obédiences : la Tijâniyya Niassène qui a son foyer et son lieu de pèlerinage à Kaolack et la Tijâniyya héritière d’El Hâjj Malick Sy (m. 1922) et son pèlerinage de Tivaouane en plein pays wolof.

Ces deux obédiences restent attachées à la zâwiyya de Fès et ce malgré les concurrences et les divisions qui les secouent. L’introduction de la Tijâniyya en Afrique de l’Ouest s’est faite par le biais des Tijânîs marocains, mauritaniens et surtout de ses figures emblématiques M. al-Hâfed (m. 1830), le peul al-Hâjj ‘Umar (m. 1864) et les Marocains Akansûss ; Tayeb Sufyânî et A. Skîrej (m. 1944). La Tijâniyya s’est bien implantée en Afrique entre 1830 et 1880, mais c’est surtout à l’époque coloniale que son implantation a connu son essor.
La Tijâniyya s’est bien implantée en Afrique entre 1830 et 1880, mais c’est surtout à l’époque coloniale que son implantation a connu son essor.

Notre point de vue est qu’au départ, vers 1896, il y a eu un projet des autorités coloniales françaises de fonder une tarîqa tijâniyya en Afrique de l’Ouest, rattachée à la Tijâniyyyaalgérienne, pour contrer l’influence de la Tijâniyya ‘umarienne dans la région de Nioro (au Maliactuel), et limiter l’influence de la Tijâniyya marocaine, à une époque où le Maroc était encore indépendant. Ce projet colonial peut paraître étrange. Mais la documentation disponible montre pourtant qu’il a existé.

L. Rinn avait constaté en 1884 que la Tijâniyya pourrait constituer un ordre confrérique “national ” qui serait en mesure de rendre divers services à l’administration coloniale et de réduire la marge de manœuvre des autres confréries dites anti-française. De leur côté,Deppont et Coppolani parlent du projet de faire intervenir la Tijâniyya dans l’entreprise de rattachement de l’Afrique de l’Ouest à l’Algérie. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre les divers envois, sur ordre de l’administration française, de lettres et de personnages des zâwiyas algériennes vers ces contrées.

Après quatre années de recherches sur les failles, les différences et l’influence spirituelle et politique de toutes les zâwiyas tijânîes au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, le projet d’envoi d’émissaires au Sénégal et au Soudan avait pris une certaine consistance. Mais la logique coloniale s’est heurtée à la stratégie du colonisé. De ce fait, le gouverneur de l’Algérieet les commandants de subdivisions se sont trouvés dans une situation délicate.

En effet, les renseignements donnés par sîdî al-Bashîr (m.1911) de ‘Ayn-Mâdî niaient tout rapport permanent entre la zâwiya de Fès et celles de l’Afrique de l’Ouest et espérait ainsi prendre en charge la mission envisagée par les autorités coloniales. Les autorités françaises n’avaient pas compris que le chef de ‘Ayn-Mâdî n’était pas le chef d’un ordre centralisé et qu’il était ignorant des affaires de la Tijâniyya.

D’autre part, dans la zâwiya de Guemmâr sîdî Muhammed La‘rûssî qui n’avait pas raté l’occasion de montrer son savoir, supérieur à celui de sîdî al-Bashîr de ‘Ayn-Mâdî, et d’afficher nettement sa volonté de servir le projet français, donnait, contrairement à sîdî al-Bashîr, des renseignements concrets sur les rapports réels entre la zâwiya de Fès et l’Afrique de l’Ouest : “L’action des Tidjanis marocains s’exerce surtout au Sénégal et auSoudan français occidental où les khouans de l’ordre sont bien plus nombreux que dans l’oued Guir et au Souf”.

Mais le chef de Guemmâr n’avait pu donner satisfaction en ce qui concernait ses rapports avec les Tijânîs ouest-africains, qu’il ignorait complètement. Le jeu de La’rûssî était de nier toute relation avec les Tijânîs de ces régions pour signifier aux autorités qu’il y avait là une mission à tenter et qui pourrait lui revenir.

Les contradictions entre les déclarations du chef de ‘Ayn-Mâdî et celles de Guemmâr allaient nourrir un doute chez les autorités françaises qui avaient une troisième source de renseignements. En effet, les ministres et les gouverneurs des colonies en Afrique affirmaient l’absence de toute influence de la Tijâniyya algérienne en Afrique de l’Ouest contrairement à la zâwiyya de Fès dont la présence était reconnue.

BIO
Jillali El Adnani, né en 1966 à Tiflet, docteur en histoire de l’Université de Provence, Aix-En-Provence, est chercheur-associé à l’Iremam d’Aix-en-Provence et ancien fellow au Wissencshaftslolleg de Berlin. Il est l’auteur de La Tijâniyya, 1781-1881, les origines d’une confrérie religieuse au Maroc aux éditions Marsam.

Quelle suite donner au projet après quatre années d’investigations ? Etait-il possible que l’administration coloniale suscite l’envoi d’un émissaire lié à ‘Ayn-Mâdî alors que sîdî al-Bashîrignorait quels étaient les Tijânîs influents et même les noms des Tijânîs au Sénégal et auSoudan français ?

Il avait aussi fallu l’intervention du gouverneur de l’A.O.F pour se renseigner et établir une liste de muqaddems tijânîs, qui pourraient être contactés par les chefs des zâwiyas de ‘Ayn-Mâdîet de Guemmâr. Comment les zâwiyyas algériennes pourraient-elles mener un projet visant à déstabiliser l’emprise de la zâwiya de Fès en Afrique de l’Ouest et à changer le visage de la Tijâniyya ‘umarienne anti-française et liée à la Tijâniyya marocaine ?

De nos jours, le régime et le ministre des affaires islamiques algérien ignorent que la confrérie tijâniyya n’est pas un ordre qui marche d’un seul pas, que la direction spirituelle est éclatée entre les différentes zâwiyyas. On oublie que la longue fréquentation du pouvoir colonial par la confrérie s’est traduite par une désaffection progressive des fidèles et un affaissement de sa puissance. La Tijâniyya a toujours réalisé ses succès loin des espaces dominés par des pouvoirs politiques centralisés. La cohabitation entre le politique et le religieux dans le cadre d’une action assistée ne peut qu’affaiblir davantage la Tijâniyya.

Quel avenir pour la Tijâniyya marocaine ?

Les sources coloniales nous permettent de dire que les descendants d’Ahmed Tijânî qui ont quitté le Maroc vers 1820 n’ont pas bénéficié de faveurs et de cadeaux de la part des intendants ou des Tijânîs marocains. Ce sont les Tijânîs algériens, y compris les descendants, qui ont envoyé des sommes d’argent pour la restauration ou l’agrandissement de la zâwiyya deFès.

Il est à signaler que les rapports n’étaient jamais continus et que l’initiative venait toujours des Tijânîs algériens, qui étaient poussés par l’administration coloniale. Le rapprochement entre la Tijâniyya marocaine et algérienne était donc très lié au projet de la conquête du Maroc. C’est grâce à la famille al-‘Abdellâwî et A. Skirej que ces relations ont été revitalisées.

Actuellement, la politique du pouvoir algérien est d’attirer les tijânîs africains vers les zâwiyas de ‘Ayn-Mâdî et de Kourdane. Des émissaires sont très actifs au Sénégal et dans d’autres pays pour tenter de détourner les pèlerins vers l’Algérie. Nous avons constitué un dossier de presse traitant des rapports de la Tijâniyya marocaine et sénégalaise et où certains journalistes sénégalais publiant dans le journal «Le soleil», «Walfadjri», «L’info» et autres tentent de traiter des convoitises algériennes entre 1990 et 2000. Le grand khalife Abdoul Aziz Sy Junior inspiré de la réalité sénégalaise et internationale parle de projet de création d’un haut conseil de la Tijâniyya sur inspiration du Roi défunt Hassan II.

A la question du journaliste qui reprend la remarque de l’ambassadeur d’Algérie à Dakaraffirmant que la plupart des adeptes tijânîs ignorent le patrimoine de la Tijâniyya dans le sud algérien, Abdoul Aziz Sy Junior répond : «Je ne pense pas que ce soit le cas. Nous n’ignorons pas le fait que le fondateur de la Tarika (confrérie), en l’occurrence Ahmed Tidiane (ainsi), a vu le jour à Aïn Mahdi en Algérie. Nous savons également qu’il a fait l’essentiel de son ascension spirituelle et acquis l’ensemble de ses titres mystiques à Fès, au Maroc»( Journal, L’Info, N° 217, Jeudi 1er juillet 1999.)

La détention par la zâwiyya de Fès de la sépulture du fondateur compte beaucoup pour la Tijâniyya marocaine et sénégalaise.

Il faut dire que les Tijânîs sénégalais entretiennent des rapports de visites restreintes et de ziaras consistant en cadeaux et dons comme le rappelle Abdoul Aziz Sy Junior dans son interview. La détention par la zâwiyya de Fès de la sépulture du fondateur compte beaucoup pour la Tijâniyya marocaine et sénégalaise. Il faut reconnaître que les rapports spirituels, notamment au niveau des diplômes sont dominés par l’apport des Tijânîs marocains. Il suffit de mesurer la présence et l’influence de la personne d’A. Skirej dans les carrières religieuses et spirituelles des Tijânîs sénégalais pour se rendre compte des limites d’une stratégie économique et financière dans le détournement du pèlerinage sénégalais vers un autre lieu que la ville deFès.

Qu’il s’agisse de la politique musulmane française ou de la politique chérifienne ou encore de celle du gouvernement algérien, le pèlerinage des Sénégalais dans ses rapports avec le tombeau d’Ahmed Tijânî et de la confrérie Tijâniyya est devenu un enjeu politique et économique. La politique algérienne menée en ce moment vise à contourner et à surclasser l’influence marocaine.

Cette évolution tient au fait que le pèlerinage de Fès ne se résume pas à l’accomplissement de rites religieux mais recèle aussi une signification et une portée qui dépassent le domaine de la religion. En effet, le tracé de ce pèlerinage dessine les contours d’une emprise spirituelle et politique marocaine sur l’espace qui va du Sahara via la Mauritanie jusqu’au Sénégal et certains pays ouest-africains.

On remarquera aussi que l’avenir du pèlerinage de Fès et de cette emprise spirituelle marocaine tient plutôt de ses assises historiques solides et des bonnes relations entre le Maroc et leSénégal et certains pays ouest-africains. Il faut dire que le Bulletin Officiel du Maroc, annonçait le 28 juin 1957, déjà, l’ouverture prochaine d’un consulat du Maroc à Dakar. Cette annonce a constitué un point noir pour le ministre de la France d’Outre-mer et le haut commissaire de la république en Afrique occidentale française qui ont lié ce projet avec les répercussions des revendications marocaines sur le Sahara par Feu Mohammed V et Allal el Fassi ainsi que d’autre personnages comme le leader de l’Istiqlal dans la région du Souss Abbès El Kabbaj.

Faut-il rappeler que les stratégies marocaines n’avaient pas souvent bien mis en place une dynamique tijânîe pour se maintenir ou s’implanter davantage dans les pays africains et sauvegarder le réseau Rabat-Nouakchott-Dakar et ses ramifications dans le Tchad, leDarfour et le Nord du Nigeria? Je ne veux pas parler des missionnaires marocains ayant parcouru le Soudan ou encore le Nigeria mais je me demande est-ce que ces deux pays rentrent dans la stratégie marocaine pour revivifier et consolider les liens avec certains pays africains ?

On pourrait conclure avec cette anecdote du saint tijani sénégalais Cheikh Ibrahim Niassequi a accompagné le Président Jaâfar Noumeiri dans son avion à Khartoum. A l’arrivée,Noumeiri remarquait qu’il y avait des centaines de milliers de soudanais pour l’accuellir. A sa descente d’avion, il se rendit compte que c’étaient les sympathisants et fidèles tijanis venus accueillir leur idole le tijani Ibrahim Niasse.

Le Soir Echos, 26 août 2011

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La France tente une nouvelle tactique après avoir perdu son influence en Afrique de l’Ouest

ISTANBUL

Les problèmes économiques et sociaux dans les pays africains qui ont accédé à l’indépendance juste après leurs périodes colonialistes ont fourni une opportunité et un environnement pour le néocolonialisme pour progresser. En incluant notamment la France et l’Angleterre, les puissances coloniales possédaient la plupart des ressources précieuses du continent telles que les réserves d’hydrocarbures, les télécommunications, la gestion portuaire, l’administration des chemins de fer, les systèmes de commerce de détail et même les entreprises contractantes qui assurent la production de la sous-structure. Pour cette raison, les puissances coloniales qui ont accordé l’indépendance aux pays en question ont facilement comblé les lacunes de pouvoir résultant des crises de gouvernance des pays du continent. Les paroles de Doudou Thiam, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, rendent la situation plus significative: «Assez! L’indépendance qui ne peut aller au-delà de la forme… Si nous n’essayons pas d’obtenir nos droits de souveraineté économique et sociale, nous ne pouvons pas atteindre une véritable indépendance. »

La conjoncture actuelle indiquant un changement en Afrique de l’Ouest, qui est également le principal sujet de cet article, on peut affirmer que la crainte de la France de perdre un territoire l’oblige à appliquer des méthodes contraires à l’éthique et mises à jour avec des stratégies néocoloniales. Par conséquent, nous pouvons affirmer que cette affaire se produit de deux manières.

La première direction fait l’objet du franc CFA, qui est la monnaie coloniale. Les réserves du franc CFA et des États régionaux d’Afrique de l’Ouest (la totalité durant les premières années de fondation, dont la moitié dans la situation actuelle) ont été déposées à la Banque centrale française. Dans cette situation, il est également assez clair que bon nombre des présidents qui souhaitaient quitter la région CFA ces dernières années ont été frappés par des forces soutenues par la France. Dans ce contexte, il a été exprimé que les États de la région CFA abandonneraient l’héritage colonial et que l ‘«Eco», la monnaie du continent déterminée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), entrerait en vigueur dans 2020. En revanche, il a été signalé que le Nigéria, la Sierra Leone, le Libéria, la Gambie, le Ghana et la Guinée ont refusé d’utiliser le «Eco» comme monnaie lors de la réunion organisée par les États en cause le 17 janvier. En fait, avant lors de la réunion susmentionnée, des discussions avaient eu lieu sur les préparatifs de la CEDEAO sur la monnaie « éco » développée après des années d’études, et sur la manière dont la France allait utiliser « éco » et essayer de mettre en œuvre un nouveau type de système colonial. Ainsi, on peut penser que cette explication est liée au sujet et non à une surprise.

La deuxième direction est que l’augmentation récente des activités terroristes en Afrique de l’Ouest constitue une base pour la France de garder des soldats dans les régions connexes. Contre le cas d’espèce, tant la société africaine, y compris l’initiative financière dans un premier temps, que la diaspora africaine en Europe réagissent sérieusement à l’attitude française et protestent. Les communautés en cause pensent que la puissance militaire de la France, dont 4 500 soldats dans le cadre de l’opération « Barkhane » que la France maintient depuis 2014 dans la région du Sahel, n’a provoqué qu’une augmentation de la terreur et de l’incapacité régionale.

Les explications incalculables de Macron, qui a dit qu’il interrogerait les dirigeants sur «l’incertitude sur l’opposition accrue contre la France dans la région du Sahel» et «les dirigeants des États que la France a en leur pouvoir militaire lui doivent» une «explication» lors de la réunion de l’OTAN qui a eu lieu le 4 décembre 2019 a attiré une réaction significative de l’Afrique même. Dans ce contexte, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kabore, a indiqué que le ton de Macron est problématique et que Macron n’ira nulle part avec ce ton. Les présidents du Sénégal, du Mali, du Nigéria et de la Côte d’Ivoire ont également réagi contre le ton et les paroles de Macron. À la suite de tout cela, les bases françaises ont été protestées dans de nombreux pays africains, et les manifestations ont été interdites dans certaines autres villes avant la visite de Macron en Côte d’Ivoire et au Nigéria entre le 20 et le 22 décembre.

Sommet Pau Sahel et préoccupation française

À l’appel de Macron, les dirigeants de la Mauritanie, du Tchad, du Mali, du Nigéria et du Burkina Faso en tant qu’États d’Afrique de l’Ouest se sont réunis dans le cadre du sommet du G5 Sahel le 14 janvier dans la ville de Pau dans le sud de la France. Lors du sommet du Sahel organisé par Macron, la lutte contre le terrorisme, la légitimité de la France dans cette région, les nouvelles stratégies et la restructuration des opérations ont été discutées avec la participation du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, du président du Conseil européen Charles Michel et du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. Même si Macron fait confiance à cette structure, on sait que l’Amérique a adouci son soutien en diminuant le nombre de soldats qu’elle a en Afrique de l’Ouest concernant le processus de transformation de la politique internationale. Pour cette raison, les circonstances données inquiètent la France de jour en jour, et la France augmentera sa politique immorale dans la région avec la crainte de perdre le pouvoir dans les prochains jours.

Le président français Emmanuel Macron attend des explications politiquement favorables des dirigeants africains à la réaction de la société contre la montée en puissance militaire récente de la France dans les pays en cause. Paris attend non seulement une répétition forte et claire de la demande et du soutien à l’existence française sur le territoire des autres États du Sahel, mais souhaite également que ses alliés européens jouent un rôle actif dans la région du Sahel si nécessaire. De plus, même ces alliés européens agissent avec hésitation sur la réalisation de la mise en scène d’une force de 500 soldats appelée «Takuba». On sait que cette demande n’est pas encore venue des Etats du Sahel.

Que signifie l’existence militaire française en Afrique de l’Ouest?

Même si seulement quatre bases militaires de la France sont permanentes dans toute l’Afrique dans la situation actuelle, comme dans l’opération Barkhane, qui est la portée de la région du Sahel, les bases temporaires deviennent également permanentes dans le temps. Bien que Macron affirme que l’existence militaire française dans la région dans le cadre des opérations mentionnées n’est que pour la sécurité de l’Afrique, il n’est pas difficile de remarquer la réalité que la France opprime en fait les pays en cause tout comme une relation carotte-bâton, et de cette manière, il vise à maintenir ses gains économiques grâce aux précieuses ressources de la région. Pour cette raison, la France tente de profiter des activités terroristes en Afrique pour protéger et maintenir la légitimité de son existence dans la région, notamment dans le domaine militaire. En fait, cette circonstance démontre que la France viole remarquablement la sécurité, la stabilité et la souveraineté des États régionaux, et dans cette conjoncture, les anciennes puissances néocoloniales comme la France continueront de piller les ressources africaines. Les protestations de la diaspora à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique sont sérieusement précieuses pour avoir conscience de ce pillage. À ce stade, l’équation à plusieurs variables sur la rivalité entre la France et l’Angleterre en est le cas.

En conséquence, comme l’a souligné l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Doudou Thiam, il est temps que les États africains consolident leurs acquis dans les domaines économique et social et arrêtent ce pillage. Il faut frapper quand le fer est chaud car la nouvelle et dynamique nouvelle génération d’Afrique a le potentiel nécessaire pour réaliser ces idéaux.

* Le Vice-Coordinateur du Centre Africain de Coordination et d’Education (AKEM), Kaan Devecioglu poursuit ses études concentrées sur l’économie politique et les sujets africains, notamment sur le Soudan, à l’Association des Chercheurs sur l’Afrique (AFAM).

* Traduit par Merve Dastan

Source : fr24news.com, 31 jan 2020

Lire l’article en anglais

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Orange choisit ENGIE pour l’exploitation et la maintenance de l’un des plus important data center d’Afrique de l’Ouest

Ce datacenter présente une puissance électrique de 1,3 MW, et une conception orientée vers la fiabilisation, et l’optimisation énergétique du stockage de données

ABIDJAN, Côte d’Ivoire, 20 mai 2019/ — ENGIE (www.Engie-Africa.com) a été retenu pour l’exploitation et la maintenance du datacenter du Groupement Orange Services à Abidjan, pour un contrat d’une durée de cinq (5) ans qui démarrera début Juin 2019.

Ce datacenter de dernière génération, construit par le Groupement Orange Services (GOS), est l’un des rares datacenters d’Afrique de l’Ouest répondant aux normes de la classification tier IV. Conformément à cette classification, il dispose des redondances visant à assurer la continuité du service en toute circonstance. Il a ainsi reçu le prix du meMiddle East Africa ​_illeur datacenter d’Afrique au « Datacloud congress » de 2017 à Monaco.

Le périmètre du contrat couvre l’exploitation, la maintenance préventive et la maintenance curative de l’ensemble des lots multi-techniques des bâtiments du datacenter, incluant les postes de livraison, le courant fort, les groupes froid, la gestion technique centralisée, la détection incendie, la vidéo surveillance et le contrôle d’accès.

Ce contrat témoigne de la volonté de ENGIE d’accélérer son développement dans les services énergétiques en Afrique de l’Ouest et Centrale et devenir l’un des leaders des services d’efficacité énergétique, d’installation et de maintenance en Afrique.

Construit sur la Zone Franche de Grand-Bassam située à 40 km d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le bâtiment présente une surface utile de 1.450 m2 dont 420 m2 de salle informatique. Ce datacenter présente une puissance électrique de 1,3 MW, et une conception orientée vers la fiabilisation, et l’optimisation énergétique du stockage de données.

Infrastructure stratégique du groupe Orange en Afrique de l’Ouest, ce datacenter héberge en priorité les plateformes de services de ses filiales de la zone Middle East Africa (MEA), mais également un espace de colocation à destination des clients Entreprises de la sous-région.

Distribué par APO Group pour ENGIE.

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Le presse africaine se déchaîne contre le roi du Maroc

Mohammed VI aurait mieux fait d’embrasser la transparence en ce qui concerne son épouse disparue, Lalla Salma.

Son absence lors des visites royales des Rois d’Espagne et du Prince Harry et son épouse a fait un véritable buzz dans les milieux médiatiques africains qui ont fait le lien direct entre sa disparition et l’homosexualité du roi du Maroc, un secret de polichinelle.

Plusieurs médias du Sénégal, Côte d’Ivoire et du Bénin ont trouvé dans les articles de Maghreb Online sur Mohammed VI la banque d’informations nécessaire à leurs publications qui ont donné lieu aux titres suivants :

1- Bénin Web TV : « Maroc: la polémique sur homosexualité du roi Mohammed VI à nouveau relancée »

2- Afrik.com : « Maroc, Divorce avec Lalla Salma : « l’homosexualité » de Mohammed VI mise en cause »

3- TellmemoreTV : « Maroc : Divorce de Lalla salma, l’homosexualité de Mohammed VI pointé du doigt ! »

4- Abidjanpeople : « Maroc : Un journaliste aborde le sujet très sensible de « l’homosexualité » du roi Mohammed VI »

5- Sénégal Direct : « Maroc, Divorce avec Lalla Salma : « l’homosexualité » de Mohammed VI mise en cause »

6- Coups Francs : « L’épouse du roi du Maroc dovirce à cause de son homosexualité ».

Il y a lieu de remarquer que ces médias se trouvent en Afrique de l’Ouest, dans des pays connus pour leur alliance avec la France et le Maroc.

Ils ont trouvé dans les articles de Maroc Leaks et Maghreb Online une aubaine pour traiter un sujet tabou. Malgré que derrière ces deux sites il n’y a pas de professionnels ni diplômés. Juste des militants convaincus de la justesse de leur cause. C’est probablement pour cela que certains pseudo-intellectuels les snobent. Snober, sans pour autant, faire mieux.