Mois : septembre 2011

  • Hooliganisme ou nationalisme ?

    Dimanche dernier, les populations sahraouies de Dakhla ont vécu à leur corps défendant de violents incidents qui leur ont coûté plusieurs morts et des dizaines de blessés, en plus du saccage de leurs domiciles et de la destruction de leurs véhicules. Une véritable «ratonnade» menée par les colons marocains avec la complicité des forces du makhzen. 
    A en croire les échos et les témoignages en provenance de Dakhla, elle serait pire que les ratonnades menées par les «ultras» en Algérie durant «les événements» à l’origine de l’indépendance du pays. Mais qu’importe, cela n’a pas empéché M Taieb Cherqaoui, le ministre de l’Intérieur du roi, de déclarer le calme dans la ville et d’affirmer qu’à Dakhla les populations vivent «dans la paix et la sérénité». 
    Des déclarations qui ne semblent pas inspirer grande confiance autour de lui puisque M. Ban Ki-moon, le SG de l’ONU, a vite fait de dépêcher un émissaire de la MINURSO sur les lieux pour essayer de comprendre ce qui s’est réellement passé. Car, à en croire le makhzen, il ne s’agirait que d’affrontements entre «hooligans» à l’issue d’un match de football opposant une équipe sahraouie à une équipe marocaine. Le Polisario lui, ne lie pas les incidents au sport. Il ne s’agit en fait que de la répression d’une manifestation pacifique pour rappeler les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination. Ce qui est chose courante depuis le déclenchement de l’Intifada dans les territoires occupés du Sahara occidental depuis mai 2005. 
    On ne sait encore rien des conclusions du responsable de la MINURSO sur cette répression de l’hooliganisme qui peut valoir au makhzen une place au Guinness puisqu’elle est la plus terrible connue jusqu’ici dans le monde. Mais que peut faire la MINURSO à part constater ? Surtout que Sarkozy vient de visiter le royaume, qu’il immunise, lui et ses colonies, contre les retournements printaniers, contre leurs grippes porcines et surtout pour maintenir en toute démocratie la burka sur les droits humains et leur atteinte au Sahara occidental. Sarkozy s’affirme prêt à accompagner politiquement et économiquement le Maroc et à aller avec son roi plus loin qu’il ne l’avait fait avec… Cecilia ou avec… Kadhafi. 
    M. Z.
    mohamed_zaaf@yahoo.fr
  • Maroc : les neuf accusés de l’attentat de Marrakech nient les faits

    Des proches des victimes de l’attentat de Marrakech lors de l’ouverture du procès des accusés.

    Les neuf accusés dans l’attentat de Marrakech au Maroc, qui a coûté la mort à 17 personnes, ont tous nié leur implication dans ce drame, lors de l’audience au tribunal de Salé jeudi.
    Cinq mois après les attentats de Marrakech au Maroc, qui ont provoqué la mort de 17 personnes le 28 avril, les neuf accusés ont tous nié leur implication lors de l’audience devant le tribunal de Salé jeudi.
    Le procès, reporté à trois reprises, a repris en présence de tous les prévenus, de leurs familles ainsi que des proches des victimes, françaises pour la plupart.
    Adil-Atmani, principal accusé qui avait reconnu les faits quelques jours après le drame, s’était rétracté lors de la première audience, en proclamant devant le tribunal son « innocence ». L’homme, qui travaillait dans un commerce de chaussures à Safi, au sud de Casablanca, a cette-fois ci été dépeint par des proches voisins comme un homme pieu mais querelleur.
    Il aurait été vu le jour de l’attentat, d’après des témoins, vêtu d’une perruque et de lunettes de soleil. Adil-Atmani se serait servi d’un gros sac à dos chargé d’explosifs, actionnés quelques minutes après avoir quitté le café Argan, au cœur de la place Jamâa El Fna à Marrakech.
    Au lendemain de l’attentat, le ministère de l’Intérieur avait indiqué que le principal prévenu, « est fortement imprégné de l’idéologie jihadiste » et « exprime ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda ». Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait par ailleurs nié toute implication dans l’attentat.
    Adil Atmani voulait « accomplir le Jihad »

    Un autre suspect, Mohamed Njim qui comparaissait librement jeudi, a reconnu qu’Adil Atmani lui avait  fait part de son intention de mener une guerre au nom de l’islam. « Nous nous sommes rencontrés en 2007 en Turquie. Al-Atmani m’a dit qu’il voulait aller en Tchétchénie pour y accomplir le Jihad et moi je suis retourné en Grèce », a-t-il expliqué.
    « J’ai rencontré Al-Atmani en Libye où nous avons fait la connaissance de trois touristes français. Notre groupe de cinq personnes s’est par la suite rendu en Mauritanie », a pour sa part déclaré Hakim Dah, un autre suspect. Niant avoir participé à l’attentat, il a en outre dénoncé « les conditions de sa détention ».
    Le prévenu a également avoué s’être rendu, outre la Mauritanie et la Libye, au Mali et en Algérie, mais non pas pour préparer un attentat. Il dit s’être reconverti dans la capitale mauritanienne dans « le commerce des téléphones portables ». Quant à son « voyage en Libye », interrogé par le juge, Hakim Dah a répondu : « j’ai émigré clandestinement dans ce pays pour trouver un emploi ».
    Quant à Abdessamad El Battar, un imam à Safi ( dans le sud-ouest marocain), accusé lui aussi d’être impliqué dans cet attentat, a reconnu avoir voyagé en 2007 en Mauritanie pour « faire des études islamiques ».
    Tour à tour, les autres accusés interrogés par le juge également nié leur implication dans cet attentat perpétré sur la célèbre place de Jamâa El Fna, qui a porté un préjudice énorme au tourisme marocain et étranger à Marrakech.
    Le procès doit reprendre le 6 octobre. Accusés d’avoir « porter gravement atteinte à l’ordre public, assassinat avec préméditation (..) et appartenance à un groupe religieux interdit », tous les prévenus risquent la peine capitale.
    (Avec AFP)

    Photo : AFP
  • Sahara : Mobilisation à Paris contre la répression et pour l’autodétermination

    Depuis l’assaut criminel des forces marocaines contre le camp de Gdeim Izik le 8 novembre 2010, la répression n’a pas cessé contre la population sahraouie. Les associations internationales des droits de l’Homme (Amnesty international, Human Rights Watch, Front Line…) dénoncent régulièrement l’aggravation des atteintes aux droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. Malgré ces avertissements, le Conseil de sécurité de l’ONU a refusé de mettre en place un mécanisme de surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental.

    Cette position a été reçue par le Maroc comme un encouragement à poursuivre en toute impunité sa politique de répression contre la population sahraouie.

    Le 25 septembre à Dakhla, cette répression a atteint un degré d’une extrême violence. Des jeunes Sahraouis, qui manifestaient pacifiquement pour le respect du droit à l’autodétermination, ont été attaqués par des colons marocains puis par les forces de sécurité marocaines. Le bilan est très lourd: un jeune Sahraoui tué; de très nombreux blessés, dont 7 grièvement; des dizaines d’arrestations; des maisons sahraouies saccagées et des voitures de Sahraouis brûlées.

    Face à cette répression, il est nécessaire de poursuivre et renforcer la mobilisation contre l’occupation et pour l’autodétermination du peuple sahraoui qui est la seule solution juste et définitive à ce conflit qui n’a que trop duré. C’est pourquoi nous appelons à

    UN RASSEMBLEMENT

    SAMEDI 1er OCTOBRE

    De 15h à 18h

    A LA FONTAINE DES INNOCENTS

    Paris 1er métro

    Chatelet-Les Halles

    pour condamner la violente intervention des forces de police marocaines contre la population sahraouie et exiger du gouvernement français, de l’Union européenne et des Nations Unies d’agir pour:

    – l’arrêt de la répression et le respect des droits de l’homme

    – la libération des prisonniers politiques sahraouis

    – l’interdiction de l’exploitation des ressources naturelles sahraouies

    – l’envoi de missions d’enquête internationales et la mise en place d’un mécanisme onusien de surveillance des droits de l’homme

    Pour briser le silence des médias, qui font trop souvent preuve de complaisance à l’égard du Maroc, vaincre la complicité de certains gouvernements (comme la France) ainsi que l’inertie des Nations Unies, le peuple sahraoui a plus que jamais besoin de notre soutien.

    Signataires: ACCA, AFASPA, AFAPREDESA, APSO, ARAC, ASEI, Association des Amis de la RASD, Association de la Communauté sahraouie en France, Association des Sahraouis en France, CEDETIM,CLSPS, CORELSO, DROIT SOLIDARITE, Le Mouvement de la Paix, MRAP, Plateforme de solidarité avec le peuple sahraoui, Sortir du colonialisme, SURVIE

    Avec le soutien de: EE-LV, FASE, Les Alternatifs, NPA, Parti de Gauche, PCF, PCOF, CGT, Solidaires

    Contact: plateformeSO@gmail.com

    Texte repris sur le blog de JEAN LEVY


    Jacques Tourtaux 30/09/2011

  • Le printemps arabe au Sahara Occidental, une fois de plus étouffé par l’armée et les colons marocains

    Une fois encore dans la partie occupée du Sahara Occidental, des civils sahraouis ont été violemment agressés pour avoir revendiqué pacifiquement le respect de leur droit à l’autodétermination sur leur terre et ses richesses naturelles. 

    Après les violences d’El Aaiun en novembre 2010, celles de Dakhla en février 2011, à nouveau les autorités marocaines ont soutenu militairement et encouragé la violence civile des colons contre les Sahraouis.

    L’escalade dans la trahison des valeurs démocratiques affichées par le Maroc atteint à chaque fois à un nouveau degré, et ajoute une démonstration de l’absence totale de respect des obligations internationales de cette puissance colonisatrice sur le peuple sahraoui autochtone.


    Le Sahara Occidental est un territoire non autonome, reconnu comme tel depuis 1963 par les Nations Unies, une colonie dont le processus de décolonisation n’est toujours pas abouti.

    Le réseau des Amis du Peuple du Sahara Occidental, – APSO national, APSO Avignon, APSO Lyon, APSO 35 Bretagne, APSO USA, APSO Togo, OF2PS, Solensahr, Solidarité Maroc 05, Arcadie – soutient les familles sahraouies dont les biens ont été détruits, et dont les membres enfants, jeunes et anciens, hommes comme femmes ont été tués ou blessés.

    Les tirs à balles destinés à disperser la foule des manifestants sahraouis, l’intrusion de militaires et policiers armés dans les domiciles privés sahraouis afin de rafler des jeunes hommes, les arrestations arbitraires et massives, les tortures, les jugements trafiqués, les meurtres impunis sont inacceptables et condamnables par la communauté internationale.


    Les Sahraouis arrêtés pour leur identité doivent être libérés immédiatement et sans condition, comme ceux qui ont été arrêtés ces derniers jours à Dakhla, qui sont en prison suite du démantèlement violent du campement de Gdem Izik depuis presque un an, ainsi que les prisonniers politiques enfermés depuis 2003.
    Nous devons connaitre le sort des plus 500 Sahraouis disparus…

    Autant d’arguments accumulés en faveur d’une surveillance active des droits des Civils sahraouis par la mission de l’ONU chargée de surveiller le cessez le feu et d’organiser le referendum d’autodétermination depuis 20 ans !

    La France n’a pas un rôle à la hauteur de ses responsabilités, elle soutient le Maroc contre toute logique juridique internationale, opposant son veto au Conseil de Sécurité pour la mise en place d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme, et cautionnant le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental notamment par le biais d’accords EU-Maroc qui laissent au Maroc la liberté de définir leur zone d’application. Cela doit changer.

    Cela doit changer, même si aujourd’hui le courage a manqué à une quarantaine de députés européens dans l’exercice de leur devoir suite au Traité de Lisbonne d’établir l’intégrité légale d’un des traités internationaux conclus par l’UE. 302 parlementaires ont refusé l’examen de la pertinence juridique de l’accord de pêche UE-Maroc par la Cour Européenne de Justice.


    Les sahraouis, en territoires occupés, en exil, n’ont jamais exprimé leur volonté de la pêche des navires européens dans leurs eaux, pas plus qu’ils n’en bénéficient. Cela doit être entendu, et considéré quelqu’en soient les conséquences. 

    Cette situation inadmissible changera parce que 221 députés néanmoins se sont prononcés pour la vérification juridique, et par conséquence exprimé leur volonté d’une attitude internationale s’assurant du respect du peuple Saharoui.

    Nous souhaitons que le Président Sarkozy invité une nouvelle fois par le roi du Maroc aujourd’hui pour l’inauguration en grande pompe des travaux de construction de la ligne TGV Tanger-Casablanca, use de son influence pour la normalisation rapide et honorable de la situation du Sahara Occidental et sa conséquence directe, une position sans faux semblant ni hypocrisie du Maroc sur la scène internationale.

    APSO et réseau, le 29 septembre 2011

     
  • Le « printemps arabe » et les médias : maljournalisme, mensonges et mauvaise foi

    « La propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature » N. Chomsky
    Il est vrai que nous vivons à l’ère de la « société de l’information ». Jamais notre quotidien n’a autant été influencé par les flots de nouvelles drainées par ce que nous appelons, désormais, les technologies de l’information et de la communication (TIC). Journaux, télévisions, radios, téléphones mobiles, ordinateurs : tous charrient inlassablement un inextricable déluge d’informations. Internet, Tweeter, Facebook, Google, Youtube et autres créatures du cyberespace ont radicalement changé notre façon de communiquer et de nous informer. Tout est scruté, commenté, analysé et diffusé en temps réel.
    Mais il reste cependant une constante qui n’a pas été affectée par cet essor technologique : le mensonge, la propagande et la manipulation médiatique sont toujours là, plus présents que jamais, tels ces virus informatiques de plus en plus sophistiqués, de sorte qu’ils sont constamment plus performants que les logiciels qui sont sensés nous en protéger. Les médiamensonges (terme si cher à Michel Collon) n’ont jamais autant proliféré, surtout en période de troubles comme celle que nous vivons actuellement.
    Petit vade-mecum d’illustres médiamensonges
    La propagande et la manipulation de l’opinion publique ne sont pas des techniques nouvelles. Elles s’articulent autour d’une médiacratie omnipotente qui ne laisse guère de place aux opinions différentes de la pensée unique véhiculée par les médias majeurs. Pire encore, dès qu’un point de vue diffère légèrement de ceux imposés par les « bien-pensants », il est systématiquement enfoui dans une boîte sur laquelle est mentionné : « Théories du complot ». L’histoire a montré que, dans de nombreux cas, c’est plutôt la pensée imposée qui est conspirationniste.
    Un exemple typique de mensonge présenté comme réalité par les médias majeurs est celui connu sous le nom des « couveuses koweïtiennes », supercherie planétaire de haute voltige qui s’est déroulé en 1990, lors de la première guerre du Golfe. Je me rappelle avoir été ému et choqué par une jeune koweïtienne en pleurs, nommée Nayirah, témoignant devant une commission du Congrès des États-Unis. Elle affirmait, entre autres, avoir vu de ses propres yeux, dans un hôpital koweïtien, des soldats irakiens retirer des bébés des couveuses et les laisser mourir sur le sol. Ce témoignage, retransmis dans le monde entier, a eu un impact considérable sur l’opinion publique et a contribué à créer un soutien indéfectible à cette guerre.
    Il s’avéra par la suite que la demoiselle en question était en fait la propre fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington et que toute cette comédie a été orchestrée par la compagnie américaine de relations publiques Hill & Knowlton pour la rondelette somme de 10 millions de dollars [1]. La vérité sur cette affaire ne fut connue qu’après la fin de la guerre. J’avais pensé, à l’époque, que cette Nayirah serait promise à un brillant avenir de comédienne, tellement la théâtralité de son intervention était comparable à celle des meilleurs acteurs d’Hollywood ou de Broadway.
    D’autres manipulations médiatiques de cette envergure peuvent être mentionnées. Citons, par exemple, l’affaire dite des « charniers de Timisoara » qui s’est déroulée lors de la chute du régime Ceausescu, en décembre 1989, juste avant Noël pour accentuer l’horreur. Les médias occidentaux, en particulier français, ont montré, images à l’appui, les cadavres de victimes de la Securitate. On parla alors de 4630 morts dans une seule fosse commune à Timisoara. On exposa des cadavres devant les caméras dont celui d’un bébé posé sur le corps d’une femme sans vie. La monstruosité d’un régime sanglant qui trucidait ses propres enfants dévoilée au grand jour ! Le monde entier fut horrifié.
    Il s’avéra, par la suite, que les cadavres étaient ceux de morts déterrés du cimetière des pauvres, que le bébé avait été victime de la mort subite du nourrisson et que la femme sur laquelle il gisait n’était pas sa mère, mais une personne morte d’une cirrhose du foie quelques semaines auparavant. La nécrophilie télévisuelle dans toute sa splendeur comme l’a si bien nommée Ignacio Ramonet [2].
    D’autres exemples peuvent être cités mais la liste risque d’être longue. Souvenons-nous de la saga des armes de destruction massive imaginaires de Saddam Hussein qui ont été à l’origine de l’invasion de l’Irak ou du génocide fictif des Kosovars albanais (500 000 morts !) qui a justifié l’intervention de l’OTAN dans la guerre du Kosovo [3].
    Cas du « printemps arabe »
    Les récentes révoltes qui ont ébranlé la rue arabe ne sont pas exemptes de propagandes, mensonges et autres manipulations médiatiques, loin s’en faut. En effet, comme dans tous les bouleversements politiques sérieux, les médias majeurs y ont mis leur grain de sel. En plus, dans ce cas précis, il faut aussi tenir compte des médias sociaux et de la blogosphère qui ont été de la partie.
    À mon sens, le médiamensonge commun aux révoltes « printemps arabe » est celui de la spontanéité des soulèvements populaires. De nombreux documents montrent qu’il n’en est rien et que dans la plupart des pays arabes, les cyberactivistes ont été i) identifiés, ii) mis en réseau entre eux et avec des experts des nouvelles technologies et iii) formés par des organismes occidentaux « d’exportation de la démocratie », en particulier américains [4]. Cette méconnaissance de la réalité relève autant d’un maljournalisme patent pour certains professionnels des médias que d’un mensonge par omission pour d’autres.
    En Tunisie, le symbole de la « révolution du jasmin » a été rapidement déboulonné, quelques mois à peine après la fuite du président Ben Ali. Présenté comme un universitaire sans emploi, travaillant comme vendeur ambulant, Mohammed Bouazizi s’est immolé par le feu devant le siège du gouverneur, geste qui a mis le feu aux poudres en Tunisie. Son spectaculaire suicide a été expliqué par le fait qu’une policière municipale, Fayda Hamdi, lui aurait non seulement confisqué sa balance, mais aussi administré une gifle, geste encore plus intolérable car venant d’une femme.
    L’enquête a montré que Mohammed Bouazizi n’était pas un universitaire, qu’il avait insulté Fayda Hamdi après qu’elle lui ait confisqué sa balance et, surtout, que la gifle était une pure invention. Autre précision troublante : le propre frère de la policière, militant syndicaliste, a participé à créer la légende autour de l’icône de la « révolution » Mohammed Bouazizi, légende à laquelle il est difficile d’être insensible et qui a fait les choux gras d’une presse qui se repaît de ce genre d’histoires [5].
    « A Gay Girl in Damascus » est le blog d’une jeune syrienne homosexuelle se nommant Amina Abdallah Arraf. Opposante « en ligne » du président Bachar Al-Assad, ses écrits ont été suivis pendant plusieurs mois par des milliers de personnes à travers le monde et ses témoignages ont régulièrement été relayés dans la presse mondiale. Des médias majeurs comme CNN ou The Guardian lui ont consacré des reportages sans jamais la rencontrer. En juin dernier, la nouvelle tombe. Amina n’existe pas : le blog est la création d’un certain Tom MacMaster, étudiant américain habitant en Écosse [6].
    Le maljournalisme, la propagande et « la circulation circulaire de l’information » ont été d’usage en Libye. En mars dernier, tous les médias majeurs ont repris en boucle une information selon laquelle les forces loyalistes de Kadhafi auraient fait pas moins de 6000 morts dans les populations civiles. Ce nombre a été à l’origine de la justification de la résolution 1973 et, ensuite, de l’intervention de l’OTAN en Libye. Pourtant, un rapport d’Amnesty International montre que ce nombre ainsi que tous ceux avancés par le CNT sont largement exagérés : « S’il ne fait aucun doute, donc, que les forces loyalistes ont bien commis des crimes, le bilan de ces crimes semble avoir été surestimé, selon Amnesty. « Le nombre de morts a été grandement exagéré. On parlait de 2000 morts à Benghazi. Or la répression a fait dans cette ville de 100 à 110 morts et à Al-Baïda une soixantaine » » [7].
    Concernant les accusations de viols et la présence de mercenaires, l’observatrice d’Amnesty International note : « Il y a eu beaucoup d’informations qui ont circulé mais dont on n’a aucune preuve aujourd’hui. On a parlé par exemple de viols systématiques par les loyalistes, mais on n’a jamais rencontré un seul témoignage direct, ni nous ni d’autres organisations. Et bien sûr il y a l’histoire des mercenaires », précise-t-elle. « On en a beaucoup parlé mais on n’a aucune preuve de cela. Quand j’ai quitté la Libye la semaine dernière, entre Benghazi et Misrata, il y avait 9 prisonniers étrangers sur environ 350 prisonniers et a priori il s’agissait de simples travailleurs immigrés » [8].
    La couverture télévisuelle des situations libyenne et syrienne pose des problèmes flagrants d’éthique journalistique. En effet, en Libye, les images ne relatent que les faits d’armes des rebelles alors que les militaires pro-Kadhafi sont absents des écrans. D’autre part, les milliers de bombardement des forces de l’OTAN ne sont que rarement filmées donnant l’impression d’une guerre « chirurgicale » sans aucune bavure. En Syrie, les images véhiculées par les médias majeurs tendent à ne présenter que les méfaits des forces gouvernementales. Jamais les exactions des « révoltés » ne sont mises de l’avant alors que, sur ce sujet, des témoignages dignes de confiance ont été publiés dans les médias alternatifs et de nombreuses vidéos ont été mises en ligne.
    À propos de l’OTAN, nous avons récemment appris qu’en plus de son engagement militaire dans le conflit libyen, voilà qu’elle s’est mise à réaliser et distribuer gratuitement des vidéos d’une Libye pacifiée, merveilleuse et où il fait bon vivre. De la pure propagande : « il suffit de demander les séquences vidéos auprès du service presse de l’OTAN ou de les télécharger directement sur des sites relais professionnels destinés aux journalistes et documentalistes. Des images a priori neutres, sans présence de militaire ou de porte-parole de l’OTAN …. Le système est pratique. Les rédactions accèdent à des contenus gratuits et parfaitement formatés pour la diffusion sans devoir dépêcher de reporters sur place et financer leurs déplacements. Et l’OTAN distille discrètement sa communication au détour d’images bien choisies » [9].
    Dans cette large entreprise de mensonges et de manipulations des médias, l’Algérie a eu sa part. Dans le dossier libyen, par exemple, elle a été accusée par le CNT d’avoir envoyé des mercenaires se battre aux cotés des forces loyalistes de Kadhafi. Cette « croustillante » nouvelle a fait le tour des médias du monde entier, non sans susciter réactions enflammées et discussions byzantines. Pourtant, cette accusation a été battue en brèche par Amnesty International, organisme qui n’a pas de sympathie particulière pour l’Algérie.
    Bien qu’il soit récent, force est de constater que le « printemps arabe » se révèle déjà truffé de manipulations, de propagande et de mensonges. Et ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg.
    S’il est vrai que nous vivons à l’ère de la « société de l’information », il faut se rendre à l’évidence que nous vivons aussi dans celle, plus sournoise, de la désinformation.
    Ahmed Bensaada
    Montréal, le 21 septembre 2011
    Le Grand Soir, 28/09/2011

  • MINURSO pas MINUASO

    Le chef de la diplomatie marocaine, M. Taib Fassi Fihri a réitéré lundi, depuis New York, l’engagement du Maroc à poursuivre et intensifier le processus de négociations pour trouver une solution politique mutuellement acceptable au differend régional sur le Sahara occidental. Un engagement non pas sur le plan de paix onusien, qu’il avait solennellement accepté et entériné en 1991, mais sur la base de sa proposition d’autonomie. Une proposition mort-née, le Polisario la trouve de mauvais gout et dit la rejeter en bloc et dans le détail. Une position que ne partagent pas bien sûr les amis du roi et sa clientèle de l’autre rive dont l’attitude se veut plus marocaine que celle du défunt Driss Basri. 
    Eux, n’arrêtent pas dans leur cocorico de nous vendre les charmes d’une autonomie que l’ancien homme fort du Maroc qualifiait lui-même «d’aberration». «A moins que l’Algérie ne baisse définitivement les bras, ce qui est exclu, l’autonomie est un leurre», disait-il, en 2006 de son exil, à la Revue pour l’intelligence du monde. Visionnaire, il disait : «Les Marocains y vont avec l’arrière-pensée d’intégrer à terme le Sahara, purement et simplement. Et les Sahraouis y vont en étant persuadés que l’autonomie débouchera un jour sur l’indépendance. Je le répète : il n’y a qu’une solution, le référendum. Comme ça, on ne devra rien à personne.»
    L’homme tenait ses propos alors qu’il se savait sur le point du grand départ et que les avantages de Marrakech et de la mamounia étaient des attraits pour gagne-petit et passaient loin derrière les intérêts du Maroc. Le temps ne l’a pas démenti, la proposition d’autonomie n’a pu évolué, ne serait-ce que d’un iota ! Malgré les efforts parisiens pour convaincre le monde que l’autodétermination était une formule hasardeuse qu’on a décidé régionalement juste après son application aux Algériens. 
    Donc la diplomatie marocaine persiste imperturbable dans une démarche qui ne lui fait apparemment gagner que du temps. Au niveau des Nations unies, rien ne change, sa force au Sahara occidental porte encore la même dénomination : MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). Tout un programme ! Il n y a jamais eu une Mission des Nations unies pour l’autonomie au Sahara occidental, Fihri voudrait-il innover ? 
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
  • Massacre de Dakhla : Le président sahraoui réclame l’intervention de l’ONU

    Le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a appelé mardi  le secrétaire général des nations unies, Ban Ki-moon, à intervenir immédiatement pour sauver de la répression marocaine la vie  des civils sahraouis sans défense dans la ville occupée de Dakhla, alors que la ligue sahraouie de défense des droits de l’homme (LSDDH) dénonce ces douloureux événements. 
    «Nous vous demandons d’intervenir immédiatement pour sauver les vies humaines des Sahraouis innocents menacés dans la ville de Dakhla occupée face à la tension croissante des troupes marocaines qui ne cessent de menacer la sécurité et la sûreté des citoyens sahraouis sans défense», a écrit le président de la République dans une lettre au SG de l’ONU  citée par l’agence sahraouie SPS.
    Dans la soirée de dimanche dernier, une manifestation pacifique a été réprimée par des colons marocains mobilisés par les forces du Maroc qui sont intervenues sauvagement contre les manifestants, causant la mort du jeune sahraoui Meichan Mohamed Lamine Lehbib et blessant huit autres, a rappelé le président sahraoui dans sa lettre. 
    «La présence marocaine au Sahara occidental est illégale», a rappelé le président sahraoui, soulignant «que la communauté internationale ne peut demeurer indifférente face aux crimes et graves violations des droits de l’homme commis par le Maroc dans un territoire se trouvant sous la tutelle de l’ONU en attente de la décolonisation de la dernière colonie en Afrique». 
    L’assassinat du jeune Meichan Ould Mohamed Lamine Ould Habib est un acte «ignominieux» comme ceux «dont ont été victimes d’autres civils sahraouis pacifiques, exécutés avec la même méthode brutale, à l’instar de Hamdi Lembarki, Khlifi Aba Cheikh, Baba Khaya et Hussein Lekteif, Najem Elgarhi, Brahim Daoudi, Babi Gargar, Hmad Habad et Saaid dembar», a relevé le chef de l’Etat sahraoui.
    Il a aussi appelé à faire toute la lumière sur le sort de plus de 651 disparus aux mains du Maroc, l’arrêt du pillage des richesses naturelles sahraouies et le démantèlement du mur militaire marocain qui divise le Sahara occidental et son peuple en deux parties. 
    Pour sa part, la LSDDH a, dans un communiqué, dénoncé ces douloureux événements. La ligue sahraouie rapporte que les faits se résument à une agression commise par des colons marocains, armés de couteaux et de bâtons et protégés par l’armée marocaine, contre les sahraouis». Selon la ligue sahraouie, «l’agression a commencé dans le stade de la ville».
    La ligue sahraouie ajoute que «les éléments des forces de sécurité marocaines ont protégé les citoyens marocains et commis des agressions contre des maisons sahraouies, et le lendemain lundi, un grand nombre de grandes forces d’unités de l’armée royale marocaine sont entrées et ont encerclé l’endroit et tiré plusieurs coups de feu en l’air». 
    La ligue interpelle «les bonnes consciences, les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale pour intervenir, en urgence afin de découvrir les vérités cachées par les autorités marocaines quant aux atteintes commises contre les citoyens sahraouis».
  • Après Aïcha Kadhafi, M6 devrait faire gaffe

    Il est établi que tout colonialisme doit disposer de suffisamment de puissance de feu et d’une solide base économique et sociale. Sans cela, il doit saigner ses citoyens et pressurer ses colonisés pour tenir un tant soit peu sa position. C’est le cas du Makhzen qui s’entête dans ses rêves de grandeur d’un autre âge, quand il faut plutôt œuvrer à offrir au peuple marocain des perspectives de paix et d’expansion économique dans une Afrique du Nord qui n’attend que l’unité territoriale et la mise au placard des velléités hégémoniques que même les grands de ce monde ne peuvent réaliser et assumer. 
    Depuis, la pittoresque et ridicule marche verte et les honteuses péripéties d’une occupation, passée d’un mesquin plan de partage à l’acceptation d’un référendum d’autodétermination pour aboutir à des manœuvres dilatoires qui ne tiennent que grâce à la retenue des Sahraouis et à la complicité de cette «communauté internationale», férue sélective des droits des peuples. Au Sahara Occidental, les dizaines de milliers de soldats et les milliers de «colons» stipendiés, qui aspirent une bonne part du budget famélique du royaume, n’ont pas réussi à modifier d’un iota la configuration sociopolitique de la population qui a pris la fâcheuse habitude de se soulever. Après la formidable démonstration de l’an dernier, durement réprimée par la soldatesque du roi, voilà que les Sahraouis font encore une fois irruption sur la scène. C’est à Dakhla, où ceux qui font office de «colons» se sont permis de les traiter en tant qu’«indigènes», en les agressant à propos d’un match de football maroco-sahraoui, que des affrontements ont eu lieu. Cela s’est produit dimanche dernier.
    Les «colons» ont été soutenus par des policiers en civil et protégés par la glorieuse armée de sa majesté alaouite. La preuve que la monarchie ne tient le territoire que par la force. Mais, la violence commence à bien faire dans la tête d’un peuple qui s’impatiente désormais de la duplicité de l’ONU et de toutes ses «démocraties» qui, pour certaines, participent au pillage de leurs ressources en dépit de toutes les résolutions onusiennes et de la légalité internationale. 
    A bien y penser, il se pourrait qu’à force de tirer sur la corde, le roitelet finisse par faire que le Polisario, lui-même, ne soit plus en mesure de vendre ce»processus de négociations». Il faut, à ce sujet, prendre au mot les avertissements que les responsables sahraouis sont en train de lancer depuis peu. Ils sentent que la bride est en voie de casser, d’autant que le pitoyable aspirant à l’empire ne repose que sur la procuration que lui offre son allégeance éhontée aux maîtres de l’heure, inquiet voire terrorisé qu’il est face à l’idée de renversements d’alliances, qui laisseraient balayer son trône à la moindre bourrasque. Le statu quo observé par les décideurs peut dénoter de la volonté de ne pas compromettre cette possibilité. 
    Et si l’Algérie se mettait à chasser sur les mêmes terres que le Makhzen ? L’offre serait par trop inégale pour les maigres avantages que présente leur «ami le roi». Au train où vont les choses, on n’est pas loin d’une issue qui y ressemble. Isolé, pressé de toutes parts, le pouvoir algérien peut faire un pied de nez à M6. Il a bien fustigé Aïcha Kadhafi. Il peut plus. Le monarque de l’Ouest devrait faire très attention.

    Par Ahmed Halfaoui

    Les Débats, 28/09/2011
  • Sahara occidental : Le Maroc persiste dans sa politique

    Le Maroc déforme de manière délibérée la réalité sur le terrain, selon le ministre sahraoui des Affaires étrangères.

    Les propos tenus récemment par le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri, sont aussi «une distorsion à la position de la communauté internationale laquelle continue d’affirmer que le peuple sahraoui a le droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance», a déclaré, hier, mardi, Ould Salek en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU.

    Pour le ministre sahraoui, «l’exercice sans entraves du droit inaliénable est la seule base juridique et politique définie par les Nations unies pour mettre fin à l’occupation marocaine du Sahara occidental».

    «En ce sens, aussi bien l’Assemblée générale que le Conseil de sécurité de l’ONU ont refusé d’accepter la soi-disant proposition appelée autonomie que le Maroc offre comme solution à un conflit de décolonisation, car cette proposition s’inscrit dans le cadre de l’hypothèse irréaliste et irréalisable de considérer le Sahara occidental comme faisant partie du royaume du Maroc», a-t-il poursuivi.

    A ce propos, a-t-il noté, «les décisions de l’ONU et de l’Union africaine et l’avis de la Cour internationale de justice sur le Sahara occidental ont nié au Maroc toute possibilité de légitimer son occupation militaire de notre pays, qui est aujourd’hui un Etat membre à part entière de l’Union africaine, dont l’intégrité, l’indépendance et la souveraineté territoriales sont protégées par le droit international et par le combat mené par le peuple sahraoui à travers l’Histoire». «Le Maroc, par son obstruction au référendum d’autodétermination contenu dans le mandat de la Minurso et par sa politique de violation des droits de l’Homme à grande échelle dans les zones occupées de notre pays, est aujourd’hui un Etat hors la loi internationale», a affirmé le ministre sahraoui. D’ailleurs, a-t-il observé, «la vague de répressions déclenchée dimanche dernier dans la ville occupée de Dakhla, où deux citoyens civils sahraouis ont été tués et des dizaines d’autres blessés par la répression combinée de l’armée d’occupation et des colons, ne laisse pas de doutes sur la nature colonialiste de la présence marocaine dans notre pays». «C’est dans ce cadre, qui apparaît hautement provocateur, que le ministre marocain des Affaires étrangères, en ignorant la position de l’Union africaine et en faisant une lecture cynique des leçons découlant du printemps arabe, a osé demander devant l’Assemblée générale le soutien des Etats membres à son désir de faire partie du Conseil de sécurité», s’étonne Ould Salek.

    Selon lui, «un tel appel porte en lui-même une invitation à offrir à la politique d’agression et de violation des droits de l’Homme engagée par le Maroc contre notre peuple un siège au Conseil de sécurité».

    «Le peuple sahraoui et la communauté internationale partagent une vision et un objectif communs, qui sont la défense du droit international applicable à un conflit de décolonisation, et le temps est venu pour faire face avec détermination aux manœuvres et tergiversations marocaines», a-t-il soutenu.

    Par ailleurs, une source diplomatique sahraouie a indiqué, hier, mardi, que suite à la répression marocaine menée contre des civils sahraouis dans la ville occupée de Dakhla, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a dépêché dans cette localité son représentant spécial pour le Sahara occidental afin de s’enquérir de ces événements tragiques.

  • Dakha dans le sud du Sahara occidental est à feu et à sang

    Dimanche dernier après un match de foot, un sahraoui est violemment agressé par des colons marocains sous l’oeil imperturbable des policiers marocains.

    Exaspérés par l’injustice, les sahraouis organisent une manifestation pacifique de protestation contre ce parti pris de la police, et revendiquant l’autodétermination de leur peuple, opprimé sur ses propres terres par le colonisateur.

    Le parti pris est confirmé quand les colons attaquent violemment les sahraouis avec matraques et gourdins. Dans le milieu de la matinée du lundi, en plein jour, des colons marocains frappent à mort un sahraoui, dont le tort était sûrement de l’être.
    Les renforts militaires marocains arrivent rapidement, lundi matin, puis mardi matin.

    Les autorités marocaines annoncent la mort de sept personnes, conséquences selon eux d’affrontement suivant un match de foot.

    L’AFP pour une fois, communique rapidement l’information des violences et des morts. Néanmoins, pourquoi les informations relayées en provenance de ce territoire occupé sont-elles celles provenant de la MAP, l’agence de presse officielle des autorités coloniales ? Notre AFP n’est elle pas neutre et bien informée ?

    Il y a des sources sahraouies d’information, la société de presse sahraouie basée dans les campements de réfugiés, des organisations de journalistes sahraouis et des organisations des droits de l’homme en territoires occupés, qui diffusent de l’information malgré les risques qu’ils courent. Rien n’est plus de l’aptitude d’un journaliste que de trouver des sources, surtout quand elles sont en ligne sur le net.

    Il est grand temps de présenter les informations provenant de la partie occupée du Sahara Occidental avec les deux versions des faits, objectivement.

    Parce que les autorités marocaines ne diront pas que les militaires marocains ont tiré à balles pour disperser les sahraouis. Ni que cette nuit de mardi à mercredi 28 septembre 2011, le couvre feu est imposé à Dakhla dans le quartier sahraoui, alors que les colons marocains circulent librement, pas plus qu’ils ne diront que les autorités indiquent aux colons, dans le quartier marocains, les quelques maisons sahraouies qu’il est autorisé, ou peut être recommandé de piller, leurs habitants ayant fui de peur des violences.

     

     Les autorités marocaines ne diront pas non plus que le président de la République Sahraouie a saisi le Secrétaire Général des Nations Unie pour lui demander d’agir en urgence pour protéger les civils sahraouis des violences policières et militaires marocaines.

    Il est indispensable aussi dans les communiqués de l’AFP d’ajouter à la phrase « le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui, soutenu par l’Algérie » le nom de chacun des pays du monde entier. La liste sera longue alors, mais les réfugiés ne survivraient pas une semaine dans le désert aride et inhospitalier où ils sont depuis 35 ans, sans l’assistance internationale des agences de l’ONU, de l’UE et d’ONG internationales ou l’assistance des pays qui accueillent les étudiants sahraouis…

    Il serait plus juste de dire que le Maroc propose une autonomie au pays qu’il a colonisé, sans alternative et surtout pas de pouvoir choisir d’être indépendant, contrairement à tous les pays reconnus territoires non autonomes par lONU. Et plus juste aussi de dire que les sahraouis revendiquent l’application du droit international, un référendum d’autodétermination, condition du cessez-le-feu signé en 1991 et constamment empêché par le Maroc depuis 20 ans.

    APSO, le 28 septembre 2011

    Dakhla 26 septembre 2011, omniprésence des militaires marocains