Mois : juillet 2011

  • Sahara occidental : peu d’avancées lors des derniers pourparlers

    22 juillet 2011 – Sur invitation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, les délégations du Royaume du Maroc et du Front Polisario ont assisté à une nouvelle série de pourparlers informels à Greentree, Long Island, entre le 19 au 21 juillet 2011.

    « Afin de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, les deux parties ont poursuivi l’approfondissement de la discussion des deux propositions, y compris la question du corps électoral, les mécanismes d’autodétermination et les formes de garanties », a fait savoir le bureau du porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dans un communiqué vendredi.

    « À la fin de la réunion, chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base unique des négociations à venir, tout en réitérant leur volonté de travailler ensemble afin de trouver une solution politique conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies », précise le communiqué.

    Les discussions ont eu lieu dans le cadre de la Résolution 1979 du Conseil de sécurité. Les délégations des Etats voisins, l’Algérie et la Mauritanie, étaient également présentes aux sessions d’ouverture et de clôture, ainsi que lors de l’examen des « Mesures de Confiance ».

    Les deux parties ont exploré des moyens de faire participer des membres respectés d’un large groupe représentatif de la population du Sahara occidental à l’accompagnement du processus de négociation. Elles ont aussi entamé une discussion qui sera approfondie dans les prochains mois sur des thèmes de gouvernance, tels que l’éducation, l’environnement et la santé, sans préjudice quant au statut définitif du Territoire, a indiqué le bureau du porte-parole du Secrétaire général.

    Les parties ont également pris connaissance du rapport de la dernière mission technique du Service de l’action antimines des Nations Unies (UNMAS) et ont entamé une discussion préliminaire sur le thème des ressources naturelles dans le cadre de réflexion proposé par les Nations Unies. Les parties ont décidé de travailler avec les Nations Unies dans les prochains mois sur les sujets des ressources naturelles et du déminage pour approfondir les discussions dans le cadre des négociations.

    Sur les « Mesures de Confiance », les parties et les pays voisins ont confirmé leur soutien à la mise en œuvre ordonnée du programme d’action de 2004 et des visites familiales par voie terrestre.

    Enfin, les parties ont confirmé leur intention de participer au séminaire qui sera organisé par le Haut Commissariat pour les Refugiés à Madère, Portugal, en septembre 2011 et à la prochaine rencontre d’évaluation avec le Bureau du Haut Commissaire pour les Refugiés à Genève prévue en octobre 2011. Les prochains pourparlers informels auront lieu après la session d’automne de l’Assemblée générale.

  • Des élus français fustigent la position de Paris

    Des élus français ont fustigé, jeudi, à Boumerdès, la position de Paris sur la question sahraouie, dénonçant en particulier des blocages pour une solution au conflit de son parti pris pour le Maroc. Les élus venus de Paris, Metz, Marseille et Lyon ont saisi l’occasion de la tenue de la 2e université d’été de la république sahraouie qui se tient depuis une semaine dans la ville de l’ex-Rocher pour exprimer leur solidarité avec un peuple qui se bat pour recouvrir son indépendance.
    Les élus français, dont certains sont des militants des droits de l’homme, ont été unanimes pour dénoncer l’État français qui apporte son soutien au Maroc et qui continue d’opposer son veto sur la mise sur pied d’un mécanisme de surveillance et de protection des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés dans la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. “L’attitude du gouvernement français est étrange ; d’une part elle intervient dans d’autres régions pour protéger les droits de l’homme et elle ferme les yeux sur ce qui se passe dans les territoires occupés”, a affirmé un élu de Lyon. Un autre militant de gauche de Marseille trouve la position de la France “scandaleuse”, précisant que la position de son pays ne reflète pas celle du peuple français. 
     
    De son côté, Mme Joseph Blanchet, chargée des politiques des villes et de l’action sociale et du logement de Paris, juge “inacceptable” que la France, par le bais de son président, continue à utiliser son droit de veto à l’Onu pour bloquer une solution juste à ce conflit. “Mais on doit établir un rapport de force par l’explication, par les négociations et les idées de progrès, afin que personne ne décidera à notre place, nous le peuple français”, a-t-elle encore souligné. Et d’ajouter : “Le gouvernement français doit s’appuyer sur l’opinion de la population et non pas sur celle des multinationales qui continuent à dicter leurs politiques sur l’avenir des peuples.” L’élue parisienne a annoncé que des enfants sahraouis seront reçus comme des grands citoyens le 29 janvier en France. “ça sera une occasion pour montrer que ce peuple attend aussi la liberté”, dit-elle.
  • Une reconnaissance de gangsters

    Le groupe de contact anti-Kadhafi a annoncé, à l’issue de sa réunion avant-hier à Istanbul, avoir décidé de reconnaître le Conseil national de transition comme autorité gouvernementale légitime. Le groupe de contact est formé de pays majoritairement occidentaux qui participent à l’intervention militaire contre la Jamahiriya libyenne. Une intervention plutôt mal vue par l’Union africaine qui, plus logique et plus démocrate, prône pour sa part une solution pacifique selon le choix souverain du peuple libyen. Le groupe de contact n’a rien d’africain ni de maghrébin. Mais il n’hésite pas à se substituer au peuple libyen pour délivrer arbitrairement à sa place, dans une sorte d’usurpation de fonctions, les certificats de légitimité à qui il entend. 
     
    Un groupe de pays s’arroge le droit de reconnaître un groupe de rebelles qui n’est pas reconnu par l’Organisation des Nation unies qui, elle, traite toujours et exclusivement avec le pouvoir en place en Libye. Le groupe de contact devrait nous expliquer son cavalier seul loin de l’ONU où, par exemple, le CNT n’a ni la même considération ni le même statut que le Sud-Soudan. Comme il devrait nous expliquer pourquoi subitement les élections n’ont plus de valeur à ses yeux et qu’ils ne veulent plus, contrairement à l’Afrique et à Kadhafi, y recourir pour régler le conflit sans morts, sans destructions. 
     
    La reconnaissance du groupe de contact repose tout simplement sur la force et ne reflète en aucun cas la réalité du terrain. Sur ce dernier, l’évolution de la crise démontre clairement aujourd’hui que Kadhafi n’est pas aussi dangereux pour son peuple qu’on le prétend, alors que les ONG dont HRW nous disent que les exactions sont plutôt le fait des rebelles. Comment le pouvoir légal en Libye pourrait-il résister tous ces mois à l’OTAN et à ses vassaux s’il n’était pas plus populaire que le CNT, une force artificielle qui flancherait vite sans ses souteneurs ? Maintenant on serait contents de savoir comment réagiraient les as d’en face si un «groupe» venait à reconnaître un gouvernement corse. Comme on voudrait bien savoir pourquoi on reconnaît le CNT et pas la RASD, membre fondateur de l’UA, reconnu par des dizaines de pays ? Pourquoi on ne bouge pas face aux atteintes des droits humains au Sahara occidental ?
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr

    Le Jeune Indépendant, 16/07/2011

  • Sahara occidental : prochains pourparlers du 19 au 21 juillet près de New York

    14 juillet 2011 – Les prochains pourparlers informels sur le Sahara occidental entre le Maroc et le Front Polisario auront lieu du 19 au 21 juillet à Greentree, Long Island, près de New York, a annoncé jeudi le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.

    Les pourparlers auront lieu à l’invitation de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Les Etats voisins, l’Algérie et la Mauritanie seront également présents.

    « Lors de ces pourparlers, les parties, comme il a été convenu précédemment, approfondiront leur discussion sur leurs propositions respectives pour un règlement, notamment la question du corps électoral et les mécanismes d’auto-détermination », a indiqué le porte-parole. Elles discuteront également des nouvelles idées mises en avant par le Secrétaire général dans un récent rapport sur le Sahara occidental.

    Enfin, le Maroc et le Front Polisario auront « l’opportunité d’examiner le statut des mesures d’élaboration de la confiance, de continuer leur discussion sur le déminage et d’entamer un examen préliminaire de la question spécifique des ressources naturelles. »

    Les derniers pourparlers informels sur le Sahara occidental se sont déroulés près de New York du 5 au 7 juin 2011. Ils n’avaient pas abouti à des avancées significatives

    Centre d’Actualités de l’ONU, 14/07/2011

  • Quand le Maroc offre de « généreux cadeaux » aux criminels de guerre israéliens

    Rabat.- Selon le quotidien israélien Maariv, du mercredi 13 juillet, le parlement israélien a pris la décision de dévoiler une liste de cadeaux offerts aux officiels et parlementaires israéliens par des personnalités étrangères.
    On apprend que la famille royale marocaine compte parmi les plus « généreux donateurs » de cadeaux aux responsables de l’Etat hébreu.
    Ainsi, Maariv, repris par le site chinois People Daily, nous révèle que « Lalla Salma », l’épouse du roi Mohamed VI, a offert un « collier en or » à Tzipi Livni lors de sa visite au Maroc en 2009.
    A la même époque, Tzipi Livni avait évité de se rendre en Angleterre car un tribunal anglais avait lancé un mandat d’arrêt contre elle pour « crimes de guerre » contre le peuple palestinien lors de l’assaut israélien contre Gaza.
    Madame Tzipi Livni, qui lors de son séjour au Maroc était la chef de l’opposition parlementaire israélienne, avait été invitée au Forum MEDays organisé à Tanger, du 19 au 21 novembre 2009,  par Amadeus, le think tank du jeune Brahim Fassi Fihri, qui n’est autre que le fils du ministre marocain des Affaires étrangères Taib Fassi Fihri.
    Tout cela était connu, mais, on ne savait pas qu’elle avait été reçue par les plus hautes autorités de l’Etat marocain.
    Mais peut-être que le « collier en or» lui a été envoyé par courrier.
    Thami Afailal
    DEMAIN ONLINE, 14/07/2011
  • Hassan II aurait vendu pour 200 millions de dollars l’opposant libyen Omar El Mhichi à Kadhafi

    Rabat.- C’est l’ex-ambassadeur libyen auprès de l’ONU, Mohamed Chalgham, qui le raconte dans les mémoires qu’il est en train d’écrire. Le défunt autocrate alaouite Hassan II aurait vendu au colonel Kadhafi, pour la jolie somme de 200 millions de dollars, Omar El Mhichi, l’un des plus fermes opposants libyens.

    Mohammed Shalgham, qui a été ministre des affaires étrangères de Kadhafi avant de l’abandonner pour se raller à la révolte libyenne donne des détails scabreux de cette transaction financière entre les deux dictateurs arabes.

    Omar El Mhichi avait été le compagnon de Mouammar Kadhafi lors du coup d’Etat de 1969 contre le roi Idriss 1er. Membre du Conseil de la révolution, ministre du Plan et unique intellectuel de l’équipe dirigeante libyenne, il avait coupé les ponts avec le régime en 1975 après avoir dénoncé la dérive despotique de Kadhafi.

    Réfugié dans un premier temps en Tunisie, il avait obtenu l’asile au Maroc. Quelque temps avant la signature du traité d’union entre le Maroc et la Libye, en 1984, Hassan II, contrevenant à toutes les lois d’hospitalité promues par son Office national de tourisme, vendit Omar El Mchiri à Kadhafi pour 200 millions de dollars. Une somme qui est sûrement allé garnir les comptes suisses du défunt souverain.

    A l’époque, face à l’indignation manifestée par certains, le conseiller royal Ahmed Bensouda avait « démenti catégoriquement » cette nouvelle dans le quotidien koweitien As-Siyassa, et au Maroc, Rissalat Al-Oumma, l’organe officiel de l’Union constitutionnelle de Maâti Bouabid, un parti de l’administration, avait défendu dans un éditorial « l’attachement des Marocains à la morale et aux règles internationalement reconnues ».

    La vérité, selon Chalgham, qui promet d’autres révélations, Omar El Mchiri a bien été vendu à Kadhafi par Hassan II et après sa remise aux Libyens le malheureux aurait été égorgé comme un mouton. Chalgham débutera samedi 16 juillet dans le quotidien arabe de Londres Al Hayat une série d’entretiens qui promettent d’être intéressants.

    Moralité, un peu légère, de cette triste histoire : on savait que Hassan II était très bon quand il s’agissait de vendre un quelconque produit. Il a vendu ses palais royaux à l’Etat marocain (qui depuis les entretient aux frais du contribuable) tout en continuant, lui et son successeur, à les utiliser exclusivement et gratuitement. Il a vendu « ses » Juifs à l’Etat d’Israël au prix de 50 dollars par tête de pipe (Voir Agnès Bensimon, « Hassan II et les Juifs »). Mais là, il s’est surpassé, il a obtenu 200 millions de dollars pour une seule tête.

    Avec un chef d’Etat comme ça, on ne comprend vraiment pas pourquoi le Maroc n’est pas devenu la grande puissance économique qu’il aurait pu être

    Thami Afailal 

    Demain Online, 15/06/2011
  • A chacun son allégeance

    Le référendum aura été en quelque sorte un acte de «renouvellement d’allégeance», disait le prince Moulay Hicham Ben Abdellah El Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, mardi dernier à l’université de Malaga. Une interprétation pertinente qui éclaire sur les arrières-goûts d’un référendum constitutionnel aussi apprécié que le chanvre indien au royaume de Shamharouche. Sauf qu’on ne sait pas si le prince charmant incluait ou non dans ses pensées le Sahara occidental lorsqu’il pensait à cette allégeance. 
     
    On ne sait pas s’il avait à l’esprit le Maroc dans ses frontières internationales telles que définies par le «Machin» ou le Grand Maroc dont les frontières sont aussi floues et aussi élastiques que celles du Grand Israël. Mais qu’importe, puisque les Sahraouis, les véritables propriétaires de la Seguia El Hamra wa Wadi Edhahab, disent que le référendum sur la Constitution du roi ne les concerne pas et qu’ils tiennent plus que jamais, eux, à un référendum d’autodétermination. 
     
    A écouter le Makhzen, on pourrait croire que les Sahraouis seraient de zélés Marocains, alors que la réalité du terrain dit que la situation reste tendue dans les territoires sahraouis occupés, particulièrement à El Ayoun, qui connaît un déploiement sécuritaire inhabituel, confirmé de source médiatique marocaine. En envoyant de tels renforts, le souci du Makhzen n’était pas de garantir la sérénité de l’opération référendaire. L’objectif était d’empêcher un Gdeim Izik bis, l’acte II du «camp» qui avait donné en novembre dernier le la aux «printemps arabes». Les Sahraouis comptaient cette fois monter leur camp sur le littoral à Foum el Oued, dans la commune de Lamrissa, à 20 km d’El Ayoun. Un renouvellement d’allégeance au Polisario, comme dirait Moulay Hichem. Les véhicules se rendant vers ces lieux sont fouillés, les tentes à bord saisies et le camping interdit en dehors des endroits désignés. Bref, des trucs qui ne figurent pas dans les mesures de confiance de Christopher Ross, alors que la question des droits humains s’impose davantage dans les pourparlers. 
     
    Que cela ne plaise pas aux «bienfaiteurs» d’en face n’y changera rien comme on le verra au prochain round de discussions informelles entre le Maroc et le Polisario en tant que «représentant unique et légitime du peuple sahraoui».
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr

    Le Jeune Indépendant, 14/07/2011

  • Moulay Hicham : le référendum aura été un acte de « renouvellement d’allégeance »

    Marocution, Malaga 12 juillet 2011 – Même si les taux semblent disproportionnés, Moulay Hicham a déclaré ne pas être surpris par les résultats du référendum. Il a néanmoins fait remarquer que, loin de rompre avec le passé et d’être « un acte fondateur d’un nouvel ordre citoyen », le référendum aura été en quelque sorte un acte de « renouvellement d’allégeance».

    Le Maroc, a-t-il dit, a besoin d’un gouvernement et d’un premier ministre extrêmement forts s’il veut rentabiliser au maximum les nouvelles dispositions constitutionnelles, soulignant que le contexte politique marocain est marqué par ce qu’il a qualifié de « fatigue générale » 

    C’était lors du débat qui a suivi la conférence donnée par le cousin de Mohammed VI, mardi 12 juillet au rectorat de l’université de Malaga, dans le cadre de ses cours internationaux d’été. 

    Le prince Moulay Hicham Ben Abdellah El Alaoui a mis en garde contre l’islam politique, mais aussi contre l’islam d’état, rappelant à cet effet la maladresse des prêches du vendredi, précédant le référendum sur la nouvelle constitution marocaine, appelant dans les mosquées les fidèles à voter « oui ». 

    Le ‘’réveil’’ que connaît le monde arabe pose à nouveau l’éternelle question de la séparation entre les sphères politique et religieuse. On devrait s’inspirer des processus d’introduction de la laïcité en occident, sans en importer le modèle, a-t-il souligné, précisant que plusieurs changements sont en cours dans ce sens, mais que d’ici 10 ou 20 ans, des sujets hautement symboliques, concernant des questions délicates comme les droits des homosexuels, vont se poser.

    L’importance donnée aux réseaux sociaux dans l’avènement des mouvements qui secouent le monde arabe, comme celui du 20 février, est exagérée, ces réseaux étant uniquement des instruments qui, à eux seuls, ne peuvent apporter la démocratie, a souligné Moulay Hicham.
    Il a fait remarquer que, lorsque les régimes sont fermés, et qu’il n’y a pas de « structure d’intermédiation », ce genre de mouvement pousse dès le départ les mobilisations à l’extrême, vers « la demande du départ du régime ». Par contre, lorsqu’il y a ouverture, à un moment ou à un autre, il faut dialoguer. Ce qui devrait inciter ces mouvements à s’organiser au niveau national, éventuellement avec un directoire. Et le seul appui dont ils ont besoin, c’est l’appui moral, a-t-il déclaré.
    Photo : Marocution

    C’était la première fois que le prince Moulay Hicham s’exprimait publiquement en Espagne, et surtout les premières déclarations publiques après la célébration du référendum au Maroc.
    Dans l’exposé qu’il avait présenté en anglais, celui qu’on appelle le prince rouge a analysé « le printemps arabe », un printemps qui se convertit en été très chaud ! Les cas tunisien et égyptien d’abord, les problèmes libyen, yéménite et syrien, ou encore les situations au Bahreïn, en Jordanie, en Algérie ou encore au Maroc sont analysés minutieusement par le prince-politologue, présenté à l’auditoire comme « le premier membre d’une famille royale arabe qui se prononce ouvertement pour la démocratie » 

    La conférence-débat à laquelle Marocution a assisté a été suivie avec beaucoup d’intérêt par des professeurs universitaires, des journalistes et des étudiants, directement ainsi qu’à travers un Campus virtuel sur le Net. 
    Marocution,  12/07/2011
  • Etablissement de relations diplomatiques entre la RASD et le Sud Soudan

    BIR LAHLOU– La République arabe sahraouie démocratique (RASD) et la République du Sud Soudan ont décidé d’établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs, a indiqué lundi un communiqué du ministère des affaires étrangères sahraouies.

    « Soucieux de renforcer leurs relations bilatérales dans le cadre des principes et objectifs contenus dans le statut de l’Union africaine et de la charte des Nations Unies, et au regard des liens séculaires d’amitié, de solidarité et de lutte commune pour la liberté, l’autodetermination et l’indépendance, la République arabe sahraouie démocratique et la République du Sud Soudan ont décidé d’établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs », a précisé le communiqué. Le communiqué commun a été signé par le ministre des affaires

    étrangères du Sud-Soudan Ding Kowl et son homologue sahraoui M.Salem Ould Salek.

  • Interview de Abderrahim Bouabid et Mehdi Ben Barka (Avril 1963)

    L’interview qui suit a été publiée par Jeune Afrique en Avril 1963. Les deux leaders de l’UNFP (ancêtre de l’USFP) y évoquent les problèmes et l’actualité d’un pays qui sombre dans le sous-développement, après l’expérience avortée du gouvernement de Abdellah Ibrahim. Notez le timing : l’interview a été réalisée 4 mois après l’adoption de la constitution de décembre 1962, boycottée par l’UNFP. Les sujets abordés restent incroyablement d’actualité  en 2011: pouvoirs du roi, création ex-nihilo d’un parti par un ami du roi, corruption dans l’administration, arabisation de l’enseignement, libertés publiques… Cinquante ans après, nous y sommes toujours. Et si on ne fait rien, on sera toujours à traiter des mêmes sujets dans un siècle…

    « La gauche marocaine riposte »

    – Les principaux membres du gouvernement viennent de créer dans votre pays un nouveau parti. Est-ce que ce regroupement est pour vous un péril grave et voyez-vous désormais votre adversaire en M. Guédira?

    Nous sommes des hommes sérieux à la tête d’une organisation sérieuse et il est impensable que notre principal adversaire soit un homme aussi inconsistant et aussi dépourvu d’arrières que M. Guédira. Non, il ne faut pas laisser planer la confusion. Notre adversaire réel est celui qui refuse de remplir la tâche qui était naturellement la sienne, c’est-à-dire l’arbitre qui aurait dû se situer au-dessus des partis et qui s’est transformé en chef d’une coalition d’intérêts. Nous voulons parler du roi.

    Guédira n’est que son ombre, il n’a aucune existence politique propre, si ce n’est pour exprimer très fidèlement les vues de son maître. Si demain le roi décidait de s’en séparer, il redeviendrait sans doute ce qu’il était, c’est-à-dire rien. Il est facile de constater que lorsque le roi a voulu se séparer des forces populaires, rien de tel ne s’est produit et le Mouvement national est demeuré, sinon intact, du moins très vivant.

    Guédira n’est que l’instrument d’une certaine politique du Palais. Et ce n’est pas l’instrument qui nous préoccupe, c’est la politique en question.

    – Cette politique, quelle est-elle, selon vous ?

    Elle paraît à peu près évidente… Il s’agit de poursuivre l’entreprise que le Palais a, depuis l’indépendance,- menée-: -c’est-à-dire l’émiettement  du Mouvement national en une série de partis, de manière à ne pas se trouver face à un adversaire puissant. Le front qui vient d’être créé a évidemment pour objectif de rassembler un certain nombre d’hommes qui dépendent du pouvoir. Ce rassemblement peut se faire soit par des promesses de postes, ou d’avancement, qu’une faction au pouvoir peut facilement faire et peut-être même tenir, soit carrément par la menace.

    En somme, ce régime qui prétend, dans la Constitution qu’il s’est donné, interdire le parti unique est en réalité en train d’essayer d’installer son parti unique, c’est-à-dire le parti de l’administration, de la police, etc. Il y arrivera ou il n’y arrivera pas. Je n’en sais tien. Tout ce que je sais, c’est que, s’il y arrivait, ce serait le début d’un véritable régime fasciste.

    – Ne pensez-vous pas plutôt que le roi, non seulement souhaite que le régime actuel de la multiplicité des partis soit maintenu, mais que, de  plus, il y trouve intérêt ?

    En tout cas le Mouvement nationaliste a été victime d’un coup d’État typiquement réactionnaire en avril 1960. Poussé par le prince héritier, le roi Mohammed V nous avait fait quitter le gouvernement contre notre gré, alors qu’un programme était en cours, que des engagement clairs, que pour notre part nous avons toujours respectés, avaient été pris de part et d’autre. L’opposition au gouvernement d’Abdallah Ibrahim, c’était le prince héritier qui la dirigeait de l’intérieur du gouvernement et les pressions qu’il a exercées sur feu Mohammed V ont été suffisamment fortes. Le prince héritier se méfiait de nous. Il disait à son père que nous voulions mettre en question le principe monarchique.

    – Est-ce que sa méfiance était fondée ?

    Voyons, il ne faut tout de même pas oublier que c’est nous qui, en réalité, avons restauré le prestige de la monarchie dans ce pays. Souvenez-vous : depuis le traité du protectorat, depuis le 30 mars 1912, la monarchie était complètement déconsidérée aux yeux du peuple. C’était le « roi des Français » et les Berbères avaient une formule pour le définir: « Agalid Er Roumi ». Depuis 1943, le Mouvement national a restitué à la monarchie la légitimité qu’elle avait perdue. Puis, par un travail incessant, nous avons rendu le roi non seulement légitime, mais populaire. Nous l’avons fait pénétrer dans les foyers et dans les douars.

    En 1955, Mendès France, puis Edgard Faure, pour nous faire abandonner ce qu’on appelait alors « le préalable de la libération du roi » nous disaient: « Mais pourquoi insistez-vous pour faire appeler le roi sur le trône » ? Là encore nous avons soutenu la monarchie . Mais tout cela à une condition expresse, qui était claire dans l’esprit de tous: créer nous- mêmes une Monarchie constitutionnelle où le roi aurait été le symbole de la continuité des institutions et où un gouvernement responsable aurait exercé le Pouvoir. En fait, voilà à quoi nous avons abouti :  la Constitution a été octroyée. Elle laisse au roi toute la réalité du Pouvoir. Cela peut amener le pire.

    La suite…

    -Etes-vous encore les défenseurs de la monarchie, du principe monarchique ?

    Pour nous, l’essentiel  n’est pas pour le moment la forme qu’ont les institutions, c’est leur contenu. Je veux dire que la question n’est pas de savoir si le chef de l’Etat sera roi ou président. Cela pourrait n’avoir qu’une importance secondaire. Le plus important est de faire sortir le pays du sous-développement et tous ceux qui sont disposés a s’engager dans cette lâche sont des nôtres. Mais il faut vraiment vouloir s’y engager et non pas créer des institutions moyenâgeuses, avec tout un faste coûteux, une corruption à tous les échelons, un chef d’Etat et de gouvernement qui se considère comme le propriétaire. Il faut bien se dire une chose : le Maroc n’appartient à personne.

    Mais on ne peut pas être plus royaliste que le roi. S’il y a un homme qui sabote la monarchie, c’est bien le roi lui-même. N’est-ce pas saboter la monarchie que de mettre l’État entre les mains d’hommes qui n’ont strictement aucun répondant populaire’? N’est-ce pas saboter la monarchie que de la ridiculiser dans cette affaire mauritanienne par exemple?

    N’est-ce pas saboter la monarchie que de faire prendre directement au roi la responsabilité du pouvoir donc de le rendre vulnérable? Et, enfin, en centralisant le pouvoir entre les mains d’un seul homme auprès duquel les ministres sont des simples instruments; en laissant l’irresponsabilité se propager à tous les niveaux de l’Etat, ne sabote-t-on pas la monarchie?

    Il suffit d’ailleurs de dresser le bilan de ces trois dernières années de gouvernement pour faire apparaître à quel point le roi a détérioré son propre régime.

    – Quel est, selon vous, ce bilan?

    En avril 1960, le roi a voulu assumer directement les responsabilités du pouvoir et, pratiquement, Moulay Hassan, prince héritier d’abord, puis monarque, n’a pas cessé d’avoir en mains la présidence du Conseil. Pourquoi a-t-il pris ces responsabilités? Sous le prétexte que le régime des partis était instable, que le gouvernement n’était pas suffisamment fort, etc. Très bien. Il y a de cela trois ans. Trois ans de pouvoir personnel, de pouvoir stable, de pouvoir fort, pour reprendre les définitions qu’il se donne. Il est normal qu’après un tel laps de temps on fasse les comptes.

    N’oublions pas, en fait, que ce gouvernement n’a pas eu à subir les contrecoups directs de l’indépendance. Au moment où il a pris le pouvoir une première transition avait été opérée, d’autres que lui l’ont supportée.

    Bref, il a pris le pouvoir dans de bonnes conditions. Le critère absolu qu’il faut adopter est celui-ci : en quoi le gouvernement durant ces trois ans a-t-il contribué à faire sortir le pays du sous-développement ! Lorsque nous avons quitté le pouvoir, nous avons laissé en chantier un plan quinquennal dont la conception avait été très longue et que nos successeurs ont repris à leur compte en le modifiant sur des points importants.

    Nous entrons dans la quatrième année d’application de ce plan et, d’ores et déjà, on peut dire qu’il est complètement, absolument et définitivement raté. Examinons quelques aspects parmi les plus importants. Le plan prévoyait 3 % d’augmentation de la consommation et une augmentation de la production de 6 %. C’étaient des objectifs modestes mais avec les moyens que nous comptions utiliser, nous étions, du moins, pratiquement sûrs de les atteindre. Pour arriver à ces résultats, un certain volume d’investissements devait être réalisé. Or où en sommes-nous de ce programme ?

    En 1962, on aurait dû investir 125 milliards selon les prévisions du plan. Le gouvernement n’en a réalisé que 80 milliards. En 1963, on aurait dû investir 150 milliards. Il est à peu près certain que l’on n’arrivera pas à 90 milliards. Moyennant quoi, non seulement il y a stagnation de la production, mais compte tenu de la progression démographique, il y a une baisse du niveau de vie. Depuis trois ans, elle peut être évaluée à 4 %. Il est à peu près sûr qu’en 1965 le revenu par tête aura baissé de 9%, précisément pendant la période qui couvre le premier plan quinquennal. Brillant résultat. Qu’en pensez-vous ?

    A côté de cela, les dépenses s’enflent démesurément. Elles prennent des proportions qui sont sans rapport avec nos possibilités. Le seul budget de fonctionnement s’élève à 200 milliards avec un déficit annuel de quarante milliards. Alors, que fait-on ? Eh bien, tout simplement, on actionne la planche à billets et, d’ici quelques mois, on sera condamné à une dévaluation qui pourrait atteindre 30 %. Si la France paye, cette dévaluation sera peut-être retardée de six mois. Voilà à quoi mènent l’incohérence et la gabegie.

    – Est-ce que vous êtes sûrs que, si vous étiez demeurés au pouvoir, le plan n’aurait pas connu les mêmes malheurs ?

    Ce que nous avions prévu était à la mesure de nos moyens mais à une condition : l’honnêteté des responsables. Or, maintenant, la corruption s’est installée comme une institution. Demandez aux financiers internationaux. Sur leurs fichiers, ils on la liste des pays pour lesquels il faut inscrire dans les pertes et profits le chapitre « Backchiche ». Avant, le Maroc n’était pas dans cette liste. Aujourd’hui, pour notre honte, il s’y trouve, et en bonne place.

    Sur toutes les places financières, on sait aujourd’hui que pour obtenir tel ou tel marché au Maroc, il faut payer. Payer les directeurs, payer quelques grandes familles à tous les échelons. Croyez bien que les hommes d’affaires étrangers, qui peuvent être, par ailleurs, de très honnêtes gens, s’y retrouvent dans leurs comptes. C’est l’économie du pays qui paye.

    Aucune mesure, isolément, n’est à elle seule décisive. C’est un ensemble cohérent, un véritable plan de développement qui peut donner des résultats globaux. Je sais bien qu’il y a des gens pour se contenter de cette philosophie sceptique de nos anciens colonisateurs qui consiste à dire « Pensez-vous, vous vous faites des illusions. Ces pays sont pauvres et le resteront éternellement. » Nous ne sommes pas de ces gens-là. Nous sommes de ceux qui croient dans les possibilités de notre pays.

    Le Maroc n’est pas un pays pauvre. Chez nous, il y avait, et il y a encore, toutes les conditions d’un bon départ. L’infrastructure coloniale existe. Nous n’avons pas à partir de zéro. La piste de décollage est là. Il faut de l’énergie et le sens de l’intérêt public, mettre le carburant dans l’avion et le faire démarrer.

    – Est-ce que l’équipe au pouvoir est absolument incapable de cette énergie ?

    Elle a fait ses preuves. Nous avons vu ce qui se passait en matière économique. Jetons un coup d’œil sur la politique extérieure. L’affaire mauritanienne est un immense fiasco. Hassan Il en avait fait son cheval de bataille. Il disait « ma Mauritanie ». Nous avions déconseillé formellement cette politique à Mohammed V en préconisant, dès le départ, le recours à la volonté populaire. Mais Hassan voulait alors apparaître comme le maximaliste. Il a dépensé des centaines de millions pour envoyer des missions dans tous les pays du monde expliquer aux gouvernements étrangers que la Mauritanie était marocaine. Après trois ans de

    « gouvernement d’efficacité », il sera bien obligé d’aller serrer la main de Mokhtar Oul Daddah à Addis-Abéba ou ailleurs. Voilà encore des choses qui arrangeront notre prestige à l’étranger.

    Même incohérence en matière d’arabisation. Par démagogie, on parle d’abord d’une arabisation générale de l’enseignement. Pour contrer la gauche favorable à des solutions plus nuancées, le roi crée un Conseil supérieur de l’enseignement constitué en majorité d’éléments incompétents ou rétrogrades. Puis on change de politique et le roi se retrouve en difficulté avec le Conseil de l’enseignement qu’il a lui-même créé. Moi, j’appelle cela de l’inconséquence.

    – Si je comprends bien, on peut difficilement imaginer aujourd’hui un compromis entre vous et le régime ?

    Une solution est encore possible. Mais elle implique que de nombreuses conditions soient remplies. Tout d’abord une participation au pouvoir dans les conditions actuelles ne pourrait se faire, éventuellement, que sur la base d’un contrat précis. Les pouvoirs de chacun seraient délimités. Le programme serait fixé. S’il y a accord sur ces points, alors, peut-être qu’une participation deviendrait possible.

    Dans la perspective actuelle qui est celle des élections, il faut que la règle du jeu soit respectée. Si le régime est disposé à nous considérer comme un parti d’opposition dans une démocratie, les élections pourront se dérouler normalement, Mais cela implique la garantie de la sincérité du scrutin, et cette garantie ne peut être réelle que si un organisme dans lequel les forces populaires seraient représentées préside au contrôle de la consultation et au maintien de l’ordre au cours de ces élections. Il est impensable, en effet, que l’organisation et le contrôle des élections ne soient pas entre les mains d’hommes qui entendent faire la pression maximale sur la population pour arracher les suffrages qui leur font défaut.

    Si l’administration devient l’instrument d’un parti politique, alors il n’y a plus de recours et l’affrontement direct est inscrit dans les faits. Dès ce moment-là, nul ne peut dire jusqu’où iront les choses. A cette tentative de mainmise de l’administration sur le peuple, nous serons obligés de riposter et nous ne pourrons plus exister en tant que parti légal. La page sera tournée pour le mouvement national qui entamera alors une nouvelle étape de ce combat. Et l’on s’apercevra que la liberté dont nous jouissons aujourd’hui n’est vraiment que toute provisoire.

    Propos recueillis par Gut Sitbon alias Kamal Jawad