Mois : avril 2013

  • Sahara : Ban Ki Moon demande un mécanisme « indépendant » de surveillance des droits de l’Homme

    Les camps de Tindouf sont aussi concernés selon le dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur le Sahara, présenté hier à New York.
    Ban-Ki-Moon vient de rendre public son rapport annuel 2013 sur le conflit au Sahara, deux semaines avant la réunion à New York du Conseil de sécurité de l’ONU sur le renouvellement du mandat de la Minurso.
    Dans ce rapport, dont Lakome détient une copie, le Secrétaire Général de l’ONU revient sur les moments-clé de l’année écoulée et met en garde contre l’instabilité de la région causée par la guerre au Mali. Un gouvernement cité par Ban Ki Moon parle même de « bombe à retardement » au Sahara. Les dirigeants du Polisario ont avoué lors de leurs entretiens avec la Minurso que des infiltrations terroristes au sein de l’organisation étaient possibles.
    Le rapport note toutefois que l’urgence de la situation, loin de briser le statu quo, l’a au contraire renforcé : « le contexte régional tendu a rendu les positions plus rigides et soulevé des suspicions mutuelles entre voisins».
    Ban Ki Moon revient à plusieurs reprises sur l’importance de renforcer les relations entre le Maroc et l’Algérie. Son Envoyé personnel Christopher Ross a joué le médiateur entre Mohammed VI et le président Bouteflika, qui se sont mis d’accord sur certains axes de coopération à renforcer : les menaces sécuritaires, l’immigration illégale, le trafic de stupéfiants et « le désir de modérer les communiqués des médias officiels ».
    Droits de l’homme : Ban Ki Moon veut lui aussi un mécanisme indépendant
    Concernant les droits de l’homme, Ban Ki Moon revient d’abord sur le procès Gdim Izik et la condamnation par le tribunal militaire de Rabat de 26 sahraouis en février dernier. Il rappelle que l’ONHCR et le rapporteur de l’ONU sur la torture, Juan Mendez, ont exprimé leurs inquiétudes quant au choix d’un tribunal militaire et aux allégations de torture des accusés. « Je partage ces craintes », a-t-il dit. Ban Ki Moon rappelle aussi qu’à l’issue du procès, jugé « normal » par le CNDH, cette institution a recommandé de ne plus juger de civils devant le tribunal militaire.
    Le rapport de l’ONU reprend ensuite les principales observations et recommandations de Juan Mendezsuite à sa visite à Laâyoune en septembre dernier. Le diplomate argentin avançait l’idée de la nécéssité d’un mécanisme inter-gouvernemental « robuste » de surveillance des droits de l’homme dans la région.
    Ban Ki Moon rappelle que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avait demandé de son côté en septembre 2012 l’extension du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara. Demande rejetée par le Maroc car ne faisant pas partie du mandat du Conseil.
    Ban Ki Moon souligne d’ailleurs que le Maroc et le Polisario ont deux visions très différentes du mandat de la Minurso : pour le royaume, souveraineté oblige, il s’agit avant tout d’une force militaire chargée de faire respecter le cessez-le-feu. Alors que le Polisario pousse pour que la Mission soit également chargée de protéger les habitants du territoire.
    Ban Ki Moon estime que la mise en place du CNDH est un « pas positif » et il ne demande pas directement l’extension du mandat de la Minurso. Il affirme cependant que « le besoin d’un mécanisme indépendant, impartial, complet et prolongé de surveillance des droits de l’homme, à la fois au Sahara occidental et dans les camps, est plus que jamais pressant ».
    Ce sera au Conseil de Sécurité de l’ONU de prendre une décision lors de la réunion prévue le 25 avril prochain à New York.
    Lakome, 9 avril 2013
  • Sahara occidental : Ban Ki-moon réitère son appel pour une solution permettant l’autodétermination du peuple sahraoui

    NEW YORK – Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a réitéré mardi son appel pour « une solution juste, durable et mutuellement acceptable permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », tout en insistant sur « l’urgence d’une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l’homme » au Sahara occidental occupé.
    Dans son nouveau rapport sur le dossier du Sahara occidental qui sera présenté dans les prochains jours devant le Conseil de sécurité, le chef de l’ONU a souligné que « les difficultés ont continué d’entraver les progrès vers une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
    Relevant que le conflit du Sahara occidental a longtemps été un « sujet de discorde » au sein de la communauté internationale, M. Ban a averti que « la montée de l’instabilité et de l’insécurité à l’intérieur et autour du Sahel nécessite un règlement urgent de ce conflit de longue date ».
    Dans ce sens, il a considéré que le temps était venu pour que les parties au conflit (Front Polisario et Maroc) « avancent vers une solution avec l’encouragement et le soutien de la communauté internationale ».
    Il a alors exhorté les deux parties « à s’engager dans de véritables négociations » avec l’assistance de son Envoyé personnel, Christopher Ross.
    Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU a également rapporté les cas de violations des droits de l’homme des Sahraouis par les autorités marocaines comme il a fait part du rapport de février dernier du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, sur les cas de torture et les mauvais traitements pratiqués sur les Sahraouis.
    Il a également évoqué le rapport de l’organisation américaine RFKennedy center ainsi que les conditions du procès des 24 prisonniers civils sahraouis de Gdeim Izik.
    En conséquence, le chef de l’ONU a affirmé clairement que « compte tenu des rapports réguliers sur les violations des droits de l’homme, la nécessité d’une surveillance indépendante, impartiale, globale et soutenue de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental devient de plus en plus urgente ».
    Dans son rapport, il a aussi demandé au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la MINURSO au 30 avril 2014 avec un renforcement de ses effectifs.
    APS, 9 avril 2013
  • Ban Ki-moon dénonce "une érosion progressive de l’autorité de la MINURSO"

    NATIONS UNIES. Le chef de l’ONU, Ban Ki-moon a dénoncé lundi « une érosion progressive de l’autorité de la MINURSO », la mission chargée de veiller sur le cessez-le-feu au Sahara Occidental.
    Dans un rapport adressé au Conseil de Sécurité, Ban a appelé à renforcer la mission de paix de l’ONU au Sahara Occidental, et demandé 15 observateurs internationaux supplémentaires en vue d’arrêter « une érosion progressif de l’autorité de la MINURSO ».
    Le rapport fait état de 42 violations au cessez-le-feu commises par le Maroc contre 25 l’année dernière et 4 violations commises par le Front Polisario contre 7 dans l’année précédente.
    La plupart des violations marocaines étaient des extensions de tranchées et la construction de nouveaux postes d’observation militaire. Ban a signalé que cela a constitué « un changement progressif dans l’équilibre des forces entre les parties ».
  • Ban Ki-moon: "un dirigeant de la région a décrit ces camps comme "une bombe à retardement".

    Sahara occidental: Ban Ki-moon craint des retombées du conflit malien

    NEW YORK (Nations unies) — Le chef de l’ONU Ban Ki-moon a appelé lundi à une résolution « urgente » de la crise au Sahara Occidental de peur des retombées dans la région du conflit faisant rage au Sahel, en particulier au Mali, a-t-il dit dans un rapport au Conseil de sécurité.
    « La montée de l’instabilité et de l’insécurité au sein et autour du Sahel requiert une solution urgente de ce conflit qui dure depuis longtemps », a-t-il alerté dans ce rapport.
    Son envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, avait déjà eu de tels propos au début du mois à Alger, alors que se poursuivait l’intervention militaire contre des djihadistes au Mali.
    Celui-ci, dans la région depuis le 20 mars, s’est engagé dans de nouvelles tentatives de négociations entre le Maroc et le mouvement indépendantiste du Front Polisario. Il a notamment rencontré les autorités marocaines et algériennes, ainsi que des représentants du Polisario.
    « Tous les gouvernements consultés ont soulevé de sérieuses inquiétudes quant au risque que les combats au Mali puissent avoir des retombées dans les pays voisins et contribuent à radicaliser les camps de réfugiés du Sahara Occidental », a précisé M. Ban.
    Selon le rapport, un dirigeant de la région a décrit ces camps comme « une bombe à retardement ».
    Le Maroc propose une large autonomie pour la région, mais ce plan est rejeté par le Polisario, soutenu par l’Algérie, qui milite pour un référendum d’autodétermination. Ce conflit remonte aux années 1970.
    Les Nations unies y ont une mission, la Minurso, chargée de surveiller le cessez-le-feu depuis 1991.
    Depuis plusieurs années, des groupes liés à Al-Qaïda sévissent dans les pays de la bande sahélo-saharienne. Une intervention franco-africaine, qui a débuté le 11 janvier, a chassé en partie du nord du Mali ces groupes qui ont occupé cette région pendant plusieurs mois en 2012.
    Christopher Ross, également passé par la Mauritanie, doit achever sa tournée le 3 avril et présenter ses conclusions au Conseil de sécurité le 22 avril prochain.
    AFP, 09 avril 2013
  • Ni Maghreb économique, ni Maghreb politique

    Il aurait fallu dans le cas du Sahara Occidental, qu’une puissance comme la France s’en tienne à la résolution des Nations unies, elle qui avait travaillé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU à la promotion du droit international dans le cas cité à savoir la guerre contre l’Irak.

    L’Algérie va rencontrer, cette semaine, les neuf autres membres du groupe des 5+5 dont elle fait partie à savoir les cinq pays européens du bassin occidental de la Méditerranée, et ses quatre autres voisins du Maghreb. Les premiers sont solidaires et déjà engagés au sein de l’Union européenne tandis que les autres sont éparpillés tant au sein du Maghreb qu’au sein de la Ligue arabe. Ils sont ensemble mais pas unis. Les premiers sont engagés avec l’UE sur le plan de l’économie, et encore un peu moins sur le plan de la défense. 
    Les Etats-Unis encouragent depuis longtemps à la construction du Maghreb, au moins du Maghreb économique, en attendant d’avancer pour passer à une forme d’union. Un blocage politique des négociations entre le Polisario et le Maroc entrave le processus de construction du Maghreb sur les plans politique et économique. Pourront-ils dépasser leurs profondes divergences au sein de l’Union Pour la Méditerranée et se présenter ainsi solidaires pour renforcer leurs relations avec d’autres ensembles régionaux dans le monde ? Il ne faut pas oublier que l’UPM n’a pas pour vocation de devenir un ensemble obligatoirement solidaire car il n’y a pas que les cinq qu’on rencontre régulièrement dans le groupe des 5+5. 
    A ses débuts, il s’agissait de construire l’UM et non l’UPM. L’UM envisageant à ses débuts de grandes ambitions, car Sarkozy voulait en faire un ensemble soudé. C’était la Chancelière allemande qui avait tenu à introduire le P pour y intégrer tous les autres pays de l’UE justement pour qu’il n’y ait pas d’organisation parallèle à l’UE. Elle ne voulait pas d’une France  » bigame  » mariée à l’UE et à l’UM. Comment réussir dans le groupe des 5+5 ce qu’on ne peut pas réussir entre les pays du Maghreb ? 
    Si le Maghreb économique n’existe pas, qu’est-ce que nous pouvons faire dans ce domaine tant avec l’UPM qu’avec l’UE ? Plus de raisons de fermer les frontières avec le Maroc que de raisons pour les fermer ? La fermeture des frontières bloque l’avancée des négociations de coopération économique, voire la construction du Grand Maghreb. Ne serait-il pas un projet trop grand pour les pays du Maghreb que de décider de faire cette union que l’on sait pourtant impossible? Les dirigeants s’étaient consultés et n’avaient pas pu. Les peuples pour le moment quant à eux n’ont jamais été consultés à ce sujet. Pourtant, les dirigeants parlent d’un Maghreb des peuples. 
    En juin 1988, à Zéralda, au lendemain de la clôture du sommet de la Ligue arabe, les cinq dirigeants des pays du Maghreb, en présence du roi de l’Arabie Saoudite, avaient tous affirmé que la question du Sahara Occidental ne pouvait nullement en constituer un obstacle. Et pourtant, cette vision n’avait pas été confirmée sur le terrain. 
    Tous ceux qui avaient suivi avec admiration le rôle qu’avait joué la France au Conseil de sécurité de l’ONU pour promouvoir le droit international dans l’agression que s’apprêtait à commettre l’hyper puissance américaine contre l’Irak espéraient qu’enfin la justice internationale influerait sur toutes les décisions onusiennes. Il aurait fallu dans le cas du Sahara Occidental, qu’une puissance comme la France s’en tienne à la résolution des Nations unies, elle qui avait travaillé au sein du Conseil de sécurité de l’ONU à la promotion du droit international dans le cas cité à savoir la guerre contre l’Irak. La France avait ouvert la voie à l’espoir mais l’a refermée avec sa position dans l’affaire du Sahara occidental. 
    Les populations sahraouies souffrent pour deux raisons : pas de souveraineté politique sur leur Etat, car encore colonisé au troisième millénaire bien amorcé, pas de souveraineté sur leur devenir économico social pour cause de colonisation de leur pays. Pourra-t-on dire, maintenant, après la position de la France sur la question du règlement du conflit entre le Maroc et le Polisario, qui a révélé un parti pris flagrant en faveur du Maroc, que le projet de l’Union Pour la Méditerranée est sur la bonne voie ?
    Il est vrai qu’un tel projet nécessite que les conflits cessent et que s’installe la stabilité politique comme préalable à la stabilité économique et à la réunion des conditions d’une coopération d’où la possibilité de penser à une intégration économique.
    N. B.
    Le Maghreb, 9 avril 2013
  • Sahara occidental : Le roi Juan Carlos était un « informateur » des Américains

    La nouvelle fournée de câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaksvient de faire une nouvelle victime. Ou plutôt vient de révéler le nom d’un énièmeconfident des Américains. Cet informateur est le roi d’Espagne, Juan Carlos 1er, l’actuel chef d’Etat du pays voisin.
    Selon les rapports de l’ambassadeur américain à Madrid (entre 1975 et 1978),Wells Stabler, le prince Juan Carlos de Bourbon, successeur désigné deFranco à cette époque, le tenait informé des mouvements du Caudillo auSahara occidental. Il le tenait tellement bien informé que les Américains savaient mieux que quiconque ce que faisait ou ce comptait faire le moribond Franco au Sahara au moment où Hassan II s’apprêtait à lancer la Marche verte. Puis après quand il l’avait lancée.
    Selon Stabler, Juan Carlos était tout sauf discret. Ce qu’il racontait aux Américains, il le racontait aussi à d’autres. Les confidences du futur roi d’Espagne arrivaient aussi à l’ambassade des Etats-Unis à Rabat, quelqu’un les refilait à l’ambassadeur de France dans la capitale marocaine qui à son tour les transmettait à son homologue de Madrid.
    Ces indiscrets allers-retours rendaient furieux Wells Stabler qui dans d’autres câbles au secrétaire d’Etat Henry Kissinger disait tout le mal qu’il pensait de sa royale « source ».
  • Rien n’empêche la célébration d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental

    A cause de son parti pris pour le Maroc, la France a été écartée de toute médiation dans le conflit du Sahara Occidental et a offert aux américains la possibilité d’élaborer un plan en vue de trouver une issue acceptable à ce différend qui dure depuis près de 40 ans et entrave la construction de l’UMA.
    Un câble classé confidentiel en date du 19 août 2005 et révélé par Wikileaks, rapportait les propos tenus par le chef de l’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, devant une délégation de diplomates américains à Alger. Bouteflika souligna que la question du Sahara occidentale n’est pas un nouveau dossier entre les mains de l’ONU. « Il a été mis sur l’ordre du jour des Nations Unies depuis les années 1970, en même temps que Brunei, du Suriname et du Belize, qui sont tous, depuis longtemps indépendants ». Il rappelle que James Baker avait accomplit un bon travail et que les Nations Unis possèdent une liste complète des électeurs. Ce qui veut dire que rien n’empêche l’option référendaire stipulée par toutes les résolutions de l’ONU. D’ailleurs, celle-ci réaffirme, depuis 2011, « la responsabilité de l’ONU à l’égard du peuple du Sahara occidental », et salue, à cet égard, les efforts déployés par le Secrétaire général et son envoyé personnel pour trouver au différend « une solution politique qui soit mutuellement acceptable et assure l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
    Selon une autre information révélée par Wikileaks, lors d’un entretien, en mai 2007, avec Frances Fragos Townsend, conseillère du président George W. Bush pour les affaires de sécurité, le président Bouteflika avait déclaré que « Le Maroc et le Polisario doivent trouver une solution, avec l’aide américaine ». La France, disait-il, « du fait du poids de son histoire coloniale au Maghreb, est incapable de jouer un rôle constructif dans le conflit ».
    Après avoir rappelé que l’Algérie a accueilli avec entoushiasme le plan Baker, le président algérien a plaidé pour que les États-Unis aident à sortir de l’impasse actuelle. 
    Le 25 juin 2008, au cours de la visite d’adieu de l’ambassadeur Robert Ford, Bouteflika plaide une nouvelle fois pour que les Etats Unis aident à trouver une percée sur l’impasse au Sahara occidental. Six mois plus tard, Ban Ki-moon procéda à la nomination de l’Ambassadeur Christopher Ross comme Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental. Dans son agenda, suivre la légalité internationale en tant que seule solution susceptible d’être approuvée par le peuple sahraoui et de ramener la paix et la stabilité dans cette région.
    La situation au Sahel, le chaos généré par les révoltes en Tunisie, en Lybie et en Egypte constituent davantage de raisons pour mettre fin au conflit maroco-sahraoui. Aujourd’hui la balle est du côté de la France. Le destin de toute la région de l’Afrique du Nord et du Sahel se trouve entre les mains du président François Hollande. Tout comme ses relations avec l’Algérie.
  • Hollande esquive les pièges marocains

    Le président François Hollande a achevé jeudi une visite officielle de 48 heures au Maroc. Dans une conférence de presse célébrée jeudi à Rabat, M. Hollande a su éviter les pièges montés par le Maroc dans la question du Sahara Occidental.
    Dans son introduction, il a rappelé que « la France voulait trouver une issue négociée et considérait que le plan marocain était une base sérieuse et crédible ». Considérer n’est pas adopter. Que le plan marocain soit « une base » ne veut pas dire qu’ils soit la seule base et encore moins la base préférée.
    Non content avec les déclarations ambigües du président français sur la question du Sahara Occidental, un journliste du Makhzen a voulu engager Hollande dans la campagne marocaine de dénigrement du Front Polisario:
    Q – Vous venez donc de parler de la question du Sahara. L’intervention au Mali a révélé entre autres et cela a été reconnu implicitement, y compris par l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour la question du Sahara, Christopher Ross, lors de sa dernière tournée… Il a reconnu que, effectivement, il y aurait une connexion avec le Polisario. Est-ce que vous confirmez ?
    R – Non. Ce que je dis, c’est que dans l’instabilité du Sahel, il y a un risque que tous les conflits non réglés puissent alimenter la chaîne de l’instabilité et du terrorisme. Pour le reste, l’envoyé spécial du Secrétaire général va venir bientôt, ici même, au Maroc. Il cherche la voie pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et trouver une issue négociée. Je pense qu’effectivement, quand il y a ce qui se produit au Sahel, nous devons encore, avec plus d’insistance et d’urgence, régler cette question qui est maintenant ouverte avec les souffrances que nous connaissons pour la population depuis plus de 30 ans.
    Encore une fois, le président français a fait preuve de sa prudence et son refus de prendre à son compte les tentatives laborieuses des médias du Makhzen de créer un lien entre le Polisario et le terrorisme au Sahel.
  • Sahara Occidental : Le Makhzen aux abois

    Au Maroc, la visite du président français, François Hollande, a été présenté comme une réaffirmation de la politique de soutien au Makhzen adoptée par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy dans le conflit du Sahara Occidental. Mais, selon le professeur Carlos Ruiz Miguel, une lecture minutieuse du discours de Hollande révèle que la réalité peut être très différente.
    Selon Ruiz Miguel, dans les paroles du président français il y a un soutien implicite à Christopher Ross. Deux phrases l’indiquent : 
    – « La France soutient les démarches du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies » (et Ross est l’Envoyé personnel du Secrétaire général)
    – « la crise au Sahel rend encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation. »
    Ruiz Miguel signale que cette dernière phrase est particulièrement significative, car elle suit, presque textuellement, les déclarations de Ross. Lors de sa visite dans la région, après sa réception par le Président de l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika, Ross avait insisté le 2 Avril que « la situation dangereuse dans la région du Sahel et son voisinage rendent la solution (au conflit du Sahara Occidental) plus urgente que jamais ».
    Pour le professeur de l’Université de Sint-Jacques de Compostèle, si Hollande considère que le plan de pseudo-autonomie marocain est une « une base pour parvenir à une solution », c’est parce qu’il reconnaît qu’il y en a d’autres, puisque la France a déjè voté pour des résolutions du Conseil de sécurité qui ont adopté le Plan de règlement et les Accords de Houston et de la résolution qui a avalé le «plan Baker» comme «solution politique optimale ». 
    Par conséquent, ajoute Ruiz Miguel, Hollande a évité de soutenir la proposition autonomiste marocaine au moment où il a dit que c’est une « base » sans prétendre qu’elle soit la seule base de négociation. 
    Contrairement à ce qu’il a dit dans une phrase précédente: « La France soutient les démarches du Secrétaire général», en parlant du plan marocain il n’a pas dit « la France soutient » le plan marocain, conclue-t-il.
  • Visite de François Hollande : de timides avancées politiques sur le Sahara occidental ?

    François Hollande en visite de deux jours au Maroc a renouvelé devant le parlement marocain l’appui français à l’option de l’autonomie défendue par le royaume contre la légalité internationale et l’ONU qui prévoient l’organisation d’un référendum d’auto-détermination pour régler la question territoriale.
    Selon la correspondante de RFI et de France 24, les parlementaires ont littéralement ovationné le président français à ces paroles. « Soulagés », d’après la journaliste, qu’ils étaient par ce soutien exprimé.
    Il faut dire qu’un temps, l’état Marocain a pu craindre les conséquences de l’élection d’un socialiste français. On se souvient des divergences qui se sont exprimés au sein du PS. D’un côté, un Jean-Marc Ayrault très légaliste et usant de mots peu habituels quand on évoque le conflit du Sahara occidental en France, dans une lettre adressée à l’association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (voir l’article posté sur ce site). De l’autre, une Martine Aubry, alors première secrétaire du PS chargée par le candidat Hollande d’aller rassurer le Maroc en pleine campagne électorale et rappelant avec force à la télévision même que le PS n’avait toujours défendu que l’autonomie comme seule solution crédible à cette histoire.
    A quelques jours ou semaines du vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur le renouvellement du mandat de la Minurso (la mission présente sur place), cette fidélité à la « position historique de la France » laisse entrevoir un nouveau refus à toute demande d’extension du mandat de cette dernière pour pouvoir surveiller, comme le font généralement les missions onusiennes à travers le monde, le respect des droits humains.
    Mais, sans doute peut-on y voir une nouveauté, qui sait une audace politique, quand François Hollande a relevé que « l’impasse actuelle (NDLR-dans la résolution du conflit) était préjudiciable à tous, aux familles séparées, aux réfugiés des camps, aux tensions entre les pays du Maghreb« .
    Signe d’une certaine clairvoyance, le président français a jouté que « la crise au Maghreb rendait encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation« . (applaudissements polis)
    « La France, a-t-il encore précisé, soutient les démarches du secrétaire général des Nations unies pour parvenir à un règlement politique mutuellement acceptable sur la base des résolutions du Conseil de sécurité. Le plan présenté en 2007 par le Maroc prévoit un statut de large autonomie pour la population du Sahara occidental. Je le redis ici : c’est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée » (standing ovation) « Mais, d’ici là, tout doit être fait pour améliorer les conditions de vie pour la population de cette région« , a-t-il conclu sur le sujet.
    (passage sur le Sahara occidental à partir de la 26ème mn)
    Nouvelles du Sahara, 4 avril 2013