Mois : juillet 2011

  • Algérie, Tunisie : les mêmes craintes et menaces

    par Kharroubi Habib 
    Tant du côté officiel tunisien qu’algérien, l’on se montre soucieux de présenter les rapports entre les deux pays comme n’étant pas susceptibles d’avoir été affectés par le changement de pouvoir provoqué en Tunisie par le départ de Ben Ali et la chute de son régime, les seuls dans la région à avoir eu avec les autorités algériennes des liens qui étaient apparemment faits d’entente, de solidarité et de coopération.

    Alger et Tunis, où préside maintenant un pouvoir de transition, tiennent, semble-t-il, à «raffermir les relations fraternelles et privilégiées» entre les deux pays et les deux peuples frères. C’est du moins ce qu’ont affirmé leurs ministres des Affaires étrangères qui ont présidé à Alger les travaux de la 6e session de la Commission de concertation politique entre l’Algérie et la Tunisie. Une session qui, à n’en point douter, a permis aux ministres des deux pays de se convaincre de la nécessité qu’ont l’Algérie et la Tunisie de préserver leurs rapports et leur coopération dans un contexte régional plein de menaces pour leurs stabilité et sécurité intérieures respectives.

    L’Algérie a des inquiétudes sur sa frontière Ouest, avec une monarchie marocaine tentée de faire d’elle l’ennemi extérieur qui met en péril «l’unité nationale» du Royaume (le Maroc a envahi le Sahara Occidental en 1975, ndds). Elle en a du côté de celles du Sud qui jouxtent des Etats dans l’incapacité de faire face à la menace terroriste qui plane sur la région sahélo-saharienne. Elle en a enfin surtout du côté de celle de la Libye, à partir du moment où ce pays, en proie à la guerre civile, est devenu le pourvoyeur d’armes des bandes terroristes.

    L’on comprend alors que les autorités algériennes aient intérêt à ce que la Tunisie ne fasse pas à son tour problème sur le flanc Est du pays. Même si la diplomatie algérienne n’a pas été très chaude à applaudir à la révolution du jasmin, Alger a su tout de même faire vite le bon geste à l’égard des nouvelles autorités tunisiennes de l’après-Ben Ali sous la forme d’un don financier substantiel de 100 millions de dollars. Geste qui a, sans aucun doute, contribué à lever les équivoques que pouvait avoir l’attitude officielle algérienne suite à la révolution du jasmin.

    Du côté tunisien, on est tout autant conscient de l’absurdité que seraient des relations algéro-tunisiennes tendues ou mises en stand-by. Si la révolution du jasmin a permis d’en finir avec la dictature de Ben Ali et de son régime, elle a néanmoins aussi plongé le pays dans l’incertitude, avec pour conséquence un marasme économique et financier qui risque d’impacter négativement sur ses conquêtes démocratiques et libertaires. Plus encore, la Tunisie nourrit les mêmes craintes que l’Algérie de ce qui se passe dans la Libye voisine. Pour ces deux raisons au moins, l’Algérie et la Tunisie ont intérêt à la consolidation de leurs relations. C’est apparemment la politique bilatérale qu’elles poursuivent, comme l’indique la multiplication des contacts qui ont lieu entre Alger et Tunis.

    Les autorités de la transition en Tunisie peuvent assurément compter sur la disponibilité de celles de l’Algérie. Cela pour la raison, outre celles évoquées, que l’enjeu de la transition en Tunisie concerne au plus haut point les autorités de ce pays. A Alger, l’on n’est pas sans avoir conscience qu’une Tunisie à qui l’aide financière internationale fait défaut en un moment crucial, risque de voir l’émergence au pouvoir de l’islamisme politique et ainsi devenir l’exemple à suivre pour ceux en Algérie porteurs du même projet politique.

  • Crise libyenne : L’Algérie et la Tunisie pour le dialogue politique

    L’Algérie et la Tunisie, deux pays limitrophes de la Libye, affichent leur soutien à l’option du dialogue politique entre les parties en conflit pour aboutir à une solution à la crise qui secoue ce pays depuis le mois de février. Les deux pays réaffirment ainsi leur rejet de l’option militaire qu’ils considèrent comme «vaine».

    La position des deux pays maghrébins a été exprimée avant-hier à Alger par leurs ministres des Affaires étrangères, l’Algérien Mourad Medelci et son homologue tunisien Mohamed Mouldi Kéfi. S’exprimant dans une conférence de presse tenue à la résidence Djenane El Mithak à l’issue de la réunion la 6e session de la commission de concertation politique entre l’Algérie et la Tunisie, les deux ministres ont exprimé la même position à ce sujet, indiquant que «le dossier de la crise en Libye a pris la part du lion» dans leurs entretiens. 

    «Nous constatons qu’aujourd’hui la majorité de la communauté internationale est consciente et convaincue que l’option militaire (en Libye) n’est pas une solution», a dit en substance M. Medelci qui a ainsi réaffirmé que «la voie politique demeure la seule voie de sortie de crise». «La démonstration se fait un peu partout à travers le monde sur la vanité de la solution militaire (…) La voie politique demeure la seule voie de sortie de crise», a encore insisté le ministre algérien. De son côté M. Kéfi a indiqué qu’actuellement «il y a une conviction internationale qu’il n’y a pas d’autres solutions autre que celle pacifique en Libye». 
    Les deux ministres ont donc insisté sur la nécessité de privilégier «le dialogue politique entre l’ensembles des parties libyennes», appelant notamment à appuyer les différentes initiatives et efforts pour une «solution pacifique à la crise libyenne conformément à la feuille de route de l’Union africaine (UA)». Les deux ministres ont appelé à cet effet à se référer à «l’accord cadre établi lors du dernier sommet de l’UA à Malabo (Guinée-équatoriale) », affirmant que ces accords «ouvrent la voie à une solution pacifique et acceptable» en Libye. M. Kéfi a d’ailleurs salué les efforts entrepris par l’Algérie dans ce sens à Malabo, soulignant que son pays soutient ces efforts. Interrogé sur l’existence, ou éventuellement la possibilité de voir l’Algérie entreprendre une médiation entre les parties libyennes en conflit, M. Medelci n’a ni infirmé ni confirmé. 
    «Depuis le début du conflit l’Algérie a fait partie des pays qui ne cessent de militer en faveur d’une solution politique en Libye. Cela pas seulement sur le plan du discours, mais il y a eu un travail colossal qui a été entrepris sur le terrain par tous les responsables algériens concernés», a-t-il répondu. Largage d’armes par la France : «l’histoire retiendra…. « Interrogé par ailleurs sur le largage par la France d’armes pour les rebelles libyens et sur la position d’Alger à ce propos, M. Medelci s’est voulu philosophe : «Ceux qui vont faire l’histoire ce sont ceux qui aident les Libyens à reprendre le langage de la paix et pas ceux qui les aident à s’armer pour s’entretuer», a-t-il dit, appelant au passage «au respect des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU».

    Sahara occidental, dans l’attente «d’idées constructives» 

    Interrogé par ailleurs sur l’autre conflit maghrébin, à savoir le dossier du Sahara occidental, le ministre tunisien a indiqué qu’il suivait «de près les différentes réunions». «Nous souhaitons qu’une solution soit apportée le plus tôt possible à cette question, et nous attendons le prochain round de négociations, qui, nous espérons, sortira de nouvelles idées plus constructives», a-t-il dit. 
    Le Jeune Indépendant, 10/07/2011
  • Fassi Fihri à la traîne ?

    La République arabe sahraouie démocratique (RASD, membre fondateur de l’UA) et la République du Sud-Soudan ont décidé d’établir des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeurs, selon un communiqué conjoint rendu public avant-hier. Une décision qui laisse sans voix Fassi Fihri et ses troupes apparemment cloués par la vitesse d’exécution de la diplomatie sahraouie. 
     
    Le Sud-Soudan, dernier-né en Afrique qui reconnaît de facto la RASD et l’annonce le jour même de sa naissance, ne doit pas susciter l’enthousiasme du commandeur des croyants ni de ses souteneurs d’en face. Mais il ne peut qu’accuser le coup. Pour le moment, Rabat, tel un boxeur groggy, garde le silence face à cette reconnaissance de facto qui lui tombe sur la tête, alors que le makhzen s’emploie à contenir une contestation nationale qui gagne en expérience et en muscles. 
     
    Rabat ne peut pas couper les relations avec le Sud-Soudan, comme il l’a fait jusqu’ici avec les pays ayant reconnu la RASD, il n’a pas eu le temps d’en établir, sa diplomatie pointait son regard vers le Nord, où on lui promet de belles choses comme on le ferait à une «fiancée». Des promesses trompeuses, un miroir aux alouettes, disent certains analystes qui n’écartent pas du tout la possibilité de voir le Maroc démembré à son tour en trois entités distinctes au Nord, au Centre et au Sud (pas les provinces du Sud comme il se plaît à le répéter, mais au sud du Maroc, tel que dessiné à l’ONU). 
     
    L’Occident aussi sentimental que Jacques Chirac vis-à-vis de la famille royale chérifienne ? On aurait pu le croire s’il n’y avait pas le précédent du shah Pahlevi, abandonné comme un pestiféré, bien qu’il marchait plus doux, plus soumis que Moubarak ou Wade. Dans la nouvelle approche mondiale, les «décideurs» ne semblent plus s’attarder plus qu’il n’en faut sur les dirigeants en place, aujourd’hui ce sont les masses qu’on manipule, d’où les alliances contre nature entre par exemple des sionistes et les islamistes. Le trône se tromperait lourdement s’il croyait un instant que son statut avancé le met à l’abri. L’intérêt bien compris du Maroc ne lui dicte-t-il pas de s’entourer de pays et de peuples alliés plutôt que d’essayer vainement de forcer le destin en reniant le fait national sahraoui, une réalité aujourd’hui connue et reconnue ?
    M. Z. mohamed_zaaf@yhoo.fr

    Le Jeune Indépendant, 10/07/2011

  • A chacun son sort

    A l’inverse de la guerre entre nordistes et sudistes américains qui procurait union et puissance aux Etats-Unis, la guerre des nordistes et sudistes au Soudan a consacré le démembrement du plus grand pays d’Afrique. Un démembrement mal ressenti par les Algériens, unionistes par excellence. Le Sud-Soudan a officiellement proclamé hier son indépendance, fidèlement aux résultats d’un référendum sanctionnant deux décennies de violences. 
     
    Avant-hier, à Juba, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz considérait que la réussite du référendum au Sud-Soudan était «une victoire» du principe de l’autodétermination, soulignant que c’était là «un principe universel sacré». Le leader sahraoui rappelait fatalement que son pays est toujours colonisé, que son peuple, lui, n’a pas encore exercé son droit à l’autodétermination, parce que Mohammed VI se montre moins démocrate qu’Omar El-Bachir et ne veut entendre parler, à l’instar de feu Hassan II, que de «référendum confirmatif». Mais si le terrain dit et redit que le roi voisin et la démocratie font deux, les capitales «bienfaitrices» s’acharnent à nous persuader, y compris l’opinion marocaine, du contraire. 
     
    Toutes les résolutions adoptées par l’organisation continentale africaine et l’ONU sur le Sahara occidental prévoient sans exception l’autodétermination du peuple sahraoui. Les capitales bienfaitrices, Paris en tête, ne veulent rien savoir : pas de référendum, car, disent-elles, le roi pourrait être déstabilisé si jamais l’option de l’indépendance l’emportait. Une autre gargantuesque fausseté dementie par l’aisance du royaume face aux récentes bourrasques du printemps arabe. 
     
    Contrairement au Soudan, l’Occident bloque tout au Sahara occidental, territoire classé zone non autonome où il semble s’accommoder fort bien d’un statu quo vieux de 36 ans. Pourtant, le cas du Sahara occidental était plus facile à traiter sur le tapis vert que celui du Sud-Soudan, qui lui était tranché par la fameuse résolution 1514 adoptée en décembre 1960 par les Nations unies. La résolution consacrait le droit des pays et peuples colonisés à l’autodétermination et à l’indépendance. Pour Paris, le Sahara occidental est juste bon pour l’autonomie ; légitimer les CNT, c’est plus rentable y compris pour Israël. Juba, Benghazi ou El-Ayoun, n’est-ce pas finalement le même combat ?
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 10/07/2011
  • L’après-Soudan

    Les dés sont jetés ! Le Sud-Soudan est né officiellement depuis hier. L’ancien Soudan, plus grand pays d’Afrique en termes de surface, multiethnique et multiculturel, n’est plus. Les Occidentaux ont eu gain de cause en morcelant un pays, une nation, non pas pour protéger les droits des minorités du Sud, mais pour mieux régner sur les richesses du Nord et du Sud. 
     
    L’ingérence occidentale dans le conflit qui opposait le nord et le sud du Soudan depuis longtemps aurait pu être évitée si les différents régimes qu’a connus le Soudan avaient géré de façon plus rationnelle, plus démocratique et plus juste en reconnaissant les droits des minorités confessionnelles, linguistiques, ethniques qui composent toujours le Nord-Soudan. Si la partition d’un pays est un drame, l’oppression des minorités et le refus des différences engendrent des tragédies et des catastrophes qui finissent toujours par fragiliser des nations et disloquer des pays.
     
    Ce qui est arrivé au Grand-Soudan est l’œuvre de ses gouvernants qui s’entêtent à vouloir imposer une seul pensée, une seule langue, une seule religion, une seul ethnie. Ce qui est arrivé au Grand-Soudan est aussi l’œuvre des puissances occidentales qui, au nom de la démocratie, ont contraint le Soudan à se disloquer. Ce qui est arrivé au Soudan est enfin l’œuvre de la Ligue arabe, dont la majorité des membres a soutenu la sécession de l’Erythrée juste pour avoir un nouveau membre en son sein. 
     
    Certes, «vaut mieux une bonne séparation qu’une mauvaise entente», comme disait Lénine en 1903, lorsque les Menchevic ont scissionné avec le Parti social démocrate russe, mais toute séparation est un corps qui se déchire avec toutes les conséquences douloureuses et traumatiques que cela provoque. Si les douleurs et les traumatismes forgent et façonnent les nations, si ces dernières ne disposent ni de richesses ni de moyens qui les aideraient à se remettre sur pied, elles n’auraient pas d’autre choix que de se soumettre à d’autres diktats aussi insupportables que celui auquel elles s’étaient délivrées. 
     
    Le cas de l’Erythrée est assez éloquent. Les pays arabes qui ont soutenu l’indépendance de l’Erythrée, qui a toujours fait partie de l’Ethiopie, ont oublié aujourd’hui ce pays artificiel qui se débat dans la pauvreté, l’ignorance, les maladies et l’arriération. Le cas du Timor-Oriental est semblable. L’Occident a tout fait pour l’arracher à la souveraineté de l’Indonésie pour l’oublier aussi et lui tourner le dos. Mais ce qui est paradoxal chez ces chantres de la sécession, c’est leur soutien à des régions qui revendiquent la séparation et leur opposition à des peuples qui revendiquent l’indépendance d’une occupation étrangère. La Palestine est opprimée, terre et peuple, depuis près de soixante-dix ans par un Etat créé de toutes pièces par le même Occident qui refuse d’assumer ses responsabilités historiques pour que les Palestiniens jouissent de leurs droits nationaux. Le Sahara occidental, qui était une colonie espagnole, passe sous administration marocaine avant de devenir une colonie marocaine, se bat depuis plus de quarante ans pour le droit à l’autodétermination, en vain. L’Occident a d’autres intérêts avec l’occupant marocain.
    Par Abdelkrim Ghezali
    La Tribune d’Algérie, 10/07/2011
  • A quand le bon référendum ?

    Ban Ki-moon, le SG de l’ONU, déclarait, il y a une dizaine de jours, qu’il espérait que «lors du prochain cycle de conversations informelles en juillet, les parties feront des progrès, notamment en matière de droits humains». «Notre priorité est cette question. C’est un vieux problème qui doit être résolu (…) Je ferai tout en mon pouvoir dans ce sens», disait-il alors qu’un nouveau round de pourparlers informels, le 8e du genre, devrait réunir à la mi-juillet le Maroc et le Front Polisario sur la question du Sahara occidental. Un territoire classé non autonome, mais où le Maroc imposa, au début de juillet, un référendum sur sa nouvelle constitution, alors que le peuple sahraoui, lui, réclame un référendum d’autodétermination et la fin de l’occupation. 
     
    Mais, dans les territoires occupés de la Seguia El-Hamra wa wadi Eddhahab, le terrain dit que le makhzen fait l’inverse et qu’il s’ingénie à multiplier les artifices pour éloigner les autochtones vers le Maroc et les remplacer par les colons marocains. Rabat n’invente rien, il ne fait que reproduire au Sahara occidental le rééquilibrage démographique qu’Israël applique inhumainement à la Palestine. Mais, au Sahara occidental, les autorités marocaines ne se limitent pas à vider le pays de ses autochtones, depuis l’intifada sahraouie déclenchée en mai 2005, on réprime copieusement hommes, femmes, enfants. 
     
    Depuis Gdeim Izik, précurseur du «printemps arabe» en novembre dernier au Sahara occidental, on le fait désormais avec le concours des colons, comme en Palestine. On le fait dans l’impunité, Paris faisant le nécessaire à l’ONU. Ailleurs, Paris viole les résolutions de l’ONU et arme les Berbères de Libye, pour les faire grimper au statut d’insurgés contre un pouvoir qui ne demande qu’à les voir en paix. Le roi réprime au Sahara occidental. Comme Bush, il dit que celui qui n’est pas avec lui est contre lui. Attitude qui ne plaît pas tellement dans le monde. 
     
    A Malabo, Jean Ping, le président de la Commission de l’UA, regrettait dans son rapport «l’incapacité» du Conseil de sécurité à élargir le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental, «en raison des objections soulevées par un membre permanent du Conseil de sécurité». L’allusion à la France est limpide. Y a-t-il un autre pays à glorifier les crimes colonialistes ?
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 09/07/2011
  • Le Premier ministre sahraoui fustige le double discours de l’Occident

    A ceux qui, en Occident, préconisent ou imposent, parfois en y mettant à contribution leurs armées, le choix de la voie démocratique pour résoudre les conflits et le respect des droits de l’Homme, le Premier ministre du gouvernement de la RASD, Abdelkader Taleb Omar, assène sa vérité sous forme d’une interrogation lourde. 

    «Comment se fait-il que dans certains pays arabes, ces critères sont utilisés dans un discours à l’adresse des gouvernements arabes, parfois accompagnés de violences, alors qu’au Sahara occidental, la mission d’instances crédibles de contrôle des droits de l’Homme est délibérément entravée ?» Mettant à nu le double discours des pays nordiques, ciblant en particulier la France qui, dit-il, soutient le Maroc dans sa politique d’occupation du Sahara occidental «par le feu et le fer afin de s’accaparer ses richesses», le Premier ministre sahraoui s’adressant, jeudi, aux cadres de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), réunis à Boumerdès pour la seconde université d’été, déplore une situation peu reluisante, d’après lui, dans les territoires occupés par l’armée marocaine. Il affirme que la transhumance des Sahraouis avec leurs khaimas et leur bétail qui fait partie de leurs coutumes dictées par les saisons des pluies est désormais assimilée à un crime dans les territoires occupés. 
     
    Le numéro un du gouvernement en exil de la RASD dénonce, par ailleurs, l’encerclement des villes sahraouies empêchant la communauté internationale de constater l’ampleur et la réalité des violations des droits de l’Homme. Il fait état de 500 civils et de 51 militaires disparus. «Il ne faut pas oublier la famille de Saïd Dember qui refuse, depuis le 23 décembre 2010, de prendre le corps de son fils et de l’enterrer, exigeant une enquête sur son assassinat. Saïd Dember a été abattu de sang froid par un policier marocain et l’Etat du Maroc refuse d’assumer ses responsabilités pour traduire l’assassin devant la justice.» Selon lui, 57 prisonniers politiques sont dans les geôles de l’administration marocaine. «Vingt-deux d’entre eux arrêtés à la suite des événements du campement Gdamzine attendent toujours d’être traduits devant une juridiction militaire », dit-il en rappelant que les détenus Becheri Bentaleb et Cheikh Abidane sont en grève de la faim depuis le 23 mai passé à cause de leur transfert dans une prison éloignée de leurs familles. Pour le gouvernement sahraoui, la politique colonialiste du Maroc, soutenu par la France, est un échec patent et que le Sahara occidental ne peut pas rester en marge de ce qui se passe dans le monde arabe, particulièrement au Maghreb.
    Jalons d’un Etat moderne
    L’orateur, qui s’adressait aux cadres de cette république en exil, assure que la résistance depuis 38 ans des Sahraouis contre la présence marocaine et leur attachement au Polisario sont des indicateurs sur l’existence d’un consensus à l’intérieur des territoires sous domination marocaine pour l’indépendance de leur pays. Le Premier ministre de la RASD rejette, par ailleurs, les insinuations des adversaires des Sahraouis sur de possibles connivences avec les islamistes radicaux et leur bras armé. «Jusqu’à présent, il n’y a aucune activité terroriste du moins dans les territoires libérés. Nous veillons à ce que les territoires libérés restent sains de toute activité terroriste. Notre armée et notre administration y veillent scrupuleusement», répondra-t-il à notre question. Bien au contraire, le gouvernement se projette dans l’avenir. 
     
    «Dans la perspective de bâtir un Etat sahraoui, il existe d’ores et déjà des structures et instances remplissant des fonctions politiques, militaires, économiques, sociales, et dans des conditions extrêmement difficiles. C’est la preuve concrète qui dément la propagande des ennemis de notre peuple disant que les Sahraouis ne peuvent pas bâtir un Etat sur des valeurs modernes», clame l’orateur devant ses compatriotes. Notons que le gouvernement de la RASD rejette le dernier référendum portant approbation de la nouvelle Constitution marocaine, du moins le vote dans le Sahara occidental étant donné que ce territoire n’est pas autonome. Une protestation a été adressée aux instances onusiennes, a affirmé M. Taleb Omar.
    La France et l’Espagne interpellées
    Clôturant son discours, le responsable du gouvernement sahraoui s’est adressé, en présence des ambassadeurs d’Afrique du Sud, de l’Angola et d’autres diplomates, à la France, à l’Espagne et à la communauté internationale : «Nous demandons à la France de s’abstenir d’entraver la résolution par la voie démocratique du conflit et de ne pas contrarier les instruments de contrôle des droits de l’Homme au Sahara occidental. Nous interpellons également le gouvernement espagnol pour qu’il assume courageusement ses responsabilités historiques. Nous lui demandons de mener à terme le processus de décolonisation du Sahara occidental et de se délester de cette dette historique, éthique et politique par rapport au peuple sahraoui. Nous appelons la communauté internationale et ses organisations politiques et la société civile pour soutenir le peuple sahraoui contre l’oppression et sa recherche de liberté et de développement. » 
     
    Les observateurs ont relevé une inquiétude réelle aussi bien chez les dirigeants politiques que les cadres de la RASD quant à l’impact des mouvements citoyens en cours dans le monde arabe en général et au Maghreb en particulier. Pour les Sahraouis, ces mouvements sont positifs sur l’avenir de leur pays mais ces militants du Polisario et cadres de la RASD restent tout de même prudents. Ils craignent, en effet, que ces exigences démocratiques des citoyens arabes ou maghrébins soient dévoyées par les pays occidentaux, surtout la France.
    Abachi L. 
  • Rédha Malek : il est temps de résoudre la question sahraouie de manière rationnelle et réaliste

    L’ancien chef du gouvernement et membre de la délégation algérienne aux accords d’Evian, M. Rédha Malek a indiqué jeudi à Boumerdes qu’il était temps de résoudre la question sahraouie par une solution rationnelle et réaliste qui réponde aux aspirations du peuple sahraoui. 
    L’indépendance du Sahara Occidental ne saurait constituer un obstacle dans l’Histoire du grand Maghreb arabe mais permettra plutôt l’instauration de la paix, la stabilité et la prospérité pour les peuples de la région, a souligné M. Rédha Malek à l’occasion de la deuxième université d’été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). 
    L’édification de l’unité maghrébine “est un devoir historique qui nous interpelle”, a ajouté l’intervenant affirmant que l’indépendance du Sahara Occidental amènera aux peuples de la région paix, stabilité et prospérité.
    S’adressant au peuple sahraoui, M. Rédha Malek dira “votre combat qui dure depuis plus d’une trentaine d’années est marqué par la résistance et la disposition de tout un peuple de se sacrifier pour la dignité et la souveraineté de son territoire”.
    La lutte permanente du peuple sahraoui n’était pas vaine car ayant jeté les fondements d’un Etat jeune et a permis d’entamer l’édification d’institutions solides a-t-il poursuivi.
    Il a, par la même, salué la détermination du peuple sahraoui qui reste attaché à son droit à l’autodétermination. Revenant sur la guerre de libération nationale, M. Rédha Malek a invité le peuple sahraoui à en tirer profit rappelant que le peuple algérien et ses dirigeants étaient attachés à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Algérie.
    Les travaux de la deuxième université d’été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont débuté jeudi sous le slogan “La résistance populaire pour l’indépendance” avec la participation de quelque 400 cadres dirigeants du Front polisario, plusieurs membres du gouvernement sahraoui, des représentants d’institutions de la RASD ainsi que des membres du corps diplomatique, des représentants d’organisations algériennes et de partis politiques, des parlementaires et des élus locaux, des membres de la société civile et de militants pour les droits de l’homme en territoire sahraoui.
    Algérie 360, 07/07/2011
  • Le makhzen a « corrigé » subrepticement la constitution

    La composition de la cour constitutionnelle est un des éléments permettant de juger de la « démocratie » d’une constitution. Plus les représentants d’instances élues ont leur mot à dire dans cette composition plus la constitution est considérée comme démocratique.
    Le texte initial publié le 17 Juin et débattu pendant la période de dix jours octroyée par le régime aux marocains pour étudier leur constitution, a été changé sans avertissement le 30 Juin, c’est à dire la veille seulement du référendum. Un changement en particulier est loin d’être trivial car il concerne justement la désignation du président de la cour constitutionnelle.
    Le premier texte officiel de la constitution, pour laquelle le référendum du 01 juillet 2011 a été organisé, est celui paru dans le bulletin officiel 5952bis ( voir ce lien http://www.sgg.gov.ma/BO/bulletin/AR/2011/BO5952A.pdf et en particulier la page 2947 article 42 quatrième paragraphe et la page 2961 l’article 130 quatrième paragraphe) du 17 juin 2011.
    Mais le bulletin officiel 5956 daté du 30 juin 2011 mais mis en ligne seulement le Mercredi 6 juillet, comporte dans sa page 3106 (http://www.sgg.gov.ma/BO/bulletin/AR/2011/BO_5956_Ar.pdf) des correctifs à trois articles 42 -55 -132 de la constitution.
    L’article 42 « corrigé » donne au roi le droit de nommer par dahir le président de la cour constitutionnelle alors que le texte initial lui donnait ce droit mais le dahir de nomination devait être contresigné par le chef du gouvernement, cette dernière disposition a disparu, avec toutes les conséquences. Le chef de gouvernement se trouve ôté de ce petit droit de regard.
    Lakome.com, 07/07/2011
  • Le Premier ministre sahraoui appelle l’Espagne à assumer ses responsabilités historiques

    Boumerdès.- Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a appelé jeudi à l’université Mohamed Bouguerra à Boumerdès, le gouvernement espagnol à prendre ses responsabilités historiques en parachevant la décolonisation du Sahara Occidental pour enfin s’acquitter de « sa dette politique et morale » envers le peuple sahraoui.

    Dans une allocution à l’ouverture de la 2e université d’été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le Premier ministre a également demandé à la France de cesser d’entraver la solution démocratique au conflit et de s’opposer au mécanisme de contrôle des droits de l’homme au Sahara Occidental.
    Il a lancé un appel à l’ensemble des pays du monde ainsi qu’à leurs organisations civiles à apporter leur soutien au peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté et la démocratie, soulignant que ce conflit qui dure depuis 38 ans était le dernier concerné par la décolonisation en Afrique.
    Cette situation perdure « en raison de l’obstination marocaine, de l’entrave française et du désengagement de l’Espagne de ses responsabilités en matière de décolonisation », a-t-il indiqué. Ceci, a-t-il ajouté, s’est répercuté sur le Conseil de sécurité qui continue à traiter la question sous le chapitre 6 de la Charte des Nations unies qui prévoit le règlement pacifique des conflits.
    Le Premier ministre sahraoui n’a pas manqué de présenter ses remerciements à l’Algérie pour son soutien permanent au Sahara Occidental tout au long de ces années et pour toutes les positions et initiatives d’appui.
    (APS) 07/07/2011