Mois : février 2011

  • Communiqué de l’Association Al-Adl Wal-Ihsane

    La jeunesse d’Al Adl Wal Ihsane participe aux protestations du 20 février 2011

    Le temps de l’oppression et du despotisme a trop duré dans notre Maroc bien-aimé, la corruption s’y est propagée pour s’étendre à tous les secteurs politiques, sociaux et économiques. Le peuple Maroc ploie sous le fardeau de la pauvreté, du chômage et de la marginalisation. Les corrompus continuent à s’enrichir et à accumuler les fortunes aux dépens des nécessités qu’exige la dignité du marocain moyen : un enseignement en crise, une santé en malaise, des prix flambants et le travail introuvable. 
    Ni les appels successifs au redressement, ni ceux de mise en garde n’ont eu d’échos, le pouvoir préférant faire la sourde oreille et continuer à démolir le pays, à mépriser le peuple et à le marginaliser, à pérenniser le règne de l’arbitraire individuel. Le gouvernement ne gouverne pas, le parlement ne légifère guère, la justice ne tranche pas en faveur du droit, ce qui renforce le sentiment de déception et de désespoir chez toutes les franges du peuple marocain, riches et pauvres.
    Cette congestion politique et sociale exige la solidarité de toutes les libres consciences de notre peuple pour stopper cette hémorragie qui met en péril notre pays, mettant à part toute considération idéologique et politique, et que l’intérêt de la patrie soit notre point de rencontre.
    Partant, nous, Jeunesse d’Al Adl Wal Ihsane :
    • Appelons à participer et à soutenir toutes les initiatives visant à fonder l’Etat de liberté, de dignité et de justice, dont les protestations du 20 février 2011 ;
    • Insistons sur la nature pacifique de notre participation et appelons tout le monde à faire preuve de vigilance contre toute provocation qui pourrait avoir lieu ;
    • Faisons assumer au pouvoir marocain la responsabilité de toute atteinte au droit du peuple marocain à la protestation pacifique ;
    • Mettons en garde contre tout appel à la désolidarisation, partant d’une certaine exception marocaine, à l’éveil des peuples arabes et à leur tentative de s’émanciper du joug de l’injustice.
    Jeune Al-Adl Wal-Ihsance

    Bureau National, 16/02/2011
    Page web : http://www.aljamaa.net/fr/document/2484.shtml

  • Les arabes se révoltent, les marocains virevoltent [1]

       » Mon premier étonnement fut le peu de temps qui est nécessaire à cette puissance (la propagande), la plus pernicieuse de l’État, pour créer une opinion déterminée, même si elle va complètement à l’encontre des idées et des aspirations les plus réelles et les plus certaines de la communauté. En quelques jours, la presse sait, d’un ridicule petit détail, faire une affaire d’État de grosse importance, et inversement, en aussi peu de temps, elle fait tomber dans l’oubli des problèmes vitaux jusqu’à les rayer complètement de la pensée et du souvenir du peuple  »  [Adolph Hitler – Mein Kampf]
    Je reviens de la manifestation de soutien au peuple Egyptien, c’était émouvant ! C’est au tour de l’Algérie maintenant de suivre ensuite de la Lybie et la Syrie ! C’est grandiose de voir ainsi les marocains unis avec le reste des peuples arabes contre la dictature et l’injustice malgré la distance !
    Je n’en doute pas ! Les marocains sont des militants dans l’âme. Solidaires de tous les opprimés, ils sont les premiers à sortir dans la rue manifester leur soutien (ou sur leur mur facebook pour les moins sportifs)  aux Palestiniens, Irakiens, Tunisiens, Egyptiens.. Ils font preuve d’une abnégation légendaire, ils ne réclament jamais rien pour eux ! A croire que tout va bien chez eux et que le Maroc est l’exception économico-politique du monde arabe ! Quel altruisme et quel peuple exemplaire. Nous allons les soutenir tous sans exception, vivement que ça pète ailleurs pour que les marocains sortent les supporter !
     
    Tu n’es jamais content, toujours à critiquer toutes les initiatives ! Maintenant manifester une solidarité internationale en devient ironique pour toi ! Et oui le peuple marocain est une exception et l’Histoire le prouve !
    Tu n’écoutes pas. C’est le paradoxe, la politique de l’autruche et la passivité vis-à-vis des chantiers locaux que je critique. Et puis quand des citoyens manifestent devant le parlement de leur pays, c’est pour revendiquer des droits au gouvernement qui y siège et pas pour la Paix en Palestine, en Iraq ou pour faire tomber le président Egyptien! Cela reviendrait à exiger de moul zeri3a qu’il use de son influence auprès du ministre de l’emploi pour te pistonner lors d’un concours. A ma connaissance aucune manifestation de solidarité n’a été d’une grande utilité à des populations d’outre-mer, elles permettent uniquement de se donner bonne conscience. Sinon la Palestine serait déjà libre, depuis le temps que nos militants du dimanche organisent leurs circuits..Et puis quelle idée de descendre manifester dans les rues marocaines contre l’Injustice au Moyen-Orient sans dénoncer celle qui règne ici !
    Sinon pour être une exception, je ne peux qu’être d’accord et sans en faire toute une Histoire. Nous sommes 35 Millions de moutons à brouter dans cette prairie du Nord Ouest africain, et à l’heure d’un match de l’équipe nationale de football nous devenons 35 millions d’entraineurs qui analysent les mauvais choix stratégiques de celui qui occupe officiellement le poste. Logique qu’à l’heure des révolutions arabes nous devenions 35 millions d’experts en géopolitique. Et vas y que je t’explique la révolution tunisienne et comment le Maroc ce n’est pas l’Egypte et comment que notre Roi bienfaiteur est mal entouré.
    En une semaine, tout le monde s’est mis à faire des vidéos pour s’adresser à ses frères et sœurs marocains, dont il vient de découvrir l’existence. Alors j’ai tout de même fait l’effort de tout regarder : du clubber fashion victime qui n’a jamais ouvert un bouquin d’Histoire mais qui se prend pour Muhammad Hussain Haykal et qui m’explique que la monarchie règne au Maroc depuis des siècles et donc que voilà c’est comme ça donc il faut rester chez soi le 20 février (lol);  jusqu’au boutonneux qui, pour se faire une célébrité, joue au révolutionnaire de derrière sa web cam et m’explique qu’il faut plutôt cracher sur le clan Al Fassi, tenu pour responsable de tous les maux des marocains, et ce durant les 50 dernières années (lol,lol), en passant par le marocain immigré en Europe de l’Est, informé très probablement par le KGB, qui lui m’explique que c’est le Polisario qui est derrière les revendications sociales et politiques du 20 fevrier (lol,lol,lol), et Ze last but not Ze least, la rebelle avec le poster de Lady Gaga sur le mur de sa chambre qui m’explique que chez nous le Roi a déjà fait la révolution du Jasmin mais que nous sommes des ingrats (lol,lol,lol,lol), Bref, une bande de réactionnaires se prenant pour les défenseurs du patrimoine monarchique et qui viennent de découvrir qu’ils avaient des concitoyens qui ne partagent pas l’avis imposé par le Makhzen sur la situation au Maroc. D’autres, «sages», sont pour la pondération, ils ne sont ni pour ni contre, ils sont pour avec la démocratie (comprendre : m3a rab7a). Ils n’ont que des  «postures» mais aucune vision claire, aucun projet social puisqu’ils n’ont ni culture politique ni historique.. Et, au dessus du lot, il y’a ceux qui vivent la Saint Valentin, ceux qui avertissent les marocains de ««bid3at lmawlid nabawi» et puis ceux qui jouent à Cityville et Farmville. En gros sur le marché local, il n’y a que des fous du Roi, des fous de Dieu et des fout-la-merde.. et puis toujours des cons, pour le quota.
     
    Puisque tu parles de ce qui se passe localement, parlons-en ! C’est la 5eme fois que tu ignores mon invitation à mettre la photo de Sa Majesté comme photo de profil sur ton compte facebook ! Mon ami, le temps est à la cohésion sociale autour de notre monarchie pour manifester notre loyauté au Trône et envoyer un message clair aux ennemis de notre Nation !
    On parlait pourtant de choses sérieuses ! Mais bon jouons le jeu.. Tu sais, sur facebook il m’arrive, comme tout le monde, de faire des commentaires coquins, de lacher des injures, raconter des blagues pourries.. Bref tout un tas de manquements à la morale qu’on retrouve sur le profil personnel de tout pécheur de ma qualité. Je pense que ce n’est pas digne du respect que l’on doit à notre Roi d’associer sa photo à toutes ces insanités. Voilà pourquoi je continuerai à refuser toutes les invitations à participer à votre nouvelle distraction.
    Ensuite ton argumentaire est d’une fiction hollywoodienne ! Il n’y a aucune menace extérieure sérieuse qui devrait inquiéter le Maroc. La menace est interne, et l’oligarchie au pouvoir le sait pertinemment. Cette menace intérieure, c’est toi, moi, nous : la jeunesse marocaine, la force vive de ce pays qui risque, si elle se réveille, de révolutionner l’Etat actuel (des choses).
     
    Mais l’Algérie, le Polisario et l’Espagne n’attendent que ce genre de discours pour déstabiliser notre pays ! D’ailleurs ce sont eux qui se cachent derrière les manifestations prévues chez nous !! Ces jeunes décérébrés qui appellent à manifester sont manipulés !!
    Tu as oublié l’Iran et la menace chiite et puis Al Jazeera aussi ! Je pensais cette propagande du Makhzen des années de plomb toute ramollie mais notre jeunesse, qui se réveille de son hibernation abstentionniste voulue et entretenue, en est largement dévastée. A l’époque, toute revendication sérieuse, réclamant un changement conséquent,  qui ne caressait pas dans le sens du poil était forcement hérétique, elle ne pouvait cacher que la jalousie des envieux et la machination des conspirateurs. C’est ainsi que tous les opposants se voyaient accusés par le Pouvoir de traites ou collabos. S’ils critiquaient le système c’est qu’ils avaient forcement un passeport voisin ou étaient manipulés par les envieux de notre « stabilité ». Aujourd’hui, on nous offre le même potage antédiluvien et notre jeunesse se ressert, par « patriotisme » : «  Ne réclamez pas vos droits sinon l’Algérie, le Polisario, l’Espagne et les extra-terrestres vont nous attaquer ! » il faut franchement être stupide pour y voir une quelconque logique. Il suffit de s’intéresser un minimum à la politique pour comprendre que ce n’est pas dans l’intérêt de l’Espagne que le régime marocain flanche puisque le Maroc est le rempart de l’Europe. L’Algérie a ses propres besognes à régler avec son peuple qui a les mêmes revendications que le notre et donc la stabilité du voisin est protectrice, une révolution chez nous nourrirait une révolte chez eux. Et le Polisario vu son organisation archaïque, une vingtaine de jours suffirait à notre armée pour l’éradiquer comme elle l’a déjà fait à travers l’Histoire ! Sache très cher que ton véritable ennemi n’est pas toujours celui qu’on t’ordonne de haïr et combattre mais plutôt celui qui tire profit du conflit créé. Demande-toi alors à qui profiterai que rien ne bouge au Maroc et tu découvriras ton ennemi.
     
    De qui tu parles ?
    L’oligarchie au pouvoir. Ils craignent plus pour la stabilité de leurs intérêts économiques que pour la stabilité du Maroc. La majorité a une double nationalité (française, canadienne.. en fonction de là où ils ont fait leurs études) et sera prête à quitter le pays dès que le peuple se rendra compte du hold-up. Actuellement les medias internationaux spéculent sur le devenir du Maroc, va-t-il ou pas suivre la Tunisie et l’Egypte. Cela influe énormément sur les investisseurs étrangers et les tour-opérateurs, pour qui la stabilité des pays alliés est primordiale. Et comme nos dirigeants politiques sont majoritairement actionnaires des accords de partenariat qu’ils signent en notre nom, ils savent qu’une révolte populaire, qui entrainerait un désinvestissement des portefeuilles étrangers, ruinerait non pas notre fragile économie mais plutôt leurs affriolantes affaires.
     
    Mais on ne doit pas tomber dans le piège ! Certes il y a des problèmes chez nous, mais le Maroc ce n’est ni la Tunisie ni l’Egypte ! Nous n’avons pas l’éveil des tunisiens ni la citoyenneté des égyptiens !! Une révolution chez nous sera un désastre !
    Déjà, toutes les révolutions sont des désastres. C’est l’Histoire qui nous l’apprend. Mais l’humain n’a pas le choix, quand l’Injustice devient une « stabilité » vantée, il se révolte par réflexe.
    Ensuite, le piège n’est pas là. Le véritable piège tu es bien dedans. Cette oligarchie défend ses intérêts, et pour cela, souhaite que rien ne change chez nous. Ils se servent directement dans les caisses de l’Etat sans que le peuple ne leur demande des comptes, voilà pourquoi ils répètent partout que le Maroc est le plus beau pays au Monde. Cette voyoucratie organise toute cette propagande médiatique pour que les manifestations prévues soient dépopularisées, encourageant les jeunes à manifester non pas « contre » ce qui se passe ici mais plutôt « contre » ceux qui réclament officiellement ce changement . Pour anticiper et contrecarrer toute revendication légitime, ces gloutons en appellent au patriotisme des marocains, leur demandant de se regrouper autour de leur Roi, pour soit disant envoyer un message clair à tous les ennemis de la Nation, que chez nous il n’y aura pas les révoltes qui ont fait tomber Ben Ali ou Moubarak « parce qu’on aime notre Roi ». Et pour semer leur propagande au sein de la jeunesse marocaine, ils infiltrent ses moyens de communication, essentiellement internet et ses réseaux sociaux (facebook, tweeter,..) via la jeunesse du Tracteur, et principalement le Cercle Des Jeunes Démocrates Marocains – une bande de fêtards reconvertis en politique pour prendre la relève, depuis que cette dernière est devenue chez nous une entreprise familiale. En cela, je suis d’accord : le Maroc n’est pas la Tunisie ou l’Egypte. Il ne censure pas, il infiltre. Il n’ampute pas, il répand ses cellules cancéreuses. Voilà pourquoi les renseignements marocains n’ont de rival international que le Mossad.
    Ceci dit, je crois dur comme fer aux spécificités de chaque Nation, nous ne sommes ni la Tunisie ni l’Egypte certes, voilà pourquoi nous devons mener notre révolution en prenant compte de notre contexte. Mais il est grotesque de nier que nous avons les mêmes rouages économico-politiques qui ont menés aux mêmes misères, à l’origine des soulèvements là-bas. Il faut donc être crédule pour croire que le Maroc fera l’exception, voilà pourquoi il est indispensable d’ouvrir le débat sur la scène nationale à propos de certains dossiers jusque là sensibles (la monarchie, la constitution, le flirt des politiciens avec le monde des affaires, la répartition des richesses..) avant d’en arriver à des émeutes.
     
    Mais nous ne sommes pas comme la Tunisie et l’Egypte, notre Roi a le soutien populaire, ce n’est pas un tyran comme Ben Ali Et Moubarak ! Et puis la monarchie au Maroc est là depuis des siècles ! Une révolte chez nous conduira au chaos !!
    T’es borné, tu n’écoutes pas. Ceci n’est ni le problème ni sa solution. Je vais essayer de mettre tout le monde d’accord : Ni l’exemple tunisien, ni égyptien, ni même cubain ou russe n’est applicable au Maroc. Un soulèvement des masses poussées uniquement par le ras-le-bol (légitime) peut avoir des conséquences très fâcheuses. Le Maroc a besoin de la stabilité politique que lui assure la monarchie vu la grande hétérogénéité de sa société encore clanique et tribale dans sa majorité.
    Maintenant que l’on a fait le tour des évidences, pourrait-on parler des sujets qui fâchent ? De ces débats indispensables sur des sujets jugés tabous et que notre oligarchie cherche à faire avorter en détournant l’attention des jeunes vers de faux problèmes, en leur faisant croire que la monarchie est en danger, créant ainsi la désunion populaire, où l’on s’insulte et se tape dessus – chacun pensant être le vrai patriote. A en juger sur leurs débats, s’en est presque la guerre civile entre tous ces jeunes impolis et politiquement puceaux.
     
    Mais au Maroc c’est différent et compliqué ! Quelle révolution va-t-on faire avec 60% d’analphabètes ? Un peuple qui n’est pas habitué aux libertés, s’il en reçoit trop ça sera l’anarchie! Un peuple qui ne sait même pas faire la queue, qui jette ses ordures par terre, qui ne respecte pas le code de la route ! Il n’y a qu’une petite frange qui est capable de s’adapter si on devient une démocratie. Toutes les tentatives minoritaires et élitistes sont vouées à l’échec !
    Et pourtant c’est la locomotive qui est censé tirer les wagons. A travers l’Histoire, les changements ont toujours été l’initiative des élites. Quand le changement est l’instigation des masses il mène à des soulèvements violents, anarchiques et ravageurs. La colère est destructrice et sourde, quand on a mal on n’écoute plus, on ne réfléchie plus. C’est le cerveau reptilien qui reprend le dessus. Et ce n’est pas l’organisation de manifestations qui nous mènera vers le chaos, mais le contraire : si on ne se bouge pas, si la jeunesse éduquée et l’élite intellectuelle ne prend pas les commandes d’une révolution pacifique, nous irons droit vers le chaos effectivement car les masses se déchaineront.
    Ensuite, cet analphabétisme que tu décris comme frein au changement est la raison même pour laquelle il faut en finir avec le système actuel, parce que  « l’analphabétisation » est une politique d’Etat qui lui permet de continuer et justifier ce paternalisme du Pouvoir, qui ne demande pas l’avis du peuple – cette ignorant immature – concernant les questions qui le concerne.
    Sinon, reprocher aux marocains leur manque de civisme (faire la queue,..), c’est comme reprocher à quelqu’un qui n’a jamais mangé de ne pas savoir se tenir à table ou de ne pas se servir du couteau et de la fourchette. C’est cette même idéologie répugnante qui veut nous faire croire que la victime d’un viol a sa part de responsabilité. Et le peuple marocain est victime d’un viol organisé, privé de ses droits les plus élémentaires – seuls garants du développement de la citoyenneté – il se voit reprocher les malheurs qu’on lui inflige. C’est à ce jeu sordide que s’amuse notre oligarchie et que répète en perroquet une tranche non négligeable de la jeunesse marocaine. Face aux revendications, le Pouvoir a d’abord montré du doigt le gouvernement et les partis politiques, voulant leur faire porter le chapeau à eux seuls, mais comme les arguments n’étaient pas assez solides, maintenant ils nous disent qu’il faut blâmer le peuple lui-même qui ne mérite pas ses droits les plus élémentaires.
    Ceci dit, malgré son manque de savoir vivre, on ne peut reprocher au peuple marocain une absence totale de civisme. Le ras-le-bol est là, la colère est là et malgré cela les revendications ont toujours été pacifiques. Il suffit d’aller jeter un coup d’œil devant notre parlement pour se rendre compte que le manque de civisme est plutôt du coté des autorités qui traitent les manifestants comme du bétail à qui on reproche d’avoir des aspirations humaines et qu’on « corrige » à coup de bâton.
    Ensuite, on ne peut pas défendre la démocratie et oser dire qu’il existe des personnes qui ne la méritent pas ou n’y sont pas encore « préparés ». Quelles aptitudes intellectuelles et quelle école il faut faire pour avoir droit à l’éducation, aux soins et au droit d’exprimer son avis ? Quels diplômes sont habilitants à une vie digne, où on n’est pas obligé de tendre la main aux âmes généreuses ou lécher les bottes des « sang bleu » pour nourrir sa famille ? Quelle « préparation » il faut avoir pour que les richesses du pays profitent à tous et cessent d’être volées ?
    La démocratie n’est pas la mise en place d’une république, n’est pas le vote aux élections. La démocratie n’est pas la volonté de la majorité. C’est trop simpliste. La démocratie est un concept plus profond, c’est la garantie des droits fondamentaux à tous les citoyens, c’est le Pouvoir (la possibilité de changer les choses) confié à tous les Hommes ( les « sans qualités ») contrairement aux autres formes de gouvernance qui le confie à une minorité (« à qualités ») sur des critères de naissance (aristocratie), de richesse (ploutocratie) ou d’aptitudes (technocratie). Le somptueux mélange de ces 3 poisons, tel que nous l’avons au Maroc, conduit incontestablement à une Oligarchie qui se sert du Pouvoir pour se servir.
    Pour finir, j’aimerai revenir à ce peuple qui n’est pas habitué aux libertés et le risque d’anarchie s’il en reçoit « trop ». Quelles libertés n’avons-nous pas au Maroc ? Nous avons toutes les libertés, du racisme à la surconsommation : Tu as le droit de te divertir, zouker, te saouler, te droguer, te mutiler, entretenir ton ignorance, rentrer tard ou ne pas rentrer du tout, arrêter tes études, te lancer dans le monde des affaires, être vendeur ambulant ou faux guide, te jeter à la mer en espérant rejoindre l’Eldorado européen, prier là où tu veux, avoir la foi ou non, renier tes parents, critiquer le gouvernement, psalmodier le Coran dans le bus ou remettre en question sa divinité, insulter les juifs, les chrétiens et les barbus, injurier l’administration marocaine, te moquer de Dieu.. Tant que tu ne touches pas à la seule chose sacrée au Maroc : la monarchie. Alors quel est cet excès de liberté que les marocains risquent de ne pas savoir gérer ?
     
    Cette liberté d’expression dont tu te plains est élitiste, elle ne concerne pas les pauvres gens qui eux réclament plutôt leurs droits les plus élémentaires : avoir un revenu, un toit et l’accès aux soins !
    Ce n’est pas faux. C’est un luxe de pouvoir débattre de politique. Le prolétaire n’a ni le temps ni l’envie de le faire après sa dure journée de travail pas cher payée !  Mais il faut savoir que tout est lié : si ces masses pauvres n’ont pas accès à leurs droits fondamentaux c’est la faute à la politique. Politique qui ne cherche qu’à s’enrichir et ne fait pas le travail qui lui a été confié vu qu’elle n’a de comptes à rendre à personne, puisque l’élite qui s’intéresse à la politique n’a pas le droit à la critique.
    La liberté politique – et à fortiori  la liberté de la presse qui lui est reliée, sont le nerf de la civilisation : elles créent un contre pouvoir qui peut mettre fin à des politiques si celles-ci s’écartent de l’objectif pour lequel elles ont été mandatées : servir l’intérêt général. Le changement politique est le seul garant de l’amélioration de la situation économique de la population.
    Aussi, les révolutions ne sont plus des révolutions du tube digestif mais des révolutions de matière grise. La faim mène à la révolte et l’émeute ; l’oppression à la révolution et la liberté.
    Ce n’est donc pas une revendication secondaire, surtout quand on voit la misère vers laquelle mène un pouvoir absolu comme c’est le cas dans le monde arabe. Et le Maroc, qui serait si « différent » et « compliqué » selon toi, ne fait malheureusement pas l’exception.
     
    L’heure n’est plus aux faux débats : le problème n’est pas l’existence de la monarchie mais le pouvoir absolu de la monarchie. Le problème n’est pas la manifestation du 20 fevrier et les moeurs légères des jeunes qui l’organisent mais la désunion de la jeunesse marocaine qui se trompe d’ennemi.
        
    Jusqu’à quand continuerons-nous à répondre à leur propagande pseudopatriotique au lieu de leur réclamer des comptes ? comprendrons-nous enfin que s’ils nous demandent de placer la main droite sur le coeur et la gauche en salut sur le front c’est pour mieux continuer à nous faire les poches.. 
    Nowbi, 18/02/2011
  • On a peur du jasmin ?

    Avant-hier, la Gendarmerie nationale a intercepté près de trois tonnes et demie de kif traité à Hassi Zegdou, à la frontière algéro-marocaine. Le même jour, Taieb Fassi Fihri regrettait à la télé marocaine la non-construction d’un grand souk maghrébin où les produits nationaux circuleraient librement, sans passeport ni visa. Bien sûr, l’homme n’incluait pas la RASD dans cet ensemble économique, mais il prêtait à la RADP et au Polisario l’intention de lui préparer un sort. I

    l disait qu’Algériens et Sahraouis se préparaient à concocter un second Gdeim Izik, cette répression panoramique dans les territoires sahraouis qu’il occupe par la force depuis 1975. Les deux « ennemis » de « l’intégrité territoriale » du royaume comptent mettre à profit les vents libérateurs orientés sur le GMO pour le déstabiliser, se plaint-il. Rien que çà ! Le ministre des AE marocain ne veut pas admettre que l’Algérie est suffisamment dotée en franchise et en principes pour ne pas pratiquer les coups bas contre le voisin.
    Lui sait très bien qu’en réalité les Marocains souffrent plus de l’hégémonie des Fihri que d’une soi-disant malfaisance algérienne. Plus le temps passe, plus le peuple marocain se rend mieux compte que le makhzen lui ment et que les accusations contre l’Algérie relèvent de la manœuvre politique. Comment pourrait-il en être autrement quand l’Algérie est pointée systématiquement du doigt et désignée comme responsable de tous ses déboires politiques, économiques, sociaux ?

    A l’approche de la manifestation du 20 février, le makhzen se tient le ventre et ressort son bourourou. Il y a peu de chances pour qu’il soit pris au sérieux cette fois. Tous savent que le pillage du Maroc est à lier au trône et à sa clientèle et non pas à l’Algérie. Une vérité pas bonne à dire mais que vient de rappeler Cheikh Abdelkrim Motie’ El-Hamdaoui, dans un courrier au roi.

    Le prince Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI, n’avait certainement pas Alger à l’esprit lorsqu’il affirmait « le Maroc ne fera probablement pas exception » aux turbulences. Et tout le monde sait que Nadia Yassine n’a reçu aucune instruction d’Alger pour son appui à la marche du 20 février. Le trône peut donc dormir sur ses deux oreilles, Tel-Aviv ne le lâchera pas de toute façon. Il y va de son intérêt. Les pèlerins de Marrakech aussi.

  • Maroc – Ne nous dressons pas les uns contre les autres!

    Publié par
    nawawil
    post non vérifié par la rédaction

    Maroc – Ne nous dressons pas les uns contre les autres!

    Qu’est ce qui arrive à certains amis facebookiens? Ont-ils subi un lavage de cerveau?
    Je vous connaissais révoltés contre les injustices, le clientélisme, la corruption au plus haut niveau du Régime, la pauvreté, l’ignorance, le sous-développement, la captation des richesses par un certain entourage du Régime et la monopolisation de l’action politique par un autre entourage du Régime.
    Ça fait 15 ans que nous sommes sur la voie de la démocratisation, quand est ce qu’on va pouvoir vivre cette démocratie !
    Attention je ne suis pas entrain de vous dire « A bas le régime ;Vive la révolution » car j’aimerais bien, que l’évolution se passe pacifiquement.
    En revanche, je ne retrouve pas de précédents historiques de roi/empereur qui vénéré par son peuple a décidé du jour au lendemain et par pur bonté de se retirer progressivement et d’offrir le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu.
    Alors, par pitié, ne vous jetez pas dans la gueule du loup de la sorte ! En multipliant les appartenances aux groupes d’ « amour du Régime » (lexique très louche par ailleurs), vous accréditez la théorie de l’entourage royal selon laquelle : il n’y a aucun besoin de changement au Maroc, maintenant le statu quo !
    « J’aime … ! » « J’adore … ! » « Je vénère … ! » je ne comprends pas… sommes-nous entrain d’instaurer le culte de la personnalité au Maroc ? Est-ce que chacun de nous va devoir faire acte d’allégeance au Makhzen jour et nuit de peur d’être traité de traitre ? Après avoir été les premiers de la classe du monde arabe (c’était facile cela étant dit), on va devenir les derniers de la classe ? Sommes-nous entrain de nous transformer en Etat policier, où tout opposant sera considéré comme un traître et toute manifestation, une tentative de déstabilisation des puissances étrangères ? Sommes-nous réduits à ça aujourd’hui ?!
    Il y a une semaine on ricanait en entendant l’argument des pro-Moubarak à propos de la fameuse conspiration de l’axe très improbable Hamas-Israël-USA-Iran contre l’Egypte. Et aujourd’hui, on avance sans sourciller que le simple fait de demander l’évolution du régime serait équivalent à jouer le jeu du Polisario… Qu’est ce qui nous arrive ?
     Le problème du Sahara existe depuis des 10aine d’années, et heureusement ça n’a pas empêché des militants et des partis, dans des circonstances beaucoup moins confortables qu’aujourd’hui, d’exiger le changement, de manifester, de faire des grèves, de s’exprimer dans des journaux, même étrangers (oh horreur !).
    C’est aujourd’hui qu’il faut que ce régime fasse des concessions, prenne des engagements avec échéancier précis. Il faut frapper le fer tant qu’il est chaud (dereb lhdide mahadou skhoune). Et encore une fois, nous ne sommes pas obligés de passer par la révolution, ni même par les manifestations … mais juste des revendications! Indignez vous!
    Vous me parlez de stabilité, j’appelle ça de la stagnation.
    Démocratie, liberté, transparence, justice, développement, ça vous dit toujours quelque chose ? Non ? Alors arrêtez de boire tout de suite l’eau du robinet, je crois qu’on vous y a mis quelque chose de pas net !
  • Louisa Hanoune aux Affaires étrangères…

    Nous n’aurons pas besoin de fuites organisées pour découvrir ce qu’aurait dit Louisa Hanoune aux Américains, aux Français ou aux Allemands, au lendemain de la marche avortée de ce début de semaine. Son message a été rendu public et nos lecteurs ont été nombreux à s’en féliciter. Pas forcément parce qu’ils sont d’accord avec le programme politique du PT ou avec son appréciation de cette marche empêchée le 12 février dernier à Alger, mais tout simplement en raison d’une belle démonstration de franchise politique à l’adresse de pays étrangers qui profitent du moindre trouble en Algérie pour afficher de nouveau leur tendance insupportable à l’ingérence dans nos affaires intérieures. Louisa Hanoune n’a pas mâché ses mots, comme on dit dans le langage populaire, en rappelant quelques cas flagrants de piétinement des droits de l’homme par les gouvernements de ces grandes nations, toujours promptes à donner des cours magistraux de civilisation. Des lois d’exception américaines contre le terrorisme, qui ont conduit aux abus de Guantanamo, au traitement honteux réservé par la France à la présence des Roms sur son territoire, la mise au point diplomatique de la figure de proue du Parti des travailleurs a clairement énoncé ce que tout le monde sait désormais : les démocraties occidentales n’hésitent pas à transgresser les valeurs qu’elles utilisent comme moyen de pression quand cela les arrange. Il est toujours bon de le répéter tant que ces vérités ne tempéreront pas les déclarations des uns sur ce qui se passe chez les autres. Or, ceux qui ont aussi entendu l’exercice de style de notre ministre des Affaires étrangères, se sentant presque obligé de répondre à ces remarques désobligeantes – et surtout sans sincérité – de la part d’Obama et consorts, ont dû doublement apprécier ce coup de main opportun de Louisa Hanoune dans la riposte nécessaire de l’Algérie souveraine. Son assistance à une diplomatie en danger a été remarquable et nous rassure sur une relève prometteuse au ministère des Affaires étrangères, par exemple, quand la génération de Novembre sera trop âgée pour résister aux assauts incessants des donneurs de leçons. Une relève qui ne plaira ni à Kouchner, ni à ses successeurs, ni à ceux qui croient encore à l’ingérence.
  • Le changement de la peur

    Les jeunes ou les citoyens  sont en attente d’une vague de changement d‘autant que l’équipe  de Bouteflika, qui par le bais de la dernière réunion du Conseil des ministres ou par la voix du ministre Medelci, a reconnu indirectement les revendications comme légitimes comme la levée de l’état d’urgence et le retour à l’état de droit. Il a été aussi question d’ouvrir la télévision aux partis, chose qui a été mal faite bien que bien lancée lors des deux premiers jours. C’est dire que certains clans au sérail s’opposent au changement, en considérant, peut-être, que le pays va bien et que les personnes réclamant le changement, exagéraient et seraient des «étrangers», pour ne pas dire «minoritaires’, terme cher à notre ministre Medelci. Ce qui est sûr, les partis de l’Alliance n’arrivent pas à affronter le peuple sans leur dire : «Faites attention, ces modernistes et démocrates et/ou amis de Saïd Sadi vont conduire le pays vers le terrorisme et plongeront le pays dans la violence». Les partis de la coalition gouvernementale ont peur du changement, car ils seront les  premiers à payer l’addition et n’ont aucun argument pour un retour lors des prochaines élections. Le FLN comme le RND ou le MSP compte beaucoup sur l’administration et Bouteflika pour rafler la mise lors des élections. D’ailleurs à chaque rendez-vous électoral, nous assistons à une guéguerre sans merci dans leurs propres rangs afin de savoir qui aura les faveurs du système. Le comble du ridicule, ces partis résistent à tous les «coups». Le changement est aussi  mal vu par une certaine bourgeoisie, qui s’est faite beaucoup d’argent grâce à leurs «connaissances». Certains administrateurs préfèrent que la situation ne change pas car  tirant profit de cet immobilisme. D’autres responsables savent, mieux que quiconque, que le changement est synonyme de la fin d’un certain «business» politique et financier. Le changement est honni par certains et ils sont prêts à tout faire pour le contrer. Heureusement que le vent du changement a fait braquer sur les «changeurs» le regard des caméras, sinon ils auraient été «traqués» par leurs baltaguias.
  • Graves accusations marocaines

    Face à d’éventuelles contestations qui pourraient venir de la jeunesse marocaine, la cour du Palais royal ressort son refrain préféré : c’est un complot venu d’Alger  ! Cette parade ne fait plus rire ni même sourire.
    Elle laisserait totalement indifférent si elle ne véhiculait pas un mensonge que le peuple marocain, à force d’être matraqué par une propagande effrénée – pour ne pas dire infernale – pourrait être tenté d’y croire. Aujourd’hui cette propagande véhicule l’idée que le grand méchant loup veut dévorer le pauvre agneau d’où ce type de titre de presse : « Rabat redoute qu’Alger attise des troubles ». On ne sait pas trop ce qui va se passer le 20 février prochain si l’appel à y manifester est suivi. Le gouvernement marocain craint la rue et sa population. Il essaie d’anticiper une révolte populaire en mettant en avant le vieux refrain du complot de l’étranger, en pointant, sans faire le moindre effort, le doigt sur l’Algérie qui comme chacun sait, a ses propres problèmes.
    « He’mna yekfina », dit l’adage, autrement dit « nos problèmes nous suffisent ». Selon le ministre des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, à la télévision publique marocaine, « le Polisario et l’Algérie cherchent à créer des troubles dans cette région ». L’amalgame Algérie / Front Polisario est également devenu tellement simpliste qu’il ne peut être pris au sérieux en tant que réponse à la jeunesse marocaine qui entend porter ses revendications de démocratie et de liberté à ses gouvernants.
    DES PROBLÈMES AU SEIN DU RÉGIME MAROCAIN
    Côté marocain, il y a visiblement de très sérieux problèmes de pouvoir au sein du régime puisque « l’on s’amuse  », par télévision interposée, à revendiquer Béchar et sa région, alors que la communauté internationale, principalement les organismes habilités de l’ONU, sait que la question des frontières, conformément au droit international, a été réglée du vivant du roi Hassan II. Que recherche Mohamed VI ? Ou bien que recherche son entourage, ses conseillers ou son état-major ? Il est alors impossible de prendre au sérieux Fassi Fihri qui « exhorte l’Algérie à tourner la page des querelles du passé et à se concentrer sur un renforcement de la coopération économique dans la région ». On est peut-être passé un peu trop vite sur la révolte d’El Ayoune. Voilà une ville sahraouie, sous occupation coloniale marocaine, dont la population se révolte. Elle exprime sa révolte de façon originale et pacifique. Elle échappe au contrôle présumé de l’administration royale marocaine et pour contester ses conditions de vie, elle installe le camp de toile immense de Gdeim Izik, au vu et su des militaires marocains et des représentants de Sa Majesté, durant plusieurs semaines. Que dit Rabat, avant et après avoir enclenché une répression féroce et sanglante contre ces campeurs pacifistes ? C’est un complot algérien ! L’inénarrable ministre des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri se fend d’une tirade à bon marché : « c’est l’Algérie qui a planifié la déstabilisation du royaume alaouite ».
    SUIVRE LA MÉTÉO POLITIQUE MONDIALE
    Aurait-on laissé faire à Gdeim Izik les Sahraouis pour ensuite essayer d’imputer aux Algériens la contestation  ? L’hypothèse ne tient pas la route car pour de nombreux observateurs, elle est trop simpliste et qu’ensuite se serait attribuer aux Algériens une extraordinaire capacité de nuisance  ! Par contre, on évoque plutôt des divergences au sein du pouvoir marocain, notamment au sein de l’armée et entre des dirigeants de l’armée et l’entourage immédiat du roi Mohamed VI. Une tendance du régime a voulu montrer sa force en laissant « le désordre » s’installer. Ensuite, il a bien fallu « remettre de l’ordre  ». « Désordre » et « ordre » ont-ils eu un même commanditaire ? Toujours est-il que le grand mouvement de gouverneurs et autres responsables marocains, après la répression d’El Ayoune, accrédite la thèse qu’il a fallu l’arbitrage du Palais royal et beaucoup de têtes sont tombées.
    Mais, il semble bien que cela n’a pas vraiment remis de l’ordre au sein du makhzen et de la hiérarchie militaire puisque l’on agite encore l’épouvantail « Algérie ». Il faudrait plutôt suivre le cours de la météo politique mondiale. Les senteurs de la révolution du jasmin tourbillonnent sur tout le monde arabe, de l’Atlantique à l’Euphrate. Elles ne se sont pas arrêtées aux frontières de l’Algérie, ni du Maroc comme l’aurait prétendument fait, un jour, un nuage celui là était radioactif, il venait de Tchernobyl. Les gouvernants français avaient raconté à leur peuple qu’il n’avait pas franchi la frontière de la France.
    Oualid Ammar
  • Le Maroc se fait livrer du matériel anti-émeutes par Israël

    Le Maroc a acheté récemment du matériel anti-émeutes à l’Etat d’Israël pour éviter des fuites dans la presse occidentale. Ce matériel, à bord de deux cargos de transport de troupes C130, a été débarqué il y a une dizaine de jours à l’aéroport militaire de Ben Slimane, selon le journaliste marocain, indépendant, Ali Lmrabet.

    Le recours à Israël, signifie t-il que les pays occidentaux, échaudés par l’exemple français en Tunisie, refusent dorénavant de vendre ouvertement des équipements de répression à des régimes qui font face à des contestations populaires?

    Le Roi du Maroc envisage t-il sérieusement de réprimer son peuple avec le même matériel qui sert à réprimer le peuple palestinien? 

    Rappelons que Ali Lmrabet est toujours interdit d’écriture dans son pays pour une durée de dix ans. Afin de contourner cette condamnation, inique et unique, Ali Lmrabet continue d’écrire pour la presse internationale et sur Facebook où il compte plusieurs milliers de lecteurs.
  • Manif’ devant l’ambassade du Maroc

    Manifestons notre solidarité et notre soutien au peuple marocain ce dimanche 20 février 2011 de 14h00 à 16h00 en face de l’ambassade du Maroc au Bd. St Michel 1040 Bruxelles
    Les événements se bousculent. Un abus de pouvoir, un soulèvement populaire, une répression, ce sont les monnaies courantes des pays arabes.
    Les peuples du monde arabe, après des décennies de soulèvements et de répressions, reçoivent le signal du peuple tunisien qui a chassé son dictateur suite à une révolution pacifique. Le peuple égyptien reprend le flambeau et enclenche sa révolution, arrache la victoire, remet les pendules à l’heure et reprend sa place au cœur du monde arabe. Nous saluons le courage des peuples de Tunisie et d’Egypte et nous rendons hommage leur révolution et à leurs martyrs.
    Les peuples de Tunisie et d’Egypte ont démontré par leurs sacrifices et leur maturité que personne ne peut passer outre la volonté du peuple. L’unique légitimité est la souveraineté du peuple et le seul pouvoir est celui qui émane du peuple pour le peuple.
    Les jeunes du Maghreb et du Machrek vivent les mêmes conditions, aspirent à la même vie, revendiquent les mêmes changements et initient les révolutions du 21ème siècle.
    Ces jeunes ont démenti les prédictions des planificateurs de l’ordre mondial, qui n’ont cessé de nous imposer leur rhétorique à savoir que l’Histoire est immuable.
    Les messages adressés par les peuples de Tunisie et d’Egypte et par leurs jeunes sur le terrain sont : ‐ Seule la volonté du peuple écrit l’Histoire. Les personnes éprises de liberté et de justice doivent être au rendez‐vous. ‐ Les puissances doivent cesser leur ingérence et leur soutien aux dictateurs. ‐ Les régimes des pays arabes doivent répondre aux aspirations de leur population et doivent entamer des réformes profondes avant qu’il ne soit trop tard.
    Ces jeunes n’ont pas vécu les révolutions du 20ème siècle mais ont connu l’Intifada du peuple palestinien, la résistance du peuple libanais, l’asphyxie des populations de Gaza et la démocratisation des pays de l’Amérique latine tout en subissant les pratiques mafieuses de leurs dirigeants.
    Les jeunes du sud de la Méditerranée sont en marche pour un changement radical des structures en place.
    Au Maroc, le 20 février 2011, les jeunes avec les différentes structures de la société civile appellent à une mobilisation générale dans toutes les villes.
    Ils revendiquent : La fin de la corruption, l’Etat de droit, la démocratie, la liberté, la dignité…
    Fraternité Solidarité Bel‐MA : fraternite.solidarite.belma@gmail.com 4, Rue du Canal 1000‐Bruxelles

    LE COÛT DU ROI DU MAROC EN 2010

    La loi de finances de 2010 au Maroc comporte les éléments suivants :
    Total Budget Général de fonctionnement : 136 912 629 000 DH
    Total Budget Général d’investissement : 81 984 225 000 DH
    Total Fonctionnement ET investissement : 218 896 854 000 DH
    Le total fonctionnement et investissement s’élève à 2 433 719 000 + 131 608 000 = 2 565 327 000 DH Soit 7.028.293 DH par jour
    Ramené au budget général de l’Etat 2 565 327 000 / 218 896 854 000 = 1,17%
    Si le Maroc a une population de 32.000.000 d’habitants, Le Roi et le Palais prend la part de 375.000 Marocains
    (Source des chiffres : loi de finances 2010)

    Source : Observations Citoyennes, 16/02/2011
  • Thomas Jeferson et le Croissant

    Carlos Mendo, un ami et une référence pour les journalistes de la rubrique International, avait une vaste culture politique des Etats-Unis et, il avait l’habitude d’éclabousser sa conversation avec une citation, une phrase qui trouvait toujours sa place dans son discours, jamais un recours pour l’exhibition pédante. Je me rappelle, maintenant dans ces moments de changement historique du monde arabe qu’il aurait tant aimé vivre, une de Thomas Jefferson qu’il m’a dit il y a quelques mois : « Quand le peuple craint le Gouvernement il y a tyrannie, quand c’est le Gouvernement qui craint le peuple il y a liberté ».

    La sentence du troisième président des Etats-Unis résume bien les événements auxquels nous assistons. Quand la méchanceté, l’ignorance et le fanatisme étaient sur le point de nous convaincre que le terroriste suicidaire était la grande métaphore du monde arabe, les jeunes de la Tunisie hier, de l’Égypte aujourd’hui et qui sait d’où demain, ont initié, sans qu’on ne les entende arriver, une révolution démocratique de conséquences mondiales encore imprévisibles. En moins d’un mois, tunisiens et égyptiens ont fini avec tant de lieu commun paternaliste de la droite et de la gauche qui les condamnait, avec la meilleure intention et pour son bien c’est vrai, à un avenir éternel d’oppression neocolonial ou religieux. Comme  c’est arrivé avec la chute du Mur, l’arrivée du premier président noir à la Maison Blanche ou la crise financière, ce nouveau changement de proportions telluriques nous a pris par surprise en nous laissant le rôlr ingrat de pronostiqueurs du passé.

    Où sont restés, maintenant, les sommets euro-méditerranéens et toute leur rhétorique ? Où est cette Alliance de Civilisations à laquelle des Turcs et des Persans participaient et où les Arabes étaient absents au-delà du rôle de témoin de la Ligue Arabe ? Comment était-il possible que Ben Ali et Moubarak, qualifiés déjà sans contemplations de dictateurs et cleptocrates, étaient membres de la l’Internationale Socialiste ?

    Le président Obama a opté pour la solution du plus grand courage politique en donnant son appui à la transition en Égypte et en vainquant probablement les résistances de membres de son équipe de pensée la plus traditionnelle. La Maison Blanche semble avoir tiré les conclusions nécessaires de l’Iran en 1979, quand Khomeini s’est emparé de la révolution, de l’Algérie en 1992 quand un coup militaire a noyé dans le sang la victoire des islamistes du FIS, ou du triomphe électoral du Hamas en 2006 et son isolement international postérieur à Ghaza. Même de la délégitimation du régime de Teheran qui a supposé la révolte contre la fraude électorale de juin 2009.

    Entre-temps, l’UE s’est limitée à répéter comme un écho avec un retard de 48 heures les mots qui arrivaient depuis Washington. Trop peu et trop tard. Un rôle non pas meilleur a joué, jusqu’à présent, la diplomatie espagnole. La ministre Trinidad Jiménez a plaidé d’abord à Washington pour une solution pour le Sahara Occidental « n’importe laquelle », ensuite elle a assuré à Bruxelles qu’il n’y a aucun danger de contagion au Maroc parce que Rabat « a déjà entamé les réformes » et a finie en Israël, reçue par son homologue, Avigdor Lieberman, dont la base politique est le racisme antiarabe. Une manifestation de protestation est convoquée, dimanche à Rabat. Il est probable que plus d’un en aura le sourire gelé.

    Luis Prados
    El Pais, 15/02/2011
    Traduction de l’espagnol : SPS-RASD