La question du Sahara occidental figure dans l’agenda du Conseil d’association Maroc-UE, en décembre prochain, a annoncé un membre de la Commission européeene lors du débat mercredi soir d’un projet de résolution sur le Sahara occidental. Andris Piebalgs, commissaire européen au
développement, a indiqué, dans son intervention, que l’Union européenne est
« préoccupée » par les évènements qui ont eu lieu à El-Ayoun, le 8 novembre, et
« regrette la perte de vies humaines » dans l’attaque marocaine contre le
campement de Gdeim Izik. « Au regard des questions que nous débattons
aujourd’hui, nous ferons en sorte qu’elles atteignent les autorités marocaines
par les cannaux les plus indiqués », a-t-il affirmé, confirmant que la question
du Sahara occidental est dans l’agenda du prochain Conseil d’association en
décembre prochain. Ce Conseil, a-t-il dit, serait élevé à un niveau
parlementaire devant associer le Parlement européen et le Maroc. Tout en
appelant le Maroc à se conformer aux entendements internationaux quant au
respect des droits de l’homme, M. Piebalgs a rappelé qu’il « est de la
responsabilité du Maroc de respecter ses obligations intenationales, y compris
celles liées à l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ».
Il a enfin réitéré le soutien de l’Union européenne aux efforts du secrétaire
général des Nations unies pour parvenir à une « solution politique juste et
mutuellement acceptable devant permettre l’autodétermination du peuple sahraoui,
confromément aux résolutions du Conseil de sécurité ». Notons, qu’une résolution
condamnant « fermement » les violents incidents qui se sont produits dans le camp
de Gdeim Izik, près de la ville d’El Ayoun occupée, a été adoptée jeudi à la
majorité par le Parlement européen. Tout en exprimant sa « profonde préoccupation
face à la nette détérioration de la situation au Sahara occidental », le
Parlement européen « condamne fermement, les violents incidents qui se sont
produits dans le camp de Gdeim Izik lors de son démantèlement, ainsi que dans la
ville d’El Ayoun ». Il considère que les Nations unies constitueraient
l’organisation « la plus à même de mener une enquête internationale indépendante
en vue de clarifier les évènements, les décès et les disparitions ». Les
eurodéputés, tout en « regrettant les atteintes à la liberté de la presse et de
l’information auxquelles ont été exposés de nombreux journalistes européens »,
demandent au royaume du Maroc d’autoriser la presse, les observateurs
indépendants et les organisations humanitaires à « accéder librement au Sahara
occidental et a y circuler en toute liberté ». Ils insistent, également, sur la
« nécessité d’inviter les organes des Nations unies à proposer l’instauration
d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental ». La
résolution rappelle le soutien de l’Europe à la reprise des pourparlers
officieux entre les parties au conflit (Maroc et Front Polisario) en vue de
parvenir à une « solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui soit
conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Elle demande à l’Union européenne d’ »exiger du royaume du Maroc qu’il se
conforme au droit international en ce qui concerne l’exploitation des ressources
naturelles au Sahara occidental ». Lors du débat mercredi soir du projet de
résolution, les eurodéputés avaient, dans leur majorité, condamné la violence
utilisée dans le démantèlement le 8 novembre dernier d’un campement de civils
sahraouis près la ville d’El Ayoun occupée et considéré que l’Onu est la plus à
même d’envoyer une commission d’enquête dans la région.
Le Maghreb, 30/11/2010
Mois : novembre 2010
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La question sahraouie dans l’agenda du Conseil d’association Europe-Maroc
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M.Mohamed Abdelaziz président de la République sahraouie : «La répression marocaine ne nous fait pas peur»
Le Parlement sahraoui a fêté son trente-cinquième anniversaire dans
le camp des réfugiés à Ouserd, en présence des délégations parlementaires
algérienne, cubaine, nigériane et mexicaine. La délégation nationale a été
représentée par 25 parlementaires issus des deux Chambres.M. Mohamed Abdelaziz, le
président de la République sahraouie, saluant d’emblée la position algérienne,
résume à lui seul la détermination du peuple sahraoui à arracher son
indépendance. En tenue de combat, le charismatique chef d’Etat sahraoui a usé
d’un ton ferme et guerrier. A cette occasion, il a affirmé que ni chars et la
répression marocaine ni les geôles érigées pour embastiller une population
innocente ne peuvent fléchir la volonté et le courage des Sahraouis à se battre
pour se soustraire du harnais colonial. Le peuple sahraoui qui a opté pour la
lutte pacifique en 1991, n’a, en réalité, jamais laissé tomber le combat. La
révolution est en marche.
Avec des paroles qui ont enflammé la salle, il a
fait savoir que la marche organisée par le gouvernement marocain qui veut s’en
laver les mains est un échec total. La communauté internationale qui a dénoncé
l’attaque meurtrière contre le camp de la liberté, a-t-il précisé, a compris que
les autorités marocaines tentent de faire diversion par toutes sortes de
subterfuges. «Nous dénonçons les manœuvres marocaines et sommes solidaires avec
l’Algérie et les partis politiques espagnols qui ont condamné l’attaque du camp
de la liberté», a-t-il lancé à l’assistance. Et de poursuivre : «nous disons au
gouvernement marocain que la République arabe sahraouie démocratique est un
choix du peuple sahraoui et que le combat, sous toutes ses formes, se
poursuivra jusqu’à l’indépendance des territoires occupés. Ce qui s’est passé à
Gdim Izik renforce notre conviction et dévoile les intentions du Maroc», a-t-il
souligné. «Le Maroc doit savoir, a-t-il dit, que ses prisons et ses forces
répressives ne nous font pas peur et ne nous ferons pas quitter notre pays».Le chef de l’Etat sahraoui a indiqué qu’à la vie décente d’exil, les
Sahraouis ont opté pour croupir dans les prisons marocaines, rappelant que l’ère
du colonialisme est révolue. «Nous resterons à Al Ayoun, Dakhla et Smara
dussions-nous subir la répression marocaine», a-t-il insisté, ajoutant que le
chauvinisme aveugle marocain ne mènera nulle part et ne «nous fait pas peur».
Une réponse claire et nette aux tentatives marocaines visant à vider les
territoires occupés de ses habitants auxquels elles proposent des postes de
travail au Maroc. L’attaque de Gdim Izik qui a soulevé une vague d’indignation à
travers le monde n’a pas surpris pour autant le premier magistrat de la
République sahraouie.
Ce dernier a estimé que l’armée d’occupation marocaine
a toujours eu recours à la répression à chaque fois que les Sahraouis se
soulèvent pour demander leurs droits. C’est ce qui s’est passé, a-t-il soutenu,
le 8 novembre dernier. Ces tragiques évènements ont montré que nous sommes sur
la bonne voie et nous a donné plus de confiance.
«Nous sommes plus forts que
la répression marocaine», a-t-il lancé à la foule. En outre, il a rappelé la
situation déplorable dans laquelle se trouve la ville d’Al Ayoun sous blocus et
interdite d’accès aux observateurs internationaux et à la presse. Mais, a-t-il
précisé, les Sahraouis qui y habitent sont courageux et animés de détermination,
notamment après l’attaque meurtrière du camp de la liberté, la veille de la
reprise des négociations informelles engagées par les deux parties, sous l’égide
des Nation unies. «Cette attaque qui a fait des dizaines de morts, des milliers
de blessés et de disparus nous réconforte et ne nous décourage pas, et ce,
malgré l’adversité. Nous sommes vainqueurs, après la vague de solidarité avec
les Sahraouis et de l’indignation», a-t-il dit. Et au président de conclure :
«le jour viendra où tout le monde saura que le chauvinisme aveugle marocain
était un scandale, l’histoire en témoignera».LE PARLEMENT SAHRAOUI A 35
ANSM. Abdelaziz
a mis l’accent sur le travail accompli par le parlement sahraoui qui a fêté son
trente-cinquième anniversaire. Pour lui, le parlement est l’institution qui a
structuré la République, après la déclaration de l’union nationale. Dans leurs
interventions, les parlementaires ont unanimement dénoncé la politique
expansionniste marocaine et salué la décision du parlement européen qui a
demandé au Conseil de sécurité de dépêcher une commission d’enquête pour faire
toute la lumière ce qui s’est passé dans le camp de la liberté.
Dans son
allocution succincte, Tayeb El Houari, président du groupe d’amitié
parlementaire algéro-sahraoui, a convoqué l’histoire, en faisant le parallèle
entre la lutte armée menée par le peuple algérien contre l’armée française, la
plus grande force militaire d’alors. Sous un tonnerre d’applaudissements, il a
affirmé : «le peuple sahraoui arrachera son indépendance, n’en déplaise au Maroc
et à ses clients» et réaffirmé la solidarité et la position algériennes
vis-à-vis de la question sahraouie.
«Notre présence est une acte de solidarité avec nos camarades parlementaires sahraouis et les victimes du camp de la liberté», a-t-il dit. Khatri Adouh, président du parlement sahraoui, a
affirmé que l’armée marocaine d’occupation poursuit ses massacres des Sahraouis
et impose un blocus pour ne pas permettre à la presse internationale et aux
observateurs étrangers de se rendre aux territoires occupés.
Il a insisté sur l’urgence d’une enquête internationale, rappelant que la Minurso ne peut
faire son travail en raison de la politique marocaine qui massacre les innocents
dans le silence. Il en a appelle à l’ONU pour prendre ses responsabilités de
protéger les Sahraouis et faire respecter les droits de l’homme dans les
territoires occupés. Selon lui, la décision du parlement européen est une preuve
supplémentaire de l’échec de la politique coloniale marocaine et de … la
position de la France qui a opposé son veto contre l’envoi d’une commission
d’enquête.
«La reprise des armes n’est pas à exclure», dit-il pour conclure.
Parallèlement à cet anniversaire, des activités culturelles et une marche de
solidarité avec les victimes du camp de la liberté ont été
organisées.
Horizons, 30/11/2010 -
Des têtes tombent au Maroc
Le roi Mohamed VI vient de faire sauter deux têtes importantes pour tenter de calmer et d’atténuer les graves conséquences liées au scandale de l’attaque du camp de la liberté et des citoyens d’El Aaiun dans les territoires sahraouis occupés.
Ainsi, le gouverneur de cette ville a-t-il payé de sa personne. Idem pour l’ambassadeur marocain en Espagne . Un pays très proche du Sahara Occidental en sa qualité de force occupante et qui a donc été aux premières loges de la répression sauvage abattue sur le peuple sahraoui, la dénonçant de la manière la plus virulente.
Mais ce que Mohamed VI ignore, en agissant de la sorte, allant même jusqu’à choisir un sahraoui félon pour représenter le royaume chérifien au royaume ibérique, c’est que les choses sont désormais allées beaucoup trop loin et que l’heure semble bel et bien avoir sonné pour solder les comptes et permettre au peuple sahraoui de jouir librément et intégralement de ses droits, de tous ses droits.
Réflexion, 30/11/2010 -
Empruntant le pas au Maroc, la France s’en prend à l’Algérie au nom de l’Europe
En moins de 48 heures, l’Algérie a été la cible à la fois du royaume voisin du Maroc et de l’ambassadeur français à Alger, Xavier Driencourt. L’occasion ? Le 60ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme. L’objet ? La violation des droits de l’Homme en Algérie. Avant d’aborder le sujet en ce qui concerne la France, ce pays censé être le creuset des droits de l’Homme justement, arrêtons-nous sur le royaume chérifien dont les dirigeants devraient avoir honte rien qu’à l’évocation de ce sujet, tant ils sont en première ligne sur les tablettes de toutes les ONG sérieuses du monde entier pour le peu de cas qu’ils font du respect de l’être humain, qu’il s’agisse d’étrangers ou de leurs propres ressortissants.
Ces mêmes dirigeants, le roi et son Premier ministre en première ligne, relayés par une presse aux ordres, accusent, en des termes qui prêteraient à rire s’ils n’étaient trop graves, l’Algérie de s’être rendue coupable de maltraitances envers des « sujets » marocains. Il s’agirait, bien sûr, des réfugiés sahraouis en Algérie. Pour la plupart d’entre eux, ils sont en Algérie depuis 1973, c’est-à-dire depuis l’invasion de leur territoire par les forces armées royales marocaines. S’ils y sont, c’est parce qu’ils ont fui les exactions de cette armée et refusent l’annexion pure et simple de leur pays alors que le royaume chérifien n’a pas bougé le petit doigt pour le libérer de l’occupation espagnole.
La meilleure manière de faire parler la vérité à ce sujet est d’interroger les ONG internationales qui ont suivi de près ce dossier. A-t-on jamais eu vent d’un rapport quelconque qui ait fait cas de maltraitance de populations sahraouies, et même marocaines, installées en Algérie ? Au contraire, ces populations bénéficient, depuis de longues années, de la sollicitude de l’Etat algérien et des citoyens avec lesquels elles sont en contact. Il serait tout à fait judicieux d’interroger ces mêmes ONG à propos du comportement des autorités marocaines dans les territoires occupés du Sahara occidental. A défaut, il suffit de lire leurs nombreux rapports. En fait, quand le royaume du Maroc invoque les droits de l’Homme en Algérie, c’est un peu comme l’hôpital qui se moque de la charité.
L’Algérie ? Oui, il y a des problèmes de gouvernance dans ce pays. Il y a aussi des problèmes graves en matière de démocratie, et même de droits de l’Homme. Les Algériens en sont conscients et luttent, avec leurs moyens, pour que les choses changent. Mais, faut-il le préciser, le sens de l’hospitalité est tel dans ce pays que jamais étranger n’a eu à s’en plaindre. Il y a eu des coups d’Etat, des trafics électoraux à grande échelle, des prisonniers d’opinion… Les Algériens se sont mobilisés pour faire évoluer les choses. Sans doute pas assez et pas assez vite. Aux Algériens et à eux seuls d’en juger et, le cas échéant, d’appeler à l’aide.
Revenons à la France, cette icône incontournable des droits de l’Homme. Ce n’est pas tant le fait que l’ambassadeur de la République française s’exprime sur l’état des droits de l’Homme en Algérie qui est choquant en soi. A la limite, en le faisant, il est dans son rôle. Mais, en tant que diplomate averti, les attaques virulentes du roi et du Premier ministre marocains n’ont pu lui échapper, pas plus que n’ont pu lui échapper les réactions des Algériens qui, même excédés, ont refusé de tomber dans des polémiques insensées qui pourraient compromettre gravement et durablement tout espoir de construction d’un ensemble régional viable. Ce faisant, l’ambassadeur français n’ignore pas que les autorités d’Alger sont en droit de penser qu’elles font l’objet d’une cabale concertée et qu’ils pourraient, plutôt que de s’ouvrir, se cabrer davantage, pour le plus grand dommage des Algériens d’abord et de l’équilibre régional ensuite.
Il serait trop facile de convoquer la guerre d’Algérie, la torture, l’exode de millions d’individus, les bombardements injustifiés des mechtas, le napalm, les essais nucléaires de Reggane, les cobayes humains et autres horreurs mises en œuvres par un pays qui, tout prestigieux qu’il puisse être, devrait se regarder dans le miroir de sa propre histoire avant de s’aviser de donner des leçons. L’ambassadeur français évoque, entre autres, le peu de liberté dont bénéficient les Chrétiens en Algérie. Il a sans doute raison. Mais où était la France quand la presse algérienne s’est élevée massivement et quotidiennement pour dénoncer l’inculpation de Habiba, cette jeune femme de Tiaret convertie au christianisme ?
Rappelons-nous simplement qu’au début des années 1990, jusqu’à la fin de la décennie, la France recevait les intégristes islamistes auxquels elle accordait généreusement le droit d’asile et refusait ce droit élémentaire à leurs victimes désignées. Mitterrand n’a-t-il pas été jusqu’à réclamer que le FIS gouverne l’Algérie, au nom de la démocratie ? Et, plus près de nous encore, pourquoi la France de Sarkozy, par Bernard Kouchner interposé, veut-elle se défaire du secrétariat d’Etat aux droits de l’Homme ?
Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi un pays qui a enfanté Voltaire emprunte-t-il le pas au pays de Hassan II et de Tazmamart pour parler des droits de l’Homme en Algérie ? Les questions sont claires, les réponses sont moins évidentes…
Par m.a boumendil , le 15/12/2008
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Résolution du PE sur le S.O., suite et pas fin : Quand les lignes bougent
Rabat ne décolère plus contre Bruxelles et Madrid. Hier, la capitale belgo-européenne devait servir de tremplin médiatique pour expliquer la «marocanité» du Sahara occidental. Un bide. Après l’adoption par le Parlement européen (PE) d’une ferme résolution dénonçant les agissements du Maroc au Sahara occidental, Rabat a sonné le tocsin de la mobilisation générale.
La position des europ-arlementaires est un tournant. Majeur. Ebranlé par la détermination des eurodéputés, tous groupes confondus, le Makhzen tente des opérations de manipulation-diversion. Des marches de protestations (contre qui ?), Casablanca, Washington, des concerts animés par des groupes folkloriques et des artistes marocains au talent reconnu, des conférences de presse d’explication du conflit, comme celle d’hier à Bruxelles, des commandes de passage dans différentes télévisions occidentales et satellitaires arabes, autant d’actions pour prouver la marocanité du Sahara occidental.
Une évolution tactique semble avoir été ordonnée en haut lieu par rapport à la résolution — meurtrière pour le Maroc — du Parlement européen. Si l’Algérie est, évidemment, toujours le principal suspect, accusé selon Rabat, depuis quelques jours les foudres de guerre les plus rapides et les plus dangereux ciblent un autre objectif. L’Espagne. Principalement les entités fédérées du Royaume ibérique (Calalagne, Pays Basque, Andalousie), les médias et des responsables politiques, tant du Parti socialiste que du parti de la droite classique. Cet acharnement médiatique anti-espagnol sans équivalent dans la tradition entre le Maroc et l’Espagne est troublant, selon les observateurs, ici, à Bruxelles. Il l’est d’autant plus que le gouvernement Zapatero n’a pas été particulièrement zélé dans la dénonciation de la répression et des crimes commis à El-Ayoune.
Il est vrai que la direction du PSOE, actuellement au pouvoir à Madrid, n’a pas été suivie par le base socialiste sur la question sahraouie, d’où la double partition contrainte jouée par l’exécutif Zapatero. Molesse pro-marocaine à l’entame du démantèlement du camp d’El Ayoune, puis fermeté sans précédent, ensuite fermeté contre la répression marocaine, bien sûr. Rabat soupçonnant à cet égard Zapatero d’avoir consciemment laisser monter la colère anti-marocaine pour réguler ses déclarations et les mettre au diapason européen. Les Marocains sont d’autant plus enclins à penser ainsi que des eurodéputés, notamment socialistes, traditionnellement mous et sans courage face au drame du peuple sahraoui, ont été très actifs pour faire adopter la résolution que Rabat ne gobe pas, alors pas du tout. Pour autant, l’Algérie reçoit, pour ainsi dire, pour son grade. Seul fait marquant, cette fois-ci — et c’est un tournant —, Alger n’est pas la seule capitale à monter au créneau pour dénoncer la répression dans les territoires sahraouis occupés.
Le Maroc a constaté, en cette période internationale trouble, triste et qui annonce les jours les plus sombres par des tas de grands décideurs de la planète, qu’il ne suffit pas — il ne suffit plus — d’être le larbin de service pour s’en sortir et coloniser en silence. Ça ne marchera plus. Un malheur n’arrive jamais seul, le courroux marocain est aggravé par la montée en France (Affaires étrangères et Défense) de deux personnalités que Rabat soupçonne de rouler pour Alger. Le bon vieux temps de Kouchner le magnifique, pour le Maroc, cela s’entend, est certes fini, ce qui est une excellente chose pour les Sahraouis. Mais est-ce sera suffisant pour que le peuple des ténèbres jouisse, enfin, de son droit à un référendum d’autodétermination. Et dire que cela prendra, seulement, «une journée, une seule journée», selon la belle formule de James Baker.
M. A.Le Soir d’Algérie, 29/11/2010
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Le Parlement de l’UE ménagé, le PPE et l’Algérie fustigés
La résolution inédite votée par le Parlement européen dénonçant la répression exercée par le Makhzen contre la population sahraouie et réclamant une enquête indépendante sous l’égide onusienne sur les récents évènements sanglants s’étant déroulés à El-Ayoun, a surpris et fait paniquer le Palais royal, lequel a compris la gravité de cette initiative pour l’image de marque du Maroc vendue jusqu’alors par sa propagande, consistant en sa présentation en «pays où règne un climat de démocratie, de liberté et de modernité».
L’affolement qui s’est emparé du Roi et de son Makhzen suite au vote de cette résolution les a fait réagir en organisant à Casablanca une «marche de soutien au Trône et de protestation contre le texte du Parlement européen». Sauf que les marcheurs ont été instruits de vilipender non cette institution européenne, auteur de la résolution, mais le Parti populaire espagnol (PPE) et l’Algérie. Comme si ce sont ce parti et ce pays, et non le Parlement de Strasbourg, qui sont en cause dans l’affaire qui met en mauvaise posture le Royaume sur la scène internationale.
C’est encore une autre manœuvre royale de diversion cherchant à accréditer au sein du peuple marocain l’illusion que l’indignation et les condamnations internationales dont leur pays est l’objet concernant le problème sahraoui, découlent de la manipulation à laquelle procéderaient le PPE et l’Algérie, avec pour objectif «de nuire à l’intégrité du Royaume».
Mohammed VI n’a pas désigné à la «vindicte populaire» le Parlement européen, parce que sachant qu’en le ciblant, il lui faudrait renoncer à se prévaloir des bonnes dispositions de l’Union européenne à l’endroit de la revendication marocaine sur le Sahara Occidental, comme il en a si longtemps bercé son peuple. Il lui était aussi plus facile de mobiliser son opinion nationale en la focalisant sur le prétendu sentiment antimarocain qui animerait le Parti populaire espagnol et l’Algérie.
En recourant encore une fois, faute d’un autre argument, au stratagème du «danger extérieur», le Roi s’est offert le spectacle factice d’un semblant d’unité nationale autour de son trône et de sa politique sahraouie.
La mise en scène ne désarmera nullement pour autant la réprobation et la pression internationales. Pas même celles du Parlement européen qu’il a fait ménager par les marcheurs de Casablanca. L’unanimité absolument inédite dont ont fait montre les eurodéputés n’est pas de celles que la diplomatie marocaine va pouvoir ignorer et espérer neutraliser en s’appuyant sur la propagande ayant pour base «les bonnes intentions» du Royaume sur le dossier sahraoui.
La seule «bonne intention» du Maroc qui sera désormais entendue est que le Roi accède à ce que ses «fidèles sujets sahraouis», comme il le soutient, aient le droit «d’exprimer leur attachement au Trône et à leur marocanité» en usant de celui de l’autodétermination. Ce ne sont ni le Parti populaire espagnol ni l’Algérie qui font obstacle à cette perspective. Mais le Palais royal et son Makhzen.
Vérité que la résolution du Parlement européen a eu le mérite de mettre en lumière, à la grande déconvenue de Mohammed VI, des autorités de Rabat et des quelques puissances étrangères alignées sur leurs thèses.
Quant à l’Algérie que le Maroc fustige après chaque claque internationale, elle s’en tient à cette seule vérité et refuse de se laisser entraîner sur le terrain de la surenchère où veulent la mener le Roi et son Makhzen par leurs provocations.
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran, 30/11/2010
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Barcelone : le Forum de développement de l’Afrique du Nord marqué par la panne de l’UPM
Organisée le 22 novembre 0 Barcelone, la 7ème édition du Forum de développement économique de l’Afrique du Nord (NABDF) a fortement subi l’impact du report du sommet de l’UPM prévu le 21 novembre dans la même ville. Les participants au forum ont tenté, sans trop réussir, d’établir un distinguo entre le domaine politique et pratique. Un constat a été fait à nouveau : l’intégration Sud-Sud, soit le Maghreb, reste le grand absent.Le programme annonçait une inauguration en grande pompe par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération espagnol et le président de la Géneralitat de Catalunya et la présence de pas moins de cinq ministres maghrébins et libanais pour plancher sur une thématique assez large : «L’Afrique du Nord : des changements qui inspirent».
Le «blocage du processus de paix au Proche-Orient» évoqué par le gouvernement espagnol pour l’annulation du Sommet et à un degré moindre les derniers événements enregistrés au Sahara Occidental ont certainement éloigné les perspectives d’union (intermaghrébine et euro-méditerranéenne) et fortement réduit les ambitions de la rencontre et par conséquent la présence d’intervenants de rang ministériel.
Les officiels européens, à l’image du président de la Chambre officielle de commerce et d’industrie de Catalogne, ont martelé que la suspension du sommet est certes une mauvaise nouvelle mais qu’il était important de distinguer entre le processus politique et le niveau «pratique» dont il faut à tout prix garantir le fonctionnement en vue de maintenir les réseaux établis et de préparer l’Union.
Le secrétaire de l’économie du Gouvernement catalan, Andreu Morillas, s’appuie sur les signes forts que représentent la grande implication de l’UE dans la politique de bon voisinage et le soutien plus clairement exprimé de Bruxelles et de Berlin à la construction de l’UPM et a fortiori la relance du processus de Barcelone, pour marquer un optimisme grandissant dans le projet d’union.
L’amorce d’une sortie de la crise financière et les signes d’une relance de l’économie mondiale à venir doivent, selon certains intervenants, être considérés comme une opportunité pour la région, d’autant plus que l’Espagne traverse une crise sans précédent et que les pays du Maghreb doivent assurer une croissance de 6% au moins pour pouvoir absorber les jeunes qui arrivent sur le marché du travail.
L’intégration sud-sud, la «seule pièce qui manque»
Pour la partie européenne, le supplément de croissance nécessaire au développement doit aussi venir de l’intégration Sud/Sud qui est, selon un des intervenants, «la seule pièce qui manque» au processus de développement de la rive sud de la Méditerranée. Du point de vue de l’intégration verticale, des satisfecit ont été octroyés à la Tunisie et au Maroc, qui «sont des pays qui croient à l’UPM et qui font preuve d’avancées visibles au plan économique». Le Maroc était, pour l’occasion, le pays invité et les représentants marocains n’ont pas manqué d’afficher leurs bons scores, même s’ils admettent avec moins de véhémence qu’ils ne trouvent toujours pas leurs comptes dans les échanges. Les pressions incessantes de l’Espagne pour la restriction de l’entrée des produits agricoles marocains essentiellement les tomates – et le départ de plus de 50 entreprises espagnoles du Maroc, pour cause de crise financière internationale, sont deux des de leurs points de désillusion.
Les seuls officiels maghrébins présents à l’ouverture des travaux, soit Habib Benyahia, secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe et Mohamed Abdeslam Baayou, président du Lybian Business Council, ont été encore plus «embarrassés» que leurs collègues européens. Entre l’affirmation péremptoire, par le représentant du patronat libyen, de la réalité du Maghreb arabe et de son incapacité à se poser comme partenaire solide de l’UE et des circonlocutions technico-diplomatiques du secrétaire général de l’UMA sur la démarche de «mise en ordre de la maison Maghreb», il est difficile de parler d’enthousiasme.
Le Maghreb, «zone d’opportunités»
Le SG de l’UMA a toutefois insisté sur la nécessité de créer ce monde de développement partagé qu’est l’UPM et de faire du Forum de développement économique de l’Afrique du Nord un véritable instrument de dynamisation de l’activité économique dans la région à travers le rapprochement des hommes d’affaires maghrébins et la mise en place de passerelles avec le reste du monde arabe dont les pays du Golfe. L’UMA semble ne pas vouloir accepter de se faire sonner les cloches sans réaction. Le SG de l’UMA ne manquera pas de rappeler que d’autres acteurs du marché mondial s’intéressent de près aux 85 millions de consommateurs que représente le Maghreb mais que les préférences vont vers les amis traditionnels que sont les Européens. En bons politiques, les uns et les autres ont estimé que les 15 ans passés depuis le processus de Barcelone devaient être comptés en «temps historique» et valorisés pour créer le «miracle Euro-Maghreb-Méditerranée». Les rapports du FMI sur les pays du Maghreb, le rapport de la Banque mondiale sur l’intégration et l’intérêt de Bruxelles à cette même intégration maghrébine définissent le Maghreb comme une zone d’opportunités qu’il faut saisir avant les autres concurrents du marché mondial.
Le scepticisme des acteurs
Les acteurs économiques et les experts ont été plus circonspects. Plus en prise sur les défis du Forum, ils se sont attelés à mesurer l’évolution des champs économiques et sociaux en montrant les progrès accomplis et en recensant les success stories dans des domaines tels que celui du rôle du secteur privé dans le développement, des industries agroalimentaires et du secteur médical. Des questions relatives aux énergies renouvelables et au développement du consulting et de l’ingénierie ont également fait l’objet de séances de travail. Les constats ne semblent pas reluisants et les progrès trop lents pour être réellement décisifs. Les retards accumulés au plan politique ont un impact plus lourd que ne le pensent les politiques. Cela même sur le développement des groupes privés et leur professionnalisation et partant à leur participation au développement de la région. Les cas de Cevital et de l’ETRHB, cités comme exemples parmi les six cas d’entreprises familiales en mutation, auraient gagné à être représentées dans les débats par leurs fondateurs mêmes, pourtant inscrits sur les programmes. L’internationalisation du secteur privé, voire même son intégration régionale est plus dans les projets que dans la réalité des choses. Les opérateurs clament leur souhait de voir les frontières s’ouvrir et les partenariats se densifier mais ils apparaissent plus arcboutés sur leurs parts de marché intérieur ou sur celles qu’ils ont acquises à l’extérieur.
Les patriotismes économiques européens
L’atelier sur les industries agroalimentaires a encore une fois montré les difficultés à trouver des solutions aux véritables obstacles au développement du secteur. Les partenariats gagnant-gagnant sont diversement appréciés notamment par les opérateurs du Maghreb qui continuent à penser que les patriotismes économiques sont plus le fait des Européens. Le soutien aux produits agricoles décidé par Bruxelles et les accords de libre-échange amincissent de plus en plus les chances du Maghreb de se frayer un passage vers les marchés du Nord et relèguent au second plan les réflexions et les voies à suivre pour arriver à la compétitivité.
Les initiatives, somme toute pragmatiques, de Barcelone, capitale d’une Catalogne frappée de plein fouet par la crise, pour trouver une sortie vers la rive sud de la Méditerranée semblent avoir plus de chance de réussir que ses ambitions, en tant que siège du secrétariat permanent de l’UPM, à réchauffer le cœur même des acteurs économiques les plus ardemment engagés dans la construction de cette Union pour la Méditerranée.
par Said Merad – Envoyé SpécialLe Quotidien d’Oran, 30/11/2010 -
Mohamed Abdelaziz défie le roi Mohamed VI
Mohamed Abdelaziz, président de la Rasd, vêtu d’un treillis militaire, s’est montré aussi déterminé, défiant le roi du Maroc, Mohamed VI. Il a, dans son intervention, à l’occasion de la célébration du trente-cinquième anniversaire du Conseil national sahraoui, dimanche, à Ousserd dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf, affirmé que le peuple sahraoui, soutenu par le Front Polisario ne baisserait jamais les bras «jusqu’à ce que l’Indépendance, et rien d’autre que l’Independence soit arrachée».Sur un autre registre le secrétaire général du Front Polisario, a assuré en outre que la récente marche de Casablanca est un autre échec qui vient s’ajouter à une liste déjà longue des scandales du régime marocain. «Le gouvernement marocain veut cacher son échec et se laver les mains, en dénonçant la position algérienne. Nous dénonçons les manoeuvres marocaines. Nous sommes solidaires avec l’Algérie et les partis politiques espagnols qui ont condamné l’attaque du camp de la liberté », a-t-il dit. Et d’ajouter dans ce contexte : Nous disons au gouvernement marocain que la Rasd est un choix du peuple sahraoui. Ce qui s’est passé à Gdeim Izik renforce notre conviction et ses prisons nous ne font pas peur.Nous ne quitterons pas notre pays. Nous préférons vieillir ou mourir s’il le faut dans les prisons que d’aller s’exiler ailleurs que notre patrie. Que le Maroc sache que l’ère du colonialisme est révolue. Que ni ses blindés, ni son armée ni encore moins sa machine répressive ne dissuaderont les Sahraouis à aller de l’avant dans son combat pour la liberté, a encore ajouté le président de la Rasd. À ses dires, le chauvinisme aveugle marocain ne l’emmènerait sans nul doute dans une impasse «où l’issue lui serait difficile de retrouver».IMPOSSIBLE D’ÉTABLIR UN BILAN EXACT DE LA RÉPRESSION DU CAMP D’EL AYOUN
Abordant les derniers événements de Gdeim Izik, Mohamed Abdelaaziz s’est interrogé sur le sort des 300 000 sahraouis qui n’ont fait, a-t-il remarqué, que revendiquer leurs droits élémentaires. «Dans le Camp de la Liberté, des Sahraouis demandent l’autodétermination et une vie décente. En face, les sbires de Mohamed VI ont usé de tous les moyens militaires dont ils disposent pour réprimer, dans le sang, une contestation pourtant pacifique», a-t-il déploré. Dans ce sillage, sans pour autant préciser le nombre de morts, ainsi que le nombre exact des disparus, le président sahraoui a souligné qu’il est impossible d’avancer un bilan.«El Ayoun, est sous état de siège, les militaires, gendarmes et autres policiers marocains sont visibles dans le moindre recoin. Les journalistes, au même titre que les observateurs internationaux sont interdits d’accès dans cette ville. De ce fait, il nous est quasiment impossible d’établir un bilan exact, mais ce qui est sûr et même certain c’est que les atrocités ont dépassé le seuil de l’imaginable. Malgré tout cela, malgré tous les maux, les Sahraouis sont sortis vainqueurs. Les Sahraouis sont plus forts et surtout déterminés plus que jamais», a-t-il conclut.LE FRONT POLISARIO N’EXCLUT PAS LE RECOURS AUX ARMES
Auparavant, le président du Conseil sahraoui en exercice, Khatri Adouh n’a pas exclu le recours aux armes de la part du Front Polisario afin d’arracher son droit à la vie que le Maroc tente de lui confisquer depuis l’invasion du Sahara Occidental en 1975. Il dira à propos que le régime marocain persiste dans son entêtement tournant le dos à la législation internationale. De ce fait, enchaînera-t-il, le recours à la lutte armée semble de plus en plus une nécessité absolue. Quant à la France, éternel appui du régime de Mohamed VI, le président du Conseil national sahraoui s’est dit pas du tout étonné après que cette dernière ait usé de son droit de véto empêchant l’envoi d’une mission d’enquête onusienne à El Ayoun. Selon lui, la France est de tout temps derrière le Maroc à chaque foi qu’il s’agit de commettre des violations à l’encontre des populations sahraouies.Le président du Conseil sahraoui a également démenti les propos marocains faisant état de retrait de la reconnaissance de la Rasd de la part de quelques nations, saluant au passage la récente décision du Parlement européen condamnant les massacres de Gdeim izik. Dans son intervention,Tayeb Houari, président du Club d’amitié parlementaire algéro-sahraoui, a déclaré : «Notre présence est un geste de solidarité avec nos camarades parlementaires sahraouis et les victimes du camp de la Liberté.» Il a poursuivi en mettant l’accent sur «le travail accompli par le Parlement sahraoui et la place qu’il occupe dans le monde parlementaire africain». Avant d’évoquer « la sauvagerie avec laquelle l’armée marocaine s’en est prise à la population isolée du Camp de la Liberté qui ne demandait que de vivre dignement sur la terre de ses ancêtres».À noter, en outre, qu’à l’occasion, une marche de solidarité avec les victimes de la barbarie marocaine à Gdeim Izik s’est tenue le jour même. Une marche à laquelle ont pris part tous les membres du Conseil national sahraoui ayant siégé depuis sa création le 28 novembre 1975. Cette manifestation était également une opportunité pour les délégations parlementaires venues notamment du Mexique, du Nigéria, de Cuba et enfin de l’Algérie qui était fortement représentée par une délégation de 25 députés et sénateurs. Les parlementaires étaient unanimes à dénoncer le massacre perpétré le lundi 8 novembre 2010 contre les populations sahraouies dans le Camp de la Liberté.De notre envoyé spécial à Tindouf, Farid HoualiLe Courrier d’Algérie, 30/11/2010 -
Dangereuse, la magie noire…
Un trône qui, tel un apprenti sorcier stagiaire, prend la responsabilité de designer notre généreuse Algérie comme l’ennemi.Avant-hier, on faisait marcher une nouvelle fois le peuple marocain. La marche, selon les dires locaux, aurait réuni environ l’équivalent de la totalité presque de la population de la capitale de la belle Algérie. Trois millions de manifestants se seraient donc concentrés… dans l’artère principale de Casablanca pour soi-disant dénoncer les atteintes espagnoles à l’intégrité territoriale du Maroc. Parallèlement, les étudiants et écoliers sahraouis se faisaient réprimer à Smara et à El-Ayoun, pour justement appuyer les positions espagnoles condamnant l’usage de la violence contre les populations sahraouies des territoires occupés et réclamant une enquête internationale sur l’assaut meurtrier du 8 novembre à Gdeim Izik.Selon le journal El Mundo, 21 enfants victimes de brutalités policières se trouvaient, ce jour-là, à l’hôpital de Smara, la capitale spirituelle du Sahara occidental. Ce qui laisse penser que le trône compte profiter de l’impunité que lui assure Paris et poursuivre ses actions représailles sans tenir compte de la désapprobation internationale ou de la résolution réprobatrice du Parlement européen. Un trône qui, tel un apprenti sorcier stagiaire, prend la responsabilité de designer notre généreuse Algérie comme l’ennemi. Une initiative qui semble faire des émules chez la classe politique marocaine où des voix viennent se joindre à celle du makhzen pour singer un roi devenu envers nous plus hostile que notre ennemi éternel, Israël.Avant-hier, Abbas El Fassi, du parti Istiqlal, le champion du Maroc biblique, disait : «A travers cette imposante marche, nous adressons un message aux adversaires de notre intégrité territoriale, en particulier notre voisin algérien (…).» Et on a beau tourner et retourner les propos du personnage, on n’y trouve rien d’amical, mais on y décèle l’hostilité et la menace. On y décèle surtout moins de doigté par rapport à la démarche de feu Hassan II, lorsque parlant de la marche verte, il disait que le peuple marocain a dit son mot et qu’il restait à entendre celui du peuple algérien. Ce à quoi la jeunesse algérienne avait vite répondu en défilant en masse dans les artères d’Alger. Une jeunesse qui, contrairement aux apparences, sait répondre au quart de tour quand cela s’impose, comme l’a récemment démontré l’épopée d’Oum Dorman.M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.frLe Jeune Indépendant, 30/11/2010 -
Barcelone : le Forum de développement de l’Afrique du Nord marqué par la panne de l’UPM
Organisée le 22 novembre 0 Barcelone, la 7ème édition du Forum de développement économique de l’Afrique du Nord (NABDF) a fortement subi l’impact du report du sommet de l’UPM prévu le 21 novembre dans la même ville. Les participants au forum ont tenté, sans trop réussir, d’établir un distinguo entre le domaine politique et pratique. Un constat a été fait à nouveau : l’intégration Sud-Sud, soit le Maghreb, reste le grand absent.Le programme annonçait une inauguration en grande pompe par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération espagnol et le président de la Géneralitat de Catalunya et la présence de pas moins de cinq ministres maghrébins et libanais pour plancher sur une thématique assez large : «L’Afrique du Nord : des changements qui inspirent».
Le «blocage du processus de paix au Proche-Orient» évoqué par le gouvernement espagnol pour l’annulation du Sommet et à un degré moindre les derniers événements enregistrés au Sahara Occidental ont certainement éloigné les perspectives d’union (intermaghrébine et euro-méditerranéenne) et fortement réduit les ambitions de la rencontre et par conséquent la présence d’intervenants de rang ministériel.
Les officiels européens, à l’image du président de la Chambre officielle de commerce et d’industrie de Catalogne, ont martelé que la suspension du sommet est certes une mauvaise nouvelle mais qu’il était important de distinguer entre le processus politique et le niveau «pratique» dont il faut à tout prix garantir le fonctionnement en vue de maintenir les réseaux établis et de préparer l’Union.
Le secrétaire de l’économie du Gouvernement catalan, Andreu Morillas, s’appuie sur les signes forts que représentent la grande implication de l’UE dans la politique de bon voisinage et le soutien plus clairement exprimé de Bruxelles et de Berlin à la construction de l’UPM et a fortiori la relance du processus de Barcelone, pour marquer un optimisme grandissant dans le projet d’union.
L’amorce d’une sortie de la crise financière et les signes d’une relance de l’économie mondiale à venir doivent, selon certains intervenants, être considérés comme une opportunité pour la région, d’autant plus que l’Espagne traverse une crise sans précédent et que les pays du Maghreb doivent assurer une croissance de 6% au moins pour pouvoir absorber les jeunes qui arrivent sur le marché du travail.
L’intégration sud-sud, la «seule pièce qui manque»
Pour la partie européenne, le supplément de croissance nécessaire au développement doit aussi venir de l’intégration Sud/Sud qui est, selon un des intervenants, «la seule pièce qui manque» au processus de développement de la rive sud de la Méditerranée. Du point de vue de l’intégration verticale, des satisfecit ont été octroyés à la Tunisie et au Maroc, qui «sont des pays qui croient à l’UPM et qui font preuve d’avancées visibles au plan économique». Le Maroc était, pour l’occasion, le pays invité et les représentants marocains n’ont pas manqué d’afficher leurs bons scores, même s’ils admettent avec moins de véhémence qu’ils ne trouvent toujours pas leurs comptes dans les échanges. Les pressions incessantes de l’Espagne pour la restriction de l’entrée des produits agricoles marocains essentiellement les tomates – et le départ de plus de 50 entreprises espagnoles du Maroc, pour cause de crise financière internationale, sont deux des de leurs points de désillusion.
Les seuls officiels maghrébins présents à l’ouverture des travaux, soit Habib Benyahia, secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe et Mohamed Abdeslam Baayou, président du Lybian Business Council, ont été encore plus «embarrassés» que leurs collègues européens. Entre l’affirmation péremptoire, par le représentant du patronat libyen, de la réalité du Maghreb arabe et de son incapacité à se poser comme partenaire solide de l’UE et des circonlocutions technico-diplomatiques du secrétaire général de l’UMA sur la démarche de «mise en ordre de la maison Maghreb», il est difficile de parler d’enthousiasme.
Le Maghreb, «zone d’opportunités»
Le SG de l’UMA a toutefois insisté sur la nécessité de créer ce monde de développement partagé qu’est l’UPM et de faire du Forum de développement économique de l’Afrique du Nord un véritable instrument de dynamisation de l’activité économique dans la région à travers le rapprochement des hommes d’affaires maghrébins et la mise en place de passerelles avec le reste du monde arabe dont les pays du Golfe. L’UMA semble ne pas vouloir accepter de se faire sonner les cloches sans réaction. Le SG de l’UMA ne manquera pas de rappeler que d’autres acteurs du marché mondial s’intéressent de près aux 85 millions de consommateurs que représente le Maghreb mais que les préférences vont vers les amis traditionnels que sont les Européens. En bons politiques, les uns et les autres ont estimé que les 15 ans passés depuis le processus de Barcelone devaient être comptés en «temps historique» et valorisés pour créer le «miracle Euro-Maghreb-Méditerranée». Les rapports du FMI sur les pays du Maghreb, le rapport de la Banque mondiale sur l’intégration et l’intérêt de Bruxelles à cette même intégration maghrébine définissent le Maghreb comme une zone d’opportunités qu’il faut saisir avant les autres concurrents du marché mondial.
Le scepticisme des acteurs
Les acteurs économiques et les experts ont été plus circonspects. Plus en prise sur les défis du Forum, ils se sont attelés à mesurer l’évolution des champs économiques et sociaux en montrant les progrès accomplis et en recensant les success stories dans des domaines tels que celui du rôle du secteur privé dans le développement, des industries agroalimentaires et du secteur médical. Des questions relatives aux énergies renouvelables et au développement du consulting et de l’ingénierie ont également fait l’objet de séances de travail. Les constats ne semblent pas reluisants et les progrès trop lents pour être réellement décisifs. Les retards accumulés au plan politique ont un impact plus lourd que ne le pensent les politiques. Cela même sur le développement des groupes privés et leur professionnalisation et partant à leur participation au développement de la région. Les cas de Cevital et de l’ETRHB, cités comme exemples parmi les six cas d’entreprises familiales en mutation, auraient gagné à être représentées dans les débats par leurs fondateurs mêmes, pourtant inscrits sur les programmes. L’internationalisation du secteur privé, voire même son intégration régionale est plus dans les projets que dans la réalité des choses. Les opérateurs clament leur souhait de voir les frontières s’ouvrir et les partenariats se densifier mais ils apparaissent plus arcboutés sur leurs parts de marché intérieur ou sur celles qu’ils ont acquises à l’extérieur.
Les patriotismes économiques européens
L’atelier sur les industries agroalimentaires a encore une fois montré les difficultés à trouver des solutions aux véritables obstacles au développement du secteur. Les partenariats gagnant-gagnant sont diversement appréciés notamment par les opérateurs du Maghreb qui continuent à penser que les patriotismes économiques sont plus le fait des Européens. Le soutien aux produits agricoles décidé par Bruxelles et les accords de libre-échange amincissent de plus en plus les chances du Maghreb de se frayer un passage vers les marchés du Nord et relèguent au second plan les réflexions et les voies à suivre pour arriver à la compétitivité.
Les initiatives, somme toute pragmatiques, de Barcelone, capitale d’une Catalogne frappée de plein fouet par la crise, pour trouver une sortie vers la rive sud de la Méditerranée semblent avoir plus de chance de réussir que ses ambitions, en tant que siège du secrétariat permanent de l’UPM, à réchauffer le cœur même des acteurs économiques les plus ardemment engagés dans la construction de cette Union pour la Méditerranée.
par Said Merad – Envoyé SpécialLe Quotidien d’Oran, 30/11/2010