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Sahara occidental : Ould Salek démystifie les dérives de la diplomatie marocaine
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed-Salem Ould- Salek, revient longuement sur l’agitation du Maroc et de ses lobbies autour d’une prétendue adhésion à l’Union africaine et son action qui continue pour tenter de discréditer la Question sahraouie au niveau international.
Dans une longue interview à Algeriepatriotique, Ould-Salek explique qu’ après être «revenu sur sa décision qu’il considérait comme souveraine et irrévocable, concernant l’expulsion de la composante politique et civile de la Minurso, le Maroc essaie de détourner l’attention de son opinion publique». «Mais il vise, aussi, à créer toute une confusion sur la scène internationale, en avançant, comme pretexte, au moins 28 pays de l’UA veulent le retour du Maroc au détriment de la République sahraouie. Il faut observer ceci : le Maroc parle de retour, alors qu’il n’était pas membre de l’Union africaine. Cette dernière possède une loi fondamentale qui stipule que pour être un membre de l’UA, il faut d’abord respecter les frontières héritées de l’époque coloniale. Ce qui n’est pas le cas du Maroc, qui est le seul pays, comme Israël, à ne pas respecter les frontières de son voisin», précise le MAE sahraoui. il ajoute qu’un autre principe «consiste à accepter à l’avance la non-utilisation de la force et refuser l’occupation des territoires d’autrui.Le Maroc occupe une partie des territoires sahraouis. Il y a aussi une procédure inscrite dans l’Acte constitutif de l’UA stipulant qu’un pays qui sollicite l’adhésion à l’UA doit envoyer une demande à la Commission de l’Organisation. Cette dernière doit vérifier si le demandeur respecte les principes et les objectifs de l’UA. Si rien, dans cette demande, n’est contraire à l’Acte constitutif, la Commission l’envoie aux capitales des pays membres. Quand la Commission reçoit les réponses positives de la majorité des membres, elle l’annonce au pays sollicitant son admission. Lorsque le demandeur est accepté, il doit venir au siège de l’Union pour signer l’Acte constitutif, l’endosser ensuite par son Parlement, et le signer par la plus haute autorité du pays. Étape suivante, le demandeur doit déposer les instruments de ratification au siège de l’UA, à Addis-Abeba». Si le Maroc a annoncé son intention d’adhérer à l’UA, il doit d’abord, pour «démontrer sa bonne volonté, l’exprimer et la matérialiser à partir de pas concrets qu’il n’a pas faits», souligne par ailleurs le chef de la diplomatie sahraouie, relevant qu’il s’agit d’une «manœuvre dilatoire» de propagande et de fausses informations.Sur le moment choisi par Maroc pour faire diversion Ould-Salek estime que le «Maroc se retrouve de plus en plus isolé. Il bénéficiait, depuis 1975, de soutiens financiers qui viennent du Golfe, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, qui alimentent la guerre, et d’un soutien politique et diplomatique d’un certain nombre de pays d’Europe et des États-Unis. Ce soutien n’existe plus». «La position française au sein de l’Union européenne devient minoritaire. Et avec l’intégration qui se renforce au sein de l’Europe, les Français commencent à avoir des problèmes avec leurs partenaires européens. Le statut accordé au Maroc, qui lui a été donné par la France et l’Espagne, qui l’ont imposé à l’Union européenne, commence à avoir des effets négatifs pour le Royaume et pour ses partenaires», -a-t-il dit.«Toutes les organisations des droits de l’Homme sur les scènes africaine, européenne et américaine, accusent le Maroc, non seulement de violation des droits de l’Homme mais aussi de commettre des crimes de guerre. À ce sujet, le tribunal suprême espagnol a accusé le Maroc d’avoir commis un génocide contre le peuple sahraoui. Les Parlements nationaux et le Parlement européen exigent que le Maroc se conforme au Droit international, qu’il accepte le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, et qu’il se soumette au référendum qu’il a accepté en 1991. Il y a une pression énorme sur le Maroc, sur les gouvernements européens et la Commission européenne», a-t-il encore dit. Pour le ministre sahraoui cette «bataille, au sein de l’UE, est renforcée aujourd’hui par une confrontation sur le plan juridique. Le tribunal du Luxembourg a annulé l’accord signé entre l’UE et le Maroc sur les produits agricoles. Le Maroc est en perte de vitesse, dès le moment qu’il refuse de reconnaître les frontières de ses voisins, qu’il alimente la région maghrébine, l’Afrique et l’Europe en drogue, sans omettre le fait que les actes terroristes perpétrés à Madrid, Paris et Bruxelles sont fomentés par des Marocains» La propagande en France et en Espagne, qui présente le Maroc comme étant un pays stable, avec un islam modéré, ne trouve plus de tribune, ajoute-t-on à cela la revendication du peuple marocain pour plus de démocratie».Décortiquant l’action du Maroc, le chef de la diplomate sahraouie relève que les «méthodes du régime alaouite sont connues : dévier l’attention des Marocains, essayer d’inculquer un chauvinisme désastreux au peuple marocain, en lui mentant sur l’origine des problèmes, et en essayant toujours de reporter cela sur le Front Polisario et l’Algérie, et sur tous ceux qui soutiennent la Cause sahraouie». «Le fait qu’il soit revenu sur ses décisions qu’il considérait comme étant souveraines et irrévocables, et qu’il ait été obligé, finalement, de se soumettre, dénote la situation très difficile dans laquelle se trouve le Makhzen. Il est passé maître dans la falsification des faits pour détourner l’opinion de son peuple», a-t-il dit .À propos des lobbies payés par le Maroc sur notamment les dividendes du trafic de drogue, Ould-Salek indique «qu’il y a des personnes qui se disent experts. On les retrouve dans les publications de l’Agence de presse marocaine. Le Maroc a créé des lobbies aux États-Unis, en Europe, en Afrique et même en Asie pour donner l’illusion à son peuple qu’il profite d’une certaine solidarité. Le Maroc vient d’acheter douze sociétés de lobbying très influentes à Washington. Et la presse marocaine ne le cache pas. Il y a, également, des groupes soutenus par certains pays, à l’image des lobbies sionistes d’Israël. Et, il y a des politiciens français et espagnols qui sont payés par le Maroc. Un exemple, l’ancien Premier ministre de l’Espagne, Felipe Gonzales, fait du lobbying pour le Maroc en Amérique latine, ainsi que son successeur à la tête du Parti socialiste, Zapatero.M. B. -
50 millions d’euros « remis » au Sénégal en échange d’un soutien pour le retour du Maroc au sein de l’U.A : le Pds demande à Macky Sall de l’édifier
Le Parti démocratique sénégalais est fou de rage. A l’origine, la réception, par le Président de la République, des travaux conçus par son prédécesseur Abdoulaye Wade, sans qu’il ait pris le soin « d’expliquer aux Sénégalais la paternité des ouvrages réceptionnés ».Autre raison de la colère noire des libéraux : « une somme de 50 millions d’euros qui serait remise au Sénégal en échange d’un soutien pour le retour de ce pays ami au sein de l’Union Africaine et une exclusion de la soit-disant République Arabe Sahraouie Démocratique ».Et pour laquelle somme, Me Abdoulaye Wade et ses hommes demandent des comptes au Chef de l’Etat Macky Sall. Voici le communiqué parvenu, à ce sujet, à Actusen.com.Intégralité du communiqué« Macky SALL et son régime viennent d’inaugurer avec beaucoup de folklore et de tintamarre des infrastructures dont une bonne partie a été conçue, financée et les travaux entamés par Me Abdoulaye WADE, secrétaire général national de notre parti.Ces infrastructures inspirées par le prédécesseur de l’actuel Chef de l’Etat à Dakar et dans sa banlieue, constituent le prolongement de tout ce qui a été fait, entre 2000 et 2012, pour moderniser notre capitale.Même si la continuité de l’Etat justifie que l’actuel Président de la République réceptionne les travaux conçus par Abdoulaye WADE, il est plus juste, en respect du principe de bonne gouvernance, de transparence et de vertu, d’expliquer aux Sénégalais la paternité des ouvrages réceptionnés.Après plus de 4 ans d’exercice du pouvoir à la tête du Sénégal, Macky SALL est toujours incapable de montrer aux Sénégalais ses propres réalisations et des résultats concrets.À l’occasion de ces inaugurations politiciennes le Chef de l’État, Macky SALL, a cru devoir quitter sa posture républicaine pour se placer sur le terrain des invectives contre l’opposition tout en s’en prenant à l’ancien régime socialiste qu’il semble, à l’occasion, traiter de « nullard » incapable de construire un simple échangeur fonctionnel, faisant référence au ‘’pont Sénégal 92’’.Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) dénonce ces comportements qui manquent de hauteur et qui déshonorent leur auteur.Le PDS dénonce également la poursuite effrénée des politiques d’intolérance et de recul de notre démocratie marquées encore une fois par de graves violations des libertés fondamentales,notamment les interdictions de meeting et rassemblements initiés par des adversaires politiques, dont les animateurs de la coalition « Tawawu Ndakaaru », comme ce fut toujours le cas ces dernières années contre les manifestations du PDS.Notre parti dénonce aussi les sanctions ignobles contre des fonctionnaires, notamment Ousmane SONKO, inspecteur des impôts et secrétaire général de parti, qui n’ont que le tort d’être membres ou à la tête de partis politiques au moment où honteusement le Chef de l’Etat en personne demande à d’autres fonctionnaires d’avoir des résultats politiques positifs pour espérer maintenir des avantages administratifs ou de carrière.Il exige la réintégration immédiate et sans délais de Ousmane Sonko et qu’il soit mis un terme aux harcèlements et persécutions dont il fait l’objet. Le PDS est particulièrement préoccupé et s’inquiète des changements soudains et injustifiés à la présidence de l’OFNAC qui a procédé à des enquêtes mettant en cause des membres de la famille présidentielle et d’autres éminents membres du parti au pouvoir fortement soupçonnés de fraude ou de corruption.Le PDS dénonce vigoureusement les entraves faites pour empêcher cette structure chargée de veiller à la transparence et à la gestion vertueuse des hommes investis de missions publiques de mener à bien sa mission de lutte contre la corruption.Ces changements soudains à la tête de l’OFNAC combinés à la réactivation illégale d’une juridiction d’exception violant les droits fondamentaux, la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) dirigée par des magistrats sélectionnés par le Chef de l’Etat, finissent par démontrer que la politique de reddition des comptes et de lutte contre la corruption pompeusement appelée lutte contre les biens mal acquis ne constituait en réalité qu’un moyen de liquider la principale formation d’opposition et de neutraliser son candidat aux prochaines élections présidentielles.La politique de prédation de nos ressources, d’accaparement et d’absence totale de transparence et de vertu explique que des proches du pouvoir, manquant totalement de dignité, se précipitent pour faire main basse sur les terrains saisis sur Ibrahim Aboukhalil dit Bibo BOURGI et se les partager.C’est aussi avec beaucoup de tristesse que notre parti a appris l’arrestation de personnes vivant avec de sévères handicaps arrêtées pour mendicité un vendredi alors qu’elles venaient de la mosquée. Cet acte insensé heurte la conscience de notre nation qui chaque jour manifeste solidarité et compassion à ces personnes que la loi d’orientation sociale protège en proclamant la nécessité de leur réinsertion sociale.Malgré la qualité exceptionnelle de nos relations avec le Maroc, pays frère, le PDS interpelle Macky SALL à propos des révélations faites par la presse étrangère concernant une somme de 50 millions d’euros qui serait remise au Sénégal en échange d’un soutien pour le retour de ce pays ami au sein de l’Union Africaine et une exclusion de la soit-disant République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). Pour la crédibilité de notre pays qui n’a jamais monnayé son soutien au Royaume Chérifien ami, l’opinion doit être informée et rassurée.Le PDS est également préoccupé par la situation qui prévaut dans le monde rural marquée par un retard dans la distribution des intrants, entre autres engrais et semences de qualités, alors qu’il pleut presque partout.Enfin, le Parti Démocratique Sénégalais demande à Macky SALL de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard, mais surtout de se mettre au travail en s’inspirant de Maître Abdoulaye WADE que le tout le monde reconnaît comme le bâtisseur d’un Sénégal nouveau ».Fait à Dakar, le 29 juillet 2016Oumar SARR, SGAPour le Comité Directeur -
Sahara occidental : mémoires coloniales, regards postcoloniaux
Le Sahara occidental, un territoire en attente de décolonisation1Il fut un temps – précisément de 1884 à 1976 – où le Sahara occidental, fragment du territoire anciennement nommé Trab al-Bidan (la terre des Blancs, par opposition au Trab al-Soudan, la terre des Noirs, autrement dit l’Afrique subsaharienne) par ses habitants, était possession espagnole. Cette région, dont les limites avaient été redéfinies au cours des négociations franco-espagnoles engagées entre 1900 et 1912, était appelée « Sahara espagnol » par les Européens. De fait, en 1958, alors que l’ONU soutenait à peu près partout dans le monde les luttes pour l’indépendance, le régime de Franco fit le choix, comme le fit aussi Salazar pour le Portugal, de transformer ses colonies en provinces. C’est ainsi que le Sahara espagnol eut le même statut que les Îles Baléares, les Canaries, Ifni et, plus au sud, le Río Muni et l’île de Fernando Poo, ces deux derniers territoires étant aujourd’hui intégrés à la Guinée équatoriale.2Ce que les Espagnols et les habitants du territoire en question, dénommés « Sahraouis » par les colonisateurs, ignoraient alors, c’est que le Sahara espagnol était une province certes comme les autres, mais cependant un peu particulière, « pas tout à fait » semblable aux autres du fait de son appartenance à un empire colonial marqué par l’ambivalence, selon le terme utilisé par Homi K. Bhabha (1990). En effet, il s’agissait bien d’une province au sens politico-administratif du terme, mais, dans l’imaginaire colonial, il s’agissait aussi, et surtout, d’un « territoire vaincu », et ce bien que l’État espagnol ne semblât pas y exercer, du moins pendant un certain temps, de pouvoir direct1.3Après vingt ans de colonisation intensive, alors que les pays voisins se libéraient progressivement de la tutelle coloniale, les Sahraouis pâtirent des modalités d’une décolonisation imposée par le franquisme moribond de Madrid. En effet, par le traité de Madrid du 14 novembre 1975 – signé sous la pression exercée par la Marche verte organisée par le Maroc, mais condamnée par le Conseil de sécurité des Nations unies par sa résolution no 380 du 6 novembre de la même année –, le gouvernement de Madrid partagea le Sahara espagnol entre le royaume du Maroc et la République islamique de Mauritanie. Cette décision ne fut pas sans provoquer un certain malaise au sein de l’armée espagnole lorsqu’il lui fallut descendre le drapeau national pour la dernière fois, le 28 février 1976. La veille, le Front populaire pour la libération de la Saguía el Hamra et du Río de Oro – le Front Polisario –, qui combattait depuis 1973 contre les Espagnols et avait été reconnu par l’Organisation des nations unies (ONU) comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui, avait proclamé son propre État, la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Pendant que le Front Polisario se battait contre les forces armées marocaines et, jusqu’en 1978, mauritaniennes, une partie de la population sahraouie était obligée de quitter le territoire et de se réfugier dans l’une des régions les plus inhospitalières de la planète, à savoir la Hamada algérienne, tandis qu’une autre partie restait dans les territoires aujourd’hui contrôlés par le Maroc. Les profondes incursions des combattants du Front Polisario et les durs combats qui en résultèrent tant au Sahara que sur le territoire marocain lui-même obligèrent les forces armées royales à protéger les zones occupées en construisant, au cours des années 1980, tout un ensemble de murs et de dispositifs de protection, sur une longueur de plus de 2 700 km. Ils séparent depuis lors les Sahraouis qui vivent d’un côté ou de l’autre.4Les résolutions des Nations unies qui se succédèrent année après année condamnaient l’occupation marocaine en la considérant comme illégale. Finalement, le 6 septembre 1991, un accord de cessez-le-feu fut signé devant la communauté internationale qui décida d’organiser un référendum d’autodétermination sur le territoire du Sahara ex-espagnol, en vue duquel elle mit en place la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Malgré cela, et plus de vingt ans plus tard, le conflit ne semble toujours pas près d’être résolu.L’état de la recherche sur le Sahara occidental5La particularité de la situation du Sahara occidental ne permet pas aux chercheurs d’avoir une connaissance autre que partielle et biaisée de son histoire. D’un côté, force est de constater la dimension majoritairement militante de la production bibliographique postérieure à 1975 : les uns se prononcent en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui alors que les autres sont favorables au maintien de l’occupation marocaine sur le territoire. D’un autre côté, cette production se caractérise souvent à la fois par la faiblesse de sa base empirique et par la radicalité des objectifs poursuivis. Il est donc plutôt rare de trouver des ouvrages méritant la qualification de « scientifiques », que l’on se réfère à la profondeur des archives exploitées, à la qualité du travail de terrain ou à la rigueur des analyses.6Ainsi, dans le champ de l’histoire, on ne peut compter que sur les travaux des militaires José Ramón Diego Aguirre (1988, 1991, 1993, 2004), Mariano Fernández-Aceytuno (2001), du journaliste Tomás Barbulo (2002) et des universitaires Juan Bautista Vilar (1977) et – plus récemment – d’Alejandro García (2001), Jésus Ma Martínez Milán (2003), Claudia Barona Castañeda (2004) et Francesco Correale (2009, 2010). Dans le domaine de la sociologie, des sciences politiques et de l’anthropologie, les études de qualité sont encore moins nombreuses. Parmi celles-ci, on ne peut citer que les travaux d’Ángela Hernández Moreno (1989, 2001 et 2006), Sophie Caratini (1989, 2003 et 2006) et Alberto López Bargados (2003), ainsi que les contributions de Pablo San Martín (2010), Juan Carlos Gimeno Martín (2007), Juan Carlos Gimeno Martín et Mohamed Ali Laman (2007), Raquel Ojeda García et Victoria Veguilla del Moral (2013)7Cependant, la plupart des ouvrages en sciences humaines et sociales traitant du Sahara occidental sont consacrés à l’analyse du conflit actuel sous l’angle des relations internationales ou du droit international, ou bien relèvent des études stratégiques (par exemple Arts, Pinto-Leite, 2007 ; Zunes, Mundy, 2008) : ils ne prêtent dans ces perspectives généralement pas attention à l’époque coloniale. Or, sans une étude sérieuse de cette période, ce conflit ne peut pas être compris. Les faiblesses de la recherche scientifique à propos de l’ancienne colonie espagnole sont d’autant plus gênantes qu’elles influent directement sur un champ disciplinaire qui, au cours des dernières années, a pris une importance considérable dans des pays comme la Grande-Bretagne, la France, le Portugal et l’Italie, à savoir la recherche sur la mémoire coloniale appréhendée au travers des témoignages recueillis tant auprès des anciens colonisateurs que des colonisés. Par ce biais, c’est en effet l’histoire des populations des ex-colonies que les historiens s’efforcent de documenter, mais c’est aussi du passé colonial des ex-métropoles qu’il s’agit. La littérature internationale à ce sujet est vaste et coïncide en partie avec les ouvrages utilisés comme références dans les études coloniales. Frantz Fanon (1952, 1961) et, surtout, Edward Saïd (1978) sont les références incontournables. Leur critique de l’orientalisme révèle ainsi toute l’influence que les représentations sociales de l’« Autre » pouvaient exercer en matière de gestion du fait colonial et postcolonial. Plus récemment, des travaux aussi importants que ceux d’Achille Mbembe (2001), Vumbi-Yoka Mudimbe (1988) ou la réédition d’un important travail de Maxime Rodinson (2005) sur le contexte africain s’inscrivent dans le prolongement des travaux de F. Fanon et E. Saïd. Ces deux derniers auteurs avaient, pour leur part, déconstruit les formes de connaissance en sciences sociales qui prédominaient alors en Europe et aux États-Unis d’Amérique.8Aucun travail sur le colonialisme ne peut plus ignorer aujourd’hui le préjugé orientaliste qui marque la connaissance des « Autres », ce qui force les chercheurs à accorder une grande importance aux considérations d’ordre conceptuel et méthodologique pour contrer les effets de ce que l’historien indien Ramachandra Guha (1988) appelle « la prose de la contre-insurrection ». Il s’agit, dans le cas cité par R. Guha, d’une historiographie qui tend à nier aux révoltes des paysans indiens des xviiie et xixe siècles leur valeur politique, en les assimilant plutôt à des phénomènes naturels. Ces perspectives d’une histoire par le bas ont par la suite été développées, d’ailleurs avec un remarquable succès, par l’école indienne des subaltern studies, laquelle a ainsi largement renouvelé l’historiographie coloniale et postcoloniale.9Bien qu’appartenant à des disciplines différentes (sociologie, histoire, anthropologie, géographie, science politique, etc.), les auteurs des articles rassemblés dans le présent numéro des Cahiers d’EMAM partagent ces références conceptuelles, de même que les conséquences méthodologiques qui surgissent des débats sur le post-colonialisme. Toutefois, les ouvrages sur le colonialisme et le post-colonialisme mentionnés ci-dessus évoquent peu la fonction sociale de la mémoire, thème sur lequel se focalisent pourtant certains travaux de recherche plus récents. Ainsi, dans le cas britannique, il convient de citer les ouvrages, remarquables à nos yeux, de Pamela J. Stewart et Andrew J. Strathern (2003) et de Annie E. Coombes (2006), l’excellente monographie deAbhijit Banerjee (2001) sur les groupes pachtounes de la frontière entre Afghanistan et Pakistan, ou encore les travaux de Heather Sharkey (2003) sur le Soudan anglo-égyptien. De même, l’empire colonial italien, approché du point de vue de la mémoire historique, a fait l’objet d’une étude récente de l’historienne anglaise Jacqueline Andall (2005) et des Italiens Nicola Labanca (2005), Elena Petricola et Andrea Tappi (2010), Paolo Jedlowski (2011). À propos de la présence coloniale espagnole en Afrique, on peut citer le travail de Susana Martín-Márquez, écrit en anglais (2008) avant que d’être traduit en espagnol (2011). Cependant, le cas le plus intéressant de ces dernières années est sans aucun doute celui de la France, où la discussion a clairement franchi le seuil du débat scientifique pour s’imposer comme une question nationale. Cette mise en visibilité du passé colonial français a été rendue possible grâce aux travaux entrepris, entre autres, par les chercheurs de l’Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine (ACHAC), mais également par des auteurs étrangers, comme Ali Abdellatif Ahmida (2000), Alec Hargreaves (2005) et Todd Shepard (2006), lesquels proposent un intéressant contrepoint aux ouvrages de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Laurent Gervereau (1993), de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Pierre Vergès (2003) ou encore de Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire (2004).10Dans tous les cas, la mémoire et la production de la mémoire sont devenues des éléments clés de l’interprétation des processus coloniaux. Cette production, de même que les postulats scientifiques qui la fondent, est toujours plurielle, diverse, voire contradictoire. Dans l’affaire du Sahara occidental, ces traits sont particulièrement visibles, non seulement parce que le conflit entre le royaume du Maroc et le Front Polisario est toujours actif, mais aussi parce que les « mémoires historiques » sont l’un des enjeux de ce conflit, comme le montre la découverte, en septembre 2013, de fosses communes dans la région de Smara, à l’intérieur des territoires occupés par le Maroc. Cette découverte a été réalisée par une équipe médico-légale de l’université du Pays basque, en Espagne. Ces fosses contenaient les restes de huit citoyens sahraouis exécutés sur les lieux par les forces armées royales marocaines le 12 février 1976. Pour quatre d’entre eux, considérés disparus, le gouvernement de Rabat s’était en principe expliqué dans le rapport rédigé par l’Instance équité et réconciliation (IER) en 2006 ; mais s’il était bien écrit dans ce document que ces quatre Sahraouis avaient été arrêtés le 12 février 1976, il était aussi indiqué qu’ils étaient décédés alors qu’ils étaient en détention dans une caserne2. Les autorités marocaines ont donc occulté leur exécution.Présentation du numéro des Cahiers d’EMAM et objectifs du projet I+D 2008-2011
11À ce jour, les quelques recherches rigoureuses consacrées à la colonisation du Sahara par les Espagnols relèvent principalement de l’histoire événementielle, car les chercheurs ont surtout essayé de répertorier les faits politiques et militaires les plus marquants du point de vue du projet colonial espagnol. Cependant, les rapports entre colonisateurs et colonisés au cours de cette période, et dont la compréhension est essentielle car ils devraient être à la base de l’analyse de ce microcosme particulier qu’était la société coloniale, n’ont pratiquement jamais été précisément abordés.En 2007, un groupe d’universitaires espagnols, auquel s’étaient joints quelques chercheurs d’autres nationalités, décida de se réunir pour combler cette lacune3, en s’inspirant de ce que d’autres universitaires avaient pu faire avec succès au cours des dernières décennies pour d’autres territoires colonisés, principalement africains. Leur objectif était de mener une analyse décomplexée et rigoureuse d’un projet colonial totalement oublié. Le projet fut financé en 2008, pour une durée de trois années, par le ministère espagnol de la Science et de l’Éducation dans le cadre d’un appel d’offres I+D.13Le présent numéro des Cahiers d’EMAM constitue un numéro thématique consacré au Sahara occidental4. Il réunit les principales contributions de ce travail collectif, auxquelles a été ajouté un texte de Claudia Barona Castañeda, chercheuse mexicaine qui ne faisait pas partie du groupe de travail initial. Elle est actuellement membre de l’équipe « Études postcoloniales » de l’université autonome de Madrid. Ces textes sont organisés selon trois parties.14La première partie offre un aperçu de la réalité socio-historique du peuple sahraoui. Elle montre que ce dernier participe d’une société bédouine et nomade dont les conditions de reproduction (physique, sociale, culturelle) sont étroitement dépendantes de son adaptation au milieu environnant et à ses rudes contraintes, mais aussi des relations nouées avec ses voisins du nord, de l’est et du sud – relations décrites, pour le xvie siècle, par Ibn Khaldun dans Les Prolégomènes5. Ses caractéristiques socio-culturelles sont très originales, car elles résultent dans une large mesure de processus créatifs conditionnés par le fait d’habiter le désert. Mais elles ont enregistré, à la fin du xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle, de profonds changements, lesquels ont été imposés par les interventions coloniales – et l’occupation territoriale – de la France (pour ce qui deviendra la Mauritanie) et de l’Espagne.15La culture sahraouie s’est historiquement reproduite au travers de l’oralité, quand bien même elle a coexisté avec l’écriture arabe classique. L’article de Bahía Mahmud Awah, écrivain et intellectuel sahraoui vivant en Espagne, identifie les différentes générations d’écrivains et poètes sahraouis, en soulignant les lignes de continuité et de changement de leurs productions littéraires durant les xixe et xxe siècles. Partant de la reconnaissance des fortes racines historiques de la société sahraouie qui a produit des savants bien connus dans le monde arabe, comme Mohammad al-Mami, Shaykh Ould Tolba ou Mā’ al-‘Aynayn, Bahía Mahmud Awah examine la façon dont cette culture s’est transformée en réaction aux différentes phases de la pénétration coloniale, aussi bien dans sa résistance contre les puissances européennes, entre 1884 et 1934, qu’en s’adaptant aux changements apportés par l’ordre colonial espagnol, surtout après la soi-disant pacification de 1957-19586.16Signé conjointement par Juan Ignacio Robles Picón (Universidad autónoma de Madrid – UAM), Bahía Mahmoud Awad, Mohamed Ali Laman (ministère de la Culture de la RASD) et Juan Carlos Gimeno Martín (UAM), le deuxième article est le fruit d’un travail en co-élaboration7 entrepris dans le cadre d’un programme de recherche auquel est associé le ministère de la Culture de la RASD. Ce programme vise à favoriser la récupération de la mémoire du peuple sahraoui, tout particulièrement celle de sa poésie orale. Les auteurs se focalisent sur la poésie sahraouie, explorant quelques-uns des changements survenus au cours du xxe siècle. Ils concluent en s’interrogeant sur le rôle qu’elle a joué dans la formation de la conscience nationale. Pour eux, la poésie de la période de la révolution et de celle de la guerre garde des lignes de continuité avec celle des années de la lutte anticoloniale, alors que les thèmes de cette dernière se sont profondément renouvelés dans le contexte de la formation de la nation sahraouie, engagée par la révolution sociale et politique portée par le Front Polisario. Au Sahara occidental, et dans toute l’Afrique en lutte pour la décolonisation, il y eut ainsi une renaissance culturelle en rapport avec les mouvements de libération nationale. Et dans certains cas, par exemple là où la culture orale servit de véhicule pour la reproduction socio-culturelle, comme dans la Kabylie algérienne, les mouvements de libération facilitèrent une renaissance de la poésie qui connut, à l’occasion, un regain incontestable.17Les débats poétiques autour des effets sociaux de la modernisation sociale impulsée par la métropole coloniale espagnole – débats qui se produisirent surtout durant les décennies 1950 et 1960 –, firent place, au cours de la décennie suivante, à une production poétique chantant plutôt la conscience révolutionnaire, célébrant l’unité nationale et stigmatisant traîtres et délateurs. Ces changements, survenus dans une société jadis tribale, musulmane et bédouine, obligent à réviser la représentation dichotomique (tradition vsmodernité) que véhiculent ceux qui l’étudient dans le cadre du Sahara occidental. Tant il est vrai que la révolution créa une situation nouvelle dans laquelle put s’épanouir une poésie patriotique, à l’image de ce que fut l’œuvre du poète espagnol Miguel Hernandez pendant la guerre civile espagnole. De fait, le Polisario a joué un rôle qui a largement dépassé celui de simple facteur de transformation sociale, dans ce sens qu’il fut avant tout un vecteur de la constitution d’une nation et d’appel à la lutte pour son autodétermination.18Les articles de la deuxième partie se caractérisent par une approche d’économie politique du colonialisme, qui s’applique principalement à l’analyse des transformations induites par les politiques coloniales en matière d’aménagement du territoire et d’économie. Ces changements se produisirent dans un contexte régional en pleine transformation, à savoir, au cours des années 1960 et 1970, la lutte pour l’indépendance des pays voisins du Sahara espagnol et les projets d’intégration des nouveaux États indépendants dans le système-monde. Ce contexte révéla certains des traits distinctifs de la colonisation espagnole dans le Sahara occidental, principalement la lenteur avec laquelle elle se réalisa, mais aussi le fait que la métropole et sa colonie furent à contre-courant des processus de décolonisation, lesquels, en Afrique, s’accélérèrent à partir de la fin des années 1950. Or, dans le même temps, l’État franquiste, après une longue période de repli, réintégrait peu à peu la communauté internationale : en 1955, l’Espagne devenait ainsi membre de l’ONU – et elle s’engageait en conséquence à respecter les règles et les procédures de l’organisation internationale. À l’intérieur, le gouvernement espagnol lançait un plan de modernisation accélérée par le biais d’un programme de développement initié par un nouveau personnel politique dont la plupart de ceux qui le composaient étaient des technocrates. La provincialisation du Sahara, décidée en 1958 dans la foulée de ces changements, détermina alors un temps colonial nouveau, plus favorable à la réalisation d’investissements à finalité économique dans un territoire qui enregistra en conséquence, et quasi simultanément, la création d’un réseau de communications, la croissance des villes et les effets de la politique de sédentarisation des nomades. Entre 1958 et 1975, l’Espagne, manifestement soucieuse de défendre ses intérêts au Sahara, oscillait entre une logique d’appropriation directe des ressources, expression de sa domination coloniale sur le territoire, et une logique plus soucieuse des exigences induites par son intégration à l’ONU, en particulier l’injonction qui lui était faite de reconnaître le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.19Le travail des géographes de l’UAM – José Antonio Rodríguez Esteban et Diego A. Barrado Timón – insiste ainsi sur l’évolution de la présence espagnole au Sahara occidental à travers les différentes actions et interventions qui furent entreprises sur ce territoire. Les postes militaires, la construction des infrastructures de communication, l’exploitation des ressources, la planification urbaine et le développement des villes transformèrent assez rapidement l’espace du Sahara espagnol. L’étendue et l’impact de ces interventions nous permettent d’identifier les différentes étapes du projet espagnol de colonisation du territoire. Après les campagnes militaires conjointes franco-espagnoles ayant abouti à la pacification de 1934, l’intervention coloniale ne se manifesta que par la présence des soldats espagnols, confinés dans les petites villes le long de la côte. La plupart des Sahraouis continuèrent leur vie nomade, régie par leurs pratiques coutumières et le respect de l’Islam. Ce n’est donc qu’en 1958 que le Sahara occidental devint l’objet d’une politique d’investissements, comme d’ailleurs les autres provinces espagnoles à la même époque, à l’initiative d’un gouvernement technocratique relativement favorable au développement économique du territoire. La provincialisation des colonies espagnoles africaines prit forme dans ce contexte. Pour le Sahara occidental, il s’agissait aussi d’assurer un contrôle plus efficace de ses frontières pour contrecarrer les mouvements de l’Armée de libération marocaine et montrer l’inanité des revendications territoriales émises par le royaume chérifien au nom de son projet de « Grand Maroc ».20Dans la dernière période de la colonisation (1960-1975), le territoire du Sahara occidental fut même considéré comme faisant partie de l’« Afrique utile », à partir du moment où le gouvernement espagnol décida d’explorer son sous-sol et de valoriser ses ressources minérales. Cela eut des répercussions importantes sur la dynamique démographique des populations et sur les méthodes de gouvernement, comme Violeta Trasosmontes (anthropologue, UAM) et Alicia Campos Serrano (science politique, UAM) le montrent bien dans leur article. Elles rappellent ainsi que, au début des années 1960, l’administration de la colonie fut fortement réformée à la suite de la provincialisation, ce qui impliqua une plus grande pénétration des Espagnols dans les structures politiques et sociales locales. Cette « seconde occupation » coloniale impliquait par ailleurs une augmentation substantielle des investissements publics dans les programmes de développement économique et une réforme de l’administration. Il en est résulté de notables changements sociaux et une réorientation des stratégies et des exigences politiques sahraouies pour faire face au gouvernement colonial.21Dans les mêmes années, l’État espagnol contribuait au développement de la façade atlantique du Sahara en collaborant à la construction du complexe industriel de transformation de la pêche à Nouadhibou (République islamique de Mauritanie). Ce projet relevait cependant moins d’une volonté de développer la coopération bilatérale avec la Mauritanie que d’un soutien apporté aux pêcheurs des Canaries, lesquels exploitaient depuis de longues années les richesses halieutiques au large des côtes sahariennes. C’est en tout cas ce que montre Jésus Ma Martínez Milán (historien, Universidad de Las Palmas de Gran Canaria) dans son article sur les actions de l’Instituto Nacional de Industria (INI) en Mauritanie, un pays où, suite à la nouvelle législation adoptée après la proclamation de l’indépendance, la réglementation de l’exploitation des ressources par les flottes étrangères avait été sérieusement renforcée, au point qu’elle était désormais devenue une contrainte pour les activités des pêcheurs des Canaries.22Les articles de la troisième et dernière partie de ce numéro des Cahiers d’EMAMse focalisent sur la manière dont s’est construite – et se construit toujours – l’histoire du Sahara occidental et les mémoires du peuple sahraoui. La condition de territoire disputé du Sahara Occidental est à l’origine d’une pluralité d’interprétations portant à la fois sur l’identité des Sahraouis et sur les relations qu’ils ont nouées, au cours de leur histoire, avec leurs voisins. Ces interprétations varient le plus souvent en fonction de l’implication dans le conflit de leurs auteurs : coopérants ; militants des droits de l’homme engagés sur le terrain et faisant montre d’un pathos certain ; universitaires exclusivement préoccupés par la collecte de données et les méthodes d’analyse fondées sur les grandes catégories de la pensée occidentale, bien souvent universaliste. Ce sont par conséquent des analyses et des positions divergentes, même si force est de constater que, parfois, elles peuvent aboutir à des conclusions assez proches.23Alberto López Bargados, anthropologue et professeur à l’Universidad de Barcelona, porte pour sa part un regard critique sur la contribution de la littérature produite en Espagne au sujet du Sahara occidental au cours des dernières décennies. Il définit cette littérature comme étant « partisane » car, à quelques exceptions près, elle ne serait, selon lui, qu’une apologie à peine voilée de la marche héroïque et inexorable du peuple sahraoui vers la construction d’un État dans l’exil. L’auteur montre en outre que la dénonciation passionnée de la situation dramatique du peuple sahraoui par les intellectuels espagnols a pris une telle importance qu’elle a fini par empêcher toute tentative de réflexion plus profonde sur la responsabilité espagnole, tant en ce qui concerne la colonisation elle-même que le processus de décolonisation et ses conséquences.24S’inscrivant dans une narration qu’Alberto López Bargados juge si stérile qu’il la qualifie de « poétique du point mort », un bon nombre d’auteurs de cette littérature partisane insistent sur le drame représenté par l’exil, mais ils font aussi, d’après López Bargados, l’économie d’une analyse critique de leur propre participation aux logiques perverses de l’aide humanitaire et de la coopération au développement, qu’ils contribuent à reproduire. L’auteur montre par ailleurs qu’historiquement, dans la construction discursive coloniale de la résistance sahraouie, les actions de résistance étaient considérées comme le fait exclusif d’une population nomade et bédouine, sans véritable conscience politique. Durant toute la période qu’a duré la colonisation, les gouvernements espagnols successifs nièrent ainsi la nature politique de la résistance de la population sahraouie, et ce jusqu’à ce que cette dernière exprime des revendications dans un langage commun aux forces politiques en présence, à savoir le langage familier de l’État-nation. Ce n’est en effet qu’à partir de ce moment-là que la dimension véritablement politique de la résistance sahraouie fut véritablement reconnue par les autorités espagnoles.25Ainsi, le discours postcolonial sur le Sahara produit des zones d’ombre qui ne facilitent pas l’interprétation de l’histoire. Celle-ci se trouve de facto enfermée dans un régime de vérité, lui-même prisonnier du temps indéfini du conflit. Le discours postcolonial se révèle-t-il donc incapable d’envisager des alternatives qui permettraient dans la pratique, mais aussi dans la pensée politique, de combiner autrement l’équation entre peuple et souveraineté ?26Pour sa part, Francesco Correale, historien (CNRS, UMR 7324 CITERES, Tours, France), affirme dans son article que la nécessité de structurer la « nation sahraouie » et la volonté de construire une mémoire partagée ont incité les nationalistes sahraouis à faire de la révolution et de ses protagonistes, en l’occurrence le Front Polisario, le socle de l’identité sahraouie. Pour cela, il lui a fallu faire table rase du passé tribal, qui a donc disparu de la narration sahraouie de l’histoire. Pour l’auteur, cette reconstruction du passé produit d’importantes lacunes et contradictions. Sans dimension critique, le récit historique instauré par le Front se veut surtout efficace et utile pour la cause nationaliste, en ce sens qu’il vise surtout à renforcer l’idée de l’unité du peuple sahraoui. Il en résulte une narration politique du passé qui, vu les conditions imposées par la guerre et par l’exil après l’occupation mauritano-marocaine, est devenue l’épine dorsale de la mémoire collective des Sahraouis (ou, du moins, de ceux vivant dans les camps de réfugiés de Tindouf).27Poursuivant dans la même direction, F. Correale met l’accent sur les difficultés de l’entreprise de récupération de la mémoire du passé colonial, qui caractérise les relations de la population sahraouie à l’ancienne métropole et à l’aide humanitaire espagnole. Les réticences de la société espagnole à assumer pleinement les responsabilités historiques de sa présence presque centenaire au Sahara occidental empêchent toute narration décolonisée de l’histoire pour la période comprise entre 1884 et 1975. Ainsi, les amnésies accompagnant la reconstruction de l’histoire sahraouie tant à l’extérieur qu’au sein de la société sahraouie aboutissent à la sélection d’événements qui, mis ensemble, font paradoxalement apparaître la situation coloniale comme une période presque faste pour les Sahraouis. Comme l’affirment de nombreux Sahraouis âgés, c’est en effet pendant cette période que le gouvernement espagnol – à savoir le régime de Franco – maintint éloignés ceux qui devinrent ensuite les ennemis d’aujourd’hui, c’est-à-dire les Marocains.28L’article de Claudia Barona Castañeda, historienne, chercheure à l’Universidad de las Americas de Cholula (État de Puebla, Mexique), s’appuie sur les témoignages qu’elle a recueillis auprès des principaux acteurs de la résistance sahraouie qui habitent les territoires occupés par le Maroc. Les témoins font état de leurs relations à la fois avec les colons marocains, les Sahraouis originaires de la région de Tarfaya et ceux qui, par conviction ou par contrainte, décidèrent de ne pas quitter les lieux après 1975. Selon Barona Castañeda, il n’y a pas vraiment de rupture dans les modes d’action politique depuis les années 1970, date à partir de laquelle les Sahraouis, alors sous domination espagnole, commencèrent à s’organiser pour revendiquer leur droit à l’autodétermination. La chercheuse met aussi l’accent sur les mouvements de résistance et sur la question des exactions commises par les forces marocaines (arrestations arbitraires suivies de « disparitions », tortures) ; elle insiste également sur les nouvelles stratégies envisagées par le mouvement social et les organisations politiques sahraouies militantes au sein des territoires occupés, pour faire entendre leurs voix. Les uns et les autres mènent prioritairement aujourd’hui un combat pour la défense des droits de l’homme. Recueillant les paroles des Sahraouis eux-mêmes, la chercheuse suggère que, à l’heure actuelle, le succès de la lutte pour le respect des droits de l’homme est devenu un préalable au bon déroulement du référendum d’autodétermination.29Enfin, Juan Carlos Gimeno Martín et Juan Ignacio Robles Picón explorent quant à eux la possibilité d’écrire une histoire alternative du Sahara occidental, c’est-à-dire d’une histoire dont les fondements principaux seraient le dialogue critique avec les historiographies hégémoniques sur la région d’un côté, et la prise en compte du point de vue de la société sahraouie dans l’analyse du changement social de l’autre. Les auteurs adoptent le terme de « contre-histoire », qu’ils empruntent à Michel Foucault8. Foucault critique l’histoire en tant que discours du pouvoir et de la fascination que celui-ci exerce sur les historiens, et il propose la contre-histoire pour porter le discours des « sans gloire », ou de ceux qui l’ont perdue et se trouvent ainsi enfoncés dans l’obscurité et le silence9. Les auteurs se demandent notamment comment aider les Sahraouis dans leur entreprise d’émancipation et d’écriture d’une histoire dont ils seraient non plus les objets mais les sujets principaux. Cette ambition soulève d’autres questions. On peut en effet se demander dans quelle mesure, par exemple, les peuples colonisés peuvent inventer leurs propres traditions, ou s’ils ne sont pas, dans tous les cas, obligés de se conformer à la place que leur assigne l’historiographie produite par les anciennes métropoles impérialistes. En d’autres termes, peut-on construire une histoire différente de celle envisagée par les dominants ?30Qu’elle soit libérale ou marxiste, l’historiographie contemporaine sur l’Afrique a eu tendance à assimiler la conquête coloniale à une forme d’intégration des sociétés vernaculaires à l’histoire mondiale. Au contraire, les historiographies nationalistes considèrent la lutte anticoloniale comme le point de départ d’un processus permettant à la fois de restaurer l’intégrité du passé national et d’imaginer un avenir pour les États indépendants sans pour autant rompre avec la modernité qui reste le point de départ de la construction narrative historique. L’histoire nationale du mouvement indépendantiste sahraoui ne fait pas exception parmi les historiographies nationales africaines, en soulignant la continuité historique entre le passé, le présent et le futur plus qu’elle ne met en relief les discontinuités introduites par le fait colonial.10 Ce projet a été coordonné par Mohamed Ali Laman, directeur de la documentation et de la préservatio (…)11 En 2003, J. C. Gimeno Martín a participé à un projet de recherche conduit avec l’aide de l’Union de (…)31Compte tenu de ces perspectives, les auteurs soulignent l’intérêt de produire une contre-histoire qui devrait porter non pas sur les entreprises et les aspirations de l’impérialisme européen, mais sur l’expérience d’une rencontre des Africains avec l’Europe, rencontre qui s’inscrirait dans une perspective de longue durée. Dans cet ordre d’idées, les deux auteurs concernés collaborent, outre le projet I+D financé depuis 2008 et que nous avons déjà évoqué, à un autre projet conduit depuis 2003 avec la participation active de chercheurs sahraouis. Ce second projet s’intitule « Raconte-moi, grand-père/grand-mère ». Impulsé par le ministère de la Culture de la RASD, il vise la récupération de la mémoire orale de l’histoire sahraouie à partir d’entrevues réalisées auprès de personnes âgées vivant dans les camps de Tindouf10. L’article que ces deux auteurs publient dans le présent numéro des Cahiers d’EMAM restitue des informations et s’appuie sur des matériaux collectés dans le cadre de ces deux projets11.32Les auteurs dont les travaux sont publiés dans ce numéro thématique desCahiers d’EMAM consacré au Sahara occidental ne partagent complètement ni les mêmes approches ni les mêmes points de vue, ce qui nous a précisément permis de réunir des connaissances et des analyses sensiblement différentes. Celles-ci nous autorisent, à leur tour, à envisager le conflit du Sahara sous différents angles, tant en ce qui concerne son passé, son temps présent que son avenir, un avenir qui nous paraît d’ailleurs singulièrement ouvert, pour ne pas dire problématique. Bien que ne figurent pas dans ce numéro d’articles d’auteurs qui soutiendraient la perspective marocaine sur le conflit du Sahara occidental, les textes rassemblés n’en offrent pas moins un ensemble de réflexions critiques, historiques et sociales suffisamment variées pour permettre au lecteur de prendre conscience qu’il existe plusieurs scénarios interprétatifs – et éventuellement divergents – en mesure de rendre compte de l’histoire de la société saharienne et du peuple sahraoui. Les différentes analyses proposées aboutissent de ce fait moins à une interprétation consensuelle des données historiques qu’elles ne mettent en évidence la pluralité des points de vue, seule en mesure de restituer la complexité objective de la question sahraouie. On voudrait donc espérer que les divergences qui seraient repérées entre les travaux réunis ici aient surtout une portée propédeutique, en ce sens qu’elles autoriseraient de nouvelles perspectives de recherche sur l’histoire du Sahara occidental.33Madrid, Tours, février 2014.BibliographieAhmida A. A., 2000, Beyond Colonialism and Nationalism in the Maghrib: History, Culture, and Politics, New York, Palgrave Macmillan.Andall J., 2005, Italian Colonialism: Legacy and Memory, Londres, Peter Lang Pub.Arts K., Pinto-Leite P. 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Pour le texte du document final de l’IER, voir le site officiel du gouvernement marocain : http://www.ier.ma/plan.php3?lang=es. Pour la relation entre mémoire et violations des droits de l’homme au Sahara occidental, voir l’ouvrage magistral de Carlos Martín Beristain et Eloísa González Hidalgo, 2012 (en ligne).3 Les appels d’offre Investigación + Desarrollo (I+D ; Recherche + Développement) représentent la principale possibilité de financement des projets portés par les chercheurs espagnols, toutes disciplines confondues. Le projet Sahara Occidental (1884-1976): Memorias coloniales, miradas postcoloniales (CSO2012-35314) (Sahara occidental (1884-1976) : Mémoires coloniales, regards postcoloniaux) a permis de créer des espaces de rencontre et de débats sur la question du Sahara occidental. Il a réuni Juan Carlos Gimeno Martín, Francesco Correale, Alberto López Bargados, Jesús María Martínez Milán, José Antonio Rodríguez Esteban, Diego A. Barrado Timón, Alicia Campos Serrano, Violeta Trasosmontes, Juan Ignacio Roble Picón, Ángeles Ramírez, Ildefonso Barreda et Bahía Mahmoud Awah.4 Les articles publiés dans ce numéro ont été soumis à une évaluation par des pairs et ont été validés par eux en mai 2013. C’est à cette date que les bibliographies ont été arrêtées.5 Ibn H̱aldūn, 1934-1938 vol.6 Dans la chronologie sahraouie, ces années sont considérées comme étant, pour 1957 la première année de l’attaque, pour 1958 la deuxième année de l’attaque. Il est fait référence pour ces appellations aux incursions dans le territoire du Sahara occidental de l’Armée de libération marocaine ainsi qu’aux opérations militaires espagnole et française, et notamment à l’opération « Écouvillon » de février 1958.7 Les travaux que nous désignons comme étant en « co-élaboration » sont réalisés selon un mode courant au sein de notre équipe de chercheurs ; ils sont généralement entrepris par des paires de chercheurs qui construisent ensemble leur objet, et sont susceptibles de s’élargir à d’autres chercheurs, en priorité à ceux qui sont originaires des pays, sociétés ou cultures sur lesquels portent les recherches (en l’occurrence les chercheurs sahraouis). Sur les conditions de réalisation de tels travaux, se reporter à l’article de J. C. Gimeno Martín et J. I. Robles Picón dans ce numéro.8 Les auteurs font notamment référence à un extrait d’un cours donné au Collège de France et qui figure dans un recueil intitulé : Il faut défendre la société (1976). Cet ouvrage a été traduit et publié en espagnol en 1993 sous le titre de Genealogía del racismo. Cette traduction a connu un vif succès en Espagne. Ce texte fait désormais souvent référence dans le champ des sciences sociales.9 En France, avant Michel Foucault, le débat sur l’exigence de donner la parole aux différents protagonistes de l’histoire remonte au moins à l’époque des Annales, au cours des années 1950.10 Ce projet a été coordonné par Mohamed Ali Laman, directeur de la documentation et de la préservation de la mémoire orale pour le ministère de la Culture de la RASD ; il a été mené en collaboration avec des chercheurs en formation du département d’anthropologie sociale et de la pensée philosophique espagnole de l’UAD.11 En 2003, J. C. Gimeno Martín a participé à un projet de recherche conduit avec l’aide de l’Union des jeunes Sahraouis (UJSARIO) et le Conseil de la jeunesse d’Espagne sur la jeunesse sahraouie dans les camps de Tindouf. Mohamed Ali Laman fut le co-directeur du projet. La perspective postcoloniale/décoloniale du projet fut à la base d’une étude menée en collaboration (Gimeno Martín et Ali Laman, 2007). À partir des questionnements formulés durant ce projet sont nées les inquiétudes qui ont alimenté les travaux ultérieurs des deux chercheurs.http://emam.revues.org/757 -
Sahara Occidental: memorias coloniales, miradas postcoloniales
1Hubo un tiempo en que el Sahara Occidental, un fragmento del territorio antiguamente conocido por sus pobladores con el nombre de Trab el Bidān (tierra de blancos ; contrapuesto a Trab el Sudán, tierra de negros, es decir la África Subsahariana), fue posesión española (precisamente de 1884 hasta 1976). Esta región, redefinidos sus contornos en las negociaciones franco-españolas entre 1900 y 1912, pasó a denominarse en Europa como “Sahara Español”. En 1958, mientras que la ONU apoyaba las luchas por las independencias, el régimen de Franco eligió, como hizo el de Salazar en Portugal, transformar sus colonias en provincias ultramarinas de España. Provincia metropolitana, el Sahara español tuvo el mismo estatuto que las Islas Baleares, las Islas Canarias, Ifni y, más al Sur, que Río Muni y la isla de Fernando Poo, ambos territorios integrados hoy en el Estado de Guinea Ecuatorial.Lo que no sabían entonces, ni los españoles, ni los habitantes de aquel territorio, denominados “saharauis” por los colonizadores, es que el Sahara Español constituía un tipo de provincia particular, una provincia como las otras, “pero no del todo”, en el contexto de la dominación colonial, que a decir de Homi K. Bhabha (1990) se caracteriza por la ambivalencia,. En efecto, se trataba de una provincia en el sentido político-administrativo del término, pero también, y sobre todo para el imaginario colonial, de un “territorio vencido”, a pesar del hecho que España pareció no ejercer sobre él, por un cierto tiempo, un dominio directo1.3Tras casi veinte años (1958-1976) de colonización intensiva, mientras que los países vecinos se liberaban progresivamente de la tutela colonial, los saharauis sufrieron una modalidad de proceso de descolonización que un franquismo moribundo les impuso desde Madrid. Con el tratado de Madrid del 14 de noviembre 1975, bajo la presión de la Marcha Verde organizada por Marruecos, condenada por el Consejo de Seguridad de las Naciones Unidas en su resolución núm. 380 del 6 de noviembre del mismo año, el Gobierno metropolitano cede el territorio al Reino de Marruecos y a la República Islámica de Mauritania, arriando la bandera por última vez el 28 de febrero de 1976, no sin el malestar de las Fuerzas Armadas españolas. El día anterior el Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro – el Frente Polisario – que combatía desde 1973 contra el colonialismo español y que había sido reconocido por la ONU como el único y legitimo representante de la población saharaui, había proclamado su propio Estado, la República Árabe Saharaui Democrática (RASD). Mientras el Frente Polisario llevaba la guerra contras las fuerzas armadas de Marruecos y, hasta 1978, de Mauritania, una parte de la población saharaui se vio forzada a escapar del territorio refugiándose en una de las regiones más inhóspitas del planeta, la Hamada argelina, mientras otra parte se quedó en los territorios controlados hoy por Marruecos. Las profundas incursiones de los combatientes del Frente Polisario y los duros combates que tuvieron lugar en el Sahara y en el mismo territorio marroquí obligaron las Fuerzas Armadas Reales a proteger las zonas ocupadas construyendo a lo largo de los años ochenta un conjunto de muros y de dispositivos de protección por más de 2700 Kms. Estos muros, separan desde entonces a los saharauis que viven de uno y del otro lado.4A pesar de las sucesivas resoluciones de las Naciones Unidas acerca de la ilegalidad de la ocupación marroquí y del acuerdo explícito, adoptado y firmado el 6 de septiembre de 1991 ante la comunidad internacional para establecer un alto el fuego e implicar a las partes en la resolución pacífica del conflicto mediante la celebración de un referéndum de autodeterminación, estableciendo, para propiciar dicha consulta, una Misión de la Naciones Unidas para el Referéndum del Sahara Occidental (MINURSO). Non obstante, más de veinte años se han pasado y el conflicto aún hoy no se ha resuelto.El estado de la investigación sobre el Sahara Occidental5La peculiaridad de la situación del Sahara Occidental ha contribuido a que tengamos como resultado un conocimiento parcial y sesgado de su historia. Al margen de la dimensión militante en uno u otro sentido de la producción bibliográfica posterior a 1975, a favor de la autodeterminación del pueblo saharaui o a favor del mantenimiento del control de Marruecos sobre el territorio, y que en la mayor parte de las ocasiones está condicionada tanto por la endeblez de sus bases empíricas como por la radicalidad con la que persigue unos objetivos más o menos precisos, apenas encontramos obras que merezcan atención por la profundidad de su investigación (en el terreno o archivística) o por su rigor de análisis el calificativo de “científicas”.6Así, en la historiografía contamos con las obras de los militares José Ramón Diego Aguirre (1988, 1991, 1993, 2004), Mariano Fernández-Aceytuno (2001), del periodista Tomás Bárbulo (2002) y de los académicos Juan Bautista Vilar (1977) y más recientemente Alejandro García (2001), Jesús Ma. Martínez Milán (2003), Claudia Barona Castañeda (2004) y Francesco Correale (2009, 2010). En el terreno de la sociología, la ciencia política y la antropología los estudios de cierta calidad que se han realizados son todavía menos numerosos. Sólo hay que contar con los trabajos desarrollados por Ángela Hernández Moreno (1989, 2001 y 2006), Sophie Caratini (1989, 2003, 2006 y 2009) y Alberto López Bargados (2003) así como con las contribuciones de Pablo San Martín (2010) y de Juan Carlos Gimeno Martín (2007), Juan Carlos Gimeno Martín y Mohamed Ali Laman (2007) y Raquel Ojeda García y Victoria Veguilla del Moral (2013)7No obstante, la mayoría de los trabajos en ciencias humanas y sociales publicados sobre el Sahara Occidental desde las ciencias sociales, se ha centrado en el análisis del actual conflicto bajo la perspectiva de las relaciones internacionales, en el derecho internacional o en los estudios estratégicos (por ejemplo, Karin Arts y Pedro Pinto-Leite, 2007, y Stephen Zunes y Jacob Mundy, 2008), pero ignorando generalmente la época colonial, sin la cual el presente conflicto no puede entenderse.8Las flaquezas de la investigación científica sobre la antigua colonia española son tanto más fastidiosas porque afectan directamente a un ámbito que en años recientes ha adquirido una enorme importancia en países como Gran Bretaña, Francia, Portugal o Italia, es decir la investigación sobre la memoria colonial a través de los testimonios recogidos tanto desde la perspectiva de los colonizadores como la de los colonizados. Este tipo de investigaciones tratan de documentar la historia de las poblaciones de las antiguas colonias y también el pasado colonial de las viejas metrópolis.9La bibliografía internacional al respecto es abundante, y parcialmente coincide con las obras que se emplean como referencia en los estudios coloniales. Frantz Fanon (1952 y 1961) y, sobre todo, Edward Said (1978), se usan como referencias ineludibles. Sus críticas del orientalismo muestran con lucidez el poder que las representaciones sociales del “Otro” ejercían sobre la gestión del hecho colonial y postcolonial. Referencias tan destacadas como las de Achille Mbembe (2001), Vumbi-Yoka Mudimbe (1988) o la reedición de un importante trabajo de Maxime Rodinson (2005) para el contexto africano se inscriben en la prolongación de los trabajos de F. Fanon y E. Said que, por su parte, operaron la deconstrucción de las formas del conocimiento en Ciencias Sociales que entonces predominaba en Europa y en Estados Unidos10Ningún trabajo sobre el colonialismo puede ignorar hoy en día el prejuicio orientalista del conocimiento del otro, obligando los investigadores a acordar una gran importancia a las consideraciones de carácter conceptual y metodológico que contrarresten sus efectos en lo que el historiador indio Ramachandra Guha (1988) ha llamado “la prosa de la contrainsurgencia”, y que han desarrollado con notable acierto la Escuela de los Estudios Subalternos de la India, renovando las historiografías colonial y postcolonial.11Los artículos de este número de los Cahiers d’Emam comparten, desde distintas disciplinas (sociología, historia, antropología geografía, ciencia política, etc.), estas referencias conceptuales, así como perspectivas metodológicas que parten del debate sobre la post-colonialidad. Sin embargo, los tratados sobre el colonialismo y el post-colonialismo a los que nos hemos referido más arriba apenas abordan de pasada la función social de la memoria, temática que focaliza algunas de las investigaciones sobre el colonialismo más recientes. Así, para el caso británico, conviene destacar las compilaciones de Pamela J. Stewart y Andrew J. Strathern (2003) y Annie E. Coombes (2006), la excelente monografía de Abhijit Banerjee (2001) sobre los grupos pastún de la frontera afgano-pakistaní o la de Heather Sharkey (2003) sobre el Sudán anglo-egipcio. Igualmente, la memoria histórica del imperio colonial italiano ha sido objeto de un trabajo reciente por parte de Jacqueline Andall (2005), así como por los italianos Nicola Labanca (2005), Elena Petricola e Andrea Tappi (2010) y Paolo Jedlowski (2011). Sobre el colonialismo español en África, merece la pena nombrar el trabajo de Susana Martín-Márquez, en inglés (2008), luego traducido al español (2011). Sin embargo, el caso que resulta más interesante en los últimos años es sin duda el de Francia, donde la controversia ha traspasado claramente el umbral del debate científico para erigirse en una cuestión nacional : la visibilización de un pasado colonial hasta ahora en penumbra gracias a una intensa labor de recuperación de la memoria emprendida por investigadores como los encuadrados en el ACHAC (Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine), pero asimismo por autores foráneos que, como Ali Abdellatif Ahmida (2000), Alec Hargreaves (2005) o Todd Shepard (2006), han ofrecido un interesante contrapunto a los trabajos de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard y Laurent Gervereau (1993), Nicolas Bancel, Pierre Blanchard y Pierre Vergès (2003) o Pascal Blanchard y Sandrine Lemaire (2004).12En todos los casos la memoria y la producción de la memoria se convierten en piezas claves de la interpretación y significación de los procesos del colonialismo. Dicha producción así como los marcos de referencia en que cobra sentido son siempre plurales, diversos, conflictivos y contestados. En el caso del Sahara Occidental estas características están aún más presentes no solamente porqué el conflicto entre el Reino de Marruecos y el Frente Polisario sigue activo, sino porque las “memorias históricas” son parte de lo que está en juego en la contienda, así como demuestran las fosas comunes descubiertas en el septiembre de 2013 cerca de la ciudad de Smara, en los territorios ocupados por un equipo de investigación y forense de la Universidad del País Vasco. Las fosas contienen los restos de ocho ciudadanos saharauis ejecutados por las Fuerzas Armadas marroquí el 12 de febrero de 1976. En relación a cuatro de ellos, el Gobierno de Rabat pretendía haber arreglado la cuestión en el informe redactado por la Instancia Equidad y Reconciliación (IER) de 2006, afirmando que sí habían sido arrestados en aquel día pero habían muerto durante el periodo de detención en un cuartel militar2. Las autoridades marroquíes ocultaban así sus ejecución.Presentación del número de los Cahiers d’EMAM y objetivos del proyecto I+D, 2007-201113Hasta el momento presente, las pocas investigaciones rigurosas existentes sobre el colonialismo español en el Sahara han adoptado, en términos braudelianos, un sesgo inevitablemente del acontecimiento (événementiel), pues se trataba de registrar los actos principalmente político-militares que marcaron el conjunto del proyecto colonial español. Sin embargo, las relaciones entre la comunidad colonizadora y la colonizada que tuvieron lugar durante dicho período, y cuya comprensión es esencial, por cuanto constituyen la base de análisis de ese microcosmos singular que fue la sociedad colonial, apenas han podido ser abordados hasta el momento.En 2007 un grupo de investigadores de universidades españolas, a quién se sumaron otros investigadores europeos, nos propusimos enfrentar la tarea de empezar a cubrir este vacío en relación al Sahara Occidental3, que otras academias habían emprendido con éxito en las últimas décadas en otros territorios colonizados, principalmente en África. El objetivo era hacer un análisis riguroso y desacomplejado de un proyecto colonial abandonado a la pura labor de zapa del olvido. El proyecto fue financiado por tres años por el Ministerio de Educación y Ciencia español en 2008 en el marco de los proyectos I+D.4 Los artículos han sido sometido a una evaluación entre pares y han sido aceptados por ellos en el m (…)15Este número de los Cahiers d’Emam constituye un número temático dedicado al Sahara Occidental4. Se trata de un resultado parcial pero sustantivo, de ese esfuerzo colectivo, al que se ha añadido el trabajo de Claudia Barona Castañeda, investigadora mexicana que no formaba parte del grupo de trabajo inicial y que actualmente es con los anteriores investigadores, miembro del grupo “Estudios postcoloniales” en la Universidad Autónoma de Madrid. Los textos son organizados en tres partes.5 Abd al-Rahman b. Muhammad IBN JALDÚN,Introducción a la historia universal: (al-Muqaddima), edición (…)16En la primera parte se realiza una aproximación a la realidad histórico-social del pueblo saharaui, a su particular existencia como sociedad nómada y beduina, vinculada a una reproducción histórica, ecológica y sociocultural adaptada a los ritmos de la vida en el desierto. Una sociedad relacionada con sus vecinos tanto al norte, como al este y al sur por vínculos que ya fueron descritos en el siglo XIV por Ibn Jaldún, en su “Introducción a la historia universal”5. Esta peculiar estructura sociocultural fue impactada por la acción colonial europea a finales del siglo XIX y principios del XX, y en particular de Francia en las regiones que forman la actual Mauritania y de España en el territorio del Sahara Occidental6 Estos años se denominan en la cronología de las qabila saharauis, con el mismo nombre: 1957, año pr(…)17La reproducción sociocultural saharaui, históricamente se ha desplegado principalmente a través de una cultura oral, si bien ha coexistido con la escritura del árabe clásico. El artículo presentado por Bahía Mahmud Awah, escritor e intelectual saharaui residente en España, da cuenta de las diversas generaciones literarias saharauis, destacando las líneas de continuidad de la producción literaria y cambio en ellas en los siglos XIX y XX. A partir del reconocimiento de las sólidas raíces históricas de la sociedad saharaui que ha producido sabios de gran reconocimiento en el mundo árabe, como Chej Mohamed el Mami, Chej Uld Tolba, o Chej Ma el Ainin, Bahía Mahmud Awah muestra las formas en que esta cultura se ha ido reestructurando en las distintas fases de la penetración colonial, tanto en la resistencia anticolonial frente a las metrópolis europeas en el periodo 1884-1934, como en su adaptación a los cambios producidos por el orden colonial español, especialmente tras la llamada pacificación de 1957-586.7 Sobre la naturaleza de los trabajos de co-laboración, definidos también pares constructivos cuando(…)18El segundo artículo, firmado conjuntamente por Juan Ignacio Robles Picón (Universidad Autónoma de Madrid, – UAM), Bahía Mahmud Awad, Mohamed Ali Laman (Ministerio de la Cultura de la RASD) y Juan Carlos Gimeno Martín (UAM), es un producto de un trabajo de co-laboración7 a partir de un proyecto realizado con el Ministerio de Cultura de la RASD, centrado en la recuperación de la memoria del pueblo saharaui y en concreto de su poesía oral. Los autores se centran en la poética saharaui, explorando algunos de los cambios producidos en el siglo XX para terminar preguntándose por el papel de la poesía en la formación de la conciencia nacional. Por los autores, la poesía saharaui de la revolución y de la guerra mantiene líneas de continuidad con la poesía de la lucha anticolonial, a la vez que se renueva en el contexto de la forja de la nación saharaui impulsada por la revolución social y política del Frente Polisario. En el Sahara Occidental, como en toda África en lucha por su descolonización, hubo un renacer cultural vinculado a los movimientos de liberación nacional. En algunos casos, donde por ejemplo la cultura oral servía de vehículo para la reproducción sociocultural, como en la Cabilia argelina, los movimientos de liberación facilitaron un renacer de la poesía, nuevos desarrollos de la misma.19Los debates poéticos en torno a los efectos de la modernización social incitada por la metrópoli española que se dieron sobre todo en las décadas de 1950 y 1960, fueron desplazados en la década siguiente por una producción poética orientada a la reclamación de una conciencia revolucionaria, el rechazo a los traidores y chivatos, y la llamada a la unidad nacional. Estos cambios culturales que se dieron en una sociedad históricamente diversa (tribal) y culturalmente beduina y musulmana nos obligan a cuestionar la representación dicotómica (tradición vs/ modernidad) que vehiculan los investigadores que la estudian en el caso del Sahara Occidental. En efecto, la Revolución creó un nuevo espacio para el renacer la poesía. La poesía dio voz a la garganta de todo un pueblo, y se convirtió en alimento de una nación armada : un pueblo empeñado en no doblar su frente ante el destino. En este sentido, el Frente Polisario no representaba tanto un movimiento social, sino, y mayoritariamente, una sociedad comprometida en la lucha por su liberación.20Los artículos de la segunda parte encuentran su ubicación en un enfoque de economía política del colonialismo, que se aplica especialmente a los cambios producidos por la acción colonial española en la ordenación del espacio y en las actividades económicas. Dichos cambios se dieron en el contexto de una transformación regional más amplia en las décadas de 1960 y 1970 : las luchas por la independencia de los territorios vecinos del Sahara español, y los proyectos de inserción de los nuevos Estados independientes en el sistema-mundo. Ese contexto hizo emerger la particularidad de algunas características de la colonización española del Sahara Occidental como la lentitud con la que se produjo y la situación de ir contracorriente de los procesos de la descolonización africana, que se aceleraron en aquellos años. A ello que hay que añadir la propia situación española en estos años del franquismo, que, tras el periodo autárquico, se integraba en la comunidad internacional : entraba como miembro de las Naciones Unidas (y por lo tanto se comprometía con sus principios y dinámicas) en 1955, y a nivel de país se embarcó en un proceso de modernización acelerada con un programa de desarrollo liderado por un nuevo personal político, de orientación tecnocrática. Es por ello que la provincialización del Sahara de 1958 produjo un tiempo (colonial) nuevo, con importantes inversiones económicas en el territorio, la creación de una red de comunicaciones, el crecimiento de las ciudades y una política de atracción de los indígenas a la vida sedentaria. Entre 1958 y 1975, España, defendiendo lo que consideraba sus intereses en el territorio, oscilaba entre una lógica de apropiación directa de los recursos, expresión de su dominio colonial sobre el territorio, y otra lógica, impulsada por las demandas derivadas de su integración en las Naciones Unidas : la necesidad del reconocimiento del derecho del pueblo saharaui a la autodeterminación.21El artículo presentado por los geógrafos de la UAM, José Antonio Rodríguez Esteban y Diego A. Barrado Timón, describe la evolución de la presencia española en el Sahara Occidental a través de las diferentes acciones e intervenciones que se realizaron en dicho territorio. Los puestos militares, la construcción de las infraestructuras de comunicación, la explotación de los recursos, la planificación urbana y el desarrollo de las ciudades, transformaron muy rápidamente el espacio del Sahara Español. El grado y los efectos de estas intervenciones nos permiten dilucidar las diferentes etapas por las que pasó el proyecto colonizador español en el territorio. Después de las acciones conjuntas franco-españolas que condujeron a la pacificación de 1934, la intervención colonial se había reducido a la convivencia entre los militares españoles, confinados en las pequeñas ciudades de la costa. La mayor parte de la población saharaui seguía con su vida nómada, regida por sus prácticas consuetudinarias y la observancia del islam. No fue hasta 1958 cuando el Sahara Occidental se convirtió en objeto de una política de desarrollo, como por otra parte ocurrió en el resto del territorio del estado español, donde un nuevo gobierno de Franco acomete la tarea del desarrollismo tecnocrático del territorio. La propuesta de provincialización de las colonias españolas en África, tomó forma en este contexto. En el caso del Sahara Occidental ello se dio en el marco de la necesidad de controlar de una manera efectiva las fronteras coloniales ante los movimientos del Ejército de Liberación Marroquí y las reivindicaciones territoriales ligadas al proyecto del “Gran Marruecos” del Reino jerifiano.22Sólo en el último periodo de la colonización (1960-1975), el territorio del Sáhara Occidental pasó a ser concebido como una parte del “África útil”. Desde entonces el interés por explorar y poner en valor los recursos minerales del subsuelo fue aumentando en la política española. Ello tuvo implicaciones tanto para las dinámicas demográficas de la población como para las formas de gobierno, que están descritas en el trabajo de Alicia Campos Serrano (Ciencias Políticas, UAM) y Violeta Trasosmontes (UAM) Como escriben las dos autoras, a principios de los años 1960, la administración de la colonia sufrió una profunda reforma bajo la provincialización, que supuso una mayor penetración gubernamental en las estructuras políticas y sociales locales. Esta “segunda ocupación” colonial, incluía un aumento sustantivo de la inversión pública en programas de desarrollo económico y reformas de la administración. Ello provocó a su vez cambios sociales y la rearticulación de estrategias y demandas políticas de los saharauis frente al gobierno colonial.23Al mismo tiempo, el estado español contribuyó al desarrollo de la costa atlántica del Sahara colaborando a la construcción del complejo industrial de transformación del pescado a Nuadibú (Republica Islámica de Mauritania). Ese proyecto no se enmarcaba tanto en la cooperación bilateral con Mauritania sino que constituía el apoyo que España daba a los pescadores canarios, que explotaban desde años las riquezas haliéuticas a lo largo del litoral del Sahara. Es lo que nos dice Jesús M.a Martínez Milán (historiador de la Universidad de Las Palmas de Gran Canaria) en su artículo sobre las acciones del Instituto Nacional de Industria (INI) en Mauritania, un país en donde la nueva legislación, adoptada al momento de la independencia, que reglamentaba la explotación del banco de pesca por las flotas extranjeras, fue significativamente reforzada convirtiéndose en un freno por las actividades de los pescadores canarios8.24Los artículos de la tercera y última parte de este número exploran la manera en la cual construyó – y sigue construyéndose – la historia del Sahara Occidental y las memorias del pueblo saharaui.25La condición de territorio en disputa del Sahara Occidental provoca diferentes interpretaciones acerca de la identidad de los saharauis y de sus relaciones con los vecinos en el curso de su historia. Esas interpretaciones cambian a menudo según la naturaleza y grado de vinculación en el conflicto de los autores ; por ejemplo los cooperantes y militantes de los derechos humanos que actúan en el terreno y tienen su propia visión determinada por el pathos específico que desde la praxis caracteriza sus acciones ; o los académicos, cuyos trabajos están fuertemente relacionados con la recogida y tratamiento de datos con los métodos de análisis derivados de las grandes corrientes del pensamiento occidental, que a menudo se pretende universalista. Se trata consecuentemente de análisis y de posiciones divergentes aunque tal vez puedan acabar en conclusiones muy parecidas.Alberto López Bargados, antropólogo y profesor de la Universidad de Barcelona, centra su aportación en un análisis crítico sobre la aportación de una literatura sobre el Sahara Occidental producida en España en las últimas décadas. El denomina esta literatura “partisana” porqué ella se transformaría, con pocas excepciones, en una apología velada de la heroica e inexorable marcha del pueblo saharaui hacia la construcción de un Estado en el exilio. El autor trata de señalar que la denuncia apasionada de la situación dramática vivida por el pueblo saharaui, por parte de los intelectuales españoles, toma importancia tendiendo a erigirse como una coartada intelectual que impide llevar a cabo una reflexión más profunda sobre la responsabilidad española, tanto en relación a la colonización como a la descolonización y todos los acontecimientos que produjeron.27Instalados en una narrativa considerada estéril, definida por el autor como “poética del punto muerto”, muchos de los testimonios contemporáneos expuestos en esta literatura partisana se recrean en el drama del exilio hasta olvidar hasta qué punto su propia presencia en los campamentos, expresión de las relaciones estructurales que configuran los campamentos como lugares intervenidos desde las lógicas de la ayuda humanitaria y la cooperación al desarrollo según López Bargados, contribuye a reproducir dicho drama. El autor remarca que históricamente la construcción discursiva colonial de la resistencia saharaui consideraba sus acciones como propias de una población nómada, beduina, despojada de conciencia política. A lo largo de todo el proceso colonial, las sucesivas administraciones españolas negaron por principio la naturaleza política de la actividad de resistencia de la población saharaui hasta cuando esta asumió formalmente un conjunto de reivindicaciones expresadas en el lenguaje familiar al de las fuerzas políticas presentes, es decir el lenguaje del estado-nación. Es a partir de este momento que la dimensión verdaderamente política de la resistencia saharaui fue efectivamente reconocida por las autoridades españolas.28De esta manera el discurso postcolonial sobre el Sahara, produce zonas de sombra en la comprensión de la historia, siendo prisionero de un régimen de verdad suspendido en el tiempo indefinido del contencioso ; ¿es por esoque se revela incapaz de abrirse a otras alternativas, a una reformulación de los principios que permiten conjugar de otro modo la ecuación que debe reunir pueblo y soberanía ?9 El CNRS – Centre National de la Recherche Scientique – es la institución pública de referencia para (…)29Por su parte Francesco Correale, historiador al CNRS9 (UMR 7324 CITERES, Tours, Francia) en su artículo sostiene que la necesidad del Frente Polisario de estructurar la “nación” saharaui y la voluntad de construir una memoria compartida ha presidido la promoción de un sentimiento de identidad encarnado por la revolución impulsada por el movimiento nacionalista, y en particular por el Frente Polisario. Por esta razón, el Frente tuve que hacer tabula rasa del pasado tribal que, por consecuencia, desapareció de la narración saharaui de la historia. Para el autor, esta reconstrucción del pasado conlleva importantes omisiones y contradicciones. Sin una dimensión critica, ese relato histórico ha adoptado una formulación orientada a ser útil para la causa nacionalista, que precisa fortalecer la idea de unidad del pueblo saharaui. Lo que se da es un relato político del pasado que, en complicidad con las condiciones impuestas por la guerra y el exilio tras la ocupación mauritana-marroquí, se ha convertido en el elemento vertebrador de la memoria colectiva de todos los saharauis (o, por lo menos, de los que viven en los campamientos de Tindouf).30Siguiendo estas líneas interpretativas, F. Correale trae a colación las dificultades de la recuperación de la memoria del pasado colonial que caracteriza las relaciones de la población saharaui con la antigua metrópoli y con la cooperación humanitaria española. Las reticencias de la sociedad española a asumir completamente las responsabilidades históricas de su presencia casi centenaria en el Sahara Occidental impide la afirmación de un relato descolonizado de la historia comprendida entre 1884 y 1975. Así, las amnesias que acompañan la reconstrucción de la historia saharaui hecha desde el exterior, tanto como por los mismos saharauis, producen una selección de los acontecimientos del pasado en la cual la situación colonial tiende paradójicamente a adoptar la imagen de una especie de edad de oro mitificada. Es durante esta época, según opinan muchos ancianos, que el Gobierno español – o sea el régimen franquista – mantuvo alejados a los que se acabaron convirtiendo en enemigos en el presente, es decir los marroquíes.31El ensayo de Claudia Barona Castañeda, historiadora, profesora e investigadora de la Universidad de las Américas, Cholula, Puebla (México) se focaliza sobre los testimonios de los resistentes saharauis que habitan los territorios ocupados por Marruecos. Las personas entrevistadas hablan de sus relaciones con los colonos marroquíes, con los saharauis provenientes del norte (es decir de la región de Tarfaya) y con los saharauis que, por convicción o imposibilidad, no escaparon hacía el exterior después de 1975. Según Barona Castañeda no hay una verdadera ruptura entre los métodos de acción política desde los años setenta, fecha a partir de la cual los Saharaui, entonces bajo dominación española, empezaron a organizarse para reivindicar su derecho a la autodeterminación. La autora documenta también los movimientos de resistencia, las desapariciones de saharauis provocadas por las detenciones arbitrarias y los asesinatos llevados a cabo por las fuerzas de orden marroquíes ; así como la búsqueda de nuevas estrategias impulsadas por parte de los movimientos sociales y organizaciones políticas saharauis de los territorios ocupados para ser escuchadas sus demandas.32Recogiendo la palabra de los mismos Saharaui, la autora sugiere que la defensa de los derechos humanos llevada a cabo por los movimientos sociales se ha vuelto el punto clave de la agenda de estas organizaciones y añade que hoy no se puede avanzar en la celebración de un referéndum, si primero no se resuelve este asunto.33Por último, el artículo firmado por Juan Carlos Gimeno Martín y Juan Ignacio Robles Picón explora la posibilidad de escribir una historia alternativa del Sahara Occidental, basada en un diálogo crítico con las historias hegemónicas sobre la región y en el uso de una perspectiva de la propia sociedad sahariana sobre el análisis de sus dinámicas y transformaciones. Los autores toman el término “contrahistoria” de la Genealogía del racismo de Michel Foucault (1976, trad. al castellano en 1993), en su crítica de la historia como discurso del poder y de la fascinación que ejerce sobre los historiadores, y donde Foucault propone la contrahistoria como el discurso de los que no poseen la gloria, o de los que habiéndola perdido se encuentran en la oscuridad y el silencio. Los autores se preguntan cómo ayudar a los Saharauis en su obra de emancipación y de escritura de una historia de la cual ellos ya no serían los objetos de la historia sino los sujetos principales. Esta pregunta está relacionada con otras, como : ¿Pueden los pueblos ya colonizados inventar sus propias tradiciones, o deben amoldarse al lugar que ocupan en el relato de la producción histórica que hacen las antiguas metrópolis imperiales de sí mismas ?, ¿En otros términos, puede construirse una historia diferente de la concebida por los dominantes ?34La historiografía moderna (tanto liberal como marxista) sobre África ha tendido a ver la conquista colonial como el acontecimiento que incorporó las sociedades vernáculas del continente en la Historia ; frente a ella, las historiografías nacionalistas veían en la lucha anticolonial el proceso que posibilitó restaurar la integridad del pasado nacional, e imaginar el futuro de los estados independientes, no rompiendo sin embargo con la misma modernidad que está en el punto de inicio de la construcción de su narrativa histórica.35Desde este punto de vista, la historia nacional del independentismo saharaui no es una excepción entre las historiografías nacionales africanas, en donde se enfatizan las continuidades históricas que enlazan el pasado, el presente y el futuro, y no las discontinuidades introducidas por el hecho colonial.10 Este proyecto fue coordinado por Mohamed Ali Laman, director de la documentación y de la preservaci (…)11 En 2003, J.C. Gimeno Martín participó en una investigación con la Unión de Jóvenes Saharauis (UJSAR (…)36Frente a estas perspectivas los autores argumentan el interés por producir una contrahistoria que debería centrarse, no en los espacios de experiencia y horizontes de expectativas introducidos por el imperialismo europeo, sino en la experiencia de un encuentro de los africanos con Europa, lo que sería inscrito en una larga historia anterior. Es en este contexto que, a partir del proyecto I+D financiado en 2008 (véase más arriba), los autores participaron a otro proyecto en colaboración con investigadores saharauis desde 200310 “Cuéntame abuelo/a”, impulsado por el Ministerio de la Cultura de la RASD. El objetivo del proyecto es la recopilación de la memoria oral de la historia saharaui a partir de entrevistas realizadas a ancianos/as que viven en los campamentos de Tindúf. Las investigaciones efectuadas en el marco del proyecto “Cuéntame abuelo/a” y del proyecto I+D están al origen del artículo publicado en ese número de losCahiers d’EMAM11.37Los autores de los artículos publicados en este número temático de los Cahiers d’Emam consagrado al Sahara Occidental no compartent completamente ni las mismas perspectivas ni los mismos puntos de vista, lo que justamente nos ha permitido reunir toda una serie de datos y de análisis bastante distintos. Estos posibilitan, por su parte, el planteamiento de una diversidad de formas de entender y gestionar la información y los estudios sobre el conflicto del Sahara, su historia pasada, su presente problemático y su futuro abierto. A pesar de la ausencia en este número de los Cahiers d’Emam de trabajos que sostengan la perspectiva marroquí sobre el conflicto del Sahara Occidental, los textos aquí reunidos aportan un conjunto de análisis críticos, sociales e históricos que exploran escenarios divergentes de la historia de la sociedad sahariana y del pueblo saharaui originando distintos enfoques interpretativos. Las distintas perspectivas de análisis, de alguna manera, colaboran, no tanto desde una lectura consensual de los datos históricos, cuanto desde una pluralidad de puntos de vista, para elaborar, entre unos y otros, una mirada compleja sobre la cuestión del Sahara Occidental. De hecho, sería importante que el reconocimiento de esta clase de discrepancia en los distintos análisis y énfasis aparezca así como propedéutico a la abertura de nuevas perspectivas de estudio sobre la historia del Sahara Occidental.38Madrid, Tours, febrero 2014.BibliographieAhmida A. 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Sobre la relación entre memoria y violaciones de los derechos humanos en el Sahara Occidental véase también la magistral obra de Carlos Martín Beristain y Eloísa González Hidalgo, 2012,El oasis de la memoria. Memoria histórica y violaciones de Derechos Humanos en el Sáhara Occidental, Bilbao: Hegoa (descargable en los siguientes enlaces:http://publicaciones.hegoa.ehu.es/assets/pdfs/281/TOMO_I.pdf?1355488794 yhttp://publicaciones.hegoa.ehu.es/assets/pdf2s/281/TOMO_II.pdf?1355488794).3 Investigación + Desarrollo. Las convocatorias I+D representan la posibilidad principal de financiación pública de los proyectos de investigación en España, por el conjunto de las disciplinas. El proyecto “Sahara Occidental (1884-1976): Memorias coloniales, Miradas postcoloniales, (CSO2012-35314)”, permitió crear espacios de encuentro y debate sobre la cuestión del Sahara Occidental, con la participación de Juan Carlos Gimeno Martín, Francesco Correale, Alberto López Bargados, Jesús María Martínez Milán, José Antonio Rodríguez Esteban, Diego A. Barrado Timón, Alicia Campos Serrano, Violeta Trasosmontes, Juan Ignacio Robles Picón, Ángeles Ramírez, Ildefonso Barreda y Bahía Mahmud Awah.4 Los artículos han sido sometido a una evaluación entre pares y han sido aceptados por ellos en el mes de mayo de 2013. Es a esta fecha que las bibliografías fueron cerradas.5 Abd al-Rahman b. Muhammad IBN JALDÚN, Introducción a la historia universal: (al-Muqaddima), edición y traducción de Francisco Ruiz Girela (2008), Córdoba, Almuzara.6 Estos años se denominan en la cronología de las qabila saharauis, con el mismo nombre: 1957, año primero del ataque; 1958, año segundo del ataque. Se hace referencia aquí a las incursiones en el territorio del Sahara Occidental del Ejército de Liberación Saharaui así como a las operaciones militares franco-españolas de febrero 1958 (Operación Teide-Ecouvillon).7 Sobre la naturaleza de los trabajos de co-laboración, definidos también pares constructivos cuando una misma investigación es llevada a cabo conjuntamente con otros investigadores, y particularmente con los de las realidades analizadas (en este caso con investigadores saharauis) ver el artículo de J.C. Gimeno Martín y J. I. Robles Picón en este número.8 Este artículo fue sometido solo en la versión francesa [NDLR].9 El CNRS – Centre National de la Recherche Scientique – es la institución pública de referencia para la investigación pública en Francia. Es el homólogo del Consejo Superior de Investigaciones Científicas en España.10 Este proyecto fue coordinado por Mohamed Ali Laman, director de la documentación y de la preservación de la memoria oral por cuenta del Ministerio de la Cultura de la RASD, y realizado en colaboración con investigadores en formación del Departamento de Antropología Social y del Pensamiento filosófico de la Universidad Autónoma de Madrid.11 En 2003, J.C. Gimeno Martín participó en una investigación con la Unión de Jóvenes Saharauis (UJSARIO) y el Consejo de la Juventud de España, sobre la juventud saharaui en los campamentos de Tindúf. Mohamed Ali Laman fue codirector del proyecto. La perspectiva postcolonial/de-colonial del proyecto contribuyó a desarrollar una investigación co-laborativa (Gimeno y Ali, 2007). De los desafíos planteados entonces surgieron las inquietudes que alimentaron las investigaciones posteriores. -
Le rapport secret qui prouve que le Maroc cherche à faire éclater l’Union Africaine
Si le Maroc cherchait à rejoindre l’Union Africaine, le chemin est simple et Rabat le connaît bien. Mais ce que le Maroc cherche c’est à faire éclater al division dans l’organisation panafricaine. Ce rapport confidentiel du Ministère marocain des affaires étrangères en est une preuve irréfutable. Il date du 23 mai 2013
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