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  • Création d’une association parlementaire japonaise d’amitié avec le Sahara occidental

    Tokyo, 20/06/2010 (SPS)- Une association parlementaire d’amitié avec le Sahara occidental a été créée dans le cadre de la Diète japonaise, a-t-on appris dimanche de source parlementaire japonaise. Initiée par un groupe parlementaire appartenant au Parti démocratique du Japon, dont est issu le gouvernement nippon actuel, l’association est présidée par M. Yukio Ubukata, membre de la Chambre des représentants, a-t-on indiqué de même source. L’association s’est donnée pour objectif la sensibilisation des autorités et de l’opinion japonaises sur la question du Sahara occidental ainsi que le soutien du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, a précisé la source. (SPS)

  • Collecte de produits alimentaires pour la RASD

    Par A. Mallem 
    Afin de renforcer la caravane de soutien et de solidarité au peuple sahraoui, la Direction de l’action sociale de la wilaya de Constantine (DAS), en collaboration avec le comité local du Croissant-Rouge Algérien (CRA) et l’organisation de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), a lancé, depuis le 15 juin dernier, une campagne de collecte de dons en produits alimentaires destinés au peuple sahraoui.
    Cette opération se déroule actuellement à travers le territoire de la wilaya, et les dons collectés seront rassemblés au niveau du local du CRA situé à l’avenue Aouati-Mostefa de Constantine.
    Rappelons que cette opération lancée dans toutes les wilayas du pays a été initiée par le comité national algérien de soutien au peuple sahraoui. Les dons recueillis à travers le territoire national seront transportés par une caravane humanitaire qui se rendra au Sahara Occidental pour apporter aide et solidarité du peuple algérien au peuple de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en lutte pour la libération de son territoire sous occupation marocaine.
    Selon le responsable de la communication au niveau de la DAS, l’opération se déroule d’une manière tout à fait normale et satisfaisante, et le premier convoi transportant l’aide de la wilaya de Constantine s’ébranlera officiellement, vers la fin de ce mois de juin, en direction de la wilaya de Béchar où se rassembleront les convois de toutes les wilayas du pays, avant de prendre le chemin des territoires libérés de la RASD.
    Pour terminer, signalons que les différents responsables en charge de l’opération ont déclaré qu’il est encore trop prématuré de donner des chiffres sur le volume des dons recueillis avant q
    ue l’opération de rassemblement des dons au niveau du siège central de la wilaya ne soit achevée. 
    Source : Le Quotidien d’Oran, 21/6/2010
  • Communiqués : Halte à l’harcèlement les partis bénis et les partis bannis

    Halte à l’harcèlement !
    les partis bénis et les partis bannis
    Après le lancement des centres d’écoute : « Stop ne pollue pas le Maroc », « Stop ne vole pas le Maroc », on a recommencé à nous harceler par les convocations comme par les procès montés sur mesure durant des années pour nous épuiser et qui se soldent par l’acquittement.
    A chaque prise de décision et de solidarité, à chaque manifestation avec les groupes opprimés, comme dernièrement les enseignantes en grève depuis plus de 60 jours, c’est l’intimidation pour freiner nos actions alors que l’on soutient des nouveaux partis pour s’accaparer de nos acquis.
    Halte à la politique de deux poids deux mesures : les partis bénis et les partis bannis, et nous disons non à ceux qui envahissent les espaces.
    Source: HESPRESS
  • N’autre vision : Si tu vas à Marrakech…

    Delon ne connaît apparemment pas grand-chose au drame du peuple sahraoui auquel la France, son pays, n’est pas étrangère.
    Par M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
    Alain Delon, cet acteur du cinéma français que les Américains avaient jadis enrôlé pour une séquence de… striptease, se plaît aujourd’hui à perpétuer dans la région cet humanisme à la sauce tricolore si difficile à retrouver ailleurs. Dans une déclaration faite à la presse le jour du Sabbat à Marrakech et rapportée hier par la MAP, le vieux a’jajbi, comme diraient les Marocains, a jugé «impératif de libérer les Marocains [prisonniers des Algériens à Tindouf]». De trois choses l’une, ou bien la MAP a comme à son habitude arrangé à sa façon les propos du vieillard, ou bien il ignore complètement la réalité du terrain et dit n’importe quoi, ou bien il travestit délibérément cette réalité et, là, ça aurait pu être gênant si les propos ne sortaient pas de l’orifice d’un personnage qui a chez nous la glorieuse réputation d’un authentique demi-sel. Delon a raté la caravane pro-autonomie parce que, explique-t-il, il n’a pu la rejoindre à cause d’un malaise à l’aéroport de Bruxelles. Delon ne connaît apparemment pas grand-chose au drame du peuple sahraoui auquel la France, son pays, n’est pas étrangère. Il est fort possible qu’il ne sache pas qu’au Sahara occidental, les forces coloniales marocaines violent les droits de l’homme, qu’elles y répriment copieusement les populations autochtones en intifada depuis mai 2005. Mais s’il ne le sait pas, pourquoi ne consulte-t-il pas son Sid, M. Javier Barden, acteur de profession comme lui mais avec un cœur et une vision différentes ? Heureusement ! Barden, lui, n’a pas voulu succomber au charme professionnel du makhzen et des générosités qu’on dispense à Marrakech. Barden, lui, compatit avec les populations sahraouies qu’il est allé voir dans les camps de refugiés de la Hamada à Tindouf. Lui n’a pas été tenté ni par les bienfaits de Marrakech ni par les riches terres de Dakhla, l’occupée. Lui a été, à ses frais, vivre les dures conditions des refugiés que la propagande marocaine qualifie dans sa bassesse de séquestrés et que Delon véhicule et accrédite, semble-t-il, en toute mauvaise foi. Et peut-on espérer se corriger lorsqu’on ne se rend pas compte qu’on se trouve au seuil de la tombe ? 
  • Le complot franco-marocain contre l’Algérie continue

    Voici une analyse intéressante qui montre le rôle joué par la France pour donner vie à ce que l’on a appelé le MAK, une institution fantôme qui trouve un grand écho dans les médias sponsorisés par la France et le Maroc. Ce dernier cherche par tous les moyens à héberger toute dissidence algérienne pour contrecarrer le soutien d’Alger au Front Polisario dans le conflit du Sahara Occidental.

    Du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie au Gouvernement Provisoire kabyle 
    Par Ahmed Rouadjia* 
    Les nostalgiques de l’«Algérie française » doivent, à coup sûr, se féliciter de l’annonce fracassante de la création du «Gouvernement Provisoire kabyle» faite à Paris par son président Ferhat Mehenni, transfuge du RCD et ennemi invétéré du docteur Saïd Saadi.
    On devine depuis Paris que ces nostalgiques, dont les effectifs de partisans augmentent au fil des ans, et dont le cœur regorge de haine contre l’Algérie, sont au comble de la joie. La joie de prendre leur revanche contre l’indépendance de l’Algérie et d’approfondir la division de la famille algérienne par la flatterie de l’ego «kabyle» censé être foncièrement supérieur au Moi «arabe». La mythologie coloniale est le lieu de l’enfantement du mythe kabyle, et l’on comprend pourquoi le Mak en est si fortement imprégné qu’il ne peut raisonner en dehors de ce cadre de l’ethnicité dangereuse à laquelle pourtant la France métropolitaine a déclaré une guerre impitoyable, sans répit. Les Bretons se sont vu, sous le mandat du président Jacques Chirac, interdire l’usage de leur langue vernaculaire, et l’autonomie inoffensive qu’ils réclament dans le cadre des lois de la République française est rejetée comme un attentant contre le dogme intangible de l’indivisibilité de la République (article 2 de La Constitution de 1958). Les autres minorités «ethniques» ou régionales de la France sont astreintes à l’obligation de se dissoudre dans le moule de la République et de renoncer à toute velléité d’autonomie ou d’indépendance. La revendication du mouvement autonomiste breton d’obtenir la reconnaissance officielle de l’usage de cette langue est rejetée avec force par le gouvernement français.
    Ce qui est bon pour la France ne l’est pas pour l’Algérie, et vice versa
    Cette politique d’institution de la Nation française, fortement unie et homogène, avait commencé du temps de Guizot, avec la loi de 1833 qui porte son nom, politique que Jules Ferry, «fondateur de l’empire français», devait parachever avec l’école qu’il concevait comme un facteur d’acculturation essentiel.     Pour lui, tout comme pour ses prédécesseurs, l’école institue la Nation, car elle constitue l’agent de socialisation et du patriotisme. Le principal théoricien de l’éducation républicaine du temps de Jules Ferry (1880), Ferdinand Buisson, voyait dans l’école primaire le lieu de la formation du «patriotisme» et de l’unité linguistique d’une France encore dominée par une Tour de Babel où tous les patois avaient droit de cité, hormis ce qui allait devenir le français «savant».           Déjà avant 1880, les textes que les inspecteurs du primaire s’efforçaient d’inculquer aux élèves du primaire portaient sur la «nécessité d’enseigner exclusivement en français. Règlements à revoir dans les pays où l’on parle les patois basque, breton, flamand, allemand, etc.» La France et les Français, si spirituels et démocrates qu’ils sont, refoulent l’ethnicité et l’usage des patois chez eux, mais les encouragent chez les autres. Un Kabyle, un Breton, un Flamand, un Arabe ou un Turc est mal vu lorsqu’il parle sa langue maternelle en France, mais il est vivement encouragé à en faire non seulement usage dans son pays d’origine, mais à l’instituer comme langue nationale ou officielle à côté de celle de l’Etat dont il est le sujet.     En l’occurrence, «le kabyle» est vu depuis la France non seulement sous le rapport d’un être intelligent et ethniquement supérieur à l’«Arabe paresseux» et mentalement «sous-développé», mais également sous la figure d’un personnage civilisé et besogneux, qualités qu’il tire de son ascendance «gauloise». Nous verrons sous peu pourquoi les Bretons et les Kabyles sont mal vus lorsqu’ils parlent leur langue maternelle en France dans les espaces francisés…
    Les Bretons, les Kabyles et le Printemps Berbère…
     A la différence du rouleau compresseur de la France jacobine qui avait imposé à la hussarde l’unité linguistique et politique à la Nation française, l’Etat algérien, après moult hésitations et tergiversations, a fini par se rendre à l’évidence qu’il ne saurait ignorer purement et simplement le fait berbère en général, et le fait kabyle en particulier, sans risquer son propre éclatement. Ce que les initiateurs du Printemps Berbère cherchaient n’était pas la scission de la Nation ou le séparatisme à caractère politique, mais la reconnaissance de leur spécificité culturelle et, par-delà, l’application des principes d’égalité et de démocratie pour tous les Algériens sans distinction. Ils inscrivaient et inscrivent encore leurs revendications spécifiques non pas en dehors mais au-dedans du cadre national algérien. En acceptant, presque à son corps défendant, de reconnaître la langue amazigh comme langue nationale, l’Etat algérien a opéré un grand pas que la France n’avait pas pu franchir. Ainsi la Constitution algérienne reconnaît-elle explicitement en son article 3.bis ( Loi n°02-03) que le «Tamazight est (…) langue nationale», et même s’il n’est pas la «langue officielle» comme l’arabe, il n’en reste pas moins que son inscription dans les textes officiels comme fait «national» marque une étape décisive dans l’évolution des mentalités politiques, puisque l’arabe n’a plus, comme naguère, le monopole de l’algérianité, et ne peut plus désormais exercer son magistère sur les âmes et les esprits. Nous devons ce changement notable moins aux largesses de nos hommes politiques aux horizons bornés, qu’au combat mené vaille que vaille par le mouvement berbère depuis le début des années 80 pour arracher ce droit de faire usage de sa langue maternelle, de la parler et de l’enseigner à ceux qui le désireraient. Ce droit, acquis de haute lutte, marque également la fin du diktat de la langue arabe aussi bien à l’école que dans les relations sociales. Désormais, la langue amazigh n’est plus cette langue discriminée, raillée et moquée aussi bien par le lettré arabe pétri de ses prétentions arrogantes à la supériorité et à la profondeur que par le vulgaire homme de la rue imbu de ses préjugés et de son «ignorasse» crasse, mais bel et bien une langue porteuse de structures linguistiques, de signifiant et de signifié, de logiques structurales et syntactiques, qui n’ont rien à envier aux langues «officielles» des Etats constitués. On se souvient que, dans les années soixante, soixante-dix et même longtemps après le déclenchement du Printemps Berbère en 1980, il était tabou de qualifier de « national » la langue amazigh, et quiconque prononçait ce qualificatif pouvait être poursuivi en justice et condamné comme «antinational», suppôt de la France. La «poésie kabyle» elle-même relevait d’un tabou, voire d’un acte de lèse-majesté, un attentant contre la belle et harmonieuse architecture de la langue arabo-islamique, sacrée et immuable !
    Les tenants de «la carte kabyle»
     L’annonce de la création de ce Gouvernement Provisoire n’est pas fortuite. Elle est faite au lendemain de la rencontre Sarkozy Bouteflika à Nice. Elle intervient au moment où la tension entre les deux pays est à son acmé, où les discussions sur les litiges du passé achoppent sur la question de la mémoire, des crimes de la colonisation et des essais nucléaires français en Algérie. Le moment choisi pour annoncer à son de trompe la création du Gouvernement Provisoire kabyle n’est donc pas innocent et vise, sous l’influence de certains lobbys parisiens hostiles à l’Algérie, à faire jouer à fond «la carte kabyle» pour obtenir en retour des concessions politiques du gouvernement algérien qui patauge sur bien des registres dans un flou artistique. Mais ce gouvernement que des milieux parisiens ont hâté la création est voué par avance à l’échec total, car il gêne moins le pouvoir en place que les diverses formations politiques qui militent en faveur d’un changement démocratique et pour un Etat de droit, et non pour un Etat de passe-droit. Avec l’émergence de ce gouvernement fantoche, le pouvoir algérien va essayer certainement de créer une sorte d’«union sacrée» temporaire en s’écriant à qui voudrait l’entendre que «la Nation est en danger» tout en augmentant de quelques degrés l’état d’urgence, qui se trouve déjà à son point extrême. Ce gouvernement provisoire, qui risque de gêner momentanément l’action du mouvement démocratique algérien, pourrait provoquer aussi un effet de boomerang dont il ne sortira pas indemne. De ce point de vue, le gouvernement provisoire de Kabylie a signé déjà l’arrêt de mort du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, telle que se la conçoivent ses instigateurs.
    La part des nostalgiques dans la formation du Gouvernement provisoire…
     Que dire maintenant du MAK qui représente la pointe extrême et extrémiste de la mouvance culturelle berbère? Que l’initiative de son leader de fonder un gouvernement séparatiste dit provisoire relève d’un acte irresponsable qui ne fera pas d’ailleurs long feu, tant ses instigateurs se révèlent être non pas indépendants d’esprit et de décisions réfléchies, mais liés et hétéronomes. Inventé par Kant, ce terme hétéronome signifie celui qui reçoit de l’extérieur les règles de sa conduite, au lieu de les trouver en soi. Or, il semble que la dangereuse initiative de Ferhat Mehenni ne procède pas de sa volonté propre, mais d’une impulsion extérieure qui ne pourrait être en l’occurrence que cette ambiance parisienne dans laquelle, lui et ses amis baignent depuis des années et qui leur procure l’illusion que «le peuple berbère», prétendument opprimé, se reconnaît en eux. L’ambiance parisienne, c’est quoi ? Ce sont des petits réseaux constitués de tissus associatifs, d’anciens combattants de l’armée française en Algérie, d’anciens membres de l’extrême droite, Delta, Minute, Charles Martel; d’anciens harkis et de pieds-noirs aigris, d’«Arabes de service», de beurs «pasteurisés» et de tous les nostalgiques de l’Algérie «perdue» pour l’Empire, etc. Tout ce monde qui a pignon sur rue est courtisé par certains cabinets ministériels qui se trouvent à l’affût de l’évolution politique interne de l’Algérie, mais aussi par ces «philosophes» et ces journalistes médiatiques de la rive gauche de la Seine parisienne, qui ne manquent pas l’occasion de s’ériger en experts de l’ethnicité non seulement de l’Hexagone mais de tous les groupes ethniques de la Planète, dont les Kabyles de Paris et d’Algérie captent le plus leur attention en raison de l’histoire passionnée et de la proximité géographique avec la France. Alors que tout ce beau monde combat l’ethnicité, le voile islamique, le régionalisme, les langues vernaculaires au nom de l’indivisibilité de la République, de la démocratie et de la laïcité au sein de la France «une et indivisible», il tente d’encourager et de soutenir l’ethnicité, voire l’autonomie et l’indépendance des groupes ethniques dans les pays où dominent l’«ethnie» majoritaire. Le GPK de Ferhat Mehenni est le fruit de cette ambiance parisienne faite de tractations secrètes, de conciliabules, de rencontres euphoriques, d’incitations au combat des «opprimés» contre leurs oppresseurs, de l’archaïsme arabo-musulman, ennemi de la liberté et de la démocratie, etc. Mais ce que ces Parisiens drogués de nostalgie et de laïcité oublient, c’est que ce MAK, et le GPK qui en est issu, ne représente en fait qu’une poignée d’individus en perte de raison et de projet cohérent susceptible de provoquer l’adhésion du «peuple kabyle.» Car en effet, l’écrasante majorité des militants née dans le sillage du Printemps Berbère, tout comme les deux grandes formations rivales, le FFS et le RCD, ne sauraient en aucune manière approuver ou suivre la pente glissante empruntée par Ferhat Meheni et ses camarades qui pensent à tort qu’ils pourraient, par les seuls effets d’annonce et de provocation bruyante, susciter des effets d’entraînement et d’adhésion à leur cause, d’avance perdue, la masse de la Kabylie et des Kabyles.
     C’est oublier complètement que la quasi-totalité des Kabyles, si hostiles et si opposés aux méthodes de gestion autoritaire du pouvoir en place, ne saurait en aucune manière tomber dans ce guet-apens mortel.        C’est oublier aussi que le souci majeur de la quasi-totalité des Kabyles, c’est de lutter pour que le droit et la démocratie prévalent au profit du grand nombre d’Algériens.
    Projet suicidaire…
     Ce prétendu GPK se disqualifie lui-même en annonçant sa création depuis Paris. Cela confirme l’hétéronomie de la volonté dont il est question plus haut. Dans sa déclaration faite le 2 juin à Paris, F. Mehenni se pose d’emblée en défenseur des Kabyles qu’il présente comme des opprimés: «Niés dans notre existence, bafoués dans notre dignité, discriminés sur tous les plans, nous nous sommes vu interdits de notre identité, de notre langue et de notre culture kabyles, spoliés de nos richesses naturelles, nous sommes à ce jour administrés tels des colonisés, voire des étrangers en Algérie.           Aujourd’hui, si nous en sommes à mettre sur pied notre gouvernement provisoire, c’est pour ne plus subir ce que nous endurons d’injustice, de mépris, de domination, de frustrations et de discriminations depuis 1962 ».(1) Ce discours «fondateur» est suicidaire et fera le lit des extrémistes de tous bords. Les islamistes durs et purs, qui ont une «dent» contre les Kabyles qu’ils jugent «mécréants», trouvent là de nouveaux arguments pour les vilipender au nom du Coran, de l’Islam et de l’arabe, «langue du Coran», et d’en appeler, pour les contrer, à la mobilisation des sentiments «patriotiques» et religieux. Les «Arabes» ordinaires empêtrés dans leurs conceptions archaïques et dans leurs représentations étriquées de l’identité algérienne, réduite à sa dimension arabo-musulmane, exclusive et intolérante, y trouveront eux aussi de quoi alimenter leurs phantasmes et imaginaires d’une Kabylie «kharijite», et donc imperméable à l’arabité et à l’Islam élevés au rang de l’authenticité et de la vertu. La formation de ce GPK peut être aussi saisie et exploitée par le gouvernement comme une aubaine lui permettant de durcir la répression contre tous ceux qui luttent pour l’ouverture des espaces des libertés publiques, qui se trouvent à présent verrouillés, du fait de l’état d’urgence et de l’argument sécuritaire. Tout en feignant de mépriser l’évènement, qualifié par les uns d’un «non évènement» et par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, d’un simple «tintamarre !», il n’en demeure pas moins que c’est la première fois depuis l’indépendance que la question de l’unité nationale se trouve franchement mise en cause par une minorité d’extrémistes dont l’exemple pourrait faire tache d’huile.
    Comment conjurer le danger de l’explosion ?
     L’unique rempart contre la désunion et l’effritement de la Nation, c’est la levée de toutes les contraintes qui pèsent lourdement sur la société, contraintes qui s’appellent injustice ou hogra, limitation des libertés publiques telles qu’elles sont annoncées dans la Constitution, mais non appliquées, la lutte contre les inégalités, le chômage, la marginalisation des compétences, le gaspillage des ressources, la gabegie et l’incurie et, enfin, l’impunité quasi totale des gestionnaires. Tant que tous ces problèmes n’ont pas trouvé des réponses politiques intelligentes et appropriées, les ingrédients de l’explosion ne pourraient que s’accumuler et ne manqueraient pas de s’exploser à la face de tous…La sagesse populaire recommande qu’il vaut mieux prévenir que guérir, et l’anticipation politique fait partie de l’art de gérer les affaires du présent sans négliger celles de l’avenir…
    *Professeur d’université
    1-Cité par El Watan 3 juin 2010
  • Accord d’association avec l’UE: Les demandes algériennes sur le Sahara Occidental

    L’Algérie relève dans le point 23 que «le processus d’intégration maghrébine n’a pas exploité toutes ses potentialités en raison de l’absence d’un règlement juste et définitif du conflit du Sahara Occidental». Elle exprime sa préoccupation au sujet des atteintes aux droits de l’homme au Sahara Occidental ainsi que des arrestations arbitraires d’activistes sahraouis.
    Elle invite l’UE à œuvrer dans le cadre des Nations unies à l’élargissement du mandat de la MINURSO, au respect des droits de l’homme «et de manière plus générale à agir pour un règlement juste et définitif du conflit qui pourvoie à l’autodétermination du peuple sahraoui». Elle appelle également l’UE et ses Etats membres à s’abstenir d’être partie prenante à des accords et contrats visant l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara Occidental. L’Algérie affirme par ailleurs appuyer les efforts déployés en faveur de la stabilité de la région du Sahel, entre autres celui visant à organiser un sommet régional sur la sécurité et le développement dans cette région.
    L’Algérie a annoncé dans sa déclaration au conseil d’association la mise en place prochaine du sous-comité «Dialogue politique, sécurité et droits de l’homme». Comité qu’elle n’a eu de cesse de revendiquer la création et qu’elle tient à inscrire dans le dispositif institutionnel qui doit servir «d’instrument efficace de suivi de la mise en œuvre de l’accord d’association». Elle rappelle aussi qu’elle plaide pour la révision du fonctionnement du Conseil des droits de l’homme «dans le sens d’une plus grande transparence dans ses missions et mandats». (Point 9). Elle milite, dit-elle, »de concert avec l’UE, en faveur de l’adoption dans le cadre des Nations unies, d’un moratoire sur l’application de la peine de mort».
    Elle n’a pas omis de rejeter dans le point 18 «toute mesure visant à restreindre le droit inaliénable des Etats parties à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire pour le développement socioéconomique». Tout en mettant l’accent «sur l’importance de l’universalité du TNP pour préserver sa crédibilité», elle déclare «militer pour un traitement équilibré de la mise en œuvre des trois piliers du TNP à savoir le désarmement, la non prolifération et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire».
    Source : Le Quotidien d’Oran
  • Le président de la République procède à l’ouverture de la 7ème Assemblée de l’AFAPREDESA

    Smara (camps de réfugiés) 20/06/2010 (SPS) Le président de la république a procédé jeudi à l’ouverture de la septième Assemblée générale de l’Association des Familles de Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) à la wilaya de Smara. Dans son allocution d’ouverture de cette édition , le président de la république a salué le rôle joué par l’Association dans la documentation des crimes d’arrestation et de disparitions commis par le régime marocain contre le peuple sahraoui . Il a souligné que l’AFAPREDESA a « des grandes responsabilités », notamment la lumière sur le sort du disparu, Mohamed Sidi Brahim Bassiri, leade du soulèvement du 17 juin 1970, enlevé par les autorités espagnoles, de plus de 500 disparus et de 151 prisonniers de guerre sahraouis aux mains du Maroc, ainsi que 15 autres disparus en décembre 2005 et plus de 50 prisonniers politiques qui croupissent dans les prisons marocaines. Le président de la République a également appelé mouvement de solidarité européen pour la protection du peuple sahraoui dans la partie se trouvant sous occupation marocaine. L’Assemblée s’est tenue en marge du 40e anniversaire du premier soulèvement Juin 17, 1970 contre le colonialisme espagnol dirigé par Mohamed Sidi brahim Basisiri, en présence de délégations d’ Algérie, de la Libye et des organisations non gouvernementales. (SPS)
  • Note d’analyse : La question du Sahara occidental

    Par  Alice Corbet, postdoctorante au CÉRIUM  
    La grève de la faim de la militante sahraouie Aminatou Haidar a replacé la question du Sahara occidental au devant de l’actualité. Celle-ci a été hospitalisée dans la nuit du 16 au 17 décembre après plus d’un mois de grève de la faim. Or, depuis 1991, la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) fait rarement la une des médias. Marc-André Anzueto et Étienne Tremblay-Champagne, agents de recherche au ROP, s’entretiennent avec Alice Corbet, membre experte du ROP et spécialiste du Sahara occidental, afin d’en connaître davantage sur les dessous de « l’affaire Aminatou Haidar ».
    Pourriez-vous nous présenter le conflit, ses enjeux et les différents acteurs impliqués, tant au niveau local que régional ? Comment leurs perspectives ont évolué avec le temps ?
    Grande question ! Ce sujet demande de remonter dans l’histoire, jusqu’à essayer de démêler les possibles relations d’allégeances qu’il y a pu avoir entre certaines tribus du Sahara envers leurs voisins au XIXeme siècle ! Il ne faut pas oublier que le Sahara occidental n’a jamais été « Terra nullius », c’est à dire « territoire sans maître ». Le Sahara était parcouru par des tribus qui avaient établis divers rapports politiques et économiques, avant que le colonisateur espagnol ne vienne installer des « comptoirs » sur la côte Atlantique, tout en n’ayant des relations que très ponctuelles avec les Maures qui séjournaient autour et traversaient le territoire. Relire les carnets de voyage de Douls en 1888, de Vieuchange en 1932, ou même Courrier Sud, de Saint-Exupéry, permet de cerner en quoi le territoire tout comme les personnes qui le sillonnent ont longtemps été revêches à toute forme de domination exogène. Malheur aux aventuriers perdus, aux marins échoués sur la côte, ou aux aviateurs de l’aéropostale qui tombaient dans le désert !
    En bref, il faut établir que nous sommes ici en présence de diverses tribus, enchevêtrées dans de fluctuants rapports d’allégeance. Après la colonisation mosaïque de l’Espagne, le territoire a été envahi lors de la Marche verte, ce qui a permis à Hassan II de mobiliser son peuple à l’encontre d’une cause présentée comme viscérale, et d’accroître son territoire face à l’Algérie et à la Mauritanie. Cette dernière s’est vite retirée pour stabiliser sa viabilité en tant que pays indépendant, alors que des réfugiés (les Sahraouis qui composaient ces tribus) fuyaient en direction de l’Algérie. Depuis, le Maroc a découvert dans ce qu’il nomme « territoires du Sud » de forts potentiels économiques notamment les poissons, le phosphate, le sable et le tourisme. Mais tout cela a été nuancé, jusqu’au cessez-le-feu de 1991, par la contestation active du Front Polisario, qui a amené le Maroc à construire « ses murs de défense » ; et dans un second temps, par la légitimité du royaume alaouite à exploiter un territoire qui n’a toujours pas de reconnaissance juridique internationale claire.
    Ainsi, il faut considérer ce conflit à partir de divers enjeux politiques, économiques et juridiques. L’échelle des acteurs s’étale, grossièrement, des revendications des tribus pré-existantes à la colonisation, pour la plupart fédérées par le Front Polisario, jusqu’aux enjeux géopolitiques régionaux internationaux. L’Espagne s’est enfermée dans un sentiment de culpabilisation mais son gouvernement s’est retiré de tout rôle véritablement actif quant à la résolution du conflit. L’ONU, qui a affirmé depuis 1975 que le problème devait être résolu par un référendum d’autodétermination, se voit aujourd’hui encore dans l’incapacité de mettre en œuvre son programme. Elle se résout à assurer une mission de « surveillance » à travers la MINURSO qui tente en vain d’essayer d’établir une liste pour la réalisation du referendum depuis 30 ans ! À noter que l’ONU ne reconnaît pas la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), mais le Front Polisario comme un représentant légitime du peuple sahraoui. Signalons enfin que aucun des États membres de l’ONU ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
    La France est trop alliée avec le Maroc pour oser le contester sur ce point territorial et a toujours soutenu Hassan II pour qui ce support était primordial. Les États-Unis, dont les technologies et celles d’Israël ont aidé à construire le mur de défense marocain, adoptent également un rôle ambivalent et désengagé. L’Union européenne (UE), ainsi que la plupart des instances internationales, se voient très prudentes face au conflit. En fait, c’est un sujet délicat qui peut les mettre en cause dans l’exploitation économique du territoire tout comme dans leurs relations avec le Maroc, devenu un acteur majeur de l’Afrique du Nord. Enfin, l’Union africaine (UA) est elle-même dans une impasse, car le Front Polisario y siège depuis 1982 alors que le Maroc s’en est retiré, coupant du coup toute possibilité au dialogue et privant l’organisation d’un allié majeur. Dans cette complexité où se jouent à la fois des conflits d’historicité et de territoires, personne ne sait vraiment sur quelle échelle intervenir, ni à partir de quelles bases.
    Aminatou Haidar, une militante de renommée internationale, effectue une grève de la faim dans un aéroport des iles Canaries depuis son expulsion du Maroc le 13 novembre 2009. Elle avait alors indiqué « Sahara occidental » comme pays d’origine alors qu’elle tentait de rejoindre Laâyoune, au Sahara occidental. Les médias s’intéressent de plus en plus à cette affaire alors que son état de santé se dégrade. Pourriez-vous commenter l’évènement et ses répercussions ?
    Tout d’abord, on voit bien ici comment les médias fonctionnent. Aminatou Haidar milite depuis de longues années pour la résolution du conflit, elle a d’ailleurs été emprisonnée deux fois et a reçu divers prix et récompenses pour son action. Mais il faut attendre qu’elle amène sa « valeur symbolique » de militante médiatisée ajoutée à son corps mis en souffrance dans un lieu public pour que les leviers de l’empathie et de la révolte soulevés permettent d’entendre parler de sa cause au niveau international. Je dis cela, car plusieurs personnes ont effectué des grèves de la faim ou d’autres manifestations extrêmes, et que quasiment personne ne s’intéressait à eux.
    Enfin, cette action force l’Espagne à s’engager dans le conflit, alors qu’elle s’est toujours détachée du problème du Sahara occidental pour ne pas s’y empêtrer, bien que l’histoire liant les deux régions est très forte. Ainsi, la militante a refusé le passeport espagnol qu’on lui proposait, et est de fait devenue « sans papier », confrontant les divers acteurs devant le conflit : sa personne est ainsi transcendée par l’attitude à adopter sur une thème élevé au domaine politique. La tension entre l’Espagne et le Maroc est accentuée par le truchement de l’histoire d’Aminatou Haidar. Le Maroc tente de s’échapper de cette mauvaise passe en rejetant la faute sur l’attitude de la résistante sahraouie, tout en impliquant l’Algérie et demandant à ce que l’Espagne s’adresse plutôt au gouvernement algérien pour résoudre le problème. Or, l’actuel ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a déclaré le 7 décembre que l’Algérie collaborait et adoptait une attitude constructive au sujet de la situation d’Aminatou Haidar, ce qui a poussé le Maroc à menacer d’interrompre la coopération en matière des sujets aussi sensibles que l’immigration et le terrorisme ! On le voit, « l’affaire Aminatou Haidar » dépasse le cadre de sa personne et mène à exposer le cas du Sahara occidental et à attiser les tensions… Et aujourd’hui, Ban Ki-Moon tout comme l’UE s’alarment.
    Il faut rappeler que « l’affaire Aminatou Haidar » se produit alors que le discours marocain envers le Sahara occidental se durcit.
    Il y a d’abord eu l’histoire de sept militants pro-sahraouis qui ont été arrêtés en octobre au Maroc alors qu’ils revenaient d’une visite des camps. Unanimement qualifiés comme « séparatistes de l’intérieur » et « traîtres », ils ont été incarcérés dans des conditions difficiles, et bien que les informations soient compliquées à obtenir (on ne sait pas, aujourd’hui, où sont les prisonniers), les médias les présentent comme accusés « de haute trahison », « d’intelligence avec l’ennemi » et « d’atteinte à l’intégrité territoriale », chefs d’accusation qui échappent à la justice civile. Ils seront donc jugés devant un tribunal militaire (donc avec une défense extrêmement réduite), et risquent, au pire, la peine de mort commuée en perpétuité.
    À cela s’ajoute le discours prononcé en novembre par Mohamed VI, à l’occasion de l’anniversaire de la Marche Verte (la marche populaire organisée par Hassan II pour prendre possession du Sahara occidental en 1975), et qui a été très offensif -et contenait des tonalités répressives envers toutes possibilités de contestation. Le roi y rappelle que l’on doit adhérer inconditionnellement à la Mère-Patrie et à sa personne -incarnation de dieu- sans quoi on est un ennemi ( « L’heure est à la clarté : ou on est patriote ou on est traître » , 6 novembre 2009). Cela disqualifie bien sûr toute tentative de négocier au sujet du Sahara occidental, ou de faire des concessions au niveau personnel comme collectif. Ces mots ont eu un impact fort sur tous les partis politiques, syndicats et militants pro-marocains, mais aussi sur tout le système étatique et médiatique qui s’aligne sur la ligne directrice donnée par le roi.
    Pour résumer, disons que « l’affaire Haidar » arrive dans un contexte où l’espoir envers un assouplissement des relations au sujet des sahraouis est fermement contenu par le Maroc ; aujourd’hui les positions sont renforcées et durcies, ce qui permet d’expliquer le regain des tensions autour d’Aminatou Haidar.
    Selon vous quelles seraient les répercussions entre les relations Maroc/Sahara occidental en cas de décès de Mme Haidar ?
    La répercussion serait avant tout médiatique. Il y aurait sans doute un élan de protestation général, de la part de nombreux États, de toutes les organisations de défense des droits de l’homme, ainsi que de celles qui soutiennent le Front Polisario. À n’en pas douter, cela durcirait les positions de chacun et encouragerait les pays partisans du Sahara occidental d’affirmer leur position. Les pays européens, et notamment l’Espagne, pourraient être obligés d’établir une position claire vis-à-vis du Maroc. Bref, la médiatisation permettrait de révéler le conflit et les nombreux enjeux qui se trament, au niveau politique, économique, des droits de l’homme, etc. C’est sans doute de cet élan de visibilité que le Polisario tenterait de jouer, alors que sa cause, jusqu’alors oubliée, s’incarnerait dans des faits et des personnes. Cet élan international pourrait aussi donner l’occasion de faire connaître le conflit à tous, et même aux Algériens ou Marocains, que la propagande garde dans l’ignorance de nombreux enjeux liés au Sahara occidental.
    Est-ce que l’affaire Haidar risque d’accentuer le conflit entre le Maroc et l’Algérie ?
    Accentuer est un grand mot… Il faut rappeler qu’un mur de 2600 km de long a été construit par les Marocains entre les territoires occupés par le Maroc, le long de l’océan Atlantique, et ceux reconquis par le Polisario. Cela ajouté à l’établissement contesté des frontières, doublé par des bases militaires des deux côtés, montre en quoi les deux « frères ennemis » sont en « guerre froide » depuis déjà bien longtemps. En fait, l’Algérie soutient le Front Polisario et accueille ses réfugiés. Ainsi, le Sahara occidental indépendant offrirait de nombreux avantages à l’Algérie. Mais il faut avant tout considérer le problème du Sahara occidental comme un conflit de décolonisation, avec la question juridique d’un territoire abandonné par les Espagnols en 1975, plutôt que comme un conflit mineur, instrumentalisé par le Maroc ou l’Algérie. Ce serait désensibiliser les militants et tous les Sahraouis qui se battent, quotidiennement, pour faire valoir leurs droits… ou au moins essayer d’exister au regard du droit international. L’histoire entre le Sahara occidental et le Maroc a sa propre autonomie, et pour comprendre tout ce puzzle géopolitique, il faut la discerner des disputes algéro-marocaines. Et considérer avant tout la question de la décolonisation, la guerre active Polisario-Maroc, et le cessez-le-feu de 1991 après la construction des murs de défense marocains.
    Comment voyez vous le rôle des associations pro-saharouies (ex : issues de l’UE)
    Ce sont avant tout des associations de pression, de lobbying, qui se consacrent à faire connaître la cause sahraouie auprès des politiciens et auprès du grand public à travers quelques forums. Mais tant que le conflit reste peu médiatisé et écrasé par les efforts du Maroc (qui effectue diverses pressions, dès que quelque chose est organisé sur le sujet, même si c’est un colloque scientifique), ces efforts ont peu d’envergure et d’impact. C’est, me semble-t-il, la grande question du moment, prise en compte par les acteurs : tant que le conflit ne fait pas « la une » des préoccupations, personne ne s’en occupera, car chacun préfère jouer de l’indétermination actuelle qui arrange beaucoup les relations diplomatiques générales. En particulier les rapports entre le Maroc et l’UE, mais également Maroc/Algérie pour qui l’indécision est devenue un mode de communication. Même un début de famine dans les camps reste ignoré ; car comment attirer l’attention sur une famine de personnes dont on ignore l’existence, même au Maroc ou en Algérie ? Il me semble que la lassitude, la déception face à un processus de paix médiatisé par l’ONU complètement ensablé, et le désespoir pousse les sahraouis à mener des opérations de moins en moins diplomatiques.
    De plus, il ne faut pas oublier que plusieurs Sahraouis vivent sous la domination marocaine, dans les « territoires du Sud ». Si certains ont adopté la position marocaine, d’autres se voient opprimés (la liberté d’expression au Maroc est extrêmement réduite sur ce thème, qui plus est depuis cet automne). Ainsi, certains peuvent être amenés à vouloir extrémiser leur lutte, à travers des réseaux terroristes qui se mettent en place dans cette région de non-droit, ou l’exception permanente instaurée par le conflit glace autant la population locale qu’elle n’ouvre les portes aux prêcheurs de la révolte. En outre, malgré l’investissement financier et symbolique très fort du royaume alaouite dans le Sahara occidental (lequel est matérialisé par la façon dont les villes sont aménagées), il faut noter que même des Marocains installés dans le Sud sont souvent prêts à adhérer par des activités de protestation, lesquelles restent à nuancer, car elles sont loin d’être terroristes ! Espoirs déçus, lassitude et ennuis sont décidément des notions prépondérantes, des deux côtés du mur et pour toutes les populations. Quand un peuple entier est oublié, après 30 ans de lutte, ceux qui vivent dans cette ambiance de refoulement peuvent sans doute tenter de prendre le corps comme porte-parole de leur cause et s’enfoncer dans des logiques destructives qui amèneraient, enfin et hélas, le conflit au premier plan des préoccupations internationales.
    Mise à part l’Algérie, qui supporte le Front Polisario ?
    Le Front Polisario est aussi soutenu par de nombreux pays qui ont reconnu l’existence de la RASD qui a été proclamée en 1976. La liste des pays qui soutiennent cette république en exil, dont l’exercice a lieu pour l’heure dans les camps de réfugiés, varie selon les efforts diplomatiques de chacun. Mais la plupart des pays de l’ex-bloc soviétique, du mouvement des non-alignés, ainsi que beaucoup d’État d’Amérique latine, dont Cuba et le Venezuela, entretiennent des liens forts avec les Sahraouis. Ces derniers se font notamment au travers des échanges d’étudiants et différentes formes de financements. En fait, diverses associations de soutien s’activent à travers le monde, mais elles sont restreintes et leur portée est assez nuancée. Elles influent sur les déclarations de prises de position prises par les partis contestataires (majoritairement de gauche), mais leur lobbying est surtout écouté grâce à certains acteurs engagées, en particulier en Espagne où la population connaît le sujet à travers son l’histoire. Assez tristement, on peu dire que plus que des acteurs politiques, ce sont des personnages médiatiques qui permettent de faire connaître le conflit et bouger les engagements : les acteurs Angelina Jolie ou Xavier Bardem, ainsi que le chanteur Manu Chao, mobilisés à travers ces diverses associations, ont un impact bien plus fort sur l’opinion générale que les efforts politiques menés par l’ONU depuis des années.
    Vous avez souvent visité des camps de réfugiés sahraouis, pourriez-vous raconter vos expériences ? Comment-ce conflit est-il vu concrètement par la population ?
    Les camps ont été installés dès 1975, au début de la révolte sahraouie qui s’est d’abord concentrée sur le colonisateur espagnol avant de se focaliser sur le Maroc. Il y a cinq, plus un camp où sont réunis les organisations humanitaires et les bâtiments de la RASD, situés non loin de Tindouf, au Sud-Ouest de l’Algérie, dans une zone extrêmement aride. Le Front Polisario y a donc instauré une République en exil, et en a pris en main toute l’organisation. D’ailleurs, il est passionnant de voir comment on a fait nation à travers les camps de réfugiés, l’exil donnant l’opportunité à la population de prendre conscience d’elle-même, de faire peuple. Bref, mon expérience est une longue histoire, mais je tiens à témoigner de l’organisation assez poussée des camps, grâce à cet effort quasi étatique du Front Polisario, qui les administre à partir d’idéaux démocratiques tiers-mondistes qui ont marqué sa création. Je n’ai d’ailleurs eu aucun problème à faire ce que je voulais sur le terrain, tout en gardant une attitude d’anthropologue : je vivais avec les réfugiés, j’ai appris la langue, et je ne faisais pas de vagues.
    Toutefois, dans des camps de réfugiés, la cause politique importe plus que la cause humaine. Les Sahraouis sont dépendants de l’aide, et les camps en eux-mêmes sont devenus des images de légitimation de leur cause. Les conditions de vie sont très difficiles, à cause du climat et de divers problèmes de gestion, sur tous les niveaux : il arrive ainsi que l’eau, apportée d’Algérie par camions-citerne, soit en retard ! Il y a de gros problèmes de coordination et d’entente sur les responsabilités entre les ONG et le Front Polisario.
    De manière générale, il est évident que la population des camps se lasse. D’une part, il y a la génération qui est arrivée dans les camps, militante, qui a soutenu le Front Polisario. Cette dernière est fatiguée d’avoir mis tant de chose en œuvre pour un impact qui se résout à vivre toujours dans les camps -même si de mieux en mieux. De l’autre, il y a la seconde génération, née en exil, dans l’incertitude du présent infini des camps et nostalgique d’un pays qu’elle ne connaît pas. Cette génération est donc moins portée par des idéaux, car elle n’a pas lutté pour les construire. C’est cette génération qui peut perturber les camps aujourd’hui en se révoltant de manière plus extrême face au Maroc, ou en partant vivre à l’extérieur (Algérie, Espagne) afin de vivre « mieux », en attendant une résolution au problème des camps. Enfin, il ne faut pas oublier tous les Sahraouis qui vivent sous la domination marocaine ou en Mauritanie, et qui pour certains vivent mal cette attente envers une résolution du conflit, souvent perçu comme un conflit familial et identitaire.
    Comment le rôle de la MINURSO a évolué au cours des dernières années ?
    La MINURSO a pour mission d’établir le référendum d’autodétermination, mais à cause de diverses manœuvres, c’est un échec. Le plus dur est de déterminer la liste des personnes qui peuvent voter ! Cela donne lieu à de nombreuses manipulations. Dans les faits, elle a surtout un rôle de surveillance, pour voir si le cessez-le-feu de 1991 est respecté. Elle s’est aussi consacrée à la libération des détenus, même si c’est un échec. En fait, tous les Marocains prisonniers du Front Polisario ont été relâchés, mais il demeure de nombreux prisonniers sahraouis en territoire marocain. Finalement, cette mission de surveillance permet surtout d’observer des réseaux de contrebande ou de retrouver des migrants abandonnés au milieu du désert. Enfin, la MINURSO a comme activité importante le déminage de la zone, remplie de mines antipersonnel et de résidus d’obus, tout en doublant parfois le UNHCR en lui apportant une aide logistique pour certaines opérations (par exemple, lors de retrouvailles de familles séparées par le mur, en 2007).
    Quelle est la pertinence de cette mission de paix traditionnelle ?
    Hélas, si cela fonctionnait, il y aurait une vraie pertinence à la MINURSO. Mais en raison de l’enlisement du conflit et de la mauvaise volonté de tous à sa résolution, cette mission incarne avant tout un échec diplomatique majeur. C’est une mission passive, qui piétine, et se consacre à d’autres choses que son but principal, par défaut de moyens d’imposition de le mettre en œuvre. La plupart des militaires que j’ai pu rencontrer voient leur présence au Sahara occidental comme une longue période d’ennui, d’échec et d’inaction ! Ainsi, auprès des réfugiés et de nombreux observateurs, la réputation du personnel de la MINURSO est plus celle d’avoir volé ou abîmé des pétroglyphes que celle d’entretenir une bonne entente avec les divers acteurs sur place.
    Est-ce que la coordination civile et militaire est difficile au Sahara occidental ?
    Ce sujet est délicat. Il faut bien imaginer que, dans l’espace, la présence de la MINURSO interagit peu avec le Front Polisario. Ce dernier est installé dans les camps, alors que les militaires sont plus proches du mur. L’interaction est donc mesurée à des gestes organisationnels, nuancés par le manque de connaissance et de compréhension du fonctionnement local par le personnel de l’ONU. Dans cette histoire, il en va aussi du mode diplomatique propre aux Sahraouis, des réputations personnelles, des relents tribaux, etc. Il est sans doute de même du côté marocain. Chacun essaie aussi d’influencer l’ONU, et la MINURSO est souvent perçue comme un outil à manipuler pour atteindre un but politique. Méconnaissance, mésentente personnelle, différence de perception des problèmes : ainsi malgré quelques bonnes volonté, l’impasse demeure et l’impatience augmente.
    De plus, à chaque vote de renouvellement de la mission, il est question d’étendre le mandat de la MINURSO à la surveillance du respect des droits de l’homme, des deux côtés du mur : dans les camps comme dans les territoires administrés par le Maroc. Cette revendication est soutenue par le Front Polisario et ses alliés, mais bloquée à chaque fois par le Maroc, appuyée par la France, pour qui les droits de l’homme ne se règlent qu’à Genève au Conseil des Droits de l’homme de l’ONU.
    L’ONU supervise depuis juin 2007 des pourparlers de paix près de New York, le cycle de Manhasset. Pourriez-vous décrire les causes de l’impasse, lors de la dernière rencontre officielle (Manasset IV, datant de mars 2008) ?
    Il faut voir ces pourparlers comme une avancée, dans le sens où ils ont permis, pour la première fois depuis les accords d’Huston de 1997, de réunir les deux interlocuteurs autour d’une table. Cela peut paraître quelconque, mais dans un conflit ou personne ne se nomme et où l’ennemi n’est identifié que par défaut ou assimilation, c’est une avancée ! Cela a aussi permis à chacun d’établir ses positions de manière claire : d’une part, l’exigence d’une referendum à trois options pour le Front Polisario, de l’autre une autonomie interne du territoire pour le Maroc. Après tant d’efforts, chaque partie a décidé d’arrêter là les concessions et de rester sur ses positions indiscutables. Toutefois, cette reprise du dialogue a donné lieu à des efforts de réflexion de la communauté internationale, ainsi qu’à des rencontres informelles comme à Vienne, en août 2009. Le tout est brouillé par diverses déclarations des représentants de l’ONU qui donnent leurs avis personnels et soulèvent indignation et tension récurrentes. Alors que l’on pensait que les négociations allaient reprendre, les discours offensifs marocains et l’histoire d’Aminatou Haidar marquent un nouveau temps d’arrêt aux espoirs soulevés.
    ROP (Réseau Francophone de Recherche sur les Opérations de Paix)
  • Le président de la République interpelle l’ONU pour a libération du prisonnier politique, Abbas Sbai

    Bir Lahlou, 19/06/2010 (SPS) Le président de la République, secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a appelé samedi, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, à intervenir pour la libération du prisonnier politique, M. Abbas Sbai, en grève de la faim pour protester contre sa détention par la police marocaine. « Face à la détérioration continue de son état de santé en raison de la grève qu’il mène pour protester contre sa détention arbitraire, nous demandons l’intervention immédiate du secrétaire général des Nations Unies auprès du Gouvernement marocain, afin qu’il libère immédiatement et inconditionnellement le Dr . Sibai Abbas Cheikh Mohamed », a écrit le président, Mohamed Abdelaziz dans une lettre au SG de l’ONU, Ban Ki-moon. « Les autorités marocaines ont harcelé et arrêté M. Abbas Sibai, à plusieurs reprises dont la dernière arrestation est celle du 11 juin à Casablanca, en raison de ses positions en faveur de la question du Sahara occidental et son attachement à l’application des résolutions des Nations Unies, notamment le respect du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », a ajouté le texte.
    « La défense des principes fondamentaux de la légitimité internationale ne peut pas se transformer en une accusation et ne devrait pas permettre au Gouvernement marocain de procéder à la confiscation des libertés fondamentales des personnes, pour avoir exprimé des idées contre la politique d’expansion du Maroc », a souligné le président de la République.
    M. Abbas a arrêté dans « des circonstances mystérieuses », le 11 juin 2010 par les autorités marocaines transféré le lendemain par la gendarmerie marocaine à la prison locale de la ville de Ouarzazate (Maroc), rappelle-t-on. M. Abbas spécialisé en chirurgie est connu pour sa défense des droits de l’homme au Sahara occidental, et ses appels au respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. (SPS)

  • Le secrétaire général de l’Elysée à Alger pour une visite en toute discrétion

    Comme nous l’annoncions dès le 7 juin (lire), Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, a effectué dimanche 20 juin une visite de quelques heures à Alger. M. Guéant était accompagné de Jean-David Levitte, le Conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Contactée par TSA, une source diplomatique française à Alger a confirmé ce déplacement sans fournir d’indication sur le programme de la visite.
    Claude Guéant devait notamment rencontrer le premier ministre Ahmed Ouyahia. Un entretien avec le président Abdelaziz Bouteflika a été sollicité. Mais jusqu’à samedi soir, la présidence algérienne n’avait toujours pas répondu à la demande française.
    Le 21 février dernier, Claude Guéant avait effectué un premier déplacement en Algérie où il avait été reçu par le premier ministre Ahmed Ouyahia. Les Algériens avaient formulé plusieurs demandes pour améliorer les relations bilatérales. Le secrétaire général de l’Elysée avait promis d’apporter des réponses aux demandes des Algériens qui concernent plusieurs dossiers : le cas du diplomate Hasseni, la liste noire des pays à risque terroriste, l’immigration, la libre circulation des personnes, les investissements, le Sahara occidental…
    Lors de son premier déplacement à Alger le 21 février dernier, Claude Guéant n’avait pas été reçu par le chef de l’Etat. A cette époque, les relations algéro-françaises étaient extrêmement tendues. Ce qui n’est plus tout à fait le cas actuellement. Le président Bouteflika a participé en effet le 31 mai et le 1er juin dernier  au sommet Afrique-France de Nice où il a été chaleureusement accueilli par son homologue français Nicolas Sarkozy. Les deux chefs d’Etat n’ont pas eu de tête à tête mais cette rencontre internationale a permis de décrisper les choses.
    M. Sarkozy avait estimé le 1er juin qu’il faudrait du temps pour que les relations franco-algériennes s’apaisent, tout en se réjouissant de la présence de son homologue Abdelaziz Bouteflika. « Est-ce qu’il suffit que le président Bouteflika participe au sommet Afrique-France pour que, d’un coup, tout s’éclaire dans la relation entre la France et l’Algérie ? Je crains de ne pas avoir exactement le même optimisme. Il faudra encore du temps », avait-il déclaré.
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