Catégorie : Monde

  • Les millions de DSK et le Brexit…

    « Ce que je vois aujourd’hui me désespère un peu, moi qui ai consacré beaucoup de ma vie à ce travail. Je crains que l’Europe aujourd’hui ne soit en train de passer en seconde division. » (Dominique Strauss-Kahn, JDD le 12 octobre 2019).

    Le procès de François Fillon, prévu le 24 février 2020 et reporté ce mercredi 26 février 2020 pour cause de grève des avocats, fait penser à un autre candidat à l’élection présidentielle, soi-disant favori lui aussi, qui a été empêché de se présenter. C’était le 14 mai 2011 : Dominique Strauss-Kahn, homme le plus populaire de France, imposant Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), devait gagner l’Élysée l’année suivante sur un plateau d’argent (comme Édouard Balladur en 1995 et Alain Juppé en 2017). Il était tellement sûr de lui que cela ne le gênait pas d’être vu à Paris en compagnie de son épouse au volant de la Porsche Panamera d’un ami (son conseiller en communication), alors qu’on reprochait déjà à Nicolas Sarkozy de fréquenter un peu trop les « riches ». DSK, lui, fréquentait surtout les chefs d’État et les patrons de grandes multinationales et allait déclarer sa candidature présidentielle le 28 juin 2011 (selon une indiscrétion de BFM-TV).

    L’affaire du Sofitel (qui fit le bonheur de François Hollande) a définitivement discrédité Dominique Strauss-Kahn et même si aujourd’hui, il en est ressorti sans condamnation (comme après d’autres affaires dont celle, sordide, du Carlton de Lille), sa capacité à rebondir dans la vie politique française est complètement nulle. Qu’importe, puisque DSK a choisi une autre vie.

    Il est devenu un homme d’affaires et un financier. Certes, il a parfois mal choisi ses associés, son alliance avec l’un d’eux a terminé par le suicide d’un escroc qui a volatilisé 100 millions d’euros de plus de 150 créanciers, dont 1 million de la propre poche de l’ancien ministre. Cependant, ses relations internationales lui ont permis de proposer ses services dans différents pays, notamment en Chine, en Serbie, en Russie, au Soudan du Sud, au Togo, à la République du Congo, etc.

    L’hebdomadaire « L’Obs » a sorti ce mardi 25 février 2020 une enquête sur ce qu’est devenu Dominique Strauss-Kahn et il en a déduit qu’il était actuellement millionnaire. En effet, dans ses recherches, celui qui habite désormais à quelques kilomètres de Marrakech, serait « heureux », « libre » et « riche ». Il n’aurait jamais été aussi riche. Les journalistes du magazine ont ainsi pu vérifier dans les registres du commerce de Casablanca que l’entreprise de Dominique Strass-Kahn, l’unique actionnaire, affichait un bénéfice cumulé de plus de 20 millions d’euros entre 2013 et 2018 et que lui-même avait une rémunération d’un patron du CAC40, à savoir plus e 5 millions d‘euros annuels.

    Faut-il le fustiger pour cela ? J’imagine qu’en France, on serait tellement jaloux qu’on voudrait le mettre au pilori pour cause de trop grande réussite pécuniaire. Pourtant, qu’un éminent spécialiste de l’économie internationale, dont les compétences n’ont jamais été réfutées par personne (ce qui fait que son affaire de mœurs est un grand gâchis pour le personnage mais aussi pour beaucoup d’institutions), puisse gagner très largement sa vie en créant et dirigeant une entreprise est plutôt rassurant. En effet, les économistes sont souvent des « praticiens non pratiquants » de l’économie et en plus, ils se trompent souvent. Là, au moins, il est capable de faire gagner une entreprise, et cela malgré quelques choix hasardeux (comme un mauvais associé, déjà écrit plus haut).

    En revanche, même s’il est très discret sur le plan politique, Dominique Strauss-Kahn, le symbole de la mondialisation et un chaud partisan de la construction européenne, considérant que l’Union Européenne a pour but d’être un interlocuteur économique fort dans la planète qui s’organise, a laissé entendre qu’il était heureux du Brexit. Au point que le Huffingtonpost a titré le 13 octobre 2019 : « Dominique Strauss-Kahn se définit comme un « brexiter » ». Serait-il bojolien ?

    Dans une interview accordée au « Journal du dimanche » le 12 octobre 2019, DSK a effectivement précisé sa pensée sur le Royaume-Uni : « C’est très bien que les Anglais fassent leur chemin de leur côté (…). Une bonne partie de la difficulté de construction de l’Europe depuis quarante ans est liée à la présence de nos amis britanniques, qui n’ont jamais voulu jouer le jeu. ». Au moins, c’est dit avec grande franchise, mais ce n’est pas sûr que ce discours débridé aurait été le même s’il était resté dans la vie politique.

    Mais peut-on encore entendre DSK ? Certainement pas. Il est inaudible. Sa parole est définitivement dévaluée et la seule chose qui peut lui rester, c’est de rester discret et de se fondre dans l’anonymat national, même si je ne doute pas que la raison des bénéfices et des millions qu’il accumule aujourd’hui est liée à sa notoriété dans le domaine de l’expertise économique (dont il est, rappelons-le quand même, un docteur et un agrégé).

    Quant à s’investir personnellement dans le monde des affaires après la fin de leurs illusions élyséennes, Dominique Strauss-Kahn n’est pas le seul puisque Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et François Fillon, parmi d’autres, l’ont imité…

    Sylvain Rakotoarison (25 février 2020)

    Tags : Maroc, DSK, Nicolas Sarkozzy,

  • « La Turquie n’empêchera plus les migrations vers l’Europe »

    Les ambassadeurs de l’Otan vont se réunir à la demande d’Ankara, suite à la mort d’une trentaine de soldats turcs tués par des frappes syriennes. La Turquie menace de ne plus retenir le flux de migrants syriens vers l’Ouest.

    34 militaires turcs sont décédés sous des frappes aériennes des forces gouvernementales syriennes jeudi, dans la province d’Idlib. Ankara a rapidement riposté en bombardant des positions de Damas, faisant craindre une escalade et un nouveau désastre humanitaire.

    L’offensive des forces syriennes, avec l’appui de l’aviation russe, pour reprendre la province d’Idlib aux rebelles soutenus par la Turquie a déjà fait près d’un million de déplacés depuis décembre dernier, dont beaucoup cherchent à passer en Turquie. Il s’agit de la pire crise humanitaire depuis le début du conflit en 2011.

    La Turquie menace

    Le directeur des communications de la Turquie a déclaré que suite à cette attaque, toutes les cibles gouvernementales syriennes « connues » sont désormais sous le feu de l’aviation turque soutenue par des unités au sol.

    Tous les réfugiés, dont les Syriens, sont désormais invités à pénétrer dans l’Union européenne. (Haut responsable turc sous couvert d’anonymat)

    Un haut représentant turc a aussi affirmé qu’Ankara allait cesser d’empêcher les réfugiés syriens de rejoindre l’Europe; police, gardes-côtes et personnel de sécurité aux frontières auraient reçu l’ordre de se retirer des passages terrestres et maritimes utilisés par les migrants. Ce qui reviendrait à rompre l’engagement pris en 2016 en vertu duquel l’Union a fourni plusieurs milliards d’euros d’aide à la Turquie pour que celle-ci endigue l’afflux de migrants vers l’Europe. Cela changera-t-il l’attitude des puissances occidentales face au conflit?

    Source: lecho.be, 28 fév 2020

    Tags : Turquie, migration, Europe, Union Européenne, Syriem Idleb,

  • Selon l’OMS, le monde « n’est pas prêt à faire face » au coronavirus

    L’expansion du nouveau coronavirus à travers la monde inquiète la communauté internationale. En Chine, où les contaminations diminuent, le virus a tué plus de 2700 personnes, selon les autorités chinoises.

    Mais la maladie continue de se propager dans le monde. Selon l’OMS, la menace d’une pandémie est réelle. L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme. L’OMS appelle à une grande solidarité internationale alors que le nouveau coronavirus ne cesse de s’étendre à travers le monde, qui, selon un expert de l’OMS, « n’est tout simplement pas prêt à y faire face ».

    L’épidémie apparue en décembre dans le centre de la Chine a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 78 000 personnes dont plus de 2 700 sont mortes, ont indiqué mercredi 26 février les autorités chinoises.

    La maladie touche de plus en plus de pays et concerne désormais, Chine mise à part, plus d’une trentaine d’États, où elle a fait plus de 40 morts et 2 500 contaminations.

    Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », a-t-il ajouté, saluant en revanche le travail d’endiguement de la maladie réalisé par Pékin.

    Les autorités sanitaires américaines ont d’ailleurs dit mardi s’attendre à une propagation de l’épidémie aux États-Unis, encourageant les écoles, les entreprises et les gouvernements locaux à envisager des mesures de précaution comme l’annulation d’événements publics. L’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie.

    Italie, principal foyer en Europe

    Les autorités américaines craignent également que l’épidémie ne menace la chaîne d’approvisionnement en médicaments des États-Unis, car une grande partie des ingrédients utilisés dans la confection des médicaments est fabriquée en Chine, d’où le virus est parti.

    En Europe, l’Italie est le pays le plus touché par ce virus avec plus de 300 personnes contaminées. Dix personnes y ont succombé, toutes des personnes âgées et atteintes précédemment de pathologies graves. Plusieurs médias ont annoncé une onzième victime, une femme de 76 ans en Vénétie. Trois nouvelles régions italiennes, la Toscane (centre), la Sicile (sud) et la Ligurie (nord-ouest) ont recensé des contaminations, a annoncé mardi la Protection civile.

    Tous les pays voisins de l’Italie « se sont engagés à garder ouvertes leurs frontières car les fermer serait une erreur et disproportionnée », lors d’une réunion ministérielle à Rome entre Italie, France, Suisse, Autriche, Croatie, à laquelle étaient également présentes l’Allemagne et l’Union européenne. Ils ont aussi décidé d’ »évaluer au cas par cas » l’éventuelle annulation d’événements majeurs, selon un communiqué commun.

    Hôtel en quarantaine

    L’Autriche a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la région du Tyrol, frontalière de l’Italie. Un hôtel de la ville touristique d’Innsbruck, capitale de cette région du cœur des Alpes, a été mis en quarantaine. Une réceptionniste italienne contaminée par le virus y travaillait. La Suisse a également annoncé un premier cas dans une région proche de l’Italie, tandis qu’en Croatie, un jeune homme revenu récemment d’Italie a été contaminé, premier cas connu dans les Balkans.

    Deux nouveaux cas ont été confirmés en France, dont l’un rentrait d’Italie, selon le ministère français de la Santé, précisant que leur état de santé n’inspirait aucune inquiétude. Quatorze cas ont au total été détectés en France, un est mort et onze sont considérés comme guéris.

    Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l’île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être porteur du coronavirus.

    Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait averti lundi que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale. L’agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

    La Chine, berceau du virus, est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, a déclaré le président Xi Jinping. Sur le continent africain justement, après l’Égypte, une deuxième infection a été officiellement enregistrée en Algérie, sur un Italien arrivé dans ce pays le 17 février.

    L’Iran touché au sommet de l’État

    En Iran, la mission d’une une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été testé positif au coronavirus.

    Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité ». Les Émirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l’Iran, une décision qui concerne au premier chef l’aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers.

    Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d’Iran. En Corée du Sud, la situation est « très grave », s’est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d’un millier de cas. Le pays, qui a enregistré 11 morts selon le bilan annoncé mercredi matin, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois. Le bilan d’infections en Corée du Sud s’élève à 1 146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas mercredi matin.

    Les cas de contamination au plus bas

    En Chine, cependant les contaminations diminuent. Mercredi matin, le pays a enregistré 52 nouveaux décès en 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines (ils y en avait eu 71 la veille), outre 406 nouvelles contaminations. D’après l’OMS, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de la ville de Wuhan (11 millions d’habitants), berceau de l’épidémie. En dehors de cette région, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait légèrement.

    Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d’un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l’épidémie n’aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l’Éducation.

    Le Japon voisin a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées.

    France24 avec AFP

    Tags : OMS, coronavirus, Chine, Italie, France, Allemagne,

  • LE VIRUS ET LE VIDE AFRICAIN

    par Abdou BENABBOU

    Le mot est lancé : pandémie ! Malgré les timides déclarations rassurantes de l’Organisation mondiale de la santé, la lame du coronavirus continue d’avancer à travers le globe emportant des milliers de morts. La comptabilité morbide s’amplifie et ne semble pas près de s’arrêter. Le phénomène non encore éclairci n’offre plus à la majorité des Etats que le palliatif des recommandations et les oblige à ériger une variété de remparts dans une apparente similitude avec les démêlés des temps très anciens quand la peste ou la grippe espagnole avaient sévi.

    Tous les continents sont touchés par ce curieux tsunami d’un nouveau genre auquel personne ne s’attendait et curieusement seule l’Afrique semble épargnée par cette vague maléfique. Le seul et unique cas de contamination annoncé est égyptien. On a du mal à confirmer que le continent africain a bénéficié de la grâce des dieux pour être épargné et comprendre comment une des plus vastes régions du monde, sans doute la plus faible et la plus vulnérable, a pu être mise à l’abri d’une catastrophe planétaire.

    De rares semblants d’hôpitaux, un désert de médecins et d’infirmiers et des moyens de surveillance et de contrôle de la circulation des personnes dérisoires prédisposaient un continent très en retard à la déferlante biologique actuelle. L’absence flagrante de structures sanitaires, le vide total de praticiens médicaux renvoyaient en toute logique à penser que les Africains seraient les premiers à être touchés.

    S’il faut s’en féliciter bien que le virus n’a pas encore dit son dernier mot, il est permis aussi de tenir compte de deux paramètres importants. D’abord faute de moyens conséquents et à cause des ravages de la misère, la culture africaine privilégie l’arme de la fatalité. Elle étouffe et ralentit ensuite la communication permettant aux dirigeants l’art du mensonge et de la dissimulation pour éviter la panique au sein de leurs populations déjà grandement perturbées.

    Le seul gain de la parade providentielle est celui d’avoir pour le moment soustrait aux différentes extrêmes droites du grain à moudre pour amplifier leur haine de l’étranger et particulièrement celle de l’Africain.

    Le Quotidien d’Oran, 26 fév 2020

    Tags : Virus, coronavirus, Afrique, épidémie, pandémie,

  • L’avenir du Congo est insulté

    Le Congo cessera-t-il un jour de nous indigner ? A satiété, les meilleurs auteurs ont dénoncé les abus de la colonisation, le portage, le travail forcé…

    Les crimes politiques et les violences qui ont accompagné une indépendance mal préparée ont été longuement analysés, y compris au sein d’une commission d’enquête parlementaire.

    La dictature de Mobutu, sur laquelle l’Occident a fermé les yeux durant trois décennies a fini par disparaître dans l’opprobre général. Les guerres qui ont suivi, dévastant l’Est du pays, n’ont pas encore livré tous leurs secrets : guerres menées par les voisins, conflits ethniques, captation des ressources comme le coltan.

    Les crimes commis dans les deux Kivu n’ont même pas encore été jugés et à Beni, les morts se comptent toujours par dizaines. Malgré les carences de la justice et l’impuissance de la communauté internationale, on croyait tout savoir des souffrances du Congo, souvent incarnées par le viol des femmes et le recrutement des enfants soldats. Eh bien non. Force est de constater, la rage au cœur, qu’on ne savait pas encore tout.

    La confirmation du scandale nous frappe au visage comme un coup de poing : l’avenir lui aussi est insulté, hypothéqué. L’exploitation minière qui devrait permettre le développement des générations présentes se révèle une bombe à retardement pour les générations futures.

    Au Katanga, où les mines devraient servir à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, alimenter le budget de l’Etat et permettre le décollage, elles font la fortune des grandes sociétés et se révèlent un fardeau pour l’avenir.

    Le Congo certes, a toujours possédé les ressources dont le monde avait besoin, qu’il s’agisse du cuivre, de l’uranium, du coltan et aujourd’hui du cobalt et du lithium. Mais non seulement ces pactoles successifs n’ont jamais bénéficié aux populations congolaises, aujourd’hui c’est l’avenir lui-même qu’elles hypothèquent. Car ces minerais qui devraient nous assurer une énergie propre et nous libérer de notre dépendance au pétrole, se révéleront peut-être un poison pour les Congolais eux-mêmes, soumis aux radiations, victimes de la contamination de leurs sols, de la mort clinique de leurs rivières, sans parler des menaces qui pèsent sur la forêt tropicale, réservoir de biodiversité !

    Si l’avenir est ainsi hypothéqué, ce n’est cependant pas à cause des ressources naturelles elles mêmes, qui auraient pu être une source de richesse partagée.

    Le véritable ennemi du Congo, qui risque de le détruire, c’est une fois de plus, l’avidité d’un monde obnubilé par le profit immédiat et dominé par les « majors » qu’elles soient occidentales et aujourd’hui chinoises. C’est aussi la complicité des élites nationales, au plus haut niveau du pouvoir, allègres partenaires du pillage ou vilipendées dès lors qu’elles veulent modifier les termes de l’échange.

    Tags : Congo, RDC, République Démocratique du Congo, mines, coltan, cobalt, multinationales, prédation,

  • Le carnage de Hanau : la folie facho

    Marco Bascetta

    Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

    Les fantômes de la haine. Il s’agit d’une « haine » construite, fortement orientée et politiquement active qui tourne essentiellement autour du discours raciste dans ses différentes gradations. Des idées les plus délirantes sur la pureté raciale au pragmatisme apparent des politiques migratoires restrictives

    Cette fois-ci, ça ne s’est pas passé au fin fond de l’Est, plongé dans les difficultés et les frustrations qui affligent encore les Länder de l’ancienne République démocratique allemande trente ans après la réunification, mais dans la Hesse riche et illuminée à une vingtaine de kilomètres des tours financières de Francfort, le cœur de l’Union européenne. Le kamikaze de Hanau semble avoir été un employé de banque de 43 ans, au casier judiciaire vierge, inconnu de la police, détenteur légal d’ armes à feu et couleur gris muraille. Bref, un « homme quelconque* ».

    À propos du massacre qui a valu à l’homme les feux de la rampe médiatiques, le dirigeant d’Alternative für Deutschland, Jörg Meuthen, s’est empressé de souligner qu’il ne s’agissait pas d’un geste de droite ou de gauche, mais d’une pure et simple explosion de folie. Il ne fait aucun doute que les écrits laissés par Tobias Rahtjen, le terroriste, présentent divers aspects que nous serions enclins à considérer comme psychopathologiques et qui, cependant, dans les cercles d’extrême droite (pas seulement germaniques) convergent dans une sorte de sens commun, de mythologie partagée.

    L’idée de pouvoirs occultes et « apatrides » qui régissent les destinées du monde, lisent dans les pensées, surveillent et régissent la vie de tout le monde est, à des degrés d’intensité divers, une obsession assez répandue. En fin de compte, la doctrine du « grand remplacement concocté par une obscure élite cosmopolite, dont la race blanche et la tradition culturelle européenne seraient victimes, même dans sa paranoïa évidente, est proclamée sous diverses formes par les forces politiques représentées dans les institutions et même par les représentants de gouvernements européens.

    En Allemagne, donc, un mouvement récent, loin d’être marginal comme Pegida (Patriotes contre l’islamisation de l’Occident), proche de l’aile la plus extrême de l’AfD, en a fait le noyau de sa propagande et de sa mobilisation politique.

    Il ne s’agit pas seulement le « langage de la haine » généralement exécré, mais de récits beaucoup plus articulés qui combinent des falsifications historiques, des doctrines et des constructions idéologiques avec le ressentiment social et son imaginaire malade et victimiste. Il s’agit en somme d’une « haine » construite, fortement orientée et politiquement active, qui tourne essentiellement autour du discours raciste dans ses différentes gradations. Des idées les plus délirantes sur la pureté raciale au pragmatisme apparent des politiques migratoires restrictives.

    Le néonazisme en Allemagne est sans aucun doute un phénomène politique, et pourtant on ne peut pas ne pas reconnaître une composante psychopathologique, congénitale, répandue, mais loin d’être générique. Le « fou » de Hanau, le « loup solitaire », l’inconnu d’à côté a donc évolué dans un contexte précis, fait non seulement de suggestions racistes et de constructions théoriques xénophobes, mais désormais marqué par une longue liste de faits. De l’assassinat du responsable démocrate-chrétien de Hesse Walter Lübcke par un extrémiste de droite, à l’attaque de la synagogue de Halle en octobre dernier, en passant par l’arrestation récente de membres d’un réseau néonazi voué à l’organisation d’actions terroristes.

    Cela fait un bon moment que, les attentats et les incendies criminels contre les demandeurs d’asile, la communauté juive et les étrangers en général se multiplient dans la Bundesrepublik. En bref, l’Allemagne a un sérieux problème, longtemps sous-estimé, d’insurrection néonazie non sans infiltrations dans les forces de l’ordre et dans l’armée. Sans compter qu’aujourd’hui, une force politique d’extrême droite et de plus en plus puissante comme l’AfD trouve une partie de son bassin électoral dans ce sous-bois et dans la zone grise qui l’entoure. Dans un climat à bien des égards favorables, les « loups solitaires » risquent cependant de devenir une meute, tout restant imprévisibles et incontrôlables.

    Comme d’habitude, la réaction d’alarme des forces politiques et de l’opinion publique a été unanime, immédiate et décidée. Cependant, comme le montre la récente crise politique en Thuringe, le barrage contre la droite radicale n’est pas sans fissures. Et il n’est pas rare que, même du monde de l’establishment, arrivent des messages à teneur nationaliste prêts à être recueillis en termes xénophobes, voire élégamment racistes. Sans parler de la prétention désormais répandue de clore définitivement les comptes avec le passé et les responsabilités qui en découlent. Que certains interprètent comme le droit de se proclamer à nouveau nazis.

    NdT

    *Référence à un mouvement né après la 2ème Guerre mondiale, le Fronte dell’Uomo Qualunque (Front de l’homme quelconque), prônant le rejet de la politique institutionnelle et des politiciens professionnels. A donné naissance au terme péjoratif qualunquismo, utilisé pour désigner divers avatars du populisme de droite, comme le Mouvement 5 Étoiles.

    Source : Tlaxcala

    Tags : Allemagne, Hanau, racisme, xénophobie,

  • Cameroun : Paul Biya « surpris » par les propos de Macron

    – La présidence camerounaise rejette les « pressions » annoncées par le président français.

    Lassaad Ben Ahmed | 25.02.2020

    AA / Yaoundé / Peter Kum

    La présidence camerounaise a rejeté, par voie de communiqué, lundi soir, ce qu’elle a qualifié d’« allégations mensongères » d’un activiste camerounais et des « propos surprenants » de Macron.

    La présidence camerounaise s’exprimait en réaction à une polémique qui ébranle les réseaux sociaux au Cameroun et à l’étranger, au sujet des « pressions » annoncées par le président français, Emmanuel Macron, qui répondait à une interpellation d’un activiste camerounais lors de l’ouverture du salon de l’agriculture, samedi dernier à Paris.

    « La présidence de la République du Cameroun rejette formellement tant les allégations mensongères dudit activiste que les propos surprenants du président de la République française », a souligné un communiqué de la présidence camerounaise.

    « Le président de la République du Cameroun est comptable devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fusse-t-il d’un pays ami », poursuit Biya.

    Le président Biya a souligné qu’il est « pleinement engagé dans l’accomplissement de la lourde et exaltante mission que Dieu le Tout-Puissant et le peuple souverain lui ont confiée et n’a pas besoin -pour ce faire- de pressions extérieures ».

    Le président camerounais a rappelé à son homologue français que les Camerounais dans leur « immense majorité » lui ont, à l’occasion de la dernière présidentielle, « renouvelé massivement leur confiance » pour les guider dans la lutte pour la paix, la sécurité, le développement, la consolidation de l’État de droit, de la démocratie et de l’unité nationale.

    La présidence camerounaise a réitéré son appel aux « pays qui abritent les promoteurs de la haine et de la violence au Cameroun d’agir contre ces criminels et leur demande de se garder de se laisser instrumentaliser par leur propagande mensongère» contre le régime en place.

    Biya a invité, par ailleurs, les Camerounais à garder leur calme, rappelant les liens historiques entre le Cameroun et la France.

    Samedi dernier, un activiste camerounais, Thiam Abdoulaye alias Calibri Calibro avait interpellé Emmanuel Macron sur un présumé « génocide » en cours au Cameroun dans les régions anglophones.

    Le chef de l’État français lui avait répondu qu’il allait s’entretenir au téléphone avec Biya durant cette semaine. Macron avait évoqué que la situation qui sévit en zones anglophones est « intolérable ».

    Le président français avait aussi promis un « maximum » de pression sur le président Biya pour que les violations des droits de l’homme cessent au Cameroun et surtout en zone anglophone.

    Le 14 février courant, un massacre de dizaines de civils a eu lieu à Ngarbuh, dans la région du Nord-ouest anglophone camerounais, suscitant de vives réactions aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun.

    L’armée camerounaise avait reconnu sa responsabilité, évoquant un « malheureux accident » faisant 5 morts, alors que la société civile camerounaise évoque un bilan d’au moins 32 morts, dont des femmes et des enfants.

    Une enquête a été engagée pour déterminer les faits et les responsabilités.

    Anadolou

    Tags : Cameroun, Cameroon, Paul Biya, France, Emmanuel Macron,

  • La france-à-fric toujours à l’oeuvre en Afrique

    Inquiet des événements qui se déroulent au Mali et, en particulier, les déboires militaires dans les pays dits francophones sous domination néocoloniale de la France, le président de la République française a effectué une tournée pour remettre de l’ordre dans son pré-carré.

    Tout d’abord au Mali où la France se comporte comme le maître du pays. En effet l’armée française régente pratiquement encore aujourd’hui tous les rouages du pays et bien sûr avec la bienveillance de la Minusma (ONU) et des autorités du pays qui se sont succédé depuis le coup d’État du 19 novembre 1968 contre Modibo Keïta. Depuis, la bourgeoisie malienne corrompue et parasitaire s’est entredéchirée pour la course au pouvoir. La dégradation politique du pays s’est accentuée dangereusement.

    Qui était Modibo Keita ? C’était un homme d’une droiture exemplaire, de la trempe des Kwame Krumah, Patrice Lumumba, Sékou Touré et bien d’autres dirigeants africains et de surcroît, il était un socialiste convaincu. Le pays venait de sortir de la colonisation française. Il n’y avait rien, c’était un pays exsangue, pas de cadres, etc. Malgré ce handicap, Il va tenté de doter son pays d’une économie indépendante. Création de nombreuses entreprises d’État qui vont toucher tout les secteurs économiques, création d’une banque de développement et d’investissement et, surtout, la maîtrise du commerce extérieur et de l’industrie minière. En un mot c’était une économie qui se voulait de type socialiste et surtout le premier pays africain à s’orienter vers le socialisme. Modibo Keïta a joué un rôle très important pour son pays et dans le mouvement émancipateur des masses populaires sur le continent, il obtient le départ des troupes françaises, soutient la révolution algérienne et reconnaît le GPRA (Gouvernement de la République Populaire Algérienne). Il se réclame du mouvement des non alignés.

    C’en n’était trop pour les puissances impérialistes et surtout pour l’ancienne puissance coloniale, la France. C’est un certain Moussa Traoré, un jeune lieutenant de l’armée malienne qui est le responsable du coup d’État et du renversement du président Modibo Keïta. Moussa Traoré qui a été formé dans les écoles militaires françaises, va instaurer une véritable dictature et bien sûr arrêter, torturer et faire disparaître tous ses opposants. Modibo Keïta est arrêté et embastillé dans une prison à Bamako où il meurt dans des circonstances plus que suspectes. Ses amis pensent qu’il a été assassiné.

    Depuis c’est la valse des coups d’État et des présidents qui se succèdent mais tous vont mener, sous la dictée du FMI et de la Banque mondiale, une politique libérale désastreuse pour le peuple malien. Pour se maintenir au pouvoir, la bourgeoisie malienne pactise avec l’étranger et en particulier sous la houlette de l’impérialisme français. Depuis des décennies, tous ces dirigeants, dont la plupart sont corrompus, ont mené une politique catastrophique pour le peuple malien. Les résultats sont significatifs, plus de la moitié du peuple malien est dans un état de pauvreté endémique. C’est le terrain fertile des terroristes et des groupes mafieux au Mali.

    Les problèmes actuels du Mali ne sont pas liés au terrorisme, c’est avant tout un problème de souveraineté. Le terrorisme, s’il n’existait pas il serait inventé. Les puissances impérialistes s’en servent partout comme prétexte pour justifier leurs néfastes interventions militaires dans le monde et le Mali n’échappe pas à leur voracité.

    La question qu’il faut poser : qui organise et qui arme ces groupes terroristes ? Les terroristes ne sont pas des fabricants d’armes, alors d’où viennent les financements pour se procurer des armes qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars. Ce sont des armements de dernière génération, des pick-ups flambants neufs avec mitrailleuses ou canons en batterie, des lances roquettes, des fuseés, etc que les medias occidentaux nous montrent à la télé. C’est de notoriété publique, leurs avoirs financiers de plusieurs milliards de dollars se trouvent dans les banques internationales et les dirigeants ferment les yeux sur la provenance de ces fonds. Donc à qui appartiennent ces banques ? C’est surprenant qu’avec leurs moyens d’espionnages gigantesques les dirigeants des puissances impérialistes ne sachent pas qui sont les vendeurs d’armes aux terroristes et où se cache leur magot. Sans commentaires.

    Tout a commencé à Kidal dans le sud du Mali, par la rébellion des Touarègues puis, le plus important, des groupes terroristes se revendiquant d’El Qaïda, venus de Libye avec armes et bagages, ont envahi le sud du Mali et occupé plusieurs villes. C’était l’occasion rêvée du retour de l’armée française au Mali et qui a pris le même chemin avec encore une fois la complicité de l’ONU avec les opérations Serval et ensuite Barkane pour combattre le « terrorisme » dans la région du sud du Mali.

    La présence de la France au Mali, qui est responsable de cette situation, n’a pas pour but d’aider le peuple malien, mais bien pour continuer le pillage du pays qui représente un pactole très important de plusieurs milliards de dollars pour son économie. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, c’est un pays qui possède un potentiel de richesse très important et les objectifs de la France sont clairs : accaparer ces richesses par tous les moyens. Leurs multinationales sont le cheval de Troie pour se maintenir dans le pays.

    VOICI LES DÉTAILS DES RICHESSES POTENTIELLES DU MALI QUE LORGNENT LES PUISSANCES IMPÉRIALISTES ET EN PARTICULIER LE NEOCOLONIANISME FRANÇAIS

    Actuellement la France détient tous les postes de commandements et de décisions du pays avec l’aval du gouvernement actuel du Mali :

    Qui est le chef d’état-major des forces de la Minusma, (ONU) ? Un brigadier général français.

    Qui est le chef du bureau de la Minusma à Kidal ? Un Français.

    Qui est le directeur général adjoint de la police de la Minusma ? Un Français.

    Qui est le conseiller principal de la sécurité de la Minusma ? Un français.

    Qui est le premier responsable de la Minusma au Mali, un Tchadien de nationalité française. Sans commentaires.

    Mais ce n’est pas tout, c’est un officier français qui est nommé par le président actuel du Mali, IBRAHIM BOUBACAR KEÏTA, conseiller à l’État-major général des forces armées maliennes et qui décide des opérations à mener contre les terroristes. Sans commentaires.

    Comme par hasard c’est souvent l’armée nationale du Mali qui se trouve en première ligne des combats, avec un armement inadapté et nettement insuffisant. À la fin, elle compte ses morts : plus de 300 militaires maliens ont perdu la vie.

    C’est une situation gravissime pour l’existence même du Mali qui est pratiquement sous domination coloniale de la France. La bourgeoisie malienne a livré le pays aux puissances impérialistes.
    C’est la honteuse position de l’ONU qui a été la complice des autorités françaises.

    L’ONU est devenue l’anti-chambre des puissances impérialistes.

    Mais de nombreuses manifestations ont eu lieu contre la présence française et demandant même son départ

    Le Mali est au bord du gouffre et le peuple malien n’a qu’un seul recours, la lutte acharnée contre cette bourgeoisie parasitaire inféodée aux puissances impérialistes, responsable du marasme dans lequel se trouve le Mali, la chasser du pouvoir et mettre à sa place un comité de salut public qui aura comme premier objectif :

    retrouver la souveraineté du pays en évacuant les troupes étrangères du pays et en particulier françaises et même la Minusma.

    Redonner à l’armée nationale malienne toute sa capacité nécessaire en armement moderne pour mener la lutte contre tout ceux qui foulent le territoire sans autorisation.

    En un mot : cette armée doit être capable de garantir la sécurité de son peuple et du pays tout entier, sans ingérence étrangère.

    Peut-être prendre l’exemple de l’Algérie qui a connu et combattu aussi ces bandes obscurantistes sans foi ni loi en mobilisant le peuple et en créant des groupes d’auto-défense dans les quartiers populaires, dans les entreprises et partout où c’est possible et de soutien en coordination avec l’armée nationale.

    Sur le plan économique retrouver une économie capable de satisfaire les besoins essentiels du peuple.

    Le président français a continué sa tournée des popotes en Côte d’Ivoire pour retrouver vraiment l’homme lige de la France à fric, Alassane Ouatara. C’est un dirigeant africain dangereux pour tous les peuples des pays de la CDEAO où le franc CFA règne en maître. Il faut rappeler comment il a pris le pouvoir en Côte d’Ivoire, c’est par un coup d’État avec l’appui des chars français, des rebelles du Nord et de la complicité de l’ONU. Le président légitime, Laurent Gbagbo élu et reconnu par la commission électorale a été arrêté par l’armée française et remis au CPI pour être jugé pour crime de guerre. Il a été séquestré pendant plus de 6 ans dans les geôles du CPI, avant d’être jugé puis acquitté mais on se demande pourquoi il est interdit de rentrer dans son pays. C’est Alassane Ouatara avec ses milices qui a massacré des centaines de personnes. Quant à Guiliaume Soro le chef des rebelles du Nord il a assassiné près de 3000 habitants de la région. Il aurait dû être désarmé par l’ONU, mais les responsables ont regardé ailleurs. Deux personnages immondes qui auraient dû être jugés au CPI à la place de Laurent Gbagbo et qui sont toujours au pouvoir.

    Ça n’a pas gêné le président français, c’est par une accolade prononcée qu’ils se sont retrouvés avec les honneurs qui s’imposent. Entre amis on ne lésine pas surtout qu’ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau, tous deux ont le mépris des masses populaires et en particulier des travailleurs. Mais les peuples ne sont pas dupes, on le voie partout en Afrique, en France et ailleurs, des nombreuses manifestations, des grèves et autres protestations, sont les répliques des luttes dans un combat acharné contre ces dirigeants arrogants se croyant intouchables.

    Mais le président français n’est pas venu en Côte d’Ivoire pour enfiler des perles. Seuls les intérêts stratégiques et économiques du grand capital français comptent. Des élections présidentielles vont avoir lieu et Alassane Ouatara son ami est un difficulté. Son ancien allier Guillaume Soro veut sa part du gâteau. Spécialiste de la magouille électorale, Alassane Ouatara, avec sa mafia et ses milices armées ont commencé à faire le ménage des opposants, arrestations arbitraires de députés et d’autres citoyens.

    Le résultat est connu d’avance, la France veille.

    L’autre problème qui préoccupe le président français et son ami, c’est le franc CFA qui est de plus en plus décrié par les peuples, ils n’en veulent plus et ils le font savoir par de nombreuses manifestations. Le franc CFA mis en place dès les indépendances a permis à la France de conserver sa domination néocoloniale mais ce système est tellement vomi par les peuples que même les dirigeants inféodés à l’impérialisme n’en veulent plus. Mais les deux compères qui s’entendent comme larrons en foire vont sortir du chapeau une autre monnaie, qu’ils ont appelé l’ECO, mais qui ne change rien par rapport au franc CFA. Le conseil d’administration de la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a donné son aval avec une parité fixe et l’arrimage de l’ECO et l’EURO sous la garantie de la convertibilité du trésor français. Chercher l’erreur. C’est une véritable mise en scène, on fait croire que le franc CFA est mort et on maintien le système CFA sans le nom de la dépendance économique. On prend les peuples africains pour des demeurés.

    Le rejet de la présence des troupes étrangères au Sahel et en particulier celle de la force française Barkane, de plus en plus important par les peuples africains, a poussé le président français à organiser un G5 Sahel avec les chefs d’État concernés, du Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie, 5 chefs d’État venus quémander un soutien lamentable de la force française pour conserver leur pouvoir chancelant.

    Les peuples africains n’ont rien à attendre des armées étrangères, et en particulier, de l’armée française, qui sont en Afrique uniquement pour défendre les intérêts des multinationales françaises et perpétuer leur domination néocoloniale.

    LIÈS SAHOURA

    Alger Républicain, 9 fév 2020

    Tags : Afrique, France, françafrique, Mali, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Barkhane, 

  • Balkany brisé ! Balkany martyrisé ! Mais Balkany libéré !

    « Être libre, ce n’est pas seulement ne rien posséder, c’est n’être possédé par rien. » (Julien Green, 1980).

    Cinq mois en prison. Patrick Balkany est sorti de la prison de la Santé ce mercredi 12 février 2020 après y être entré le 13 septembre 2019 à l’issue de son procès en première instance. Son procès en appel vient de se terminer et le verdict sera prononcé en principe le 5 mars 2020.

    Patrick Balkany a 71 ans et qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il a visiblement été lessivé par ce séjour en prison. Grosse perte de poids, le visage transformé. La chaîne d’information continue BFM-TV semblait très balkanienne en ce sens qu’elle considérait que c’était un événement capital alors que le lendemain, elle ne retransmettait même pas le discours écologique du Président Emmanuel Macron au pied du Mont-Blanc alors que sa concurrente LCI, si.

    On peut dire que ceux qui ont enfreint la loi doivent payer. Mais il se trouve que pour la (double) condamnation en première instance de fraude fiscale et de blanchiment de fraude fiscale (il n’y a pas de corruption), la peine de quatre ans de prison ferme reste très sévère. Il y a eu une part de provocation de part et d’autres : l’allure sûre de lui, volontiers insolent avec les juges, Patrick Balkany n’hésitait pas affirmer qu’il se représenterait à la mairie de Levallois-Perret en mars 2020 et qu’il serait réélu. On ne nargue pas impunément la justice. La prison dès la fin du procès était probablement un moyen de le rendre un peu plus humble, ce qui, avouons-le, n’est pas très judicieux pour une justice neutre et impartiale.

    Toujours est-il que Patrick Balkany a été libéré pour raison de santé car celle-ci déclinait à vive allure. Une libération conditionnelle à faible contrainte (se présenter à la police quelques fois par mois, je ne sais plus exactement, deux ou quatre fois), et surtout, aucune caution. De toute façon, caution comme prison provisoire (puisqu’il n’a pas été condamné définitivement) sont généralement utiles pour des prévenus qui risqueraient de fuir à l’étranger. Patrick Balkany a d’ailleurs remis son passeport. Le lendemain, Patrick Balkany avouait qu’il avait pris quinze ans en cinq mois.

    Cette après-midi du 12 février 2020, le couple Balkany est apparu soudain attachant. On sait qu’ils sont très liés l’un à l’autre. Avec même un zeste sinon une grande dose de népotisme. Depuis que son mari est à la Santé, Isabelle Balkany dirige les séances du conseil municipal comme maire par intérim, car …elle est la première adjointe. Et justement, il y a un conseil municipal (le dernier de la mandature) le 13 février 2020 au soir.

    Si Levallois-Perret était la Roumanie, on serait tenté de dire que les époux Balknay seraient alors les époux Ceausescu. C’est évidemment très exagéré, mais finalement, en politique, le fonctionnement complémentaire par couple est assez rare, jusqu’au couple qui s’étripe par ambitions présidentielles incompatibles (Ségolène Royal et François Hollande).

    C’était en préparant ce conseil municipal qu’elle a appris la libération future de son mari. Elle a tout laissé en plan pour aller devant la Santé. Face aux caméras, elle a attendu sagement que la porte s’ouvrît. Félicitations aux agents de la prison, c’est un métier difficile, ils ont toujours été corrects. Hop ! quelques électeurs en plus ! (ah non, ils ne se présentent pas à la prison).

    Et l’on a pu ainsi voir une femme septuagénaire assez fatiguée mais avec le sourire et la bonne humeur. On comprend vite comment ils peuvent être élus et réélus : ils peuvent être très sociables, très conviviaux, en revanche, ils peuvent vous faire très mal si vous êtes leur cible. On pouvait avoir l’impression d’un couple de retraités qui revenait de l’hôpital après une chimiothérapie et que le mari est maintenant (presque) guéri (je dis presque car on ne guérit jamais de cette saleté, mais en plus, l’analogie fonctionne puisqu’il y a encore un verdict en appel).

    Pour meubler, Isabelle Balkany (j’allais écrire Adajani !) a raconté ce qu’il resterait de sa journée : direction la maison de Giverny (je crois), et câlinothérapie pour le mari (c’était la semaine câlinothérapie, la veille, le Président chouchoutait ses trois cents poussins à l’Élysée). Et elle a raconté le détail qui tuait : elle allait devoir manier la serpillière ! (Sans le personnel de la mairie). Car les trois chiens vont être tellement heureux de retrouver leur papa qu’ils vont faire dans les couloirs. Les chats aussi seraient de la fête. Et les enfants ? Pas évoqués.

    Comme vous l’avez compris, ce n’est plus une rubrique politique mais une rubrique « people ». Ou presque : « Point de vue et Image du monde ». On parle du couple Balkany comme de la famille royale (le comte et la comtesse de Levallois-Perret). Et le pire, c’est que l’empathie peut jouer à plein. Après tout, personne ne lui souhaiterait la prison, elle est inutile et dangereuse si les conséquences peuvent ruiner le corps. Il faudrait alors se pencher sur les détenus « ordinaires ». A-t-on parlé, par exemple, de cette jeune détenue de 26 ans qui s’est suicidée le 5 février 2020 dans sa cellule de la prison de Caen ?

    On ne peut pas considérer la prison comme inhumaine uniquement pour les personnes du grand monde, il faut aussi la regarder pour les détenus ordinaires. Christine Boutin, animée d’une passion chrétienne qui ne me paraît pas pertinent d’afficher trop explicitement sur le plan politique (par respect aux croyances de chacun), avait eu le bon goût de bosser sur les prisons en France. Des constats toujours terrifiants au fil des rapports et des missions.

    L’interview de Patrick Balkany à une chaîne de télévision est-elle scandaleuse ? Oui, certainement. Au lieu de parader, même profil bas, il ferait mieux d’adopter réellement le profil bas, c’est-à-dire le silence médiatique. En clair, l’humilité. Sans gros cigare.

    C’est parce que les responsables politiques mettent trop souvent en scène leur vie personnelle qu’ils ont parfois des retours de bâton désastreux. L’accident industriel du retrait de Benjamin Griveaux le rappelle : on ne peut pas être parfait tout le temps et la vie privée doit faire partie d’une intimité qui ne regarde que les proches. Mais à force de violer eux-mêmes cet espace secret, ils se mettent en danger car ils sont à découvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et quelle va être la réaction des juges en le voyant parader une nouvelle fois lorsqu’il s’agira de lui choisir une peine dans quelques semaines ? Il est des mauvais élèves qui n’arrivent toujours pas à retenir leurs leçons… Misérables.

    Sylvain Rakotoarison (14 février 2020)

    Tags : France, Balkany, fraude, impots, Levallois-Perret, corruption,

  • Sénégal : Le Maroc au milieu d’un scandale politique

    La question fait la une de la plupart des médias sénégalais. Le président du Parlement, Moustapha Niasse, se trouve au centre d’un scandale politique en raison d’un courrier interchangé avec un cadre des services de renseignements marocains, la DGED en l’occurrence.

    Dans ce courrier confidentiel, M. Niasse informe Abdelmalek Alaoui, fils de Mme Assia Bensalah Alaoui, ambassadeur itinérant et amie proche du roi Mohammed VI. Il y fait un bilan du déroulement des élections présidentielles sénégalaises de 2012 et qui a opposé les trois principaux candidats : Moustapha Niasse, Macky Sall, et le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, Karim Wade.

    Texte intégral du courrier :

    « De : Moustapha Niasse <moustapha9966niasse@gmail.com>
    Date : Mon, 27 Feb 2012 11:39:59 +0000
    À : Abdelmalek Alaoui <a.alaoui@global-intel.com>
    Objet : point de la situation</a.alaoui@global-intel.com></moustapha9966niasse@gmail.com>

    Mon cher ami,

    Ce matin apparaissent les tendances issues du scrutin d’hier, 26 février 2012.

    Tu auras l’amabilité de faire connaître à notre Grand Ami que je suis 3 ème, après A W et M S, crédités de 30 et 25 pour cent et moi de 18 pour cent.
    Si cela se confirme, il sera évident qu’aucun des deux ne peur gagner au second tour sans mon soutien.
    C’est la coalition Bennoo qui décidera, mais il est exclu que nous soutenions A W, qui, du reste, le sait bien.
    S’il doit y avoir des négociations elles seront menées,sous mon égide,par les Jeunes cadres de notre coalition, D’autant que les élections législatives se tiendront le 17 juin 2012. Ce qui permet de continuer le travail politique à la base.
    Je ne serai pas parmi les candidats à la députation,ayant choisi de m’occuper de mes missions de consultant et de la compagnie qui exploite l’hélicoptère.
    Encore une fois grand merci à notre Ami et à toi.
    J’ai un moral d’acier, soutenu par ma foi. Dieu est grand.
    Moustapha Niasse ».

    La presse sénégalaise se pose la question si le Maroc n’a pas soutenu la candidature du M. Niasse qu’elle accuse d’être une « taupe » marocaine.

    Voici les principaux titres à ce sujet :

    L’étrange relation entre Niasse et une taupe Marocaine 

    Grosse révélation sur la Présidentielle de 2012: Niasse échangeait avec un agent secret étranger

    Cette affaire n’est pas la première du genre à s’abattre sur le Sénégal. Dans le passé, grâce à des documents confidentiels de la diplomatie marocains révélés par le site sahraoui Maroc Leaks, les sénégalais ont découvert que le chef de leur diplomatie à l’époque, Mankeur Ndiaye, avait l’habitude de passer chaque années pour recevoir plus de 8 millions de FCFA « pour financer le pèlerinage de trois membres de sa famille ». Quelques mois après, il a été limogé par le président Macky Sall. C’est dire que M. Niasse se trouve sur un fauteuil éjectable.

    Ce genre de scandale rentre dans le cadre des opérations de lobbying du Maroc dans le continent africain en vue de gagner des soutiens à son occupation du Sahara Occidental, territoire non autonome en attente de finir le processus de décolonisation par référendum. Elle coïncide avec la décision de l’Algérie de rappeler « pour consultations » son ambassadeur à Abidjan suite à la décision des autorités du Côte d’Ivoire d’ouvrir un prétendu consulat à El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental.

    Le site sahraoui Maroc Leaks vient de publier plusieurs documents confidentiels de la diplomatie marocaine récemment révélés par le hacker Chris Coleman sur les activités de lobbying marocaines en Afrique. Activités basées essentiellement sur la corruption et le « graissage » des personnalités africaines influyentes.

    Tags : Maroc, Sénégal, Moustapha Niasse, Chris Coleman, Abdelmalek Alaoui, Algérie,