Catégorie : Algérie

  • Algérie : La rue se déchaîne contre la proposition de Gaid Salah

    Les manifestations populaires qui se déroulent depuis le 22 février, ont pris une nouvelle tournure ce vendredi 29 mars, en s’en prenant au chef d’état-major, Gaid Salah, qui en a pris pour son grade, avec les slogans « Gaid Salah dégage », « Gaid n’est pas Salah » ( ne convient pas) », « Ils dégagent Tous », « chaab la yourid la Gaid la Said »..

    En sus des slogans hostiles au pouvoir, les manifestants ont crié leur refus de l’application de l’article 102 de la constitution, une idée développée par le chef d’état-major de l’armée.

    Les manifestants rejettent l’article 102 et réclament l’application de l’article 7 de la Constitution qui stipule que « Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple ».

    Le peuple dans la rue et des partis politiques ne se sont pas trompés sur les objectifs réels de cette inattendue et surprenante déclaration de Gaid Salah, assimilée à une tentative de perpétuer le système en place. En effet, appliquer l’article 102 de la Constitution génèrera une transition dirigée par le pouvoir actuel, avec une présidence par intérim assurée par Abdelkader Bensalah, un proche du président Bouteflika, et qui sera à la tête du gouvernement actuel. Et si ce scénario est appliqué, il en sortira obligatoirement comme prochain président un homme du système, ce qui est rejeté par la rue.

    En effet, après son ingérence dans le politique, en suggérant l’application de l’article 102 de la constitution, Gaid Salah s’est encore immiscé dans le judiciaire, si l’on croit le directeur du groupe Echourouk, qui avait rendu hier hommage au chef d’état-major pour son intervention qui aurait permis sa libération, selon ses dires.

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    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, Gaïd Salah, article 102,

  • Algérie : L’application de l’article 102 ne satisfait pas la classe politique

    La classe politique, toutes tendances confondues, a été unanime pour rejeter la proposition du chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, de recourir à l’article 102 de la Constitution comme outil de règlement de la crise actuelle.

    Le Parti des travailleurs de Mme Louisa Hanoune estime que «l’application de l’article 102 implique le maintien du gouvernement actuel et les deux chambres du Parlement dont l’écrasante majorité du peuple réclame le départ car non légitimes».

    Dans un communiqué du parti, à l’issue de la réunion de son bureau politique le mardi 26 mars, le PT estime que la proposition de Gaïd Salah «vise donc le sauvetage du système et sa continuité». «Et l’application de l’article 102 est porteuse de tous les risques pour la nation, pour sa souveraineté et son intégrité ouvrant la voie aux ingérences étrangères tant rejetées par les millions de manifestants. Ce qui confirme que toute période de transition constitue un réel danger pour le pays.

    Par conséquent, une éventuelle constitutionnalisation de ce qui s’apparente à un coup de force constituerait une dérive sans précédent qui menacerait les fondements mêmes de l’Etat et la sécurité nationale, une menace contre la paix recouvrée». A noter que le bureau politique du Parti des travailleurs a également décidé «la démission du groupe parlementaire du parti de l’APN».

    Pour le Front des forces socialistes (FFS), la proposition du chef d’état-major est une «grave atteinte à la dignité du citoyen». «Encore une fois, le pouvoir algérien par le biais du chef d’état-major de l’armée provoque et se joue de la volonté populaire. L’institution militaire ne s’est pas retirée du politique, elle s’ingère encore une fois dans le processus constitutionnel et ne répond pas aux revendications du peuple algérien qui demande le changement du système et non un changement dans le système», lit-on dans un communiqué du FFS rendu public mercredi.

    Le FFS estime que «l’option de l’application de l’article 102 de la constitution n’est pas la solution demandée par le peuple algérien, l’armée vise à étouffer le mouvement populaire et permettre au système de se pérenniser». «L’article 102 ne répond plus aux revendications du peuple algérien, le peuple veut contrôler son destin, prendre en charge son avenir, un avenir de libertés, de justice sociale et de dignité», indique le communiqué signé par le premier secrétaire du FFS, Hakim Belahcel.

    Le président de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, estime de son côté que «compte tenu de la situation exceptionnelle que vit notre pays, la mise en œuvre de l’article 102 de la Constitution n’est pas susceptible de constituer à elle seule une base – toute la base – pour le règlement de la crise. De ce point de vue, l’application de l’article 102 devra impérativement être adaptée de manière que soient respectées les conditions de transparence, de régularité et d’intégrité que le peuple réclame afin de pouvoir exprimer son choix librement et sans contrainte et sans tutelle».

    Au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), on qualifie la proposition de Gaïd Salah de «tentative de coup d’Etat». Cité par TSA, le secrétaire national à la communication du RCD, Yassine Aissiouane, estime qu’«il ne s’agit plus pour eux (le pouvoir, ndlr) de sauver le soldat Bouteflika, mais d’organiser le sauvetage du régime», dit-il. «Ceux qui se sont rendus complices, par leur trahison légendaire, auront à répondre de leurs actes ignobles devant le tribunal de l’histoire. Ils veulent une passation de consignes à l’intérieur du même système, nous exigeons une transition démocratique qui pose les fondations de l’Algérie nouvelle», ajoute-t-il.

    Pour Abdallah Djaballah, président du Front de la justice et du développement (FJD), la proposition du chef d’état-major «est en contradiction avec les revendications du peuple algérien et l’application de l’article 102 requiert le transfert des responsabilités au président du Sénat, Abdelkader Bensalah, ce que nous refusons».

    Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrezak Makri estime lui aussi que la «proposition» du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, «d’appliquer l’article 102 de la Constitution (…) ne permet pas la transition démocratique, ainsi que des élections libres et équitables». Le MSP souligne «la nécessité pour l’institution militaire d’accompagner l’accès à une solution politique et à un consensus national et la préservation de l’Etat civil, ainsi que la nécessité d’ajouter des mesures garantissant les revendications du peuple algérien dans le cas de l’application de l’article 102, tout prenant en compte les propositions de la classe politique, avant que le Conseil constitutionnel ne déclare la situation de vacance du poste du président de la République».

    Le MSP propose la «nomination d’un chef de gouvernement consensuel» en «collaboration avec la classe politique» et qui soit «accepté par le mouvement populaire». Il propose également : la «création d’une Commission nationale indépendante pour l’organisation des élections et la révision de la loi électorale» et la «publication en toute urgence de décrets garantissant la libéralisation de l’action politique, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la protection des richesses nationales».

    Le Quotidien d’Oran, 28 mars 2019

    Tags: algérie, présidentielles 2019, Bouteflika, article 102, vacance du pouvoir, transition,

  • Algérie : Nouveau vendredi de suspense

    Depuis mardi, la scène politique algérienne est marquée par de très nombreuses réactions faisant suite à la demande de l’application de l’article 102 par le chef d’état-major. La réponse la plus attendue émanera cependant de la rue qui s’apprête à vivre un nouveau vendredi de contestation.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Les appels en cours pour une nouvelle mobilisation citoyenne ce week-end peuvent être d’ores et déjà considérés comme étant un début de cette réponse. Les Algériens se sont fixé des objectifs très clairement exprimés à travers des mots d’ordre réactualisés en fonction de l’évolution de la situation et il est très peu probable que la dernière sortie de Gaïd Salah ait été accueillie comme étant une «mesure» passible d’inverser la tendance.

    En attendant vendredi, plusieurs éléments sont ainsi à prendre pour tenter d’évaluer la manière dont se traduira l’expression populaire. Le premier a trait à la situation qui a prévalu durant les premières heures et au lendemain du discours tenu par le chef d’état-major à Ouargla.

    Les manifestants (des étudiants surtout) réunis à la place Audin pour maintenir la pression n’ont pas été rejoints par une foule en liesse et surtout favorable aux déclarations inattendues réclamant le départ de Abdelaziz Bouteflika par l’application de l’article 102. Des citoyens sortis à bord de véhicules exiger le départ immédiat du président de la République n’ont pas été suivis.

    Les journalistes de chaînes de télévision privées dépêchés rapidement sur place sont repartis sans images particulières. A l’inverse, on a constaté l’affluence de plusieurs petits groupes venus prendre la température et rechercher des explications. Petit à petit, les lieux se sont transformés en espace de concertation, de débats. Il s’en dégageait du scepticisme, des doutes (quant à l’intention véritable des auteurs de l’appel), des interrogations, mais en aucun cas une acceptation unanime de la proposition largement relayée par les médias étatiques.

    Le second élément à prendre en compte est inévitablement lié aux réactions qui s’enchaînent sur Facebook. Ce réseau social numéro un dans le pays a constitué le point de départ indéniable de la contestation en cours. C’est de là que sont partis les premiers commentaires virulents faisant suite à la confirmation de l’option du cinquième mandat, des appels à exprimer des réactions hors du cadre virtuel, que se sont en somme organisés les Algériens en vue du déclenchement des manifestations du 22 février. Et c’est là encore que des appels à la prudence on été postés très peu de temps après la déclaration de Ouargla. Des intellectuels ont décortiqué le contenu de l’article 102, les dispositions de loi portant sur les étapes menant à la disposition de la loi avant d’aboutir à des conclusions largement relayées : «Dans le meilleur des cas, écrivait ainsi un internaute, on aura Bensalah pendant 45 jours, dans le pire, ce sera à Belaïz de décider pour nous, c’est une grosse couleuvre qu’on veut nous faire avaler».

    Tout au long de la journée d’hier, les internautes ont été très actifs, publiant des messages hostiles à cette proposition qui pourraient bien être présents dans les prochains slogans. En attendant la confirmation de vendredi…

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 28 mars 2019

    Tags : algérie, présidentielles 2019, Bouteflika, article 102, vacance du pouvoir, transition,

  • Le mystère de la première dame d’Algérie

    Amal Triki, la première dame d’Algérie

    Madame Amal Triki, je ne désire nullement vous attaquer en usant d’Internet. Pourquoi le ferais-je ?

    Lorsque Boutef a secoué le joug de l’occupant et remporté la victoire, il n’a pas remarqué que les Barbus tissaient leur toile en silence et avec méthode afin de tenter d’imposer une dictature plus sauvage encore que la sienne. Les Barbus ne sont plus à Alger, ni à La Redoute et ni au Clos-Salembier. Amal, la fille du diplomate algérien au Caire YahiaTriki n’était pas faite pour demeurer parmi des hommes sans foi (enfin ils ont la leur) ni loi. Soit, mais alors pourquoi n’est-elle pas à Alger puisque les Barbus semblent éliminés du paysage politique à Alger? En tous les cas, le peuple ne connaît pas Amal.

    Amal Triki, la première dame d’Algérie

    Boutef est né en 1937. Il s’est marié en 1990 à l’époque où les Barbus allaient entrer en scène (ou à peine plus tard en 1992). Calculons, il avait 53 ans et cette union est restée sans descendance. 53 ans, un peu tard pour faire des enfants, admettons, mais pourquoi pas ? Jusqu’à présent, je n’ai pas réussi à obtenir l’année de naissance de Madame.

    Amal Triki devenue Mme Bouteflika, se fondra dans la nature. Elle n’est jamais apparue aux côtés de son mari ni ne figure officiellement dans son entourage. Elle a préféré l’exil à l’atmosphère délétère de son pays.
    Nous savons bien qu’elle n’a pas l’allure d’une Carla Bruni mais elle a un rang à tenir.

    Mohamed Benchicou a signé la biographie secrète du président Bouteflika : « Une imposture algérienne ». Lisons l’écrivain : »Nous apprenons que Bouteflika a été très proche de sa maman. Cette adoration est-elle à l’origine du curieux célibat d’ Abdelaziz ? Bouteflika ira jusqu’à dissimuler son mariage. Amal Triki, la première dame d’Algérie

    Il se maria un vendredi d’août 1990 dans un appartement de la rue Duc-des-Cars, à Alger. Il épousa Amal Triki, fille du diplomate Yahia Triki, alors premier conseiller à l’ambassade d’Algérie au Caire. L’acte de mariage a été établi ce jour-là par un agent de la mairie de Sidi-M’hamed dépêché spécialement à l’appartement de la rue Duc-des-Cars. Amal Triki devenue Mme Bouteflika se fondra dans la nature. Elle n’est jamais apparue aux côtés de son mari, ni ne figure officiellement dans son entourage. »

    Faut-il le dire et le répéter, la première dame d’Algérie ne vit pas dans son pays ? Mariage blanc peut-être mais Amal Triki vit à Paris.

    Lorsque je mets en scène des hommes politiques algériens, mon jet littéraire quotidien s’épuise. Je lis :

    « L’Algérie exige toujours la repentance de la France pour la colonisation ». Je réponds : Alors que fait la première dame d’Algérie à Paris ?

    Source

  • Algérie: Cafouillage

    « C’est ainsi que l’on voit un Ahmed Ouyahia appeler le président à démissionner, ou bien son principal lieutenant jeter l’anathème sur la famille du chef de l’Etat sans aucune retenue, dans une sorte de surenchère où les agents du pouvoir les plus zélés et les plus » mouillés » en deviennent les plus grands et les plus insolents pourfendeurs. De pareils repositionnements montrent bien que le système tente de se recycler, et de survivre à cette protesta historique ».

    Par Mohamed Abdoun :

    L’appel lancé par Gaïd Salah en faveur de l’application de l’article 102 de la constitution donne l’air de poser plus de problèmes qu’il n’en résout. Le premier d’entre tous relève sans doute de cette immixtion de l’armée dans les affaires politiques, alors que cette même constitution le lui interdit formellement.

    Les missions de l’ANP, à l’ombre de la république démocratique algérienne sont on ne peut plus claires, en effet. Loin de moi, cependant, l’idée de douter de la bonne foi du chef d’état-major. C’est, sans doute mu par son inquiétude face à ces manifestations, certes exemplaires, mais pouvant quand même dégénérer à tout moment à cause d’agitateurs professionnels qui n’attendent que le moment idoine pour entrer en action, que Gaïd Salah a lancé cet appel pressant.

    Cet appel du coeur. Cet appel qui (re)plonge l’armée au coeur de la chose politique, alors qu’elle s’en est admirablement extraite, se professionnalisant à l’extrême, et exécutant avec un rare brio l’ensemble des missions pour lesquelles elle a été créée. Et ce n’est pas là le moindre des problèmes, ainsi posés.

    De fait, si cet appel avait été lancé il y a de cela à peine un mois ou deux, sans doute aurait-il été salvateur pour le pays, et accepté par l’écrasante majorité de la population, ainsi que par une bonne partie de la classe politique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La rue, excédée par le fait que le pouvoir a superbement ignoré ses revendications en dépit du gigantisme de ses marches du vendredi, a fini par relever de manière très sensible l’ensemble de ses revendications.

    La rue ne se contente plus de s’opposer ce mort-né cinquième mandat, ou même à la prorogation de l’actuel. La rue ne veut rien moins que le départ du système dans son entier. Ce n’est pas pour rien, du reste, que beaucoup d’acteurs politiques s’empressent de retourner leurs vestes, à qui mieux-mieux, dans un climat surréaliste, où la réalité est en passe de dépasser les rêves et les cauchemars les plus fous.

    C’est ainsi que l’on voit un Ahmed Ouyahia appeler le président à démissionner, ou bien son principal lieutenant jeter l’anathème à la famille du chef de l’Etat sans aucune retenue, dans une sorte de surenchère où les agents du pouvoir les plus zélés et les plus » mouillés » en deviennent les plus grands et les plus insolents pourfendeurs.

    De pareils repositionnements montrent bien que le système tente de se recycler, et de survivre cette protesta historique. Pour cela, le sacrifice du chef de l’Etat semble avoir été privilégié, un peu à l’image de ce qui s’était passé pour le président Moubarak, transformant le printemps égyptien en un printemps à blanc.

    Le PT, qui a siégé dans toutes les assemblées nationales, et qui a fait son beurre, découvre subitement que celles-ci ne serviraient à rien, et en claque la porte avec véhémence après plus d’un quart de siècle de » collaboration » et de » cohabitation « .

    Pareille manoeuvre ne saurait tromper personne. Ce n’est pas tout. Une application stricte de ce fameux article 102, que le président démissionne, ou qu’il soit reconnu incapable de gouverner, ne saurait en aucune manière régler la crise algérienne.

    L’idée que l’actuel gouvernement soit maintenu en place, selon l’article 104 de la constitution, que Bensalah devienne président par intérim, et qu’une présidentielle se tienne sans la moindre garantie en direction des éventuels candidats, ne ferait que nous ramener une bonne vingtaine d’années en arrière dans le temps, voire plus loin encore.

    L’idéal, et je continue de le dire, serait de mettre en place en urgence une commission nationale d’organisation des élections, et de convoquer le corps électoral pour la tenue d’une présidentielle libre, démocratique et transparente. Le peuple, à ce moment, saura j’en suis sûr reconnaitre les siens.

    M. A.

    Tribune des Lecteurs, 27 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, Gaid Salah, armée, ANP,

  • Algérie: Les mises en garde de Louisa Hanoune

    par M. Aziza

      La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune a rejeté les propositions d’une partie de l’opposition qui a plaidé pour un présidium (instance présidentielle provisoire) et celles faites par des pro-systèmes. Pour elle, toutes ces alternatives se rejoignent sur la nécessité, selon ces acteurs, d’aller vers une «période de transition» et pour la conception « des instruments de transition».

    Intervenant, hier, à l’ouverture des travaux du bureau politique de son parti, Mme Hanoune a appelé toutes les forces politiques du pays à laisser le mouvement populaire s’épanouir car il a besoin de plus de temps pour la «maturation». Et d’affirmer dans ce sens qu’ «il n y a aucune révolution qui a atteint ses objectifs en un mois».

    Louisa Hanoune a, également, lancé des mises en garde en avertissant contre «toute précipitation ou toute tentative d’empêcher ou de vouloir écourter le processus révolutionnaire algérien qui pourrait tourner au chaos». Elle a tenu à préciser que ce processus révolutionnaire n’est pas un «Hirak» ni même «un printemps arabe» mais c’est «une révolution typiquement algérienne».

    Pour la SG du PT, le dernier mot revient au peuple pour trancher s’il veut «un régime parlementaire», ou s’il veut, par exemple, «un régime semi-présidentiel ou présidentiel». Et de s’interroger «pourquoi imposer aujourd’hui des élections présidentielles, alors que le peuple n’a pas encore tranché sur la nature du régime ?».

    Selon Louisa Hanoune, «la logique dit que le peuple doit pouvoir chasser ce système du parti unique qui s’est élargi aux partis RND, MPA, et TAJ et des partis du deuxième collège et qui s’est élargi aux mafias et aux oligarques, puis le peuple va décider de la nature du régime qu’il veut et fixera par la suite le calendrier électoral».

    Le Parti des travailleurs affirme qu’il n’est pas contre l’opposition, mais s’est dit pour un dialogue avec le peuple sur l’ensemble des possibilités existantes, et non pas se focaliser sur «la période de transition», qui n’est pas une solution «positive» selon le PT.

    Pour Mme Hanoun, les périodes de transition n’ont jamais réussi, notamment, dans les pays africains dont certaines ont duré 6 à 7 ans. Elle prévient, en outre, en affirmant qu’«aucune période de transition n’a eu lieu, sans un protectorat étranger».

    Louisa Hanoune a noté, parallèlement, que les déclarations très contradictoires des directions du FLN et du RND sont en fait, une expression publique et même violente de l’accélération de la crise du système, dont ces deux partis sont l’incarnation. En fin de compte, dit-elle, «les directions de ces deux partis sont revenues à leur source où elles étaient contraintes de soutenir les propositions du président de la République, c’est-à-dire, contourner la volonté du peuple pour sauver le système et essayer de le maintenir quelque temps, «ce qui permet aux oligarques de siphonner les 85 milliards de dollars de réserves de changes et d’accaparer davantage de foncier et ruiner complètement le pays». Car dit-elle, ces partis n’ont jamais été indépendants sauf dans la période de feu Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN. Louisa Hanoune a, également, lancé des mises en garde en affirmant que « des informations circulent au sujet de l’octroi des parcelles de foncier et des crédits colossaux en devises à des prédateurs, après le 22 févier, c’est-à-dire après le déclenchement du processus révolutionnaire ». En soulignant «qu’en principe et dans les situations révolutionnaires lorsque la question du pouvoir et du système est posée, la mission du gouvernement se limite à la gestion des affaires courantes en attendant l’amorce du changement, la mise en place des institutions définies par la majorité du peuple, dans le cadre de la rupture avec l’ancien système et l’ancien régime». Et d’expliquer que cela veut dire que «les banques publiques, le gouvernement et tous les ministres et autres responsables ne doivent, en aucun cas, prendre des décisions importantes d’autant plus, lorsqu’il s’agit de décisions qui hypothèquent le sort de la nation ou qui permettent la poursuite de la prédation et de siphonner l’argent public».

    Elle a de ce fait appelé les procureurs généraux à s’auto-saisir pour l’ouverture des dossiers de corruption et de dilapidation des biens publics. Elle a, également, appelé les walis à cesser de sélectionner des personnes, des individus comme faux représentants pour assister à la conférence nationale, que les partisans du maintien du système veulent imposer, coûte que coûte. Et de souligner encore que la ré-appropriation et l’émancipation de l’UGTA par les travailleurs et les syndicalistes est une condition majeure pour empêcher les forces de la réaction et de la contre-révolution de dénaturer la lutte révolutionnaire et de confisquer la révolution.

    Le Quotidien d’Oran, 27 mars 2019

    Tags : Algérie, Gaid Salah, Article 102, armée, transition, vacance du pouvoir,

  • Algérie : réactions des partis politiques à l’application de l’article 102 de la constitution

    L’appel du chef d’Etat Major de l’Armée, Ahmed Gaid Salah, à l’application immédiate de l’article 102 de la constitution pour résoudre la crise politique que traverse l’Algérie après le refus populaire du 5ème mandat et les revendications d’un changement radical du système, a été largement commenté par les partis politiques.

    Réagissant à l’appel du chef d’état-major de l’armée à l’application de l’article 102 de la Constitution, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dénonce « un coup d’Etat » contre la volonté du peuple.

    Pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), l’application de l’article 102 de la Constitution ne peut être la solution à la crise.

    Le président du Jil Jadid a réagi à l’appel du chef d’Etat-major de l’ANP qui a appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution. Pour lui, « le peuple algérien commence à récolter les fruits » de son mouvement et de la pression qu’il a exercée sur le pouvoir. « Destituer le président est un autre pas en avant, mais ce n’est pas la fin du parcours », a pourtant estimé Djilali Soufiane dans une vidéo postée, ce mardi soir sur sa page facebook.

    Le Front des forces socialistes (FFS) a réagi à l’appel d’Ahmed Gaid Salah, chef d’Etat-major de l’ANP, à l’application de l’article 102 de la Constitution.

    Source: DMA

    Tags : Algérie, Gaid Salah, Article 102, armée, transition, vacance du pouvoir,

  • Algérie: Imposantes marches des étudiants

    Prolongement du mandat présidentiel : Imposantes marches des étudiants

    27 Mars 2019

    La communauté universitaire s’est fortement mobilisée aujourd’hui, pour maintenir la pression sur le pouvoir, afin qu’il satisfasse les revendications de changement de système politique exprimées par le peuple.

    Ainsi, à l’appel des comités des étudiants, des marches pacifiques ont eu lieu aujourd’hui à travers l’ensemble du territoire national. A Alger, il y a eu une grande mobilisation, non seulement des étudiants qui enchaînent les actions de protestations sur le terrain, mais aussi les enseignants universitaires et des chercheurs qui continuent donc à accompagner l’élan populaire, en faveur d’une nouvelle République.

    De la place Audin à la Grande Poste, en passant par l’avenue Pasteur, des milliers d’étudiants et d’enseignants ont manifesté et exprimé leur rejet de la prolongation du mandat présidentiel de Bouteflika, sa feuille de route pour une transition politique et sa désignation du tandem Bedoui-Lamamra, pour la conduite des affaires du pays jusqu’à la future élection présidentielle.

    Les manifestants ont scandé des slogans appelant au départ sans délai, du président Bouteflika et de tous ceux qui dirigent avec lui. Sur des pancartes, les marcheurs affirmentque le système politique est « irréformable ».

    A Annaba aussi un grand rassemblement a été organisé par les étudiants. Plusieurs autres corporations étaient et se sont joints à la manifestation. Il s’agit notamment, des avocats, des médecins et simples citoyens qui se sont rassemblés devant le théâtre régional Azzedine Medjoubi dans le centre-ville.

    A Bejaia, des étudiants, travailleurs et agriculteurs, ont manifesté pour le changement.

    A Chlef, ce sont les journalistes exerçant dans les secteurs privé et public, qui ont organisé, hier mardi, un rassemblement devant la maison de la presse, avant de marcher dans la rue pour « une presse libre et indépendante » et pour « le départ immédiat de Bouteflika ».

    A Guelma, il y’a eu une grève générale des travailleurs de plusieurs secteurs.

    A Constantine, les étudiants scandaient « Non au prolongement du mandat du président ». Les étudiants ont marché depuis l’université des frères Mantouri jusqu’au centre-ville.

    A Oran, les anciens moudjahidine,issus des Écoles des cadets de laont manifesté hier, pourréclamer le départ immédiat du système politique incarné par Bouteflika.

    Le Midi Libre, 27 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, vacance du pouvoir, ANP, armée, Gaïd Salah,

  • Algérie : Conte de fées, par Mohamed Abdoun

    « Et le ministre des finances de l’époque, promu plus tard président du conseil constitutionnel, qui reconnait avoir » manqué d’intelligence « , et fait donc montre de sa totale incompétence, mais qui reste quand membre de l’élite qui préside aux destinées de l’Algérie… pendant ce temps, l’ancien directeur général de la CNAS, dont les compétences sont reconnues par tous, et qui n’est lié ni de près ni de loin à ce scandale, a quand même été condamné à sept longues années de prison ».

    Par Mohamed Abdoun :

    La mise au point du CPA, importante banque publique algérienne, sonne comme une sorte d’insulte collective lancée à la face de l’ensemble des citoyens algériens. Au lieu de prendre le parti d’en rire, la trouvant -à la rigueur- simpliste et plaisante, je ne peux m’empêcher de la considérer avant tout blessante, réduisant à néant le peu de discernement dont peuvent encore jouir la mémoire et l’intelligence collectives. Explications.

    Pour faire court, en ce qui concerne cette mise au point, qui concerne la suspicion liée à un gros emprunt contracté par un oligarque en devise, doublé d’un transfert du plus gros de cette somme vers l’étranger, on nous indique très doctement, et très sobrement aussi, qu’il est » impossible » que de pareils emprunts et transferts aient pu se faire sans avoir obéi au préalable à une procédure lente, compliquée, et se déroulant sous divers contrôles, tant internes qu’externes. Voilà qui a de quoi rassurer le plus sceptique des quidams.

    Oui, mais alors, qui peut nous expliquer comment se sont » goupillées » les affaires Khalifa et Tonic ? Ce dernier avait » pillé » les finances d’une banque publique, y puisant -au total- une somme bien supérieure à son capital social.

    Quant au golden boy algérien, il a vidé des caisses sociales, avec la complicité d’un Sidi Saïd, qui a officiellement admis avoir commis des faux et vouloir assumer ce fait, sans jamais avoir été inquiété par la justice. Khalifa a, lui aussi, puisé dans les finances de divers fonds, transférés vers sa » banque » en échange de divers avantages consentis à l’adresse des donneurs d’ordres.

    Non, impossible n’est pas français. Ni algérien d’ailleurs. En théorie, il est -presque certain- qu’il est impossible que les opérations citées au début de ce texte avaient pu avoir lieu avec cette déconcertante facilité. Mais, en pratique, il en va tout autrement.

    Comme je l’ai si souvent répété dans ces mêmes colonnes, le problème chez nous ne se pose pas tant en termes d’arsenal juridique, mais plus mauvais qu’un autre, mais plutôt dans son application. Je ne pense pas trahir un quelconque secret en révélant ici que nous ne sommes pas tous égaux devant la justice.

    Un Sidi Saïd, qui déclare assumer des faits gravissimes devant une juge à Blida, est rappelé à l’ordre par celle-ci, non pas pour ordonner son mandat de dépôt immédiat, mais simplement pour lui rappeler » maternellement » qu’il n’est là qu’en tant que témoin. Et le ministre des finances de l’époque, promu plus tard président du conseil constitutionnel, qui reconnait avoir » manqué d’intelligence « , et fait donc montre de sa totale incompétence, mais qui reste quand membre de l’élite qui préside aux destinées de l’Algérie…

    Pendant ce temps, l’ancien directeur général de la CNAS, dont les compétences sont reconnues par tous, et qui n’est lié ni de près ni de loin à ce scandale, a quand même été condamné à sept longues années de prison. Car, il fallait bien des lampistes face à un scandale aussi retentissant. Amar Saidani, qui a raté l’occasion de rester loin des sunlights, a lui aussi reconnu avoir acheté un bien immobilier en France.

    La justice ne s’est quand même pas saisie de cet énorme scandale, alors que l’on sait qu’il est interdit -j’allais dire » impossible » pour paraphraser le CPA- de transférer des fonds vers l’étranger sans respecter des procédures particulièrement strictes et onéreuses.

    A cela s’ajoute le fait de savoir d’où il a obtenu une somme aussi importante, en monnaie forte. Tout cela pour dire, encore une fois, que la mise au point du CPA sonne comme une insulte à l’adresse de notre intelligence. Ce qui ne veut pas dire, forcément, que l’affaire en question ait quand même eu lieu.

    Je veux juste dire par là que le CPA aurait dû se contenter de démentir ce fait sans aller plus loin dans sa littérature, car on sait que des choses, franchement pas catholiques, se déroulent au sein de notre système bancaire.

    Le trop plein de bla-bla du CPA, qui touche le contraire de l’objectif recherché, me fait irrésistiblement penser à cette maxime vieille comme le monde, selon laquelle » qui se justifie, s’accuse… « .

    M. A.

    Tribune des Lecteurs, 27 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, vacance du pouvoir, ANP, armée, Gaïd Salah, Article 102, Banque, CPA,

  • L’appel de Gaid Salah à la destitution de Bouteflika est une tentative de coup de force contre la révolution démocratique du 22 février

    L’appel de Gaid Salah à la destitution de Bouteflika est une tentative de coup de force contre la révolution démocratique du 22 février.

    Dépassés par l’ampleur de la révolte populaire, les chefs militaires, en sacrifiant Bouteflika, espèrent contenir un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent pour en réduire la portée historique. La pseudo-solution constitutionnelle, à travers l’application de l’article102, préconisée par Gaid Salah au nom de l’Armée trahit une volonté de garder la haute main sur les futures échéances.

    Comment en effet ne pas voir dans cette réaction autoritaire une volonté de l’élite militaro-sécuritaire de maintenir sa position hégémonique et de contrarier l’exigence populaire pour une rupture radicale ?
    Il faut croire le syndrome Sissi a atteint irrémédiablement Gaid Salah. Alors que le peuple tendait sa main pour amorcer ensemble une dynamique historique de reconstruction de l’Etat national, la hiérarchie militaire, nourrie de vieux réflexes putschistes de l’armée des frontières, tourne encore une fois le dos aux aspirations populaires.

    Par cette attitude irresponsable, c’est l’occasion inespérée d’une véritable réconciliation historique entre l’Institution militaire et le peuple qui risque d’être ratée. Proposer un simple changement de façade civile, par la biais d’un nouveau processus électoral biaisé, alors que les Algériennes et les Algériens réclament l’exercice de leur droit inaliénable à l’autodétermination est un violent affront politique qui n’a d’égal que le profond mépris voué par Bouteflika à son peuple.

    Les conséquences seront graves pour la la cohésion nationale et sociale du pays.

    Les chefs militaires, en particulier les officiers intègres, doivent rapidement se raviser et prendre enfin la mesure de la détermination populaire. Faire aujourd’hui l’impasse sur une transition démocratique et l’élection d’une Assemblée constituante, c’est opter pour le pire et prendre le risque de plonger le pays dans le chaos.

    Par Samir Bouakouir

    Algérie Part, 26 mars 2019

    Tags : Algérie, Présidentielles 2019, Bouteflika, transition, vacance du pouvoir, ANP, armée, Gaïd Salah, Article 102,