Catégorie : Algérie

  • Algérie : Une prière pour une mission

    par Abdou BENABBOU

    Aller à la rencontre de personnalités marquantes de la scène politique algérienne et laisser dire aux constitutionnalistes que la pénalisation du président de la République n’était pas à écarter est sans conteste un éclairage important sur la nouvelle méthode de gouvernance de Tebboune.

    Elle semble enterrer le mépris flagrant qu’affichait le président déchu à l’adresse d’hommes dont il estimait qu’ils étaient porteurs d’ombre susceptible de contrarier son pouvoir et écorcher sa mainmise totale sur le pays. C’est sans doute d’abord à ce niveau que Bouteflika a entamé la creusée de son tombeau en peaufinant avec une débile maladresse la portée sur son dos de toutes les antipathies et les inimitiés. Qu’un Taleb Ibrahimi ait été ému de recevoir à son domicile le président n’est pas rien. La nature humaine est avant tout cela. L’être humain peut se transformer en volcan face à la déconsidération. Il peut offrir sa veste en échange d’une considération.

    Très souvent, et particulièrement en Algérie, face à un manque de considération manifeste, la réaction humaine devient terre à terre et quand elle se situe au sommet de l’Etat elle peut avoir des effets catastrophiques. L’histoire de l’Algérie est riche de zizanies accoucheuses de phénoménales crues psychologiques incontrôlées.

    Cependant, l’évolution sociale et politique du pays ne ressemble en rien à celle des deux dernières décennies. Le président de la République mesure à sa juste valeur la dimension de la crise devant laquelle il fait face et il maîtrise les aléas comme les bénéfices de la retombée des destinées. Il en connaît les senteurs pour en avoir goûté. Loin de chercher à composer avec les hommes, en homme d’Etat tel qu’il se dévoile, il a compris que sa grande arme ne peut être que la bonne foi et que sa lourde responsabilité exige d’être largement partagée. Prendre sur soi d’aller rendre visite à des personnalités et l’annoncer officiellement est un acte de gouvernance. Il n’est pas l’offre d’un partage mais une prière pour une mission.

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    Tags : Algérie, Abdelamjid Tebboune, Ahmed Taleb Ibrahimi, consultations, Constitution,

  • Algérie / Charité bien ordonnée

    « Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison ».

    Par Mohamed Abdoun

    Le ministère de la Culture a ordonné, manu militari, le limogeage du directeur de la culture de M’sila. Le dénommé Rabah Drif, via son compte Facebook, a gravement porté atteinte à une grande figure de notre guerre de libération nationale, Abane Ramdane en l’occurrence.

    Cette décision, radicale et très rapide, vient peut-être mettre un terme définitif à cet inexplicable et éternel règne de l’impunité. Beaucoup d’individus, n’occupant pas forcément de hauts postes au sein de l’administration algérienne, se livrent en effet aux écarts de langage les plus outranciers qui soient sans jamais en être inquiétés.

    L’exemple le plus flagrant et le plus grossier qui me vient immédiatement à l’esprit est bien celui de Naima Salhi. Celle-ci avait déjà menacé de tuer sa fille si elle osait un jour s’exprimer en tamazight. Il n’est pas seulement question d’intolérance et de racisme ici. Il est carrément question de crime. D’assassinat. Cette personne, qui n’en est pas à un dépassement prêt, a également menacé tous ceux qui n’ont pas fait semblant –comme elle- de pleurer à la suite du décès de Gaïd Salah. Impossible, non plus, de ne pas penser à ce tristement célèbre « ministre insulteur ».

    Lui, en revanche, n’a pas du tout inquiété. Mais, l’on pourrait nous rétorquer que ses « écarts de langage » étaient antérieurs à sa promotion. Notre réponse serait que cela représente une raison de plus de ne jamais faire appel à un pareil individu, quelles que soient ses compétences, si le pouvoir, dans son acceptation la plus large, était vraiment sincère dans sa démarche.

    En tous cas, autant je me félicite de la célérité et de la radicalité de la décision prise à l’encontre de ce Rabah Drif, autant je me demande si la Salhi and co vont continuer de bénéficier d’une quasi-totale impunité. Elle n’est pas la seule, du reste. Les réseaux sociaux, où l’on croise le meilleur comme le pire, sont un terreau très favorable à la prolifération de toutes les formes d’écarts et de dépassements. Y mettre bon ordre passe peut-être par la loi à laquelle a appelé Tebboune le même jour.

    Il s’agit, indique un communiqué officiel émanant de la Présidence de la République, « d’élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine dans le pays ». Deux questions de taille se posent cependant. Est-ce qu’il n’y pas de risque que cette future loi soit utilisée comme alibi afin de procéder à de la censure bien ciblée au sein des réseaux sociaux ?

    En outre, le fait de criminaliser une déclaration, une parole, un mot, ne porte-t-il pas atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression ? Le fait de « criminaliser » des déclarations, des avis, des messages, me semble être une mesure par trop radicale, alors qu’il eut surtout fallu qualifier de « délits » ce genre d’attitude ou de sorties publiques, au même titre que la fonction de journalisme.

    Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison.

    Pour le cas qui nous intéresse, on est à la lisière de la violence, du rejet de l’autre et du recours à la force qui sont, eux, des crimes parfaitement qualifiés. L’idéal serait donc d’arriver à distinguer entre une déclaration, un avis, qui relève strictement du simple délit, et un appel à l’acte, à la violence, même soufflé à mots couverts que je qualifierais, moi, de crime pur et simple.

    Et, puisqu’il est question ici de « liberté d’expression », il serait bon au passage que des instructions soient données afin que les sites d’information bloqués chez nous ne le soient plus. Ce serait un gage de changement et de bonne volonté à l’adresse du hirak, lequel attend par ailleurs que tous les détenus d’opinion soient libérés…
    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 14 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, racisme, régionalisme, amazigh,

  • Algérie : Tlemcen et la lutte contre la contrebande (Wikileaks)

    Tlemcen espionnée par des Américains en 2008 (Wikileaks)

    El Watan, 7 septembre 2011

    Plusieurs notes portant la mention «section confidentielle» et référenciées, émanant de la chancellerie américaine et transmises à la Maison-Blanche en décembre 2008, mettent en cause le wali de Tlemcen, des responsables, ainsi que des universitaires.

    Les confidences contenues dans le rapport sous les numéro 001282 à 002 003 indiquent en préambule que «Tlemcen est une région agricole arable dont est originaire le président Bouteflika, plusieurs ministres d’Etat et des conseillers (…) Il semble que la région s’est illustrée par son essor économique, en comparaison avec d’autres wilayas du pays». Le document secret évoque le wali dont il précise l’origine (un haut diplômé de l’Est algérien) cité nommément (Abdelwahab Nouri). «Il a consacré le plus clair de son temps à tenter de convaincre le gouvernement de la situation dangereuse de la wilaya de Tlemcen frontalière avec le Maroc, au lieu de porter son intérêt sur la création des richesses et d’emplois (…). Le wali Nourri Abdelwahab a moqué les Marocains pour leur pratique de céder à leur roi. Abdelwahab, un fonctionnaire de carrière, originaire de l’extrémité opposée du pays près de la frontière tunisienne, voit clairement la sauvegarde de ses frontières avec le Maroc comme une de ses principales missions.

    La frontière est poreuse et difficile à surveiller par les patrouilles.» Un autre responsable, dont la fonction n’a pas été révélée, a déclaré, concernant la contrebande dans cette région : «Nous avons souvent fermé les yeux sur la contrebande des oranges.» Une contrebande qui se pratique à dos d’âne sans cavalier. Les ânes sont maintenant souvent équipés d’un lecteur de cassettes et d’écouteurs… S’ils sont surpris par la police des frontières, les ânes sont simplement libérés, tandis que les contrebandiers sortent indemnes. En revanche, le trafic de cannabis est très rentable pour les humains. Commentant la réalisation d’infrastructures à Tlemcen, le document révèle : «Un responsable nous a dit que le wali supervise les dépenses de 10 milliards en USD de projets d’infrastructures dans la wilaya.» Dans la même note, il est aussi question de la main-d’œuvre chinoise. «Lors d’une visite du site, le recteur de l’université nous a montré le bidonville de baraques en parpaing où 300 ouvriers chinois vivent (…) La présence des ouvriers chinois n’était pas, pour nos interlocuteurs, quelque chose de perçue négativement, néanmoins, ont-ils noté, certains des ouvriers ne sont pas près de retourner en Chine à la fin des projets» et de rappeler qu’un ouvrier chinois a épousé une Tlemcénienne et ouvert une boutique à Tlemcen en s’inquiétant que plusieurs Chinois se sont convertis à l’Islam, comme ils sont inquiétés du port du hidjab chez les filles de cette ville conservatrice. Evoquant les plantations viticoles, le rapport rappelle : «L’acteur français Gérard Depardieu a récemment essayé de créer une coopérative dans la région de Tlemcen parmi les viticulteurs privés. Le projet, en dépit de la production de certains vins excellents, a échoué et nos interlocuteurs de l’ONCV ont apparu heureux de cette disparition.»

    Toujours à propos du vin, la note indique : «Après son retour de l’hadj, il y a deux ans, par exemple, le wali avait fermé les bars de la ville, profitant d’une loi permettant à la wilaya de contrôler la vente d’alcool. Maintenant, il y a un seul magasin dans la région viticole où l’alcool est vendu.» Enfin, entre autres révélations, cette note concernant la présidente d’une ONG, en l’occurrence Mme Khira Taleb. «Militante Khira Taleb, qui aide les femmes victimes de violence domestique, a expliqué que la société civile a stagné à Tlemcen comme, d’ailleurs en Algérie. Elle a déclaré que le ministère de l’Intérieur n’octroyait plus d’autorisations aux nouvelles ONG, par rapport à Alger. Fait intéressant, elle a affirmé que le dynamisme des ONG actuelles, à la fois à Tlemcen et au niveau national, a été largement sapé par la façon dont l’Union européenne a structuré son petit programme de subventions. L’UE a, cependant, décidé en 2006, à aider les associations à travers le ministère de la Solidarité, injectant ainsi un niveau de contrôle de l’Etat qui limite la capacité des ONG à fonctionner indépendamment.» Mme Taleb observe tristement :«L’Union européenne a détruit la société civile à Tlemcen.» Le 9 décembre, une délégation américaine, conduite par l’ambassadeur Ford, a séjourné à Tlemcen et s’était entretenue avec des responsables et des intellectuels de la région.

    Chahredine Berriah

    tags : Algérie, Tlemcen, frontières, Maroc, contrebande,

  • Algérie : depuis 2002, le DRS a enquêté sur 1650 élus locaux pour corruption (Wikileaks)

    SUJET : ALGÉRIE : ENQUÊTE SUR LA CORRUPTION DE DIRECTEURS DE LA COMPAGNIE PÉTROLIÈRE NATIONALE

    1. (C/NF) Huit directeurs de la compagnie pétrolière nationale algérienne Sonatrach, incluant le Directeur Général, sont sous une enquête de corruption et ont été licenciés et remplacés. Les initiés de l’industrie ont peur que les opérations de la compagnie ne soient bientôt affectées. Les services de renseignement algériens mènent l’enquête. Ce scandale est le dernier d’une série spectaculaire d’investigations et de poursuites que nous avons observé depuis un an, impliquant des ministres du gouvernement algérien et des entreprises publiques. Significativement, la plupart des ministères concernés sont dirigés par des ministres considérés comme proches du Président algérien Bouteflika, dont le ministre de l’Energie/Mines Chakib Khelil. Les spéculations vont bon train à propos du fait que les querelles intestines entre les dirigeants civils et militaires seraient derrière cette affaire, mais nous n’avons pas de preuve tangible. Le silence déterminé de Bouteflika ne fait qu’alimenter l’incertitude. Fin du résumé.

    Huit hauts fonctionnaires impliqués

    2. (U) Un scandale de corruption a éclaté, impliquant la plus grande entreprise d’Algérie, la compagnie d’État ayant le monopole sur le pétrole et le gaz, Sonatrach. Les premiers rapports de presse relatent que le 14 janvier un juge d’instruction a ordonné au PDG de Sonatrach Mohamed Meziane, au vice-président des pipelines Benamar Zenasni, au vice-président des activités en amont Boumediene Belkacem, et cinq autres cadres de la compagnie de répondre à des questions concernant des allégations d’irrégularités dans l’attribution de contrats à deux entreprises de consultation appartenant aux fils de Meziane et un fournisseur d’équipement de sécurité. Ils ont été interrogés pendant vingt heures.

    3. (U) Les huit fonctionnaires de Sonatrach ont été mis en examen (« contrôle judiciaire » qui oblige une personne à faire un rapport périodiquement à la police et à ne pas quitter le pays). Certains ont été détenus. Meziane lui-même a été placé sous contrôle judiciaire ; deux vice-présidents ont été détenus dans la prison de Serkadji. Un autre haut fonctionnaire de Sonatrach, le vice-président pour la commercialisation Chawki Rahal, a été placé sous contrôle judiciaire. Quatre directeurs de Sonatrach (pour les affaires sociales, l’exploration, les pipelines et le transport, et la commercialisation) ont été placé sous contrôle judiciaire. Les deux fils de Meziane sont détenus – certains disent pour avoir été les actionnaires majoritaires des compagnies auxquelles la Sonatrach attribuait des contrats. Tous les efforts déployés par les avocats de la défense pour lever les détentions et les contrôles judiciaires ont été rejetés. En dehors de la Sonatrach, l’ancien Directeur Général de la banque du Crédit Populaire d’Algérie Hachemi Mehaoui et son fils ont été mis en détention.

    4. (U) Abdelhafid Feghouli, vice-président des opérations en aval, a été immédiatement nommé Directeur Général de Sonatrach [NDLR : presque un an plus tard, Feghouli est sous mandat de dépôt pour corruption au sein de Sonatrach]. Les trois autres vice-présidents sous suspicion ont été remplacés. Le ministre de l’Energie/Mines Chakib Khelil, dont le ministère est responsable de Sonatrach, a affirmé lors d’une conférence de presse le 17 janvier que l’enquête l’avait pris au dépourvu et que tout ce qu’il savait était ce qui avait été rapporté par la presse. Depuis, il a refusé de discuter des allégations ou de prendre la responsabilité de l’affaire, disant le 2 février qu’il n’avait pas les détails des accusations et qu’il ne démissionnerait pas. Khelil a plaidé qu’il était responsable du secteur entier de l’énergie mais pas de la gestion de Sonatrach ou une autre des 50 compagnies d’énergie de l’Etat relevant du mandat de son ministère. Il a assuré à la presse peu après que l’affaire eut éclaté que la production de Sonatrach ne serait pas affectée et que la compagnie continuerait de mener à bien tous les projets en cours. Dans la semaine du 24 janvier, la presse a rapportée que les avocats de Sonatrach ne défendraient pas les suspects, puisque Sonatrach était la victime des fraudes qu’on les suspectait d’avoir commis.

    Les producteurs étrangers inquiets

    5. (C/NF) L’ambassadeur a rencontré le 27 Janvier XXXXXXXXX. La source de Meziane XXXXXXXXX lui a dit que la question à l’étude était l’attribution de contrats de Sonatrach à un fournisseur unique. Les réglements de Sonatrach spécifient des conditions strictes pour ce type de contrat (« procédure R-115). Seul le Directeur Général Meziane aurait eu le pouvoir de les autoriser et de les approuver.

    6. (C/NF) XXXXXXXXX a entendu dire que 1600 contrats étaient sous enquête. Certains de ces contrats seraient passés par les fils de Meziane. Quelques années auparavant, Sonatrach avait pressé Anadarko d’entrer dans un tel contrat avec conjointement les États-Unis et la coentreprise algérienne BRC (Brown and Root-Condor) pour développer le champ pétrolier d’el-Merk. XXXXXXXXX, le contrat ne fut jamais réalisé, BRC fut liquidée, et en 2008 Sonatrach a donné le contrat el-Merk à Anadarko. XXXXXXXXX a déclaré que ce contrat ne faisait pas partie de ceux qui sont soumis à l’enquête. (Commentaire : BRC, cependant, figure dans la liste des enquêtes en cours citées dans la presse. Fin du commentaire).

    7. (C/NF) XXXXXXXXX a noté qu’Abdelhafid Ferghouli, ancien vice-président pour les opérations en aval et maintenant Directeur Général par intérim, est le (désormais ex-) vice-président de Sonatrach qu’Anadarko ne connaissait pas. XXXXXXXXX doutait qu’il allait rester longtemps à la position la plus élevée. Personne ne s’attend à ce que les fonctionnaires de Sonatrach sous enquête ne retournent à leurs postes antérieurs.

    Continuité des opérations de Sonatrach

    8. (C/NF) L’affirmation du ministre de l’Énergie/Mines Khelil le 17 janvier que les opérations de la compagnie ne seraient pas affectées n’est pas restée incontestée. Plusieurs rapports de presse provenant d’initiés et d’experts industriels disent que la peur a paralysé les rangs supérieurs de Sonatrach, qui ont tous peur de prendre une décision. XXXXXXXXX a confirmé cette évaluation, et nous avons entendu des points de vue similaires chez les français – très préoccupés par Sonatrach puisque la compagnie pétrolière française Total est exposée ici—et d’autres diplomates. Il a dit que tous les hauts fonctionnaires, au moins au niveau des opérations en amont avec lequel il est familier, regardent derrière leurs épaules et ont peur de prendre des décisions ou de signer quoique ce soit. La compagnie ne voulait pas signer les avenants aux contrats d’assurance sur la production pétrolière XXXXXXXXX rendus nécessaires depuis les modifications du budget de 2009 (Loi des Finances Complémentaires) – contrats dont l’ancien vice-président des opérations en amont Belkacem était responsable. Sonatrach avait contacté des compagnies d’assurance étrangères pour fournir cette assurance. Maintenant, ces compagnies n’ont toujours pas été payées. Elles cesseraient d’assurer les opérations de production XXXXXXXXX pour longtemps. Si cela se produisait, le travail s’arrêterait. XXXXXXXXX a dit que les champs XXXXXXXXX constituent le plus grand projet en amont avec une participation étrangère en Algérie.

    Le rôle principal des services de renseignement d’Algérie

    9. (C) Tous les documents rapportent que l’équivalent algérien de la DNI [Director of National Intelligence], le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) , qui ne fait plus partie du Ministère de la Défense Nationale, a mené l’enquête. Même si la sortie du DRS hors de l’ombre et sous les feux des projecteurs est sans-précédents, son service spécial d’investigation des corruptions internes a été actif pendant des années (i.e., même aussi loin que l’ère Boumédiène [NDLR : Houari Boumédiène, président de la République algérienne démocratique et populaire de 1965 à 1978]). Le magazine « Jeune Afrique » a récemment affirmé, par exemple, que le DRS a enquêté sur 1650 élus locaux algériens (soit environ un sur dix) depuis 2002 pour corruption. XXXXXXXXX était très conscient de l’implication du DRS dans l’affaire Sonatrach et les affaires annexes, et a relaté que l’ancien vice-président Belkacem, au cours de plusieurs réunions avec XXXXXXXXX, a été extrêmement prudent dans ce qu’il disait lorsque d’autres, même du personnel de la compagnie, étaient présents. Il était très surveillé sur le téléphone. XXXXXXXXX a imputé ce comportement à l’inquiétude suscitée par la surveillance du DRS. XXXXXXXXX a confié que le DRS a interrogé beaucoup de membres du personnel local de la société XXXXXXXXX.

    Ramifications politiques

    10. (C/NF) XXXXXXXXX a noté que personne ne croit le ministre de l’Énergie/Mines Khelil lorsqu’il clame ne rien savoir à propos de l’enquête. La plupart croient que Khelil a guidé les opérations de Sonatrach. XXXXXXXXX a noté que ses conversations avec des initiés industriels l’ont mené à un cousin du ministre connu seulement comme Hemche, qui était un conseiller proche de l’ancien Directeur Général Meziane. Ses sources pensent que Hemche était un décideur clé, même si Meziane a réalisé les signatures. Début décembre dernier, Hemche a soudainement pris sa retraite et s’est retiré dans une résidence à Lugano, en Suisse.

    11. (C) L’ambassadeur a noté qu’Alger est bouillonnante de spéculations à propos du contexte politique de ce scandale et d’autres affectant plusieurs ministères et entreprises publiques. Certains ont cru qu’il s’agissait d’une conséquence logique de l’engagement maintes fois exprimé par le Président Bouteflika de s’attaquer à la corruption. La plupart, cependant, interprètent l’action du DRS contre les hauts fonctionnaires de Sonatrach – qui doivent tous leurs emplois à Bouteflika – comme les représailles militaires via le DRS contre le contrôle civil que Bouteflika a imposé depuis sa réélection pour un second mandat en 2004.

    Commentaire

    12. (C) Les enquêtes contre les dirigeants des sociétés qui financent plus de la moitié du budget du pays et produisent 98% de ses recettes d’exportation ont choqué le pays et généré des spéculations rampantes sur les motivations politiques sous-jacentes. Dans un pays où les relations de pouvoir et les processus sont opaques, la spéculation est un tissu aussi dur que la preuve est rare. Un analyste de visite d’une entreprise américaine de premier plan d’analyse des risques a dit à Poloff la semaine du 31 janvier, par exemple, que tous ses contacts croient que le DRS a formé cette enquête pour envoyer un message à Bouteflika, soit pour qu’il donne aux proches des généraux principaux une plus grande part du gâteau économique, ou pour que le « clan » des Algériens de l’Ouest de Bouteflika cède le pouvoir aux militaires (que beaucoup considèrent dominés par des Algériens de l’Est), ou simplement pour que l’autorité civile dominante redonne de l’influence derrière les coulisses aux militaires. En dépit de ces théories et d’autres que nous avons entendus, nous ne disposons pas de preuves formelles pour une quelconque interprétation politique particulière. Ce qui est certain c’est que les infractions reprochées dans cette affaire de corruption peuvent ne représenter seulement que la pointe de l’iceberg – ce qui est précisément le point d’une lettre ouverte publiée à l’intention du DRS par un ancien vice-président de Sonatrach le 30 janvier dans le quotidien français « El Watan ». Cet article a exhorté le DRS de se pencher sur une liste d’opérations de Sonatrach bien plus grande, incluant les ventes sur le marché à une poignée de clients reliés aux plus hauts membres de la structure du pouvoir [de Sonatrach]. La source américaine des analyses de risques était certaine que la DRS a utilisé cet article comme un nouvel avertissement pour l’autorité civile.

    13. (C) Ce cas est le dernier d’une série d’enquêtes sur la corruption, qui ont commencé à faire surface avec une fréquence croissante depuis le printemps dernier et qui est maintenant en compétition avec l’indignation des mesures de la TSA et l’échec de l’Algérie pour gagner la Coupe d’Afrique de football pour les titres de la presse quotidienne. Deux autres grands cas en cours présument des actes répréhensibles, dans la construction de l’autoroute Est-Ouest et dans l’attribution de licences de pêche à des entreprises turques. D’autres impliquent l’opérateur de téléphone Algérie Telecom contrôlé par l’État, BRC (mentionné précédemment), et la Banque Nationale d’Algérie. Peu de cas ont conduit actuellement à un procès ou une condamnation, durcissant l’opinion largement répandue que les principaux responsables politiques continuent de s’enrichir sur les fonds publics en toute impunité. Avec la présence supposée des « commissaires » du DRS dans pratiquement toutes les entreprises publiques ou ministères, les hauts fonctionnaires sont dit inquiets que chaque visiteur, en particulier non-Algérien, soit dûment constaté et signalé. Les fichiers du DRS, déjà gonflés par des décennies de saletés financières et politiques sur à peu près tous les Algériens notoires, sont dit grandissant avec des informations sur des relations d’affaires suspectes ou d’allégations de faveurs spéciales. La grande question à laquelle personne ne peut répondre définitivement est de savoir si Bouteflika orchestre cette campagne éclair anti-corruption, comme l’a clamé publiquement Ouyahia, ou s’il s’agit de son objectif ultime. Son silence, a noté la presse, n’a fait qu’alimenter les spéculations. PEARCE

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    Tags : Algérie, Sonatrach, Wikileaks, DRS, corruption,

  • Algérie : Les partis se repositionnent

    FLN, RND, MSP… L’heure des repositionnements

    C’est l’heure des repositionnements chez nombre de partis, ceux de l’ex-allégeance notamment mais également chez ceux ayant longtemps évolué à la périphérie, ceci à la faveur de la nouvelle donne politique induite par l’élection du président de la République et la poursuite d’un mouvement populaire décidé à faire le grand ménage dans les mœurs en usage jusqu’ici.

    M. Kebci – Alger (Le Soir) – Exercice plus que délicat que celui auquel nombre de partis sont contraints par la force d’une nouvelle donne politique induite par la déferlante citoyenne du 22 février dernier qui impose, désormais, de nouvelles pratiques et mœurs politiques autres que celles ayant prévalu jusqu’ici.

    Un exercice à valeur de véritable pari pour, notamment, les partis de l’ex-allégeance, le duo FLN-RND en tête, cible privilégiée des millions de manifestants qui, depuis le 22 février écoulé et sans discontinuité, réclament leur mise au placard.

    Un duo qui s’efforce, une fois la grosse tempête passée, à la faveur surtout du déroulement, dans les conditions que l’on sait, de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, de sortir progressivement la tête de l’eau. Surtout que les deux partis qui ont de tout temps servi de façade partisane au pouvoir en place vivent de similaires situations avec pratiquement l’adoption de mêmes feuilles de route pour s’en sortir.

    D’ex-secrétaires généraux et nombre de cadres en détention provisoire et condamnés pour certains, pour des affaires de corruption, des secrétaires généraux intérimaires floués, ayant complètement perdu la boussole lors du dernier scrutin présidentiel et faisant face à des frondes de leurs bases militantes.

    Et face à ces tableaux de bord clignotant au rouge, les directions intérimaires du FLN et du RND adoptent le même antidote, soit mettre le cap sur des congrès à l’effet de conférer la légitimité à leurs directions avec la perspective chez le second de changer même de dénomination pour, en quelque sorte, se mettre à l’air du temps empreint de «dégagisme». Mais avant, on a pris le minutieux soin de signifier leur disponibilité à travailler avec le nouveau président de la République dans l’intérêt de l’Algérie et de son peuple, de saluer la composante du nouveau gouvernement, le dialogue inclusif auquel il appelle tout comme la mise sur pied d’un comité d’experts constitutionnalistes chargé d’élaborer des propositions en prévision d’une révision profonde de la Constitution. Manière à ces deux partis de se replacer et de se repositionner en vue des prochaines échéances politiques, élections législatives et locales probablement.

    Ceci dit, au sein des deux autres membres de l’ex-allégeance, le TAJ et le MPA dont les premiers responsables sont également en détention provisoire pour des affaires de corruption, le coma semble encore se prolonger. Ceci même si au sein du premier parti, on tente de se contenter du minimum requis avec des communiqués laconiques signés du président intérimaire du parti et dans lesquels il manifeste son soutien au nouveau Président et à toute sa démarche.

    Et dans le camp de l’opposition, certains partis, notamment ceux émargeant dans la mouvance verte, commencent à opérer un virage à 180 degrés, entamant un repositionnement en douceur.

    C’est le cas, notamment, du MSP qui, après avoir boudé à contre-cœur l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, s’éloigne de plus en plus du mouvement populaire du 22 février qu’il a fait semblant d’accompagner jusqu’ici et dont la poursuite semble aller à contresens de sa volonté de renouer avec sa philosophie et sa doctrine entriste. D’où l’opération de charme que son président a entamée envers le président de la République. Dans une conférence de presse animée samedi dernier, Abderezzak Makri a déclaré que la fraude électorale exercée par la «Issaba» durant des années a empêché son parti d’atteindre le pouvoir. «Notre parti a subi l’injustice», a-t-il fait savoir, estimant que le défunt «Mahfoud Nahnah y était parvenu lors de l’élection de 1995, mais les résultats du scrutin avaient été falsifiés». Et au président du MSP de déclarer dans la foulée «œuvrer avec sérieux et efficacité à formuler des propositions sur l’amendement de la Constitution».
    «En vue de donner sa véritable valeur aux élections législatives, le gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire.

    Si les Algériens sont d’accord pour un régime semi-parlementaire ou semi-présidentiel, le MSP ne s’y opposera pas», a estimé Makri, affirmant que «le gouvernement doit représenter la majorité plébiscitée par le peuple».

    M. K.

    Le Soir d’Algérie, 14 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, partis, RCD, FFS, FLN, MSP, Constitution,

  • Algérie – Libye : Inverser la courbe

    Alors qu’en Libye on était à deux cheveux d’entrer dans la phase finale de la confrontation entre les belligérants de cette guerre qui n’en finit pas, et que des puissances étrangères préparaient déjà leur stratégie pour faire entrer leurs troupes sur les champs de la guerre, voilà que l’Algérie reprend l’initiative et engage un large mouvement de consultation qui a permis la visite du président du GNA, du ministre italien des Affaires étrangères, de celui de l’Egypte mais aussi de la Turquie, pour voir enfin les voix de la paix et du dialogue se repositionner dans cet échiquier des plus compliqués.

    Et presque naturellement, un axe Alger-Berlin s’est mis en place où la chancelière Merkel a pris langue immédiatement avec le président Tebboune pour pousser vers un cessez-le feu, en attendant de mettre en pratique les meilleurs moyens de relancer un vrai dialogue entre les parties en conflit en Libye.

    Ce nouveau souffle imprégné par les deux Capitales, allait reculer les tambours de la guerre et permettre de pousser au plus loin l’option du dialogue. Une option qui a pris plus d’épaisseur avec l’appel des présidents russe et turc pour taire les armes. Un appel qui, enfin, allait être accepté hier, aussi bien par les groupes fidèles à As-Serraj que ceux fidèles au maréchal Hafter.

    Ce retour de l’Algérie sur le dossier libyen, a encouragé les autres groupes qui travaillent sur une solution négociée au conflit à bouger plus et reprendre l’initiative. Et c’est ce qui s’est concrétisé avec la visite du ministre congolais des Affaires étrangères, émissaire du président congolais, Denis Sassou N’Guesso, président du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, porteur d’un message du président Denis Sassou N’Guesso pour l’organisation d’un sommet des chefs d’Etat membres de ce Comité à un sommet.

    Ainsi, en Afrique et en Europe on croit possible de reprendre le chemin du dialogue, tel que toujours préconisé par l’Algérie et on voit ici et là que l’opportunité est cette fois bien réelle, notamment avec le retour remarqué d’Alger sur la scène internationale et le rôle central qu’elle peut jouer grâce à son poids politique et diplomatique pour inverser cette courbe guerrière qui s’est installée dangereusement ces derniers mois.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 12 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Russie, Turquie, Haftar, Sarraj, Tripoli,

  • Algérie : Grand succès de la diplomatie algérienne

    Après les forces de Khalifa Haftar, le Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), reconnu par l’ONU, a annoncé hier qu’il accepte le cessez-le-feu auquel ont appelé plusieurs pays, ouvrant la voie à un retour au calme en Libye, après un risque de guerre aux conséquences catastrophiques.

    Le Gouvernement d’union nationale (GNA), a accepté dimanche l’appel àun cessez-le-feu en Libye, lancé par Moscou et Ankara, quelques heures après l’annonce par le maréchal Khalifa Haftar,de la cessation des hostilités. En réponseà l’appel mercredi des présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a annoncé dans un communiqué « un cessez-le-feu à partir du (dimanche) 12 janvier à 00H00 », soulignant le « droit légitime » de ses forces de « riposter à toute attaque ou agression, qui pourrait provenir de l’autre camp ».

    Dans la soirée de samedi, les forces de Khalifa Haftar avaient annoncé un cessez-le-feu, à partir de dimanche 00H00 (22H00 GMT), en réponse à l’appel lancé mercredi, par Moscou et Ankara. Mais, les forces de Haftar, basées à Benghazi dans l’Est libyen, ont prévenu que ce cessez-le- feu, dans un bref communiqué, que la « riposte sera sévère en cas de violation de la trêve par le camp adverse », en allusion aux forces du Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli. Avant l’annonce du maréchal Haftar, le président Russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel, s’étaient rencontrés samedi à Moscou.

    « Je compte vraiment sur le fait que dans quelques heures, (…) comme nous l’avons demandé avec le président turc, (Recep Tayyip) Erdogan, les parties au conflit libyen cesseront le feu », avait déclaré M. Poutine, à l’issue de la rencontre. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, et son homologue russe Vladimir Poutine, ont appelé mercredi à Istanbul, à l’instauration de ce cessez-le-feu et samedi, la Turquie a demandé à la Russie, de convaincre le général Haftar de le respecter.

    L’Algérie salue le cessez-le-feu

    Par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l’Algérie salue la décision de cessez-le-feu déclarée en Libye par les forces du maréchal Khalifa Haftar, et approuvée par le Gouvernement d’union nationale. L’Algérie appelle ainsi les différentes parties libyennes, à respecter le cessez-le-feu et de revenir rapidement au processus de dialogue national inclusif, pour arriver à une solution politique et pacifique, qui prenne en compte l’intérêt supérieur de la Libye et de son peuple, a indiqué le communiqué de la diplomatie algérienne. Le communiqué, signé par le porte-parole du MAE Abdelaziz Benali Chérif, rappelle la position constante de l’Algérie, appelant à une solution politique et pacifique, par le biais d’un dialogue entre Libyens. L’Algérie poursuivra ses efforts pour arriver à une solution politique et pacifique, garantissant l’unité du peuple libyen et sa souveraineté, précise-t-on.

    Poursuite des efforts de médiation de l’Algérie

    L’Algérie poursuit de son côté, ses efforts de médiation dans la crise libyenne, notamment sur le front africain, et multiplie les consultations avec les pays de l’Union africaine, autant qu’avec les pays européens, dont l’Italie. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait reçu samedi à Alger, le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération, Jean-Claude Gakosso. Un communiqué de la présidence de la République indique en effet, que le président Abdelmadjid Tebboune a reçu le ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération, Jean-Claude Gakosso. Celui-ci, précise t-on de même source, lui a remis un message du Président congolais, en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA), sur la Libye. Ce message est « une invitation adressée au président de la République, pour assister à la réunion que

    le Comité compte tenir le 25 janvier courant », précise le communiqué. ’’L’audience a été l’occasion d’évaluer la situation en Libye, ce pays frère, et l’échange de vues sur les voies à même de mettre fin aux hostilités et aux ingérences étrangères, et de dynamiser le processus des négociations entre les parties libyennes, ainsi que le rôle de l’UA dans la relance du processus de paix dans ce pays frère, loin de toute ingérence étrangère », ajoute la même source.

    Soucieuse de rester à « équidistance » des deux camps, Alger a rejeté toute ingérence étrangère en Libye, et a exhorté toutes « les parties libyennes à retourner rapidement à la table des négociations ». Lundi dernier, en recevant le chef du GNA, Fayez El Serraj, le président Abdelmadjid Tebboune avait rappelé « l’attachement de l’Algérie à préserver la région de toute ingérence étrangère », au moment où la Turquie a décidé de déployer des troupes en Libye, « en soutien » au GNA dans la bataille de Tripoli. Au terme de cet entretien, l’Algérie a appelé la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à « prendre ses responsabilités » et à « imposer un cessez-le-feu ». L’appel d’Alger a été suivi mercredi, par la Turquie et la Russie, dont les deux dirigeants,

    Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, ont appelé à Istanbul, à un cessez-le-feu à partir de ce dimanche 12 janvier à minuit, en Libye. Avec l’Italie par ailleurs, l’Algérie enregistre « une convergence de vues sur la nécessité d’intensifier les efforts pour un cessez-le-feu immédiat », explique un communiqué de la présidence de la République. Cessez-le-feu est un prélude, estime t-on à Alger, « à la reprise du dialogue entre les parties libyennes belligérantes, à même de trouver une solution politique qui garantit l’unité du peuple libyen et l’intégrité territoriale de la Libye, et préserve la souveraineté nationale, loin de toute pression et ingérence étrangère. » Enfin, la Chancelière allemande, en visite en Russie pour la première fois depuis le printemps 2018, a dit espérer pouvoir bientôt lancer « les invitationspour une conférence à Berlin sous nl’égide de l’ONU », afin que la Libye puisse redevenir un pays « souverain et pacifié

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 13 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Russie, Turquie, Haftar, Sarraj, Tripoli,

  • Algérie : Emploi, quelle stratégie?

    Si l’Algérie a réalisé de nombreuses avancées sur les plans économique et social, il n’en demeure pas moins que la crise actuelle a eu un impact négatif sur l’emploi. Quelle stratégie de l’emploi pour faire face au défi de taille que constitue le chômage ? Sans doute, pour le gouvernement actuel, il s’agit d’un des plus importants défis à relever.

    Le marché du travail est soumis à des déséquilibres et des pressions croissants, sur fond de montée de l’activité sous des statuts précaires, d’ascension du secteur informel ainsi que d’accroissement du chômage avec comme corollaire la montée de la pauvreté.

    Même si les disparités selon le genre sont structurelles et antérieures à la crise, les jeunes et les femmes sont les premières victimes de cette fragilisation. Des centaines de milliers de jeunes et de femmes ne sont actuellement ni au travail, ni à l’école, ni en formation mais également de jeunes entrepreneurs en herbe, sont en attente de véritables débouchés.

    Aussi, le dossier de l’emploi est au cœur des problèmes économiques nécessitant une prise en charge rapide et efficace, notamment en matière de formation pour des jeunes peu qualifiés et de soutien aux jeunes entrepreneurs à la recherche de débouchés économiques.

    La formation permettra de renforcer les compétences des jeunes à la recherche d’emploi dans un environnement favorable. Le secteur privé et les autorités publiques sont appelés, aujourd’hui plus que jamais, d’impartir aux jeunes les compétences et les informations dont ils ont besoin pour accéder à ces débouchés et maximiser les opportunités. Il s’agit surtout de stimuler la création d’emplois dans un environnement entrepreneurial et soutenir les possibilités de création d’entreprises par des jeunes dans les filières à fort potentiel.

    D’après les spécialistes, les politiques macro-économiques à venir, vont modifier profondément les structures de l’économie algérienne. Les mutations toucheront le marché du travail et, au sein de celui-ci, le rôle et la place des femmes et des jeunes. Année économiquement difficile, 2020 le sera véritablement, notamment sur le marché du travail.

    Seule une diversification accrue de l’économie par des investissements importants, notamment dans le secteur du BTPH, permettront de pallier le problème du chômage. De tous temps, les chiffres décevants de l’emploi, traduisent en réalité une très faible diversification de l’économie.

    Le sous-emploi et la faible participation des femmes et des jeunes au marché du travail, traduisent aussi la gravité de la situation. A vrai dire, la reprise économique devrait d’abord se traduire par des créations d’emplois.

    Jeunesse d’Algérie

    Tags : Algérie, jeunesse, emploi, travail,

  • Farid Chaoui invite à penser le hirak dans le temps long

    Réflexion autour des réformes

    Dans le monde politique, il y a les activistes. Ceux qui participent à une marche le matin, à une assemblée générale dans l’après-midi, trouvent le temps de signer une pétition entre les deux, et se déchaînent sur les réseaux sociaux le soir.

    Il y a ensuite ceux qui sont dans des organisations politiques. Leur activité est rythmée par celle de leur parti, auquel ils consacrent une partie de leur temps, selon leurs moyens, leurs responsabilités et leurs disponibilités.

    Et il y a une troisième catégorie, ceux qui tentent de comprendre l’évolution de leur temps, de décoder les évènements et de leur donner une orientation sur le long terme. Farid Chaoui fait indéniablement partie de cette catégorie. Leur souci n’est pas d’écumer les plateaux de télévision, ni de squatter les tribunes ou de monopoliser le débat. Ils essaient de créer des opportunités pour lancer des débats sur les grands thèmes politiques et de société de leur temps, et de rappeler les grands enjeux que le pays doit affronter. Ils s’inscrivent résolument dans le temps long, et refusent d’être entrainés dans l’immédiateté.

    La réflexion de Farid Chaoui relève de ce souci permanent de ne pas plier aux modes du moment. Sa contribution sur le hirak porte clairement cette marque. Il revient sur de grands mouvements sociaux qui ont marqué l’époque contemporaine, comme l’opposition à la guerre du Vietnam aux Etats-Unis dans les années 1960 e 1970, ou mai 1968. Il relève que ces mouvements, malgré leur ampleur exceptionnelle, n’ont pas débouché sur des bouleversements politiques ou institutionnels immédiats, mais qu’ils ont durablement marqué l’évolution des sociétés sur des décennies.

    Il rapporte cette réflexion au hirak, ce formidable mouvement populaire né en Algérie le 22 février 2019, et qui se poursuit encore avec la promesse de boucler une année dans un mois et demi. La vocation du hirak n’est pas de prendre le pouvoir en Algérie, mais d’opérer une sorte de reformatage de la vie politique sur le long terme. C’est dans la durée que ce mouvement portera ses fruits, en ouvrant des perspectives pour une nouvelle vision de la vie politique et institutionnelle, de la gouvernance et de l’organisation des rapports sociaux. C’est un texte qui mérite d’être lu et diffusé.

    Abed Charef

    La Nation, 5 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, réforme,

  • La crise libyenne dévoile la réalité du Maroc, un tigre en papier

    Les cartes du jeu ont été dévoilées par la crise libyenne. La communauté internationale attendait la fin du feuilleton de l’élection présidentielle en Algérie afin que celle-ci puisse prendre en charge le processus des négociations en Libye.

    Face aux avertissements d’Alger, les velléités guerrières d’Erdogan ont fait marche arrière. Les chefs de la diplomatie des parties intéressées et concernées par la situation à tripoli ont fait un véritable ballet à la capitale algérienne. Un ballet qui ne laisse aucun doute : l’Algérie est une puissance incontournable dans la région.

    Entre-temps, le Maroc aboie pour se faire entendre, se faire une place pour trouver un cavalier en vue de participer à ce ballet auquel il n’a pas été inventé. Le grand Maroc s’est avéré un tigre en papier. Alors, il multiplie les déclarations et les communiqués dans l’espoir de se faire inviter à un moment où Rabat se trouve en conflit avec tout son voisinage, son allié la France perd de plus en plus de terrain en Afrique et le pays se trouve assis sur une poudrière à cause de la crise financière et le poids de la dette.

    En vue de calmer sa population, le pouvoir marocain se tournera contre les sahraouis. La répression des sahraouis est le sport national favori au Maroc. Aucun parti ne s’y oppose ne n’y condamne. Même l’AMDH et Annahj Addimocrati se taisent pour ne pas incommoder le Makhzen dans sa politique saharienne.

    Tags : Maroc, Algérie, France, Libye,