Auteur/autrice : mahembarec
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Des moquettes «made in Saône-et-Loire» pour l’avion du Roi du Maroc
TISCA a en effet été mandatée par l’architecte Wladimir Wauquiez pour confectionner les moquettes devant équiper le Boeing 747 de la Royal Air Maroc. A savoir l’avion que le Roi Mohamed VI utilise pour ses déplacements de part le monde, ainsi que le révèle, ce jeudi, le Journal Le Parisien / Aujourd’hui en France.Ce sont plus de 220 m2 de moquette qui ont ainsi été fabriqués à Moroges. «Cette moquette est du tufté main. C’est le principe du canevas à très grande échelle», indique Pierre-Louis Juillet, directeur de la société. Une moquette de luxe, pour un usage de luxe. Une moquette qui affiche 4 kilos au m² et qui doit servir à habiller l’espace VIP de l’avion utilisé par Mohamed VI, le roi du Maroc.Le goût de Sa Majesté pour les dépenses avait déjà été remarqué lorsque la luxueuse voiture de sa collection a eu besoin d’une révision. Pour le roi du Maroc ni les frais, ni la distance ne peuvent le dissuader. Il n’est pas le type à lésiner sur les moyens. Sa majesté a fait embarquer son précieux véhicule à bord d’un avion des forces aériennes marocaines et l’a envoyé, à 2.000 Km de Rabat, vers l’Angleterre.Au moment où la consommation de viande pour une grande partie des marocains est un luxe, le budget consacré rien qu’aux déplacements de Mohammed VI est énorme. En 2008, sur les 1,9 milliards de dirhams réservés par la Loi de Finances à la liste civile et à la cour royale, 380 millions ont servi à couvrir les frais de déplacements du roi et de sa suite, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Frais de logement, restauration, transport et indemnités de déplacement, la facture détaillée est des plus salées (1).Le transport de personnes a coûté 28 millions de dirhams, le transport de matériel (mobilier, ustensiles de cuisines, tentes, matériel de communication…) plus de 130 millions de dirhams. Vient ensuite l’hébergement, rubrique très budgétivore, avec 80 millions de dirhams en douze mois pour loger le roi et ses accompagnants. Last but not least, comme tout fonctionnaire ou employé, le souverain touche des indemnités de déplacement. En 2008, elles ont atteint 37 millions de dirhams, dont deux millions seulement pour les voyages officiels à l’étranger (2).En plus des grossese voitures, il y a aussi les gros palais avec des portes d’or dans ses chambres. Le site Vanityfair apporte toute une variété de photos qui illustrent le luxe des palais royaux au Maroc. Selon le même site, le Roi Mohamed VI convertira, au mois de mars prochain, son palais Royal Mansour à Marrakech en hôtel. Les riads privés démarreront à 2,200 $ par nuit.Le roi du Maroc est aussi généreux. Alors que des millions de citoyens marocains vivent dans des bidonvilles, l »amour » de Sa Majesté pour l’Algérie lui a poussé à offrir une villa de luxe au chanteur Cheb Khaled dans le nouveau projet Marina Saidia. Tout le monde sait que Khaled n’a pas besoin d’argent, surtout qu’il a participé cet été à plusieurs festivals, pour un total estimé à 250 millions de centimes en plus de la villa offerte (3)Selon le classement annuel des têtes couronnées les plus riches de la planète publié par le magazine américain Forbes au mois de juin 2009, douze des quinze monarques les plus fortunés de la planète ont vu leur fortune diminuer a cause de la crise. Le roi Mohammed VI du Maroc est le seul qui voit sa fortune progresser d’une année sur l’autre (2,5 milliards de dollars, soit 1 milliard de plus qu’en 2008) (5).Son goût pour le luxe lui a déjà joué un mauvais tour. Il a été arnaqué par l’un de ses fidèles sujets. Au tout début des années 90, lorsqu’il était encore Prince héritier, sa future Majesté avait pour habitude de se faire tailler ses costumes chez le grand Yves Saint Laurent. Or, son responsable des achats d’alors à l’ambassade du Maroc à Paris — un job d’influence compte tenu de la consommation excessive de produits de luxe parisiens de la famille Alaoui — un certain Abdelkader Belembarek, avait mis au point un petit stratagème pour faire de discrètes économies sur les costumes du Prince. Après avoir mis la main sur des étiquettes Yves Saint Laurent, Belembarek faisait fabriquer en douce les vêtements royaux par un tailleur certes doué mais inconnu et qui facturait donc bien moins cher que le grand couturier. Le futur Mohammed VI n’y voyant que du feu, le système a fonctionné à merveille pendant deux années. (5)(1) Marocclic(2) Idem.(3) Entre Nous(4) Luxuo(5) BackchichPhoto : Pierre-Louis Juillet avec la très Royale moquette -
La réalité face au réalisme
La décision de la Cour Internationale de Justice est la preuve définitive de l’obligation de célébrer un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. Cependant, cette réclamation repose sur une lecture incomplète du sommaire de la décision de la Cour. Une lecture complète mène à une conclusion aussi importante que la précédente : La souveraineté sur le Sahara Occidental était et continue d’être des sahraouis.Le but du référendum d’autodétermination n’est pas de décider à qui appartient cette souveraineté, mais de demander aux sahraouis s’ils veulent ou non garder, modifier ou renoncer à leur souveraineté. Celle-ci était déjà existante au Sahara Occidental. La CIJ l’a dit clairement : Le Sahara Occidental n’a jamais était terra nulius.L’ONU et l’UA n’ont jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui. Même le diplomate onusien, Peter van Walsum, en dépit de sa défense de la proposition d’autonomie marocaine, reconnaît que la légalité se trouve du côté du peuple sahraoui et que le problème c’est la France et les Etats-Unis qui ne sont pas prêts à forcer le Maroc à se plier à la volonté de la communauté internationale. Les seuls pays et personnes qui disent que le Sahara Occidental est marocain ont été payés pour le dire : quelques hommes d’affaires américains et français et une poignée de pays africains qui ne sont pas dignes d’être mentionnés (la Guinée du sanguinaire Obiang Nguema, le Gabon de la famille Bongo)Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’invasion, l’occupation et la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc constituent la tentative la plus flagrante d’un pays d’élargir son territoire par la force.Le Maroc non seulement a violé les résolutions qui concernent les territoires non-autonomes, il a aussi violé quelque chose de plus important : Les règles élémentaires qui interdisent l’agression et l’occupation par la force.Malgré cette réalité, la question n’attire l’attention du monde que s’il y a effusion de sang ou si un scandale éclate comme l’expulsion d’Aminatou Haidar. C’est devenu la malédiction de ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans. Parce qu’il y a des enjeux économiques et stratégiques au milieu. Comme si les sahraouis n’étaient pas des êtres humains qui ont le droit à vivre dignement, à vivre sous un toit chez eux, à bâtir leur pays, à se cultiver, à regarder la télévision, à faire leurs courses, à jouer du football, à rêver…Les criminels de guerre marocains soumettent les sahraouis aux tortures, aux violations des droits de l’homme, tous les jours. Au même temps, le monde regarde ailleurs. C’est une honte. Mais les sahraouis, ce peuple aguerri, ne capitulent pas et ils luttent avec toute leur force et avec l’espoir de celui qui n’a rien à perdre.S’il y a un peuple qui mérite du respect et de l’affection, c’est le peuple sahraoui. Il a été victime de la plus grande canaillerie et il continue de patienter, d’attendre que justice soit faite, sans perdre ses valeurs : la générosité, la compassion, la détermination. Tous ceux qui l’ont connu ont découvert une réalité et un peuple exceptionnel et ils ont fini par épouser sa cause et devenus son porte-parole.Ceux qui ont visité les camps de réfugiés sahraouis ont trouvé le même rire, malgré l’exil sur cette terre inhospitalière, la même volonté à rester debout malgré la paralysie du monde à leur égard. Le quotidien fait de certaines privations et de manques est accompagné d’optimisme, de détermination et d’espoir en de lendemains meilleurs.Certains médias essaient de diffuser des clichés sordides sur ces camps de réfugiés à travers le monde, mais la réalité est là. La réalité d’un peuple qui, après 34 ans, est un peuple toujours déterminé, avide de vivre comme tous les peuples du monde, de faire partie de ce monde. Ce longtemps n’a pas fragilisé ce peuple mais l’a consolidé.La solution constamment répétée de négocier pour trouver « une solution juste et mutuellement acceptable » ne peut convaincre personne face à l’image que l’on veut attribuer au Maroc, cette image qui lui permet de piétiner toutes les résolutions des Nations Unies et aux principes les plus élémentaires des droits de l’homme. Dans l’affaire Haidar, il a fini par menacer d’arrêter le contrôle de l’immigration, des cellules intégristes, du trafic de drogue. Apparemment, la monnaie d’échange est le Sahara Occidental. C’est cela qui justifie le silence des pays occidentaux, ces pays qui se veulent un exemple de civilisation, de démocratie, de valeurs… et de tout le reste de ce discours hypocrite.Dans ces conditions, quelle solution reste aux fils des braves combattants qui sont tombés dans la guerre contre l’envahisseur marocain? Cette génération qui ne comprend pas la réalpolitik et n’en a rien à faire. Ce qu’ils veulent c’est cette chose pour laquelle leurs parents sont morts? Les politiciens de la nouvelle ère, pourraient-ils les convaincre de laisser tomber cet idéal qu’ils ont tété de leurs mères et de leur société? Même si le Front Polisario décide d’accepter l’autonomie, le Maroc aura toujours des problèmes avec cette génération qui ne rêve que de voir son pays libre et souverain. Et c’est cette même génération qui refuse de capituler au nom d’un réalisme fantomatique.Aminatou Haidar en a été l’exemple. Seuls ceux qui ne veulent pas de paix dans cette région font semblant d’ignorer cette réalité. -
La réalité face au réalisme
La décision de la Cour Internationale de Justice est la preuve définitive de l’obligation de célébrer un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental. Cependant, cette réclamation repose sur une lecture incomplète du sommaire de la décision de la Cour. Une lecture complète mène à une conclusion aussi importante que la précédente : La souveraineté sur le Sahara Occidental était et continue d’être des sahraouis.Le but du référendum d’autodétermination n’est pas de décider à qui appartient cette souveraineté, mais de demander aux sahraouis s’ils veulent ou non garder, modifier ou renoncer à leur souveraineté. Celle-ci était déjà existante au Sahara Occidental. La CIJ l’a dit clairement : Le Sahara Occidental n’a jamais était terra nulius.L’ONU et l’UA n’ont jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui. Même le diplomate onusien, Peter van Walsum, en dépit de sa défense de la proposition d’autonomie marocaine, reconnaît que la légalité se trouve du côté du peuple sahraoui et que le problème c’est la France et les Etats-Unis qui ne sont pas prêts à forcer le Maroc à se plier à la volonté de la communauté internationale. Les seuls pays et personnes qui disent que le Sahara Occidental est marocain ont été payés pour le dire : quelques hommes d’affaires américains et français et une poignée de pays africains qui ne sont pas dignes d’être mentionnés (la Guinée du sanguinaire Obiang Nguema, le Gabon de la famille Bongo)Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’invasion, l’occupation et la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc constituent la tentative la plus flagrante d’un pays d’élargir son territoire par la force.Le Maroc non seulement a violé les résolutions qui concernent les territoires non-autonomes, il a aussi violé quelque chose de plus important : Les règles élémentaires qui interdisent l’agression et l’occupation par la force.Malgré cette réalité, la question n’attire l’attention du monde que s’il y a effusion de sang ou si un scandale éclate comme l’expulsion d’Aminatou Haidar. C’est devenu la malédiction de ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans. Parce qu’il y a des enjeux économiques et stratégiques au milieu. Comme si les sahraouis n’étaient pas des êtres humains qui ont le droit à vivre dignement, à vivre sous un toit chez eux, à bâtir leur pays, à se cultiver, à regarder la télévision, à faire leurs courses, à jouer du football, à rêver…Les criminels de guerre marocains soumettent les sahraouis aux tortures, aux violations des droits de l’homme, tous les jours. Au même temps, le monde regarde ailleurs. C’est une honte. Mais les sahraouis, ce peuple aguerri, ne capitulent pas et ils luttent avec toute leur force et avec l’espoir de celui qui n’a rien à perdre.S’il y a un peuple qui mérite du respect et de l’affection, c’est le peuple sahraoui. Il a été victime de la plus grande canaillerie et il continue de patienter, d’attendre que justice soit faite, sans perdre ses valeurs : la générosité, la compassion, la détermination. Tous ceux qui l’ont connu ont découvert une réalité et un peuple exceptionnel et ils ont fini par épouser sa cause et devenus son porte-parole.Ceux qui ont visité les camps de réfugiés sahraouis ont trouvé le même rire, malgré l’exil sur cette terre inhospitalière, la même volonté à rester debout malgré la paralysie du monde à leur égard. Le quotidien fait de certaines privations et de manques est accompagné d’optimisme, de détermination et d’espoir en de lendemains meilleurs.Certains médias essaient de diffuser des clichés sordides sur ces camps de réfugiés à travers le monde, mais la réalité est là. La réalité d’un peuple qui, après 34 ans, est un peuple toujours déterminé, avide de vivre comme tous les peuples du monde, de faire partie de ce monde. Ce longtemps n’a pas fragilisé ce peuple mais l’a consolidé.La solution constamment répétée de négocier pour trouver « une solution juste et mutuellement acceptable » ne peut convaincre personne face à l’image que l’on veut attribuer au Maroc, cette image qui lui permet de piétiner toutes les résolutions des Nations Unies et aux principes les plus élémentaires des droits de l’homme. Dans l’affaire Haidar, il a fini par menacer d’arrêter le contrôle de l’immigration, des cellules intégristes, du trafic de drogue. Apparemment, la monnaie d’échange est le Sahara Occidental. C’est cela qui justifie le silence des pays occidentaux, ces pays qui se veulent un exemple de civilisation, de démocratie, de valeurs… et de tout le reste de ce discours hypocrite.Dans ces conditions, quelle solution reste aux fils des braves combattants qui sont tombés dans la guerre contre l’envahisseur marocain? Cette génération qui ne comprend pas la réalpolitik et n’en a rien à faire. Ce qu’ils veulent c’est cette chose pour laquelle leurs parents sont morts? Les politiciens de la nouvelle ère, pourraient-ils les convaincre de laisser tomber cet idéal qu’ils ont tété de leurs mères et de leur société? Même si le Front Polisario décide d’accepter l’autonomie, le Maroc aura toujours des problèmes avec cette génération qui ne rêve que de voir son pays libre et souverain. Et c’est cette même génération qui refuse de capituler au nom d’un réalisme fantomatique.Aminatou Haidar en a été l’exemple. Seuls ceux qui ne veulent pas de paix dans cette région font semblant d’ignorer cette réalité. -
« Les services marocains m’ont fait miroiter une vie à l’abri du besoin »
ENTRETIEN
Nous avons rencontré Malika Es-saïdi, 42 ans, journaliste et réalisatrice. Un parcours édifiant qui illustre parfaitement notre propos.
Quel est votre parcours en tant que « Belgo-Marocaine » ?
Ma famille vit en Belgique depuis 1971. Après des études en philologie et histoire orientales à l’ULB, le Commissariat général aux relations internationales de la Communauté française (CGRI) m’a octroyé une bourse pour l’Université de Rabat. Pour découvrir le Maroc, j’y ai écrit dans la presse francophone locale puis pour un hebdo français. De retour en Belgique, après une parenthèse très instructive comme attachée de presse à l’ambassade du Maroc à Bruxelles, j’ai repris la plume comme indépendante (Le Soir, TelQuel, Journal du Mardi), avant de me lancer dans l’audiovisuel (primée au Festival Filmer à tout prix en 2000). J’ai ensuite travaillé pour des magazines de la RTBF comme l’Hebdo ou Actuel à côté de mes projets documentaires.
Avez-vous personnellement eu affaire à des agents marocains ? Vous ont-ils fait des propositions, des menaces ?
Ma première rencontre avec les services de sécurité marocains date de 1996. J’étais correspondante de Jeune Afrique qui reparaissait après une interdiction. A la suite de ma demande d’accréditation, j’ai été convoquée dans un commissariat où j’ai eu droit à des questions du style : « Avez-vous déjà participé à des manifestations contre votre pays en Belgique ? » Bien sûr, le but de cet interrogatoire n’était pas d’obtenir des informations qu’ils possédaient déjà mais de me faire comprendre que comme je m’adresserais à l’étranger, je serais surveillée.
Mais avez-vous été approchée afin de travailler pour les « services » marocains en Belgique ?
Oui. Mais c’était plus tard en 2000 après mon expérience à l’ambassade du Maroc, où j’avais pourtant, non sans difficultés, organisé, par exemple, un voyage pour la presse belge qui a pu rencontrer d’anciens opposants. C’était dans le cadre d’une politique d’ouverture liée à l’accession du parti socialiste marocain, l’USFP, au gouvernement. J’ai dû quand même aller trop loin car on m’a finalement montré la porte. De retour à la presse écrite, j’avais proposé au Soir un papier sur la situation socio-politique au Maroc. Arrivée à Rabat, j’ai rencontré, pour une interview, Nadia Yassine, la fille du leader islamiste d’Al Adl Wal Ihsane assigné à résidence. Sortant d’un taxi dans le quartier populaire où je logeais chez une amie est apparu un homme en costume trois pièces. Il me tendit son GSM en disant que « quelqu’un » voulait me parler. C’était Hamidou Laânigri, patron de la DST (Direction de la surveillance du territoire). Il me convoqua poliment mais fermement en ses bureaux. J’ai pris le parti de l’humour en exigeant un hélicoptère. Je suggérais un rendez-vous dans l’après-midi pour me laisser le temps de prévenir mon amie. Malgré ses inquiétudes, la curiosité chez moi l’a emporté. J’eus droit à une voiture banalisée et à un chauffeur silencieux jusque dans le bureau somptueux du colonel Laânigri. L’accueil chaleureux et le thé à la menthe devaient me faire oublier le « détournement » dont je faisais l’objet. Droit au but, il m’a proposé de travailler comme agent de renseignement et d’infiltrer les milieux islamistes en Belgique.
Vous a-t-il proposé une rémunération ?
Il m’a tout simplement dit que si j’acceptais, je serais à l’abri du besoin. J’ai répondu que je tenais trop à ma liberté pour ça. Il m’a laissé partir en se disant peut-être que je pourrais revenir sur ce refus. Ça n’a évidemment pas été le cas, et ce sans conséquences apparentes. Ce qui prouve que le Maroc commençait à changer à l’époque.
LE SOIR.BE -
« Les services marocains m’ont fait miroiter une vie à l’abri du besoin »
ENTRETIEN
Nous avons rencontré Malika Es-saïdi, 42 ans, journaliste et réalisatrice. Un parcours édifiant qui illustre parfaitement notre propos.
Quel est votre parcours en tant que « Belgo-Marocaine » ?
Ma famille vit en Belgique depuis 1971. Après des études en philologie et histoire orientales à l’ULB, le Commissariat général aux relations internationales de la Communauté française (CGRI) m’a octroyé une bourse pour l’Université de Rabat. Pour découvrir le Maroc, j’y ai écrit dans la presse francophone locale puis pour un hebdo français. De retour en Belgique, après une parenthèse très instructive comme attachée de presse à l’ambassade du Maroc à Bruxelles, j’ai repris la plume comme indépendante (Le Soir, TelQuel, Journal du Mardi), avant de me lancer dans l’audiovisuel (primée au Festival Filmer à tout prix en 2000). J’ai ensuite travaillé pour des magazines de la RTBF comme l’Hebdo ou Actuel à côté de mes projets documentaires.
Avez-vous personnellement eu affaire à des agents marocains ? Vous ont-ils fait des propositions, des menaces ?
Ma première rencontre avec les services de sécurité marocains date de 1996. J’étais correspondante de Jeune Afrique qui reparaissait après une interdiction. A la suite de ma demande d’accréditation, j’ai été convoquée dans un commissariat où j’ai eu droit à des questions du style : « Avez-vous déjà participé à des manifestations contre votre pays en Belgique ? » Bien sûr, le but de cet interrogatoire n’était pas d’obtenir des informations qu’ils possédaient déjà mais de me faire comprendre que comme je m’adresserais à l’étranger, je serais surveillée.
Mais avez-vous été approchée afin de travailler pour les « services » marocains en Belgique ?
Oui. Mais c’était plus tard en 2000 après mon expérience à l’ambassade du Maroc, où j’avais pourtant, non sans difficultés, organisé, par exemple, un voyage pour la presse belge qui a pu rencontrer d’anciens opposants. C’était dans le cadre d’une politique d’ouverture liée à l’accession du parti socialiste marocain, l’USFP, au gouvernement. J’ai dû quand même aller trop loin car on m’a finalement montré la porte. De retour à la presse écrite, j’avais proposé au Soir un papier sur la situation socio-politique au Maroc. Arrivée à Rabat, j’ai rencontré, pour une interview, Nadia Yassine, la fille du leader islamiste d’Al Adl Wal Ihsane assigné à résidence. Sortant d’un taxi dans le quartier populaire où je logeais chez une amie est apparu un homme en costume trois pièces. Il me tendit son GSM en disant que « quelqu’un » voulait me parler. C’était Hamidou Laânigri, patron de la DST (Direction de la surveillance du territoire). Il me convoqua poliment mais fermement en ses bureaux. J’ai pris le parti de l’humour en exigeant un hélicoptère. Je suggérais un rendez-vous dans l’après-midi pour me laisser le temps de prévenir mon amie. Malgré ses inquiétudes, la curiosité chez moi l’a emporté. J’eus droit à une voiture banalisée et à un chauffeur silencieux jusque dans le bureau somptueux du colonel Laânigri. L’accueil chaleureux et le thé à la menthe devaient me faire oublier le « détournement » dont je faisais l’objet. Droit au but, il m’a proposé de travailler comme agent de renseignement et d’infiltrer les milieux islamistes en Belgique.
Vous a-t-il proposé une rémunération ?
Il m’a tout simplement dit que si j’acceptais, je serais à l’abri du besoin. J’ai répondu que je tenais trop à ma liberté pour ça. Il m’a laissé partir en se disant peut-être que je pourrais revenir sur ce refus. Ça n’a évidemment pas été le cas, et ce sans conséquences apparentes. Ce qui prouve que le Maroc commençait à changer à l’époque.
LE SOIR.BE -
Sur la nouvelle rencontre entre le Maroc et le Front Polisario
La nouvelle a fait le tour du monde : Deux délégations du Front Polisario et du Maroc se sont rencontrés hier à Chesterwest, près de New York. La délégation sahraouie était sur la même table pour négocier avec une délégation marocaine présidée par le ministre des affaires étrangères marocain, Taïeb Fassi Fihri, le même qui, il y a quelques semaines, suite à l’affaire Aminatou Haidar, menaçait l’Espagne d’entamer des représailles dans la coopération sur immigration, terrorisme et trafic de stupéfiants.
Même si certains milieux veulent vendre la nouvelle comme un grand événement, la réalité est qu’il y a peu de chance que cette rencontre puisse aboutir à quelque chose de sérieux tant que le Conseil de Sécurité ne fasse pas preuve de son autorité pour contraindre les autorités marocaines à se tenir à la légalité internationale, c’est-à-dire, procéder à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique.Ce n’est pas la première fois que négociateurs sahraouis et marocains se voient les visages. Depuis 2007, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux parties : quatre à Manhasset et une à Vienne, dans le cadre des efforts de l’ONU de trouver une solution à ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans.Le Maroc essaie de convaincre la communauté internationale qu’il a les meilleures intentions, au même temps il n’arrive pas à cacher combien il est récalcitrant à respecter la volonté du peuple sahraoui et de la communauté internationale. Le cauchemar des responsables marocains est de voir un Etat sahraoui indépendant et se voir privés de phosphates de haute qualité, des côtes sahraouies riches en poissons, de pétrole, d’uranium… Bref, de tout ce cocktail de richesses qui ferait du Maroc la puissance dominante dans la région. Mais Rabat s’arrange toujours pour oublier que ces ressources ont un propriétaire qui s’appelle les sahraouis, des braves combattants qui ont fait l’histoire avec leurs prouesses, leur détermination et leur exemplaire esprit de sacrifice pour imposer leur droit. Mais, malheureusement, le Maroc et ses alliés ont la mémoire courte.L’amnésie a fait que les autorités de Rabat n’ont jamais accepté la proposition du Front Polisario : la célébration d’un référendum dans lequel les sahraouis puissent choisir leur destin, même s’ils sont prêts à partager toutes leurs richesses avec leur agresseur. Pour Rabat, l’annexion est le seul choix disponible, même si le corps électoral a été élargi pour permettre les colons marocains de voter. Pire encore, son arrogance est allée jusqu’à se permettre de commettre les pires atrocités contre les militants des droits de l’homme et la population qui sort dans la rue pour demander son droit à l’autodétermination.Pour serrer l’étau contre cette population, les structures du mur de défense sont de plus en plus renforcées, l’armée marocaine fait des manœuvres militaires, le territoire est cloué, les gens sont privés de passeport pour les empêcher de sortir, d’autres sont expulsés ou jetés dans les prisons, les journalistes et ONG’s empêchés d’entrer ou de faire leur travail en toute liberté. Bref, les territoires occupés du Sahara Occidental sont devenus une prison à ciel ouvert sous le regard impuissant du Conseil de Sécurité. Cette passivité de la communauté internationale lui permet, en plus, de poursuivre le pillage des ressources naturelles du territoire sahraoui et de signer des accords illégaux avec l’Union Européenne.Dans ces conditions, le Maroc veut faire preuve de sa bonne foi et de son effort pour renforcer les mesures de confiance. Le plus grave est, comme tout mythomane, les autorités de Rabat ont fini par croire leurs propres mensonges.Par conséquent, les conditions actuelles ne sont pas susceptibles de créer un climat de confiance et d’optimisme au sein de la communauté sahraouie.La rencontre de New York n’apportera rien de nouveau, mais elle permettra à l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ross, de rapporter la réalité au Conseil de Sécurité lors de sa réunion au mois d’avril prochain. -
Sur la nouvelle rencontre entre le Maroc et le Front Polisario
La nouvelle a fait le tour du monde : Deux délégations du Front Polisario et du Maroc se sont rencontrés hier à Chesterwest, près de New York. La délégation sahraouie était sur la même table pour négocier avec une délégation marocaine présidée par le ministre des affaires étrangères marocain, Taïeb Fassi Fihri, le même qui, il y a quelques semaines, suite à l’affaire Aminatou Haidar, menaçait l’Espagne d’entamer des représailles dans la coopération sur immigration, terrorisme et trafic de stupéfiants.
Même si certains milieux veulent vendre la nouvelle comme un grand événement, la réalité est qu’il y a peu de chance que cette rencontre puisse aboutir à quelque chose de sérieux tant que le Conseil de Sécurité ne fasse pas preuve de son autorité pour contraindre les autorités marocaines à se tenir à la légalité internationale, c’est-à-dire, procéder à la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique.Ce n’est pas la première fois que négociateurs sahraouis et marocains se voient les visages. Depuis 2007, plusieurs rencontres ont eu lieu entre les deux parties : quatre à Manhasset et une à Vienne, dans le cadre des efforts de l’ONU de trouver une solution à ce conflit qui dure depuis plus de 34 ans.Le Maroc essaie de convaincre la communauté internationale qu’il a les meilleures intentions, au même temps il n’arrive pas à cacher combien il est récalcitrant à respecter la volonté du peuple sahraoui et de la communauté internationale. Le cauchemar des responsables marocains est de voir un Etat sahraoui indépendant et se voir privés de phosphates de haute qualité, des côtes sahraouies riches en poissons, de pétrole, d’uranium… Bref, de tout ce cocktail de richesses qui ferait du Maroc la puissance dominante dans la région. Mais Rabat s’arrange toujours pour oublier que ces ressources ont un propriétaire qui s’appelle les sahraouis, des braves combattants qui ont fait l’histoire avec leurs prouesses, leur détermination et leur exemplaire esprit de sacrifice pour imposer leur droit. Mais, malheureusement, le Maroc et ses alliés ont la mémoire courte.L’amnésie a fait que les autorités de Rabat n’ont jamais accepté la proposition du Front Polisario : la célébration d’un référendum dans lequel les sahraouis puissent choisir leur destin, même s’ils sont prêts à partager toutes leurs richesses avec leur agresseur. Pour Rabat, l’annexion est le seul choix disponible, même si le corps électoral a été élargi pour permettre les colons marocains de voter. Pire encore, son arrogance est allée jusqu’à se permettre de commettre les pires atrocités contre les militants des droits de l’homme et la population qui sort dans la rue pour demander son droit à l’autodétermination.Pour serrer l’étau contre cette population, les structures du mur de défense sont de plus en plus renforcées, l’armée marocaine fait des manœuvres militaires, le territoire est cloué, les gens sont privés de passeport pour les empêcher de sortir, d’autres sont expulsés ou jetés dans les prisons, les journalistes et ONG’s empêchés d’entrer ou de faire leur travail en toute liberté. Bref, les territoires occupés du Sahara Occidental sont devenus une prison à ciel ouvert sous le regard impuissant du Conseil de Sécurité. Cette passivité de la communauté internationale lui permet, en plus, de poursuivre le pillage des ressources naturelles du territoire sahraoui et de signer des accords illégaux avec l’Union Européenne.Dans ces conditions, le Maroc veut faire preuve de sa bonne foi et de son effort pour renforcer les mesures de confiance. Le plus grave est, comme tout mythomane, les autorités de Rabat ont fini par croire leurs propres mensonges.Par conséquent, les conditions actuelles ne sont pas susceptibles de créer un climat de confiance et d’optimisme au sein de la communauté sahraouie.La rencontre de New York n’apportera rien de nouveau, mais elle permettra à l’envoyé spécial de l’ONU, Christopher Ross, de rapporter la réalité au Conseil de Sécurité lors de sa réunion au mois d’avril prochain. -
Une preuve de mauvaise foi
Dans son entreprise coloniale, Rabat préfère s’appuyer sur les mensonges, la propagande, les lobbies et les mauvaises alliances, plutôt que de s’en remettre aux résolutions onusiennes dans le cadre de la légalité internationale pour trancher le conflit né de son invasion du territoire. Il y a quelques semaines, le trône sortait, tête basse, terrassé par un splendide ippon de la frêle Aminatou Haider. Dans un combat au finish, la sympathie mondiale lui allait à elle. Tout le monde la supportait à elle, et pas une seule voix n’osait conforter le sultan. Du moins pas publiquement. Les capitales alliées ne purent que lui conseiller… l’abdication pour minimiser les dégâts. Rabat en a-t-il tiré les leçons ? Apparemment non puisqu’il s’attelle à transformer, verbalement bien sûr, son Waterloo en Ghazouate Badr, à convaincre que le trône a changé et qu’il va convertir le Sahara occidental en un Eden avec la régionalisation.
Rabat ne cesse de répéter son «attachement aux négociations» avec les Sahraouis. Sauf qu’il s’arrange toujours pour oublier que les négociations se feront sur la base des deux propositions, la sienne et celle des Sahraouis, ou ne se feront pas. Comme il s’arrange pour omettre que toutes les résolutions onusiennes prévoient que la solution à laquelle on parviendra permettra «l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Un principe que ni Paris, ni Madrid, ni Washington n’ont osé contourner.Aujourd’hui, à la veille des rencontres informelles avec le Front Polisario à New York, le Maroc vient de dire au représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, qu’il et prêt à discuter la proposition sahraouie. Les autorités marocaines, auraient-elles changé de position et décidé de se tenir à la légalité internationale? S’agit-il simplement d’une déclaration dirigée pour appaiser le climat des négociations avec l’UE sur le statu avancé accordé au Maroc?La dernière escalade de répression ne présage rien de bon. Le roi Mohamed VI, dans son discours du 6 novembre dernier, a déclaré qu’au Sahara Occidental il n’y a que des Marocains ou des traîtres. Le Maroc continue ainsi à dénier toute existence de l’identité sahraouie. N’est-ce pas cela une preuve de mauvaise foi? -
Une preuve de mauvaise foi
Dans son entreprise coloniale, Rabat préfère s’appuyer sur les mensonges, la propagande, les lobbies et les mauvaises alliances, plutôt que de s’en remettre aux résolutions onusiennes dans le cadre de la légalité internationale pour trancher le conflit né de son invasion du territoire. Il y a quelques semaines, le trône sortait, tête basse, terrassé par un splendide ippon de la frêle Aminatou Haider. Dans un combat au finish, la sympathie mondiale lui allait à elle. Tout le monde la supportait à elle, et pas une seule voix n’osait conforter le sultan. Du moins pas publiquement. Les capitales alliées ne purent que lui conseiller… l’abdication pour minimiser les dégâts. Rabat en a-t-il tiré les leçons ? Apparemment non puisqu’il s’attelle à transformer, verbalement bien sûr, son Waterloo en Ghazouate Badr, à convaincre que le trône a changé et qu’il va convertir le Sahara occidental en un Eden avec la régionalisation.
Rabat ne cesse de répéter son «attachement aux négociations» avec les Sahraouis. Sauf qu’il s’arrange toujours pour oublier que les négociations se feront sur la base des deux propositions, la sienne et celle des Sahraouis, ou ne se feront pas. Comme il s’arrange pour omettre que toutes les résolutions onusiennes prévoient que la solution à laquelle on parviendra permettra «l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Un principe que ni Paris, ni Madrid, ni Washington n’ont osé contourner.Aujourd’hui, à la veille des rencontres informelles avec le Front Polisario à New York, le Maroc vient de dire au représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, qu’il et prêt à discuter la proposition sahraouie. Les autorités marocaines, auraient-elles changé de position et décidé de se tenir à la légalité internationale? S’agit-il simplement d’une déclaration dirigée pour appaiser le climat des négociations avec l’UE sur le statu avancé accordé au Maroc?La dernière escalade de répression ne présage rien de bon. Le roi Mohamed VI, dans son discours du 6 novembre dernier, a déclaré qu’au Sahara Occidental il n’y a que des Marocains ou des traîtres. Le Maroc continue ainsi à dénier toute existence de l’identité sahraouie. N’est-ce pas cela une preuve de mauvaise foi? -
Nouvelle stratégie marocaine pour empêcher l’élargissement du mandat de la MINURSO
Le processus de décolonisation a pris un long chemin depuis que l’ONU a désigné le territoire du Sahara Espagnol comme territoire non-autonome dans les années 1960 jusqu’à son appel à la célébration d’un référendum d’autodétermination dans les années 1970 pour qu’enfin, en 1988, le Maroc et le Front Polisario acceptent le principe d’un cessez-le-feu devant aboutir à une autodétermination sur la base du recensement espagnol de 1974.
Depuis le retrait de l’Espagne, l’histoire du conflit du Sahara Occidental a connu trois étapes importantes :
1) Les années de guerre 1975-1991 : de l’invasion marocaine jusqu’à l’adoption à l’unanimité, par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1991, du plan de règlement, qui s’appuie sur le recensement espagnol de 1974 de la population sahraouie.
En septembre 1991, entrée en vigueur du cessez-le-feu sous la surveillance de la MINURSO. La consultation référendaire est programmée pour janvier 1992.
2) Les années de référendum 1991-2004
En 1994, une bataille est engagée entre le Maroc et le Front Polisario autour du corps électoral. Avec la poursuite de plusieurs « nouvelles marches vertes » (déplacement des Marocains vers le territoire du Sahara occidental).
Trois ans après, en 1997, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker est désigné comme représentant personnel du secrétaire général de l’ONU. Les deux parties en conflit signent les accords de Houston, en septembre, incluant un compromis autour de la question du corps électoral, et prévoyant la tenue d’un référendum d’autodétermination l’année suivante. En 1999, l’ONU annonce l’élaboration d’une liste des personnes habilitées à participer au référendum d’autodétermination au Sahara occidental (plus de 86 000 personnes) : le Maroc ne peut plus utiliser l’argument selon lequel le recensement espagnol de 1974 est dépassé.
Les obstructions marocaines donnent lieu à une nouvelle proposition, faite par James Baker, du plan de paix pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental (nommé Plan Baker), élargi aux colons marocains installés sur le territoire sahraoui de 1975 à décembre 1999, qui prévoit l’octroi d’une semi-autonomie pendant 5 ans, suivi d’un référendum d’autodétermination. Ce plan adopté à l’unanimité par le Conseil de Sécurité est accepté par le Polisario et rejeté par le Maroc.
En acceptant le plan Baker malgré les risques qu’il comportait, le Front Polisario avait fait des concessions majeures, par générosité, pour la paix et dans un esprit de réconciliation. En rejetant ce plan, le Maroc a été forcé d’admettre qu’il voulait écarter toute solution qui passe par les urnes, et par conséquent le rejet du principe d’autodétermination.
La démission de James Baker en 2004 a eu comme conséquence la naissance, en 2005, d’une résistance populaire pacifique dans les territoires sahraouis sous occupation qui a mis en évidence que sans autodétermination il n’y aura jamais de stabilité dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
3) Les négociations directes : depuis 2007.
Au lendemain du départ de Baker, le nouveau représentant spécial pour le Sahara, le néerlandais Peter van Walsum, traça la nouvelle voie à suivre : la table de négociation.
Sous sa direction, quatre rencontres officielles auront lieu à Manhasset, au terme desquelles il a fini par jeter l’éponge parce qu’il avait constaté que les négociations interminables qui sont engagées entre les deux parties n’aboutiront à aucun résultat tant qu’il n’y aura pas de « pression sur le Maroc pour qu’il abandonne sa revendication de souveraineté sur le territoire ».
La désignation d’un diplomate chevronné comme Christopher Ross donnera un nouveau souffle au processus des négociations avec la rencontre informelle de Dürnstein, en Autriche. Celle- ci n’a enregistré aucun progrès en raison de la position du Maroc qui prétend limiter la solution dans une seule option, le statut d’autonomie, contre les résolutions de l’ONU qui définient l’autodétermination du peuple sahraoui comme base de toute solution définitive.
Dans cette rencontre, il était prévu la réouverture d’une voie terrestre pour permettre de fomenter l’interchange de visites familiales des deux côtés du mur de défense marocain. Loin de cela, Rabat a opté pour l’escalade de la répression contre les activistes des droits de l’homme et l’expulsion d’Aminatou Haidar.
Suite à ces évènements, l’optimisme ne peut que laisser la place au pessimisme concernant la rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario qui aura lieu le 10 et 11 février à New York.
Ces évènements constituent une preuve irréfutable de l’obstination des autorités marocaines de continuer à dicter leurs conditions et à torpiller les efforts du représentant spécial des Nations Unies, Christopher Ross.
Cette obstination est le seul obstacle à l’aboutissement d’une solution juste et mutuellement acceptable à ce conflit qui dure depuis plus de 35 ans.
Le gouvernement marocain a montré durant toutes les étapes des négociations qu’il ne demande pas la paix. Dans l’état actuel de la situation de ni guerre ni paix, le royaume du Maroc non seulement n’a pas besoin de la paix, mais il est convaincu qu’il n’a aucun intérêt de faire la paix. Le seul objectif des autorités marocaines est de perpétuer les négociations sur le Sahara Occidental aussi longtemps que possible pour poursuivre l’occupation illégale, la répression et le pillage des ressources sahraouies sans être inquiété par la communauté internationale.
Par conséquent, il est légitime de se poser des questions sur la bonne foi des dernières déclarations concernant la disposition du Maroc de discuter la proposition sahraouie. Cela ne peut être qu’une nouvelle stratégie pour empêcher le Conseil de Sécurité de débattre sur l’élargissement du mandat de la MINURSO aux questions de droits de l’homme.