Mois : novembre 2016

  • Le greenwashing marocain et l’occupation du Sahara Occidental

    A la veille de la COP22, le Maroc se présente comme un modèle en matière de respect de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques. Mais les projets mis en avant en matière d’énergie solaire ou éolienne sont en partie situés au Sahara occidental, et violent de ce fait le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. La colonisation du Sahara occidental par le Maroc mène à un épuisement des ressources, terrestres et halieutiques du territoire sahraoui occupé. L’UE est quant à elle impliquée dans la plupart de ces violations du droit international et du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
    Occupé en 1975 par le Maroc (et la Mauritanie jusqu’en 1979), le Sahara occidental vit sous occupation marocaine depuis quarante ans, après avoir été pendant 200 ans une colonie espagnole. Dès 1975, la Cour Internationale de Justice a rendu un avis à la demande de l’Assemblée Générale Nations Unies qui précise qu’il n’existe « aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d’une part, et le Royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien d’autre part » [1]. En 1991, le Maroc et le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, concluent un accord de cessez-le-feu et sur la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui au sein des instances des Nations Unies. A ce jour, le referendum n’a pas encore eu lieu suite aux manœuvres dilatoires du Maroc.
    Les équipes de négociateurs du monde entier se rencontrent en ce mois de novembre à Marrakech à l’occasion de la COP22, pour décider des étapes qui doivent suivre l’Accord de Paris. A cette occasion, le Maroc se doit de montrer l’exemple en matière de production d’énergies propres et de protection de l’environnement. Or tant ses efforts que ses manquements en la matière sont liés à son occupation du Sahara occidental.
    UNE ÉNERGIE ENVIRONNEMENTALEMENT PROPRE, MAIS LÉGALEMENT SALE
    Le Maroc est le seul pays d’Afrique du Nord sans ressources pétrolières. 90% de ses besoins énergétiques sont aujourd’hui importés de l’étranger. Le Maroc cherche par conséquent à réduire sa dépendance énergétique via de nouveaux parcs d’énergie solaire et éolienne [2]. Sur le site de la COP22, le Maroc met en avant son ambition en matière d’énergies renouvelables : répondre à 42 % de ses besoins énergétiques par de l’énergie renouvelable d’ici à 2020, pour atteindre 52% en 2030. Ces nouvelles installations produiraient 2000 MW d’énergie éolienne et 2000 MW d’énergie solaire (à travers le programme « NOOR »). Mais parmi les nouveaux sites de production de solaire et d’éolien mentionnés sur le site-même de la COP22, plusieurs se situent au Sahara occidental : Tiskrad, Boujdour, Laayoune (Al Ayoun) pour l’éolien, Foum Al Oued et Boujdour pour le solaire [3].
    De nouveaux projets marocains en matière d’énergie renouvelable auront également un impact sur le Sahara occidental. L’organisation Western Sahara Resource Watch estime à 1000 MW sur les 4000 MW prévus la part portée par le Sahara occidental dans les efforts marocains en matière d’énergie renouvelable, et cela sans que la population sahraouie n’y ait consenti. La mise en place de ces nouvelles centrales solaires et éoliennes entérinera encore un peu plus la présence marocaine au Sahara occidental. Le parc éolien déjà construit à Foum El Oued par Siemens fournit ainsi 95% des besoins énergétiques de Phosboucraa, l’entreprise marocaine qui exploite la mine de phosphate de Bou Craa au Sahara occidental [4].
    Les projets marocains en matière d’énergies renouvelables intéressent l’Union européenne qui s’est fixé un objectif de 20% d’énergies renouvelables d’ici à 2020 et ne pourra les atteindre par sa production propre. Depuis plusieurs années, les initiatives sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à une coopération énergétique entre le Nord et le Sud de la Méditerranée. C’est le cas de Desertec, aujourd’hui abandonné, mais aussi du Plan solaire méditerranéen ou encore de Medgrid, un conglomérat d’entreprises qui vise à développer l’interconnexion électrique entre les deux rives de la Méditerranée [5]. Par le biais de ces projets, le Maroc pourrait à terme pousser à l’interconnexion de son marché énergétique avec l’UE [6], une situation que ne fera que renforcer la légitimité de l’occupation marocaine et son exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental.
    (SUR-)EXPLOITATION ILLÉGALE DES RESSOURCES NATURELLES
    L’occupation marocaine du Sahara occidental va en effet de pair avec l’exploitation illégale de ses ressources. En 2002, Hans Corell, sous-secrétaire général des Nations Unies pour les affaires légales, a émis une opinion sur l’émission d’appels d’offre par le Maroc sur la prospection pétrolière au Sahara occidentale. Il conclut que l’exploitation des ressources d’un territoire occupé par la puissance occupante peut avoir lieu, pour autant qu’elle se fasse « au bénéfice de la population occupée, en leur nom ou en consultation avec leurs représentants » [7]. Or la population sahraouie, en majorité exilée dans les camps de réfugiés dans le sud de l’Algérie, n’est jamais consultée et ne bénéficie pas de l’exploitation de ces ressources. Par ailleurs, si l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental ne bénéficie pas au peuple sahraoui, elle se fait également souvent au détriment de l’environnement, et cela malgré l’image « verte » qu’essaye de lui donner le Maroc.
    Exploitation du phosphate
    Dès les premiers jours de son occupation du Sahara occidental, le Maroc prend possession de la mine de phosphate de Bou Craa. La mine est mise sous la gestion des Phosphates de Boucraa s.a. (Phosboucraa), filiale détenue à 100% par l’Office chérifien des Phosphates (OCP), la société nationale marocaine d’exploitation du phosphate. Si OCP minimise la part prise par PhosBoucraa dans la production nationale de phosphate à 1% [8], d’autres sources parlent de 10% en 2014 en mentionnant une volonté du Maroc de doubler sa production pour 2020 [9]. Il apparaît par ailleurs, sur un prospectus de la société, que plus d’un quart du phosphate exporté provient de PhosBoucraa, un chiffre que Western Sahara Resource Watch explique par la haute qualité du phosphate du Sahara occidental [10].
    Le ministère marocain en charge de l’Environnement reconnaît lui-même les dégâts environnementaux et sanitaires liés à l’exploitation du phosphate et pousse par conséquent à une prise en compte de ceux-ci dans la gestion des mines [11]. C’est sans doute dans le cadre de ces efforts que PhosBoucraa annonce un programme d’investissement dans « l’innovation et la préservation de l’environnement et des ressources naturelles » du Sud du Maroc, autrement dit du Sahara occidental. L’entreprise annonce sa volonté d’œuvrer pour « le développement et la dynamisation de l’écosystème industriel et socio-économique régional ». Si elles semblent donc d’une part bien loin d’une réelle volonté de préservation de l’écosystème, ces démarches se concrétisent d’autre part par la mise en place d’une technopole à Foum El Oued, près d’El Ayoun, soit une structure qui ancrera encore un peu plus la présence du Maroc au Sahara occidental occupé [12].
    Les entreprises importatrices sont pour la plupart basées hors Europe, principalement dans des pays pratiquant une agriculture intensive à grande échelle (Etats-Unis, Canada, Russie, Inde, Nouvelle-Zélande). Le groupe OCP a par ailleurs récemment mis à jour une nouvelle stratégie commerciale résolument dirigée vers le marché africain. La volonté de l’entreprise marocaine est de contribuer à une « révolution verte » en Afrique [13]. Ces développements n’augurent rien de bon pour l’écologie en Afrique au vu de l’effet négatif des phosphates constaté sur l’environnement en Europe. Leur utilisation dans l’agriculture européenne a en effet pour conséquence un phénomène d’eutrophisation, qui mène à des impacts à long terme sur la fertilité des sols mais aussi sur la biodiversité dans les eaux et rivières [14]. 
    Pêche au large du Sahara occidental
    Le Sahara occidental compte par ailleurs quelque 1200 kilomètres de côtes et ses eaux sont parmi les plus poissonneuses au monde. La pêche représente 17% du PIB de la région, 31% des emplois locaux et 78% de la pêche marocaine [15]. Des 100.000 à 200.000 personnes qui travaillent dans le secteur de la pêche au Sahara occidental, la grande majorité sont des Marocains [16].
    Selon une analyse menée par l’UE, tous les stocks de poissons commercialement intéressants au large du Maroc et du Sahara occidental sont complètement exploités ou surexploités. Parmi les espèces pélagiques, seules les sardines ne sont pas à ce jour pas complètement exploitées [17].
    L’UE porte une responsabilité dans le pillage et la surexploitation des ressources halieutiques des eaux sahraouies. Un nouvel accord de pêche a en effet été conclu entre le Maroc et l’UE le 10 décembre 2013 qui prolonge de 2014 à 2017 l’accord préalable qui couvrait la période de 2007 à 2011. Tout comme le précédent, cet accord n’exclut pas le territoire sahraoui de son champ d’application [18]. Alors que le Parlement européen avait opposé son veto à l’extension du premier accord en 2011 parce qu’il ne donnait pas de garanties de compensations à la population sahraouie, ce même parlement a donné son feu vert au nouvel accord et cela sans qu’aucune garantie supplémentaire n’ait été donnée. L’UE a cédé face à l’interdiction imposée pendant deux ans par le Maroc à tous les navires de pêches européens d’entrer dans les eaux marocaines ou du Sahara occidental [19].
    Agriculture intensive et tournée vers l’exportation
    Autre problème, onze exploitations agroindustrielles se situent dans les environs de Dakhla, dans le sud du Sahara occidental. Elles appartiennent toutes soit à l’Etat ou à des riches conglomérats marocains, soit à des multinationales françaises de l’agroalimentaire. Ces exploitations pratiquent une agriculture intensive à grande échelle, tournée à 95% vers l’exportation [20]. Lancé en 2008, le Plan Maroc vert prévoyait un développement pour le Sahara occidental comprenant le passage de 36 000 tonnes de fruits et légumes en 2008, à 80 000 en 2013, pour atteindre 160 000 en 2020, le tout destiné à l’exportation [21].
    En 2012, l’UE et le Maroc ont signé un accord sur les mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de pêche [22]. Cet accord ne contient aucune clause territoriale limitant ses effets au seul territoire marocain. Or le Maroc se considère comme souverain sur le territoire du Sahara occidental, ce qui a pour effet que l’accord s’applique de facto à ce territoire, effet reconnu par le Conseil et la Commission européenne [23]. Face à ce constat, le Front Polisario a introduit une procédure judiciaire en novembre 2012 devant la Cour de Justice de l’UE pour demander l’annulation de l’accord agricole UE-Maroc. L’argument invoqué : la non-consultation de la population sahraouie. En décembre 2015, le Tribunal de l’UE statue sur la suspension de l’accord [24]. S’est ensuivi un pourvoi en appel de la part du Conseil de l’UE. L’affaire est aujourd’hui encore en cours. [25]. 
    OBLIGATION DE NON-RECONNAISSANCE DE L’OCCUPATION ILLÉGALE PAR L’UE
    La COP22 est une occasion de mettre en lumière l’exploitation illégale des ressources du Sahara occidental par le Maroc, mais aussi et surtout les manquements de l’UE. En tant qu’Etats tiers, l’UE et ses Etats membres ont en effet l’obligation de ne pas reconnaître, et au-delà de ça de ne pas porter assistance à l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc [26]. A ce titre, l’UE et ses Etats membres doivent veiller à ce que leurs relations économiques et commerciales avec le Maroc ne contribuent pas à renforcer l’emprise marocaine sur le territoire sahraoui et ses ressources.
    Les sanctions économiques imposées par l’UE suite à l’occupation russe de la Crimée et de Sébastopol démontrent la capacité de l’UE de mener une politique cohérente avec son obligation de non-reconnaissance d’un territoire illégalement occupé [27]. En ce qui concerne le Sahara occidental, l’UE et ses Etats membres doivent de la même manière :
    Introduire une clause d’exclusion territoriale dans tous les traités bilatéraux avec le Maroc afin d’explicitement exclure le territoire du Sahara occidental du champ de leur application.
    Interdire l’importation et la commercialisation des produits des colonies marocaines au du Sahara occidental sur le marché européen.
    Décourager les entreprises européennes de nouer des liens commerciaux avec les colonies et d’y investir en publiant un avis officiel ou en décrétant une interdiction.
    EN SAVOIR +
    Cour Internationale de Justice, Avis sur le Sahara occidental du 16 octobre 1975 http://www.icj-cij.org/docket/files/61/6194.pdf
    Conseil de Sécurité, Lettre datée du 29 janvier 2002, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Conseiller juridique (NU, S/2002/161). www.un.org/Docs/journal/asp/ws.asp ?m=S/2002/161
    Front Polisario c. Conseil de l’UE (Affaire T 512/12). Arrêt du Tribunal (huitième chambre) du 10 décembre 2015. http://curia.europa.eu/juris/liste.jsf?language=fr&num=T-512/12
    Poissonnier (Ghislain) et Dubuisson (François), « La question du Sahara occidental devant le Tribunal de l’Union européenne : une application approximative du droit international relatif aux territoires non autonome », dans Journal du Droit International, Clunet, n°2/2016 avril-mai-juin 2016.
    Occupation/annexion d’un territoire : Respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme et politique cohérente de l’Union européenne dans ce domaine, Parlement européen, Direction générale des politiques externes, Département thématique, juin 2015. http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2015/534995/EXPO_STU%282015%29534995_FR.pdf

    [1] CIJ, Avis consultatif sur le Sahara occidental du 16 octobre 1975. http://www.icj-cij.org/docket/files/61/6195.pdf

    [2] Dirty Green March, Western Sahara Resource Watch, August 2013, p. 3- 4. http://www.wsrw.org/a106x2638

    [3] Voir les “Projets phares du Maroc” sur le site de la COP22. http://www.cop22.ma/fr/content/les-projets-phares-du-maroc

    [4] Voir sur le site de Phosboucraa : http://www.phosboucraa.ma/sustainability/sustainability/sustainable-operations Cfr. Electrifier le pillage. Ce que le Maroc et Siemens cachent à la COP22, Marrakech, Western Sahara Resource Watch, novembre 2016, p. 4. http://www.wsrw.org/a111x3617

    [5] “Medgrid” dans « Smart Grids », SETIS Magazine, March 2014. https://setis.ec.europa.eu/publications/setis-magazine/smart-grids/medgrid-interconnecting-mediterranean

    [6] « Energie : Medgrid veut développer l’interconnexion avec l’UE » par Ndiaye Mar Bassine sur Le 360, 7 janvier 2015. http://fr.le360.ma/economie/energie-medgrid-veut-developper-linterconnexion-avec-lue-29075

    [7] Conseil de Sécurité, Lettre datée du 29 janvier 2002, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Conseiller juridique (NU, S/2002/161). www.un.org/Docs/journal/asp/ws.asp?m=S/2002/161.

    [8] P pour Pillage 2014. Les exportations marocaines des phosphates du Sahara Occidental, Rapport Western Sahara Resource Watch, mars 2015, p. 4. http://wsrw.org/files/dated/2015-10-14/p_pour_pillage_2014_fr.pdf

    [9] “Si riche Sahara occidental” par Olivier Quarante sur Le Monde Diplomatique, mars 2014, p. 7. http://www.monde-diplomatique.fr/2014/03/QUARANTE/50237

    [10] P pour Pillage 2014, p. 4.

    [11] « Impacts des exploitations minières sur l’environnement et la santé » sur le site du Ministère marocain en charge de l’environnement. http://www.environnement.gov.ma/fr/strategies-et-programmes/prevention-risques/impact-sanitaire-pollution?id=187.

    [12] « L’innovation et la préservation de l’environnement et des ressources naturelles, au cœur de la stratégie du groupe OCP et de sa filiale Phosboucraa » sur le site du groupe OCP. http://www.ocpgroup.ma/fr/media/corporate-news/l%E2%80%99innovation-et-la-preservation-de-l%E2%80%99environnement-et-des-ressources-naturelles

    [13] « Le géant marocain des phosphates se sacre roi des engrais » par Youssef Ait Akdim sur Le Monde.fr, 2 février 2016. http://abonnes.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/02/le-geant-marocain-des-phosphates-se-sacre-roi-des-engrais_4858243_3212.html?xtmc=ocp&xtcr=4

    [14] « L’azote en agriculture » par Maria Pau Vall, Claude Vidal sur le site de la Commission Européenne. http://ec.europa.eu/agriculture/envir/report/fr/nitro_fr/report.htm

    [15] “Si riche Sahara occidental”, op.cit.

    [16] “L’industrie de la pêche” sur le site de WSRW. http://www.wsrw.org/a112x577

    [17] Exporting exploitation, Greenpeace, November 2013, p. 19. http://www.greenpeace.org/eu-unit/en/Publications/2013/Exporting-Exploitation/

    [18] Les députés approuvent le renouvellement de l’accord de pêche UE-Maroc, Communiqué du Parlement européen, 10 décembre 2013.

    [19] Exporting exploitation, p. 21 ; « Entrée en vigueur de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l’Union européenne et le Maroc », communiqué de presse de la Commission européenne, 15 juillet 2014. http://europa.eu/rapid/press-release_IP-14-836_fr.htm

    [20] Label and Liability. How the EU turns a blind eye to falsely stamped agricultural products made in Morocco in occupied Western Sahara, rapport Emmaus Stockholm & WSRW, June 2012, p. 4. http://www.wsrw.org/files/dated/2012-06-17/wsrw_labelliability_2012.pdf

    [21] “Si riche Sahara occidental”, op.cit.

    [22] Voir doc UE 2012/497/UE http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2012:241:0004:0047:FR:PDF

    [23] Front Polisario c. Conseil de l’UE (Affaire T 512/12). Arrêt du Tribunal (huitième chambre) du 10 décembre 2015, point 87. http://curia.europa.eu/juris/liste.jsf?language=fr&num=T-512/12

    [24] Front Polisario c. Conseil de l’UE (Affaire T 512/12).

    [25] Conseil de l’UE c. Front Polisario (Affaire C 104/16 P) http://curia.europa.eu/juris/documents.jsf?num=C-104/16

    [26] ICRC, Geneva Convention I, II, III, IV, Commentary of 2016, Article 1 : Respect for the Convention https://ihl-databases.icrc.org/applic/ihl/ihl.nsf/Comment.xsp?action=openDocument&documentId=72239588AFA66200C1257F7D00367DBD ;

    [27] Occupation/annexion d’un territoire : Respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme et politique cohérente de l’Union européenne dans ce domaine, Parlement européen, Direction générale des politiques externes, Département thématique, juin 2015, p. 28-30 http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2015/534995/EXPO_STU%282015%29534995_FR.pdf

  • Trump, président, veillera à préserver les relations algéro-américaines

    Le candidat républicain Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis, hier, au terme d’une soirée électorale américaine qu’aucun sondage n’avait su prédire.
    Le candidat républicain Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis, hier, au terme d’une soirée électorale américaine qu’aucun sondage n’avait su prédire. La victoire de ce républicain populiste, sans aucune expérience politique, constitue pour beaucoup un séisme politique sans précédent. Anticonformiste, Donald Trump qui n’a jamais eu de mandat politique, a vaincu la démocrate Hillary Clinton après une longue course à la présidentielle pour succéder à Barack Obama. Rattrapé par la realpolitik, Donald Trump a vite enfilé son costume de Président pour prononcer son premier discours. 
    Après avoir mené une campagne électorale avec un discours de victoire, le nouveau président des Etats-Unis, qui rejoindra le 20 janvier prochain la Maison Blanche, sait pertinemment qu’il doit maintenant adapter sa parole aux réalités qu’imposent les impératifs de la gestion des affaires publiques, les contraintes économiques et les intérêts du pays. Dans un bref discours, retransmis en direct par de nombreuses chaînes, Donald Trump a fait un discours d’homme d’État, aux antipodes de ses diatribes de campagne. Il a joué l’apaisement et le rassemblement appelant à «panser les plaies de la division». Il se veut «le Président de tous les Américains» et a même félicité Hillary Clinton, «elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée». 
    Sur le plan international également, Donald Trump s’est montré plus sage promettant de «traiter équitablement avec tout le monde». En effet, sur le plan international, Donald Trump a, comme sur le plan national, joué l’accalmie et s’est voulu résolument rassurant à l’égard des autres pays. «Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous», a-t-il ainsi déclaré. «Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays», a insisté le milliardaire, dont l’élection a plongé les Etats-Unis et le monde dans l’incertitude. D’ailleurs, la communauté internationale s’interrogeait hier sur l’avenir des relations internationales après l’élection de Donald Trump. 
    Les incertitudes sur la politique extérieure de ce nouveau Président ont plané de l’Europe jusqu’au Moyen-Orient, en passant par la Russie, Pékin, l’Iran ou encore la Turquie. Chaque pays s’interroge sur la politique qui sera adoptée, même si des experts et professeurs affirment que la politique étrangère américaine «ne connaîtra pas de bouleversement» car le président américain a certes une marge de manœuvre concernant les grandes questions, mais «limitée» dès lors que l’Administration américaine, représentée par la Constitution, le Congrès, les différentes institutions de souveraineté (Défense, Affaires étrangères), jouent les garde-fous. 
    A Alger, la question de connaitre l’impact de cette élection sur les relations algéro-américaines s’impose également. A première vue, il est attendu à ce qu’un plus grand rapprochement entre les deux pays s’opère étant donné que le volet sécuritaire est une priorité de l’agenda du républicain et que l’Algérie, vu son expérience en matière de sécurité, est devenue une référence dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Rappelons que les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis connaissent un épanouissement remarquable depuis les événements du 11 septembre 2001, sous la présidence du républicain Georges W. Bush. Les attentats terroristes contre la plus grande puissance mondiale ont permis la prise en compte d’une nouvelle donne sécuritaire par les stratèges américains, ce qui a modifié leur perception de l’Algérie. Cette conjonction a incité les renseignements américains à solliciter leurs homologues algériens en vue du démantèlement des réseaux islamistes opérant sur leur sol. Depuis l’Algérie est devenue «une puissance régionale», «un pays incontournable», «un partenaire important». 
    La lutte contre le terrorisme est donc le premier point de coopération entre les deux pays. Le renforcement des liens entre les deux pays a aussi intégré d’autres domaines comme le commerce. Un intérêt croissant est porté également, depuis quelques années, par les investisseurs américains aux secteurs de l’agriculture et de la santé où des partenariats ont été signés. En fait les investisseurs américains considèrent que le marché algérien pourra offrir des opportunités intéressantes, dans la mesure où le pays pourrait constituer, par la suite, la porte pour l’Afrique subsaharienne. 
    En homme d’affaires aguerri, l’entrepreneur milliardaire Trump saura préserver les intérêts de son pays en garantissant la continuité de relations économiques entre les deux pays. Sur la politique étrangère, les Etats-Unis et l’Algérie ont toujours eu des visions diamétralement opposées sur des questions importantes telles que la création de l’Africom sur le continent africain, les conflits au Moyen-Orient, la question du Sahara occidental ou encore la définition du terrorisme et le respect des droits de l’Homme. Aujourd’hui, un nouveau rapprochement pourrait s’opérer avec Donald Trump qui, durant sa campagne électorale, avait écarté l’outil de l’interventionnisme en affirmant que «la guerre et l’agression ne seront pas mon premier instinct. Nous ne pouvons pas avoir de politique étrangère sans diplomatie, une superpuissance comprend que la prudence et la retenue sont les véritables signes de force». Un bon point pour ce candidat dont la politique étrangère de non ingérence s’adapte avec celle de l’Algérie. 
    L’autre question sur laquelle risquent de s’entendre l’Algérie et les Etats-Unis, c’est le conflit du Sahara occidental. Donald Trump, contrairement à Hillary Clinton, qui a été en plein campagne électorale au cœur d’un scandale évoqué par le FBI concernant des centaines de courriels ayant permis de découvrir que le Maroc aurait versé 28 millions de dollars à la Fondation Clinton en échange de «faveurs», devrait exercer davantage de pressions sur le Maroc concernant cette question. 
    Le président Trump a bien déclaré : «Nous traiterons équitablement avec tout le monde, toutes les personnes et tous les pays.» Il est attendu donc qu’il favorise la cause juste du peuple sahraoui qui se bat pour le recouvrement de ses droits à l’indépendance et à l’organisation d’un référendum d’autodétermination tel qu’inscrit dans les résolutions des Nations Unies. Cependant, le républicain avait assuré vouloir privilégier à l’avenir «les valeurs occidentales» plutôt que des valeurs «universelles». Il avait aussi affiché son hostilité vis-à-vis des africains, des musulmans et des immigrés. Cela peut être mis sur le compte des déclarations incendiaires d’une campagne électorale et Donald Trump, élu à la tête des Etats-Unis, pensera plutôt à faire passer l’intérêt de son pays en maintenant des «relations équitables» avec tout le monde. 
    Il faut s’attendre donc à ce que la politique extérieure de Donald Trump soit conforme aux intérêts américains, et l’Algérie, pour le moment sert ces intérêts, notamment en ce qui concerne la stabilité et les équilibres régionaux. Subsisteront cependant certaines questions qui continueront à refroidir les relations entre les deux pays, à savoir le refus de l’Algérie de la création d’une base américaine sur le continent, mais aussi le soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël. Mais malgré ces points de discordes, et même si au jour d’aujourd’hui, les contours des nouveaux paramètres géopolitiques ne sont pas encore suffisamment nets, il ne fait aucun doute que Donald Trump, qui était dans une position assez confortable de trublion étant candidat, devra désormais apprendre son rôle politique et enfiler son costume de Président.
  • Le Maroc intensifie sa politique de colonisation au Sahara Occidental

    Après le cinglant désaveu des Accords de Libre Échange sur les produits agricoles et halieutiques entre le Maroc et l’UE, jugés illégaux en décembre 2015 par la Cour de Justice de l’UE puisque s’appliquant aux territoires du S O, et dans l’attente d’un résultat en sa faveur du pourvoi du Conseil Européen, Mohamed VI décuple son entreprise d’annexion. 
    Après avoir violé à plusieurs reprises le cessez-le-feu du 6 septembre 1991, au mépris des injonctions de l’ONU, par des opérations militaires en août 2016 dans la zone tampon de Gargarat, frontalière avec la Mauritanie au Sud du S O et démilitarisée depuis les accords du cessez le feu, le Maroc entreprenait en septembre dernier des travaux pour élargir la route conduisant aux zones libérées d’El Guergarat. Opération suivie par un raid aérien marocain sur la zone. Puis, les 18 et 19 septembre, M VI organisait la réunion de préparation de la COP 22 dans la ville d’El Ayoun, capitale du Sahara Occidental, qu’il occupe militairement depuis 1975. 
    Le Front Polisario s’inquiète de ces incessantes provocations qui aggravent les tensions et l’instabilité et menacent la paix. Il en appelle à une action ferme et claire du Conseil de Sécurité de l’ONU.
  • Un loup dans la bergerie

    Le Maroc qui s’apprête à rejoindre l’Union africaine, ou qui du moins en a fait la demande, a lancé ces derniers temps une campagne diplomatique de grande envergure en direction des pays africains. Une campagne menée tambours battants par le roi Mohamed VI en personne qui a multiplié les voyages à des capitales africaines.
    Le fait pourrait être anodin et relèverait du droit de tout pays, s’il ne cachait pas des velléités sournoises. Car, l’objectif majeur de tout ce remue ménage est de mettre en minorité la présence de la République sahraouie et pourquoi pas, à terme l’éjecter de l’organisation africaine. Une politique dangereuse qui vise à créer la division au sein des pays africains et de là à affaiblir l’UA, qui a mis du temps et de l’énergie pour se positionner sur la scène internationale, où elle a réussi à parler d’une même voix.
    L’entreprise marocaine est non seulement risquée mais est très dangereuse pour toute l’Afrique. Ce Continent qui devient un important pôle vers lequel accourent les investissements des plus grandes puissances économiques, n’a pas besoin en ce moment précis de cette nouvelle roublardise et cette politique aventureuse qui risque de diviser l’Afrique.
    L’objectif voulu par Rabat, est manifestement de contrecarrer l’axe Alger-Prétoria et de ramener dans son giron de petits pays africains afin de créer un noyau dur au sein de l’UA, totalement acquis aux thèses colonialistes du makhzen. Et pour ce, Rabat compte sur certains pays comme le Sénégal pour mener sa politique de sape et de division au sein de l’organisation panafricaine.
    En résumé, Rabat ne veut pas retrouver sa chaise au sein de l’UA pour servir les intérêts de l’organisation, mais pour ne servir que sa folie expansionniste et faire main basse sur le Sahara Occidental. L’unité des Africains passe manifestement en seconde position et Rabat n’hésitera pas à faire sauter, s’il le faut l’UA pour atteindre ses objectifs. Le projet et les intentions du Maroc en réintégrant l’UA, se résument en une seule phrase «trouver des appuis au sein même de l’organisation pour légitimer son invasion du Sahara occidental». Les intérêts et les aspirations des Africains ne l’intéressent pas et ne l’ont jamais intéressée, car, Rabat a toujours lié son avenir avec celui de la France, quant aux Africains, ils n’ont aucun droit de cité. Alors les Africains seront-ils assez naïfs pour faire entrer ce loup dans leur bergerie ?
    Par Abdelmadjid Blidi
  • Le Maroc humilie l’Union africaine

    par Kharroubi Habib

    Faisant fi de sa qualité de vice-présidente du Parlement africain et de membre de la délégation de l’Union africaine devant prendre part à Marrakech aux travaux de la COP 22 sur l’environnement, le Makhzan marocain a fait procéder à l’interpellation de la Sahraouie Souielma Beirouk à sa descente de l’avion dans lequel elle s’est rendue au Maroc, puis à son expulsion vers l’Algérie après l’avoir contrainte à passer la nuit en détention à l’aéroport de Marrakech. 
    Le traitement ainsi infligé à la représentante de l’Union africaine constitue une grave et inadmissible violation de la convention internationale portant immunité pour les détenteurs du passeport diplomatique. Le fait que Souielma Beirouk soit Sahraouie, une nationalité que le Makhzen prétend inexistante, n’enlève rien à la gravité de l’acte arbitraire commis contre elle. Il est une provocation inacceptable pour l’ONU sous l’égide de laquelle est placée la réunion de la COP 22 et pour l’Union africaine dont Souielma Beirouk est la représentante dûment mandatée. Il devrait l’être tout autant pour la présidente de la COP 22 en exercice au moment des faits et se trouvant être la ministre française de l’Environnement Ségolène Royal. Il ne peut rester sans suite sauf à reconnaître que le Maroc dispose du droit de décréter comme il l’entend qui peut prendre part à une conférence internationale dont il n’est que l’hôte. Si l’ONU se contenterait de déplorer la violation de la convention internationale portant immunité pour les diplomates qui s’est produite à Marrakech, elle permettra alors l’instauration d’un précédent devant lequel même les Etats-Unis hôte de son siège et de la plupart de ses forums et rencontres ont reculé même s’agissant de leurs pires adversaires. Il reste tout de même étrange que le Makhzen s’est avisé d’infliger à la représentante de l’Union africaine le traitement qu’il lui a réservé à Marrakech en faisant fi de la protection et de l’immunité que lui procure sa qualité. Mohammed VI et le Makhzen auraient-ils reçu des assurances que leur violation de la convention internationale protégeant la vice-présidente du Parlement africain ne fera pas de remous au sein de la COP 22, de même qu’elle n’entravera pas le retour du Maroc dans le giron de l’organisation panafricaine ? C’est probable car l’on imagine mal les autorités marocaines avoir pris leur inacceptable décision de leur seule initiative en sachant qu’une grande partie des participants à la COP 22 ne resterait pas indifférente à la provocation et au mépris des règles internationales dont elle est le révélateur. 
    Le Parlement africain dont Souielma Beirouk est la vice-présidente et qui participe dans le cadre de la COP 22 à la grande réunion parlementaire internationale organisée à Marrakech par l’Union interparlementaire (UIP) ne peut se plier au diktat du Makhzen et doit de concert avec la Commission de l’Union africaine engager une campagne de dénonciation du traitement infligé à sa représentante et une initiative qui contraindrait le Makhzen à faire marche arrière. Ce que Mohammed VI et le Makhzen pensent comme étant un acte de souveraineté aurait pu susciter quelque compréhension s’il avait englobé tous les participants à la COP dont le Maroc ne reconnaît ni le pays ni la nationalité. A Marrakech, les délégués d’Israël se pavanent et le drapeau de leur pays flotte allègrement dans les rues et avenues de la ville à la grande humiliation de sa population et du royaume en général.
  • Antoine Ndour, père de Charles Ndour tué à Tanger : « j’interpelle le Maroc et le Sénégal… »

    Antoine Ndour, père de Charles Ndour tué à Tanger : « j’interpelle le Maroc et le Sénégal sur le meurtre de mon fils ; nous voulons savoir s’il y a indemnité »
    «Je relance le dossier et j’interpelle les autorités compétentes du Maroc et du Sénégal sur la suite à donner à cette affaire». C’est cette phrase laconique, mais pleine de sens, qui sort de la bouche d’Antoine Ndour, père de Charles Paul Alphonse, étudiant sénégalais tué en août 2014 à Tanger, au Maroc.
    En effet, le temps passe, mais ne dissipe point le souvenir macabre de la mort d’un fils, sur lequel reposait l’espoir de toute une famille. Interpellé ce lundi, en marge de la visite du roi Mohamed VI à Dakar, Antoine Ndour se dit prêt à aller jusqu’au bout, pour que justice soit faite à tous les niveaux.
    «D’après le rapport de la justice marocaine qui m’est parvenu, le présumé auteur des faits a été condamné à 20 ans de prison», rappelle le père de la victime. Toutefois, s’indigne-t-il, « depuis quelque temps, nous ne pouvons plus entrer en contact avec les autorités du Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur.
    «Nous voulons savoir s’il y a indemnité, comme il a été dit. Et si c’est le cas, qui du Maroc ou du Sénégal indemnise»
    «L’an dernier, le Directeur de Cabinet politique du Président de la République, Mahmout Saleh, m’a contacté, puis Mankeur m’a fait aussi rencontrer son Directeur de cabinet, qui s’était engagé à tout faire pour que le dossier suive son cours à tous les niveaux. Depuis, rien», regrette Antoine Ndour.
    Mais qu’à cela ne tienne. Abandonné ou oublié par les Services de Mankeur sur l’indemnisation promise, le père de Charles Ndour veut savoir le point d’achoppement de cet aspect de l’affaire, car la famille est en doit de savoir tout ce qui lui revient de droit.
    «Nous voulons savoir s’il y a indemnité, comme il a été dit. Et si c’est le cas, qui du Maroc ou du Sénégal indemnise», s’est-il interrogé non sans avoir des remords, en évoquant l’argent, dans cette affaire. Les autorités compétentes des deux pays, apprécieront.
    Actusen
  • Le Maroc, grand gagnant de la coopération avec le Sénégal

    Qu’est-ce qui explique ce penchant de Mohamed VI pour le Sénégal où il effectue sa 8e visite en tant que Roi du Maroc ? La question est une ritournelle très connue des observateurs de l’axe Dakar-Rabat. Directeur du laboratoire « Saint-Louis Études et Recherches en gestion », Birahim Guèye tente une explication.
    Il dit : « Elles (les relations économiques entre les deux pays) profitent au Maroc. Si vous prenez des secteurs stratégiques au Sénégal comme les banques, l’industrie, l’agroalimentaire, les technologies de l’information et de la communication, de plus en plus, des entreprises marocaines viennent s’installer au Sénégal et aujourd’hui, grâce aux bénéfices obtenus, elles rapatrient beaucoup d’argent dans leur pays. La balance est largement favorable au Maroc. »
    Quid des avantages côté sénégalais ? Birahim Guèye éclaire : « Certes les Sénégalais peuvent aller au Maroc sans payer de visas. Mais si on regarde les conditions de vie de nos compatriotes au Maroc, surtout ceux qui n’ont pas forcément une qualification professionnelle importante, elles sont assez néfastes. Très couramment, on entend des scandales sur des Sénégalais qui sont maltraités dans les maisons où ils travaillent au Maroc. Sur ce plan, il ne faut pas forcément y voir juste un côté positif. »
    Et à en croire le directeur du laboratoire « Saint-Louis Études et Recherches en gestion », l’impact positif de la présence d’une banque marocaine comme la Cbao, qui aurait pu permettre d’équilibrer la balance, est à nuancer.
    Il détaille : « Quand on prend l’entreprenariat des jeunes, les banques marocaines qui sont sur place ne prennent pas plus de risques que les autres banques pour financer les projets entrepreneuriaux. Les taux d’intérêt ne sont pas plus faibles du fait de la présence de l’entreprise marocaine. Le Sénégal gagne de la présence de ces entreprises une offre de service, des infrastructures mais quand on regarde les conditions d’octroi de ces services, ce n’est pas toujours évident que notre pays soit gagnant. »
    (Source : Enquête)
  • Mohammed VI à Dakar: les non-dits d’une visite

    Dire que le roi du Maroc compte sur Macky dans son offensive diplomatique sur le continent africain est une lapalissade. Mohammed VI qui s’apprête à ramener son pays au sein de l’Union africaine manœuvre dur pour rallier le plus de soutiens sur l’enjeu de la question du Sahara occidental (RASD), ex-colonie espagnole contrôlée depuis 1975 par Rabat, et dont le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame l’indépendance. 
    Ainsi, le séjour à Dakar du souverain marocain a-t-il permis à Mohammed VI et Macky Sall d’affûter une stratégie commune en vue du sommet africain prévu le 16 novembre à Marrakech, en marge de la conférence internationale sur le climat (COP22). Selon nos sources, le souverain marocain est moins préoccupé par le retour presque acquis de son pays dans l’Union africaine. Ce qui l’inquiète le plus, c’est comment obtenir l’exclusion de la RASD de l’Union africaine. Nos sources renseignent que Mohammed VI considère que le Sénégal, qui a affiché un soutien sans faille au Maroc dans cette démarche, est d’une importance stratégique pour que son pays fasse peser la balance de son côté. C’est ainsi que les échanges de Dakar ont permis à Macky Sall et à son illustre hôte de peaufiner leur stratégie pour la réunion du 16 novembre à Marrakech suivi du sommet très important des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA de janvier 2017. 
    C’est un sommet qui a la particularité de placer au cœur de son agenda les intérêts aussi bien du Maroc que du Sénégal. Pour le roi Mohammed VI et Macky Sall, la réintégration du royaume chérifien et la candidature du Sénégalais Abdoulaye Bathily au poste de la présidence de la Commission de l’UA sont deux dossiers très liés. Sur la route de sa réintégration et de l’expulsion de la RASD, le Maroc devra croiser les soutiens du Polisario dont la Mauritanie et l’Algérie. Or, concernant justement l’Algérie, même si le Président Sall a récemment tenté de réchauffer les relations entre Dakar et Alger, l’Algérie n’est pas un soutien aussi bien sur le Sahara occidental que sur la candidature d’Abdoulaye Bathily. Mieux, ce pays a réussi à presque fédérer la plupart des pays membres du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) sur ses positions. Ce qui en fait un ‘’ennemi’’ commun au Sénégal et au Maroc.
    Auteur : Dakarposte.com
  • Le Maroc est en train de “recoloniser” le Sénégal

    Le journaliste et docteur en sciences politiques, Serigne Saliou Samb, n’est passé par quatre chemins pour dire sans langue de bois ce qu’il pense des relations économiques entre le Sénégal et le Maroc. Pour lui, ce sont des échanges très déséquilibrés.
    Joint par Senego, il explique de fond en comble comment le Maroc étend son influence au Sénégal en grugeant des parts de matchés dans plusieurs domaines d’activités. Tous les secteurs névralgiques de l’économie sénégalaise sont dans les mains des Marocains. Les secteurs comme les banques, les assurances, la médecine, la pharmacie et même le domaine du bâtiment. Alors que nous avons des sociétés comme la SN Hlm et la Sicap. Le Maroc est en train de “ recoloniser ” le Sénégal.
    Dans son analyse, Serigne Saliou Samb reconnait le profond déséquilibre d’échanges qui existe entre les deux pays.
    Pour rappel, le Maroc exporte 13% de ses produits et le Sénégal est moins de 03%. D’après lui, les relations ne sont pas très bénéfiques. ” C’est le Maroc qui finance, c’est le Maroc qui tient la commande, qui fixe et qui oriente le marché. Le roi du Maroc quand il vient au Sénégal, il débarque avec plusieurs chefs d’entreprises et Macky Sall, quand il part au Maroc avec des chefs d’entreprises c’est pour faire du tourisme“.
    Il conclut avec une note pessimiste: “ C’est comme la France, nous bénéficions de l’aide mais pour combien de temps? En matière de relation, chaque pays défend ses intérêts …”
    Pour rappel, Serigne Saliou Samb a soutenu sa thèse de doctorat sur La ” géopolitique des investissements: Exemple comparé du Sénégal et du Maroc…”
    Le point chaud
  • Le Maroc est en train de “recoloniser” le Sénégal

    Le journaliste et docteur en sciences politiques, Serigne Saliou Samb, n’est passé par quatre chemins pour dire sans langue de bois ce qu’il pense des relations économiques entre le Sénégal et le Maroc. Pour lui, ce sont des échanges très déséquilibrés.
    Joint par Senego, il explique de fond en comble comment le Maroc étend son influence au Sénégal en grugeant des parts de matchés dans plusieurs domaines d’activités. Tous les secteurs névralgiques de l’économie sénégalaise sont dans les mains des Marocains. Les secteurs comme les banques, les assurances, la médecine, la pharmacie et même le domaine du bâtiment. Alors que nous avons des sociétés comme la SN Hlm et la Sicap. Le Maroc est en train de “ recoloniser ” le Sénégal.
    Dans son analyse, Serigne Saliou Samb reconnait le profond déséquilibre d’échanges qui existe entre les deux pays.
    Pour rappel, le Maroc exporte 13% de ses produits et le Sénégal est moins de 03%. D’après lui, les relations ne sont pas très bénéfiques. ” C’est le Maroc qui finance, c’est le Maroc qui tient la commande, qui fixe et qui oriente le marché. Le roi du Maroc quand il vient au Sénégal, il débarque avec plusieurs chefs d’entreprises et Macky Sall, quand il part au Maroc avec des chefs d’entreprises c’est pour faire du tourisme“.
    Il conclut avec une note pessimiste: “ C’est comme la France, nous bénéficions de l’aide mais pour combien de temps? En matière de relation, chaque pays défend ses intérêts …”
    Pour rappel, Serigne Saliou Samb a soutenu sa thèse de doctorat sur La ” géopolitique des investissements: Exemple comparé du Sénégal et du Maroc…”
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