Mois : juillet 2016

  • Brouille persistante entre la Mauritanie et le Maroc : vers un renversement d’alliances dans la région ?

    La région maghrébine est-elle à la veille de changements qui modifieraient, à terme, la situation de statu quo qu’elle connaît depuis des lustres ? Une série de faits, dont les protagonistes sont les responsables de la « petite » Mauritanie, survenus dernièrement, le laissent supposer.

    Le premier de ces faits a consisté en la décision des autorités mauritaniennes de remplacer, quasiment au pied levé, le royaume du Maroc, dans l’organisation du prochain sommet de la Ligue des Etats arabes, prévu pour se tenir les 27 et 28 du mois en cours. Une décision que nombre d’observateurs de la scène politique maghrébine ont interprété, précisément, au vu de la rapidité avec laquelle elle a été prise, comme un pied de nez au prétexte – de non réunion des conditions de succès du sommet prévu – avancé par les autorités marocaines à l’appui de leur désistement. 
    Ce que ces dernières semblent avoir pleinement compris, qui n’ont pas tardé à réagir. Et ce, par une attitude peu cavalière, dans le sens de contraire aux usages diplomatiques, du premier personnage du royaume : Mohamed VI ayant, en effet, le mois passé, refusé tout simplement de recevoir en audience le ministre mauritanien des Affaires étrangères qui a fait, à deux reprises, le déplacement au Maroc pour lui transmettre une invitation officielle à participer au dit sommet qu’abritera, aux dates sus-indiquées, la capitale de son pays. 
    Aussi révélateur de la détérioration continue, depuis quelques mois, des relations entre les deux pays qu’il puisse l’être, cet incident n’explique pas celle-ci pour autant. Pour les mêmes observateurs, cette détérioration a des raisons autrement plus profondes. Qui tiennent, selon eux, à des réajustements en profondeur de la position mauritanienne vis-à-vis de la question sahraouie. a l’initiative de Mohamed Ould Abdelaziz, son président en exercice, la Mauritanie donne l’impression de vouloir sortir de la position de quasi neutralité qu’elle a adoptée depuis qu’elle a officiellement abandonné en 1979, au sortir d’une guerre ruineuse pour son économie, contre le Polisario, toute prétention territoriale sur le Sahara occidental ; une position qui a, faut-il le dire, beaucoup plus servi les desseins colonialistes du Makhzen marocain que la juste et légitime cause du peuple sahraoui. Et c’est là qu’interviennent les autres faits précités annonciateurs des changements à venir sur la scène maghrébine. En décrétant un deuil national de trois jours en Mauritanie à la suite du décès, le 31 mai dernier, du président sahraoui et secrétaire général du Polisario, Mohamed Abdelaziz, le président mauritanien a envoyé au Makhzen marocain et à ses soutiens dans le monde, un message des plus clairs sur la fin de la neutralité factice de son pays dans la question du Sahara occidental. Comme pour enlever tout doute sur le « contenu de ce message » et, partant, sur la réalité du changement qu’il suppose dans la politique extérieure mauritanienne, il a envoyé une forte délégation assister au congrès extraordinaire du Polisario, qui vient de se tenir. 
    Faut-il préciser que cette évolution dans la position mauritanienne à l’égard d’un problème des plus sensibles – non pas uniquement pour les parties directement concernées : le Maroc et le Polisario, à savoir, et les pays du voisinage : la Mauritanie et l’Algérie, s’entend, mais également pour toute la zone euro-arabe et ce, au vu du blocage de la construction de l’édifice maghrébin qu’il a entraîné et de la fragilisation de la position arabe d’ensemble qu’un tel blocage a provoqué – ne restera pas sans conséquences sur les alliances existantes dans la région. Tout indique, en effet, que l’on ira sous peu vers un renforcement des relations entre, d’un côté, la Mauritanie de Mohamed Ould Abdelaziz et, de l’autre, l’Algérie et le Polisario. 
    Un renforcement qui se fera immanquablement au détriment de la position du Makhzen marocain déjà fortement ébranlé ces derniers mois par une série de revers qu’il a subies ; les plus marquants (de ces revers) ayant été la qualification, par le secrétaire général de l’ONU, de la présence marocaine au Sahara occidental « d’occupation », et la décision, prise en décembre 2015, par la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) d’annuler « l’accord agricole et de pêche » signé en 2012 entre le Maroc et l’Union Européenne. 
    Toute la question est aujourd’hui de savoir, non pas quelle position adoptera le Makhzen pour contrecarrer cette évolution dans la position mauritanienne, mais que feront ses soutiens traditionnels pour le tirer de ce mauvais pas. Il serait en effet naïf de penser que la France, surtout, l’entité sioniste et les pétromonarchies du Golfe qui portent à bout de bras, depuis de nombreuses années maintenant tant il est un serviteur docile de leur stratégie d’affaiblissement du monde arabe, le Makhzen marocain, vont rester les bras croisés. 
    Il n’est pas à écarter que tous leurs efforts vont porter sur la « petite » Mauritanie. Et ce, pour « l’amener à résipiscence ». Un « scénario » que le président mauritanien a sûrement prévu en s’engageant dans le réajustement de la position de son pays dans l’affaire du Sahara occidental. D’où les pronostics émis par de nombreux observateurs d’un rapprochement plus grand et plus franc, dans les tout prochains jours, entre la Mauritanie et l’Algérie.
    Mourad Bendris
  • Lettre de Mohamed Khouna Ould Haidala au Congrès Extraordinaire du Front Polisario

    Les acquis réalisés par le président martyr Mohamed Abdelaziz ne peuvent être énumérés, dont des institutions très solides à tous les niveaux, a affirmé l’ex-président mauritanien Mohamed Khouna Ould Haidala.
    Dans une lettre adressé au Congrès extraordinaire du Front Polisario, Ould Haidala a déclaré que « les acquis réalisés par le président Mohamed Abdelaziz ne peuvent être énumérés dans cette lettre que je vous adresse, je me limiterai simplement à signaler qu’il vous a laissé des institutions très solides et cela à tous les niveaux ».
    « Mohamed Abdelaziz est parti á l’instar d’El Ouali et des nombreux autres martyrs, ce qui constitue, á mon avis, la garantie de la perennité d’un Etat ».
    Texte intégral de la lettre:
    La célébration de votre congrès extraordinaire, le Congrès du Martyr Mohamed Abdelaziz, m’offre l’occasion de m’adresser á vous pour une première fois. 
    Le fait de m’adresser á vous pour la première fois ne veut pas dire que je ne m’intéresse pas à ce qu’il se passe chez vous. Au contraire, soyez sûrs que je suis avec vous de tout mon coeur et je partage avec vous vos douleurs et vos joies.
    Dans ce contexte, j’ai suivi à travers la télévision avec une profonde tristesse le deuil que vous avez vécu suite à la disparition de votre grand leader, le défunt Mohamed Abdelaziz. J’ai eu l’occasion de connaître de près cet homme pendant plus de 4 ans lors des rencontres internationales constatant ses qualités de grand dirigent et fin diplomate. Je peux vous assurer qu’il m’a laissé des souvenirs inoubliables.
    Après 40 ans, les réalisations du président Mohamed Abdelaziz ne peuvent être énumérées dans cette lettre que je vous adresse aujourd’hui. Je me limiterai simplement à signaler qu’il a laissé des institutions très solides et cela à tous les niveaux. Mohamed Abdelaziz est parti, à l’instar d’El Ouali Moustapha Sayed et de nombreux autres martyrs et cela constitue, à mon avis, la garantie de la pérennité d’un Etat.
    Je note aussi que votre lutte a enregistré un tournant au niveau diplomatique fin 2015 lorsque les Nations Unies ont annoncé, par la voix de son Secrétaire Général, qu’il était temps que le peuple sahraoui exerce son droit à l’autodétermination et à la liberté.
    Chers frères et soeurs,
    L’heure n’est pas aux pleurs ni aux lamentations. Vous devez vous rappeler de l’expression que le défunt Mohamed Abdelaziz aimait utiliser : « Tant qu’on n’a pas libéré tout le Sahara, nous allons considérer qu’on n’a rien réalisé ». Vous devez aller de l’avant et élire la personne convenable pour poursuivre votre lutte. Je suis certain que le peuple sahraoui couve dans sa société de nombreux hommes et femmes capables d’accomplir cette mission.
    Avant de finir cette lettre, je voudrais vous demander de faire confiance à trois points qui constituent le fruit de mon expérience personnelle:
    1 – Vous possédez une armée de combattants exceptionnels que j’ai eu à affronter pendant trois ans de guerre fratricide et je peux vous assurer que vous pouvez compter sur eux pour la libération de votre pays.
    2 – Vous avez des cadres très courageux qui ont un niveau culturel et politique très élevé. J’ai eu l’occasion de les fréquenter et travailler avec eux pendant les années 1980 lorsque j’assumais la direction de la Mauritanie et je peux vous assurer qu’ils sont à la hauteur des aspirations en vue de mener votre lutte á l’échelle internationale.
    3 – Vous avez le soutien d’un grand pays qui n’a pas d’égal dans le monde arabe ni dans le continent africain et qui a le respect et la considération du reste du monde.
    Chers frères sahraouis,
    Ces trois critéres constituent, dans mon point de vue, la garantie de votre succès dans la lutte que vous menez.
    Vive le peuple sahraoui libre
    Vive la République Arabe Sahraouie Démocratique
    Mohamed Khouna Ould Haidala
    Traduction non officielle de Diaspora Saharaui
  • L’homme du consensus sahraoui

    L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à Alger, Brahim Ghali, succède au défunt président Mohamed Abdelaziz. Le congrès du Front Polisario a consacré le changement dans la continuité. 
    De ministre de la Défense, poste qu’il a occupé pendant 13 ans, à la carrière de diplomate, le secrétaire général du Front Polisario traduit le choix de la légitimité du combat d’autant plus incontournable que la cause sahraouie jouit d’un soutien international validé par la présence de 220 délégations étrangères au congrès. 
    « Au sein du Front, il y a unanimité autour de la personne de Brahim Ghali, qui réunit toutes les conditions pour devenir notre secrétaire général », dira M’hamed Khaddad, membre du secrétariat national du Polisario et coordinateur avec la Minurso. A l’heure des enjeux décisifs pour l’avenir sahraoui, le nouveau président de la Rasd est assurément l’homme du consensus qui traduit à la fois l’union sacrée d’un peuple fier et digne, acquis à l’option stratégique de la paix inscrite dans les accords de septembre 1991 parrainés par l’Oua et l’Onu. 
    Un consensus qui consolide le front sahraoui en mettant fin au scénario chaotique nourri par l’occupant marocain plus que jamais isolé et interpellé par la communauté internationale convaincue de la nécessite d’un référendum. La réalité de l’occupation, dénoncée par le secrétaire général de l’Onu, et le refus du « statu quo », jugé intenable par son envoyé spécial au Sahara occidental, qualifient la dérive coloniale porteuse du risque d’un retour aux armes favorisé par le casus belli marocain induit par la décision unilatérale d’expulser la composante civile de la Minurso. 
    Cette perception se renforce par le soutien sans équivoque de l’Union européenne et de l’International socialiste, partageant la position du Conseil de sécurité sur la nécessité du rétablissement de la Minurso dans ses fonctions. L’homme du consensus sahraoui est ainsi tenu de mener à son terme le combat du retour de la Minurso dont la date butoir fixée par la communauté internationale approche à grands pas. 
    Le président Ghali dispose, à cet effet, des armes de la légitimité et de la légalité pour le parachèvement du processus de décolonisation, au-delà de la « mauvaise foi » marocaine établie, et la relance des négociations pour un règlement « juste, pacifique et définitif » de la question sahraouie dans le respect du droit à l’autodétermination consacré par l’Onu.
    Horizons
  • Sahara Occidental et Panama Papers derrière le refroidissement entre Alger et Paris

    Alger-Paris : des relations «schizophrènes»
    Au moment où l’« euphorie » retrouvée depuis 2012 par la relation entre Alger et Paris marque le pas sur les plans économique et politique, le diplomate français Denis Bauchard, vient d’analyser en fin connaisseur du Moyen Orient les hauts et les bas du partenariat entre les deux pays.
    Abordant dans une analyse approfondie publiée cette semaine le refroidissement des relations bilatérales ces derniers mois, cet ancien directeur du bureau Afrique du Nord et Moyen Orient au ministère français des Affaires étrangères et ancien directeur de l’Institut du monde arabe de Paris, rappelle qu’ « après une période difficile avec la France du président Sarkozy, le président Hollande, qui connaît bien l’Algérie, a souhaité reprendre les relations sur de nouvelles bases. Dès 2012, la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération est signée par les deux chefs d’Etat. Elle énonce les grands principes sur lesquels se fondent dorénavant les relations entre les deux pays. Laurent Fabius a trouvé en la personne de son homologue algérien, Ramtane Lamamra, un interlocuteur ouvert, pragmatique et de qualité. Un dispositif de comités a été mis en place : un Comité Intergouvernemental de Haut Niveau (CIHN) et un Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA) sont créés ; des groupes de travail fonctionnent sur tous les sujets. Jean-Louis Bianco est nommé représentant spécial pour les relations avec l’Algérie, dont la mission est de régler les irritants.»
    En revanche, en citant les indices de crispation de la relation bilatérale depuis au moins la fin 2015, Denis Bauchard semble pointer un doigt accusateur à l’endroit des milieux politico-médiatiques français. En effet, dans son analyse, l’ancien diplomate rappellera dans le détail qu’outre l’épineux dossier du Sahara occidental au sujet duquel « au sein du Conseil de Sécurité, la France a été le seul membre à défendre le point de vue du Maroc, après l’expulsion des cadres de la Minurso », il y a eu note-t-il « la publication par [le quotidien] Le Monde des Panama papers, mettant en cause personnellement le président Bouteflika, [ce qui] a provoqué une vive réaction des autorités algériennes qui ont décidé de poursuivre le journal. Pour beaucoup d’Algériens, ces allégations n’ont pu être divulguées qu’avec un feu vert du gouvernement français. » 
    Dans ce climat qui manque de plus en plus de clarté, l’ancien diplomate n’est pas complètement pessimiste pour l’avenir des relations algéro-françaises qu’il qualifie de « schizophrènes » mais, il reconnait néanmoins qu’il est à craindre « un certain gel pendant cette période de transition qui verra apparaître en Algérie comme en France une nouvelle équipe dirigeante. Cette relation restera à la fois nécessaire mais difficile, même si beaucoup pensent qu’il faut tourner la page. Dans ce domaine comme dans d’autres, il faut sans doute donner du temps au temps, seul capable de panser les plaies d’un passé mal éteint. »
    Mourad Allal
  • Le Maroc fait du recyclage dans les retraits de reconnaissance de la RASD

    Le Maroc a annoncé hier 9 juillet 2016 que la Zambie a décidé de retirer sa reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique. Selon l’agence d’information officielle, MAP, le ministre zambien des Affaires étrangères, Kabinga J. Pande , vient de l’annoncer à Rabat. En guise de preuve, une photo du chef de la diplomatie zambienne avec le ministre Nasser Bourita.
    Cependant, fouillat dans les archives, nous avons découvert que cette annonce a déjà été faite en 2011. Selon une dépêche de la MAP relayée par plusieurs sites marocains, la Zambie a retiré sa décidé de retirer sa reconnaissance de la RASD le 29 mars 2011 et c’est l’ancien ministre des affaires zambien. Harry Kabala, qui a annoncé la nouvelle.
    Lorsque vous cherchez la dépêche de la MAP à cet égard, vous allez trouver le fameux message d’erreur 404 (voir capture d’écran). 
    Mais, une trace de la dépêche reste sur le puissant agrégateur de sources Maghress

    …ainsi que sur certains relais marocains….

    …. D’autres sites son visibles sur Maghress (http://www.maghress.com/fr/search/Zambie+rasd):

    Et ici, dans cet email, Moural El Ghoul, demande a Nadia El Jalfi « bien vouloir relayer cette information, de manière la plus large possible, à travers » ses « canaux et relais médiatiques ».
    A qui, les autorités marocaines veulent-ils mentir? Aux marocains? Au roi Mohammed VI? A la communauté internationale?
  • Ghali, la continuité

    par Moncef Wafi

    Brahim Ghali est devenu la nouvelle figure du Polisario après avoir été plébiscité, hier, au poste de secrétaire général du Front et de président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le congrès extraordinaire qui s’est tenu dans les camps des réfugiés sahraouis à Dakhla n’a fait que consacrer un homme rompu à la lutte succédant officiellement à Mohamed Abdelaziz, décédé le 31 mai dernier. 
    Le CV de Ghali plaide pour lui, lui le natif de Smara qui a participé à la création du Polisario dans les années 70, en étant son premier secrétaire général. Il sera de tous les combats, participant aux différentes grèves générales organisées par les militants sahraouis avant de passer à la lutte armée en menant des raids pour procurer armes et équipements militaires au Front. Il dirige ensuite son aile militaire avant d’être nommé ministre de la Défense, poste qu’il occupera de 1976 à 1989. Ce parcours du combattant lui conférera l’image d’une ligne dure et non pacifiste du Polisario aux yeux du Makhzen. 
    La nomination de Brahim Ghali devra asseoir davantage les dernières déclarations du Polisario qui a menacé de reprendre la lutte armée au lendemain de l’expulsion des civils de la Minurso. En avril dernier, le message envoyé était clair: «Préparer les troupes en prévision de toute urgence» a été l’explication officielle des manœuvres militaires effectuées dans les territoires libérés du Sahara Occidental par l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS). Et ce qui n’était que verbe depuis la décision marocaine, s’était concrétisé sous forme d’une mobilisation en perspective de la reprise de la lutte armée. Ces manœuvres militaires sahraouies nous ont plus rapprochés d’une confrontation armée avec l’occupant marocain que d’une solution pacifique sous l’égide onusienne. 
    Les Sahraouis, excédés par l’incapacité de la Minurso à organiser le référendum sur leur autodétermination, savent qu’ils ne peuvent compter que sur leurs armes pour pousser Rabat à des négociations sérieuses et sans conditions préalables. Et pour cela, ils se disent prêts à sacrifier leurs vies pour la cause, pour la libération des territoires occupés du Sahara Occidental, le «principal objectif» des Sahraouis. Et à Ghali de donner les premières indications sur les réponses des Sahraouis à la mollesse des solutions diplomatiques.
  • La police renforce la surveillance des ressortissants marocains entrés en Algérie

    Les services de la police à travers le territoire national ont été instruits par le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) pour renforcer la surveillance des ressortissants marocains et d’autres migrants qui se trouvent en situation irrégulière. C’est ce qu’a rapporté le quotidien arabophone El-Khabar dans son édition d’aujourd’hui, en citant des sources sécuritaires.
    Selon ce média, le général-major Abdelghani Hamel a adressé une correspondance à l’ensemble des chefs de sûreté de wilaya en leur ordonnant de mettre en place un dispositif de surveillance et de contrôle de ces migrants, et surtout œuvrer à réduire le flux migratoire venant de la frontière ouest et des frontières sud et sud-est.
    Cette instruction a été envoyée aux responsables de la police au niveau des wilayas la semaine dernière, a encore précisé le quotidien El-Khabar selon lequel la DGSN a mis en garde contre des attitudes douteuses de certains migrants constatées par les services du renseignement. La DGSN craint ainsi que des éléments subversifs ou appartenant à des réseaux terroristes se soient engouffrés parmi les migrants qui se trouvent en Algérie. Pour les services de Abdelghani Hamel, il est fort probable qu’il y ait des éléments douteux parmi les migrants en situation irrégulière qui activent dans le bâtiment ou qui exercent des activités itinérantes. Mais pas seulement.
    Citant des sources locales, ce média arabophone parle de craintes que des artisans, des peintres et des plâtriers marocains utilisent leurs relations avec de riches Algériens ou de hauts cadres pour lesquels ils travaillent afin d’arracher des «informations vitales» et «sonder l’opinion» sur des questions hautement sensibles relatives à la situation interne du pays et la situation régionale. Il est à souligner que durant le premier semestre, plus de 700 migrants, notamment marocains, ont été arrêtés et présentés devant la justice pour séjour irrégulier ou immigration illégale. Il faut également rappeler que l’Algérie a dû suspendre les vols aériens reliant Casablanca à Tripoli en passant par Alger afin d’endiguer le flux migratoire marocain vers l’Algérie.
    Sonia Baker

  • Brahim Ghali nouveau président de la RASD

    Le responsable du secrétariat politique du Front Polisario, Brahim Ghali, a été officiellement élu hier président de la République arabe sahraouie démocratique et secrétaire général du Front, à la majorité écrasante des participants au congrès extraordinaire du Front dont les travaux ont pris fin samedi dans les camps des réfugiés sahraouis à Dakhla.
    Cet ancien militant, diplomate et politicien, ex-ministre de la Défense et ex-représentant du Front Polisario à Madrid et ambassadeur à Alger, est élu et succèdera officiellement au défunt Mohamed Abdelaziz. Brahim Ghali, né le 16 septembre 1949 à Smara, est une figure historique du peuple sahraoui qui lutte pour son droit à l’autodétermination. En 1973 il a participé à la fondation du Front Polisario.
    Mohamed Abdelaziz a laissé un peuple combattant
    Le président du Comité algérien de soutien au peuple sahraoui, Saïd Layachi a affirmé avant-hier à Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis, que « le défunt président sahraoui Mohamed Abdelaziz avait laissé derrière lui un peuple combattant et une direction unie ». 
    M. Layachi, qui s’exprimait en marge du congrès extraordinaire du Front Polisario, s’est dit « optimiste quant aux avancées réalisées par la cause sahraouie soulignant que les générations imprégnées du sens du sacrifice légué par le défunt président Mohamed Abdelaziz continueront le combat dans l’unité ». 
    La nouvelle direction, qui sera issue du congrès extraordinaire du Polisario, « ne fera que poursuivre le combat sur la voie tracée par le défunt président Mohamed Abdelaziz », a-t-il assuré. Il a réaffirmé le soutien inconditionnel du comité qu’il préside à la cause sahraouie « jusqu’au recouvrement total de la moindre parcelle des territoires sahraouis spoliés ». 
    Les représentants des délégations étrangères participant aux travaux du Congrès extraordinaire du Front Polisario qui se poursuivaient hier , ont insisté sur la tenue rapide d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
    Les interventions qui ont marqué la 2e journée du congrès, baptisé du nom du défunt président Mohamed Abdelaziz, et qui se tient sous le slogan « Force, détermination et volonté pour imposer l’indépendance nationale et la souveraineté », ont porté sur la nécessité de l’organisation rapide d’un référendum qui permette au peuple sahraoui de s’exprimer sur son indépendance. 
    Le représentant du secrétaire général de la Swapo (Namibie) a estimé que « la tenue d’un référendum d’autodétermination s’imposait comme une revendication pressante insistant sur la nécessité d’une action des Nations unies pour l’exercice de ce droit reconnu par la communauté internationale et conforté par les résolutions du Conseil de sécurité onusien ». 
    Pour sa part, le représentant du parti de gauche russe a appelé les Nations unies à organiser « au plus vite un référendum libre et intègre qui mette fin aux souffrances que le peuple sahraoui endure depuis des décennies ». 
    Fernando Maura, du parti espagnol Ciudadanos, a mis l’organisation des Nations unies devant sa responsabilité de protéger les droits de l’Homme au Sahara occidental, notamment dans les territoires occupés par le Maroc appelant l’organisation à « élargir les prérogatives de la Minurso à la protection des droits de l’Homme ». 
    La déléguée du Mouvement de solidarité italienne avec le peuple sahraoui a pour sa part mis en avant « l’impératif de mettre un terme au pillage des richesses sahraouies dans les territoires occupés par le royaume marocain et de faire face aux peines qui frappent injustement les détenus sahraouis dans les prisons marocaines ».
    Par : INES AMROUDE
  • Caroline Kennedy sonne le Makhzen

    SON HOMMAGE À L’ALGÉRIE A FAIT MAL
    Caroline Kennedy sonne le Makhzen
    L’inattendu et ô combien émouvant message de solidarité adressé par la fille de l’ancien président américain, John-Fitzgerald Kennedy, et par ailleurs ambassadrice des Etats-Unis à Tokyo, est tombé comme un couperet sur la tête des dignitaires du makhzen. C’est la première fois en effet qu’un ambassadeur américain en exercice se fende d’un message aussi sympathique mais surtout engagé en faveur de l’Algérie à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance. 
    En rendant un hommage appuyé au combat de l’Algérie, Caroline Kennedy a fait deux «victimes». Il y a d’abord la France qui est l’ancienne puissance coloniale de l’Algérie, il y a ensuite le Maroc qui passe pour être le chouchou de la diplomatie américaine. A Rabat en tout cas, c’est comme cela qu’on a interprété le message inédit de la fille de l’illustre président des Etats-Unis. Et c’est à l’un des perroquets du roi, payé en dollars pour ses services de lobbyiste qu’est échue la mission de «répondre», à Caroline Kennedy. 
     Peter Pham qui officie au think tank “Atlantic Council”, s’est ainsi interrogé à quelle fin Caroline Kennedy s’est-elle exprimé en faveur de l’Algérie, suggérant qu’elle n’aurait pas respecté les usages diplomatiques voire qu’elle n’a rien d’une diplomate. «Le message vidéo de l’ambassadrice des Etats-Unis au Japon dans lequel elle tresse des louanges au régime algérien, à l’occasion de la fête nationale de l’Algérie, relève d’un acte bizarre et sans précédent dans les annales diplomatiques américaines» a asséné à l’agence officielle du Makhzen, MAP, ce fameux Peter Pham. Et d’ajouter : «Il est manifestement inhabituel, sinon entièrement sans précédent, qu’un ambassadeur américain accrédité dans un pays donné adresse des messages de félicitations à un autre pays qui se trouve à l’autre bout du monde.» Le lobbyiste américain a donc servi la littérature que le makhzen veut entendre, espérant sans doute que le département d’Etat intervienne pour désavouer Mme Caroline Kennedy.
    Tel père, telle fille
    Or, est bien clair que dans son message vidéo, l’ambassadrice a juste rappelé les positions de son illustre père engagé à partir du Sénat puis de la Maison-Blanche, en faveur de la lutte des Algériens pour le recouvrement de leur liberté. Faut-il rappeler que c’est John Kennedy qui avait accueilli le président Ben bella au bureau oval juste après l’indépendance de l’Algérie. Sa fille Caroline n’a donc rien renié des idées, elle qui demeure attachée aux combats pour les causes justes dont notamment celui du peuple sahraoui qu’elle partage avec passion. Et c’est justement son soutien indéfectible à la cause sahraouie et son hommage au combat de l’Algérie qui donne des migraines au makhzen, craignant un lâchage diplomatique de l’oncle Sam. Le lobbyiste de service ne s’est d’ailleurs pas empêché de s’interroger : «Par cet acte, l’ambassadrice Kennedy cherche-t-elle à forcer la main aux décideurs à Washington?». C’est dire…
    Hamid Merakchi.
  • Brahim Ghali reprend le flambeau

    Le nouveau SG du Front Polisario a indiqué que sa politique s’inscrit en droite ligne des résolutions du quatorzième congrès du Front Polisario organisé en 2014.
    Militant de la première heure de la cause sahraouie contre l’occupation marocaine, Brahim Ghali a été élu, hier, à la tête du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à l’issue du congrès extraordinaire du Front Polisario qui s’est clôturé, hier, au camp des réfugiés de Dakhla. Plébiscité (93,16%) par les 2.433 congressistes, l’ancien ministre de la Défense succède ainsi au défunt président Mohamed Abdelaziz. 
    Après avoir été investi officiellement dans ses fonctions, le nouveau SG du Front Polisario et président sahraoui a prononcé un discours dans lequel il est revenu sur les grandes lignes de sa future stratégie. Un discours qu’il entame par un vibrant hommage rendu à l’Algérie qui a, rappelle-t-il, fortement soutenu la cause du peuple sahraoui. « La position de l’Algérie obéit aux principes de ce pays qui a toujours été aux côtés des peuples luttant pour leur indépendance », souligne Ghali en évoquant une politique « claire », « sage » qui s’inscrit dans le cadre de la légalité internationale. Le nouveau président sahraoui s’est dit prêt à renouer le dialogue avec le Maroc en appelant à saisir cette opportunité à la seule condition qu’elle débouche sur le droit du peuple sahraoui à disposer de son destin dans le cadre du référendum d’autodétermination établi par les Nations unies. « Nous sommes partisans de la paix », dira-t-il, non sans mettre en garde le régime marocain des dangereuses incidences pouvant découler de son entêtement à dénier aux Sahraouis leur droit à la liberté et à l’indépendance. Pour ce faire, le dirigeant sahraoui a appelé l’ONU à exercer davantage de pression sur Rabat. « Nous refusons que la Minurso se limite à la gestion du statu quo et à surveiller l’application du cessez-le-feu », affirme-t-il, en soutenant que le Maroc à travers son soutien aux groupes terroristes et son parrainage du trafic de drogue mène la région du Maghreb vers l’inconnu.
    Sur le plan interne, le nouveau SG du Front Polisario a indiqué que sa politique s’inscrit en droite ligne des résolutions du quatorzième congrès du Front Polisario qui s’est tenu en 2014. Il assuré que l’une de ses principales tâches est le renforcement, la modernisation et le rajeunissement de l’armée de libération sahraouie. Il a également appelé à renforcer le front interne de l’intifada du peule sahraoui contre l’occupant marocain et ce en impliquant davantage toutes les forces vives de la société tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des territoires sahraouis. 
    A. G.