Mois : avril 2016

  • Marocanité du Sahara : création de l’esprit ?

    par Ismail Zanoune
    Si Taïeb, fonctionnaire du Makhzen et très « modernisé », joue aux cartes avec des officiers de la résidence et une Française, à bord du paquebot qui fait le service de Casablanca à Marseille. Les jeux de hasard, interroge la Française, ne sont-ils point interdits par la Sunna ? Sans doute, dit Si Taïeb, sans doute, mais si je triche, ce n’est plus un jeu de hasard ! 
    Cette histoire date d’avant 1890, mais le caractère d’un peuple ne change guère, et il se manifeste simplement sous des formes nouvelles et sous des configurations modernes, et c’est avec la même mécanique de réflexion de Si Taïeb que le Maroc justifiera sa récente expulsion des 84 fonctionnaires internationaux de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. Un dérapage qui s’ajoute à la liste déjà très longue des dépassements et d’atteintes aux droits de l’homme dont le territoire occupé est le grand théâtre. 
    Le Sahara Occidental. L’un des derniers grands blancs de la carte du monde au début du vingtième siècle, décrit jusqu’alors seulement par très peu d’explorateurs. Peuplé majoritairement par des nomades, les sédentaires y étaient quasi-inexistants : point commun avec la conception de vie qu’épousaient les Arabes du golf. Car les nomades, aussi bien en Arabie qu’en Syrie ou en Afrique, présentaient comme caractère principal le sentiment de l’indépendance poussé à un point dont il n’est pas aisé à un Européen de se faire idée aujourd’hui. Ils dédaignent profondément les habitants des villes qu’ils considéraient comme des esclaves. Pour eux, s’attacher à la terre c’est faire ses adieux à la liberté; l’homme fixé au sol étant inéluctablement destiné à avoir tôt ou tard un maître ne pouvait qu’être considéré pour eux comme un esclave. Le nomade, ne possédant que sa liberté, jugeait ce bien comme supérieur à tous les autres, et il a su le conserver intact à travers les âges. 
    Si l’être de l’homme est borné, sa convoitise ne l’est pas. Louis BOURDALOUE 
    La convoitise du Maroc pour le Sahara occidental ne date pas de 1976 lorsque l’Espagne la quitta, mais plutôt bien avant. Déjà à la fin du dix-neuvième siècle, les habitants du sud du Maroc étaient de redoutables voisins pour les Sahraouis, ne faisant pas de différence entre la guerre et le guet-apens ; le vol à main armée leur semblait un droit de conquête, dépouiller le voyageur était à leurs yeux aussi méritoire que prendre une ville d’assaut ou réduire une province. Ainsi ce corps de préceptes les amenait à piller les Nomades du Sahara occidental. Je cite : On allait du Sud-Marocain (…) les pillards ont beau jeu. Leur extraordinaire endurance, la hardiesse de leurs coups de mains et l’effet de surprise, mettent de gros atouts dans leur jeu. S’ils ne se sentent pas les plus forts, ils s’enfuient sans honte. Ernest Marcel Augièras – Le Sahara Occidental 1919. 
    Quand bien même nous ne saurions rien du passé lointain, très lointain, des Sahraouis, nous pourrions affirmer d’avance que l’opinion émise à bouche que veux-tu par la monarchie du Maroc sur la marocanité du Sahara est erronée, car lorsqu’un peuple apparaît dans l’histoire, on peut affirmer sûrement et sans l’ombre d’un doute que cette civilisation est le fruit d’un long passé, d’un processus graduel d’évolution. 
    Revenons à l’actualité. Décidément, pour le Maroc, le droit de se mêler à tout lorsqu’il s’agit des droits de l’homme, ne doit pas appartenir à tout le monde ! Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a fermement condamné la décision du Maroc, sus-indiquée. Le Maroc l’a compris : On n’est pas le plus fort sans abuser une tentation croissante d’abuser de sa force. Or, la condamnation de l’Union africaine est presque sans portée car tant qu’il n’existe qu’un petit nombre d’hommes et de femmes qui éprouvent le degré nécessaire au conflit au Sahara occidental pour la formation d’une opinion internationale, les Marocains continueront à violer les conventions des droits de l’homme dont le Maroc est signataire. Toutefois, l’opinion internationale n’attribue que peu d’intérêt au conflit au Sahara parce que, on ne s’interroge point sur les agissements du Maroc, les tortures, les enlèvements, etc. Mais le débat est plutôt tourné vers une autre problématique d’une autre dimension, réduisant le sort d’un peuple à la réponse d’une infamante interrogation que voici : en quoi nous serait bénéfique une Nation supplémentaire dans la région ? Pour la France, qui a une mainmise sur les institutions marocaines, les Sahraouis ne sont qu’un anticatalyseur des contrats signés avec le Monarque, et la plupart des pays qui n’ont toujours pas reconnu le Polisario éviteraient de mettre en périls leurs intérêts financiers pour un conflit vieux en moins de quarante ans. Autant dire, pourquoi donner naissance à une Nation nouvelle alors que le Maroc accomplit déjà les tâches primordiales sans jamais inquiéter l’Occident, et ce, sans faute ? En attendant, on peut établir ceci comme une vérité politique : Lorsque l’intérêt financier est majeur, les droits de l’homme représentent une question mineure. 
    Pour empêcher l’exercice oppressif des autorités marocaines sur les Sahraouis, d’arriver à une stabilité et une ‘sécurité’, il faudrait une mobilisation massive des médias internationaux, chose qui ne peut être faite que si, et seulement si la France cesse d’exercer cette sorte de tutelle sur le Maroc. Et pour détourner l’attention sur les méthodes ignobles des forces du maintien de l’ordre, le roi du Maroc, qui se regarde comme un miracle de vertu, préfère accuser le régime algérien qui serait à l’origine de toutes les manifestations qu’organisent les Sahraouis, pacifiquement, selon mêmes les rapports du Minurso. 
    Pour le Maroc, l’Algérie n’apparaît que comme un rival et au besoin comme un coupable. L’Algérie n’étant pas considéré tel un allié ou un associé puisque le Maroc n’est jamais engagé avec le plus grand pays d’Afrique dans une entreprise commune pour le bien d’un éventuel Maghreb uni, l’Algérie n’est donc qu’un concurrent. 
    Le Maroc propose tantôt des solutions unilatérales à l’ONU, tantôt de fallacieuses accusations envers le pouvoir algérien, bloquant ainsi toute forme de terrains d’entente qui pourraient mettre fin à ce drame. 
    Le Sahraoui est patient à cause des souffrances de toute nature qu’il est contraint à supporter ; et puisque le Sahara occidental n’est malheureusement aujourd’hui qu’un grand désert, le Sahraoui aime l’indépendance comme le seul bien dont il lui sera donné de jouir dans un premier temps. Et dans de pareilles situations, la lutte armée se proposera comme seul moyen. Et si jamais les Sahraouis optaient pour cela, c’est toute l’Afrique qui en paierait le prix ; ainsi, la région du sahel deviendrait alors le nouveau berceau des troupes de Daech.
  • Le vin marocain « Touareg » suscite colère et indignation chez les Touareg

    Alors que les Allemands ont choisi de donner leur nom à l’une de leurs prestigieuses marques de voitures, le Maroc les a réduit à une bouteille de vin, de mauvaise qualité sans aucun doute. 
    Touareg, ce peuple berbère, libre et fier, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a vu son nom sur les étiquettes de bouteilles de vin made in Maroc.
    Le mouvement Azawad a considéré cela comme une humiliation et une honte, alors que beaucoup d’internautes ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour exprimer leur dégout et leur colère.
    L’élu parlementaire de Tamanrasset, Baba Sid Ahmed, a affirmé que cette campagne publicitaire, lancée par le Maroc, vise en fait les Touareg d’Algérie, du Mali et du Niger.
    Et d’ajouter que « les Allemands ont honoré les touareg en donnant leur nom à une des plus grandes marques de véhicules alors qu’un pays musulman les a humilié.
    M. Baba Sid Ahmed a confié avoir demandé à tous les Touareg du NordMali de boycotter les produits marocains et rompre leurs relations avec ce pays.
  • Maroc: Expulsion d’une délégation de juristes européens

    L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Maroc.
    Description de la situation:
    L’Observatoire a été informé par des sources fiables de l’expulsion d’une délégation de juristes européens qui effectuaient une mission pour le collectif international de juristes en soutien aux prisonniers sahraouis de Gdeim Izik, qui observaient une grève de la faim depuis le 1er mars 2016 pour dénoncer, entre autres, leur incarcération[1].
    Selon les informations reçues, le 6 avril 2016, aux alentours de 18h30, M. Eric David, professeur de droit international belge, Me Ingrid Metton, avocate française, M. Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol, ainsi queMe Maria Nieves Cubas Armas, Me Francisco Serrano Ramirez, Me Juan Carlos Gomez Justo et Me Altamira Guelbenzu Gonzalo, quatre avocats espagnols, et Mme Joëlle Toutain, ressortissante française qui accompagnait la mission, ont été appréhendés à leur hôtel à Rabat par les forces de l’ordre marocaines, qui les ont gardés plus de trois heures au commissariat de Rabat. Leurs passeports et téléphones ont été saisis.
    Le 7 avril au matin, les membres de la délégation ont été expulsés vers la France pour motif de « menaces graves et imminentes à la sûreté du Maroc ».
    La délégation se rendait au Maroc afin de rencontrer les avocats des prisonniers sahraouis de Gdeim Izik. La mission avait également prévu différentes rencontres avec les délégations diplomatiques de plusieurs pays ainsi qu’une conférence de presse à Rabat en soutien avec les prisonniers et souhaitait demander des réunions avec les autorités marocaines afin de plaider en faveur de la cause de ces derniers.
    L’Observatoire dénonce l’expulsion des membres de la délégation internationale susmentionnée, qui visent à entraver leurs activités de défense des droits de l’Homme en soutien aux prisonniers sahraouis, et appelle les autorités marocaines à garantir en toutes circonstances le droit à la liberté de mouvement des défenseurs des droits de l’Homme locaux et internationaux.
    Actions requises :
    L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités marocaines en leur demandant de :
    i. Mettre un terme à toute forme de harcèlement contre les défenseurs des droits de l’Homme au Maroc afin qu’ils puissent mener leurs activités de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave;
    ii. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme au Maroc ;
    iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :
    – son article 1 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international” ;
    – son article 5 qui stipule que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international : (a) de se réunir et de se rassembler pacifiquement » ;
    – son article 6 qui stipule que “chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres: a) De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l’information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ; b) Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales ; c) D’étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu’en pratique, de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d’appeler l’attention du public sur la question” ;
    – et son article 12.2 qui prévoit que “l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration”.
    iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Maroc.
    Adresses :
    · Son Excellence Abdel-Ilah Benkiran, Premier Ministre du Maroc. Fax : +212 37 76 99 95/37 76 86 56
    · Son Excellence Salaheddine Mezouar, Ministre des affaires étrangères et de la co-opération, Maroc. Fax : +212 – 37-76-55-08 / 37-76-46-79. Email : ministere@maec.gov.ma
    · Son Excellence El Mustafa Ramid, Ministre de la justice – Place El Mamounia, Rabat, Maroc. Fax : +212 37 72 68 56. Email : ccdh@ccdh.org.ma
    · M. Driss El Yazami, Président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Email :elyazami@cndh.org.ma
    · Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et des autres Organisations Internationales en Suisse – 18a Chemin François Lehmann, 1218 Grand Saconnex. Fax: + 41 022 791 81 80. Email : mission.maroc@ties.itu.int
    · S. E. M. ALEM Menouar, Ambassadeur, Mission du Royaume du Maroc auprès de l’Union européenne. Avenue Franklin Roosevelt 2, 1050 Bruxelles, Belgique. Email : mission.maroc@skynet.be
    Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Maroc dans vos pays respectifs.
    [1] Le 8 novembre 2010, les forces de sécurité marocaines ont démantelé un camp installé par des Sahraouis un mois auparavant à Gdeim Izik, au Sahara occidental, placé sous l’administration du Maroc, afin d’adresser des revendications à caractère social et économique. Le 17 février 2013, un tribunal militaire a condamné 25 hommes pour leur rôle présumé dans l’homicide volontaire de 11 membres des forces de l’ordre lors des violentes confrontations, à l’issue de procès marqués par des irrégularités. A ce jour, 21 d’entre eux continuent de purger des peines allant de 20 ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Les prisonniers de Gdeim Izik ont suspendu leur grève de la faim le 5 avril 2016.
  • Palestine, Crimée, Sahara Occidental : l’UE cherche la cohérence

    Le Département des politiques externes du Parlement Européen a publié un rapport sur la nécessité d’une politique cohérente de l’Union Européenne en ce qui concerne les trois occupations du Sahara Occidental, de Palestine et de Crimée. Dans les trois cas, le pillage est illégale, indique le rapport.
    À la demande de la commission droits de l’homme du Parlement européen, le Département des politiques externes du Parlement européen a publié l’an dernier un rapport intitulé « Occupation / annexion d’un territoire : respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme et politique cohérente de l’UE dans ce domaine ».
    Le rapport se penche sur la nécessité d’une approche cohérente de l’UE en ce qui concerne les trois occupations de Crimée, Palestine et Sahara occidental. À l’heure actuelle, l’UE affiche un manque manifeste de cohérence sur le sujet. « Si chaque situation présente ses caractéristiques propres, le droit international qui les régit reste le même. Pour maintenir la crédibilité de l’Union européenne, il est crucial, et donc nécessaire, de traiter les cas similaires de la même manière », peut on lire dans les paragraphes introductifs du rapport p 14.
    « S’il n’existe aucune politique européenne claire en matière de non-reconnaissance dans le cas du Sahara occidental, une politique de ce type a cependant été développée au fil du temps vis-à-vis des TPO et est assez claire et cohérente vis-à-vis de la Crimée ». p 51
    En ce qui concerne les obligations de l’UE vis-à-vis du Sahara Occidental, le rapport indique : « Comme on l’a indiqué plus haut pour la Palestine, tous les États sont tenus de ne pas reconnaître une situation illégale résultant d’une annexion. Ils sont en outre dans l’obligation de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de cette situation illégale. Il appartient aussi à tous les États de faire en sorte, conformément à la Charte des Nations unies et au droit international, que toute entrave résultant de l’annexion empêchant l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination disparaisse. » (p 47)
    Le rapport considère les accords économiques de l’UE avec le Maroc qui sont également appliquées à l’extérieur du territoire national du Maroc, à savoir dans le Sahara Occidental. « Tout accord conclu avec le Maroc au sujet des eaux et du territoire appartenant en propres au Sahara occidental devrait faire l’objet d’un arrangement, dans lequel le Maroc agirait en sa qualité de puissance occupante. À titre de condition supplémentaire, il devrait être clair que l’arrangement doit être conçu au bénéfice du peuple du Sahara occidental (tel que le droit international le définit) et respecter les souhaits de ces populations. » (p 50) L’UE ne le fait pas à l’heure actuelle, indique le rapport.
    Le rapport se termine par des recommandations aux institutions de l’UE pour rendre la nouvelle politique de non-reconnaissance plus cohérente. Le département des politiques externes énumère plusieurs recommandations spécifiquement pour le Parlement européen, y compris ce qui suit :
    – Le Parlement européen devrait refuser de donner son blanc-seing aux traités et aux autres accords et mesures qui contreviennent à l’obligation de non-reconnaissance et/ou qui soutiennent la poursuite d’une occupation ou d’une annexion illégale. p 61
    – Le Parlement européen et ses membres devraient régulièrement demander à la Commission et aux autres organes responsables de l’Union européenne des informations concernant la mise en oeuvre des accords conclus avec les États occupants et des projets en cours dans ces pays, afin de s’assurer qu’aucune occupation ou annexion illégale n’est reconnue ou soutenue. p 61
    http://www.wsrw.org/a111x3445
  • EXPULSION D’UNE DÉLÉGATION DE JURISTES

    Le 6 avril, sept juristes européens et leur accompagnatrice ont été arrêtés par la police marocaine puis expulsés le lendemain matin. Le motif invoqué pour justifier leur expulsion : ils seraient « entrés au Maroc pour semer le trouble et porter atteinte à l’ordre public ».
    Le 12 / 04 / 2016
    Le 6 avril, sept juristes européens et leur accompagnatrice ont été arrêtés par la police marocaine puis expulsés le lendemain matin. Ils effectuaient une mission pour le collectif international de juristes en soutien aux prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik. Le motif invoqué pour justifier leur expulsion : ils seraient « entrés au Maroc pour semer le trouble et porter atteinte à l’ordre public ».
    Me Ingrid Metton, avocate française, Eric David, professeur de droit international belge, Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol ainsi que Me Maria Nieves Cubas Armas, Me Juan Carlos Gomez Justo, Me Altamira Guelbenzu Gonzalo et Francisco Serrano Ramirez, avocats espagnols, et Joëlle Toutain, accompagnatrice, ont été gardés plus de 3h au commissariat de Rabat et expulsés le lendemain, à leurs frais. Ils venaient d’arriver au Maroc pour apporter leur soutien aux 13 prisonniers sahraouis de Gdeim Izik qui ont observé une grève de la faim pendant 36 jours en protestation contre leur torture et leur détention arbitraire. Condamnés le 16 février 2013 par un tribunal militaire à de très lourdes peines à l’issue d’un procès manifestement inique et sur le fondement d’aveux signés sous la torture, les 13 prisonniers et leurs sept codétenus condamnés dans la même affaire attendent depuis près de trois ans que leur pourvoi en cassation soit examiné.
    La délégation de juristes projetait notamment de rencontrer les avocats des prisonniers et les autorités marocaines dans l’espoir de mettre fin à l’injustice flagrante subie par les détenus depuis leur arrestation en 2010. Le collectif revendique la libération immédiate des détenus de Gdeim Izik, l’examen sans délai de leur pourvoi en cassation et une enquête sur leurs allégations de torture et de mauvais traitements.
    Le Barreau de Paris a vivement condamné l’arrestation et l’expulsion des juristes. Les autorités françaises ont assuré la protection consulaire de leurs ressortissantes mais n’ont pas protesté auprès de leurs homologues marocains contrairement au ministre des Affaires étrangères espagnol qui a convoqué l’ambassadeur du Maroc pour avoir des explications.
    Contexte
    Cela fait trois ans que Naama Asfari et ses coaccusés ont été condamnés pour leur participation présumée au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort. Naama Asfari a été condamné à 30 ans d’emprisonnement pour meurtre alors même qu’il a été arrêté la veille du démantèlement. Torturé, battu, humilié, pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la contrainte. Avec lui, 24 autres militants sahraouis ont subi un sort similaire. Neuf des accusés ont été condamnés à la perpétuité, quatre à 30 ans d’emprisonnement, sept autres à 25 ans, trois à 20 ans et les deux derniers, condamnés à deux ans d’emprisonnement, ont été libérés car ils avaient déjà effectué leur peine en détention préventive.
    Ce verdict a été prononcé à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux arrachés sous la torture. Plusieurs observateurs internationaux présents aux audiences, ont dénoncé de nombreuses irrégularités parmi lesquelles le fait que les accusés ont été poursuivis devant le tribunal militaire malgré leur qualité de civil. De plus, il n’y a eu aucune autopsie des neuf victimes des forces de sécurité et leur nom n’a même pas été mentionné. Les juges se sont refusés à tenir compte des allégations de torture formulées par les accusés et de satisfaire à leur demande d’expertise médicale, en violation du droit marocain et du droit international. Aucune preuve n’a été présentée prouvant l’implication des accusés dans le meurtre des agents de sécurité.
    Les tortures, détention arbitraire et condamnation des détenus de Gdeim Izik ont été dénoncées par le Comité contre la torture, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et le Groupe de travail sur la détention arbitraire.
  • Victimes des mines antipersonnel : Les réfugiés sahraouis racontent le calvaire

    Selon des statistiques et les rapports des différentes ONG, le Sahara occidental est classée parmi les dix pays les plus minés au monde. Un aperçu de l’ampleur de cette catastrophe humaine et environnementale a été donné par les Sahraouis dans les camps des réfugiés de Tindouf à l’occasion de la Journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de l’assistance à la lutte antimines, célébrée chaque année le 4 avril.
    Il est 13h en cette journée du dimanche 3 avril. L’avion militaire de type Casa atterrit à l’aéroport de Tindouf, après 4 heures de vol. Le premier magistrat de la wilaya est venu accueillir la délégation de l’association Machaâl Echahid, organisatrice de la rencontre de sensibilisation et de solidarité avec les Sahraouies victimes des mines antipersonnel. Celle-ci est composée de parlementaires, des présidentes et présidents d’associations algériennes de solidarité avec le peuple sahraoui ainsi que de journalistes. Les membres de la délégation ont fortement apprécié le geste du wali. Après quelques minutes d’un bref entretien au salon d’honneur de l’aéroport, le cortège a pris le départ. Des véhicules tout-terrain de la présidence sahraouie attendent au dehors de l’aérodrome. Une belle infrastructure au style architecturel local. A la manœuvre, un homme dénommé Toualou. C’est l’homme à tout faire. Il s’occupe de sa tâche avec une énergie singulière. Il est le chef du convoi. Il est partout. Ses camarades ne cessent de l’appeler au téléphone. C’est un ancien combattant de l’armée sahraouie pendant la guerre qui a opposé le Polisario à l’armée marocaine de 1975 à 1991, date de la signature d’un accord de cessez-le-feu.
    Aucune voiture ne peut prendre le départ sans qu’il en donne l’ordre. Une fois tout le monde dans les voitures, le cortège quitte l’aéroport. Direction les camps des réfugiés. Une discussion s’est vite engagée entre Mohamed et le chauffeur. Mohamed est algérien. Il est originaire de Biskra. Les premiers échanges entre les deux hommes ont été musclés. Normal, on ne se connaît pas. « Ne roulez pas trop vite, s’il vous plaît ! », demande Mohamed. « Je vis ici depuis plus de 40 ans. Comment osez-vous me demandez de rouler doucement ? », lui répond sèchement Toualou. Mohamed revient à la charge mais sur un ton apaisé : « Loin de moi l’idée de vous donner un cours de conduite. Rani n’guessar. » « Moi aussi rani n’guessar. », lui répond Toualou. La discussion a fini par devenir une série de questions réponses entre les deux hommes. Toualou a parlé de sa vie, sa participation à la guerre contre l’occupant marocain et surtout de sa rencontre à Oran avec le défunt président Houari Boumediène. Celle-ci semble l’avoir marqué pour toujours. 
    Le téléphone de Mohamed sonne. Visiblement, un ami : « Allô oui ! C’est Mohamed à l’appareil. Je vous écoute. Non je ne peux pas vous rencontrer à l’heure actuelle, je suis à l’étranger. » En entendant le mot « l’étranger », les journalistes s’esclaffent. L’un d’ eux chuchote à l’oreille de son ami : « Je pense que nous sommes à Tindouf. » L’autre de lui répond : « Il n’y a aucun doute. Nous irons aux camps de réfugiés sahraouis. » Mohamed se croyait au Sahara occidental. Il ne sait pas que les camps des réfugiés se trouvent à Tindouf. Personne n’a voulu le corriger. Peut-être qu’il s’en rendra compte à la fin de la visite.
    « Je suis Houari ! »
    Toualou parle de sa rencontre avec le président Houari Boumediene. « Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était durant les années 1970. Nous étions en vacances à Oran. Le Président était venu nous voir. Rencontrer cet homme a été pour mes amis et moi un grand moment », dit-t-il. « L’Algérie sera toujours aux côtés du Sahara occidental et respectera l’intégrité territoriale de notre pays », nous avait le Président. Pour cet ancien combattant, le souvenir du défunt président Houari Boumediène restera à jamais gravé dans sa mémoire. « Je suis Houari », lance-t-il d’un ton admiratif. La discussion entre Mohamed et Toualou nous a occupés durant tout le trajet. L’Algérien s’est dit fasciné par la personnalité de son interlocuteur. Il est presque 15h. Le cortège est arrivé au camp des réfugiés dans la région de Boudjdoul. Celui-ci est composé de petits baraquements en dur.
    Chaque « foyer » accueille cinq personnes. « Nous sommes frères. Soyez les bienvenus chez nous », nous lance un Sahraoui. Les membres de la délégation sont touchés par l’accueil des familles sahraouies. Ce camp dispose de l’électricité et de l’eau. Certaines maisons disposent même d’Internet. Après une pause d’une heure, le convoi se rend au centre des victimes de guerre et des mines qui se trouve à Mekhyla, à quelques kilomètres du camp. Le chemin qui y mène est constitué pour moitié d’une route goudronnée pour laisser place à des pistes sablonneuses, bosselées et poussiéreuses. Arrivée sur place, la délégation a été accueillie par le directeur du centre. L’endroit a été choisi par l’association Machaâl Echahid pour rendre hommage aux victimes des mines, dont 56% gardent des séquelles à vie. Selon le directeur, Mohames Ahmed Imbiriq, le centre prend en charge 153 victimes. Il reçoit des dons de la part d’organisations humanitaires, notamment des chaises roulantes, des prothèses et autres équipements médicaux.
    Des mines et des mines 
    Meriem Lhzam est l’une des victimes des mines antipersonnel. Elle n’avait que 7 ans quand elle a perdu l’usage de ses jambes. Aujourd’hui, elle a 49 ans. Elle raconte : « J’étais dans une voiture quand une bombe a explosé. Je ne me souviens pas trop de ce qui s’est passé, car je m’étais évanouie. Quand je me suis réveillée, je me suis aperçue que j’ai perdu l’usage de mes jambes. J’ai pleuré des jours et des jours. » Prise d’émotion, elle a arrêté, un moment, son récit. La larme à l’œil, elle dira : « Les pleurs ne m’ont pas rendu mes jambes. Il me reste qu’à accepter mon sort. Je ne pardonnerai jamais à l’occupant marocain qui a détruit ma vie et celle du peuple sahraoui. » Les années sont passées et Myriem sait mieux que quiconque que la force morale n’est pas moins nécessaire que la force physique pour surmonter les défis. Malgré son handicap, elle a fondé un foyer. Elle est aujourd’hui mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Sa source de consolation. Son vœu est que ses enfants puissent vivre un jour dans leur pays libre et indépendant, en paix et en sécurité. Ahmed Tatari est une autre victime. Lui aussi, il a perdu l’usage de ses jambes à l’âge de 29 ans. Ahmed est né en 1956. Comme Meriem, il a été victime de la déflagration d’un engin explosif alors qu’il conduisait sa voiture. Assis dans sa chaise roulante, le regard triste comme s’il fouillait dans les coins et recoins de sa mémoire. Il dira d’une voix tremblotante : « Ils ont détruit ma vie. Ils m’ont privé de mes jambes. Je n’ai pas de vie. Ma vie s’est arrêtée à 29 ans. »
    L’explosion en direct 
    La délégation s’est ensuite dirigée vers la ville de Rabouni. Une mine antipersonnel a été détruite. L’objectif est de montrer l’ampleur des dégâts que peuvent provoquer ces engins de la mort. 
    Le Sahara occidental est l’une des régions les plus minées au monde du fait des opérations militaires menées par le Maroc. Toutes ces mines ont été enfouies à partir de 1975 par les forces d’occupation marocaines. Ces engins continuent de faire des victimes dans les territoires sahraouis. Le but de cette démonstration est de mettre en avant l’expérience du Polisario en matière de destruction de mines. Un homme se distingue. Ses mouvements, sa prise de parole et ses consignes ne ont pas passés inaperçus. Il s’agit de Samou Amidine. Il est directeur du bureau de coordination des victimes des mines. C’est lui qui est chargé de coordonner l’opération. Il est le chef. Il est en contact permanent avec les éléments chargés de préparer l’opération de destruction des mines antipersonnel. A l’aide d’un talkie-walkie, il donne des instructions. « Dès que vous aurez terminé les préparatifs, vous me faites signe », lance-t-il. Quelques minutes après, le signal est donné. L’opération de destruction est dans 20 secondes. Pas une seconde de plus, le souffle de l’exposition s’est fait ressentir, dégageant une immense fumée. Samou Amidine donne de nouvelles instructions à ses éléments. Personne ne quittera les lieux avant que tout ne soit nettoyé. « Nous veillons à ce que les choses se déroulent dans le respect des normes internationales en matière de destruction des mines », explique-t-il.
    La rencontre 
    20h. La délégation doit se rendre au palais présidentiel. Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a va offrir un dîner à la délégation. Il a surtout voulu rencontrer les journalistes. Sur place, il a salué l’initiative de l’association Machaâl Echahid qui a organisé une caravane de sensibilisation dans les camps des réfugiés sahraouis sur les dangers des mines qui ont fait de nombreuses victimes, un geste qui prouve les liens étroits qui unissent les peuples algérien et sahraoui. Le temps passe, le corps ne résiste plus à la fatigue. La journée a été épuisante, marquée par une intense activité. Dans la voiture, c’est le silence. Arrivés au camp, tout le monde est tombé dans les bras de Morphée. Il est 1h du matin. Rendez-vous est fixé à 9h, le lendemain. Une autre journée de travail commence. Le soleil n’avait pas encore lâché sa fournaise sur le camp. Les chauffeurs sont déjà là. La délégation s’est rendue au ministère de la Culture pour assister au lancement de la conférence de sensibilisation et de solidarité avec les Sahraouis victimes des mines antipersonnel. Celle-ci est marquée par l’intervention des participants qui ont rappelé l’ampleur des dégâts humains causés par ces engins. La conférence a duré près d’une heure. Le retour à la ville de Tindouf est imminent. Pas de temps à perdre. Le vol est prévu pour 14h. Sur le chemin du retour à la ville de Tindouf, Mohamed demande à Toualou en franchissant le barrage de l’armée sahraouie : « Avons-nous quitté le Sahara occidental ? ».
    A. H.
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  • Sahara Occidental: Pour la énième fois, le Maroc souille le drapeau algérien

    Après avoir descendu le drapeau algérien de son mat en incitant un jeune marocain de l’arracher (au vu et au su des agents de police sur place ) du consulat algérien de Casablanca, le Maroc continue ostensiblement de souiller ce symbole des martyrs de l’Algérie dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Le tactique est différent mais le but reste le même. 
     En effet, a chaque colloque, exposition ou activité de propagande marocaine aux territoires occupés du Sahara Occidental, le Maroc hisse le drapeau algérien pour induire en erreur les gens, les participants et au-delà la communauté internationale de la présence de l’Algérie dans tels meetings. Un geste qui s’est produit une nouvelle fois durant le surcroît conclave “arabe” à Dakhla occupée pour débattre des défis environnementaux et leur impact sur le développement des villes arabes sous le slogan «Défis environnementaux et leur impact sur le développement urbain des villes et des régions». 
     Ce colloque s’est tenu entre le 5 et 7 Avril et organisé par l’Institut arabe de développement des villes; un bureau d’étude basé à Ryad (Arabie-Saoudite), qui se dit selon son site être une ONG pour objet non-lucratif. Cette initiave des saoudiens entre dans le cadre de l’appui politique de l’Arabie Saudi à la colonisation marocaine du Sahara Occidental, et vise à infliger des coups de représailles contre l’Algerie vis à vis ses positions sur les affaires arabes, à savoir celles en relation avec le dossier syrien, yemanit et le Hizbollah. 
    Un tel timing pour l’organisation de son colloque aux territoires occupés du Sahara Occidental montre, entre autres, que cet institut saudien n’est qu’une fabrication et au service des Al Saud. Pourtant, le drapeau algérien n’était pas le seul emblème hissé durant ce conclave mais aussi d’autres drapeaux représentant d’autres pays arabes. Vainement, le Maroc cherche a cautionner son occupation des territoires occupés des sahraouis à travers toutes les tactiques mesquines valables. 
  • Même le site d’Ali Amar a mordu l’hameçon

    Au Maroc, l’audace du Makhzen au moment de distiller des mensonges est incommensurable. En particulier lorsqu’il s’agit des informations concernant le dossier du Sahara Occidental. 
    Dans une guerre médiatique qu’ils ménent à fond espérant garder la mainmise sur les ressources stratégiques sahraouies, les autorités marocaines n’hésitent pas à véhiculer les désinformations les plus absurdes. Le soutien de la Russie au Maroc au Conseil de Sécurité en est un exemple. Même Le Desk, le site d’Ali Amar y a cru. 
    La Russie semble avoir pris des mesures pour mettre en exergue sa position sur la question du Sahara Occidental. Autant le Kremlin que l’agence d’information russe Interfax ont rapporté la communication téléphonique entre Mohammed VI et Vladimir Putin. Dans leur dépêches, il n’y a aucune trace du prétendu soutien russe à la position marocaine. 
    Communiqué du Kremlin sur la communication :
    Phone conversation with King of Morocco Mohammed VI
    Vladimir Putin had a telephone conversation with King of Morocco Mohammed VI, upon the Moroccan side’s initiative.
    The two leaders had an in-depth discussion of joint efforts to implement the results of the King of Morocco’s visit to Russia in March 2016, stressing their interest in further developing bilateral cooperation in all key areas.
    Certain current issues on the international and regional agendas were also touched upon, with a focus on resolving the situation in Western Sahara. Vladimir Putin noted in particular the importance of further collective efforts under the auspices of the UN in the interest of securing a fair, durable and mutually acceptable political resolution of the Western Sahara problem.
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    Dépêche de l’agence Interfax
    Putin, Moroccan King discuss cooperation, settlement of situation around Western Sahara
    MOSCOW. April 12 (Interfax) – Russian President Vladimir Putin has had a telephone conversation with Moroccan King Mohammed VI, at the initiative of the Moroccan side, the Kremlin press service said on Tuesday.
    « The national leaders have discussed in detail the joint efforts on implementation of the results of the official visit of Moroccan King to Russia, that took place in March, 2016. The parties stressed an interest in the further enhancement of the bilateral cooperation in all principal directions, » the press service said in a release.
    Besides, the two leaders touched on some hot topics on the international and the regional agenda, with an emphasis on the settlement of the situation around Western Sahara. « Vladimir Putin emphasized, in particular, that it is very important to make further collective efforts under the aegis of the UN, in order to achieve a just, long-term and mutually agreeable political solution to the Western Saharan problem, » the Kremlin said.
  • Entre “mensonges” et “vérités”

    POSITION DES PAYS OCCIDENTAUX VIS-À-VIS DU SAHARA OCCIDENTAL
    Entre “mensonges” et “vérités”
    “La situation de ni guerre ni paix au Sahara occidental est très coûteuse, voire préjudiciable, pour le Maroc. Il n’est pas dans l’intérêt du Maroc que le conflit dure.” Ces propos ont été tenus, hier, par Chérif Dris, maître de conférences à l’Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l’information d’Alger, lors de la conférence qu’il a animée au centre culturel Historial d’Alger-Centre. Organisée par le Collectif des journalistes algériens solidaires avec le peuple sahraoui, la rencontre a porté sur les “positions des pays occidentaux : mensonges et vérités” et la question médiatique. 
    Pour le conférencier, la monarchie marocaine a peur, aujourd’hui, que le conflit du Sahara occidental ne mobilise plus intérieurement et ne soit plus “un élément de cohésion nationale”. Et ce, à l’heure où “on assiste à la prolongation du statu quo”. Le chercheur a également signalé que pour l’Occident, particulièrement pour la France, “le Maroc est un allié stratégique” en Afrique du Nord, en rappelant l’implication, en 1975, des Mirages français pour bombarder le Front Polisario. “Il y a un lobbying en France, à droite et à gauche, en faveur du Maroc”, a déclaré M. Dris, sans négliger “le travail de lobbying que fait le Maroc, depuis les années 1970, y compris auprès de la communauté juive, aux USA”. 
    Bien qu’il admette que “dans les relations internationales, rien n’est impossible”, l’universitaire a tout de même du mal à croire à un changement de position de la France. De plus, le voisin marocain “est en train de s’adapter à la donne régionale, pour se présenter comme le garant de la protection de l’Occident”, soutiendra l’intervenant, en se référant à “la politique africaine” de Rabat qui veut “faire croire que le Polisario est un mouvement terroriste”. 
    L’autre conférencier, en l’occurrence l’universitaire Abdelkrim Tafaguinit, s’est penché sur l’embargo médiatique de l’Occident, mais aussi de certains médias arabes, concernant la question du Sahara occidental, qui est imposé par des “lobbies” et qui est combattu par bon nombre d’ONG internationales des droits de l’Homme et de soutien au peuple sahraoui. Il a, néanmoins, observé qu’“aucun pays dans le monde ne reconnaît la souveraineté marocaine au Sahara occidental”. Lors du débat, l’ambassadeur de la Rasd à Alger, Bouchraya Hamoudi Sidina, a invité l’assistance à distinguer la position des pays occidentaux de celle de la France qui, dira-t-il, “est le seul pays européen et occidental qui pose problème, dans le contexte actuel”. 
    De son côté, le président de la Commission sahraouie des droits de l’Homme, Abba El-Haïssen, a alerté sur un “élément décisif”, celui de “la volonté du peuple sahraoui” qui est toujours “attaché à son État indépendant”, rappelant, en outre, l’existence de la 4e Commission (de décolonisation) de l’ONU et de la Minurso “chargée du référendum”, ainsi que les “positions” de l’UA en faveur du droit à l’autodétermination.
    H. Ameyar
  • Le Maroc expulse des juristes étrangers

    Les avocats français qui se sont dit «profondément choqués» par ce comportement propre aux pays totalitaires ont condamné «fermement l’utilisation de telles pratiques par les autorités marocaines».
    Pendant combien de temps encore le pouvoir marocain compte-t-il cacher les violences qu’il fait subir aux détenus politiques sahraouis qui militent pour l’indépendance de leur pays? La pratique de la torture n’étant désormais qu’un secret de Polichinelle, les organisations internationales des droits de l’homme l’ont maintes fois dénoncée. «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalent à la torture soient commis à l’occasion d’événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations, perçues comme une menace à la sécurité nationale», avait déclaré Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies sur la torture, à l’issue de la visite qu’il avait effectuée au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. Rien de nouveau à l’horizon depuis.
    Les prisonniers politiques, les militants des droits de l’homme sahraouis, croupissent dans les geôles du royaume, injustement condamnés lors de procès iniques après avoir subi d’atroces tortures. Ceux de Gdeim Izik, symbole de la résistance sahraouie, paient encore aujourd’hui un lourd tribut. La chape de plomb est renforcée pour «isoler les Sahraouis» et les empêcher de faire connaître leurs «légitimes revendications». Une délégation a été envoyée par le collectif international de juristes, pour les soutenir, s’enquérir de leur situation lamentable et de leur condition insoutenable d’incarcération.
    «Mercredi 6 avril Ndlr), à 18 heures (heure marocaine), Me Ingrid Metton, avocate française, Eric David, professeur de droit international belge, Jesus Maria Martin Morillo, magistrat espagnol ainsi que Me Maria Nieves Cubas Armas, Me Juan Carlos Gomez Justo et Me Altamira Guelbenzu Gonzalo, trois avocats espagnols, ont été arrêtés par la police marocaine à leur hôtel», a déclaré Régine Villemont, présidente de l’Association des amis de la République sahraouie (Rasd).
    Les autorités marocaines ont procédé illico presto à leur expulsion. provoquant l’indignation du barreau de Paris. Les avocats français qui se sont dit «profondément choqués» par ce comportement propre aux pays totalitaires ont condamné «fermement l’utilisation de telles pratiques par les autorités marocaines».
    «Le barreau de Paris est profondément choqué par l’expulsion mercredi 6 avril d’Ingrid Metton, avocate au barreau de Paris, membre d’un collectif de juristes et d’avocats français, espagnols et belges, venus défendre une vingtaine de prisonniers sahraouis.», peut-on lire sur le site des avocats parisiens qui ont tenu à préciser l’objectif de la mission des juristes renvoyés manu militari du sol marocain.
    «Ce déplacement avait pour objet les conditions de détention particulièrement difficiles de détenus sahraouis condamnés, dans le cadre du procès Gdeim Izik de février 2013, à de très lourdes peines de prison. Certains de ces détenus sont en grève de la faim depuis le 1er mars 2016», souligne le communiqué du barreau de Paris qui a dénoncé les conditions de l’interpellation qui ont conduit à l’expulsion de leurs confrères. «Interpellés à leur hôtel, les membres du collectif seront retenus 4h30 au commissariat de Rabat sans pouvoir informer leurs autorités consulaires respectives, contacter un avocat ou tout simplement connaître le motif de leur interpellation. Il semblerait que pendant ce laps de temps, leurs téléphones portables et ordinateurs aient été fouillés», ont-ils spécifié. Que s’est-il passé ensuite? «Ils ont été expulsés du Maroc dès le lendemain en l’absence de tout avis officiel», ont déploré les avocats du barreau de Paris. Le Maroc n’est sans doute pas au bout de ses peines.