Mois : mars 2016

  • Sahara occidental. Pris en otages dans les geôles de Rabat

    Rosa Moussaoui
    Vendredi, 25 Mars, 2016
    L’Humanité
    Place de la République, Paris, jeudi. Rassemblement de solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis en grève de la faim.
    Photo :Bruno Arbesu
    Injustement détenus depuis cinq ans et demi à la prison de Salé, des prisonniers politiques sahraouis ont cessé de s’alimenter le 1er mars.
    Il y a trois ans, le verdict tombait comme un couperet. Lourd, injuste et révélateur de l’intransigeance de la monarchie marocaine, prête à toutes les violations du droit pour conserver le Sahara occidental dans son giron. À l’issue d’un procès inique, 24 militants de la société civile sahraouie étaient condamnés par le tribunal militaire de Rabat à des peines allant de vingt ans de prison jusqu’à la perpétuité pour neuf d’entre eux. Tous avaient été enlevés en novembre 2010, après l’assaut des forces de sécurité marocaines contre le « camp de la fierté et de la dignité » de Gdeim Izik. Dressé à une douzaine de kilomètres de Laâyoune, au Sahara occupé, ce camp avait rassemblé plusieurs milliers de jeunes pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie et faire valoir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Avec ses 8 000 tentes, il avait fini par dépasser les autorités marocaines, incapables de contenir ce mouvement populaire en dépit d’un imposant déploiement sécuritaire. D’où le choix d’une répression sanglante.
    « L’expression de la vengeance de l’État marocain »
    Injustement détenus depuis cinq ans et demi à la prison de Salé, dans la banlieue de la capitale marocaine, les prisonniers politiques de Gdeim Izik ont entamé le 1er mars une grève de la faim pour demander l’annulation d’un procès inéquitable qui est, selon leurs mots, « l’expression de la vengeance de l’État marocain face à (une) lutte pacifique pour la liberté ». Treize d’entre eux ne s’alimentent plus. Ils ont déjà perdu, chacun, plus de 8 kilos. Mercredi, Sidi Lmjaiyed et Mohamed Bachir Boutinguiza ont dû être transférés à l’hôpital. Le premier ne peut plus marcher, le second est tombé dans le coma. Le même jour, Bachir Khada était renvoyé dans sa cellule après un bref passage au dispensaire de la prison, malgré l’inquiétante détérioration de son état général. Le lendemain, Cheikh Banga était à son tour transporté d’urgence à l’hôpital. En l’absence de contrôle médical permanent, l’état de santé des 13 grévistes de la faim est d’autant plus alarmant que « tous souffrent de maladies chroniques et des séquelles de tortures et de mauvais traitements dont ils ont été victimes pendant l’arrestation, la garde à vue et la détention », relève Hassanna Duihi, de l’Association sahraouie des victimes de violations des droits humains (ASVDH). Mercredi, les familles de trois prisonniers politiques étaient reçues par un conseiller du président du Conseil marocain des droits de l’homme, Driss El Yazami. Elles n’ont obtenu que de vagues assurances, le CNDH promettant de plaider en faveur de meilleures conditions de détention auprès de l’administration pénitentiaire et du ministère de la Justice.
    Les vingt-quatre, tous des civils, étaient poursuivis par l’autorité militaire pour « constitution d’une bande criminelle, violences contre les forces de l’ordre ayant entraîné la mort avec l’intention de la donner ». « Les militants sahraouis ne se sont pas laissé intimider et ont imposé leurs témoignages au tribunal. Accusés de crimes qu’ils n’ont pas commis, ils ont décrit et dénoncé leur enlèvement, les humiliations, tortures et traitements inhumains, les pressions psychologiques, les procès-verbaux fabriqués ou falsifiés », fait valoir le Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), dont le coprésident, Ennâama Asfari, a écopé d’une peine de trente ans de prison. Pour ce dernier, l’embastillement des militants sahraouis de Gdeim Izik relève d’une « décision politique prise par l’institution militaire » au mépris des conventions internationales et même du droit marocain, puisqu’une loi, toujours en attente d’application, interdit désormais que des civils soient jugés par des tribunaux militaires.
    Et il est vrai que le contexte politique pèse lourd sur le sort des prisonniers sahraouis, qui paient le prix d’une dangereuse surenchère du makhzen. Le ton n’a cessé de s’envenimer, ces dernières semaines, entre Rabat et l’ONU, au point que le Maroc a expulsé, le 20 mars, 83 fonctionnaires civils de la Minurso, la mission des Nations unies au Sahara occidental chargée depuis 1991 de veiller au respect du cessez-le-feu entre le royaume chérifien et les indépendantistes du Front Polisario. Toujours sur injonction du Maroc, l’ONU a dû fermer son bureau de liaison militaire à Dakhla et faire évacuer trois observateurs militaires. Menacée de démantèlement, la mission onusienne, enfin, est privée des 3 millions de dollars de la contribution financière marocaine.
    Ban Ki-moon évoque « l’occupation » marocaine du Sahara occidental
    À l’origine de cette attitude de défi envers la communauté internationale, les propos tenus par Ban Ki-moon lors de sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf, en Algérie, au début du mois de mars. Le secrétaire général de l’ONU avait alors évoqué « l’occupation » marocaine du Sahara occidental et déploré l’absence de « progrès réels dans les négociations devant aboutir à une solution juste et acceptable par tous, fondée sur l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Ces déclarations ont déclenché l’ire du palais et suscité au Maroc des manifestations lors desquelles Ban Ki-moon a été conspué. Une politique de rupture qui semble être devenue la marque de fabrique de Mohammed VI, également brouillé avec l’Union européenne depuis la décision de la Justice européenne d’annuler un accord agricole incluant les produits issus des territoires occupés. Pour le monarque, il n’y a ni droit international, ni négociations. Seulement la fanatique certitude que le Sahara occidental « demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps ».
  • Causas y efectos de una rabieta: Guerra a las puertas del Sahara Occidental

    Estas últimas semanas se han desarrollado con excesiva tensión entorno al conflicto del Sahara Occidental, provocada por la visita del Secretario General de la ONU Ban Ki-Moon a los campamentos de refugiados y a los TTLL del Sáhara bajo control del Frente Polisario, pero sobre todo por sus palabras, donde afirmaba con rotundidad que el Sáhara Occidental estaba « Ocupado » y que por tanto urgía darle una solución, también afirmaba que desconocía totalmente la trágica situación de los refugiados, haciendo hincapié en el agravio de sus 40 años en esta situación.
    Ante esta situación, Marruecos se apresuró en censurar y condenar las palabras del alto mando de las NNUU, aludiendo a la parcialidad de las mismas, cuando es la estricta aplicación de la legalidad internacional puesto que la presencia de Marruecos en el territorio, un tercero entre España y el pueblo del Sáhara, no tiene otro calificativo.
    Pues bien, esta reacción vino en forma premeditadamente sobreactuada de manifestaciones en varias ciudades marroquíes, así como amenazas tales como la retirada de sus tropas de misiones de paz de la ONU y la retirada de personal civil de la MINURSO del terreno.
    Solo han cumplido la última, y en este caso la más relevante, empezando por la extradición de 84 civiles miembros de la MINURSO, así como el cierre de la oficina del mando militar de la misión en la ciudad de Dajla suponiendo la mayor amenaza a la paz desde que se firmara el alto al fuego en el 91′, y lo es porque la misión encargada de vigilar el alto al fuego en la región se esfumaría, suponiendo ipso-facto la vuelta a las armas.
    Después de los movimientos de los últimos días, donde ciberactivistas alertaban de alta presencia militar en los TTOO, así como las grabaciones de varios convoyes de tanques y otros vehículos de combate con dirección al muro; la difusión por parte de la Televisión pública saharaui de un video donde se podía apreciar vehículos de guerra tales como lanzamisiles y tanques ligeros todo ello con la alerta por parte del Frente Polisario ante cualquier agresión que pudiera surgir.
    Ahora es cuando paso a exponer las causas que, a mi juicio, han llevado a Marruecos a « tensar la cuerda » hasta este punto.
    La primera y la más importante es, la derrota diplomática clara y clarificadora que ha venido sufriendo el régimen marroquí en los últimos años provocando su aislamiento a nivel regional, continental y global.
    La Unión Africana, de la que es miembro permanente la RASD, la última crisis con Mauritania, las innumerables sentencias judiciales europeas, ya sea en la AN española o en los tribunales europeos, causando la crisis con la UE con la que llegó a interrumpir sus acuerdos comerciales, y la última con la ONU que ve en ella una parcialidad que nadie más ve.
    Todo ello provocado por y para la causa saharaui, dando como resultado un aislamiento que les deja en un callejón sin salida.
    La segunda, y no menos importante, es la intransigencia y autoengaño internos y externos, ya sea por medio de sobornos, lobbies o los apoyos tradicionales de los que goza el régimen alauí, causando una percepción de la realidad muy distinta a la que se ajusta la misión de la ONU y al derecho internacional. Declaraciones como la del último discurso del rey en las que afirmaba sin pudor que « ..Marruecos permanecerá en su Sáhara y el Sáhara en su marruecos hasta el fin de los tiempos.. » Dan una idea de la magnitud del autoengaño marroquí, que aunque proyectado hacia el interior, nunca tuvo ninguna trascendencia más allá de sus fronteras.
    La tercera y última es la deriva belicista de los ‘Golfos’:
    [Arabia Saudí, EAU, Catar, Omán, Kuwait, Jordania y Marruecos] 
    Éstos, conducidos por Arabia Saudí, tienen un claro objetivo en el norte de África y no es otro que Argelia, su estabilidad y seguridad que no sirve a sus intereses y que al igual que Venezuela ya fue víctima de su ataque al rebajar el precio del barril de crudo, suponiendo un revés a su economía.
    Por ello, tras su alianza algo accidentada en Yemen, una forma de desestabilizar a Argelia sería azuzando la guerra con el Frente Polisario 25 años después dando como resultado una incertidumbre no ya en el Sáhara sino en toda la región del ‘Sahel’, una región extremadamente sensible por razones obvias.
    Los efectos que se podrían producir en esta escalada de tensión siguen siendo una incertidumbre, aunque Marruecos afirma que la sección militar de la MINURSO que queda es suficiente para el mantenimiento del alto al fuego, el Frente Polisario en cambio muestra su contundencia y pone sobre aviso de la posibilidad de retomar la lucha armada de no restablecerse completamente la MINURSO, posibilidad que no desagrada a una población, la saharaui, cada vez con menos paciencia, pues esta posibilidad ha encendido el fervor revolucionario que para los saharauis es el motor de la unidad nacional y que ha hecho que la juventud, deseosa de encontrar por medio de las armas lo que no se les dio por medio de unas negociaciones estériles de las que Marruecos siempre se supo escabullir, haya reconectado otra vez con la causa y esté mas preparada que nunca de retomar el reto por el que sus padres o abuelos dieron su vida.
    Esto se traduce de la población saharaui que ha regresado a los campamentos y se ha restablecido en su sección militar, también de las mayores maniobras del ejército saharaui que se le recuerdan, o de la incorporación del personal con funciones administrativas en Rabuni al ejército. Todo ello para lanzar un mensaje claro; sin MINURSO y su prometido referéndum, los saharauis están dispuestos a dar la batalla, una batalla larga, sin treguas y de desgaste que Marruecos no supo afrontar en el pasado y no lo hará en el futuro.
    El desenlace aún se desconoce, pero todo indica que no se demorará más allá de la reunión de CS de abril.
  • Chris Coleman neutralise la diplomatie marocaine

    Le Maroc rentre ces derniers temps dans une guerre ouverte sur plusieurs fronts et les représailles émanants de sa diplomatie se caractérisent par une sérieuse névrose obsessionnelle. Ses accrochages se sont multipliés et vont de mal en pis à chaque moment où l’étau se resserre sur son occupation du territoire du Sahara Occidental; la déclaration des USA en faveur de doter la Minurso du composant des droits de l’homme, la reconnaissance de la Suède de la République Sahraouie et tout récemment la position ferme de l’Union Européenne sur l’accord agricole le qualifiant de nul et non avenu à cause de l’exploitation illégale des produits agricoles du Sahara Occidental, en plus de l’expulsion des rapporteurs des ONG des droits de l’homme comme c’était le cas pour ‘Human Rights Watch’ et ‘Amnesty International’ sont témoin de la dégringolade de la politique marocaine. 
    Actuellement, ces querelles injustifiés sont à leur paroxysme avec la récente campagne virulente qui vise à dénigrer le Secrétaire Générale de l’ONU, Ban Ki Moon. Ce dernier qui n’a fait que mettre la cause sahraouie dans son cadre judiciaire approprié, á savoir un territoire occupé aux yeux la loi et la légalité internationales. Ainsi pour le royaume, c’est un sacré camouflet qui a fait monter la tension au maximum avec l’Organisation des Nations Unies suite á la décision du Maroc de prendre des mesures de rétention contre la Minurso. Pourtant, comment se fait-t-il que le régime monarchique de Rabat se trouve soudainement dans une telle sinistre situation, isolé et dos au mur? Comment se fait-t-ils que les stratagèmes du régime de Rabat se trouvent soudainement paralysées et sa diplomatie sérieusement figée? 
    Chris Coleman, le cauchemardesque
    Les documents en masse pondus sur la toile par le dénommé Chris Coleman ont joué un rôle prépondérant dans ce tourment désastreux dans lequel a viré la diplomatie marocaine. Ils sont de caractère inédits, évidents et explosifs. Ils exposent comment fonctionne la diplomatie marocaine vis à vis de la question sahraouie. Une diplomatie qui s’appuie sur un élément vraisemblablement unique: la corruption. C’est désormais à travers la corruption et l’achat de conscience des journalistes, politiciens et diplomates que le Maroc a pu essuyer toutes les grandes tempêtes émanantes de sa colonisation du territoire du Sahara Occidental. Des pots-de-vin coûteux généreusement dilapidés dans le seul but de maintenir son occupation sanglante du Sahara Occidental, imposer un black-out médiatique et réduire en silence la communauté internationale. Chris Coleman, ce lanceur d’alerte, a ouvert les yeux du monde sur les méthodes mesquines d’une monarchie qui, à cor et à cri, s’acharne pour sauvegarder la terre des sahraouis qu’elle colonise encore depuis quatre décennies. 
    Une chute libre
    Les révélations accablantes de Chris Coleman ont par ailleurs suscité des retombés qui ont eu l’impact de coups de massue sur la diplomatie marocaine. D’une part, ils font l’étalage sur un régime gravement obsédé par le Sahara occidental où l’argent coule à flot pour l’achat des plumes, des politiciens, régimes et centres de lobbying tandis que l’amélioration du niveau de vie de son peuple marocain a été mise au placard. D’autre part, les scandales qui ont offusqué ces responsables onusiens, journalistes, politiciens, diplomates et régime auraient effrayés les futures acolytes à la solde de l’occupation marocaine et c’est ce qui explique l’actuelle grise mine de la diplomatie marocaine. Avec la perte de telle collaboration frauduleuse de ces mercenaires, le Maroc s’est trouvé seul contre une communauté internationale de plus en plus consciente de ses intrigues devenues crédules visant à cautionner son occupation du Sahara Occidental, sachant qu’elles forment un danger réel sur la paix et la stabilité dans le continent africain et ailleurs. Devant une telle neutralisation causée par ce militant cybernétique qui a mis á nu la diplomatie ruse du régime colonialiste de Rabat et qui par conséquent s’est engouffré dans la sphère de l’absurdité et de la médiocrité, et vu cet escalade déclaré par le Maroc et mis en exergue contre la mission onusienne au Sahara Occidental “Minurso”, la guerre,serait-elle la seule bouée de sauvetage pour ce régime colonialiste? 
     Khalil Asmar

    Source : Freedom Support. 26 mars 2016

  • Une commission au Congrès américain parle "d’occupation du Sahara par le Maroc"

    La commission des droits de l’homme du
    Congrès américain, Tom Lantos, a tenu à 
    lever toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l’égard de la question sahraouie durant l’audition qu’elle a consacré mercredi au statut du Sahara occidental.
    le Congrès américain adopte le même lexique que M. Ban Ki-moon puisque les organisateurs de l’audition ont qualifié la présence marocaine sur ce territoire d’«occupation»
    « Nous devons être clairs, les Etats-Unis n’ont reconnu la souveraineté d’aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu’ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation », a déclaré le démocrate John Conyers devant un parterre d’hommes politiques américains, d’ONG et d’organismes internationaux venus assister à cette audition, la première du genre tenue par cette commission sur le Sahara occidental occupé.
    Pour le Maroc, c’est à la demande du lobby pro-algérien, que cette séance de hearing au sujet des droits de l’Homme au Sahara a été organisée.
  • Une première dans les annales, le Congrès américain fait le procès du Maroc

    Et de deux contre le Maroc ! A moins d’un mois de l’examen annuel du dossier du Sahara au niveau des Nations-Unies, le Makhzen vient de recevoir une autre note salée au Congrès américain. La Commission des droits de l’Homme au Congrès américain (photo), a organisé mercredi soir une audience inédite ayant réuni un panel de personnalités américaines et internationales pour évoquer les souffrances du peuple sahraoui dans les territoires occupés. Au delà du fait que ce soit une première, et qu’une rencontre de ce format consacrée à la question sahraouie se tienne dans l’enceinte du Sénat américain, c’est surtout l’éruption du terme «occupation» par la commission des Droits de l’Homme au Congrès qui attire l’attention. De fait, les américains semblent donner un signal qu’ils vont cette fois s’aligner sur la position du SG de l’ONU qui a été le premier à lâcher le mot lors de sa tournée dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. Un «mot» contre le quel le makhzen a violement réagi en organisant une marche à Rabat contre Ban Ki-moon et où il a été traité de tous les noms d’oiseaux. Pis encore, le Maroc a décidé unilatéralement de suspendre sa participation au sein de la Minurso et expulsé prés de 80 fonctionnaires onusiens qui travaillent à El Ayoune. C’est dire qu’entre les Nations Unis et le royaume du Maroc c’est quasiment la rupture à quelques jours de la présentation du rapport du SG devant l’assemblée générale.
    La cause Sahraouie entre au Congrès
    Et voilà que même le Congrès américain adopte le même lexique que M. Ban Ki-moon puisque les organisateurs de l’audition ont qualifié la présence marocaine sur ce territoire d’«occupation» et ont mis en avant le fait que la prétendue souveraineté marocaine «n’est reconnue ni par l’Assemblée générale des Nations Unies ni un autre organisme de l’ONU», selon leur communiqué. Il faut préciser que le panel, qui est composé de personnalités américaines et internationales, dont Kerry Kennedy, présidente de la Fondation Kennedy, Francesco Bastagli, ancien représentant du secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, Eric Goldstein, directeur adjoint à Human Rights Watch et Erik Hagen, directeur de l’observatoire pour la protection des ressources naturelles au Sahara Occidental, a pointé notamment la politique du Maroc dans les territoires sahraouis occupés. Et comme il fallait s y attendre, c’est un procès en bonne et due forme de la politique marocaine dans les territoires occupés qui a été fait par ces personnalités. Les organisateurs se sont notamment appuyés sur un rapport du Département d’Etat, qui a mis l’accent sur les «entraves» des autorités marocaines aux «libertés d’expression», aux «rassemblements» et à la «création d’association ». Ils pointent également les nombreuses expulsions par le royaume de personnes «observateurs des droits de l’Homme ». Le représentant du Polisario à Washington, M. Mouloud Said s’est réjouit de ce que cette audition soit «un procès contre la politique de violation des droits de l’homme prônée par le Maroc dans les territoires occupés ». Dans une déclaration à l’APS, il a révélé que les Congressmen américains et les ONG ont «réaffirmé une fois de plus que la présence du Maroc dans les territoires sahraouis est bel et bien une occupation illégale ».
    Un procès contre le makhzen
    Une proposition que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon avait déjà suggérée dans son rapport de 2014, lorsqu’il avait plaidé pour l’instauration d’un «mécanisme de surveillance des droits humains soutenu, indépendant et impartial » au Sahara. Le délégué du Polisario a estimé également que «Le comportement irresponsable du Maroc risque de conduire la région à de nouveaux conflits », en se referant aux mesures de rétorsion de Rabat visant la Minurso. «Nous sommes satisfaits du fait que la Commission des droits de l’homme du Congrès ait abordé la situation difficile des prisonniers politiques sahraouis » s’est-il par ailleurs félicité. C’est dire que la mesure d’allonger le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental a toutes les chances d’aboutir cette fois à moins d’un blocage de dernière minute par la France pour sauver «son ami» le roi qui se comporte comme un enfant gâté.
  • Lettre d’un citoyen ordinaire à Sa Majesté Mohamed VI

    par Marouf Nadir*
    Votre majesté, 
    Me réveillant d’un sommeil agité ce dimanche 13 mars tard la nuit, j’allume la télévision et tombe sur les informations de la chaine El-Maghribiya. Je fus sidéré par l’ambiance martiale qui régnait à Rabat et le cortège d’accusations dont l’Algérie est l’objet. Elle aurait manipulé le secrétaire général des Nations unies pour l’amener à produire un discours «malveillant» à l’égard de votre pays. Elle aurait été et serait encore à l’origine du contentieux pendant entre le Maroc et Polisario, dont la cause ne serait soutenue que par les seuls Sahraouis résidant à Tindouf. Ces invectives reproduites à satiété par tout le personnel politique marocain (membres de l’exécutif, parlementaires, société civile, tout au moins une partie de cette dernière) accroissent l’image caricaturale d’un pays qui est le mien, et dont la seule motivation serait de nuire au vôtre. C’est pour nous punir de notre «inimitié» que votre pays nous expédie quotidiennement des tonnes de stupéfiants transitant par nos frontières, avec la bénédiction de vos sujets censés assurer le contrôle de ces produits, interdits par Dieu et par la loi des hommes, et dont la visée est d’atteindre et de handicaper à vie notre jeunesse. Cela ne peut venir que d’une haine inouïe que nous voue votre pays. Cependant, je ne peux croire que votre peuple tout entier en est l’agent principal. 
    C’est pour rectifier cette image que je veux m’entretenir avec Votre Majesté. Même si cette démarche peut paraitre surréaliste, je voudrais l’assumer seul, en ma qualité de citoyen du monde, non pas pour m’ériger en avocat de la défense, mais pour me tenir d’un lieu qui s’appelle «Maghreb», lieu de mon identité primordiale. 
    Je voudrais, Majesté, en effet, vous faire part de mes espoirs passés, occasions ratées de restaurer un Maghreb qui, hélas, a cessé d’exister depuis la fin du temps colonial. En dépit de cette parenthèse de plus d’un demi-siècle qui a malheureusement trop tardé, je reste convaincu que ce Maghreb auquel je crois constitue une réalité anthropologique millénaire indiscutable. Je n’ai point besoin d’évoquer en effet tous les contentieux qui nous divisent depuis l’indépendance. Je ne peux pourtant m’empêcher de rappeler tout ce qui nous a réunis dans un destin commun. Bien sûr, l’historien lambda dira que la rupture s’est faite au début du XVIème siècle, quand la chaine monarchique du Maghreb central a été rompue au profit de la Régence ottomane, aussi bien chez nous que chez nos voisins de l’Est. Le principe d’allégeance royale a ainsi disparu au bénéfice d’autres formes de socialisation politique. 
    Mes confrères marocains rencontrés dans les colloques internationaux me rappellent souvent, très amicalement mais néanmoins avec condescendance, que le Maroc jouit d’une continuité et d’une culture de l’Etat ininterrompues depuis les Idrissides (IXème siècle), ce qui n’est pas le cas de l’Algérie (la Tunisie gardant néanmoins à leurs yeux le bénéfice du doute puisque, comme pour le Maroc, le protectorat français ne l’a pas entamée en profondeur). Etant anthropologue du droit, je m’interroge cependant sur le sens à donner à la «culture de l’Etat» (culture ou aliénation ?) Laissant de côté l’approche marxiste de ce concept, je renvoie plutôt à La Boétie qui, déjà au milieu du XVIème siècle publia un livre d’une actualité déconcertante intitulé : «Discours sur la servitude volontaire». 
    La France médiévale a connu aussi une culture politique fondée sur l’allégeance royale, au moins depuis la dynastie capétienne et qui se poursuivra avec les dynasties collatérales (Valois, Bourbons etc.) comme pour celles du Maroc (Idrissides, Almoravides, Almohades, Mérinides, Saadiens, Alaouites), jusqu’à la veille de la révolution de 1789. Il est des pays où la culture de l’allégeance royale ne souffre aucune remise en cause sérieuse (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Danemark, Suède) grâce à des régulations institutionnelles de type constitutionaliste. La monarchie marocaine est une monarchie constitutionnelle, et c’est tant mieux pour la démocratie qui se construit dans votre beau pays. Quant à la révolution française, elle a inauguré un lien sociétal fondé sur la citoyenneté contractuelle, ce qui a permis un mieux-être aux plus démunis, aux sujets sans nom devenus citoyens à part entière (tout au moins dans la théorie). Il existe, en revanche, des Etats républicains où l’ordre du prince confine à la sacralité monarchique de droit divin ; je veux dire par là que l’étiquetage formel de la gouvernance ne préjuge en rien de la réalité sociale ambiante. 
    Pardonnez-moi, majesté, ce préambule un peu froid, car mon propos consiste à m’attarder sur ce qui unit nos deux pays, et à l’opposite, ce en quoi les faits qui nous opposent relèvent de conjonctures contre-productives, en ce sens que ce qui nous oppose me parait secondaire par rapport à une fraternité qui pèse de tout son poids, pour peu qu’on se penche, non pas tant sur le passé lointain, mais sur notre histoire contemporaine. 
    D’abord sur le passé lointain, un simple rappel du siège mérinide de Tlemcen au XIIIème siècle. Etant natif de Tlemcen, j’ai toujours trouvé cocasse la fierté exprimée par mes concitoyens quand ils faisaient visiter à des touristes étrangers le minaret de Mansourah, ses ruines alentour, ou encore la mosquée de Sidi Boumediene dont la sépulture repose à El-Eubbad. A aucun moment mes concitoyens ne contextualisent, si j’ose dire, ce patrimoine, contrairement à certains édifices érigés du temps de la colonisation. Et pourtant, les conditions dans lesquelles nos ancêtres tlemcéniens avaient vécu le double siège étaient horribles. 
    La raison en est que le lien social, notamment celui de la religion commune, l’emportait sur les souffrances vécues, souffrances que la mémoire collective n’a pas retenues. Les conflits qui furent les nôtres durant l’époque médiévale, furent ceux des «frères ennemis» (frères au regard de l’onomastique mais là est un autre débat, intéressant les spécialistes). Le paradigme du frère ennemi est inaugural du conflit. Avant les conflits internationaux, il y avait d’abord l’histoire de Caïn et d’Abel, ne l’oublions pas. Même si ce n’est (pour certains) qu’une légende, elle atteste cependant d’une réalité anthropologique que nos deux pays se doivent de méditer. En revanche, le lien du Maghreb central avec le Maroc a connu des épisodes heureux. Le jurisconsulte Mohammed El Maqqari, qui est un fils de Tlemcen, a vécu longtemps à Fès où il compta parmi les grands jurisconsultes de l’institution des Qaraouiynes. Il intercéda même dans des conflits internes à la nation marocaine, durant l’inter-règne entre la dynastie Saadienne et celle des Chorfas du Tafilalet. Durant cet inter-règne d’un quart de siècle, la zawiya de Dilaa, fondée par Abou Bekr, un m’rabet du haut Atlas a tenté d’occuper ce vide, ce qui n’a pas plu à vos ancêtres alaouites arrivés promptement sous la conduite de Moulay Ismail. 
    Une partie de la famille d’Abou Bekr ( suite à l’intercession d’Al-Maqqari ) notamment son fils Ahmed, se sont repliés à Tlemcen, où ce dernier (et peut-être aussi les siens) est enterré dans le cimetière de Sidi Senoussi (je tiens cette information du professeur A. Rollman, directeur de recherche à Harvard University, lors d’un séjour que j’y avais effectué en 1989). Au-delà de cet épisode, les relations qui se sont tissées entre Tlemcen et Fès tant au plan commercial qu’à celui des alliances matrimoniales sont fort connues. Il n’est pas rare, quand je me promène dans la médina de Fès, d’entendre tel artisan ou commerçant m’informer de ses attaches généalogiques avec Nedroma, Tlemcen, Ain El Houtz (fief des Bouabdallah). L’orientaliste Alfred Bel reprenait dans une monographie sur le travail de la laine, publiée en 1911, un proverbe psalmodié par les tisserands de Tlemcen en ouvrant au petit matin la porte de leur atelier : «Kiss ‘ala kiss, ya sidi Moulay Driss, Allah yeghnik ya Fâs, wa Allah yekhlik ya bled n’çara». Il s’agit là sans doute d’une réminiscence rappelant l’épopée inquisitoriale de l’Espagne chrétienne. 
    Voilà pour l’histoire ancienne. 
    Pour ce qui est du contemporain, permettez-moi, Votre Majesté, de vous confier des souvenirs personnels, évoqués pêle-mêle, sans m’en tenir à un ordre chronologique particulier. Quelques-uns de ces souvenirs peuvent paraitre dérisoires, mais je tiens à les exhumer de ma mémoire sans tabou. En ce mois de novembre 1955, j’avais à peine 15 ans. Toute ma famille se rapprochait du poste radio (pas de télévision à cette époque) pour suivre le reportage du retour du roi feu Mohammed V, de l’exil malgache. Le reporter qui maniait un arabe limpide, talentueux, avec des tremolos dans la voix s’appelait Mohamed Bendeddouche. C’était un fils de Tlemcen qui vivait comme tant d’autres au Maroc (où ils exerçait des fonctions dans l’enseignement ou l’administration). Il s’adressait au ciel en disant : «Ô soleil porte ton ombre sur notre roi chéri, et souviens-toi qu’il est désormais entouré de son peuple qui l’aime». Je ne suis pas sûr de la traduction, mais la diction en arabe était belle. Nous pleurions à chaudes larmes, ma mère, mes sœurs et moi. Je n’oublirais jamais cet épisode. C’était l’époque où nous chantions en chœur «Sidi h’bibi wine houwa» d’Ahmed Jebrane, chanson qui était dédiée au roi à la même époque. Nous étions algériens et marocains à la fois. Autre anecdote plus tardive : l’été 1991, je rentrais de France en famille pour passer mes vacances en Algérie. La traversée fatidique en voiture m’obligeait de faire escale en Espagne puis au Maroc. 
    A un hôtel du Nador où nous sommes descendus, toutes les chambres étaient prises. Nous avons eu droit à une mansarde au dernier étage où il faisait une chaleur caniculaire. Une heure après, le réceptionniste me demanda par téléphone de descendre voir le directeur de l’hôtel (le propriétaire sans doute). C’est un homme d’un âge avancé. Ayant examiné mon passeport, il me demanda si j’avais un lien familial avec Marouf Boumediene natif de Tlemcen. C’est mon oncle répondis-je. Quelle ne fut pas sa joie en l’apprenant. Il le connaissait en effet pour être descendu dans le même hôtel. Mais il le connaissait surtout pour ses hauts faits de militantisme aux côtés de Abdelkrim al-Khettabi qui luttait non contre la monarchie, mais contre l’Espagne et la France tout à la fois. Il me rappela que mon oncle faisait partie de ces Algériens membres de l’Etoile nord-africaine fondée par Messali Hadj, puis du PPA, qui ont contribué au mouvement de libération du Rif durant l’Entre-deux-guerres. Evidement, j’ai eu droit à une chambre spacieuse, climatisée et très confortable, ce qui n’était pas pour me déplaire. 
    Il est vrai que ma famille garde des accointances plus ou moins anciennes avec le Maroc : une bonne partie des ancêtres de ma grand-mère paternelle (les Benchiboub) s’étaient exilés au Maroc au milieu du XIXème siècle, quand l’Emir Abdelkader a déposé les armes. C’est une diaspora qui occupe aujourd’hui près de la moitié de la Qissariya de Taza- haut. D’autre part, mes grands-parents maternels vivaient à Tanger depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale. Mon grand père, décédé en 1952, est enterré au cimetière de Sidi Bou-arraqiya. En 1988, ma mère qui n’a jamais pu se recueillir sur sa tombe me pria de le faire à sa place. J’étais alors invité à une rencontre scientifique organisée par le «CEMA» de Tanger, ce qui m’a permis de faire connaissance avec Abdellah Hammoudi, le meilleur anthropologue marocain à mes yeux. Il y avait dans ce cimetière la partie élevée pour les notables, et la partie en pente pour le tout-venant. Mon grand-père faisait partie de la plèbe. Malheureusement, les chardons et autres détritus qui encombraient les tombes ne m’ont pas permis de localiser celle de mon grand-père. J’ai compris alors que la topologie sociale ne se lit pas seulement que sur le territoire des vivants. 
    Mais ce n’est guère plus reluisant dans nos propres cimetières (contrairement à ceux visités en Europe). Les communes ne semblent pas concernées par l’aménagement de l’espace funéraire. C’est sans doute un problème culturel que celui du sort réservé aux morts. 
    Beaucoup de tombes ont été détruites chez nous durant «la décennie noire», au motif qu’elles étaient trop luxueuses. Une autre anecdote personnelle concerne le cimetière d’El Ghofrane de Casablanca où je suis allé me recueillir en août 2002 sur la tombe de feu Redouane Ben Sari, un musicien hors pair qui avait fait pleurer Oum Kaltoum au cours du Congrès du Caire en 1932 quand, à seize à peine, il avait chanté devant elle en s’accompagnant de son luth: «wa haqqika anta al-mouna wa-t-talab», une de ses premières chansons. Il se trouvait au milieu d’un carré de morts anonymes identifiés par un numéro inscrit sur un morceau de contreplaqué dressé en haut d’un fer rond à béton. Redouane (que Maurice de Montherlant, de passage à Tlemcen en 1928, avait décrit chantant en solo au milieu de l’orchestre de Cheikh El Arbi Ben Sari son père), se réduisait au numéro 796 qu’on pouvait lire au-dessus d’une motte de terre. Ainsi va la vie … Si une partie des miens se trouvent, morts ou vivants, sur la terre marocaine, mes liens personnels avec votre pays ont connu des hauts et des bas, mais à aucun moment je n’ai ressenti du dépit, celui qu’on peut avoir face à l’allogène. En novembre 1963, alors que j’étais jeune fonctionnaire à la Direction Générale du Plan (à l’époque située à la Présidence), je me trouvais mobilisé à la frontière auprès des services des transmissions. C’était après l’épisode de Tindouf où nos deux armées on fait escarmouche : au moment où un cessez-le-feu a été décrété par le Conseil de Sécurité des Nations unies, j’étais chargé d’accompagner le journaliste Maurice Josco de France Soir, à Béni-Ounnif, face à Figuig. 
    Les tirs d’obus ont été échangés bien après minuit, heure du cessez-le-feu. Au petit matin, Figuig était encerclée ou tout au moins accessible. J’ai assisté alors à un spectacle inouï : des soldats algériens et marocains, adversaires officiels de la veille, s’embrassaient en sanglotant, car ils se sont retrouvés après la guerre d’indépendance où les Algériens combattaient l’ennemi commun colonial aux côtés de leurs frères Marocains et vice-versa. C’était des soldats issus de ces régions frontalières. Je m’étais effondré devant ce qui m’apparaissait comme un acte contre-nature. Beaucoup plus tard, en juin 1980, je publiais un livre chez SINDBAD, intitulé «Lecture de l’espace oasien». C’était un chapitre de ma thèse d’Etat portant sur l’histoire sociale et économique du Touat, Gourara, Tidikelt. A cause de ce livre, je figurais dans la liste des invités à la commémoration du cinquième anniversaire de la RASD. Il y avait des journalistes venus du monde entier, mais aussi quelques personnalités culturelles. Partis en camion depuis Tindouf, en direction d’un no man’s land que je suis incapable de situer, nous sommes invités à examiner un présentoir de près de 200 mètres sur lequel étaient disposés les livrets militaires des conscrits marocains décédés ou faits prisonniers. J’étais stupéfait de constater de la quasi-totalité de ces livrets concernaient des jeunes gens dont l’âge dépassait à peine la vingtaine d’années, issus pour la plupart des zones rurales déshéritées, et dont les professions mentionnées étaient: «fellah», «journalier» ou «ouvrier saisonnier» ce qui revenait au même. Je me suis mis alors en tête que c’était le lumpenprolétariat en puissance qui pouvait grossir un jour celui des bidonvilles de Casablanca, c’est-à-dire celui qui, à la même époque à la suite d’une insurrection populaire (sans doute la première du genre au Maroc), a été maté brutalement par les chars de l’armée de votre père… 
    La conclusion à mon raisonnement est qu’il valait mieux, aux yeux de Hassen II, que ces jeunes chômeurs meurent en héros que de se faire écraser par les chars de la contre-rébellion. C’est ce que la théorie cybernétique appelle feedback, autorégulation. Au total, votre père n’avait rien à perdre à réguler c’est-à-dire à résorber l’intifada qui pouvait survenir des banlieues urbaines. Il se peut que je me trompe dans mon diagnostic, mais je voyais les choses ainsi. Plus proche du temps présent, mais renvoyant à l’histoire profonde entre nos deux pays, je me trouvais à Fès dans le cadre d’un programme de coopération interuniversitaire au cours des années 2000 (j’étais à l’époque professeur à l’université de Picardie et dirigeais quelques thèses d’étudiants marocains). Profitant d’un moment de répit, je me suis dirigé vers le Conservatoire de musique où officiait Cheikh Briouel. A l’époque, il faisait répéter sa formation pour un concert programmé à l’Institut du Monde Arabe. Après la répétition, nous évoquions quelques questions techniques relatives à la «Ala» marocaine et au «Gharnati» algérien. Etant musicien à mes temps perdus, j’ai eu plaisir à discuter avec ce M’allem de la nouba rasd-edhil qui était au programme de la manifestation de l’IMA à Paris. Il me demanda d’interpréter un morceau de cette nouba dans la version que je connaissais. J’ai exécuté sur un piano droit une pièce classée m’çaddar chez nous, intitulée «ya ‘ûchchaq», en interprétant la pièce en solo vocal. Arrivé au 4ème vers (matlaa), il est dit dans la chanson : «hadriya min madinat fas, min al qûsûr al-‘aliyya». Au même moment mon auditeur avait les yeux mouillés. Me retournant vers lui, je le voyais attristé devant la situation absurde où, venant d’Algérie, je chantais les filles de Fès, à un moment où nos pays se tournaient le dos. 
    Enfin, Votre Majesté, je ne peux m’empêcher de vous dire, (mais cela s’adresse à toute la communauté du Maghreb, classes politiques et société civile comprises), que si le Maghreb est une réalité anthropologique, il reste néanmoins hypothéqué par un contexte conjoncturel dont la durée n’aura été, je l’espère, qu’un court moment dans notre histoire commune : à l’heure des mouvements browniens qui scandent le politique, celui des alliances et des contre-alliances souvent contre-nature, voire autodestructrices et dont le seul mobile consiste à sauver sa peau face aux aléas d’une mondialisation débridée, il faut se ressaisir sous peine de se perdre en chemin. Le message qui est le mien n’est pas un satisfecit pour mon pays ni une désaffection à l’égard du vôtre. Je m’adresse à nous, comme à Votre Majesté en tant que citoyen du Maghreb, encore une fois. 
    Là où le bât blesse, c’est le Sahara occidental. Pensez-vous que l’autonomie d’un Sahara occidental exsangue serait dommageable au peuple marocain ? Considérant que nos pays, avec leurs frontières (dont on sait dans quel contexte elles ont été tracées), ne pourront jamais sortir la tête de l’eau s’ils ne fédèrent pas leurs ressources, leurs compétences et leurs expériences, l’indépendance de ce peuple sahraoui pourrait être l’occasion de revoir notre copie quant à l’urgence de bâtir un Maghreb des peuples et non des Etats, car ces derniers ont failli à leur mission, me semble-t-il. Il est tout de même aberrant, en effet, que le Maghreb n’a jamais cessé d’exister que depuis nos indépendances respectives. Les historiens savent que dans la quasi-totalité des cas, ces ratages relèvent des egos et des mesquineries politiciennes des chefs. Le monde nous interpelle pour nous mettre au niveau des défis qui nous attendent. 
    Il ne s’agit pas de notre destin, mais de celui de nos enfants et de nos petits-enfants. L’Algérie est souvent conspuée par certains de vos sujets, que je rencontre dans les manifestations scientifiques. Le nombrilisme de certains d’entre eux évoquant la culture de l’Etat dont ils sont pourvus et dont nous serions orphelins relèvent de cette plaidoirie pro domo contre-productive, sachant que nous sommes dans le même bateau, sur la longue durée s’entend. L’Algérie ne peut être considérée comme l’ennemi majeur de votre peuple, car ce n’est pas vrai. Ce qui est vrai, en revanche, au nom de l’histoire, est une évidence qui crève les yeux : quand les instances internationales au tout début des indépendances africaines à l’orée des années 60, ont décrété que seules les frontières issues de la décolonisation sont à prendre en considération, c’était pour ne pas s’engager dans des guéguerres sans fin. Au surplus, le concept de frontière territoriale est une invention de l’Etat-nation européen et du capitalisme à l’avenant. Ce concept à été importé en Afrique par l’Europe coloniale, certes. Toutefois, imaginez la mise en cause de ce compromis ? Cela voudrait dire qu’on revient au système des réseaux entretenus par les familles royales. Dans cette hypothèse la planète entière s’en trouverait détricotée, les Provinces Unies (Hollande, Belgique, Luxembourg) seraient revendiquées par l’Espagne des Habsbourg, au nom de l’allégeance de ces pays à l’égard de Charles Quint. 
    Même la Belgique pourrait être revendiquée par la France d’avant 1830. Concernant nos pays, les choses ne sont pas plus simples : le Sahara occidental était occupé par l’Espagne en 1884, puis abandonné en 1975. Des concessions plus anciennes avaient été données au Portugal sur la côte atlantique. Jacques Berque dans son livre «Ulemas, fondateurs insurgés du Maghreb, XVII siècle (Sindbad, 1ère édition 1999)», rappelait un épisode où un «fou de Dieu» de Béni-Abbès, gendre de Sidi Cheikh des plateaux algériens, nommé Abou-Mahalli, a levé des troupes pour combattre le royaume Saadien de Marakech dans le but de libérer Mogador des mains des Chrétiens. L’histoire a tourné court à l’évidence. Notre propre Sahara, notamment le Touat, n’a été occupé par l’administration militaire qu’au début du 20ème siècle, soit 70 ans après le débarquement à Sidi Fredj. Les historiens savent que jusqu’à cette date, et notamment pendant les combats livrés par les populations des Ksours contre l’armée conquérante, les notables locaux (naqib) demandaient à Moulay Abdelaziz ce qu’ils devaient faire (continuer à se battre et mourir ou capituler), la réponse fut prompte : «Continuez à vous battre» et, en post-scriptum si j’ose dire, : «N’oubliez pas la mouna et le ochour». (cf. A.G.P Martin : «Quatre siècles d’histoire marocaine au Sahara de 1504 à 1902»). 
    Cette région, durant la lutte de libération nationale, a été arrachée à la France par les Algériens alors que cette dernière voulait s’y installer au-delà des Accords d’Evian. L’histoire retiendra qu’avant l’arrivée des Français, la région était régie par le principe d’allégeance au contraire du principe de territorialité. Même chose du temps des Saadiens pour Bilad Es-soudan, c’est-à-dire tout le Sahel : si l’on devait réhabiliter le principe d’allégeance dans nos régions, le Maroc s’élargirait au sud-ouest de l’Algérie, à la Mauritanie, au Mali, au Niger, voir au Ghana. Il faut ajouter que la rupture d’allégeance du Touat à l’égard des Alaouites est plus récente (1902) que celle de Rio de Oro (1884). Si l’Algérie devrait admettre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, il n’y a pas de raison pour qu’elle la refuse pour notre propre Sahara (oasis occidentales). Ainsi, nous irions vers une guerre suicidaire de cent ans … C’est pourquoi je pense, Votre Majesté, que les dispositions du droit international, celles de l’intangibilité des frontières issues de la décolonisation, relèvent de la sagesse. Les sympathies bien compréhensibles que vouent à votre beau pays et votre peuple magnifique certaines puissances occidentales, les libéralités touristiques, entre autres, qu’elles y trouvent, renforcent leur préférence pour votre pays tandis que, durant les décennies du socialisme de Ben Bella et de Boumediene, l’Algérie était le mal-aimé de ces puissances. C’est pourquoi, votre diplomatie a bénéficié des sympathies grâce auxquelles la question du Sahara a fait l’objet d’un statu quo lequel, quoi qu’il en soit, ne peut s’étendre indéfiniment. 
    Les temps ont changé, ce qui est dans l’ordre des choses. Le temps de la raison et de la sagesse, de la fraternité retrouvée, s’impose à nous. Je prie Dieu que ma lettre citoyenne, celle du citoyen du Maghreb auquel je crois et que j’affectionne comme la prunelle de mes yeux, exorcise les quant-à-soi et les aveuglements politiciens, dont nos peuples se lassent de plus en plus. Je vous souhaite force et longue vie pour que vous conduisiez votre pays vers cette grande réconciliation intermaghrébine que j’appelle de mes vœux. 
    *Professeur émérite de l’Université de Picardie Jules Verne
  • Frémissements autour d’un conflit vieux de 40 ans

    Hocine Adryen
    Les dernières déclarations du SG de l’ONU, Ban Ki-moon dans les camps de Tindouf et à Alger, et qui ont irrité lesautorités marocaines, n’ont pas été prononcés à la légère comme semble l’indiquer le gouvernement marocain.
    Le refus catégorique du SG de l’ONU d’assouplir ses postions vis-à-vis du royaume ne serait pas anodin et ne résulterait pas d’un simple entêtement de sa part.
    Elles sont le fruit d’une réflexion profonde au sein du Conseil de sécurité et à leur tête les Etats Unis et la Grande-Bretagne, deux membres influents de cette institution. Ces deux pays, dit-on, expriment aujourd’hui des positions différentes avec le Maroc et seraient même favorables à une autre voie qui dépasserait la proposition d’autonomie proposée par celui-ci.
    Les deux capitales préparaient d’ailleurs un projet, une sorte de « troisième voie » qui serait plus que l’autonomie, moins que l’indépendance. Une solution portant la signature de Christopher Ross qui pourrait prendre la forme d’un fédéralisme plus ambitieux. Seulement, le Maroc refuse catégoriquement cette option.
    Autre coïncidence inquiétante pour le Maroc, les déclarations de Ban Ki-moon interviennent seulement un mois après le voyage de l’ambassadrice des Etats-Unis à Alger, dans les camps des refugiés de Tindouf.
    La diplomate était accompagnée par Margaret Mckelvey, responsable Afrique auprès du Département d’Etat. Après l’épisode d’avril 2013, une nouvelle crise entre les Etats-Unis et le Maroc est née du fait de l’expulsion du personnel de la Minurso.
    A l’époque, les services de John Kerry avaient soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution proposant d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Une chose que le Maroc avait réussi à éviter grâce aux concours de ses relais au Pentagone, au lobby juif aux Etats-Unis, à l’Arabie Saoudite, à l’Espagne et à la Russie. Aujourd’hui, la donne a complètement changé.
    La visite de John Kerry à Alger au début du mois d’avril, même si sur le plan officiel, elle prend les contours d’un voyage dédié exclusivement aux affaires commerciales et économiques entre les deux pays, sera le moment idéal pour mettre sur la table la fameuse proposition de Christopher Ross.
    Avec le départ de la Minurso de Laâyoune, territoire occupé par le Maroc, le mandat de celle-ci qui contient toujours l’objectif d’organiser un référendum d’autodétermination pour les Sahraouis, part en fumée. 
    D’ailleurs, le mandat a progressivement évolué vers l’assistance aux réfugiés, l’aide au développement économique et la désactivation des milliers de mines posées autour du mur de sable, qui continuent à faire des victimes chaque année. Il est d’ailleurs à noter que la Minurso est la seule mission de l’ONU au monde dont le mandat ne comprend pas de volet sur les droits de l’homme.
    L’ONU est donc incapable d’agir en cas de violation de part et d’autre, comme en 2013 lorsque six militants sahraouis avaient accusé la police marocaine de torture. Malgré de lourdes critiques à l’intérieur de l’ONU sur ce point, la possibilité d’une introduction des droits de l’homme dans la mission de la Minurso est bloquée par la France avec son droit de veto, pour le compte de son allié marocain.
  • Actualités : Sahara Occidental Le Congrès américain épingle le Maroc

    Les camouflets diplomatiques pleuvent sur le Maroc. Le dernier en date lui parvient des Etats-Unis où le très influent Congrès a consacré, mercredi dernier, une séance spéciale sur la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Le «hearing», à savoir l’audition en question, a carrément épinglé Rabat sur la question sahraouie, accusant ce dernier d’entretenir «la confusion sur la position américaine concernant le conflit».
    Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Au cours de cette même audition, coprésidée par un sénateur démocrate et un autre républicain, et à laquelle ont pris part, comme le veut la tradition aux États-Unis, des organisations des droits de l’Homme, des journalistes, la fondation Kennedy, etc., et selon des comptes-rendus parvenus de la capitale fédérale américaine, l’unanimité était imperturbable : le Maroc est une entité occupante d’un pays et d’un peuple, au mépris du droit international. le sénateur démocrate du Michigan , outré par les agitations marocaines de ces derniers jours, tenait même à rappeler, pour mettre fin à la confusion, que «les Etats-Unis n’ont jamais reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental». 
    Il dénoncera, par ailleurs, la réaction intempestive des autorités marocaines suite aux déclarations du secrétaire général des Nations-Unies, auquel elles reprochent d’avoir utilisé le terme , approprié du reste, «d’occupation». Le sénateur démocrate fera remarquer que ce qu’a déclaré le patron de l’ONU, en qualifiant la question, «d’occupation», qu’il ne «s’agit que de la réalité». Tous les participants à la séance de mercredi dernier ont, par ailleurs, exprimé leur soutien total «à M. Ban Ki-moon, en tant que représentant d’une institution». Ils ne manqueront pas également de «lancer un appel aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, particulièrement la France, pour appuyer les efforts du secrétaire général, Ban Ki-moon et de son envoyé personnel Christopher Ross en vue de relancer le processus de négociations entre les parties au conflit». 
    Aussi, le Congrès américain n’a négligé aucun détail de la question globale de cette question sahraouie.
    Cela va des droits de l’Homme, au droit du peuple sahraoui à son autodétermination, c’est-à-dire à son droit à l’indépendance, en passant par la dénonciation du Makhzen qui s’adonne, sans vergogne, au pillage systématique des richesse d’un peuple occupé.
    Les membres du Congrès ont ainsi loué les décisions de la Cour de justice européenne qui a ébranlé les autorités marocaines ainsi que le «rôle positif joué par l’Union africaine». 
    Enfin, les deux co-présidents de la séance spéciale du Congrès se sont engagés à user de tous leurs efforts en vue d’exercer leurs pressions sur l’administration américaine et la communauté internationale «afin de protéger tous les droits du peuple sahraoui, notamment le droit à l’autodétermination». 
    Cette sortie du très influent Congrès américain s’ajoute à une série d’autres revers diplomatiques essuyés par la monarchie colonisatrice qui, depuis son agression de 1975 et sa honteuse «marche verte», n’arrive toujours pas à trouver un seul pays à reconnaître son hold-up sur un peuple isolé. 
    En dehors, bien sûr, de la France dont tous les dirigeants , de droite comme de gauche, disposent de résidences luxueuses à Marrakech gratuitement offertes par le monarque alaouite et des moyenâgeuses monarchies du Golfe comme l’Arabie Saoudite .
    K. A.
  • Sahara Occidental: Le Conseil de sécurité rappelle à l’ordre le Maroc et ses alliés

    par Yazid Alilat
    Nouveau rappel à l’ordre autant aux autorités marocaines d’occupation qu’à leurs alliés sur le dossier pendant de la décolonisation du Sahara Occidental. 
    Après le geste grave du Maroc d’expulser une grande partie du personnel de la Mi nurso et de suspendre sa contribution financière pour son fonctionnement, en réaction à un simple rappel du SG de l’ONU pour la relance du processus de paix dans la région, le Conseil de sécurité a appelé pour le retour ‘’au fonctionnement normal » de la mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental. C’est jeudi que le Conseil de sécurité a lancé son appel, sinon son souhait pour que la Minurso «puisse recommencer à fonctionner pleinement». Les 15 membres du Conseil ont préconisé lors de leur réunion le règlement «de manière constructive et complète et par la coopération» de la crise entre le Maroc et l’ONU, née des manœuvres dilatoires et provocatrices de Rabat contre la personne du SG de l’instance onusienne et ses efforts de sortir le dossier du Sahara Occidental de 24 années de l’impasse dans laquelle il a été mis par le Maroc. En outre, les mesures de rétorsion de Rabat risquent, selon l’ONU, de rendre bientôt cette mission, forte de 500 hommes, civils et militaires, incapable de remplir le mandat que le Conseil lui a confié en 1991. A l’issue de trois heures de discussions, le président du Conseil pour le mois de mars, l’ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins, a indiqué que les pays du Conseil «ont exprimé une grave inquiétude» face à cette situation et ils ont rappelé que les 16 missions de la paix de l’ONU dans le monde sont déployées sur instruction du Conseil «pour mener à bien des tâches cruciales». Mais l’ambassadeur s’est contenté d’indiquer que les contacts bilatéraux avec Rabat allaient continuer. «Nous sommes inquiets et c’est un problème qu’il faut résoudre», a-t-il expliqué. «L’expression du Conseil de sécurité est résolument constructive», estime l’ambassadeur français François Delattre. Quant au représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, il a salué le fait que le Conseil ait appelé au retour au fonctionnement normal de la Minurso. Ahmed Boukhari rappelle cependant que le conseil de sécurité n’a pas «adressé un message plus fort aux Marocains, qui sont les principaux responsables de cette situation». Mercredi dernier, un responsable de l’ONU avait même accusé, devant des journalistes, le Maroc de violer la Charte de l’ONU et de lancer «un défi direct au Conseil de sécurité». La Minurso avait été, rappelle-t-on, mandatée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu et préparer un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, occupé en 1975 par le Maroc après le retrait de l’Espagne du territoire. Tous les efforts de l’ONU pour organiser un référendum d’autodétermination pour ce territoire non autonome ont été bloqués par le Maroc, avec l’appui de certains membres permanents du Conseil de sécurité. L’appel de M. Ban Ki-Moon à l’issue de sa tournée fin février dernier dans les territoires sahraouis libérés et aux camps de réfugiés pour la relance de la médiation de l’ONU, dans l’impasse depuis de nombreuses années, et notamment l’organisation d’un référendum à travers une reprise des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario avait provoqué la colère de Rabat, rappelle-t-on. 
    Droits de l’homme en bandoulière 
    A la veille de la réunion du Conseil, des membres du Congrès américain ont rappelé que les Etats-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et le considèrent comme «un territoire non autonome en attente de décolonisation». ‘’Tom Lantos », la commission des droits de l’homme du Congrès américain, a, lors d’une audience mercredi au siège du Congrès marquée par la présence de personnalités politiques américaines, de membres d’ONG des droits de l’homme dont Human Rights Watch, et d’ancien responsables de la Minurso, a levé toute équivoque sur la position du gouvernement américain à l’égard de la question sahraouie. «Nous devons être clairs, les Etats-Unis n’ont reconnu la souveraineté d’aucun Etat sur les territoires du Sahara occidental qu’ils considèrent plutôt comme un territoire non autonome en attente de décolonisation», a déclaré le démocrate John Conyers, durant cette première audience tenue par cette commission sur le Sahara Occidental. Il a également rappelé les positions des officiels américains dont l’ex-secrétaire d’état James Baker, qui a renoncé à poursuivre sa médiation au Sahara Occidental après le refus du Maroc de s’aligner sur son plan prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui. Le représentant de l’Etat de Michigan au Congrès a, par ailleurs, indiqué que les dernières mesures du Maroc visant à pervertir la Minurso a donné l’occasion au gouvernement américain et aux autres membres du Conseil de sécurité de confirmer «les objectifs inavoués du Maroc, qui cherche une solution au conflit en dehors du cadre des Nations Unies». Il a appelé par ailleurs son gouvernement à appuyer au Conseil de sécurité la proposition de doter la Minurso d’un mandat de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental. Car pour James Mc Govern, coprésident de la commission Tom Lantos,’»en dépit des relations qui lient les Etats-Unis au Maroc, le respect des droits de l’homme doit primer sur tout autre intérêt car ce principe représente un élément essentiel dans le maintien de la sécurité dans la région», appelant les autorités marocaines à autoriser les observateurs des droits de l’homme des Nations Unies à accéder sans restrictions aux territoires sahraouis occupés et à libérer les prisonniers politiques du Front Polisario. Il a également rappelé que ‘’les enquêtes sur les violations des droits de l’homme dans les territoires occupés sont rendues difficiles en raison des restrictions imposées aux ONG et à la presse», par les autorités d’occupation, relevant le rôle humanitaire de l’Algérie qui a accueilli ‘’des milliers de réfugiés sahraouis ayant fui leur territoire pour échapper aux affres des violences exercées par les autorités marocaines. » ‘’La tenue de cette audition intervient à un moment très critique pour le peuple du Sahara Occidental et pour la mission de la Minurso, visée par une attitude négative de la part du Maroc », relève de son côté le républicain Joseph Pitts, estimant que le Conseil de sécurité, qui va reconduire le mandat de la Minurso le mois prochain, est ‘’appelé à renforcer la surveillance des droits de l’Homme dans ces territoires. » Enfin, la présidente de la Fondation Kennedy, Kerry kennedy, a accusé le Maroc d’avoir dépensé 3,1 millions de dollars aux Etats-Unis en 2014 pour des opérations de lobbying visant à améliorer son image ternie par les violations quotidiennes des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. ‘’Contrairement aux obstacles qu’il dresse aux enquêtes sur les droits de l’homme, le Maroc a agressivement dépensé rien qu’aux Etats-Unis 3,1 millions de dollars en 2014 dans le lobbying et les relations publiques », rappelant, elle également, que le Maroc empêche toujours les défenseurs des droits de l’homme au niveau local de recenser les dépassements et les violations des droits de l’homme. Au cours des deux dernières années, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’homme a recensé 56 arrestations arbitraires, 50 cas d’abus commis contre des prisonniers politiques, 84 violations des droits politiques et 31 autres cas de restriction à la liberté de mouvement. «Nous sommes convaincus qu’il est dans l’intérêt des Etats-Unis de soutenir les droits du peuple sahraoui, y compris son droit à l’autodétermination», a-t-elle souligné.
  • Sahara occidental : Le Congrès américain fait le procès du Maroc

    Un débat houleux a eu lieu, mercredi dernier, au Congrès américain, au sujet des droits de l’Homme au Sahara. Il s’agit d’une séance de hearing, organisée par la Commission des droits de l’Homme. 
    La tenue de cette séance publique a été annoncée il y a au moins une semaine. Et l’annonce de cette séance, il faut bien le préciser, a été faite alors que la crise entre le SG de l’ONU et les autorités marocaines atteignait des sommets, suite aux dérapages de Ban Ki-moon, le 5 mars à Tindouf, qualifiant d’«occupation» la présence marocaine au Sahara. 
    L’objectif de la réunion est de mettre toute la lumière sur la situation des droits de l’Homme au Sahara. S’appuyant sur un rapport du Département d’Etat, les organisateurs égrènent dans leur texte les entraves des autorités marocaines aux « libertés d’expression », aux « rassemblements » et à la « création d’association ». Ils pointent également les nombreuses expulsions par le royaume de personnes « observateurs des droits de l’Homme ». 
    L’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme dans la région, a également été au menu de la réunion. Les participants à l’audition ont examinés si le Haut-commissariat aux droits de l’Homme, relevant de l’ONU, peut jouer un rôle dans l’observation de cette question. Une proposition que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon avait déjà suggéré dans son rapport de 2014. Lorsqu’il avait plaidé pour l’instauration d’un « mécanisme de surveillance des droits humains soutenu, indépendant et impartial » au Sahara. 
    Cette réunion au congrès américain sur le Sahara a été animée par des personnalités connues pour défendre les thèses du Polisario aux Etats-Unis et ailleurs. Il s’agit de Kerry Kennedy, la présidente du Centre Robert Kennedy des droits de l’Homme, Eric Goldstein, de Human Rights Watch, Erik Hagen, un membre de l’ONG Western Sahara Resource Watch. Francesco Bastagli, ancien représentant spécial pour le Sahara occidental de septembre 2005 à février 2007, sera également auditionné. Il occupe actuellement les fonctions de chef de la Mission de l’Union européenne à la frontière entre la Moldavie et l’Ukraine .
    B. S.
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