Mois : février 2016

  • Khadija Ryadi: «Au Maroc, la lutte contre le terrorisme est utilisée pour opprimer les dissidents»

    Khadija Ryadi lors d’une manifestation du Mouvement
    20-Février à Rabat, le 24 avril 2011 © Ilhem Rachidi
    Depuis trois ans, une répression silencieuse cible de nombreux activistes et journalistes au Maroc. Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’Association marocaine des droits humains, dresse un bilan extrêmement critique de l’évolution récente du Maroc.
    Rabat, Maroc, de notre correspondante. – Depuis maintenant trois ans, une répression silencieuse cible de nombreux activistes et journalistes au Maroc. Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’une des organisations les plus influentes du monde arabe, et prix des Nations unies pour les droits de l’homme en 2013, dresse un bilan extrêmement critique de l’évolution récente du Maroc. Elle revient sur un nouveau tour de vis sécuritaire annoncé en 2014 devant le parlement par le ministre de l’intérieur, qui accusait les ONG de défense des droits de l’homme de servir des agendas extérieurs et d’affaiblir la lutte contre le terrorisme. Une lutte instrumentalisée, selon elle, pour réduire au silence les associations trop critiques et opprimer les dissidents.
    Une manifestation d’enseignants stagiaires a été violemment réprimée le 7 janvier dernier. Ce dimanche 24, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à leurs côtés. Comment expliquez-vous d’un côté, la réaction de l’État, et de l’autre, cette forte mobilisation qui a suivi ?
    Khadija Ryadi. Cette réaction de l’État est une façon de dire au citoyen que ça ne sert à rien de lutter, de militer, de revendiquer, de s’organiser ; une façon de dire que ce sont des choses qui ne vont causer que de la violence, la répression, et qui ne servent à rien. Déjà, les étudiants de médecine sont arrivés par la lutte, la solidarité et les manifestations à atteindre leurs objectifs et ils ont fait reculer le gouvernement sur le projet qu’ils critiquaient. C’est une victoire et l’État a peur d’une victoire d’autres groupes sociaux qui s’organisent et qui militent. Les jeunes sont convaincus de leur cause, les professeurs stagiaires sont organisés. Pour eux, c’est une lutte essentielle. C’est leur avenir, leur vie. Ils sont prêts à tout donner pour l’annulation de ces deux circulaires. Et il y a une grande solidarité dans la société : les syndicats, les organisations de droits humains. Tout le monde s’est solidarisé et ça les encourage. Ils ne se sentent pas seuls.
    Alors que la menace terroriste est omniprésente, craignez-vous une nouvelle vague de détentions et une régression des droits humains similaire à celle de l’après 16 mai 2003 (cinq attaques simultanées à Casablanca avaient fait une quarantaine de victimes) ?
    Nous assistons à une régression au niveau des libertés et des droits de l’homme au Maroc et pas seulement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme est instrumentalisée, puisque il y a un an et demi, le ministre l’intérieur avait déclaré au parlement que les ONG de droits humains entravaient les efforts dans la lutte contre le terrorisme. Il a aussi lié cela [leurs activités] à un agenda extérieur. 
    Cette lutte contre le terrorisme n’est pas en elle-même source de violation des droits humains, comme on l’a vu en 2003 [au lendemain des attentats du 16 mai, une vague d’arrestations avait eu lieu – ndlr] et depuis. Ce discours de lutte contre le terrorisme est instrumentalisé pour entraver des associations qui ne sont pas tolérées, qui sont un peu trop critiques, dont les rapports ont une influence au niveau international ou qui mettent le doigt sur les lacunes dans les engagements pris par le Maroc. 
    Non seulement il y a une dégradation des libertés dans le cadre de cette lutte contre le terrorisme comme en Europe, aux États-Unis, partout dans le monde, mais cette lutte est utilisée pour opprimer les dissidents. Depuis le discours du ministre de l’intérieur, l’AMDH n’a plus la possibilité d’avoir accès à une salle publique. On a recensé plus de 150 activités interdites et je le dis aussi au nom du réseau que je coordonne, le Réseau des associations victimes d’interdictions (RAVI), qui s’est constitué suite à cette vague de répression du droit à la réunion. L’AMDH a pourtant déposé plainte contre l’administration et elle a eu gain de cause dans tous les cas où elle a déposé plainte devant le tribunal administratif et dans différentes régions du Maroc. Et pourtant, ça continue. 
    Des activistes sont jugés dans le cadre de cette dégradation des libertés, notamment l’historien Maati Mounjib et six autres activistes membres d’ONG que les autorités n’arrivent pas à accepter. En février 2015, le siège de l’AMDH a été envahi par une quarantaine de policiers, en infraction totale des procédures en vigueur. Ils ont tabassé la personne qui était sur place. Même pendant les années de plomb, le local de l’AMDH n’a jamais été envahi par la police. On a vu des arrestations, des interdictions de membres du bureau de l’AMDH mais jamais une décision d’envahir le local de l’AMDH.
    Quel regard portez-vous sur ce que certains observateurs perçoivent comme un possible début de régression des droits humains en France au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris ? Quel parallèle faites-vous entre ce qui se passe ici et là-bas ? 
    Il y a une vague de dégradation du respect des libertés depuis 2001. Des lois liberticides ont été mises en place aux États-Unis et maintenant il y a l’état d’urgence en France. Des pratiques reviennent : le non-respect des procédures, une utilisation de la force exagérée, l’interdiction de manifestations en France, par exemple. Bien avant les attentats de novembre, une marche pour la Palestine a été interdite. C’est donc une ambiance générale qui, depuis 2001, s’installe de plus en plus. Et la lutte antiterroriste est instrumentalisée parce que je m’interroge sur le fait que ces hommes politiques, qui ont tout ce savoir et cette expérience, ne puissent pas comprendre que la lutte contre le terrorisme n’est pas seulement sécuritaire. Il faut se pencher sur toutes les causes de ce phénomène qui touche beaucoup de pays. Ne peuvent-ils pas comprendre que le fait d’utiliser seulement le sécuritaire ne peut pas mettre fin au terrorisme ?
    Les Marocains partis combattre en Syrie seraient au moins 1 500. Comment expliquez-vous l’engouement de ces jeunes pour Daech et la progression de cet “esprit Daech” chez certains Marocains qui justifient leurs actions, ou du moins ne s’y opposent pas clairement ?
    C’est toute une histoire. Peut-être que d’autres pays ont connu ça. Mais dans le Maroc des années 1970 et 1980, il y avait une grande présence des forces progressistes. La gauche était forte, elle avait sa place dans l’échiquier politique, elle avait son influence au sein de la jeunesse. Des organisations fortes existaient, y compris l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM), les syndicats des élèves, ainsi que d’autres syndicats qui étaient forts et qui formaient des élites progressistes. Tout cela dérangeait le régime. Parmi les moyens qu’il a utilisés pour affaiblir cette opposition de gauche, il y avait non seulement les disparitions forcées, la prison, mais aussi l’utilisation de la droite islamiste et l’encouragement des partis islamistes. L’argent entrait et parvient encore des pays du Golfe pour mettre en place des associations de quartiers, des maisons de jeunes. Le régime a fermé les yeux sur la violence et les crimes que ces courants islamistes ont perpétrés contre les militants de gauche. Des militants ont été tués par les courants islamistes. Il y a eu des meurtres, celui de Omar Benjeloun, de Mohamed Aït Ljid Benaïssa, de Maati Boumli. Tout cela sans compter la modification des ouvrages scolaires et l’annulation de la philosophie à la faculté de lettres pour réduire les espaces où l’esprit critique s’apprend. Dans les programmes de télévision aussi, il y a eu des changements. Un programme idéologique a donc été mis en place pour donner au citoyen cet esprit Daech, extrémiste. On a aussi ouvert les portes des mosquées aux courants extrémistes et à des prêcheurs violents. Les autorités ont encouragé ces gens à utiliser les mosquées pour divulguer des discours extrémistes. Tout cela fait partie d’une politique de l’État pour affaiblir la gauche et nous en vivons les conséquences. Même s’il est vrai que depuis 2003, le Maroc a essayé de changer les choses parce que les attentats ont secoué le Maroc. Par exemple, les écoles ont été ouvertes aux ONG de droits humains afin de véhiculer d’autres valeurs. Mais il n’y a pas eu une révision réelle de cette politique.
    Plusieurs cas d’anciens détenus de l’après 16 mai 2003 qui ont rejoint Daech ont été documentés, dans la presse notamment. Parmi eux, certains auraient été victimes de procès inéquitables et de violation de droits humains. Quel rôle cela a-t-il pu jouer dans leur départ pour Daech, d’après vous ?
    Il y a un problème au Maroc : c’est le droit à l’information. On ne sait pas réellement ce qui se passe. Les avocats ne sont pas toujours présents lorsque les personnes sont arrêtées. Les journalistes qui font de l’investigation ne sont pas bien accueillis au Maroc. Ils ont des problèmes, leurs journaux connaissent des problèmes. Ils sont réprimés d’une façon ou d’une autre. Je ne peux donc pas donner de chiffres mais parler de dossiers que nous avons suivis en tant que défenseurs des droits de l’homme. Il y a des cas de personnes qui se sont retrouvées en prison suite à des procès inéquitables, ou en tout cas il n’y avait aucune preuve qu’ils faisaient partie de courants violents. Mais lorsqu’ils sont sortis, ils sont devenus violents parce qu’ils ont été encadrés dans les prisons par des personnes qui prêchaient pour la violence. Je ne justifie pas le fait qu’ils soient devenus violents mais j’explique les raisons qui font qu’ils se retrouvent dans des réseaux. Ils sont encadrés, endoctrinés au sein de la prison. Et la prison ne joue pas son rôle de réintégration. 
    Le Maroc a une image relativement positive à l’étranger, surtout lorsqu’on le compare à ses voisins en difficultés depuis 2011. Quel bilan du « printemps arabe » y dressez-vous ?
    C’est vrai que le Maroc a toujours travaillé son image. Et il est prêt à tout pour soigner cette image, y compris avoir des amis dans les instances qui vont davantage la soigner. Les documents du hacker Chris Coleman montrent bien quelles sont les méthodes utilisées par le Maroc pour avoir cette image-là. Il y a aussi cette comparaison avec les autres pays de la région. 
    Les indicateurs au niveau de la région montrent que beaucoup de pays sont mieux classés, notamment la Mauritanie, pour la liberté d’expression. Il y a aussi les indicateurs de droits des femmes annoncés par le Sommet économique mondial où le Maroc est classé parmi les dix derniers pays qui offrent l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Pour le développement humain, le Maroc est 126e. Donc cette image qu’il soigne et qu’il essaie de montrer comme étant bonne, les indicateurs ne la reflètent pas. Avec cette vague de répression contre les défenseurs de droits humains lancée ces derniers mois, les rapports des ONG internationales ont beaucoup changé. Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme, la FIDH, Amnesty International dans son rapport sur la torture en 2015, Human Rights Watch, ont émis des rapports très critiques sur le Maroc. Maintenant, même les ONG internationales ont des problèmes avec le Maroc. Deux enquêteurs d’Amnesty International ont été expulsés. Human Rights Watch n’est plus acceptée. La représentante de la Fondation Friedrich Naumann a été forcée de quitter le Maroc. Les ONG internationales ont du mal à travailler au Maroc. Même s’ils soignent cette image, ça ne peut pas durer. Et les pays européens défendent leurs intérêts et ferment les yeux sur ces violations. Ils savent que tout cela est une fausse image mais ils continuent à ne pas faire pression sur le Maroc parce qu’ils ont des intérêts communs. Ils ferment aussi les yeux sur la répression des migrants parce que ça les arrange. Ils ont besoin des services du Maroc dans la lutte antiterroriste. Ils ferment les yeux sur les abus des autorités parce qu’ils en profitent. 
    La transition démocratique fait-elle partie du passé ?
    Même ceux qui ont toujours parlé de la transition sont de plus en plus convaincus qu’il n’y en a pas eu. On parle de démocratisation du Maroc depuis les années 1970. Les indicateurs, comme je le disais précédemment, montrent qu’il n’y a pas de démocratie, que l’on travaille plus sur l’image. Il y a beaucoup de discours mais au niveau de l’impact des mesures prises et des politiques pour les libertés et les droits humains, la réalité montre que nous sommes loin d’une démocratie et loin d’une volonté politique pour mettre en place les bases d’un État de droit. Même dans la nouvelle Constitution, qui a été saluée partout, il n’y a aucune base pour un véritable État de droit. La base de la démocratie, c’est la séparation des pouvoirs. Elle n’est pas acquise au niveau de la Constitution. La monarchie continue à être omniprésente. Le roi préside un ensemble d’institutions exécutives, législatives, religieuses, sécuritaires. On a attendu que le rapport de forces soit de nouveau en faveur des autorités pour sortir les lois organiques et on est en train de sortir des lois qui sont en contradiction avec la Constitution. Par exemple, le droit de l’information est une chose acquise dans la Constitution (article 27), mais on ne voit pas la concrétisation de ce droit au niveau des lois puisqu’il le projet de loi en cours de préparation contient énormément de conditions pour avoir accès à l’information. Une association qui forme des journalistes d’investigation a d’ailleurs des problèmes avec les autorités. On ne veut donc pas de journalisme qui permette au citoyen d’avoir accès à l’information. 
    Vous militez depuis maintenant vingt-cinq ans. Vous avez reçu le prix des Nations unies pour les droits de l’homme, une véritable consécration. Mais au Maroc, vous avez subi la diffamation, la violence parfois, lors de manifestations. Avez-vous parfois envie de laisser tomber ? 
    Non, ça jamais ! Tout d’abord, il faut dire qu’être victime de diffamation, c’est une nouvelle forme de répression dont je ne suis pas la seule victime. Un ensemble d’activistes en sont victimes. Il y a des organes de presse qui ne travaillent que sur ça. Ils sont spécialisés dans ce genre d’articles. Tout le monde les connaît. Je ne laisserai jamais tomber. C’est un devoir de militer pour les libertés dans son pays. C’est un devoir de citoyen.
    Que pensez-vous avoir accompli en tant que militante ?
    Je crois que l’on n’est jamais satisfait de ce que l’on fait quand on est militant. On pense toujours qu’on aurait pu faire mieux, qu’on devait faire encore plus. Mais je crois que le fait d’avoir contribué en tant que militante et présidente avec tous les militants à bâtir une ONG comme celle-là, c’est très valorisant. On sent qu’on a fait quelque chose pour notre pays. Un journaliste avait dit : « Comment peut-on imaginer le Maroc sans l’AMDH ? » Ce n’est pas pour dire que c’est la seule ONG qui milite au Maroc. Mais l’avoir bâtie et surtout avoir contribué à encourager les jeunes à militer dans une conjoncture où la jeunesse est très loin de l’action politique, l’action organisée, et voir cette jeunesse à l’avant-garde du Mouvement 20-Février… On est fiers de ce travail.
  • Panique à Rabat : le Makhzen veut coûte que coûte empêcher la visite de Ban Ki-moon à Laâyoune

    Algeriepatriotique a appris de sources sûres que le Maroc a essayé de faire pression sur le secrétaire général de l’ONU pour l’amener à reporter son projet de visite dans la région. Ce déplacement est prévu pour le mois de mars. 
    Le ministre marocain des Affaires étrangères s’est déplacé à Londres, dans le cadre de la conférence des donateurs sur la Syrie, où il a remis à Ban Ki-moon une lettre du roi du Maroc, Mohammed VI, dans laquelle il appelle le secrétaire général de l’ONU à reporter son déplacement au «Maroc», en faisant sciemment l’impasse sur le projet de Ban Ki-moon de visiter également les territoires sahraouis occupés, ont indiqué nos sources. 
    Le Makhzen veut absolument éviter que cette visite puisse intervenir avant la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU prévue en avril pour la reconduction de la Minurso et, éventuellement, que le secrétaire général de l’ONU puisse se rendre à Laâyoune, dans les territoires sahraouis occupés. «En effet, expliquent nos sources, le rapport de cette visite in situ pourrait se révéler explosif pour les tenants de la thèse de l’autonomie et le secrétaire général de l’ONU pourrait être tenté d’imputer clairement la responsabilité au Maroc dans l’impasse actuelle et le fait que ce pays sape systématiquement les efforts de l’envoyé personnel Christopher Ross». 
    Il convient de relever la fermeté du secrétaire général de l’ONU qui a sèchement répliqué au ministre marocain des Affaires étrangères, Salah-Eddine Mezouar, qu’il était décidé à maintenir son déplacement dans la région en mars prochain comme convenu. Un sentiment de panique s’est, depuis, emparé du Makhzen qui a décidé de dépêcher en catastrophe des émissaires pour bloquer le projet de Ban Ki-moon qui a décidé de se rendre uniquement à Tindouf si le Maroc refusait son déplacement à Laâyoune. 
    Nos sources révèlent, par ailleurs, que c’est dans ce cadre que la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, a été dépêchée «en toute urgence» à Washington et que le roi Mohammed VI se déplacera mercredi prochain à Paris, où il compte des sujets au sein du gouvernement Valls, pour tenter de faire obstruction à la visite du secrétaire général de l’ONU. 
    Pour «noyer» cette visite et la dévier de son véritable objectif lié au conflit du Sahara Occidental, Rabat suggère qu’elle ait lieu en marge du prochain sommet arabe prévu au Maroc.
    Karim Bouali
  • Moroccoleaks : Communiqué sur la décision du gouvernement hollandais de dénoncer la Convention générale de sécurité sociale

    Communiqué
    A la suite d’informations parues dans la presse néerlandaise selon lesquelles le Gouvernement des Pays Bas envisage de dénoncer la Convention générale de sécurité sociale conclue entre les deux pays le 14.02.1972, Monsieur Salheddine Mezour, Ministre des Affaires étrangères et de la coopération a eu des entretiens téléphoniques respectivement avec MM. Frans Timmermans, Ministre des affaire étrangères des Pays Bas et Lodewijk Frans Asscher, Ministre des affaires sociales et de l’emploi.
    L’entretien a porté principalement sur la décision de dénonciation du gouvernement néerlandais de cette convention. Monsieur le Ministre a fait part à cette occasion aux deux responsables néerlandais de la position du gouvernement du Royaume du Maroc qui déplore profondément cette décision et qu’il rejette totalement dans la forme et dans le fond. 
    Il a ajouté qu’il est regrettable que cette décision soit prise de façon unilatérale, sans concertation avec les autorités marocaines concernée et sans qu’elle leur soit communiquée par les voies appropriées.
    Le Maroc demeure dans l’incompréhension face à la nature disproportionnée de cette décision, à son caractère prématuré et à ses effets fort discriminants à l’endroit du Royaume et dommageables à l’égard des travailleurs marocains résident aux Pays-Bas.
    Aussi, le Maroc s’interroge-t-il sur la latitude des Pays Bas de dénoncer un instrument juridique en bloc, du seul fait de difficultés supposées ou avérées dans sa mise en œuvre, et avant même que des efforts probant aient été déployés pour en venir à bout.
    Le Royaume du Maroc s’étonne que le choix du Gouvernement des Pays Bas se soit porté à-priori sur la dénonciation de la Convention, là où la densité et l’ancienneté des relations entre les deux Royaumes plaident pour privilégier non pas l’option de la rupture mais celle qui a toujours prévalu dans nos relations bilatérales, celle de la responsabilité. Celle-ci est en l’occurrence le choix de la coopération, du dialogue et du règlement amiable des divergences, que les parties ont le devoir d’épuiser préalablement, conformément à l’esprit et à la lettre de la Convention et en harmonie avec les principes universels du Droit et les prescriptions élémentaires des relations amicales entre les Nations. 
    Cet acte de dénonciation, rare dans les relations internationales et sans précédant dans nos relations bilatérales, est souvent assimilé à une attitude inamicale
    Il est envisagé alors que le Royaume du Maroc et l’Union européenne ont engagé des discussions dans divers domaines importants de coopération dans la cadre de la mise en œuvre du Statut avancé.
    Cette décision est d’autant plus regrettable qu’elle intervient à un moment où nos relations connaissent un dynamisme positif marqué notamment par le renforcement du dialogue politique, la volonté partagé développer nos relations économique et culturelle, la concertation constante au niveau des instances internationales et par la commémoration, ces dernières années du 400eme anniversaire des établissements des relations diplomatiques et du premier traité commerciale entre nos deux pays.
  • Moroccoleaks : Note sur la visite d’Etat du Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz en Algérie du 10 au 14 Décembre 2011

    Note 
    Monsieur le Secrétaire Général 
    Objet : La visite d’Etat du Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz en Algérie du 10 au 14 Décembre 2011. 
    J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz a effectué une visite d’Etat en Algérie du 10 au 14 décembre 2011. Un communiqué de presse commun a été diffusé par l’Algérie Presse Service. Ci – après les éléments saillants du dit communiqué: 
     Concernant les relations Algéro – Mauritaniennes, cette visite s’inscrit dans le cadre de la tradition de dialogue et de concertation entre les dirigeants des deux pays visant le renforcement des liens fraternels et des relations de coopération séculaires entre l’Algérie et la Mauritanie. 
     Evoquant l’Union du Maghreb Arabe et les mutations intervenues dans les pays de la région, les deux chefs d’Etat ont exprimé leur volonté de redynamiser les institutions et structures de l’Union afin de consacrer les concepts de complémentarité et d’intégration économique entre les pays du Maghreb soulignant la corrélation existante entre les intérêts des pays de la région et ce projet civilisationnel. 
     En ce qui concerne la coopération sécuritaire, les présidents des deux pays ont exprimé leur satisfaction de la coopération dans le domaine sécuritaire, tant au niveau bilatéral qu’au sein des mécanismes communs mis en place par les « pays du champ » pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier. 
     S’agissant de la question du Sahara Marocain, les deux chefs d’Etat ont réitéré leur engagement à soutenir les démarches de l’Organisation des Nations Unies à parvenir à une solution juste, durable et acceptée par toutes les parties concernées. 
    Le Contenu de ce Communiqué appelle de la part de cette Direction les commentaires suivants : 
    1. Cette visite vient renforcer le rapprochement des deux régimes similaire afin de faire face à la menace révolutionnaire qui surgit actuellement au sein du Monde Arabe. 
    2. Cet alignement trouve sa justification plus particulièrement dans la zone maghrébine ou deux régimes civils et démocratiques vient de voir le jour et qui n’éprouve pas forcément de la sympathie envers Alger à cause de son soutien aux régimes déchus de Ben Ali et Kaddafi. 
    3. D’un point de vue géopolitique, la convergence Algéro – Mauritanienne sert deux objectifs: 
    – Serrer l’étau sur le Maroc et limiter son action vis-à-vis des « pays du champ ». 
    – Offrir à l’Algérie une issue de ventilation puisque son front Ouest, Nord, et dorénavant Est, sont tous occupés par des non – alliés.
  • Un autre exemple du traitement subi par les sénégalais au Maroc

    Terrible histoire de Bara Sow, un « modou modou » d’Italie mort accidentellement au Maroc …( Par Baye Diouf)
    L’histoire m’a été racontée par le propre frère du défunt à l’occurrence Amadou Sow avec qui il partageait le même domicile à Milan. Bara Sow puisque c’est de lui qu’il s’agit, établi à Milan depuis plus de 15 ans, était un commerçant d’objets d’art de la grande famille des Laobés qui sillonnait les différentes foires d’Italie. A chaque d’année, il achetait une voiture avec laquelle il revenait au bercail via la voie terrestre Espagne-Maroc-Mauritanie pour retrouver sa famille. Son dernier voyage, le 23 décembre 2015, lui sera fatal, après avoir fait un grave accident qui lui coutera la vie au Maroc.
    Après la campagne de la grande Foire de l’Artisanat de Milan de décembre 2015, Bara Sow investit une partie de son argent dans l’achat d’une belle voiture qu’il comptait revendre au Sénégal après avoir fait la pénible traversée de l’Espagne au Maroc en passant par la Mauritanie. Un procédé qu’utilisent bon nombre de nos compatriotes depuis plus de 5 ans. Le 23/12/2015, il fait un accident contre un camion à Tan-Tan, 300km après Laâyoune et décéda de ses blessures. Les circonstances exactes de ses dernières secondes demeurent inconnues de ses proches. Toujours est-il que des sénégalais rencontrés dans le bateau au départ de Gênes en Italie avec qui il avait sympathisé et échangé des numéros de téléphone sont tombés quelques moments après devant le douloureux drame. Ils ont pu informer la famille. Au courant du décès de son frère, Amadou, de Milan, embarque le 25 décembre pour Casablanca avant de regagner Laâyoune avec l’aide d’un de ses cousins résidant au Maroc.
    Les péripéties du périple de Amadou Sow pour récupérer corps de son frère et procéder au transfert de celui-ci au Sénégal révèlent hélas une fois encore l’absence totale de la part de notre Etat d’une politique sérieuse de protection des sénégalais de l’extérieur. Et ce qu’Amadou nous a raconté est sérieusement grave et glace le sang. Abandonné à lui-même et sans la moindre assistance de nos autorités consulaires du Maroc, Amadou a affronté seul les autorités administratives et juridiques marocaines et le Consulat du Sénégal s’est limité à la simple délivrance d’un certificat de décès sans se déplacer vers les lieux et sans entrer en contact avec les autorités marocaines pour tirer au clair les conditions du décès de notre brave compatriote. Amadou a trouvé le corps de son frère à l’hôpital de Laâyoune situé à 300kms des lieux de l’accident, entièrement couvert dans ses habits initiaux ce qui prouve selon lui une absence totale de tentative de secours. Et les autorités de la gendarmerie de Tantan ayant procédé au constat et au transfert du corps à Laâyoune ont entièrement disparu et refusé les contacts avec Amadou, et de guerre lasse il s’est finalement adressé au Tribunal de la ville pour avoir le certificat et l’autorisation de récupérer le corps et de procéder à son transfert par avion via Casablanca.
    Le consulat du Sénégal à Casablanca s’étant simplement limité à la remise d’un certificat de décès et à la mise en contact avec une entreprise de transport funèbre, services qui ont couté à Amadou 3000 euros. Et toutes les affaires que Bara transportait avec lui, son argent personnel, un sac contenant les titres de propriété de nombreux terrains qu’il avait achetés au Sénégal, des sacs contenant des marchandises neuves et des habits neufs ont comme par miracle disparu et seul son passeport sénégalais et son permis de séjour italien. Et on comprend maintenant les motifs de manque de communication de la Gendarmerie de Tan-Tan, témoin physique et oculaire des derniers instants de la mort de Bara. Je vous laisse le soin d’imaginer ce qu’auraient dû être le véritable travail du consulat du Sénégal dans ce pays pour assister ses concitoyens émigrés.
    Au-delà de ce point capital, je conseille modestement à nos compatriotes d’éviter de prendre certains risques en voyageant en Afrique par la voie terrestre. Le jeu ne vaut pas la chandelle : « Intégration africaine », « Cedeao », « Unité africaine », « Parlement africain »…. tous ces mots-là ne sont que de la poudre jetée à la face de la jeunesse africaine. Aujourd’hui, « Les jeunes africains sont mieux traités en Europe qu’en Afrique”, pour paraphraser le Président Wade parlant des Burkinabés en Côte d’Ivoire. Et pourtant, c’est la triste réalité. On nous balance les discours diplomatiques genre “ les excellents rapports de solidarité qui existent entre le peuple marocain et le peuple sénégalais” et pendant ce temps les droits de nos compatriotes de l’extérieur sont bafoués. Ils meurent naturellement ou assassinés dans l’anonymat et dans le silence.
    WABITIMREW, 13/0272016
  • Moroccoleaks : Note sur la visite d’Etat du Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz en Algérie du 10 au 14 Décembre 2011.

    Note
    A
    Monsieur le Secrétaire Général
    Objet : La visite d’Etat du Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz en Algérie du 10 au 14 Décembre 2011.
    J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le Président Mauritanien M. Ould Abdelaziz a effectué une visite d’Etat en Algérie du 10 au 14 décembre 2011. Un communiqué de presse commun a été diffusé par l’Algérie Presse Service. Ci – après les éléments saillants du dit communiqué:
    Concernant les relations Algéro – Mauritaniennes, cette visite s’inscrit dans le cadre de la tradition de dialogue et de concertation entre les dirigeants des deux pays visant le renforcement des liens fraternels et des relations de coopération séculaires entre l’Algérie et la Mauritanie. 
    Evoquant l’Union du Maghreb Arabe et les mutations intervenues dans les pays de la région, les deux chefs d’Etat ont exprimé leur volonté de redynamiser les institutions et structures de l’Union afin de consacrer les concepts de complémentarité et d’intégration économique entre les pays du Maghreb soulignant la corrélation existante entre les intérêts des pays de la région et ce projet civilisationnel. 
    En ce qui concerne la coopération sécuritaire, les présidents des deux pays ont exprimé leur satisfaction de la coopération dans le domaine sécuritaire, tant au niveau bilatéral qu’au sein des mécanismes communs mis en place par les « pays du champ » pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier. 
    S’agissant de la question du Sahara Marocain, les deux chefs d’Etat ont réitéré leur engagement à soutenir les démarches de l’Organisation des Nations Unies à parvenir à une solution juste, durable et acceptée par toutes les parties concernées. 
    Le Contenu de ce Communiqué appelle de la part de cette Direction les commentaires suivants :
    Cette visite vient renforcer le rapprochement des deux régimes similaire afin de faire face à la menace révolutionnaire qui surgit actuellement au sein du Monde Arabe. 
    Cet alignement trouve sa justification plus particulièrement dans la zone maghrébine ou deux régimes civils et démocratiques vient de voir le jour et qui n’éprouve pas forcément de la sympathie envers Alger à cause de son soutien aux régimes déchus de Ben Ali et Kaddafi. 
    D’un point de vue géopolitique, la convergence Algéro – Mauritanienne sert deux objectifs: 
    – Serrer l’étau sur le Maroc et limiter son action vis-à-vis des « pays du champ ».
    – Offrir à l’Algérie une issue de ventilation puisque son front Ouest, Nord, et dorénavant Est, sont tous occupés par des non – alliés.
  • LA SUISSE REJETTE LES PRODUITS DU SAHARA OCCIDENTAL PILLÉS PAR LE MAROC

    « Exploiter des ressources naturelles au mépris des intérêts de la population autochtone, les Sahraouis, est contraire au droit international ». C’est aussi l’avis du Conseil fédéral suisse. La campagne helvétique contre le pillage des richesses du Sahara occidental par le Maroc promet un réveil des consciences, après 40 ans de spoliation coloniale inhumaine. De la neutralité à l’indignation nécessaire… Zoom.
    Le front de solidarité active au peuple sahraoui s’élargit malgré le lobbying marocain et celui de ses alliés traditionnels. Ces derniers jours, c’est au tour de la société civile de la Confédération suisse d’envoyer un message de réprobation à l’endroit du colonisateur. Il s’agit du boycott des produits agricoles provenant du Sahara occidental occupé.
    Des fruits étiquetés « Maroc », dans une vaine entreprise de camouflage de la spoliation des ressources du peuple sahraoui. La Suisse donne l’exemple, gageons que l’indignation va se propager chez tous les clients bernés par le Makhzen.
    Boycott des fruits volés
    Le communiqué de presse daté du 9 février dernier portant contact de l’Association pour un référendum libre et régulier au Sahara occidental et du Comité suisse de soutien au peuple sahraoui ne pouvait être plus explicite : « A partir de l’année prochaine, COOP n’importera plus ni de tomates ni de melons du Sahara occidental occupé par le Maroc. Le distributeur se retire ainsi d’une zone politique et écologiquement controversée ».
    Une décision qui ravit deux ONG, les quelles dénoncent depuis des années le subterfuge de Rabat qui falsifie l’origine géographique par un étiquetage mensonger. Terre des hommes et le comité suisse de soutien au peuple sahraoui se félicitent de ce sursaut de conscience dans le milieu des affaires.
    Contre le pillage du patrimoine d’un peuple colonisé depuis plus de 40 ans et contre l’exploitation de ressources hydriques non renouvelables puisque l’occupant n’hésite pas à utiliser de l’eau fossile pour irriguer les cultures, comme le souligne ledit communiqué.
    Il est à parier que l’engagement de COOP va sensibiliser nombre de négociants de la place helvétique réputée pour sa morale anticoloniale, qui va de pair avec la tradition de neutralité positive.
    Goût colonial amer
    En effet, plus qu’une sanction économique, l’embargo sur les produits pillés prend une dimension politique d’envergure parce qu’elle implique l’opinion publique internationale majoritairement opposée à la politique complice de leurs gouvernements quand ces derniers acceptent le fait accompli colonial.
    Un sondage effectué il y a quelques années par des militants de la cause palestinienne dans plusieurs pays d’Europe a montré, malgré la censure de certains médias, que les citoyens de ces pays étaient pour la plupart clairement en défaveur de l’importation vers leurs pays respectifs de fruits et légumes arrachés d’une terre confisquée par la violence à leurs propriétaires.
    Agrumes de Palestine martyrisée ou tomates cerise du Sahara occidental tyrannisé, les fruits exportés par les colons ont toujours un goût amer pour les populations du monde entier. Les Sahraouis ne cessent de dénoncer le pillage des ressources de leur territoire terrestre et maritime, les richesses halieutiques étant aussi exploitées abusivement par le royaume chérifien qui les brade dans une démarche de corruption honteuse de ses partenaires occidentaux.
    C’est donc une bataille symbolique qui vient d’être remportée chez les Suisses, en attendant la victoire finale sur l’occupation marocaine qui n’a que trop duré.
  • Federica Mogherini retire le filet de l’UE

    Après le voyage de Mohammed VI à Laâyoune occupée, Bruxelles installe un périmètre de sécurité avec le Maroc 
    Federica Mogherini retire le filet de l’UE
    De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
    Mohammed VI est à Laâyoune au Sahara occidental colonisé pour peser sur le rapport de force en vue de l’ouverture, prochaine et certaine, des négociations avec le Polisario. Bruxelles prend ses distances.
    En à peine quelques semaines, le roi du Maroc a effectué deux visites surmédiatisées au Sahara occidental colonisé. Très affaibli à l’international, à cause, justement, de son entêtement à vouloir imposer une marocanité à des territoires non-autonomes, relevant de la doctrine des Nations-Unies en matière de décolonisation. Pourtant, cette descente royale sur Laâyoune mérite, clairement, d’être analysée froidement.
    Autour du monarque marocain au palais royal à Rabat, deux lobbies présentaient des arguments pour ou contre aller à Laâyoune.
    C’est, paradoxalement, l’état-major de l’armée qui portait la thèse de l’éloignement de Mohammed VI de la gestion du dossier, en ces temps politiques «difficiles» et «incertains» sur la notion des «provinces du sud» (Sahara occidental, ndlr).
    Les militaires, au contact du réel, du concret, des réalités, savent, pertinemment, que les populations sahraouies des territoires occupés n’ont pas peur des bidasses marocaines en folie répressive folle. Appuyés par les rapports des renseignements, les chefs de l’armée conseillent au roi de faire de la politique, de gagner du temps, de tergiverser quitte à accepter de rencontrer des délégations du Polisario.
    Mohammed VI semblait, à l’évidence, convaincu par l’argumentaire de la caserne. Il charge deux de ses principaux conseillers de prendre langue, secrètement, avec des responsables de l’Union européenne pour leur faire part de la «volonté marocaine d’opter pour la sagesse» et de négocier avec le Polisario.
    Les Européens consultés restent, cependant, sceptiques et mettent en garde Rabat contre le louvoiement. «Une négociation, a précisé Federica Mogherini (numéro 2 de la Commission européenne et gestionnaire pour les 28 du dossier sahraoui, ndlr), est une négociation, il est dangereux et contre-productif de vouloir discuter en dehors des bases juridiques de l’ONU».
    La responsable des relations extérieures et de la sécurité commune de l’UE savait de quoi elle parlait. Et comment ! Les envoyés spéciaux de Mohammed VI avaient, effectivement, laissé entendre que les discussions avec le Polisario pouvaient avoir lieu mais en dehors de «toute pression».
    Comprendre, ne pas s’engager sur le plan de paix onusien, sur le principe du référendum d’autodétermination et sur le statut définitif du territoire.
    Federica Mogherini, Italienne chevronnée et évaluant les chances, nulles, de la doléance marocaine, oppose un non poli, néanmoins ferme, à Rabat.
    Le roi du Maroc sollicite, ensuite, Paris pour forcer la main à Alger et à Tifariti pour contribuer à la «nouvelle initiative de paix». Les Français refusent et disent à leurs interlocuteurs pourquoi. Ni les Sahraouis, ni les Algériens, ni aucun Etat au monde d’ailleurs ne s’aventureraient à «parrainer» une telle offre qui mènera vers l’impasse, pire, ranimera de vieux démons.
    L’Elysée et Matignon profitant de l’occasion pour signifier à l’officier du renseignement marocain, chargé par le roi de sonder Hollande et Valls sur l’affaire, de transmettre à son monarque le message à peu près suivant : «Il est temps pour le Maroc de penser, sérieusement, à régler le dossier sahraoui conformément au consensus international».
    Les Français précisent, ensuite, qu’ils n’opposeraient plus, dorénavant, leur «veto» à des résolutions contraignantes pour le Maroc sur le Sahara occidental.
    Après l’échec de cette option dite politique, les faucons civils dont les agents israéliens, montrent la voie, la seule qui vaille à leurs yeux, celle de l’intransigeance et du «Sahara marocain pour l’éternité», à l’image de «Jérusalem, capitale éternelle d’Israël». Mohammed VI colérique, sanguin, incapable de faire la part des choses, opte dès lors pour la fuite en avant.
    Mohammed VI travaille, dorénavant, comme un trapéziste sans filet. Attention à la chute…
  • Le cauchemar des prisons secrètes de l’expan«sioniste» marocain !

    Les forteresses prisons marocaines qui abritent des prisonniers derrière leurs murs sont synonymes de brutalité et de déchéance de la dignité humaine.
    Et partant, la plupart des prisonniers politiques sahraouis en savent quelque chose, eux qui ont été condamnés à des peines entre 15 et 24 ans de forteresse prison et dont les souvenirs sont gravés dans leur chair.
    Ces prisonniers sahraouis témoignent des tortures physiques et psychologiques qu’ils ont subies dans ces prisons ou les lieux de détention secrets du Makhzen.
    A l’exemple de Mohamed Dadach, ancien prisonnier politique d’El Ayoun, surnommé le Mandela sahraoui, condamné à mort, qui a passé près de 25 ans, enfermé dans une geôle sous terre, a été fortement ébranlé par les pratiques répressives, comme à beaucoup de ses compagnons d’infortune.
    Il nous relate son calvaire dans la prison de Kénitra quand il y est entré le 7 avril 1980, après sa condamnation à mort par le tribunal militaire de Rabat. Puis sa peine a été commuée à la prison à vie en 1994 où il y est resté jusqu’au 7 novembre 2001 à la suite de pressions de la part d’organisations internationales de droits de l’homme comme la Croix-Rouge et Amnesty International dont le président a visité la prison en 1989.
    Il a vécu le martyre dans une cellule d’un mètre carré environ, ne voyant le soleil qu’une heure par jour, vivant dans des souffrances psychologiques insoutenables car appréhendant son exécution d’un jour à l’autre comme une épée de Damoclès.
    En outre, le Makhzen les maintient au secret, lui et ses compagnons, n’ayant aucun contact avec l’extérieur, en sus d’être loin de leur famille à plus de 1500 km, ce qui engendre des souffrances psychologiques intenses en plus d’être torturés physiquement.
    Il ajoute que notre souffrance augmente de jour en jour en sachant que le Maroc ne veut en aucun cas permettre aux ONG des droits de l’homme d’intervenir en notre faveur et mener campagne avec nos familles pour nous libérer.
    En dépit de tout ce qu’il a subi, il continue son combat pour les droits de l’homme et les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination et la libération des territoires occupés par le Maroc expan«sioniste» et à défendre le groupe de Gdim Izik, à leur tête le militant Laâza Hafedh, condamné à 16 ans de prison.
    De même, l’ancien prisonnier politique Mohamed Saleh, qui a passé 14 ans de sa vie en prison, raconte le cauchemar des centres de torture où ils sont exposés quotidiennement à toutes les pratiques contraires à toutes les conventions et traités internationaux.
    Durant les premières heures de leur incarcération et pendant 18 jours, ils ont été tenus au secret, torturés de façon inimaginable et l’on a même torturé leurs femmes et leurs sœurs devant leurs yeux pour ajouter à leur souffrance physique une souffrance psychologique.
    Quant à Abdel-Salam Omar, chef du Comité pour la défense des droits des prisonniers politiques, il précise que le Makhzen a torturé plus de 2.000 prisonniers sahraouis, en a tué 214 et enterrés vivants 60 autres et que la situation des droits humains des prisonniers au Sahara occidental va de plus en plus mal, en dépit de la Convention de Genève sur les droits des prisonniers signée par le Maroc et le Front Polisario.
    Par ailleurs, il ajoute qu’en collaboration avec les organisations internationales des droits de l’homme, les associations sahraouies sont à la recherche d’autres fosses communes, après la découverte d’une première fosse commune en 2012 où ont été enterrés vivants 60 prisonniers politiques sahraouis.
    Et partant, il déclare qu’il est temps de faire pression sur le Maroc, à travers l’Organisation des Nations unies et les organisations internationales d’inclure les droits de l’homme dans les résolutions onusiennes relatives au Sahara occidental.
    Le président de l’Organisation sahraouie contre la torture, Mami Omar Salem, a dit que la plupart des militants sahraouis qui sont tombés entre les mains du Makhzen ont goutté les affres de la torture, de l’humiliation et de la mort durant ces 40 dernières années et que 500 d’entre eux ont disparu mystérieusement sans laisser de traces à ce jour.
    Et le Maroc continue toujours de torturer les prisonniers en dépit de toutes les conventions internationales, comme en témoigne la présence de 70 prisonniers qui sont torturés systématiquement en plus des disparus.
    Car plus la pression internationale s’accentue à vouloir visiter les prisons, le Maroc ouvre des prisons secrètes dans toutes les villes occupées où l’on pratique la torture à outrance.
  • La désignation de Jean-Marc Ayrault aux Affaires étrangères fausse les calculs du Makhzen

    Dans une lettre adressée par l’actuel ministre des Affaires étrangères français, à l’association des amis du Sahara Occidental, Jean-Marc Ayrault, alors président du groupe du PS à l’Assemblée, assurait que «les socialistes dans leurs déclarations publiques s’en tiennent depuis l’occupation du territoire par le Maroc à une position privilégiant le respect du droit international et du droit à l’autodétermination des peuples colonisés». 
    Le nouveau ministre des Affaires étrangères confirme ainsi, dans son courrier officiel, que le Sahara Occidental est un territoire illégalement occupé par le Maroc. L’ancien Premier ministre précisait dans sa réponse à l’association de soutien à la cause sahraouie, que «tout doit être fait pour permettre aux Sahraouis d’exprimer librement leur volonté sous le contrôle des organisations internationales». Cette position bat en brèche les déclarations de certains responsables politiques français proches de Rabat, qui ont tenté, en vain, de «vendre» à l’opinion publique française et occidentale le «plan d’autonomie» proposé par le Makhzen. 
    «Le PS soutient les efforts accomplis par le secrétariat général de l’ONU pour organiser un référendum d’autodétermination dans les conditions qui en garantissent la validité», avait encore souligné l’ancien président du groupe parlementaire du Parti socialiste, dans sa missive datée du 31 mars 2011. Connu pour sa rigueur et sa cohérence, le nouveau chef de la diplomatie française soulignait qu’«il ne saurait être question de s’écarter de ce plan». «Seul un règlement juste et conforme au droit international peut ouvrir la voie à la paix», a-t-il soutenu. Jean-Marc Ayrault se référait, dans sa lettre frappée du sceau de l’Assemblée française, à une déclaration des Nations unies datée du 16 octobre 1991. Il avait appelé, en outre, à la réinstauration de la «dynamique du dialogue» entre le Maroc et le Front Polisario, un dialogue jugé «nécessaire», parallèlement à la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies «qui s’imposent aux deux parties en conflit», en faisant référence à une déclaration de l’ONU datée du 14 juin 2005. 
    Jean-Marc Ayrault balaie d’un revers de la main, à travers cette déclaration, les tentatives infructueuses de Rabat d’impliquer l’Algérie dans ce conflit qui l’oppose au peuple sahraoui souverain. La position de Jean-Marc Ayrault, qui présidait le groupe socialiste au sein de l’influent Parlement français, ne souffre aucune ambiguïté. Pour lui et son parti, «ce différend international concerne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes». Il est donc question de décolonisation. «A ce double titre, il nécessite un suivi attentif de la part de la représentation nationale française et une disponibilité», a conclu Jean-Marc Ayrault qui ne manquera pas de persévérer dans cette voie impartiale, contrastant avec les positions de certains de ses collègues suppôts du Makhzen qui a réussi à introduire un de ses sujets au cœur même du pouvoir français. Mais les hués réservés par des spectateurs, hier à Paris, à l’endroit de la nouvelle ministre de la Culture en disent long sur la suite qui sera réservée à cette nomination extrapolitique de François Hollande.
    Karim Bouali