Mois : mai 2014

  • La Nobel de la paix, Shirin Ebadi, solidaire des Sahraouis

    L’avocate iranienne et lauréate du prix Nobel de la paix de 2003, Shirin Ebadi, a exprimé, vendredi, ses préoccupations face à l’injustice vécue par le peuple sahraoui, appelant la communauté internationale à agir pour mettre fin à cette situation d’injustice, qui a tant duré, selon un communiqué de la CEAS-Sahara.
    Durant la clôture du premier Congrès sur la compétence universelle, qui s’est tenu à Madrid du 20 au 23 mai, l’avocate iranienne a exprimé « sa profonde préoccupation quant au sort du peuple sahraoui, étant l’une des situations les plus douloureuses de l’histoire moderne d’un peuple emprisonné dans son pays ». Le cas du Sahara occidental est similaire à celui de la Palestine, a-t-elle ajouté, soulignant que ce qui se passe en Palestine est connu, alors que la Question du Sahara occidental est méconnue par certains pays du monde. À cet égard, l’avocate iranienne a appelé les médias à s’intéresser de plus près pour rendre publiques les souffrances du peuple sahraoui qui se trouve emprisonné dans son pays et privé de tous ses droits les plus élémentaires, a-t-elle regretté.
    Par ailleurs, une délégation des représentants de la société civile sahraouie a participé aux consultations régionales des acteurs non étatiques, à l’occasion du 10e anniversaire du Conseil de l’UA pour la paix et la sécurité qui s’est tenu à Addis-Abeba. La délégation sahraouie, représentant l’Association sahraouie des familles des prisonniers et disparus (Afapredesa) et l’Observatoire sahraoui des ressources naturelles (OSRN), a participé activement aux discussions devant aboutir à l’élaboration d’un rapport final qui doit être soumis au Conseil de paix et de sécurité de l’UA, dans le cadre des interactions entre le CPS et la paix et la sécurité en Afrique. Les principaux objectifs de ces consultations visent à l’évaluation du bilan du Conseil de la paix et de la sécurité en Afrique, durant ses 10 premières années, en vue de développer les relations avec ses différents acteurs, afin de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique.
    Mokhtar B.
  • A la rencontre du peuple sahraoui, les oubliés du sable

    En 2013, Adlan Mansri, photographe français de 22 ans basé à Berlin mais d’origine algérienne, part à la rencontre des Sahraouis. Depuis des années, ce peuple originaire du Sahara Occidental réclame son indépendance, mais se heurte au puissant Royaume du Maroc, qui considère ce désert comme sien.
    Territoire non autonome selon l’ONU, le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole, n’a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols en 1976. Depuis cette date en effet, ce territoire de 266 000 km2 est en proie à un conflit entre indépendantistes sahraouis et Maroc. Ainsi, depuis les années 1980, une partie du peuple sahraoui a fui le Maroc (qui affirme vivement sa souveraineté sur le Sahara Occidental) pour venir s’installer dans des camps de réfugiés en Algérie.
    Pendant une semaine, Adlan Mansri a décidé de se plonger dans le quotidien de ce peuple, entre maisons de terre cuite, hôpitaux et ballades sur terrain miné. De ce séjour au milieu du désert algérien, il ramènera une série de photos, “Les oubliés du Sable”. Et des souvenirs plein la tête, qu’il nous raconte.
    Konbini | Comment avez-vous entendu parler du peuple sahraoui ? 
    Adlan Mansri | Quand tu es un jeune algérien ou marocain, tu sais qu’il y a un conflit entre les deux pays mais tu ne sais pas forcément pour quelles raisons. Alors tu poses des questions à tes parents, qui en savent un peu plus que toi et qui tentent de t’expliquer. Mais ce conflit étant ultra compliqué, il n’est pas évident à expliquer… Du coup tu finis par faire tes propres recherches sur Internet et dans des bouquins.
    K | Comment êtes-vous entré en contact avec le camp de réfugiés dans lequel vous vous êtes rendu ? 
    C’était un peu par hasard en fait. Au mois de février 2013, j’ai reçu un coup de fil d’un ami de ma mère qui a une boîte de production de films documentaires. Il m’a expliqué qu’il y avait une caravane solidaire composée de Franco-Algériens qui partait un mois plus tard dans le désert. Il m’a demandé si j’étais partant pour y aller avec mon appareil photo. Et je suis parti.
    Les réfugiés Sahraouis vivent dans cinq camps dans le désert algérien, et ils dépendent presque totalement des aides humanitaires car les activités qui permettent de générer des revenus sont devenues rares. Les camps accueilleraient environ 170 000 réfugiés, selon plusieurs sources, soit l’équivalent du nombre d’habitants d’une ville comme Toulon ou Saint-Etienne. Dans les terres contrôlées par le Royaume du Maroc, la population s’élèverait à plus de 520 000 habitants.
    K | Combien de temps êtes-vous resté sur place ?
    Je suis resté environ une semaine là-bas. Mais je ne suis pas resté pendant toute cette semaine sur le camp, on a pas mal bougé. On est allé assez proche du Mur Marocain aussi connu comme le “Mur de la Honte”. C’est un mur gardé par 100 000 soldats marocains, qui fait 2 720 km et qui sépare le territoire contrôlé par le Maroc des camps de réfugiés.
    C’est un truc de fou. Quand tu arrives là-bas, tu vois ce mur et les mecs te disent de pas trop t’aventurer car le terrain est encore miné… D’ailleurs, quand on avançait avec les voitures, les chauffeurs n’étaient vraiment pas sûrs d’eux, ils avançaient un peu au hasard et c’était assez flippant je dois avouer.
    K | Comment les personnes qui y vivent vous ont-il accueilli ?
    Les personnes qui vivent dans ces camps sont les personnes les plus ouvertes, les plus gentilles et les plus généreuses que j’ai pu rencontrer. Ces personnes n’ont rien pour eux, ils vivent dans des maisons qu’ils ont construites de leurs mains avec de la terre et des pierres, mais ils te donnent cent fois ce qu’ils n’ont pas.
    Nous on est là, on débarque avec notre petit confort, notre égocentrisme et notre attitude d’Européen, mais quand tu vois la façon dont ils t’accueillent… ils te donnent tout, ils sont souriants, et je pense que c’est le genre d’attitude qui te permet de rester solide et confiant quoi qu’il arrive.
    K | Racontez-nous votre arrivée sur le camp…
    Je suis arrivé dans le camp en plein milieu de la nuit, je ne voyais pas grand chose autour de moi car à part la lumière de la lune et quelques lampes de poche, t’y vois pas vraiment grand chose. C’est seulement le lendemain que je me suis rendu compte de l’ampleur du camp. Comme je l’ai dit plus haut, il y a en tout cinq camps dédiés au peuple sahraoui en Algérie, moi j’étais dans le plus petit, et déjà le plus petit est vraiment énorme.
    Je me suis mis en haut d’une dune de sable et j’ai regardé autour de moi, il y avait des maisons à perte de vue. Des maisons qu’ils ont faites avec ce qu’ils avaient. Tout était naturel : de la terre cuite, des cailloux, du sable… C’était minimal, ils n’ont pas grand chose. Dans le camp il devait y avoir quatre ou cinq “épiceries”. Pas de douches à proprement parler, ils n’ont pas accès à l’eau potable, ça marche au puits comme dans à peu près tous les camps de réfugiés.
    “Vingt ans que les Sahraouis attendent un référendum”
    K | Dans le texte que vous avez rédigé sur votre site, vous expliquez que le gouvernement algérien aide le peuple sahraoui dans son désir d’indépendance. Comment s’exprime ce désir d’indépendance chez ce peuple ?
    Le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole. En 1976, les Espagnols quittent le Sahara Occidental et s’ensuit un conflit entre le Maroc et le Front Polisario (les indépendantistes Sahraouis). Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République Arabe Sahraouie Démocratique, qui a été proclamée par le Front Polisario en 1976. Il faut aussi savoir que le Sahara Occidental est une terre de ressources naturelles assez incroyable, entre le phosphate, les minerais de fer et les 1100 kilomètres de côte sur la façade Atlantique, cela fait d’assez bons arguments…
    A partir de 1976, une guerre armée éclate entre le Front Polisario (soutenus par l’Armée algérienne) et le Royaume du Maroc, et c’est à peu près à la même période que des dizaines de milliers de Sahraouis quittent leurs terres natales pour fuir la guerre. En 1980, le Maroc érige ce fameux “Mur de la Honte” et installe plusieurs centaines de milliers de mines, histoire d’en dissuader plus d’un. A partir de 1980 il y a une guerre d’embuscade avec le Front Polisario et l’armée Marocaine qui prend fin en 1991 avec un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l’ONU.
    Depuis 1991, il y a des négociations entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario. De son côté, l’ONU ne sait plus vraiment trop quoi faire. En gros, ça fait plus de vingt ans que les Sahraouis attendent un référendum qui statuera l’auto-détermination ou non de leur peuple. Mais ils ne souhaitent pas qu’on ait pitié d’eux. Ils veulent juste se faire entendre, qu’on les aide.
    K | Quel est le rapport du peuple sahraoui avec le gouvernement algérien ?
    Le gouvernement algérien a dès le début soutenu le peuple sahraoui dans son désir d’indépendance. Il faut se rappeler que l’Algérie a été colonisée pendant plus de cent ans par la France, ce qui s’est terminé par une guerre affreuse. Je pense que l’Algérie a ce désir de soutenir ce principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (ou le droit à l’auto-détermination), qui est tout de même un droit international.
    Je pense que le soutien du gouvernement algérien est quelques chose de très important. Mais il ne faut pas oublier que ce genre de gouvernements n’a pas à vocation à faire uniquement de l’humanitaire ! Le gouvernement algérien n’est pas le gouvernement le plus réglo du monde (il y a beaucoup de corruption, entre autres), et il a des intérêts évidents à soutenir le peuple sahraoui : ces fameuses ressources naturelles dont je parlais un peu plus haut, et cette façade Atlantique qui pourrait être un allié stratégique au gouvernement algérien.
    En attendant, le peuple sahraoui doit presque tout ce qu’ils a au gouvernement algérien (terres, aides humanitaires, éducation, soins de santé publique…). Ils en sont très reconnaissants et je pense que quand la situation s’améliorera pour eux, ils ne l’oublieront pas.
    “Ce sont les femmes qui dirigent les camps”
    K | Qu’en est-il de la relation du peuple sahraoui avec le gouvernement marocain, qui le prive de la terre de ses ancêtres, comme vous l’écrivez sur votre site ? 
    Le Royaume du Maroc a des alliés très puissants (États-Unis, France ou Israël, pour ne citer qu’eux), du coup forcément pour eux, ce déni est naturel. Pour le gouvernement marocain il n’y a tout simplement pas de Sahara Occidental, et ils ne reconnaissent pas le peuple sahraoui en tant que peuple à part entière. Pour eux, il s’agit simplement du peuple marocain.
    K | Dans votre reportage, le contraste entre scènes d’enfants à l’école et scènes de soldats armés est assez frappant. Les tirs sont-ils fréquents sur le camp ?
    Comme je l’ai expliqué, depuis 1991 il y a un cessez-le-feu, donc plus de tirs ! Cependant la présence militaire est toujours très importante, et les camps de réfugiés se vident des hommes qui doivent effectuer leur service militaire. Du coup ce sont les femmes qui dirigent les camps. Ce sont de véritables “maires”, et ce sont elles qui gèrent l’administration et tout ce qu’il s’ensuit.
    K | Vous vous êtes aussi rendu dans un hôpital…
    Aller dans un hôpital, c’est le meilleur moyen de voir quelles sont les conditions sanitaires sur place. L’hôpital dans lequel je me suis rendu était assez grand, mais en très mauvais état, évidemment. Il y a quelques médecins, beaucoup de patients pour des maladies parfois bénignes mais qui s’aggravent s’il n’y a pas le suivi médical qui va avec.
    Ils ont très peu de fournitures, et tout ce qu’ils ont provient encore une fois de l’aide humanitaire ou du gouvernement algérien.
    K | En off, vous avez mentionné le film militant de Javier Bardem, Les Enfants des nuages, la dernière colonie, qui prend vivement position pour le peuple sahraoui… Ce film vous a-t-il inspiré pour votre reportage ? 
    Pas du tout non, j’ai découvert que Javier Bardem avait produit un film sur ce sujet seulement un an après mon reportage photo. J’étais à la fois surpris et content que quelqu’un qui ait cette notoriété là se lance dans un projet aussi compliqué et polémique que celui du peuple sahraoui. Surtout que Javier Bardem n’y va pas de main morte dans ses interviews télévisées sur le sujet, il a une position très claire sur ce conflit, qui force le respect [en février 2014, lors d’un passage à Paris, l’acteur espagnol avait violemment fustigé le gouvernement français, allié de longue date du Maroc, qui « fermerait les yeux » sur la cause des Sahraouis – ndlr].
    Javier Bardem pourrait se faire détruire sa carrière car il a enérvé les mauvais mecs, mais il s’en fout et il s’est lancé à fond dans ce projet. Le film est sorti en salles en avril 2014 en France. Je n’ai pas eu l’occasion de le voir malheureusement, car je ne vis plus en France maintenant. Mais je pense me procurer le DVD quand il sortira. Je suis très curieux de voir comment il a tourné et comment il s’y est pris. Et puis ça pourra peut-être me donner des idées pour le projet que je suis en train de faire sur le Sahara Occidental…
    K | Une anecdote mémorable au cours de votre reportage ?
    J’étais hebergé chez une famille de trois enfants, un garçon (9 ans) et deux filles (7 et 20 ans). La plus âgée des filles a demandé à son père que je reste pour me marier avec elle.
    http://www.konbini.com/fr/inspiration-2/les-oublies-du-sable-peuple-sahraoui-adlan-mansri/
  • Maroc : la dégringolade diplomatique

    Alors que la propagande officielle du gouvernement marocains continue à tromper l’opinion publique marocaine sur la prétendue marocanité du territoire du Sahara Occidental et le faux succès de la proposition d’autonomie à l’échelle internationale, le Sénat italien vient de donner un forte gifle au Maroc en adoptant d’une résolution implacable contre l’occupation marocaine du Sahara Occidental et dénonçant les atteintes systématiques aux droits de l’Homme commises par le régime marocain dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
    Pour amortir l’effet de cette initiative, Rabat n’a pas trouvé mieux que aller demander les services d’une ancienne députée marocaine, Souad Sbaï, qui en tant que bonne marocaine, n’a pas trouvé d’autre argument que les attques violentes contre des personnalités italiennes connues par leur positions de principe concernant les droirs de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole. Parmi ces personnalités l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères italien, Lapo Pistelliaccusé par les Marocains d’avoir osé comparer le triste sort des Sahraouis à celui qu’endurent les Palestiniens sous le joug de l’occupation et de la répression israéliennes.
    Pour rappel, la motion du Sénat italien vient après celle du Parlement de la Suède, le Danemark et d’Irlande.
  • Le Maroc se retire du Comité des affaires politiques du MNA

    La question du Sahara occidental sur laquelle se penchera la 17e Conférence des pays non-alignés a contraint le Maroc à se retirer du Comité des affaires politiques du mouvement qui demeure inaliénable sur le droit des peuples à l’autodétermination.
    L’ouverture, hier, au Palais des Nations de la 17e Conférence des pays du Mouvement des non-alignés (MNA) a été marquée par le retrait du Maroc du Comité des affaires politiques que préside l’Equateur.
    En effet, le chef de la délégation iranienne, qui a présidé la cérémonie d’ouverture, a annoncé le retrait du Maroc du Comité des affaires politiques, tout en siégeant au sein du Comité des affaires économiques. 
    Le Maroc par son retrait de la commission politique, a voulu éluder les pressions des pays membres du mouvement qui demeure fidèle et intransigeant sur le principe du droit des peuples à l’autodétermination. D’autant plus que la question du Sahara occidental est inscrite à l’ordre du jour de la 17e Conférence des pays du Mouvement des non-alignés. 
    A une question sur la présence demain du ministre marocain des Affaires étrangères à cette conférence, le chef de la délégation, très gêné d’apporter une réponse, a laissé comprendre que le chef de la diplomatie marocaine risque de manquer cet évènement.
  • Maroc : les mémoires du prince rouge – Des extraits du livre de Moulay Hicham

    C’est un document exceptionnel dont je publie ici quelques extraits. Un de ces livres qui font le miel des historiens. Dans « les mémoires d’un prince banni », Moulay Hicham, troisième dans le rang de la succession au trône marocain, nous livre une histoire intime et douloureuse de la monarchie chérifienne vue de l’intérieur. Elevé par Hassan II au palais, éduqué au collège royal aux côtés de son cousin M6, il a fréquenté les courtisanes du harem de son grand père Mohammed V , les fous du roi, les âmes damnées de l’appareil sécuritaire. Sa vie a été façonnée par les complots, les coups d’Etat et les secrets du makhzen, cette hydre de la monarchie qui dévore ceux qui prennent des distances avec elle. Il a vu son père, Moulay Abdallah, se faire broyer par son frère Hassan II, avec toute la perversité raffinée et le pouvoir anachronique que lui conférait son statut de commandeur des croyants. Avec l’arrivée sur le trône de M6, son cousin, son ami d’enfance qu’il aimait comme un frère, il a voulu croire au renouveau démocratique de la monarchie. Mais le makhzen a vite refermé la parenthèse de liberté d’expression qui avait semblé s’ouvrir avec le jeune roi. Et les prises de positions du prince l’ont fait bannir de cette cour qui est aussi sa famille et qu’il continue à aimer tout en espérant encore la réformer. Ce livre n’est donc pas un brulot, mais une histoire à la première personne de la vie à la cour ou l’auteur examine sans complaisance son rôle et celui de ses proches broyés par un système qui les dépasse. Une chronique ordinaire des petits arrangements et des grands évènements qui font le monde des despotes.
    Extraits :
    Les courtisans
    Hassan II vient de récupérer une nouvelle Mercedes, l’un des premiers modèles de la berline 500 classe S. Parmi les options novatrices de cette voiture figurent des sièges chauffants individuels. Nous sommes en déplacement à Ifrane. Que fait le roi ? Il s’amuse à chauffer le siège des passagers à fond, au point de les rendre très inconfortables. Allant de son palais d’Ifrane vers divers endroits de la ville, il fait monter des courtisans à tour de rôle pour tester leur réaction. Certains ne bougent pas stoïques, d’autres s’accrochent aux poignées pour se rehausser un peu, d’autres encore replient et entassent leur vêtement sous leur postérieur pour mieux supporter la chaleur. Le roi conserve un visage impénétrable. A la fin de chaque trajet, complices, mon cousin et moi demandons au passager comment il a trouvé la nouvelle voiture. Tous nient leur inconfort et se répandent en dithyrambes sur le nouveau véhicule. Ils préfèrent souffrir plutôt que de contrarier Hassan II. Il n’y a qu’un « fou » du roi Abdelkrim Lahlou qui réagit différemment. A peine installé dans la voiture, il se tourne vers Hassan II et s’écrie : « mais Sidna*, tu me brules le cul ! » Le roi pile alors au milieu de la route pour sortir de la voiture, secoué par des cascades de rire…Le coup de maitre de Lahlou, du moins en ma présence, a pour cadre une partie de chasse. Hassan II tire des perdreaux et n’en manque aucun. Sa cour s’extasie. « Bravo, Sidna l’a tué d’un seul coup ! bravo ! » A un moment donné, le roi rate sa cible. Tous ont le souffle coupé. Sauf Lahlou qui s’écrie « Bravo Sidna a épargné une vie ! Quelle sagesse ! »
    Les trafics de la cour
    Entre 1984 et 1986, je rejoins mes cousins et plus largement toute la cour- dans le « trafic » que tout le monde autour du roi pratique. Un exemple : le roi attribue à tous les princes, chaque année, deux bons de franchise douanière pour importer des voitures neuves, non pas les Ferrari de nos rêves mais des carrosses de représentation, des Mercedes sécurisées. Notre « trafic » consiste à conserver nos vieilles voitures, à les repeindre dans une nouvelle couleur et à revendre les véhicules neuf importés. Le micmac est réalisé avec la complicité du concessionnaire Mercedes local… Enfin Hassan II m’offre deux grandes chasses par an, pour perpétuer une habitude qu’il avait prise avec mon père. Le gibier vient de l’élevage de Sa Majesté. Je cède ma participation à ces chasses royales à des gens aisés qui me paient sur un compte à l’étranger…Bref, nous faisons nos classes dans un vaste système de corruption. Le roi ne peut rien dire parce que c’est sont système à lui. Il est dedans corps et âme.
    L’héritier
    Partout le roi fait des scènes au prince héritier, dans la voiture, au moment d’aller à la prière ou à la sortie du Conseil des ministres. Hassan II est injuste, en fait jaloux à l’idée que Sidi Mohamed lui succèdera un jour. En même temps, il se ronge les sangs parce qu’il ne parvient pas à façonner le prince héritier à son image. Au fond Hassan II se veut immortel. Dans un moment de rage j’avais une fois lancé à un de ses conseillers « Le roi n’est pas éternel. Lui aussi doit mourir un jour ! » Le conseiller avait rapporté le propos à Hassan II. Lequel avait répondu qu’il gouvernerait même depuis sa tombe. Aujourd’hui, je me demande parfois s’il n’a pas eu raison… En 1993, Sidi Mohamed s’est épanché dans Paris Match : « mon père me dit que, si je ne fais pas l’affaire, il peut toujours passer le pouvoir à mon frère ou à mon cousin germain »…Le roi a tout fait pour nous dresser l’un contre l’autre. Il pense peut-être que la combativité dont il estime que son fils manquait pour régner va naître de sa rivalité avec moi…Tout ce que Hassan II va provoquer à terme, c’est une brouille monstre sans aucun bénéfice pour le pays.
    Le pire des scénarios.
    Le lendemain des obsèques de Hassan II, je prends mon courage à deux mains. Je vais voir Mohammed VI au Palais pour lui dire tout ce que je pense de A à Z, au sujet de la monarchie, du Makhzen* à propos des militaires et de « l’alternance ». Devant les dignitaires du Palais et la famille, je lui dis que le patrimoine de la maison royale doit revenir à la nation. Je l’adjure de ne donner aucun gage aux généraux, de ne plus tenir ses réunions à l’état-major- toute l’Afrique du Nord étant déjà gouvernée par des galonnés. Je lui demande aussi d’écarter Driss Basri en douceur. Enfin je le presse de renforcer l’ouverture du régime vis- à –vis de la gauche. Mais M6 ne répond pas, il semble juste ne pas savoir quoi dire… Le 20 août, à l’occasion de la fête du Roi et du Peuple, le discours est franchement rétrograde. Il annonce la continuité du makhzen ou, plus précisément, sa restauration sur de nouvelles bases. De tous les scénarios que j’ai envisagés, c’est le pire. Au Palais dès le moment où j’ai dit mon fait au roi, tout le monde m’a désavoué du regard. On m’évite comme une grenade dégoupillée…
    Le fantôme de M6
    Chaque fois que je retourne au Maroc, le passé me rattrape. Mes communications téléphoniques sont écoutées, je suis suivi, une voiture « planque » devant ma maison ou mon bureau… Au sein de ma famille, tout ce qui m’arrivait à été mis sur le compte de l’excès de zèle de quelques subalternes-ce qui n’a aucun sens dans un système comme le nôtre. Je sentais que sur le fond, tout en admettant que ma critique de la cour puisse être justifiée, ils estimaient sacrilège de lutter contre son propre clan. Comme s’il y avait deux poids, deux mesures : l’une pour Hassan II, l’autre pour M6. Depuis, quand je passe, l’ambiance est lourde de non-dits. La politique est taboue, toute référence au roi aussi. Mohammed VI est le fantôme parmi nous, de la même manière que moi, le « cousin banni » je suis sans doute le fantôme de M6. Retrouver ma mère dans le déni est pour moi une expérience douloureuse. Autrefois, elle scrutait les faits et gestes de Hassan II en trouvant suspect à priori, tout ce qu’il entreprenait à notre égard. En revanche, elle donne un blanc-seing à Mohammed VI, elle lui passe tout, au point que j’ai le sentiment qu’elle me reproche constamment, sans jamais le dire mon attitude critique à l’égard du nouveau roi…L’été 2005, je passe mes vacances avec Malika (femme de l’auteur) et nos enfants sur la côte septentrionale du Maroc. Je me trouve dans notre maison de famille sur la plage, plus précisément à la cave en train de chercher je ne sais plus quoi, des pâtes je crois. Soudain par une petite fenêtre de l’entresol, je vois arriver un cortège de voitures. En remontant, je trouve la porte d’accès à la cave fermée. Mon frère, paniqué à l’idée que je puisse troubler la visite du roi, sinon le roi, l’a verrouillée.
    Un royaume pour tous
    Le Maroc a-t-il progressé sous M6 entre 1999 et 2010, avant le printemps arabe ?…Sortis de la dictature dure sous Hassan II, nous nous sommes laissé étouffer sous l’édredon mou du « roi des pauvres » d’un jeune souverain censément « cool ». C’était comme si, pour sortir d’une mauvaise nuit, le Maroc avait avalé un somnifère. Nous nous sentions mieux, quand même, mais nous ne faisions rien de bien précis. On attendait, on planait. Depuis la crise s’est fait jour. Cette crise va-t-elle nous apporter la démocratie, ou un autre de ces spasmes violents dont notre histoire depuis l’indépendance est émaillée ? …au Maroc, l’éveil démocratique du monde arabe doit déboucher sur un contrat social en lieu et place d’allégeance. Les « sujets » doivent devenir des citoyens. Il y aura un royaume pour tous, ou il n’y aura plus de royaume du tout.
    *Notre seigneur
    * institutions régaliennes marocaines
  • Sahara Occidental: Marruecos pesca en las cloacas

    Algunos marroquíes dicen que Dios no ama a Marruecos. En lugar de petróleo y gas, le dió una monarquía cuyos orígenes son dudosos y que para mantener su control sobre el pueblo marroquí ha vendido su alma al diablo.
    Según la propaganda del Majzen, el rey Hassan II, gracias a su facultad de político visionario, escogió el campo de Occidente. Sin embargo, la realidad es que el Rey de Marruecos necesitaba el apoyo de Francia y Estados Unidos para combatir la corriente de Mehdi Ben Barka y la poderosa izquierda marroquí de aquella época.
    Como prueba de lealtad y fidelidad, Hassan II atacará Argelia en 1963 para ganar la simpatía de sus aliados occidentales y crea una potencia antisocialista y acabar con la oposición interna.
    El histórico discurso del Presidente Boumediene ante las Naciones en abril de 1974 hizo de Argelia un país líder en el Movimiento de los Países No Alineados. Su apoyo al Frente Polisario presagió la aparición de un nuevo estado socialista cuyos recursos naturales son importantes.
    Business Week anunció en mayo de 1975, basándose en un informe confidencial de la ONU, la presencia de cantidades significativas de titanio, vanadio, cobre y zinc, según informaciones publicadas por el periódico español ABC en su edición del 11 de mayo de 1975.
    Según dicha publicación norteamericana, además de estos minerales en potencia, el Sahara español cuenta ya con las mayores reservas de fosfatos del mundo, con unos 1700 millones de toneladas de este mineral, en su mayor parte a menos de siete metros de profundidad, añade la misma fuente, subrayando que Argelia quiere abrir una brecha hacia el Atlántico para explotar sus minas de hierro del sur, más cerca de El Aaiún que de los puertos argelinos del Mediterráneo.
    Francia y Estados Unidos van a tratar de evitar esto aprovechando la agonía del general Franco y el clima de transición incierta en España para presionar a Madrid y así obligarla a ceder el territorio a Marruecos y Mauritania.
    El rey de Marruecos, con la invasión del Sáhara Occidental intentará matar dos pájaros de un tiro: calmar el clima de tensión interna creada por las reivindicaciones de la oposición progresista y enviar el ejército al Sahara para evitar nuevos intentos de golpe de Estado como los de 1971 y 1972. Al mismo tiempo, prestar servicio a sus amigos occidentales impidiendo la creación de un nuevo estado progresista en la región. Las declaraciones del rey Hassan II en este sentido estaban clarísimas. Según Wikileaks, el rey de Marruecos declaró durante las negociaciones entre Marruecos, Argelia, Mauritania y España sobre el Sahara en 1973 que « el Sahara debe ser marroquí, sino que siga siendo español, pero nunca será ni argelino ni independiente ».
    El « poder visionario » de Hassan II no había previsto que los saharauis iban a luchar para defender sus legítimos derechos y resistir durante casi 40 años para impedir que Marruecos se apodere de sus tierras y sus riquezas.
    Hoy, por falta de legitimidad, Marruecos se tira entre los brazos de los lobbistas. Incluso se encuentra obligado a pedir los favores de personajes tan despreciables como Aymeric Chauprade, militante de la extrema derecha francesa. La amarga derrota empujó la monarquía marroquí a pescar en las cloacas con la esperanza de mantener su control sobre los recursos naturales del Sáhara Occidental .
  • Sahara Occidental : Le Maroc pêche dans les égouts

    Certains marocains pensent que Dieu n’aime pas le Maroc. Au lieu du pétrole et du gaz, il lui a donné une monarchie dont les origines sont douteuses et qui pour garder son emprise sur le peuple marocain a vendu son âme au diable.
    Selon la propagande du Makhzen, le roi Hassan II, grâce à sa faculté de politicien visionnaire, a choisi le camp de l’Occident. Cependant, la réalité est que le roi du Maroc avait besoin du soutien de la France et des Etats-Unis pour combattre le courant de Mehdi Ben Barka et la puissante gauche marocaine de l’époque.
    En gage de fidélité et allégeance, Hassan II attaquera l’Algérie en 1963 pour attirer la sympathie des occidentaux et faire du Maroc une puissance anti-socialiste.
    Le discours historique du président Boumediene dans la tribune des Nations en avril 1974 a fait de l’Algérie un pays leader dans le Mouvement des Pays Non Alignés. Son soutien au Front Polisario présage l’apparition d’un nouveau pays socialiste dont les ressources naturelles sont importantes.
    Business Week annonce en mai 1975, se basant sur un rapport confidentiel de l’ONU, la présence de quantités significatives de titanium, vandium, cuivre et zinc, rapporte le journal espagnol ABC dans son édition du 11 mai 1975.
    Selon le magazine économique américain, le Sahara Occidental compte déjà avec les plus grandes réserves de phosphates du monde avec plus de 1700 millions de tons de ce minéral à moins de 7 mètres de profondeur, ajoutant que l’Algérie souhaite ouvrir une brèche vers l’Atlantique pour exploiter ses mines de fer du sud, plus proches d’El Aaiun que des ports algériens du Méditerranée.
    La France et les Etats-Unis vont tenter d’empêcher cela en profitant de l’agonie du Général Franco et du climat de transition incertain en Espagne pour mettre la pression sur Madrid et ainsi l’obliger à céder le territoire au Maroc et à la Mauritanie. 
    Le roi du Maroc, avec l’invasion du Sahara Occidental va tenter deux coups d’une pierre : calmer le climat de tension interne créée par les revendications de l’opposition progressiste et envoyer l’armée au Sahara pour éviter d’autres tentatives de coup d’Etat comme celles de 1971 et 1972. Et au même temps, rendre service à ses amis de l’Occident en empêchant la création d’un nouvel Etat progressiste dans la région. Les déclarations du roi Hassan II à cet égard sont on ne peut plus claires. Selon les révélations de Wikileaks, le roi du Maroc avait déclaré lors des négociations entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et l’Espagne à propos du Sahara, en 1973, que « le Sahara doit être marocain, à défaut, il reste espagnol, mais il ne sera jamais ni algérien, ni indépendant ».
    Le « pouvoir visionnaire » de Hassan II n’avait pas prévu que les sahraouis allaient se battre pour défendre leurs droits légitimes et résister pendant près de 40 ans pour empêcher le Maroc de s’approprier de leur sol et de leurs richesses.
    Aujourd’hui, faute de légitimité, le Maroc se jette dans les bras des lobbistes. Il est obligé même de demander les services des personnages les plus ignobles tel que Ayméric Chauprade, militant de l’extrême droite française. L’amère défaite a poussé la monarchie marocains à pêcher dans les égouts dans l’espoir de garder son emprise sur les ressources naturelles du Sahara Occidental.
  • "Más del 90% de los saharauis votará por la independencia" (Gomez de Salazar, mayo 1975)

    El 22 de mayo de 1975, ABC informa que en una entrevista a Cambio 16, el general Gomez de Salazar afirma que en su opinión, « más del 90% de los saharauis votará por la independencia » cuando se celebre el referéndum.
    En la misma edición, según Pyresa « España podría estar preparando un calendario sobre su retirada del Sáhara, según se ha comentado en fuentes allegadas a las Naciones Unidas. Las mismas fuentes informan que esta decisión haya sido incluso comunicada en Madrid a los miembros de la Misión de las Naciones Unidas al regreso de su visita de ocho días al territorio ».
    ABC también publica una entrevista exclusiva con el embajador de EEUU en España, Wells Stabler. El perdiodista de ABC le dice que « desconcierta a muchos españoles el apoyo de Estados Unidos a Marruecos ahora que la autodeterminación de Sahara contrapone los intereses de auql país y de España. ¿Podría darnos una explicación? », a lo que responde Stabler diciendo : « Por una parte, EEUU cree que este tema del Sahara debe resolverse por vía de las Naciones Unidas y con las negociaciones de las partes interesadas e involucradas políticamente. Y deseamos quele conflicto se resuelva amistosmente, pacíficamente. La verdad es que no se concibe ninguna otra solución. Por otra parte, EEUU es « amigo » de España, si, y también lo es de Marruecos. Con ambos estados nos unen fuertes vínculos… Es más, yo creo que es importante que los demás países occidentales mantengan su amistad con Marruecos, a pesar de este asunto del Sáhara »:
    Enlaces :
    http://hemeroteca.abc.es/nav/Navigate.exe/hemeroteca/madrid/abc/1975/05/23/041.html
    http://hemeroteca.abc.es/nav/Navigate.exe/hemeroteca/madrid/abc/1975/05/23/127.html.
    http://hemeroteca.abc.es/nav/Navigate.exe/hemeroteca/sevilla/abc.sevilla/1975/05/23/033.html

    http://hemeroteca.abc.es/nav/Navigate.exe/hemeroteca/madrid/abc/1975/05/23/127.html

  • Le Maroc ne peut pas être juge et partie dans le conflit du Sahara Occidental

    Le Maroc ne peut pas être juge et partie dans le conflit du Sahara Occidental, a déclaré Khadija Mohsen-Finan dans une interrview exclusive accordée au site Nouvellesdu sahara.fr.
    Pour Khadina Mohsen-Finan, Spécialiste du Maghreb, chercheure associée à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et une très bonne connaisseuse du conflit du Sahara occidental, « que la gestion des droits de l’homme au Sahara est gérée par le Conseil National des Droits de l’Homme, c’est rattacher le Sahara au Maroc, car le Conseil est bien « national » comme son nom l’indique. Si c’est le cas, alors il faut le dire, nous n’avons plus besoin de la MINURSO et le conflit n’a plus de raison d’être, il est réglé sans que nous le sachions. Mais ce n’est pas le cas, l’ONU n’ayant pas statué sur ce territoire ».
    « De la part du Maroc, nous sommes une fois de plus dans la politique du fait accompli. Ce n’est pas une question d’efficacité ou d’inefficacité du CNDH, c’est qu’il n’a pas vocation à traiter du Sahara et des Sahraouis. Mais, le Secrétaire Général de l’ONU n’est pas clair là-dessus, il louvoie pour ménager Rabat, et ce manque de clarté contribue à l’inertie dans la recherche d’une issue au conflit. L’ONU en parle comme si c’était une question interne au Maroc et, ensuite, les représentants de l’ONU disent qu’ils ne peuvent pas travailler au Sahara car les Marocains se comportent comme chez eux. Il faudrait que l’ONU communique mieux et plus clairement pour que les gens comprennent les enjeux de ce conflit. Plus personne ne comprend les véritables enjeux de ce conflit. Le SG de l’ONU évoque la nécessité d’un « contrôle indépendant », cela signifie que ce n’est pas du ressort du Maroc, ce qui est vrai, mais il faut le dire plus clairement » a-t-elle ajouté.
    Selon Mme Mohsen-Fina, « le Maroc ne peut négocier l’avenir d’un territoire qu’il considère déjà comme le sien, alors que la communauté internationale et le droit international ne lui en reconnaissent pas la propriété » ajoutant qu’en 2009, « l’affaire Aminatou Haïdar a bien montré que l’affrontement et la négociation entre les protagonistes avaient changé de nature. Le Maroc n’est plus invité à combattre un groupe indépendantiste qui se nomme Front Polisario, mais des individus qui, au nom de leurs droits, refusent de voir leur identité diluée dans la nation marocaine ».
  • Comme la Syrie, la Libye ne mourra pas !

    Par Maâmar Farah
    maamarfarah20@yahoo.fr
    La question est posée par plusieurs observateurs : à qui profite la déconfiture actuelle de la Libye ? Certainement pas aux Libyens. Et d’ailleurs, on voudrait bien entendre ces faiseurs de guerres qui nous promettaient monts et merveilles, à commencer par le sinistre Nicolas Sarkozy et son acolyte de philosophe, chantre de la démocratie à dos de Rafales, soldat-troubadour, semant son venin au gré des missions commandées par le Mossad. A l’époque, les plumes qui se taisent aujourd’hui, pour ne pas dire qui se contredisent publiquement, saluaient sans vergogne ce qu’elles avaient appelé « Révolution », comme elles s’étaient évertuées à nous promettre les fleurs d’un nouveau printemps repoussant sur les décombres de la Jamahiriya de Kadhafi. D’autres, ne remarquant pas, au passage, que le fameux CNT était déjà miné par les extrémistes religieux, le taxaient d’emblème de la nouvelle démocratie libyenne… Pourtant, tout était clair !
    De notre modeste poste d’observation, nous avions tout prévu car il faut être aveugle ou manipulé pour ne pas voir, dans cet épisode libyen, la poursuite d’un plan machiavélique qui, sous couvert de chasse aux dictateurs et de démocratisation, pousse les pays de la région, un à un, dans l’enfer de la déstabilisation et de la guerre civile. Et ceux qui se taisent aujourd’hui savent qu’il n’y a plus rien à faire et que leur rôle est terminé. Ils sont satisfaits car leur mission a été couronnée de succès. Maintenant, tels des loups affamés à la recherche d’une nouvelle victime, ils détournent les yeux des corps déchirés, déchiquetés, de ces anciennes nations qui, bon an mal an, arrivaient à maintenir debout l’Etat et assuraient un minimum de cohésion sociale. Les gens vivaient normalement, à défaut de vivre bien ou très bien. Ils mangeaient à leur faim, scolarisaient leurs enfants, avaient des maisons, du travail, des loisirs, des rêves. Aujourd’hui que les bombes pleuvent sur leurs têtes, ils doivent regretter le temps béni de la paix, avec ou sans… dictateur !
    N’y allons pas par quatre chemins : le danger le plus grave pour nos pays est bel et bien l’intégrisme qui ne lâche rien pour s’imposer ; ni les maquis, ni le Parlement. Son objectif : appliquer la Charia, dominer la société en lui imposant l’arriération culturelle, la régression sociale et le recul dans tous les domaines. Son ennemi principal n’est pas la démocratie, car il peut l’utiliser pour accéder au pouvoir, mais bel et bien la modernité. Sans modernité, nous ne pourrons jamais avancer. La modernité, c’est ce qui permet à l’individu d’accéder au rang de citoyen. La modernité, c’est ce qui donne à la démocratie son sens véritable car, avec des électeurs bornés, persuadés qu’ils ont à choisir entre Dieu et le quidam du coin, il est évident que ce sera toujours le parti religieux qui l’emportera. 
    Nous le vécûmes en 1991 et nous avons, depuis, découvert les autres «formes» du combat islamiste. D’ailleurs, les cicatrices ne se sont pas toutes refermées. Ce plan sioniste de déstabilisation, facilité par le manque de vigilance de nos gouvernants, avait commencé par l’Algérie et l’Irak. Les djihadistes ici et l’armée US là-bas. Un jour, on écrira toute la vérité sur cet épisode sanglant et on verra que le Maroc, plus tard le Qatar, les démocrates américains et les socialistes français ont été, avec le sionisme, les artisans principaux de la déstabilisation de nos pays. Feu Hassan II regrettait que l’expérience «démocratique» avec le FIS n’ait pas été jusqu’au bout. Plus tard, d’importantes armes et des troupes entières de terroristes sont entrées par la frontière Ouest. Mme Albright, quant à elle, déclarait publiquement que les groupuscules armés étaient des résistants contre un pouvoir qui avait usurpé leur parti d’une victoire manifeste aux législatives. L’Amérique accueillait des représentants du FIS qui «oubliaient» de condamner l’attentat de l’aéroport. La France de Mitterrand était contre l’arrêt du processus électoral. Il a fallu attendre la mort de 3 000 Américains dans les attentats de Manhattan pour que le monde se réveille. Puis ce fut l’Irak, un pays totalement détruit par la Nouvelle Droite qui exécutait les plans concoctés par les cabinets noirs, conglomérats d’intégristes chrétiens et de sionistes notoires.
    Dès l’arrivée des démocrates et le départ de Bush, la méthode d’intervention directe est abandonnée au profit d’un large plan de déstabilisation qui va mobiliser les milieux politiques, intellectuels et journalistiques, ainsi que les cinquièmes colonnes, formées par la CIA. Objectif : détruire toutes les républiques arabes, du Yémen à la Tunisie. Ce qui se passe aujourd’hui en Libye est l’aboutissement logique d’un vaste complot et, pour y échapper, il faut savoir naviguer dans les eaux troubles d’une époque pourrie qui s’ouvre sur un monde incertain, flou où tous les repères ont été effacés. Mais il ne faut pas perdre espoir : notre pays, qui a été le premier visé, a résisté grâce au sacrifice de ses enfants et à la mobilisation du peuple autour de ses forces vives. Malheureusement, cette victoire de la république n’a pas débouché sur la modernité et, partant, la véritable démocratie. Il nous faudra lutter encore, nous adapter aux nouvelles réalités, semer les graines de l’espoir chez nos jeunes et patienter.
     
    Les forces démocratiques capables de renverser la vapeur sont trop peu nombreuses et divisées. Sur 5 millions d’Algérois, Barakat n’a pu rassembler que quelques dizaines de personnes qui tenaient à peine sur un bout de trottoir. Les gens qui les entouraient ne s’étaient même pas sentis concernés par le mouvement. C’est dire que la tâche risque d’être longue.
    Une chose est sûre : les forces du mal n’auront pas toujours raison. Leur fameux printemps brinquebalant s’essouffle sur les monts verdoyants de la Syrie où une coalition infestée par les djihadistes a tenté de morceler le pays, appuyée financièrement et logistiquement par l’Arabie Saoudite et le Qatar. On sait maintenant que ce dernier roule pour Israël. De Russie, la voix de la raison par la force ou de la force par la raison est venue calmer les ardeurs d’un Occident qui rêve de conquérir de nouveaux espaces pour son enfant gâté : Israël. Le chemin de Damas ne sera pas celui de Téhéran : Dieu merci, il y a partout des patrio
    tes. Bachar El Assad sera toujours un moindre mal face aux Talibans intolérants et sanguinaires.
    En attendant, bien sûr, qu’une réelle perspective démocratique s’offre à la Syrie et à tous nos pays. Le moment n’est pas encore venu, me semble-t-il et je n’ai qu’à convoquer encore les événements libyens pour soutenir mes propos : c’est un militaire qui est peut-être en train de sauver le pays, en unifiant les forces armées contre les milices islamistes. Le nouveau conflit ouvert a un nom : «Bataille pour la dignité». Kadhafi était aussi un militaire et son entreprise s’appelait Révolution… pour la «dignité» du peuple libyen.
    M. F.
    http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/05/22/article.php?sid=163812&cid=8