Mois : avril 2014
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Sahara Occidental : Rira bien qui rira le dernier
L’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Chrisopher Ross, l’avait mis en exergue en octobre 2012 après une de ses tournées dans la région : « miser sur le statu quo est une grave erreur de calcul ».Le Maroc s’accommode bien de cette situation de ni guerre ni paix qui ne l’empêche pas d’exploiter les ressources de ce territoire et de poursuivre la politique de répression contre la population des territoires occupés du Sahara Occidental. Pour imposer cette situation, le Maroc profite de la condition de « solution durable et mutuellement acceptable » réaffirmée par le Conseil de Sécurité dans toutes ses résolutions sur le Sahara Occidental.Grâce au soutien inconditionnel de la France, le Maroc a réussi à muter le conflit en une bataille diplomatique et une guerre de lobbies que le Secrétaire Général trouve inviable et dans le cas qu’aucun progrès n’est réalisé avant avril 2015, il demandera au Conseil de Sécurité de procéder à une « révision totale » du cadre du processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc.Dans le rapport qu’il remettra le 17 avril au Conseil de Sécurité, Ban Ki-moon demandera au Conseil de Sécurité de se réunir en octobre 2014 pour une première évaluation des efforts de l’ambassadeur Ross en vue de trouver une solution basée sur le droits du peuple sahraoui à l’autodétermination, tel que souligné par les différentes résolutions de l’ONU.La menace du Secrétaire Général de remettre en question tout le processus des négociations est un signal fort des efforts de l’ONU visant à mettre fin au statu quo imposée par le refus du Maroc à toute solution basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.Le Maroc, voyant que Ban a décidé de mettre fin au statu quo, s’est mis en état d’alerte. Le roi Mohammed VI en personne a téléphoné le Secrétaire Général de l’ONU pour menacer de quitter le processus de paix onusien si on ne laisse pas les choses telles qu’elles sont.Le problème majeur n’est plus l’élargissement du mandat de la MINURSO aux droits de l’homme, mais la mise en cause du statu quo dont Rabat s’accommodait pour tenter de mater la résistance du peuple sahraoui.Pendant des années, les marocains ont misé sur le temps en se basant sur l’avis des transfuges, mais le temps est traître et le vent ne souffle toujours pas à la guise des marins. Le temps s’est retourné contre le Maroc. Il a dévoilé le caractère sauvage de la colonisation marocaine. Il a mis en exergue la nécessité de respecter le choix de la population sahraouie dans toute solution pour garantir la paix et la stabilité dans la région. Il a fait que le roi du Maroc menace de quitter le processus des négociations. Au tour des sahraouis de s’amuser. Le dicton l’a bien dit : « Rira bien qui rira le dernier ». La lâcheté ne paie pas. -
Exposition des résistants au Sahara Occidental
Mon projet est de mettre en place une exposition photographique. J’ai pris ces photos il y a deux mois au Sahara Occidental, la dernière colonie d’Afrique. Il y a 16 portraits qui vont de 8 à 70 ans. Les photos seront accompagnées d’un texte qui révèle l’histoire de chacun d’eux ainsi que d’un message qu’ils offrent aux Français.Ces expositions auront lieux dans différentes villes de France et peut être ailleurs, dans des cafés, des médiathèques, des lycées. C’est un financement ouvert à tout ceux qui souhaitent soutenir une cause encore tabou, celle du Sahara Occidental. J’ai besoin de vos financements pour le tirage et les cadres des photos, sans quoi aucune exposition ne sera possible. Je suis à la recherche d’un maximum de lieux, il y aura trois expositions à Valence, à Crest, à Roman, à Plan de Baix, à Lyon, à Paris, à Genève peut être et dans bien d’autres villes encore.L’exposition a pour but d’interpeller les français qui, pour la plupart, ne connaissent pas l’existence de ce pays. C’est une manière de faire appel à notre solidarité vis à vis de ce peuple. Si nous entendons si peu parler de ce sujet c’est avant tout parce que la France collabore très étroitement avec le Maroc. C’est notre pays qui a mit son droit de véto pour éviter qu’une mission des nations unis se fasse aux Sahara Occidental.Aujourd’hui, si il y a encore des enfants qui se font tabasser, si aucun sahraoui n’a jamais connu la liberté, mais uniquement la terreur des bagnes secrets, des prisons et des tortures c’est aussi parce que la France continue de soutenir le Maroc dans son colonialisme.Un bref résumé de l’Histoire du Sahara Occidental :Le Sahara Occidental est une ancienne colonie de l’Espagne, appelée à cette époque Rio de Oro. Le Maroc s’est décolonisé de la France en 1956, le Sahara Occidental a voulu faire de même, en fondant le Front Polisario en 1973. En 1975, le Maroc a lancé « la marche vert », 350 000 civils marocains se sont rendus sur le territoire à l’initiative de Hassan II pour affirmer le caractère marocain du Sahara. Ensuite Le Maroc et la Mauritanie ont établi des accords secrets avec l’Espagne leur permettant le droit de se partager le Sahara Occidental. La Mauritanie s’est finalement retirée du sud du Sahara en raison d’accord de paix avec le Front Polisario. Depuis, le Maroc occupe entièrement le Sahara Occidental. L’armée marocaine réprime violemment les manifestations sécessionnistes qui se succèdent au Sahara occidental (début de l’ « intifada » sahraouie en 2005). En 2010 des familles sahraouies installent leurs tentes à 15 km de Laâyoun (la capitale). En moins d’une semaine, ce campement baptisé “campement de la protestation et de la dignité’’ compte environ 20 000 personnes. Peu de temps après la police marocaine a dévasté le campement. Aujourd’hui l’armée, les forces de l’auxiliaire et les unités de polices marocaines, continuent d’attaquer les citoyens sahraouis, saccagent les maisons et procèdent à des arrestations arbitraires et violentes. Un nettoyage ethnique est mis en place, en toute impunité. Les grandes puissances, notamment la France, soutiennent activement l’option d’autonomie proposée depuis 2007 par le Maroc. L’Etat français considère qu’elle est « la seule solution réaliste ». Mais, le Front polisario, que l’ONU estime être « le représentant légitime du peuple sahraoui », refuse cette option qui ne permet pas l’autodétermination des Sahraouis.L’exposition a aussi pour but, de montrer aux français qu’ailleurs, il y a des gens souriants, qui chaque jour se battent pour survivre comme ils l’entendent, c’est à dire dans la liberté. Ce sont en même temps des exemples que nous devons prendre pour nous même, car dans nos temps de crise nous nous laissons voler nos libertés acquises.La collecte servira pour les tirages qui sont à 3 euros pour chaque photo (20x30cm), ainsi que les cadres (9 euro l’unité), des 16 portraits que j’ai sélectionnés. Cadre : 9 x 16 + tirage : 3 x16 = 192 euro. Si je dépasse mon objectif cela me permettra d’imprimer les photos dans un plus grand format mais aussi de joindre d’autres photos qui recouvre la vie quotidienne des sahraouis.Je m’appelle Lilith Marceau, j’ai 17 ans. Je suis en terminale littéraire en option cinéma. J’ai eu la chance de beaucoup voyagé, notamment en Afrique. Petite j’ai été quelque moi au Sénégal et au Burkina Faso. Je suis aller deux fois aux Sahara Occidental. L’année prochaine j’y retourne quelques mois pour d’autres projets et ensuite je pars en Amérique … -
Les Sahraouis saluent le rapport de Ban Ki-moon
Le rapport que compte présenter jeudi prochain au conseil de sécurité le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est important à plus d’un titre car il rappelle avec insistance plusieurs points occultés par le Maroc. Parmi ceux-ci, estime Mohamed Salem Ould Essalek, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, l’inscription du Sahara occidental sur la liste des territoires non autonomes depuis 1963 et la réaffirmation de la responsabilité et de l’implication pleine et entière de l’ONU jusqu’à ce que le statut final de la dernière colonie en Afrique soit défini à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination.Autre point important : la confirmation de Ban sur la nécessité d’une « surveillance durable, indépendante et impartiale des droits de l’homme » au Sahara occidental. « C’est une réponse claire aux violations flagrantes commises par l’Etat d’occupation marocain contre les civils sahraouis », explique Ould Essalek. Dans son rapport, le patron des Nations unies, qui « dévoile le véritable visage de la politique marocaine », parle aussi des ressources naturelles du Sahara occidental exploitées illégalement par le Maroc.Last but not least, l’appel de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité dans le cas où aucun progrès n’aura été réalisé avant avril 2015. Pour le ministre sahraoui, cet appel ne signifie qu’une chose : « la patience de l’ONU est épuisée à cause de l’intransigeance du Maroc ». « Seule l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental dans les plus brefs délais peut mettre un terme à ce conflit et garantir la paix et la stabilité dans la région », souligne le ministre sahraoui qui espère voir le Conseil de sécurité permettre lors de sa réunion fin avril l’élargissement du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental) à la surveillance des droits de l’Homme. « C’est une urgence, dit-il, car cet élargissement est étroitement lié à la responsabilité des Nations unies d’une part et sa crédibilité d’autre part ».Des organisations scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège et Suède) appellent aussi à l’élargissement du mandat de la Minurso. Dans une lettre adressée à la présidente pour ce mois du Conseil de sécurité, la Nigériane Joy Ogwu, ces organisations mettent en exergue, comme Human Rights Watch, Amnesty international, la situation « difficile » des droits de l’Homme au Sahara occidental.Ban Ki-moon souligne dans son dernier rapport, indiquent-elles, l’urgence de créer une commission indépendante, impartiale et durable surveillance de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Déplorant « le harcèlement, la violence l’abus et la discrimination commis par les autorités marocaines contre les civils sahraouis », elles dénoncent les jugements « arbitraires » des tribunaux militaires prononcées à l’encontre d’activistes sahraouis. Les signataires de cette lettre appellent à un dialogue direct entre les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) pour aboutir à un règlement de la question sahraouie « conformément à la Charte des Nations unies ».Des progrès avant avril 2015 ou… A l’approche de deux réunions du Conseil de sécurité, la première, jeudi prochain, verra l’intervention de Christopher Ross et de Wolfgang Weisbrod-Weber et la seconde, à la fin du mois pour la prorogation d’un an du mandat de la Minurso, Ban Ki-moon a rendu public son rapport jeudi dernier. Dans ce dernier, il a invité le Maroc et le Front Polisario « à reconnaître la nécessité de faire des progrès urgents et à s’engager sérieusement » sur « le contenu d’une solution politique et la forme de l’autodétermination » conformément aux orientations du Conseil de sécurité. S’il n’y a pas de progrès d’ici avril 2015, une révision totale du processus des négociations fourni en avril 2007 par le Conseil de sécurité » au Front Polisario et au Maroc, et ce, en application de la résolution 1754, s’imposera, prévient Ban.Cela signifie, explique Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario à l’ONU, que « le chef de l’ONU ferait assumer au Conseil de sécurité une lourde responsabilité, et ce, soit pour aller de l’avant et résoudre définitivement le dossier sahraoui, soit jeter l’éponge et ouvrir, par conséquent, les portes vers l’inconnu dans une région qui a besoin de paix, de stabilité et de certitude pour son avenir ».ans la perspective de ces deux réunions du Conseil de sécurité, Mme Aminatou Haidar a été reçue mardi à New York par Mme Joy Ogwu. Au menu : les droits de l’homme. A Ndjamena, Kalzeubé Pahimi Deubet le Premier ministre du Tchad, un pays qui siège au Conseil de sécurité, comme membre non-permanent pour la période 2014-2015, a reçu Mhamed Khadad, le coordinateur avec la Minurso.http://www.horizons-dz.com/?Les-Sahraouis-saluent-le-rapport -
Sahara Occidental : Le Makhzen fait dans son froc
A cause de sa défaite au Sahara Occidental, le Maroc compte sur la propagande de la menace terroriste. De ce fait, des dizaines de démantèlements de cellules terroristes ont été annoncés sans qu’on connaisse la suite de ces démantèlements. A chaque fois, la MAP annonce la capture de recruteurs de candidats djihadistes pour chaque conflit qui surgit dans la planète : la Lybie, le Mali, la Syrie.
Jamais le monde n’a connu des services de sécurité aussi performants que ceux du Maroc grâce â la bienveillance de sa Majesté le roi Mohammed VI.
Le timing de ces démantèlements est connu : à chaque fois que le Conseil de Sécurité se réunit sur le Sahara Occidental. Oui, pendant ce mois d’avril qui fait que sa Majesté et ses sujets makhzéniens tremblent de peur face à la résistance héroïque du peuple sahraoui qui tient tête à la répression marocaine.
Oui, tous les mois d’avril nous avons droit à une dépêche de la MAP nous informant de la performance des services de sécurité marocains qui démantèlent une énième cellule de terroristes ou de recruteurs de terroristes.
Une dépêche qui prouve la lâcheté du roi des misérables et de ses sbires qui, après 40 ans, n’ont pas réussi à faire capituler les sahraouis.
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Jaafar, Sahraoui torturé de manière ignoble à El AAIUN dans la nuit du 9 au 10/4/2014
Ce genre d’épisodes se produit régulièrement au Sahara Occidental occupé.À cinq jours du renouvellement du mandat de la MINURSO, le gouvernement marocain continue de torturer. Ils se savent à l’abri. Les Nations Unies renouvelleront une autre fois le mandat sans l’élargir à la surveillance des droits humains, avec un petit mot demandant au Maroc de mieux se tenir. On voit bien que le Maroc a tout ficelé et bien ficelé.Tous les pays des Nations Unies savent ce qui se passe au Maroc où l’on torture les Sahraouis pour s’exprimer. Mais c’est honteux qu’un organisme supranational qui dit défendre les méthodes pacifiques appuie sans gêne un Maroc qui torture et qui occupe une nation, pour servir les intérêts économiques ou stratégiques de certains pays.Par Claude Mangin, recueilli par Crisrina Martinez Benitez de Lugo 10/4/2014Jaafar Carcoub Hmad, Sahraoui, a été arrêté à minuit dans la nuit du 9 au 10 avril 2014, quand il se promenait dans le port de El Aaiun, près d’un magasin de sardines.Jaafar est neveu de l’activiste des droits de l’homme, Hmad Hammad, très connu. Hmad connaît bien les tortures marocaines et la persécution systématique. Encore aujourd’hui, il traîne les séquelles des tortures qu’on lui infligea. Il a été opéré des vertèbres, il a de terribles douleurs. Être neveu de Hmad n’est pas une bonne carte de visite.Jaafar fut attrapé par cinq ou six gendarmes marocains. Ils disaient qu’il essayait de brûler les magasins. Ils sentirent ses mains et dirent qu’elles sentaient l’essence.Ils l’emmenèrent au Commissariat de la plage. Tout de suite arrivés, ils l’assommèrent avec une brique sur la tête, et il perdit connaissance. Ensuite il l’enfermèrent dans des toilettes répugnantes. Là, il fut rossé de coups et de coups de pied. Ce fut un assaut organisé, collectif. On le battit sur le visage avec des tennis. On lui asséna des coups de pied sur la tête avec la pointe des bottes et on marcha sur sa tête. Ils le mirent par terre et ils sautaient sur son dos comme s’ils étaient sur un matelas. Ils se relayaient. Ensuite, quelqu’un donna l’ordre de le retourner, et ils continuèrent à sauter sur sa poitrine. Il avait des menottes aux mains et aux pieds. Il était couvert de sang. Il déféqua dans sa culotte. Ils n’accédèrent pas à le changer ni à lui donner de l’eau.Il hurlait. “tu peux y aller, personne ne t’entend”. Une personne avec une moustache lui dit: “Sais-tu que de nombreuses personnes qui ont été ici, dans ce cachot, n’ont plus donné signe de vie? Certains ont réussi à sortir, mais, malheureusement, pas tous”.Quand il fut arrêté, il y avait une personne avec lui qui put fuir et prévenir la famille. Sa tante se rendit au commissariat. Ils lui dirent que ce n’était rien, que c’était une bagarre. Sa tante savait très bien de quoi il en était. Quand elle partit, le gendarme de dire: “Ces natifs, ce sont des ignares. Ils croient tout”.On le battit pendant toute la nuit. On le laissait un peu et ils recommençaient. Ils s’amusaient avec lui. À 5h. ils le laissèrent par terre et s’en furent prendre une collation.Ils l’appelaient séparatiste, ils l’insultaient, ils lui crachaient dessus.Jaafar saignait des yeux. Il ne pouvait se protéger la figure. On lui cassa le nez et un sourcil. Il a mal partout, les coudes, les genoux, la tête, le dos, surtout le dos. Il ne peut pas bouger.Jaafar raconte ce qu’il éprouvait. Il fut surpris de l’énorme cruauté des gendarmes qui donnaient ces coups pleins de haine, de méchanceté. Ils n’ont pas peur. Ils savent qu’ils sont couverts.On l’interrogeait. Mais avant qu’il ne pût répondre, on le battait de nouveau. Question – coup. On lui demandait à propos de personnes qu’il ne connaissait pas, ce qu’il faisait à El Aaiún (Jaafar y est depuis trois mois seulement), quelle était sa relation avec son oncle Hmad.Jaafar leur dit: “attendez, il ne reste pas longtemps pour l’élargissement de la MINURSO”. “Tiens Minurso” et ils le battaient davantage.Jaafar leur dit qu’il n’était pas séparatiste, que pour se séparer de quelque chose il faut avoir été uni auparavant. Et que le Sahara n’avait jamais appartenu au Maroc.Ces réponses de Jaafar aux gendarmes peuvent surprendre dans une situation si dure, mais Jaafar me dit que c’était une injustice si absurde que tout lui était égal. Il voulait mourir. Il ne supportait plus la douleur dans la poitrine, l’estomac, le dos, la figure. Il voulait combattre la violence avec la vérité, avec la raison.“Moi, je suis contre la spoliation”. Davantage de coups. Le mot spoliation -qui se dit “nahb” en arabe- est un mot tabou au Maroc. Il est défendu.On lui fit signer des papiers dont il ne connaissait pas le contenu. On lui mit l’empreinte sur le papier. Lui essayait de tacher la déclaration, mais on le battait toujours.On l’emmena à l’hôpital pour lui coudre les blessures de la tête. Et ils le retournèrent au cachot. Là ils demandèrent que la famille lui amène des vêtements pour qu’il se présente devant le juge dans un autre état.Le rapport médical : dans une page d’un bloc, un gendarme note “un coup sur la tête, un coup sur le sourcil” et il le garde dans sa poche.Le matin, le groupe fut relayé. Ces nouveaux gendarmes avait l’air sympathique et jovial.”Qui t’a fait ça?” “Vos camarades”. “Non, tu ne dois pas dire ça. Ça ne va servir à rien”. On lui disait : “Il faut abandonner la politique. La politique est menée par quelques uns et ensuite c’est les pauvres gens qui payez les pots cassés”.On insista une et mille fois pour qu’il ne dise pas a
u juge ce qu’on lui avait fait ou il y trouverait son compte. Un policier avec beaucoup de galons lui dit :“Si tu te mets du côté des activistes, il y aura des conséquences. Ton oncle sait bien de quoi je parle”. Il le lui répéta en marquant bien ses mots, comme pour lui laisser réfléchir sur toutes les possibilités de représailles. “Je te l’ai dit trois fois et je ne le redirai pas”.Devant le juge, Jaafar raconta tout. Le juge ne voulait pas l’écouter. “Je ne te crois pas, ça ne va pas figurer”. Jaafar, malgré son état, insistait devant le juge “on ne m’a pas informé de mes droits, et maintenant que je suis devant le juge, il ne veut pas m’écouter”.Le juge fut net. “Si tu veux que tout se passe bien, ne dis pas que c’est la Gendarmerie qui t’a tabassé”. Il le menaça de la Prison Noire. Plus tard, il changea un peu et lui dit: “Écoute, tu vas être acquitté, mais tu ne dois pas dire qu’on t’a frappé au commissariat”.On venait de lui faire cadeau d’un bon portable. À la gendarmerie on lui rendit ses deux portables cassés, écrasés avec des bottes. Il confisquèrent ses deux cartes mémoire. Quelques jours auparavant son e-mail avait été bloqué.—————-Ce genre d’épisodes se produit régulièrement au Sahara Occidental occupé.À cinq jours du renouvellement du mandat de la MINURSO, le gouvernement marocain continue de torturer. Ils se savent à l’abri. Les Nations Unies renouvelleront une autre fois le mandat sans l’élargir à la surveillance des droits humains, avec un petit mot demandant au Maroc de mieux se tenir. On voit bien que le Maroc a tout ficelé et bien ficelé.Tous les pays des Nations Unies savent ce qui se passe au Maroc où l’on torture les Sahraouis pour s’exprimer. Mais c’est honteux qu’un organisme supranational qui dit défendre les méthodes pacifiques appuie sans gêne un Maroc qui torture et qui occupe une nation, pour servir les intérêts économiques ou stratégiques de certains pays.Quelle honte.recueilli par Crisrina Martinez Benitez de LugoLe 10 avril 2014. -
ASDHOM : Point hebdomadaire n°59 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au Maroc, 11/4/2014
L’exigence de l’établissement de la vérité sur ce qui s’est réellement passé au Maroc en termes de violations graves des droits de l’Homme étaient les maitres mots du colloque, organisé le 9 avril 2014 au Parlement européen par le collectif Al-Haqiqa (AMBDH, APADM, ASDHOM, FMVJ-France, KMM). Ce colloque sur la disparition forcée et l’impunité qui prévaut au Maroc, présidé par la députée européenne Marie-Christine Vergiat du groupe GUE, a été dédié à feu Hadj Ali El-Manouzi, père du disparu Houcine El-Manouzi dont le sort n’est pas élucidé depuis son enlèvement en 1972 à Tunis et sa tentative d’évasion à Rabat en 1975.L’ASDHOM qui s’est investie dans la préparation de ce colloque, ce qui explique le retard de ce point hebdomadaire, tient à se joindre à toutes celles et tous ceux qui, en ce moment, à Rabat comme à Casablanca, rendent hommage à la mémoire de ce grand homme et à travers sa mémoire, à celle de toutes les victimes des violations des droits de l’Homme et à leurs familles.Ont pris part à ce colloque deux invités venus du Maroc : Maître Abdeslam Chaouch, un ancien membre dirigeant de l’AMDH, membre du PADS et de l’association l’Observatoire de la Justice au Maroc ainsi que Abdelkrim Ouzzane du Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc (membre du Forum Marocain pour la Vérité et la Justice FMVJ) et fils du disparu Belkassem Ouzzane, enlevé en 1973 de la prison centrale de Kénitra alors qu’il venait d’être relaxé par le tribunal militaire de Rabat.Un dossier regroupant les actes de ce colloque sera publié par le collectif Al-Haqiqa qui entend rouvrir le sujet de la vérité et de l’impunité en interrogeant les travaux et les résolutions de l’ex-IER qui était censée faire la lumière sur le passé du Maroc.Nous revenons dans ce point sur les informations préoccupantes qui nous sont parvenues et qui concernent nos groupes de prisonniers politiques et d’opinion déjà parrainés ainsi que d’autres, nouvellement arrêtés.Groupe UNEM-Agadir : Très tôt, le 1er avril 2014, le prisonnier politique militant de l’UNEM, Noureddine Abdelouahab, est trouvé mort pendu dans sa cellule à la prison locale de Ouarzazate où il purgeait une peine de 2 ans et 8 mois depuis juin 2012 suite aux protestations populaires qu’avait connues la ville de Mhamid El-Ghizlane. Ses camarades de l’UNEM, le connaissant combattant et bon vivant, ne croient pas à la thèse du suicide. L’ASDHOM qui présente ses condoléances à sa famille et à ses camarades, demande aux autorités marocaines de faire toute la lumière sur cette mort suspecte.Groupe UNEM-Fès : Ce sont 31 étudiant(e)s, militant(e)s de l’UNEM-Fès, qui ont été arrêté(e)s et présenté(e)s le 29 mars 2014 au procureur du roi près du tribunal de 1ère instance de Fès. Ces arrestations sont survenues après l’intervention violente des forces de l’ordre au sein du campus universitaire Dhar El-Mahraz pour disperser une occupation de nuit qu’observaient les étudiants pour réclamer l’amélioration des conditions d’étude.Ils ont été présentés le 30 mars au juge d’instruction qui a décidé de poursuivre 11 parmi eux en état d’arrestation et les 20 autres en liberté provisoire. Le procès des 11 a été fixé au lundi 31 mars et il a été reporté par la suite au 7 avril, puis au 14 avril. Il s’agit de : Adil Abioui, Bouchta Janati, Abderrahim Baraka, Abdelfattah Meskine, Mustapha Bakrati, Brahim Saâou, Mohamed Nadi, Jalil Chahid, Khalil Karbaoui, Mehdi Chhiti, Hakim Hachimi. Ils se trouvent actuellement à la prison locale Ain Kadous.Le procès des 20 autres, libérés provisoirement, a été, lui, fixé au 15 avril 2014.Toujours à Fès, l’ancien prisonnier politique, membre de l’UNEM-Fès, Mohamed Ait Rais, a été arrêté de nouveau le 1er avril 2014. C’est la troisième fois en deux ans qu’il est arrêté et traduit devant un tribunal. En 2012 et 2013, il avait déjà écopé de deux peines d’emprisonnement et l’ASDHOM l’avait proposé au parrainage. Ce sont donc 12 militants au total qui attendent leur procès du 15 avril à la prison Ain Kadous de Fès. Pour réclamer leur libération et dénoncer ce procès, ils ont observé deuxgrèves de la faim, une de 48h le 5 avril et une autre de 96h à partir du 10 avril.Groupe UNEM-Taza : À Taza, non loin de Fès, c’est autour de la militante de l’UNEM-Taza, Saida Bouzafour, d’être arrêtée le 1er avril. Le juge a décidé de lapoursuivre en état de liberté provisoire.Groupe 20-Février à Casablanca : Les trois grandes centrales syndicales au Maroc avaient appelé à manifester le dimanche 6 avril à Casablanca. Des militants du mouvement 20-Février se sont joints à cette manifestation. Les forces de l’ordre sont alors intervenues avec violence pour isoler ces militants et ont procédé à des arrestations parmi eux. 11 militants du 20-Février ont été présentés le 8 avril 2014 devant le tribunal de 1ère instance de Casablanca. Leur procès a été reporté au 15 avril. 9 parmi eux (Hamza Haddi, Youssef Bouhlal, Ghani Zaâmoun, Ayoub Boudad, Hakim Sarroukh, Mohamed Harrak, Abdellatif Sarsari, Mustapha Aârass, Hamid Alla) ont été placés de détention à la prison Oukacha et les deux autres (Amine Kabbabi, Fouad El-Baz) sont poursuivis en liberté provisoire. Parmi les militants arrêtés se trouvent d’anciens prisonniers politiques que l’ASDHOM a parrainés.L’ASDHOM réclame leur libération et demande aux trois syndicats qui ont organisé cette manifestation, qui n’avait rien d’illégal, d’intervenir avec force auprès des responsables marocains pour exiger cette libération immédiate. Ces arrestations condamnables constituent une atteinte flagrante au droit de manifestation.Groupe Sahraouis-Ait Melloul : Les quatre défenseurs des droits de l’Homme sahraouis, Sidi Sbai, Hafed Toubali, Bachir Bouâmoud et Mohamed Jemour, qui avaient été arrêtés le 11 février à Ifni, condamnés en 1ère instance à Tiznit à des peines de 4 et 6 mois de prison ferme et transférés à la prison d’Ait Melloul pour attendre leur procès en appel au tribunal d’Agadir, ont arrêté le 2 avril leur grève de la faim, entamée le 24 mars dernier, après avoir reçu la visite d’un vice-procureur du roi qui a promis d’accéder à leur doléances. Ils réclamaient un procès en appel rapide et l’amélioration de leurs conditions de détention et notamment la séparation des prisonniers de droit commun. Le lendemain et d’une manière expéditive, la Cour d’appel d’Agadir a reporté leur procès au 10 avril 2014 avant même que les 4 détenus n’arrivent en salle. Aux abords du tribunal, les forces de l’ordre ont procédé en même temps à la dispersion violente causant des blessés parmi les familles et les organisations qui sont venues les soutenir. Ce procès va être reporté une deuxième fois au 17 avril 2014.Le 3 avril, c’était au tour de deux autres prisonniers politiques sahraouis d’être jugés pour un dossier qui remonte à septembre 2013 en lien avec les événements d’Assa après le démantèlement du campement Tizimi qui ont conduit à al mort du jeune Rachid Echine. Boujamâ Izza (27 ans), arrêté le 4 octobre 2013, a été condamné à deux ans de prison ferme. Quant à Hassan Chouiar (32 ans), arrêté le 1er octobre 2013 à Assa pour les mêmes raisons, a été condamné à un an de prison ferme.Au même moment, un autre prisonnier politique sahraoui, Abdallah Boukayoud, a vu son procès reporter par le même tribunal sans lui fixer de date.Le 10 avril, cette fois-ci, c’est le jeune mineur Hamza Tamek, qui a été condamné après plusieurs reports à un an de prison ferme.Groupe Ouarzazate-Microcrédit : En soutien aux femmes marocaines en lutte contre les dérives du microcrédit et aux deux militant(e)s condamné(e)s, Amina Mourad et Bennacer Ismaïni, Attac/Cadtm Maroc et l’Association populaire pour le développement social organisent du 24 au 27 avril une caravane internationale de solidarité. Elle partira de Ouarzazate à la vallée du Ziz, faisant étape dans les vallées du Draa et du Dades – des zones de forte concentration des victimes du microcrédit.Bureau exécutif de l’ASDHOMParis, le 11 avril 2014http://solidmar.blogspot.be/2014/04/asdhom-point-hebdomadaire-n59-sur-la.html -
"Mohammed VI, un roi qui brise les rêves" (Prince Hicham)
Interview du prince Hicham avec France 24 (09/04/2014)Moulay Hichal El Alaoui, le « prince rebelle » du MarocNotre invité aujourd’hui est le prince Moulay Hicham El Alaoui, cousin germain du roi du Maroc Mohammed VI, surnommé souvent le « Prince Rebelle » ; Il sort un livre qui sent la poudre, « Journal d’un princi banni » (Editions Grasset). C’est une plongée inédite au sein de la famille royale marocaine, un portrait intime, un portrait sans concession de Hassan II et de Mohammed Vi. C’est surtout une dénonciation sans appel des dérives de la monarchie. Une monachie avec qui Moulay Hicham, qui vit aux Etats-Unis depuis 2002, est plus que jamais en guerre ouverte. Lui qui est pourtnat le troisième en ligne pour le trône.C’est un livre très riche, plein d’anecdotes inédites, sur Hassan II notamment, sur ses collères, ses manigances, ses humiliations, parfois ses doutes aussi, mais c’est surtout un livre dans lequel vous estimez que malgré les dérives dictatoriales de Hassan II, c’était un vrai roi, c’était surtout un meilleur roi que Mohammed VI. Vous dites, par exemple que le roi qui brisez les os a été remplacé par le roi qui brise les rêves ; C’est un verdict très dure contre le roi Mohammed VI.Prince Hicham : Je vais d’abord ajuster quelques-unes de vos évaluations et de vos appréciations. Ca ne sent pas le souffre, ou àa ne sent pas la poudre, ça sent plutôt l’acide. C’est pas un livre explosif, c’est un livre corrosif. Il ne va pas à l’encontre de la monarchie, mais il va à l’encontre du Makhzen le système traditionnel. Finalement, il ne fait pas un portrait de Mohammed VI, il fait un portrait de Hassan II et, en l’occurrence, un portrait en creux de Mohammed VI. Dernière chose, la thèse de ce livre c’est que Hassan II a posé les jalons de la libéralisation, Mohammed VI, a pris le relais, il a continué dans cette libéralisation, mais néanmoins, il a adopté le langage de la libéralisation politique sans, pour autant, aller au fond de la démarche.– C’est vrai, c’est un portrait en creux, il y a beaucoup plus d’anecdotes de Hassan II avec qui vous avez eu des rapports avec des hauts et des bats, mais je vais quand même lire ce que vous dites sur Mohammed VI. « Il s’est montré infinimment plus sympathique que son père mais peut-être aussi infinimment moins roi . Sortis de la dictature sous Hassan II, nous nous sommes laissés étouffer sous l’édredon mou du roi des pauvres (qui a été le surnom de Mohammed VI). C’est quand même un verdict très dure. Vous êtes très déçu, vous espériez, lorsque Hassan II meurt en 1999, que Mohammed VI allait être le roi réformateur. Ce n’est pas le cas.P.H. : Ce livre est, avant tout, un bilan, pas de ce qu’on a fait. On a fait beaucoup. Mais c’est surtout une critique de ce qu’on aurait pu faire, qu’on n’a pas fait. Et le manque a gagner, le coup d’opportunités est énorme pour le Maroc, et c’est ce que ressort dans ce livre.– alors vous dites que la monarchie est menacée parce qu’elle ne peut pas continuer en tant que telle. Pour vous, la monarchie au Maroc est en danger de mort lente ou rapide ?P.H : Je dis tout simplement que le système khalifal marocain dans sa version traditionnelle qui est le Makhzen, est un briquet où se trouve dans une relation organique avec la monarchie et il est en train de l’étouffer. Les deux se servent mutuellement, mais c’est un signe d’une certaine conception de la monarchie, la monarchie absolutiste qui, elle, est nourrie par le Makhzen et pas la monarchie démocratique dont peuvent les marocains aspirer. Celle-ci est menacé, celle-ci ne voit pas le jour, ne connait pas une éclosion, mais la monarchie tout court est, je trouve, menacée par cette chose, par son jumeau que j’appelle siamois prédateur et rapace qui est le Makhzen. Et c’est justement déconstruire cette relation symbiotique et organique qui est tout l’enjeu pour le Maroc.– Mais est-ce que c’est possible ? Vous dites, vous-mêmes, que c’est indissociable cette espèce de magma d’intérêts qui d’après vous, en sert le monarchie, est-ce qu’on peut les séparer, ou est-ce que si vous enlevez l’un l’autre va partir avec ?P.H. : Je vais d’abord commencer par la mise à défaut. Si on tente pas quelque chose, à terme ce système arrivera, connaîtra une crise ouverte, il est déjà dans une impasse. Mais je vous rappelle aussi que ça a été fait dans d’autres endroits. Ca a été fait en Angleterre, ça a été fait en Hollande, en Espagne.– Des monarchies constitutionnelles avec un roi sans pouvoir.P.H. : Sans pouvoir, mais cela paraît comme étant négatif. Mais un roi avec un pouvoir moral est un énorme pouvoir.– Pour vous, le roi Mohamed VI n’est pas un roi démocrate ?P.H. : Pour moi, Mohammed VI est à la tête d’une monarchie qui sur le papier n’est pas encore une monarchie constitutionnelle. Je ne vais pas lui faire un projet d’intention, je suis un politologue et je suis un marocain. Je peux voir ce que le marché nous livre.– Vous avez parlé d’un espoir déçu. Il a quand même fait des réformes…P.H. : Je vais vous donner un exemple. Il a établi l’IER, l’Instance d’Equité et de Réconciliation, sous la direction de Driss Benzekri. Cette instance a posé les jalons et a fourni un certain nombre de recommandations à savoir, et notamment, pour séparer le fonctionnement des services et de l’appareil de sécurité de la décision politique et de la mettre sous le contrôle parlementaire. Ces recommandations que Mohammed VI, en quelque sorte, a demandées, n’ont pas été appliquées et le résultat nous le voyons. Nous voyons des salafistes maltraités pendant la guerre contre le terrorisme de Bush. Nous la voyons dans l’affaire de Zakariya Moumni et nous voyons dans beaucoup de choses. Nous voyons une plainte déposée contre le patron de la DST au Maroc. On est dans le réel.– Qui est fautif ? Est-ce que c’est le roi ou son entourage ? Vous critiquez très directement son entourage ou est-ce que c’est finalement comme c’est le roi le monarque absolu au Maroc c’est lui le fautif.P.H. : Je ne le dis pas assez, mais le problème au Maroc c’est une responsabilité partagée. La classe politique marocaine, les élites, ont été lamentables aussi.– Y compris celles qui ont accepté la « cohabitation » avec le roi …?P.H.: Toutes les élites ont eu des défaillances. Moi-même j’ai eu des défaillances. Nous sommes tous responsables de cette situation, mais à qui revient la responsabilité historique de mettre le Maroc sur la trace, pas de la modernisation parce qu’on est dedans, mais de la modernité ? In fine, peut-être pas de jure, mais in fine, la responsabilité de la tâche revient au Chef de l’Etat et au titulaire de la monarchie, à savoir le roi Mohammed VI.– Alors, dans ce livre, il y a beaucoup de souvenirs. Vous parlez de ces dérives, certaines auxquelles vous avez participé, vous parlez notamment de ce que vous appelez le trafic qui était pratiquée par tous les membres de la famille royale, y compris l’actuel roi. C’est quoi ?P.H. : Je parle de moi-même, je décris ma vie, je dis simplement qu’à un moment de vos vies, nous avons voulu nous affranchir économiquement. Etant donné le contrôle extrême de Hassan II, parce que Hassan II était un personnage extrêmement complexe, c’est pas seulement un dictateur, c’est un homme autoritaire avec beaucoup de facettes complexes. Il fallait survivre et chacun a eu droit à des magouilles.– Et ça continue à magouiller ?P.H. : Ca je ne sais pas. Je suis plus dedans mais je suppose que oui.– Je vais y revenir. Il y a beaucoup de souvenirs historiques. Vous parlez des doutes qui assaillent, par exemple, Hassan II après des tentatives de coup d’Etat. Il a l’impression qu’il a échoué. Une scène très forte où il se tape la tête contre le mur, littéralement, mais je vais en revenir à un autre moment de l’histoire important, c’est Mehdi Ben Barka, l’opposant marocain enlevé à Paris en 1965, son corps n’a jamais été retrouvé. On a tout dit, que c’était un meurtre orchestré par le Maroc, un enlèvement qui a mal tourné. Vous dites que non seulement il a été assassiné sous les ordres de Hassan II mais que celui-ci a, littéralement, réclamé sa tête. Je vais lire ce que vous écrivez : « J’entendais mon père dire que, pour lui, qu’il ne faisait aucun doute que Ben Barka avait été tué par les services secrets marocains. Plus précisément, j’ai grandi avec une histoire murmurée, un secret chuchoté dans le premier cercle, la tête de Ben Barka a été ramenée et présenté à Hassan II. Un discours qui vient d’un récit du docteur personnel du roi.P.H. : Il s’agit encore d’être exact. En droit, il existe une chose qui s’appelle la présomption d’innocence, mais en histoire il existe aussi les récits et les sources. C’est une chose avec laquelle nous avons grandis. C’était la tradition orale et verbale dans la monarchie, mais il y a aussi le livre de Clairet qui s’appelle, je pense, « Le Cheval Blanc ». Ce sont des faits relatés du point de vue du Docteur Clairet. Donc, je rapporte ça parce que c’est un livre de vérités, c’est pas un livre de complaisance.– D’accord, mais quand vous dites quelle est la part de responsabilité du roi, vous dites, « le tête rapportée à Hassan II pèse lourd ».P.H. : Je dis si en fait ça se prouve ça pèse lourd, voilà exactement ce que j’ai dit. Il y a un point d’interrogation et je parle de Hassan II et je dis grand roi avec sa partie de gloire mais sa partie de nuit aussi.– Alors, vous, on se demande, à quoi vous aspirez ? Vous dites je ne m’interdis rien. Vous espérez encore que la monarchie peut se sauver, qu’est-ce que vous allez faire ? Est-ce que vous pensez, par exemple, vous lancer en politique ? Quelle est votre contribution ? Vous dites « je suis prêt », mais prêt à quoi ?P.H. : J’ai pas dit que j’étais prêt. J’ai dit que je m’interdis rien. Ce qui veut dire que je suis prêt à contribuer un jour, je ne me mets pas en réserve, mais je m’interdis de me priver de quoi que ce soit. Je dirai tout simplement comme j’ai dit dans le journal Le Monde, si cela devait être le cas, ça n’arrivera pas sans doute pas à l’intérieur de la monarchie ou sans doute pas à l’intérieur de ma famille. J’ai quitté ma maison qu’est le Palais Royal, encore ma demeure familiale et pas politique. Cela veut dire tout simplement que le contribution, si on doit être positif. Vous savez, on peut dire aussi en France qu’on va aller chanter la Marseillaise dans l’Arc de Triomphe et pour autant tout va rentrer dans l’ordre. Non, il faut être réaliste. Il y a des moments où une action venant de ma part peut parasiter la situation, parasiter le démocrate, moi je veux bien parasiter le Makhzen, mais je veux surtout pas parasiter le démocrate et une dynamique démocratique qui peut s’installer.– Pour l’instant, on n’est pas là.P.H. : Pour l’instant, si, quand même. Il y a eu des courants démocratiques, une gestation démocratique, mais en des termes exactes, tout cela s’était estompé après 2011.– Dernière question : Vous avez subi des intimidations, vous le racontez dans le livre, dans votre bannissement. Est-ce que vous continuez à en subir ? Est-ce que vous craigniez d’en subir à cause précisément de ce livre ?P.H. : Je ne les crains pas. Je les attends comme tout démocrate, comme toute personne qui a des principes. Je les attends et je me défendrai. Sans pour autant me lamenter, sans pour autant en faire écho, parce que j’ai autre chose à faire avec mon temps.– Vous êtes optimiste pour l’avenir du Maroc ?P.H. : Je suis de nature optimiste. -
Sahara Occidental : Des miettes pour Mohammed VI
La France et les Etats-Unis ont ajouté à leur us diplomatiques avec le Maroc un nouveau genre de politesse qui consiste à jeter des fleurs à la monarchie marocaine.Mohammed VI a fait savoir à ses alliés que leur louanges contribuent en grande mesure à la stabilité du régime au Maroc.Cette culture a été transmise au Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon. Ainsi, dans ce dernier rapport aux 15 membres du Conseil de Sécurité, Ban Ki-moon loue les « efforts marocains » en matière des droits de l’homme pour permettre au roi Mohammed VI de lancer quelques miettes au peuple marocain et dissimuler cet échec cuisant du Maroc à l’ONU, puisque Ban traité le Maroc de pays colonisateur avec la question des ressources naturelles et en rappelant le Chapitre XI, Article 73 des Nations Unies qui est en fait la Déclaration relative aux territoires non-autonomes.Annexe : Charte des Nations unies, chapitre XI, art. 73Chapitre XI : Déclaration relative aux territoires non autonomesArticle 73Les Membres des Nations Unies qui ont ou qui assument la responsabilité d’administrer des territoires dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l’obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte et, à cette fin :1. D’assurer, en respectant la culture des populations en question, leur progrès politique, économique et social, ainsi que le développement de leur instruction, de les traiter avec équité et de les protéger contre les abus;2. De développer leur capacité de s’administrer elles-mêmes, de tenir compte des aspirations politiques des populations et de les aider dans le développement progressif de leurs libres institutions politiques, dans la mesure appropriée aux conditions particulières de chaque territoire et de ses populations et à leurs degrés variables de développement;3. D’affermir la paix et la sécurité internationales;4. De favoriser des mesures constructives de développement, d’encourager des travaux de recherche, de coopérer entre eux et, quand les circonstances s’y prêteront, avec les organismes internationaux spécialisés, en vue d’atteindre effectivement les buts sociaux, économiques et scientifiques énoncés au présent Article;5. De communiquer régulièrement au Secrétaire général, à titre d’information, sous réserve des exigences de la sécurité et de considérations d’ordre constitutionnel, des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs aux conditions économiques, sociales et de l’instruction dans les territoires dont ils sont respectivement responsables, autres que ceux auxquels s’appliquent les Chapitres XII et XIII. -
La force de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental doit assurer le suivi de la situation des droits humains
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit étendre le mandat de sa force de maintien de la paix au Sahara occidental pour y intégrer un mécanisme de suivi de la situation des droits humains, a déclaré Amnesty International, alors que les manifestations pacifiques sont réprimées et que des informations font état de militants torturés en garde à vue au cours des douze derniers mois.Le Conseil de sécurité de l’ONU doit étendre le mandat de sa force de maintien de la paix au Sahara occidental pour y intégrer un mécanisme de suivi de la situation des droits humains, a déclaré Amnesty International, alors que les manifestations pacifiques sont réprimées et que des informations font état de militants torturés en garde à vue au cours des douze derniers mois.Dans un rapport remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé un suivi indépendant, impartial et continu de la situation des droits humains dans le territoire et dans les camps de réfugiés sahraouis établis dans le sud de l’Algérie.« Élargir le mandat de la force de maintien de la paix pour intégrer la protection des droits humains permettrait de mettre enfin en lumière des violations qui, sinon, restent dans l’ombre, et de rendre compte de manière indépendante et impartiale des allégations controversées d’atteintes aux droits humains, a déclaré à New York Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.« En l’absence d’une surveillance indépendante, impartiale, globale et continue, les parties concernées s’accusent mutuellement de violations des droits humains, ce qui alimente les tensions, puisque ces faits présumés ne sont pas pris en compte.« Face à une répression constante, les défenseurs des droits humains ne peuvent pas rendre compte des violations endémiques commises au Sahara occidental. On ne peut plus se contenter de conserver une force de maintien de la paix dotée d’un mandat limité. »Le Conseil de sécurité de l’ONU doit étendre le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) fin avril 2014. Il s’agit de la seule opération de maintien de la paix de l’ONU qui ne soit pas dotée d’un volet des droits humains.Au cours de l’année qui a précédé le dernier renouvellement de mandat de cette mission, les autorités marocaines ont continué de museler la dissidence, imposant des restrictions à la liberté d’expression, aux manifestations pacifiques et à la société civile. Les manifestations pacifiques sont régulièrement interdites ou dispersées dans la violence. Amnesty International a recensé des cas de militants et de manifestants torturés et maltraités en garde à vue, à la suite de manifestations réclamant que la MINURSO adopte un mandat élargi à la protection des droits humains en 2014.En outre, les défenseurs des droits humains et les militants au Sahara occidental sont soumis à des restrictions au niveau de l’emploi, harcelés et surveillés sans relâche par les forces de sécurité, tandis que les autorités empêchent les associations locales de défense des droits humains de s’enregistrer en bonne et due forme.« Si le Maroc veut démontrer qu’il est déterminé à respecter ses obligations internationales, il doit mettre fin aux actes de harcèlement et d’intimidation ciblant les militants et cesser d’entraver la surveillance indépendante des droits humains, tant par les associations locales que par l’ONU », a déclaré Salil Shetty.Le litige non résolu concernant le territoire annexé par le Maroc en 1975 est une question politique très sensible, ce qui rend d’autant plus cruciale le suivi impartial et durable par la MINURSO. Le 8 novembre 2010, des violences ont éclaté lorsque les forces de sécurité marocaines ont démantelé par la force un campement de protestataires pacifiques à Gdim Izik, près de Laayoune, faisant 11 morts parmi les forces de l’ordre et deux parmi les Sahraouis. Les autorités marocaines n’ont pas mené d’enquête indépendante et impartiale sur ces événements. Par la suite, 25 civils sahraouis ont été condamnés par un tribunal militaire pour leur rôle présumé dans ces violences à de lourdes peines de prison, dont neuf à la détention à perpétuité. Les accusés ont passé deux ans en détention provisoire, durant lesquels ils auraient été torturés et maltraités, avant d’être condamnés de manière inique sur la base d’« aveux » obtenus sous la contrainte.L’élargissement du mandat de la MINURSO permettrait de garantir la tenue d’une enquête indépendante sur la mort de 11 Sahraouis qui ont « disparu » en 1976. Leurs corps ont été découverts et exhumés en 2013 par une équipe médicolégale indépendante ; d’après ses conclusions, ces 11 hommes ont été victimes d’une exécution extrajudiciaire imputable aux forces armées marocaines.« La MINURSO pourrait jouer un rôle important en préservant les preuves médicolégales et en ouvrant la voie à des enquêtes indépendantes et impartiales sur des agissements comme les disparitions forcées », a déclaré Salil Shetty.Quant au Front Polisario, il n’a pris aucune mesure pour mettre fin à l’impunité dont jouissent les auteurs présumés d’exactions commises dans les années 1970 et 1980 dans les camps placés sous son autorité, et où aucune organisation indépendante de défense des droits humains n’est présente.Mettre sur pied un mécanisme de surveillance indépendant et impartial pourrait contribuer à aider le Front Polisario et les autorités marocaines à surmonter leur défiance mutuelle, nourrie par les accusations d’atteintes aux droits humains, et à instaurer un climat propice à des négociations politiques fructueuses.Complément d’informationLa Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été mise sur pied en 1991 dans le territoire annexé par le Maroc en 1975 et dans les camps de réfugiés sahraouis établis à Tindouf et dans le sud-ouest de l’Algérie. Elle est chargée de faire appliquer un cessez-le-feu entre les forces armées marocaines et le Front Polisario, et d’organiser un référendum visant à déterminer le statut définitif du Sahara occidental.– See more at: http://www.noodls.com/view/544076544F9B150585631352E3524ED07FD2460A?9375xxx1397286421#sthash.jK5sgHRU.dpuf -
Sahara Occidental : des organisations nordiques pour l’élargissement du mandat de la MINURSO
STOCKHOLM – Des organisations nordiques ont appelé à l’élargissement du mandat de la MINRUSO (Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental) à la surveillance des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité des Nations Unies, le nigérian Joy Ogwu, ces organisations nordiques (Du Danemark, Finlande, Norvège et Suède) ont mis en exergue la situation « difficile » des droits de l’Homme au Sahara occidental.Ces organisations ont souligné, que dans son dernier rapport sur le dossier du Sahara occidental qu’il présentera prochainement devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait souligné la nécessité d’une surveillance « durable, indépendante et impartiale » des droits de l’homme du peuple sahraoui.Elles ont relevé que dans ce rapport, le chef de l’ONU a déploré les nombreuses violations des droits de l’Homme commises par le Maroc.« M Ban a rappelé que la question des droits de l’Homme demeure importante dans tout règlement d’un conflit et qu’il est de plus en plus pressant de créer une indépendante, impartiale et durable surveillance de la situation des droits de l’Homme dans le Sahara occidental », ont affirmé ces organisations.Elles ont indiqué que la demande du SG de l’ONU est également mentionnée dans les rapports de plusieurs organisations non gouvernementales, comme Human Rights Watch (HRW) et les différentes résolutions du Parlement européen.Ces organisations ont vivement déploré « le harcèlement, la violence l’abus et la discrimination commis par les autorités marocaines contre les civils sahraouis », dénonçant également les jugements « arbitraires » des tribunaux militaires prononcées à l’encontre d’activistes sahraouis.Ces organisations ont par ailleurs, appelé à un dialogue direct entre les deux parties au conflit (Maroc et Front Polisario) pour aboutir à un règlement de la question sahraouie « conformément à la Charte des Nations unies ».Parmi les signataires de cette lettre figurent notamment des partis politiques des pays nordiques, représentés au niveau des parlements locaux et européen ainsi que de nombreuses ONG suédoises, danoises, finlandaises, et norvégiennes solidaires avec la question sahraouie et les causes justes à travers le monde.