Mois : février 2014

  • La torture d’un militant sahraoui au coeur de vives tensions entre le Maroc et la France

    En déposant une plainte contre le patron du contre-espionnage marocain pour des actes de torture, l’Association des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) a déclenché la colère des autorités marocaines. Et l’embarras de l’Etat français…
    C’est un coup de froid diplomatique rare. Depuis quelques jours, le Maroc ne décolère pas contre la France. Au cœur de la brouille : la visite, le 20 février dernier à Paris, de sept policiers à la résidence de l’ambassadeur marocain. Les policiers étaient porteurs d’une convocation, par un juge d’instruction, du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, en visite en France.
    Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a tenté samedi 22 février d’apaiser les tensions, évoquant un « incident regrettable » et promettant que « toute la lumière » serait faite. François Hollande a même dû téléphoner au Roi Mohamed VI.
    Dernier rebondissement, lundi 24 février, une visite officielle à Rabat de Nicolas Hulot « envoyé spécial du président français pour la planète » a été reportée par les autorités marocaines.
    A l’origine des tensions, deux plaintes pour des actes de torture déposées le 20 février par l’ACAT (Actions des chrétiens pour l’abolition de la torture) et Joseph Breham, avocat au barreau de Paris. L’une d’entre elles concerne Naâma Asfari, défenseur des droits de l’homme sahraoui arrêté et torturé en novembre 2010 puis condamné à 30 ans d’emprisonnement par la justice militaire marocaine sur la base d’aveux signés sous la torture.
    Dimanche 23 février, une autre plainte a été déposée contre le patron du contre-espionnage marocain par l’avocat d’un ancien champion de boxe, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012.
  • Atrapado en el Sahara, Marruecos suelta a los subsaharianos

    « Habría que pedir a Marruecos que procure que los inmigrantes no se acerquen tanto a la frontera de España », dijo el ministro de AE español Garcia Margallo durante el coloquio que siguió a la presentación del Informe del Real Instituto Elcano sobre estrategia de la política exterior española.
    Se trata de una clara alusión a la complacencia marroqui ante los movimientos de los inmigrantes que son utilizados para ejercer presión sobre España y Europa. Cómo se explica que este problema haya surgido justo en este momento?
    Marruecos se encuentra bajo presión de la comunidad internacional en la cuestión del Sáhara Occidental. El Enviado Personal del Secretario General de la ONU para el Sáhara Occidental multiplica las visitas a la región para reunir a las partes antes del mes de abril, con resultados concretos para hacer avanzar el proceso de negociación, mientras que Marruecos está buscando la manera de retrasar la mediación de la ONU en espera de que Hillary Cinton acceda a la Casa Blanca en las próximas elecciones americanas.
    De este modo, Marruecos aumenta la presión sobre España, la potencia administradora oficial del territorio saharaui, y Europa, para recordarles los servicios prestados por Rabat en el control de la inmigración.
    El método marroquí es bien conocido. La prensa mauritana habló de ello en los últimos tiempos. El periódico Al -Akhbar afirmó que « el Reino Jerifiano expulsó a decenas de inmigrantes africanos hacia la frontera con Mauritania » en respuesta a  » la aceptación por parte de Mauritania de la propuesta para la vigilancia de la cuestión de los derechos humanos en el Sáhara Occidental » .
    El culebrón de los asaltos subsaharianos continuará ya que la posición de Francia está cambiando hacia una neutralidad positiva para permitir que el Consejo de Seguridad ponga fin a un conflicto que dura ya casi 40 años.
    En la antigua colonia española del Sahara, Marruecos sigue cometiendo las peores atrocidades contra la población civil saharaui gracias al apoyo de Francia que sigue bloqueando en el Consejo de Seguridad impidiendo que la MINURSO (Misión de las Naciones Unidas para el Referéndum en el Sahara Occidental) tenga en su mandato la orden de vigilar los derechos humanos en el Sahara Occidental.
    En Abril se reúne el Consejo de Seguridad para debatir sobre la cuestión del Sahara Occidental. Tu firma puede ayudar a acabar con las violaciones de derechos humanos en el Sahara Occidental.
    Firma, por favor, esta petición

  • Acculé au Sahara Occidental, le Maroc lâche les subsahariens

    “Il faudra demander au Maroc de faire en sorte que les immigrés ne s’approchent pas trop de la frontière d’Espagne”, vient de dire le ministre des affaires étrangères espagnol, Garcia Margallo lors d’un colloque qui a suivi le rapport présenté par le Real Instituto Elcano.
    Il s’agit, là, d’une allusion claire à la complaisance marocaine face aux mouvements des immigrés qui sont utilisés pour faire pression contre l’Espagne et l’Europe.
    Le Maroc est sous pression de la communauté internationale dans la question du Sahara Occidental. L’Envoyé Personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental multiplie les visites à la région pour réunir les parties avant le mois d’avril avec des résultats concrets visant à faire avancer le processus des négociations, alors que le Maroc cherche le moyen de retarder la médiation onusienne en attendant l’arrivée de Hillary Cinton à la Maison Blanche.
    De ce fait, le Maroc accentue la pression sur l’Espagne, puissance administrative officielle du territoire sahraoui, et l’Europe, pour leur rappeler les services rendus par Rabat en matière de contrôle de l’immigration.
    La méthode marocaine est bien connue. La presse mauritanienne s’en est fait écho dernièrement. Le journal Al-Akhbar avait indiqué que le « Royaume chérifien a renvoyé des dizaines de migrants africains vers la frontière mauritanienne”, en réaction à «l’acception par la Mauritanie de la proposition de l’Algérie et du Front Polisario de veiller sur le dossier des droits de l’homme au Sahara occidental ». 
    Le feuilleton de l’assaut des subsahariens se poursuivra étant donné que la position de la France est en train de changer vers une neutralité positive pour permettre au Conseil de Sécurité de mettre fin à un conflit qui dure depuis près de 40 ans.

    La MINURSO est la seule mission onusienne qui ne surveille pas le respect des droits de l’homme. S’il vous plaît, votre signature de cette pétition aidera à atténuer les violations des droits de l’homme au Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique
    SIGNEZ LA PETITION!

  • La p… de la France

    Par Kamel Moulfi
    Dire que la France se permet tout avec le Maroc n’est pas du tout exagéré. Ce que révèle l’acteur espagnol Javier Bardem est incroyable mais vrai ; il rapporte crûment ce que pense du royaume chérifien l’ambassadeur de France aux Etats-Unis : «Le Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre.» 
    Cette information – qui laisse entendre que le Maroc est encore moins qu’une monarchie sous le protectorat français – ne vient pas de sites que le Makhzen tente de faire passer pour anti-marocains ; elle est donnée par le quotidien français Le Monde, que l’on ne peut soupçonner d’une quelconque hostilité au roi du Maroc. 
    L’acteur espagnol en conclut que c’est ce qui explique que les dirigeants français ferment les yeux face aux «dépassements» commis par les services de sécurité marocains contre les opposants, et particulièrement la torture systématiquement pratiquée sur les détenus sahraouis. Humiliants, il faut un mot plus fort pour qualifier les propos de l’ambassadeur français à l’endroit d’un pays «allié», mais le Maroc les a trouvés à peine «scandaleux et inadmissibles». Où sont «la confiance et le respect mutuels» qui doivent exister entre deux pays amis comme la France et le Maroc ? 
    Quelques jours avant ce fait, un autre «incident regrettable» – comme s’est limité à le décrire le ministère des Affaires étrangères marocain – s’était déjà produit : des policiers français ont agi avec l’ambassadeur du Maroc en France sans les égards dus à son rang, en allant directement à sa résidence à Paris, pour lui notifier une convocation émanant d’un juge d’instruction adressé au patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, une ONG, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), ayant saisi l’opportunité de sa présence en France pour demander aux autorités d’entendre ce responsable, accusé de «complicité de torture». 
    On peut penser que Nicolas Hulot a été bien content d’apprendre que le Maroc a été effacé de son itinéraire écologique.
    K. M.
    Algeriepatriotique, 25/02/2014

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  • Misiones de paz olvidadas: Sahara Occidental

    MINURSO: el olvidado Sahara Occidental


    guerra
    (Mapa del Sahara Occidental)


    Que es la MINURSO

    abril
    (Desminado humanitario realizado por un observador de Naciones Unidas)


    La Misión de las Naciones Unidas para el Referéndum del Sáhara Occidental (MINURSO) se estableció por la Resolución 690 del Consejo de Seguridad PDF Documentde 29 de abril de 1991, de acuerdo con las propuestas de arreglo aceptadas el 30 de agosto de 1988 por Marruecos y el Frente Popular para la Liberación de Saguía el-Hamra y de Río de Oro (Frente POLISARIO). 

    El plan de arreglo, tal como fue aprobado por el Consejo de Seguridad, establecía un periodo de transición para preparar la celebración de un referéndum en el que el pueblo del Sáhara Occidental elegiría entre la independencia y la integración con Marruecos. El Representante Especial del Secretario General tendría la responsabilidad única y exclusiva sobre los asuntos relacionados con la celebración del referéndum, y estaría asistido en sus funciones por un grupo constituido por civiles, militares y personal de la policía civil, que se conoce como la Misión de las Naciones Unidas para el Referéndum del Sáhara Occidental.



    Texto extraido de la pagina de la Armada Argentina y su participacion en la misma. 

    Un nuevo conflicto se generó en la región del Sahara Occidental en 1976, debido a que el frente POLISARIO se opuso a que España, al retirarse de su colonia del Sahara Español, cediese el control a Mauritania y Marruecos. 

    sahara



    Mauritania permaneció, prácticamente, ajena al conflicto, dejando que la cuestión se resolviera entre Marruecos y el Frente Polisario. La mediación de la década de los ochenta llevó adelante el concepto de dar a los saharauies occidentales el derecho a elegir entre la independencia y una integración con Marruecos. 

    De acuerdo con las propuestas para arribar a un acuerdo aceptado por las partes, el 29 de abril de 1991, el Consejo de Seguridad de ONU resolvió establecer la misión MINURSO en el Sahara Occidental. 

    Debido a las diferentes opiniones y diversas interpretaciones acerca de algunos temas claves del acuerdo, no fue posible aplicar las pautas del pacto de conformidad con el cronograma original, suscitando reiteradas revisiones y modificaciones que limitaron el comienzo y cumplimiento de las tareas del mandato. 

    La Armada participó en la MINURSO mediante personal enviado en calidad de observadores militares. 

    Para cumplir con las tareas de verificación, los observadores de la Armada fueron asignados a las estaciones de los grupos desplegados en ambos lados del « muro » defensivo construido por Marruecos en el desierto. Este « muro » se extiende de norte a sur, desde la frontera con Argelia hasta la frontera con Mauritania, y encierra hacia el mar la mayor parte del territorio bajo control marroquí, a la vez que canaliza el tránsito este-oeste tanto de vehículos como de personas en unos pocos puntos de cruce. Un impedimento adicional para el tránsito lo constituyen las minas instaladas por las partes en conflicto.
     


    agosto 
    (Medalla entregada a los integrantes de la MINURSO) 


    seguridad 
    (Mural de en una de las bases de los cascos azules) 

    oriental 
    (Un miembro de la Minurso junto a un mapa del Sahara Occidental en la ciudad saharaui de Esmara) 

    arreglo 
    (Mujeres sahauries que trabajan en desminado humanitario) 

    acuerdo 
    (Cascos azules franceses descienden de una duna) 

    occidental
    (Observadores militares de Ghana mientras tratan de sacar su todo terreno de la arena)

    (MegaPost) Misiones de paz olvidadas: Sahara Occidental 
    (Todoterreno de las Naciones Unidas luego de pinchar una goma) 

    guerra
    (Observadores de China, Croacia y Egipto realizando una practica de evacuacion sanitaria durante un supuesto accidente) 

    abril 
    (Observador brasileño, unico ocupante de un vuelo que va desde Agwanit a Laayoune) 

    sahara
    (Observadores militares de las Naciones Unidas en una reunion con gente de la zona) 

    agosto 
    (Antonov 24 aterrizando con pasajeros y equipos)


    Cascos Azules argentinos: solo 3!!



    seguridad


    Durante 2009 habian unicamente 3 observadores militares de nuestro pais, ellos estaban en Agwanit, Laayoune y Dirlei. Pertenecian a la Fuerza Aerea, Infanteria de Marina y el Ejercito Argentino.

    Hoy en día Argentina sigue enviando observadores militares al Sahara Occidental, aunque el entrenamiento que se necesita para ir es mucho mas extenso y riguroso que el standar para las misiones normales como Haiti y Chipre.



    Documental sobre el Sahara Occidental 

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=VeLXMT00tKk&w=420&h=315]


    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=Rn8lzlNhqpQ&w=420&h=315]

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=ox-uU1175lY&w=420&h=315]



    http://www.taringa.net/posts/imagenes/17595273/MegaPost-Misiones-de-paz-olvidadas-Sahara-Occidental.html


    En la antigua colonia española del Sahara, Marruecos sigue cometiendo las peores atrocidades contra la población civil saharaui gracias al apoyo de Francia que sigue bloqueando en el Consejo de Seguridad impidiendo que la MINURSO (Misión de las Naciones Unidas para el Referéndum en el Sahara Occidental) tenga en su mandato la orden de vigilar los derechos humanos en el Sahara Occidental.
    En Abril se reúne el Consejo de Seguridad para debatir sobre la cuestión del Sahara Occidental. Tu firma puede ayudar a acabar con las violaciones de derechos humanos en el Sahara Occident
    al.
    Firma, por favor, esta petición

    https://secure.avaaz.org/fr/petition/Ban_Kimoon_Elargir_les_competences_de_la_MINURSO_pour_la_supervision_du_respect_des_dr/?copy

  • Voici les pays de l'UE qui bénéficieront de la sale pêche

    Onze États de l’UE ont reçu des droits de pêche au large des côtes du Sahara Occidental occupé dans le cadre de l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche conclu avec le Maroc. Les propriétaires de poissons, vivant dans des conditions humanitaires aiguës, reçoivent une aide d’urgence de l’UE ne valant qu’une fraction de ce que ces onze États vont récolter.
    Le Parlement marocain a adopté le 10 février 2014 l’accord de pêche UE- Maroc. Le processus politique étant maintenant terminé, les pêcheurs de l’UE attendent avec impatience la fin des procédures techniques pour pouvoir mettre la voile pour le Maroc – et le Sahara Occidental, dernière colonie de l’Afrique, qui est en grande partie occupé par le Maroc.
    Maroc n’a aucun droit juridique ni moral de vendre les riches ressources halieutiques du Sahara Occidental, un fait que l’UE a choisi d’ignorer lors de l’accord de la transaction. Mais quels États membres de l’UE bénéficient-ils de l’accord très controversé ?
    Le tableau ci-dessous montre la répartition des licences de pêche ou quotas par catégorie de pêche, comme convenu par le Conseil européen en novembre dernier. Quatre des six catégories sont ouvertes à la pêche au Sahara Occidental, en raison de leur portée géographique : alors que chacune de ces catégories a une limite géographique nord, tout ce qui est au sud de cette latitude spécifique semble être partie gratuite. Ce sont des catégories 3 à 6 ; la pêche artisanale dans le sud, la pêche démersale, la pêche au thon et la pêche industrielle des espèces pélagiques.
    Beaucoup d’encre a coulé sur les intérêts purs et durs de l’Espagne dans cet accord, comme en témoigne le lobbying massif de l’Espagne en sa faveur. Sur les 108 licences de pêche prévues par l’accord, l’Espagne en effet reçoit la part du lion : 90 licences. La moitié de ces licences pourrait être utilisée pour la pêche au Sahara Occidental.
    Les 18 licences restantes sont réparties entre le Portugal – qui reçoit 14 licences, dont 4 pourrait être utilisées au Sahara Occidental – et la France, qui se retrouve avec 4 licences qui pourraient toutes être utilisées dans les eaux occupées.
    En plus des 108 licences de pêche, l’accord prévoit 80.000 tonnes annuelles dans la lucrative catégorie pélagique industrielle, soit 60.000 tonnes de plus par an que dans l’accord précédent. Les 80.000 tonnes sont divisées en plus petits quotas qui sont accordés aux différents États membres de l’UE.
    Les Pays-Bas ont reçu la plus grande part, avec 24 567 tonnes, suivie par les 20 693 tonnes de la Lituanie et les 11 640 tonnes de la Lettonie. Sept autres États membres de l’UE ont un plus petit quota soit, l’Allemagne (6467 tonnes), la Pologne (4525 tonnes), le Royaume-Uni (4525 tonnes), l’Irlande (2917 tonnes), la France (2644 tonnes), le Portugal (1555 tonnes) et l’Espagne (467 tonnes).
    La pêche pélagique est particulièrement inquiétante, car elle a lieu presque exclusivement dans les eaux du Sahara Occidental occupé. Les propres réserves pélagiques du Maroc ont été gravement surexploitées ou même épuisées. Les stocks pélagiques au large du Sahara Occidental courent maintenant le même risque, puisqu’ils sont ciblés par les navires industriels européens et russes à travers une transaction illégale avec le gouvernement d’un autre pays. Et par l’augmentation de la flotte industrielle privée sous pavillon marocain ou des Caraïbes, comme décrit dans ce rapport de Greenpeace de novembre 2013.
    L’UE versera 30 millions d’euros par an au Maroc pour ces droits d’accès, et un supplément de 10 millions d’euros est versé par le secteur de la pêche. Dans le même temps, les personnes qui ont fui le Sahara Occidental suite à l’occupation illégale vivent dans une situation humanitaire désespérée. L’UE ne paie qu’une fraction du montant ci-dessus aux Sahraouis en aide d’urgence, par ECHO l’organisation humanitaire de l’UE.

    allocation.jpg
    http://www.wsrw.org/a111x2839

  • Sam Touzani : « Un drame a fondé mon héritage »

    Acteur, humoriste, auteur, metteur en scène, etc.: Sam Touzani, né il y a 45 ans, n’est plus à présenter. Ce qu’on ignore parfois, ce sont ses rapports difficiles avec le pays d’où viennent ses parents, le Maroc. Explications.
    Comment vos parents se sont-ils retrouvés en Belgique?
    C’était en 1965. Mon père vient d’un village berbère, Bni Touzine, à 30 km de Nador, dans le Rif; ma mère est de Tanger. Ils étaient de milieu modeste et analphabètes. Mon père, passé en Algérie française, avait combattu à 16 ans et demi en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, à Monte Cassino. Quatre de leurs enfants sont nés au Maroc, trois, dont moi, à Bruxelles. J’en profite pour tirer mon chapeau: comment ils ont pu élever tant d’enfants avec si peu de moyens, un père manœuvre, une mère femme de ménage, c’est inouï!
    Pourquoi refusez-vous d’aller au Maroc?
    A cause d’un vrai drame qui a eu lieu en 1972 et qui m’a marqué à vie. Ma mère s’était rendue avec une grande sœur au consulat du Maroc à Bruxelles pour obtenir des cartes d’identité. Pour rentrer au pays, c’était l’idée initiale de tous les Marocains immigrés, celle du retour. Après, avec les enfants nés ici, ces projets se sont souvent évanouis. Là, donc, on a exigé un bakchich et ma maman, indignée, a refusé. Des gorilles ont surgi, les ont giflées devant tout le monde puis les ont traînées dans les caves pour les tabasser avant de finir par les jeter sur le trottoir. Personne n’avait levé le petit doigt pour elles. Elles ont dû aller à l’hôpital, ont porté plainte, et ensuite subi des menaces pendant des semaines de flics marocains en civil. J’avais 4 ans. C’est mon héritage.
    Votre père n’était pas un opposant?
    Non, il avait, comme beaucoup de Rifains, une grosse méfiance de ce qui venait du «makhzen» (pouvoir pyramidal autour de la personne royale). Ils ont alors tenté d’acheter mes parents pour éviter un procès, ils ont offert un million de francs belges, une somme énorme en 1972, mais ma mère a refusé, elle a dit non à l’oppression, à l’injustice, au dictateur. Tout ce que je suis devenu depuis lors, c’est à partir de cet ancrage-là. Je précise que nous avons été aidés par des opposants, Abdelrahmane Cherradi et Mohamed el-Baroudi. Ce dernier était un compagnon de Mehdi Ben Barka, le grand leader de l’opposition marocaine assassiné en 1966 en France.
    Comment le makhzen entend-il contrôler l’immigration?
    Il y a eu longtemps les «amicales», ces associations marocaines dans les divers pays d’immigration où des barbouzes faisaient la loi. Les mosquées, aussi, ou les professeurs de religion islamique. Une toile tentaculaire. Et les gens avaient peur, surtout qu’ils rentraient les étés au Maroc. Pensez que des gens disparaissaient ! Maintenant, l’omerta continue dans les familles marocaines mais c’est plus policé, c’est en costume trois-pièces. Mohammed VI n’est pas sanguinaire. Mais on continue à étouffer tout projet de résistance dans l’œuf. Depuis que les immigrés ont le droit de vote, le Maroc s’assure l’allégeance des élus d’origine marocaine, il n’y a que cinq d’entre eux qui refusent cette mascarade. Il y a des élus qui sont des agents marocains dans les trois grands partis traditionnels. Mais des Belges y participent aussi, comme Philippe Moureaux, qui a organisé naguère des soirées en faveur de la «marocanité» du Sahara occidental payées par des deniers belges !
    Et la Belgique entretient de bons rapports avec le royaume…
    Cela cache quels intérêts? Qui a peur de la démocratie au Maroc chez nos politiques? Il y a 250 militants du mouvement du 20 Février (dans le sillage des «printemps arabes» en 2011, NDLR) qui sont en prison et personne n’en parle ! Le roi est l’une des plus grosses fortunes au monde, il est plus riche que l’émir du Qatar, selon le magazine Forbes, c’est le premier assureur au Maroc, premier banquier, premier propriétaire terrien, etc. cela sur le dos du peuple, c’est honteux. Mais cela ne durera pas, on va vers la fin de la monarchie…
    BAUDOUIN LOOS
    A lire dans Le Soir version papier, ce samedi 22 février 2014, mon reportage dans la région de Nador (Rif), et aussi un article sur la volonté du Maroc de contrôler les populations de l’immigration marocaine.
    http://chaabtv.sharedby.co/6zFKhK
  • Echec cuisant de la visite du roi Mohammed VI au Mali

    A cause de sa colonisation du Sahara Occidental, le Maroc a claqué la porte de l’Afrique après que celle-ci ait admis la RASD en tant que membre à part entière de l’organisation panafricaine. Il y a de cela, 30 ans. A cette époque-là, personne ne pouvait prédire que le continent africain allait être convoité par les tous puissants de ce monde.
    Les yeux du monde entier sont braqués sur le continent noir, ses richesses et son indice de développement grimpant. Raison qui a poussé le président américain Barack Obama à organiser au mois d’août prochain un sommet américano-africain dans le but de renforcer les liens entre la première puissance du monde et l’Afrique. 
    Ainsi, les anciens alliés du Maroc se tournent vers l’Afrique que Rabat a quittée hier. Ce qui veut dire qu’ils tournent le dos aussi au Maroc à cause de ses velléités expansionnistes qui dure près de 40 ans. Aujourd’hui, le Maroc fait recours aux acrobaties pour cacher au peuple marocain la situation d’isolement vécue dans ce continent en montrant la visite du roi Mohammed VI aux pays de toujours comme un acquis permettant au Maroc de devenir une puissance africaine reconnue et supplanter l’Algérie dans la médiation malienne notamment.
    Finalement, le bilan de la visite de Sa Majesté s’est avéré maigre. Il n’a même pas obtenu dans le communiqué conjoint final la moindre mention à sa proposition d’autonomie, alors que le Makhzen aspirait à faire que le Mali retire sa reconnaissance de la RASD.
    Ainsi, le Makhzen continue la comédie initiée il y a plus de 50 ans qui veut que l’image du roi Mohammed V est apparue sur la lune. Une dynastie construite sur un mensonge et continue à contrôler le destin des marocains avec le mensonge.
  • Mali : Les mécanismes de l’imposture de l’Occident mis à nu

    A vrai dire, il n’est pas nécessaire de remonter aussi loin dans l’Histoire : la fin tragique de Patrice Lumumba rappelle à maints égards celle de Kadhafi. Humilié et battu en pleine rue par les soldats de Mobutu, le Premier ministre congolais a été fusillé par un peloton d’exécution commandé par deux gardes belges qui l’avait sauvagement torturé auparavant. Mais l’affaire ne s’arrête pas là : peu de temps après son enterrement, il a été exhumé par les frères Soete, deux policiers, qui ont pris soin de découper son corps en petits morceaux et de le dissoudre dans une cave d’acide sulfurique. 



    Le succès de l’opération Serval au Nord-Mali en janvier, quarante-neuvième intervention militaire de la France dans son pré carré africain, a dépassé toutes les attentes. Ses soldats y ont été accueillis en libérateurs tandis que des intellectuels africains de renom, jusque-là peu suspects de complaisance à l’égard de la Françafrique, se sont bruyamment réjouis de son action, jugée énergique et courageuse. On peut comprendre ce soulagement, car il était impératif de mettre hors d’état de nuire la coalition des responsables du sanglant chaos malien. Mais la haine envers ces derniers n’a-t-elle pas ramené un conflit complexe à une banale lutte entre le Bien et le Mal ? C’est à cette question que s’efforcent de répondre Aminata Dramane Traoré et Boubacar Boris Diop dans un échange de lettres franc et stimulant …
    «La Gloire des imposteurs…» (1) met en évidence une reprise en main néo-impériale de l’Afrique subsaharienne par une violente agression militaire se présentant comme une odyssée morale, généreuse et désintéressée. Mais, un an après, il y a lieu de se demander si, comme l’Amérique de Bush en Irak, la France n’a pas pavoisé un peu tôt au Nord-Mali où elle est en train de s’embourber. 
    Au-delà du Mali, véritable cas d’école, les deux auteurs partagent leurs réflexions sur l’énigmatique printemps arabe et sur les guerres de l’Occident hors de ses frontières, en particulier en Afrique – Côte d’Ivoire, Libye… Et chaque conflit leur offre l’occasion de mettre à nu les mécanismes de la même triomphante imposture.
    Dès le départ, Boubacar Boris Diop informe Aminata Traoré de sa volonté de s’installer à Saint-Louis. Le jour où il a appris que son quartier s’appelle Vauvert, ce nom lui a paru aussi amusant qu’énigmatique. Il s’est demandé si un plaisantin ne l’avait pas choisi parce que le lieu, tout proche de l’université Gaston Berger, est en revanche si éloigné du centre-ville qu’on peut bien dire qu’il est «au diable vauvert». 
    Ça fera sourire, une Malienne, mais au Sénégal personne ne jugera cette hypothèse farfelue. Ici, on aime se moquer depuis toujours de l’amour tyrannique fièrement assumé des Saint-Louisiens envers la Mère-Patrie, pour ne pas la nommer. Ils chérissent d’ailleurs Ousmane Socé Diop, un des tout premiers romanciers qui, dans « Karim », décrit Saint-Louis, en une phrase comme une «vieille ville française, centre d’élégance et de bon goût». Cet éloge tout de même assez étrange continue à remplir d’aise la population indigène ! Et Saint-Louis, qui n’arrive pas à oublier sa grandeur d’antan, se donne aujourd’hui encore un mal fou pour se ressembler à l’image qu’une longue nostalgie lui renvoie d’elle-même.
    Les observations de Boris Boubacar Diop relatives à Saint-Louis sont d’un grand intérêt. Elles révèlent la véritable nature des villes coloniales qui portent la marque du comptoir commercial. Ville côtière et insulaire, Saint-Louis a connu une urbanisation sans industrialisation. Ses habitants l’ont toujours présentée comme un berceau de la civilisation. Ils ont raillé les autres habitants du «Sénégal» qui ne sont que des gens de la brousse. Ils ont appelé la France « Tougal » (Portugal).
    Aminata Traoré reconnaît que les comportements mimétiques n’excluent pas une certaine volonté de produire du sens non plus, sauf que ce dessein ne se réalise pas nécessairement avec les ressources et les talents de l’Afrique. Au Sénégal, le président Abdoulaye Wade a fait construire par les Nord-Coréens un gigantesque monument en l’honneur d’une «hypothétique renaissance». Cela fait mal par ailleurs de constater la mise à l’écart des artistes sénégalais de renom.
    Le mal des Africains tient en ces mots : l’absence de souveraineté, note Aminata Traoré. On a raté une occasion historique d’établir un bilan rigoureux de cinq décennies d’effort de développement qui aurait pu mettre le Mali à l’abri du chaos actuel ou tout au moins en atténuer la gravité. L’Association des témoins de l’indépendance (Atgt) a proposé à Amadou Toumané Touré un débat de fond sur l’armée. Il n’en a pas voulu. Mais le 14 juillet, les soldats du Mali sont allés défiler sur les Champs-Elysées. Les Père fondateurs et les victimes de Françafrique ont dû se retourner dans leur tombe.
    Pour la génération de Boubacar Boris Diop, la tentation de l’Occident s’était forgée un alibi très honorable, celui de la lutte des classes. Se vouloir maoïste, trotskiste ou pro-Albanais – car il y avait même quelques sectateurs, rares et intraitables d’Enver Hodja ! – était, tout bien pesé, une façon à la fois rationnelle et délirante de se délester d’une africanité si lourde à porter, hier comme aujourd’hui, pour les cœurs fragiles. Voilà pourquoi Cheikh Anta Diop était irritant pour tant de monde. Quelle idée d’insister si fortement sur l’importance des langues africaines, par exemple, et de remonter aussi loin que l’Egypte ancienne pour dénouer les contradictions de l’Afrique contemporaine…
    Rien n’a mieux symbolisé cette fracture entre Cheikh Anta Diop et l’intelligentsia sénégalaise, quasi uniformément marxiste-léniniste en ses diverses chapelles, que le «Symposium Sankoré» organisé par le linguiste Pathé Diagne dans le grand amphithéâtre de ce qui ne s’appelait pas encore l’université Cheikh Anta Diop. Aucun de ses nombreux contradicteurs n’a certes osé avoir à son égard un mot déplacé – il forçait le respect par son envergure intellectuelle et morale -, mais c’était un spectacle hallucinant que celui de jeunes chercheurs, brillants et pleins d’assurance défilant à la tribune pour réfuter les thèses de Cheikh Anta Diop en récitant Hegel en allemand, qui Lénine en russe. Il aurait pu leur faire au cours de ces soirées la même remarque qu’à leurs pairs de Niamey q
    ui n’avaient cessé de le harceler pendant une conférence : «Toutes vos questions se ramènent à une seule : comment pouvez-vous continuer à soutenir de telles idées alors que les Toubabs ne sont pas d’accord avec vous ?» Boubacar Boris Diop cite de mémoire. Sans doute cet homme courtois avait-il plutôt utilisé le mot «Européens». 
    Lors d’un passage d’Aminata Traoré à Dakar, Boubacar Boris Diop a longuement discuté des thèses de l’auteur de « Nations nègres et culture », ce livre dont Césaire , dans « Discours sur le colonialisme », qu’il est, «à n’en pas douter, le plus audacieux qu’un Nègre ait jamais écrit». Il lui est arrivé de susciter un petit émoi, surtout dans certains cercles parisiens, en le présentant comme un disciple de Cheikh Anta Diop. Il arrive que des gens qui lui veulent du bien ou qui apprécient son travail littéraire le prennent à part après ces rencontres pour lui glisser à l’oreille qu’il est des lieux où l’on ne doit pas parler ainsi. Il signale à Aminata Traoré, entre parenthèses, qu’il a droit aux mêmes remarques désolées et incongrues à propos de Paul Kagamé que l’on est supposé haïr sans même savoir pourquoi. 
    Ça, c’est l’Europe. Quant à l’historien sénégalais, il est perçu d’une autre façon en Afrique et parmi les intellectuels radicaux de la diaspora noire. Il y est devenu banal aujourd’hui de se référer de Cheikh Anta Diop, mais il serait trop facile d’oublier qu’il a pendant longtemps été plutôt seul. Boubacar Boris Diop se dit parfois qu’il a peut-être eu tort de voir trop clair trop tôt. A son époque, la ligne – au propre comme au figuré – était toute tracée par le dogme communiste et il fallait une certaine témérité intellectuelle pour s’en écarter. Jamais sans doute, dans l’Histoire, une vision du monde ne s’est-elle imposée à l’humanité aussi massivement que le marxisme-léninisme. C’était dingue, le sentiment que les cultures particulières et même la géographie ne pouvaient que se plier au bon vouloir de cette grille de lecture géante. Il entendait lors de réunions clandestines tel ou tel appeler à une «solidarité active avec les camarades de Mongolie ou du Paraguay», et il avait quand même de petits doutes. C’était trop drôle, comme diraient les gamins aujourd’hui, de spéculer aussi gravement sur les contrées lointaines dans une minuscule chambre des Hlm Ouagou-Niayes (Ndlr : quartier de Dakar) !
    Puisque Boubacar Boris Diop attache une si grande importance aux langues africaines, Aminata Traoré résume la crise malienne en un seul mot : «Guéré-guéré». En bamanan, le terme désigne ces malheurs qui vous tombent dessus sans que vous sachiez d’où ils viennent ni pourquoi vous en êtes la cible. Il en est ainsi de la charia imposée par les islamistes radicaux à Kidal, Gao et Tombouctou, et de la militarisation de la lutte contre le terrorisme. Elle a tendance à y voir, comme Jean-Christophe Rufin, ancien ambassadeur de France au Sénégal, une «croisade mondiale qui n’a pas de fin, qui justifie tous les engrenages et, qui, compte tenu de l’ampleur du problème, ne peut aboutir à une victoire».
    Malheureusement, ces «engrenages» broient surtout les plus faibles. Voilà pourquoi il importe d’opposer, au cynisme des puissants, la profondeur de l’expérience humaine. Et celle-ci est faite pour l’essentiel du vécu de femmes qui paient le plus lourd tribut à la guerre.
    Déjà presque trois mois qu’a eu lieu le premier tour de l’élection présidentielle. Pour la France, elle devait être une simple formalité de transfert et de légitimation du pouvoir, mais le peuple malien en a fait un quasi-plébiscite pour Ibrahima Boubacar Keïta. Aminata Traoré avoue qu’elle ne s’attendait pas à ce dénouement : copieusement stigmatisé, Kéita n’est pas non plus un de ces technocrates qui ont presque toujours la faveur de la «communauté internationale». Après ce scrutin censé ouvrir la voie à la réconciliation avec les rebelles touaregs, il lui faudra rebâtir l’Etat et l’armée et faire face à l’islam radical.
    Aucun pays sur terre des hommes n’est à l’abri de la corruption. Ce qui différencie les régimes politiques, c’est la volonté de l’endiguer. Le mérite de Kagamé, c’est d’avoir compris que le seul vrai danger, c’est de se résigner à une sorte de consensus mou autour de la corruption, qui détruit l’économie d’un pays et ronge l’âme d’une nation. Au Rwanda, tous ceux qui abusent des biens publics savent qu’ils s’exposent à des sanctions sévères et cette absence d’impunité suffit à faire du graissage de patte non la règle, mais l’exception. 
    Qu’on ne s’y trompe pas : Si Kagamé a osé mettre la lutte contre la corruption au cœur de son projet politique, c’est parce que lui-même est au-dessus de tout soupçon. L’homme est en effet d’une telle intégrité que même ses plus farouches ennemis – Dieu sait qu’ils sont nombreux et terriblement haineux – n’osent jamais l’attaquer sur ce terrain.
    A l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat de Mouammar Kadhafi, Boris Diop donne son opinion sur cet événement. On verra que les médias veilleront soigneusement à n’en rien dire. Au fonds, les circonstances de la mort du Guide libyen continuent à être embarrassantes pour tout le monde. On n’a pas besoin d’être d’accord avec son projet politique pour avoir un peu honte de la manière dont il a fini sa vie, un jeudi matin, dans les rues de Syrte.
    Chaque jour, de nouveaux événements viennent aggraver le trouble ressenti dès le déclenchement du «printemps arabe». Si le désir de changement des insurgés était sincère, il faut bien reconnaître qu’il a été perverti et que l’infamie s’est vite invitée dans ce qui devait être une fête de la liberté retrouvée. Le lynchage public du chef de la Jamahiriya est une des manifestations de ce troublant déferlement de haine sur tout un pays.
    Boubacar Boris reste profondément choqué, deux ans après, par le soin tout particulier que l’on a mis pour faire mourir une seconde fois le colonel Mouammar Kadhafi, en l’inhumant «quelque part» dans le désert libyen. Ces funérailles secrètes, au petit matin, rappellent celles, tout aussi singulières, d’Oussama Ben Laden jeté aux requins. Elles suscitent aussi, en définitive, les mêmes interrogations et la même perplexité. Dans un monde normal, on ne peut, comme Obama, s’arroger le droit de persécuter ses ennemis jusque dans l’au-delà et continuer à se prétendre sans rire le bouclier universel des droits humains. Dans le cas du Guide libyen, la violation des lois de la guerre et de la résolution 1973 du Conseil de sécurité s’est doublée d’une volonté manifeste de profaner sa mémoire.
    A vrai dire, il n’est pas nécessaire de remonter aussi loin dans l’Histoire : la fin tragique de Patrice Lumumba rappelle à maints égards celle de Kadhafi. Humilié et battu en pleine rue par les soldats de Mobutu, le Premier ministre congolais a été fusillé par un peloton d’exécution commandé par deux gardes belges
    qui l’avait sauvagement torturé auparavant. Mais l’affaire ne s’arrête pas là : peu de temps après son enterrement, il a été exhumé par les frères Soete, deux policiers, qui ont pris soin de découper son corps en petits morceaux et de le dissoudre dans une cave d’acide sulfurique. 
    Déjà à l’époque, un mandat en bonne et due forme de l’Onu avait servi de cache-sexe à l’Américain Eisenhower et à l’ex-puissance coloniale belge, qui tous redoutaient qu’un pays aussi riche en minerais stratégiques ne bascule dans le camp communiste.
    Ce livre qui est un échange de lettres entre un écrivain sénégalais et une malienne, ancien ministre de la Culture, est plein de remarques pertinentes. Il mérite de faire l’objet d’un débat sérieux au sein de l’intelligentsia africaine. A ce titre, il devrait être lu avec beaucoup d’attention par les chercheurs, les hommes politiques, les syndicalistes et les étudiants.
    NOTE
    1) La gloire des imposteurs – Lettres sur le Mali et l’Afrique 
    Par Aminata Dramane Traoré et Boubacar Boris Diop – Philippe Rey 2014 – 233 pages
    http://www.pambazuka.org/fr/category/features/90709
  • "En Belgique, Rabat veut contrôler"

    « Il y a des élus qui sont des agents marocains dans les trois grands partis traditionnels. Mais des Belges y participent aussi, comme Philippe Moureaux, qui a organisé naguère des soirées en faveur de la marocanité du Sahara occidental payées par des deniers belges! »
    Comment contrôler l’immigration? Cette question s’est posée au Maroc dès les années 1960 et le roi Hassan II, à l’époque, n’a pas hésité à investir dans cette tâche. Objectif: maintenir les immigrés dans le giron de son pouvoir, les détourner de la politique et, si possible, faire taire par l’intimidation les opposants exilés.
    Ecoutons Mustapha Halla, de Charleroi, un ancien prisonnier politique: «A l’époque, le Maroc envoie, dans toutes les nations où résident des immigrés marocains, des sortes de milices privées nommées les Amicales. Celles-ci ont pour mission d’empêcher leurs congénères de participer à toute forme d’organisation syndicale ou autre organisation de la société civile ainsi que de se faire naturaliser. Ces milices sont actives à partir des années 60 jusque dans les années 90. Ceci n’a évidemment pas favorisé l’intégration, que du contraire. Cette même stratégie se poursuit actuellement par le biais des mosquées.»
    Le royaume chérifien ne lésine pas sur les moyens et on sait que des éléments de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, soit les services de renseignement) sont également mis à contribution quand la sécurité du royaume est jugée en cause. La Belgique avait demandé en 2008 le renvoi au Maroc de trois agents du DGED en raison de leur «ingérence» et autres «activités hostiles»…
    Certaines mauvaises langues vont jusqu’à affirmer que les dossiers qui ont abouti au Maroc aux lourdes condamnations pour terrorisme de deux Belgo-Marocains, Abdelkader Belliraj (perpétuité en 2008) et Ali Aarrass (12 ans en 2011), n’avaient d’autres raisons que de justifier aux yeux des Belges les activités policières marocaines en dehors du territoire national. Ces allégations ne peuvent être prouvées, mais les deux enquêtes fondant ces procès et verdicts au Maroc ont attiré la suspicion, les deux hommes ayant notamment affirmé avoir été torturés…
    Amicales, peu amicales, mosquées sous influence, espions zélés: faut-il s’étonner, dans ces conditions, qu’une certaine peur continue à régner chez les Belges de souche marocaine? «La plupart des Marocains de Belgique, explique Radouane el-Baroudi, caméraman-réalisateur et fils d’un opposant notoire décédé en exil en Belgique en 2007, sont issus de couches immigrées peu éduquées, souvent analphabètes à l’arrivée ici. Chez eux, la peur subsiste en Belgique encore maintenant. Dans la communauté marocaine, on ne cause pas de politique. On peut parler d’omertà. La peur est dans le code génétique des Marocains de Belgique depuis Hassan II.»
    Il faut dire que les méthodes, même encore maintenant, peuvent faire réfléchir. «Moi je fais un travail d’archivage de témoignages sur vidéo, poursuit Radouane el-Baroudi. Par exemple, j’ai interrogé les frères Boureqat, victimes du terrible bagne de Tazmamart dans les années 70. Eh bien! on me conseille de me calmer. Ou on passe tout simplement aux menaces: sur YouTube en avril 2011, il y a eu diffusion de mon nom, mon adresse, mon téléphone avec ce commentaire: Ce traître veut semer la zizanie au Maroc. J’ai porté plainte et la police a pris l’affaire très au sérieux. Il y a quand même eu l’agression en 2010 en plein boulevard Lemonnier à Bruxelles d’Ahmed Marzouki, autre rescapé de Tazmamart…»
    Le comédien et metteur en scène Sam Touzani abonde dans ce sens. Il se souvient par exemple qu’en 2005, le directeur… d’origine marocaine du Mrax (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie), Raoudane Bouhlal, avait reçu une lettre officielle du consul du Maroc lui demandant de retirer du site de l’organisme une interview de l’acteur…
    Mais les moyens de contrôle se révèlent aussi plus «soft». Ainsi en est-il des efforts constants de récupération par le Palais des dizaines d’élus issus de l’immigration marocaine. «La grande majorité des élus d’origine marocaine sont courtisés par Rabat, où ils sont reçus, constate Radouane el-Baroudi. En 2011, des mosquées ont été utilisées pour le référendum sur la Constitution, ce n’est pas normal.»
    Sam Touzani confirme: «Depuis que les immigrés ont le droit de vote, le Maroc s’assure l’allégeance des élus d’origine marocaine, il n’y a que cinq d’entre eux qui refusent cette mascarade. Il y a des élus qui sont des agents marocains dans les trois grands partis traditionnels. Mais des Belges y participent aussi, comme Philippe Moureaux, qui a organisé naguère des soirées en faveur de la marocanité du Sahara occidental payées par des deniers belges!»
    L’histoire personnelle de Touzani est frappante: «En 1972, ma mère s’était rendue avec une grande sœur au consulat du Maroc à Bruxelles pour obtenir des cartes d’identité. Là, on a exigé un bakchich et ma maman, indignée, a refusé. Des gorilles ont surgi, les ont giflées devant tout le monde puis les ont traînées dans les caves pour les tabasser avant de finir par les jeter sur le trottoir. Personne n’avait levé le petit doigt pour elles. Elles ont dû aller à l’hôpital, ont porté plainte, et ensuite subi des menaces pendant des semaines de flics marocains en civil. J’avais 4 ans. J’ai été marqué à vie. C’est mon héritage.»
    BAUDOUIN LOOS
    Le Soir , 22 et 23 février 2014