Mois : novembre 2013

  • Thema : Rencontre Obama – Mohammed VI, Sahara Occidental

    Intérêts stratégiques
    Voilà que Mohammed VI est en visite à Washington, officiellement pour discuter exclusivement d’économie et de sécurité, que déjà tous les médias algériens et marocains s’agitent autour du contentieux entre les deux meilleurs ennemis du Maghreb, comme s’il s’agissait d’une première. Évidemment, le dossier du Sahara occidental pourrait être soulevé par Barack Obama et Mohammed VI, ce qui serait normal depuis que John Kerry dès sa prise de fonction à la tête de la diplomatie américaine a décidé d’en faire une question prioritaire. Le porte-parole de la présidence américaine a, par ailleurs, affirmé que Washington appuyait le plan d’autonomie proposé par le Maroc, le qualifiant de «réaliste et de bonne foi». Une déclaration qui a réussi à émouvoir une certaine presse marocaine qui parle d’ores et déjà de victoire du Makhzen et qui souligne le fait que Mohammed VI a été reçu deux fois en quatorze ans à la Maison-Blanche, alors que Bouteflika ne l’a été aucune fois. Cela n’est pas très étonnant quand on connaît les relations qui ont toujours existé entre Rabat et Washington qui considère le Maroc comme son relais dans la région et surtout quand on sait qu’Alger a toujours été davantage du côté de Moscou. La guerre froide a officiellement disparu, mais en diplomatie, l’Algérie demeure encore dans ce paradigme d’un autre temps. Un paradigme qui se base également sur le principe d’autodétermination des peuples, à la vogue lors de la décolonisation. Le Maroc, quant à lui, a décidé de prendre la voie de la modernisation et du libéralisme prôné par les Etats-Unis et rien de plus normal pour Washington que de soutenir un pays qui a toujours servi ses intérêts dans la région. Néanmoins, sur la question du Sahara occidental, il serait malvenu de croire que Washington a dit son dernier mot. En témoigne le récent rapprochement tenté par les Etats-Unis avec l’Algérie, tant ils connaissent qu’elle est un acteur indispensable dans la lutte antiterroriste au Sahel. Tenter de s’opposer frontalement à Alger sur le Sahara occidental serait prendre le risque de perdre un allié potentiel, et décevoir Rabat dans sa folie expansionniste serait prendre le risque de perdre un allié de longue date. Au final, Washington fera trainer la question le temps de trouver une solution pour endiguer les menaces dans la région, assurant ses intérêts stratégiques premiers, pendant que nous, en Algérie et au Maroc, nous continuerons à nous arracher un morceau de victoire ça et là.
    par A. M. M.
    Dimanche, 24 Novembre 2013
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    Les Sahraouis entre «wait and see» et realpolitik
    Écrit par Selma Allane et Younès Saadi
    Dimanche, 24 Novembre 2013 
    Les services d’information de la RASD n’ont pas manqué de réagir, hier, aux déclarations des officiels américains sur la visite du roi du Maroc Mohammed VI aux Etats-Unis. Ils ont publié un communiqué de circonstance dans lequel ils réitèrent l’attachement du gouvernement sahraoui et du Front Polisario à l’autodétermination. 
    Ce document reste cependant très mesuré dans son contenu et est marqué d’une empreinte d’apaisement qu’on pourrait interpréter comme un «wait and see», pour les lectures les plus optimistes, ou comme l’expression d’un désaveu, pour ceux qui voient dans l’attachement américain à une solution d’autonomie élargie un soutien aux thèses marocaines et, donc, un camouflet pour les Sahraouis qui n’entendent pas autre scénario que celui d’un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental sous domination de Rabat. 
    Entre les deux, il y a une large probabilité pour affirmer sans risque que les indépendantistes sahraouis optent pour la logique et le langage de l’apaisement, en marquant notamment leur satisfaction de voir la question des droits de l’Homme abordée à la Maison-Blanche lors des discussions entre les Américains et les Marocains. 
    «Nous accueillons avec satisfaction l’inscription de la question du respect des droits de l’Homme dans les pourparlers entre le Maroc et les USA», lit-on dans le communiqué sahraoui. 
    Pour ses auteurs, l’intérêt qu’accordent les Américains à la question des droits de l’Homme renforce la proposition relative à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. Un point considéré par les observateurs comme à l’origine de la nervosité marocaine enregistrée récemment et qui constitue un gain politique et diplomatique pour la cause sahraouie même si on est loin d’une condamnation ferme de Rabat par Washington sur les exactions à El Ayoun et les autres villes sahraouies sous domination marocaine.
    Cet aspect, la RASD comme le Polisario ne le perdent pas de vue puisque, tout en se félicitant de la position américaine, ils disent attendre de la part des Etats-Unis des mesures concrètes pour résoudre le conflit sahraoui. Le représentant sahraoui à Washington, Mohamed Yeslem Beisat, a été à ce sujet plus précis en se félicitant que les deux chefs d’Etat américain et marocain ait consacré dans un communiqué «un chapitre spécial à la question du Sahara occidental au même titre que les autres volets relatifs à l’Afrique et à la paix au Moyen-Orient abordés» dans le texte, lequel, observe-t-il, mentionne clairement «le peuple du Sahara occidental» lorsqu’il évoque la question des droits de l’Homme. 
    Cependant, poursuit le diplomate sahraoui, «le peuple sahraoui s’attend, en conséquence, à ce que des mesures et des mécanismes pratiques de surveillance des droits de l’Homme soient instaurés pour la mise en œuvre de ce noble engagement des Etats-Unis». 
    Questionné sur la lecture qu’il fait du communiqué quant au mode de résolution de la question sahraouie, M. Beisat a d’ailleurs tenu à observer que le président Obama considère, également, le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme une «approche potentielle», et dira que c’est au peuple sahraoui de se prononcer dans le cadre de l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination sur les trois options incluses dans les résolutions de l’ONU depuis juillet 2003. Il s’agit de l’indépendance du Sahara occidental, l’intégration au Maroc ou l’autonomie. Un choix que feront les Sahraouis dans le référendum d’autodétermination».
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    La Minurso et le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental
    Écrit par Madjid Laribi
    Dimanche, 24 Novembre 2013
    Le Sahara occidental ne jouit aujourd’hui d’aucun statut juridique reconnu par les Nations unies. Pour le royaume chérifien, c’est une partie intégrante de son territoire national qu’il désigne sous le vocable de « Provinces du Sud ». Cette approche marocaine ne jouit, elle non plus, d’aucune reconnaissance diplomatique internationale. Pour les Sahraouis, c’est un territoire de la République arabe sahraouie démocratique occupé par le Maroc et ils luttent pour sa libération. L’ONU, pour sa part, ne reconnaît ni la RASD ni la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, considérant que ce territoire est non autonome et la décolonisation pas encore terminée. Aujourd’hui, sur la scène internationale, deux options sont mises sur la table pour solutionner un problème qui ne fait que durer. L’option onusienne, la Minurso, soutenue par l’Algérie et, en face, l’option marocaine pour l’autonomie.
    La Minurso
    La Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental a été établie par une résolution des Nations unies, entérinée par le Maroc et le Polisario, et déployée à partir de septembre 1991. Elle vise à surveiller le cessez-le-feu entre les deux belligérants et à organiser un référendum qui permettrait aux habitants du Sahara occidental, habilités à voter, de décider du statut de leur territoire. Le plan onusien est précédé d’une période de transition qui permettra d’organiser un référendum d’autodétermination. A travers ce dernier, le peuple sahraoui se prononcera sur l’indépendance ou sa dissolution dans le royaume chérifien. Un représentant spécial du secrétaire général de l’ONU est désigné avec pour mission la préparation du référendum et est assisté dans sa fonction par du personnel civil, policier et militaire. Néanmoins, ce plan de l’ONU n’a pas cessé d’être torpillé par le Maroc. Le premier représentant du Secrétaire général des Nations unies, James Becker, avait fini, suite aux blocages marocains, par démissionner. Le deuxième représentant actuellement en fonction, Christopher Ross, bute dans sa mission sur la question des droits de l’Homme, une question qui ne figure pas dans le plan onusien, alors que toutes les Minurso déployées à travers le monde sont dotées de ce mécanisme. Ce qui rend la mission de Ross impossible est le plan sur l’autonomie lancé plus tard par le Maroc.
    Le plan marocain
    Le dispositif marocain consiste à donner une autonomie au Sahara occidental tout en restant dans le giron du royaume chérifien. Les affaires sahraouies seront gérées par un Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas) qui établit une feuille de route soumise au souverain. Il comporte les spécificités culturelles, historiques et économiques des provinces du Sud, c’est-à-dire du Sahara occidental. Le Corcas dépend du roi et les grandes décisions ne peuvent se concrétiser sans son aval. Il est demandé aux Sahraouis, à travers ce plan, de renoncer à leur indépendance, c’est-à-dire à leur capitulation pure et simple. Il est rejeté par le Polisario, qui continue à réclamer l’indépendance de ses territoires.
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    La presse américaine sur la visite de Mohammed VI aux Etats-Unis : Entre protocole et questions qui fâchent
    Écrit par Racim Sbaa
    Dimanche, 24 Novembre 2013
    La visite du roi Mohammed VI aux Etats-Unis, le 22 novembre dernier, et la rencontre qui s’en est suivie avec le président Obama ont été différemment appréciées par la presse américaine, dont le commentaire s’est construit à partir d’un communiqué de la Maison-Blanche aux lignes très protocolaires.
    Beaucoup de titres rapportaient dans leurs éditions d’hier les propos tenus par le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay M. Carney, sur diverses questions discutées entre Mohammed VI et Obama, particulièrement celle liée au Sahara occidental. Le New York Times et le Washington Post n’ont pas dérogé à la règle, vu que tous deux ont relayé une dépêche de l’agence américaine d’information, Associated Press, qui, elle aussi, est revenue sur les déclarations du même porte-parole. 
    C’était prévisible dans la mesure où avant même la visite du monarque marocain aux Etats-Unis, ce dernier a nettement refusé que soit inscrite dans l’agenda de la rencontre une conférence de presse commune entre les deux hommes. Néanmoins, seul le quotidien USA Today a décidé de sortir des sentiers battus, en donnant une autre grille de lecture à la visite de Mohammed VI aux Etats-Unis. Le journaliste Aamer Madhani écrit que le «Maroc estime qu’il peut jouer un rôle d’intermédiaire entre les Etats-Unis et les Etats du Golfe sur la question iranienne», en relevant que le royaume chérifien pourrait lisser l’image d’Israël et de l’Arabie saoudite, devenus des «partenaires improbables» aux yeux du monde arabe, car le Maroc entretient de «bonnes relations avec ces deux pays ».
    Il revient, d’ailleurs, sur le discours du ministre marocain des Affaires étrangères prononcé à Washington, dans lequel il affirme que le Maroc veut être un acteur régional de poids. «Le roi se distingue comme un ami de confiance pour chacun des dirigeants des Etats du Golfe, capable de construire un consensus pour une politique concertée avec ses amis américains», poursuit-il.
    Pour USA Today, le Maroc semble vouloir rappeler à l’«ami Obama» qu’il est prêt à servir les objectifs américains dans la région et à devenir un relais de l’administration américaine dans la question iranienne en particulier. Cependant, reprenant un analyste, le journaliste met le doigt sur les préoccupations marocaines depuis le départ de la Secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton, craignant un «refroidissement» de ses relations avec les Etats-Unis. Il écrit à ce propos que la «monarchie a été secouée cette année par la décision de l’Administration Obama de soutenir une proposition de la mission de maintien de la paix des Nations unies au Sahara occidental d’intégrer les droits de l’Homme dans sa mandature », rappelant que cette proposition a été appuyée par des militants des droits humains, parmi lesquels Human Rights Watch, qui ont appelé Obama à aborder la question lors de son entretien avec Mohammed VI. Cette même problématique a été au centre d’une tribune signée par David Stamps et Jihane Bergaoui d’Amnesty International USA, publiée vendredi dernier par le Huffington Post.
    Les auteurs parlent de façade qui cache la réalité «sur les portes de la prison qui peuvent claquer pour ceux qui osent dire ce qu’ils pensent du Maroc et du Sahara occidental», en citant le «cas Ali Anouzla», qu’ils considèrent comme un «prisonnier politique». L’organisation Amnesty International a elle aussi appelé le Président Obama à soulever «la question difficile au sujet des droits de l’Homme lors de sa rencontre avec le roi Mohammed VI». D. Stamps et J. Bergaoui écrivent que «les autorités marocaines ne devraient pas croire que leur relation avec les Etats-Unis est un chèque en blanc».
    Reporters, 24/11/2013
  • Conflit du Sahara occidental : Le funambulisme américain

    Le président américain, Barack Obama, a reçu, vendredi dernier, pour la première fois, à la Maison-Blanche, le roi du Maroc Mohammed VI. Les deux chefs d’état s’étaient rencontrés pour des entretiens officiels sur la «sécurité et l’économie». Mais l’important, quant au fond de cette visite, résidait surtout dans les éléments nouveaux qu’elle allait fournir en ce qui concerne l’épineux dossier du Sahara occidental.
    La visite, assez furtive, du souverain marocain à Washington a été sanctionnée par un communiqué commun dans lequel les Américains déploient un remarquable exercice d’équilibrisme. Il y a deux phrases clés dans ce communiqué. 
    La première contient l’assertion que les Etats-Unis continueront à soutenir les efforts pour la recherche d’une «solution pacifique, durable et mutuellement convenue» à la question du Sahara occidental. La seconde comporte un jugement sur le plan d’autonomie marocain qui est qualifié de «sérieux, réaliste, crédible» et représentant une «approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental». Ces deux phrases clés s’annulent, car elles n’énoncent aucune politique active. Le roi du Maroc pourra rentrer à Rabat en déclarant qu’il a fait la conquête de l’Amérique et que Barack Obama approuve son plan d’autonomie. C’est clairement ce qui est déjà mis en exergue au Maroc. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus quand même. Le Roi du Maroc pense son «plan» comme une alternative définitive au référendum d’autodétermination, Barack Obama n’y voit qu’une «approche potentielle». Les mots ayant leur importance, cela signifie que les Etats-Unis ont une vraie «préférence» pour le plan d’autonomie du Maroc, mais qu’ils ne ferment pas le jeu. Il faut pour que cette approche «potentielle» devienne effective qu’elle soit «mutuellement» convenue ou acceptée. En clair, il faudrait que le Polisario l’accepte. 
    En 2003, le Conseil de sécurité avait adopté à l’unanimité le plan Baker 2… Même Paris avait voté pour… Mais, le Maroc l’a refusé. Paris, très «compréhensif», est arrivé à convaincre ses pairs au Conseil de sécurité qu’aucune solution ne doit être «imposée» aux parties. Rabat pouvait souffler… Mais, l’ONU se créait une «règle» qui allait créer une impuissance durable à résoudre le problème. Les négociations sans fin entre le Maroc et le Polisario destinées à trouver une solution «mutuellement acceptable» le montrent. 
    En 2008, enfreignant cette règle qui veut que l’on cherche une solution mutuellement acceptable, le diplomate néerlandais Peter Van Walsum, médiateur de l’Organisation des Nations unies pour le conflit du Sahara occidental, a tenté de forcer la main aux Sahraouis en déclarant publiquement qu’un « Sahara occidental indépendant n’était pas une proposition réaliste ». C’était un « coup de poker » et une pression sur les Sahraouis… qui n’est pas passée. Peter Van Walsum a été limogé pour impartialité. La règle du « mutuellement acceptable » s’impose. Toute tentative d’imposer une solution est rejetée. Les Américains sont ainsi dans un jeu à somme nulle. Ils ont bien un avis positif sur le plan marocain, mais il faut que les Sahraouis l’approuvent. Et il n’y a aucune raison, jusqu’à preuve du contraire, pour que le Polisario change d’avis sur le droit à l’autodétermination. Washington satisfait en définitive tout le monde. Le Roi rentre chez lui avec un soutien renouvelé au plan d’autonomie. Les Sahraouis, eux, constatent que ce n’est qu’une option «potentielle» parmi d’autres, mais qu’en tout état de cause, il faut un accord «mutuellement acceptable». Washington fait dans un équilibrisme qui n’annonce aucune action. Le Maghreb est bien loin et on n’y a que des « amis » à ne pas contrarier. On leur donne à entendre ce qu’ils veulent bien entendre. Cela ne coûte rien. Ce n’est pas Washington qui va créer une percée dans le dossier du Sahara occidental…
    par Lena azizi
  • Sahara Occidental : Les USA brouillent les cartes

    Les Etats-Unis doivent de fait admettre qu’aucune paix n’est possible dans le conflit Front Polisario-Maroc sans la reconnaissance aux sahraouis leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance afin qu’ils puissent jouir de leur liberté sur leur propre sol et non dans une autonomie coloniale imposée par le Makhzen par le feu et le sang et que Washington accepte pour des raisons autres que celles de la paix pacifique.
    Il n’a à aucun moment évoqué la situation déplorable que vit la population sahraouie dans les territoires occupés ni les violations continues des droits de l’homme commis par le Makhzen au quotidien contre les citoyens sahraouis. L e président des Etats-Unis, Barack Obama en recevant vendredi à la Maison Blanche son hôte, le roi Mohamed VI du Maroc pour la première fois, ne se faisait aucune illusion sur les véritables raisons de cette visite et sur les profondes convictions personnelles de son hôte. 
    Obama comme avant lui ses prédécesseurs du bureau ovale de la Maison Blanche, ne se faisait aucun soucis à se retrouver en face d’un allié sûr aux sentiments et à l’engagement profond soutenant le rôle de « gendarme » du monde arabe. Un roi qui est fermement engagé militairement pour agresser, massacrer, torturer et coloniser un territoire qui ne lui appartient pas en l’occurrence le Sahara occidental. Un roi qui pratique à l’égard de l’Union africaine (UA) et de l’ Union du Maghreb Arabe (UMA), cavalier seul du fait qu’il avalise, en pratique, l’occupation qui écrase la population sahraouie. Cette colonisation que l’écrasante majorité de la communauté internationale dénonce à chaque instant, vient d’être légalisée par Obama. 
    Suite à la rencontre de vendredi entre les deux hommes, le communiqué émis par la Maison Blanche indique, que « le plan marocain d’autonomie au Sahara est sérieux et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité ». Il est à se demander de quelles populations parlent les Etats-Unis, celles qui luttent pour son indépendance ou celles qui sont dans les geôles marocaines ou à l’intérieur des territoires occupés? 
    Si le président Obama s’est engagé, selon les termes du communiqué de la Maison Blanche à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara, il n’a à aucun moment évoqué la situation déplorable que vit la population sahraouie dans les territoires occupés ni les violations continues des droits de l’homme commis par le Makhzen au quotidien contre les citoyens sahraouis. Une omission volontaire, faut-il le comprendre. Les Etats-Unis ne tiennent pas à ce qu’un de leurs alliés dans la région leur échappe. 
    Les Sahraouies oubliés 
    L’essentiel pour l’administration américaine, ce n’est pas de défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, c’est plutôt de fournir un appui diplomatique au Maroc afin de poursuivre sa colonisation et cette fois-ci avec le soutien direct du Pentagone. Avec ce soutien apporté à la thèse marocaine d’autonomie du Sahara occidental, les Etats-Unis sans prendre en considération la situation dramatique que vit ce peuple, la politique agressive et annexionniste du Maroc, viennent de renouveler le rôle qui leur confère ce statut de faiseur de conflits et de tensions non au Maghreb mais partout à travers le monde. 
    Si le président Obama, très certainement séduit par les « secrets » que lui a fourni Mohamed VI, veut éviter qu’une explosion aux conséquences incalculables ne plonge cette région stratégique dans une conflagration plus étendue, il lui est indispensable de ne pas occulter les aspirations du peuple sahraoui à vivre en paix et à choisir son propre destin. Les Etats-Unis doivent de fait admettre qu’aucune paix n’est possible dans le conflit Front Polisario-Maroc sans la reconnaissance aux sahraouis leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance afin qu’ils puissent jouir de leur liberté sur leur propre sol et non dans une autonomie coloniale imposée par le Makhzen par le feu et le sang et que Washington accepte pour des raisons autres que celles de la paix pacifique. Dès lors, la communauté internationale et les Nations-Unies se retrouvent à la porte de ce mystère américain, le plus opaque: pourquoi le virage des Etats- Unis, stratégiquement explicatif et clair en ce qui concerne la question du Sahara occidental, a-t-il pris un tel degré qu’il risque d’affaiblir les initiatives de paix au Sahara occidental et d’isoler complètement le droit à l’autodétermination? Un seul mot, une seule explication semblent fournir la vraie explication: neufs précédents ambassadeurs américains à Rabat ont à la veille de la visite de Mohamed VI à Washington adressés au président Obama une lettre dans laquelle ils ont souligné les « opportunités économiques importantes qui seraient perdues au Maroc si les Etats-Unis ignorent le Maroc dans sa lutte pour la paix et de développement ». Ces diplomates qui ont rédigé leur lettre en collaboration avec l’AIPAC ont fait entendre leur voix. Ils ont demandé au président Obama de soutenir le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental. La lettre se termine par une citation de George Washington: « Nous nous flattons qu’un jour, nous seront utiles à nos amis ». Il est à rappeler dans ce sens que depuis très longtemps, le Palais royal a fait engagé les services d’un hall de la politique étrangère de premier plan, « Le Comité américain Israel Public Affairs » (AIPAC), pour l’aider à défendre l’occupation du Sahara occidental. Mohamed VI en se rendant à Washington avec entre les mains beaucoup de jeux de cartes à jouer. Pour le journal Your Middle East, « Le Maroc a beaucoup de cartes à jouer lors de cette visite puisque les Etats-Unis et l’Union européenne ne sont pas disposés à assurer la transition démocratique des pays arabes ». La monarchie marocaine est perçue comme « l’interlocuteur numéro un des Etats-Unis dans la région ».
    Par Hassan Wahid
  • Sahara occidental : Barack Obama tourne en rond

    Loin de constituer une avancée dans le dossier sahraouie, dans un sens ou dans l’autre, le communiqué commun consacre le statut quo et place durablement la question de la décolonisation inachevée, comme un véritable abcès dans la région du Maghreb. Le tête à tête Obama-Mohamed VI a tourné à la rigolade,pourrait-on dire. Le président américain a tenté de ménager la chèvre et le chou. 
    A l’issue de l’entretien qu’il a eu avec le monarque alaouite, il a balancé quelques phrases de circonstance, montrant, soit un désintérêt manifeste à la question sahraouie, soit une satisfaction de la situation de ni guerre ni paix dans laquelle est plongée la région du Maghreb depuis près d’une quarantaine d’années. En fait, Washington ne semble pas trop pressé de voir la question trouver sa solution. Le fait est que Barack Obama donne l’impression de ne pas s’intéresser à l’historique de ce problème de décolonisation. Comme réaction, il a affirmé vendredi, en fin de soirée, son attention de poursuivre ses efforts sans le sens d’une issue  » pacifique, durable et mutuellement acceptable « . 
    Le président Américain voudrait que l’on constate une certaine hauteur de vue de sa part concernant les deux protagonistes, le Front Polisario et le royaume du Maroc. Mais il serait difficile de le suivre dans son propos, notamment lorsqu’il a annonce son soutien à l’envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. D’ailleurs, Washington qui omet de reprendre sa propre proposition sur la prise en charge par la Minurso de la question des Droits de l’homme sur les territoires occupés par le Maroc, cosigne un communiqué commun avec Rabat où il est question d’octroyer au président US la mission de  » soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental « . C’est en ce sens où le tête à tête tourne à la rigolade. 
    Loin de constituer une avancée dans le dossier sahraouie, dans un sens ou dans l’autre, le communiqué commun consacre le statut quo et place durablement la question de la décolonisation inachevée, comme un véritable abcès dans la région du Maghreb. Il reste que pour des raisons  » esthétiques « , les deux parties ont évoqué  » les droits de l’Homme du peuple sahraoui, et ce, au même titre que les autres volets relatifs aux relations bilatérales américanomarocaines, à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme, à l’Afrique et à la paix au Moyen-Orient « , note le même communiqué. Il convient de relever également que La Présidence américaine a tenu à faire entrer l’Onu dans le communiqué commun, affichant son appui aux  » négociations menées par l’ONU, y compris le travail entrepris par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, comme ils exhortent les deux parties (Front Polisario et Maroc) à travailler pour parvenir à une solution « . Sans toutefois faire référence à la réglementation internationale en la matière, qui place le cas du Sahara occidental dans la case décolonisation. L’absence de ce concept réjouie, on s’en doute bien, le Maroc dont le roi a cosigné, avec un certain plaisir, ledit communiqué. Mieux, la monarchie marocaine a réussi à faire dire à Obama que le plan d’autonomie est  » une approche potentielle « . 
    La question des Droits de l’homme a été évacuée par une phrase bateau : le président Obama et le Roi marocain  » ont affirmé leur engagement commun à l’amélioration des conditions de vie du peuple du Sahara occidental et ont convenu à travailler ensemble pour continuer à protéger et à promouvoir les droits de l’Homme dans le territoire  » sahraoui. Ainsi, le roi du Maroc a obtenu ce qu’il cherchait avec la bénédiction de la première puissance mondiale, à savoir le maintien de la situation en l’Etat. Aucun processus allant dans le sens du règlement du conflit, dans le respect de la législation internationale, ne peut être envisagé en l’état. En attendant, le droit international est quotidiennement bafoué par le Maroc qui pille les ressources naturelles d’un territoire qui ne lui appartient pas, au regard de la réglementation internationale.
    Par Lyes Boumehdi
  • Sahara Occidental, Les Américains ont-ils changé de position ?

    Lors de sa rencontre, vendredi, avec le roi du Maroc, le Président américain a insisté sur la question du respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés. Barack Obama a réitéré la position de principe de son pays en soutenant le plan d’autonomie marocain. Pour le représentant du Front Polisario à Washington, il revient au peuple sahraoui de se prononcer «dans le cadre de l’exercice de son droit à l’autodétermination»
    Le roi du Maroc rencontre, pour la seconde fois de son règne, un président des Etats-Unis d’Amérique. Après George W. Bush en 2004, Mohammed VI a été reçu vendredi par Barack Obama. Une entrevue de deux heures durant laquelle ils ont évoqué de nombreux sujets.
    Le dossier du Sahara occidental semble avoir été au centre des discussions. C’est ce qui ressort du communiqué de presse rendu public par les services de la Maison Blanche. Ainsi, Barack Obama «s’est doublement engagé à poursuivre les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable sur la question du Sahara occidental». Pour le Président américain, le règlement de ce dossier «doit être traité dans le cadre des Nations Unies». Il ne manquera pas de rassurer son hôte du jour en réitérant son soutien au plan d’autonomie marocain. «Cette annonce n’a rien de surprenante, les Etats-Unis ont toujours eu une préférence pour cette voie. Le représentant du Front Polisario à Washington, Mohammed Yeslem Beisat, a indiqué, hier à l’APS, que l’autonomie fait partie, au même titre que l’indépendance et l’intégration, des trois options retenues par l’ONU. «Le plan d’autonomie proposé par le Maroc comme une »approche potentielle » figure parmi les autres approches incluses dans les résolutions de l’ONU depuis juillet 2003. Néanmoins, il revient au peuple sahraoui de se prononcer sur l’une de ces trois options dans le cadre de l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination», a indiqué Mohamed Yeslem Beisat à l’agence de presse algérienne. En clair, chaque partie est tenue de faire une proposition et de la soumettre au peuple sahraoui qui est seul habilité à choisir dans le cadre d’un référendum. Et c’est justement l’organisation de ce référendum que rejette le Maroc. Le représentant du Front Polisario à Washington s’est, par ailleurs, félicité que le Président américain mentionne clairement «le peuple du Sahara occidental» lorsqu’il évoque la question des droits de l’Homme.
    La question du respect des droits de l’Homme est également largement abordée dans le communiqué de la Maison Blanche. Ainsi, Obama et Mohammed VI ont insisté sur leur engagement commun à améliorer les vies des habitants du Sahara occidental et se sont mis d’accord pour «œuvrer ensemble à continuer à protéger et promouvoir les droits de l’Homme dans le territoire». Le Président américain a également annoncé l’engagement du roi marocain «à mettre fin aux pratiques de procès de civils devant la justice militaire». Une allusion claire aux procès des militants sahraouis du camp de Gdim Izik qui avait été récemment condamné par une juridiction militaire.
  • Washington entre Alger et Rabat

    Une fois de plus la position des Etats-Unis sur le dossier du Sahara occidental est sujette à une double interprétation selon que l’on se place du côté du Maroc ou de la RASD. Le petit communiqué diffusé par la Maison Blanche juste après l’audience accordée par le président Obama au roi Mohamed VI, a donné lieu à des lectures différentes.
    Le Makhzen a tôt fait de mettre en avant le fait que Washington ait qualifiée son plan d’autonomie d’approche “potentielle”, crédible” voire “sérieuse”. Cela suffit à son bonheur de relancer sa propagande en interne pour faire valoir son “succès” diplomatique.
    Mais a bien y réfléchir, est-ce vraiment une nouveauté dans le langage américain ? Évidemment non puisque les responsable de ce pays distribuent ces deux adjectifs depuis au moins 2007, sans jamais imposer ce fameux plan que les Sahraouis rejettent globalement et dans le détail.
    Mais Washington qu’elle soit aux couleurs démocrates ou républicaines est soucieuse avant tout des maintenir les équilibres au Maghreb. En clair, il prend soin de ne pas se mettre à dos ni l’Algérie ni le Maroc qui sont ses partenaires stratégiques sur des dossiers qui ne sont pas forcément les mêmes.
    “Crédible” mais… ”mutuellement acceptable”
    Obama a donc une fois de plus pris le soin de couper la poire en deux s’agissant du fumeux dossier du Sahara occidental. Il a certes servi du “sérieux” et “crédible” au roi du Maroc parti sauver son Trône, mais il glisse que son administration continuera à soutenir les efforts pour trouver une “solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental”.
    Qu’est ce que cela voudrait dire ? Que le plan d’autonomie rejeté par les sahraouis n’est pas applicable et encore moins imposable. Mieux encore, la Maison Blance a insisté sur le “rôle des Nations-Unies” pour résoudre le conflit sahraoui, en tenant à préciser dans le communiqué que les Etats-Unis “continuent à appuyer les négociations menées par l’ONU, y compris le travail entrepris par l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross”.
    Tout le monde connait la position de l’ONU et celle de l’envoyé spécial de Ban Ki-Moon favorable à un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme. Tout le monde sait aussi que, n’était-ce le droit de veto de la France, le Maroc aurait perdu la bataille avec les compliments de l’oncle Sam. Sauf que les enjeux géopolitiques de la région du Sahel et du Sahara dictent encore aux américains de ménager le choux et la chèvre suivant leur approche pragmatique liée à leurs intérêts vitaux.
    Match nul…
    Il faut souligner à la charge de M6 et du makhzen que le président Obama a bien précisé qu’il “exhortait les deux parties (Front Polisario et Maroc) à travailler pour parvenir à une solution”. Exit donc l’Algérie, que Rabat tente en vain de présenter comme une partie prenante du conflit pour son soutien au Polisario.
    Et pour confirmer cette attitude américaine qui consiste à tenir le bâton par le milieu, la secrétaire-adjointe chargée des Affaires africaines auprès du département américain de la Défense, Mme Amanda Dory, s’est fendue le même jour (vendredi) d’une déclaration flatteuse pour les autorités algériennes. “L’Algérie constitue le “pilier” du dispositif de lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord et l’armée algérienne assure avec succès la protection des frontières sud pour empêcher des incursions terroristes, a -elle déclaré.
    Voilà deux discours typiquement américains qui ont le “génie” de contenter les frères ennemis, le même jour en plus ! Vu d’Alger ou de Rabat, les deux régimes s’en sortent à bons comptes… L’arbitre américain a sifflé match nul la confrontation à distance entre l’Algérie et le Maroc. Mais il y aura certainement des prolongation sous peu…
    Par Rafik Benasseur | 23/11/2013 | 18:21
  • JFK, un homme apprécié au monde entier, sauf au Maroc

    Les USA célèbrent aujourd’hui l’assassinat d’un homme qui n’est certainement pas aimé au Maroc à cause du conflit du Sahara Occidental. Il s’agit de John F. Kennedy disparu un vendredi 22 novembre 1963, victime d’une balle dont la provenance continue à alimenter les commentaires. Il a été le premier président américain né au 20e siècle (et le seul catholique et le plus jeune de l’histoire), héros de guerre (1939-45), fils d’un riche entrepreneur, il a siégé à la Chambre des représentants et au Sénat pendant 14 ans avant d’accéder à la Maison-Blanche. Au moment d’être élu à 43 ans, il est le plus jeune président de l’histoire des États-Unis et il représente une nouvelle génération d’aspirants au leadership de son pays.
    JFK a marqué l’Amérique et la planète tout entière surtout par son idéalisme, sa civilité imprégnée d’un excellent sens de l’humour et un engagement civique qui interpellait ses concitoyens. 
    Ses paroles « Mes chers concitoyens du monde: ne demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour vous, mais ce qu’ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l’homme », resteront à jamais dans la mémorie des américains. 
    Sa majestuauté, grandiosité et magnanimité a été consacrée par sa fille, Kerry Kennedy avec la création de la Fondation JFK pour les droits de l’homme et le justice, connue pour ses positions favorables au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. Une association très proche du président Obama et de son ministre des affaires étrangères, John Kerry.
  • Sahara Occidental: Les détenus de Gdeim Izik appellent Obama à mettre en place un mécanisme onusien de surveillance des droits de l’homme

    Les détenus du groupe de Gdeim Izik ont appelé le président américain Barak Obama à accélérer la mise en place d’un mécanisme des Nations unies pour la surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a indiqué jeudi l’agence de presse sahraouie (SPS).
    «La situation dans les territoires occupés se détériore de plus en plus à cause des graves violations des droits de l’homme par le Maroc d’où la nécessit d’accélérer la mise en place d’un mécanisme onusien des droits de l’homme au Sahara occidental», soulignent les détenus dans une lettre adressée au président Obama et dont une copie est parvenue à SPS.
    La lettre revendique la libération de tous les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines et appelle à «dévoiler la vérité sur les disparus, libérer les détenus de guerre sahraouis et détruire le mur de la honte qui sépare le peuple sahraoui».
    Les détenus de Gdeim Izik ont salué «les efforts consentis par le peuple et le gouvernement des Etats unis, ainsi que par les organisations et la société civile pour appuyer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et le respect de la légalité internationale».
    La lettre a en outre salué la décision «courageuse et historique» de la représentante permanente des Etats unis au Conseil de sécurité, Susan Rice, d’introduire un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au sein de la la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (MINURSO).
  • Aymeric Chauprade, au service de Marine Le Pen et Mohamed VI

    Mohamed VI a recours à Aymeric Chauprade, un géopoliticien français, qui vient de se faire une nouvelle fois l’avocat de la position marocaine au Sahara occidental à l’ONU. Idéologue plus que scientifique, défenseur d’une « realpolitik », tout nouveau candidat du Front National aux prochaines élections européennes, il est « expert royal pour le Sahara occidental ».
    Selon le magazine Valeurs Actuelles, Aymeric Chauprade a adhéré au Rassemblement Bleu Marine en septembre dernier.
    Ce rassemblement est la vitrine du Front National version Marine Le Pen, présidente de ce parti d’extrême-droite français, dans le but d’attirer en son sein des personnes qui n’osent ou ne veulent pas pour des raisons diverses prendre leur carte au FN.

    Conseiller discret de Le Pen depuis 4 ans

    Aymeric Chauprade en fait partie. Il deviendrait très prochainement conseiller de la fille Le Pen pour les relations internationales, si l’on en croit la lettre électronique Maghreb Confidentiel. Mais, selon Lefigaro.fr il fait déjà partie du staff de la fille de Jean-Marie Le Pen, la conseillant depuis quatre ans, mais discrètement (son nom ne figure pas dans la liste de ses conseillers politiques disponible sur le site du parti).
    Ancien enseignant en géopolitique au Collège inter-armées, Aymeric Chauprade est aussi conseiller de Mohamed VI pour le Sahel, selon Maghreb Confidentiel, et « expert du Royaume du Maroc pour le Sahara occidental », comme il l’explique lui-même.
    C’est à ce titre qu’il vient d’intervenir le 8 octobre dernier devant la 4ème commission des Nations-Unies qui se réunit pour aborder notamment les questions de décolonisation.
    Le 9 octobre 2012, cet intellectuel français faisait déjà partie des « pétitionnaires » autorisés à prendre la parole dans l’hémicycle du siège de l’ONU à New-York. Lecompte-rendu des interventions précise qu’il faisait bien partie de la délégation marocaine. Ces propos rapportés alors sont les mêmes que ceux prononcés en octobre 2013 :
    Aymeric Chauprade « a estimé que la question du Polisario ne peut être séparée de la question touarègue et du fondamentalisme ». « Ceux qui regardent le Sahara occidental avec les vielles lunettes du passé et de la guerre froide doivent revoir leur position », a-t-il conclu en 2012.

    Propagande marocaine

    Engagé comme « chef de file incontesté d’une nouvelle école réaliste de géopolitique française » celui qui dirige encore la chaire de géopolitique au Collège des Forces armées royales de Rabat depuis 2003 considère que « la nouvelle ligne de fracture sépare bien ceux qui souhaitent conjuguer souveraineté des États et autonomies, les mêmes défendant un islam modéré et enrichi des traditions locales, et ceux qui, a contrario, veulent purement et simplement détruire l’État-nation au profit d’un projet religieux extrémiste ».
    Une fois décrit ce nouveau paysage géopolitique binaire, le conseiller occulte s’interroge faussement pour asséner un élément de la propagande marocaine :
    « Chacun sait que les populations sahraouies sont travaillées par ces mêmes forces fondamentalistes comme l’ont été les populations touarègues, fait qu’en 2005 déjà le chef du Polisario reconnaissait lui-même dans les colonnes d’un journal algérien. Par quel miracle le Polisario aurait-il échappé à la dérive mafieuse et fondamentaliste que connaissent toutes les populations nomades du Sahara depuis plus de 10 ans ? »
    On pourra remarquer l’usage d’expressions peu scientifiques et qui ont pour but de poser des évidences. « Chacun sait… », « Par quel miracle… », peuvent surprendre dans la bouche d’un spécialiste de géopolitique, fréquemment sollicité par les médias, comme France Culture début novembre (mais sur la Chine) ou, plus souvent, sur Radio Courtoisie, antenne faisant la part belle aux penseurs et activistes de la droite extrême, sur laquelle il est invité régulièrement.

    Un idéologue qui se présente comme un « expert »

    Il participait encore le 6 novembre 2013 à émission de Paul-Marie Coûteaux, qui fût proche de Philippe de Villiers, comme lui même Quelle influence a ce dernier sur la position intransigeante de Mohamed VI sur le Sahara occidental ? Est-elle à l’origine du « durcissement » actuel du Roi vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Algérie, comme l’article diffusé sur Demain Online le 8 novembre 2013 le laisse entendre ?
    Une chose est sûre : derrière le paravent de l’intellectuel sommeille un idéologue qui présente ses idées comme des vérités objectives. Exemple, tiré de son intervention devant la 4ème Commission en octobre dernier :
    « Les populations sahraouies du Sud du Maroc ont le droit à un avenir stable et au développement. Elles ont compris, dans leur très large majorité, que le Maroc pouvait offrir cet avenir. »

    Faire fructifier ses idées identitaires

    Son approche actuelle de la géopolitique, présentée sur le blog realpolitik.tv qu’il a créé (sous-titré « la géopolitique sur le net »), ressemble à un combat pour faire exister et reconnaître une pensée (la sienne, on l’aura compris). Comme il semble l’avouer lui-même, il préfère dorénavant rester en distance du monde de la recherche et de l’université pour se consacrer aux « affaires du monde ».
    Aymeric Chauprade le dit dans une interview accordée le 30 septembre 2013 : son activité principale consiste plus à conseiller qu’à enseigner. Le « conseil international » à un pays des Caraïbes, au Royaume du Maroc pour le Sahara occidental, à des banques privées suisses et du Moyen-Orient, ou encore à la Russie, un pays dont il s’est « fortement rapproché », selon ses propres termes.
    Une manière de faire fructifier son image d’intellectuel brillant, de spécialiste militaire. Un moyen également d’exploiter concrètement son « oeuvre » basée sur la question identitaire des Européens : « Très tôt, dans ses ouvrages, il pose le problème des fortes colonies de peuplement originaires d’Afrique et d’Asie qui s’installent en Europe occidentale tandis que vieillissent les populations de souche européenne », peut-on lire sur la biographie publiée sur son propre site.

    Mis au ban du monde universitaire

    Peut-être plus simplement, il s’est agi de trouver de nouveaux terrains d’investissement, sans doute plus lucratif que le travail universitaire, après l’épisode survenu en janvier 2009 avec la publication de son livre intitulé : « Chronique du choc des civilisations » : « L’alliance objective entre l’Amérique et l’islam radical y apparaît clairement et le premier chapitre sur le 11 septembre suggère une remise en question du dogme officiel », lit-on sur sa page de présentation.
    Sa position lui a valu d’être mis au ban du monde universitaire et de la recherche, le Ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, mettant fin à ses enseignements dans plusieurs écoles militaires et lui retirant sa chaire de géopolitique à l’école inter-armées de défense. Sur cet événement, Aymeric Chauprade n’hésite pas àparler d’ « épuration » sur son blog.
    Un journaliste de l’hebdomadaire Le Point, Jean Guisnel, avait, le 4 février 2009, pointé « une perception pour le moins curieuse des attentats du 11 Septembre ». Aymeric Chauprade avait attaqué le magazine en justice, mais le tribunal n’a pas donné raison à ses arguments. Le 18 novembre dernier, sur Europe 1, il a à nouveau remis en cause la version officielle des attentats survenus le 11 septembre 2001.

    Contre « l’oligarchie mondialisée », « le projet européiste »

    L’intellectuel a sauté une étape importante en s’affichant au grand jour au sein de la famille frontiste en participant à l’université d’été du Front National les 14 et 15 septembre dernier.
    En prononçant un discours très offensif, contre les « conformistes », « l’oligarchie mondialisée », « le projet européiste », « le projet mondialiste américain », en faisant même de « Jean-Marie Le Pen (…) l’espoir du redressement français » et de Poutine, l’artisan du redressement de la Russie « de manière spectaculaire », Aymeric Chauprade épouse les thèses (et les refrains) frontistes.
    Pour lui, le redressement, tel qu’il le définit, d’un pays cautionne a priori des mesures anti-démocratiques et autoritaires. « L’immigration massive est le problème majeur de la France et des Européens de l’ouest qui vont disparaître dans une logique de repeuplement », a-t-il expliqué sur Agoravox.
    Au cours de son discours devant le parterre des militants frontistes, il a appelé au « départ » de ceux qui « ne respectent pas notre civilisation ». Un « monde multipolaire », tel qu’il le réclame, ce qui signifie : à chacun son identité chez soi.
    En annonçant déjà être en train de constituer un groupe avec d’autres partis d’extrême-droite européens, le Maroc pourra en tout cas, s’il est élu bien sûr, compter sur sa voix pour défendre les intérêts du royaume au Parlement européen. Le pouvoir chérifien acceptera-t-il ce soutien extrême ?